Crise au Sahel: Le HCR lance un appel de fonds de 186 millions de dollars

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a lancé aujourd’hui un appel de fonds d’un montant de 186 millions de dollars pour assurer la protection et apporter une assistance vitale aux réfugiés, déplacés internes, rapatriés et communautés d’accueil dans la région du centre du Sahel.

Cet appel de fonds comprend les besoins initiaux pour 2020 d’un montant de 97 millions de dollars, 29 millions de dollars pour mettre en œuvre les mesures de prévention et de lutte contre le Covid-19 dans les zones de déplacement, et 60 millions de dollars pour renforcer la réponse d’urgence du HCR dans le cadre de sa stratégie pour le Sahel.

Lors du lancement de l’appel de fonds ce jour à Genève, Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a fait honneur à la remarquable générosité des communautés locales, tout en soulignant qu’elles arrivent au point de rupture, en particulier au Burkina Faso où le nombre de déplacés internes a plus que quadruplé, passant de 193 000 en juin 2019 à 848 000 à la fin avril 2020.

« L’urgence au Sahel est une crise humanitaire et de protection à grande échelle, où d’odieuses violences contre les populations vulnérables deviennent endémiques », déclare Filippo Grandi. « Le risque de débordement du conflit dans les pays côtiers voisins est bien réel et il est maintenant exacerbé par le Covid-19 », ajoute-t-il.

Pour les personnes qui ont fui les guerres et la persécution et pour les hôtes qui les ont généreusement accueillis, l’impact supplémentaire du Covid-19 est dévastateur sur ces populations qui mènent leur existence au jour le jour.

« Nous devons intensifier nos efforts au moyen d’une réponse globale et inclusive, qui place les droits et le bien-être de millions de personnes déracinées au cœur de notre action », déclare Filippo Grandi. « Nous devons agir maintenant, avant qu’il ne soit trop tard », ajoute-t-il.

Grâce à cet appel de fonds, le HCR sera en mesure de fournir davantage d’abris pour décongestionner les sites surpeuplés, distribuer des articles de première nécessité et lutter contre la violence sexuelle et sexiste, qui se généralise et s’aggrave du fait du confinement et des conditions de surpeuplement. Ce nouvel appel de fonds permettra également de soutenir l’éducation, de réhabiliter les écoles et les salles de classe ou d’assurer des possibilités d’apprentissage à distance.

Considérant l’impact important du changement climatique au Sahel, nos activités s’articuleront autour d’une approche respectueuse de l’environnement et sans y nuire, en renforçant la préparation communautaire pour prévenir les déplacements forcés liés au climat, et en soutenant le recours à l’énergie propre ainsi que la gestion des déchets et plastiques.

Le Sahel compte 3,1 millions de réfugiés, déplacés internes, rapatriés et personnes à risque d’apatridie. Les gouvernements du Burkina Faso, du Mali, du Niger, de la Mauritanie et du Tchad se sont engagés à appuyer les activités de protection et les solutions pour ces groupes en signant signé la Déclaration de Bamako en octobre 2019. L’appel de fonds de ce jour nous permettra de concrétiser cet engagement ainsi que de renforcer le soutien aux réfugiés vivant dans la région.

Cet appel sera complété, dans les prochains mois, par d’autres efforts de haut niveau déployés par les Nations Unies et leurs partenaires pour encourager le soutien financier et politique à la réponse humanitaire dans la région.

Source: HCR

 

Réfugiés maliens : En quête d’un retour

La crise sécuritaire qui secoue le Mali depuis  2012 a occasionné de nombreux déplacements de Maliens vers l’extérieur, notamment les pays limitrophes, pour fuir les exactions commises dans des localités au Nord et au Centre du pays. 7 ans après, la situation a évolué, mais le nombre de réfugiés maliens vivant encore loin du territoire national ne cesse de croître.

138 510. C’était le nombre total de réfugiés maliens vivant dans les trois principaux pays d’accueil que sont le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie, à la date du 31 mars 2019, selon les chiffres du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) et du gouvernement malien. Parmi ceux-ci, 58 348 vivent en Mauritanie, 55 496 au Niger et 24 666 au Burkina Faso.

En Mauritanie, où le nombre de réfugiés maliens est le plus élevé, ces déplacés résident essentiellement dans le camp de Mbera et les villes de Bassikounou et Fassala.

Au Burkina Faso, selon les statistiques du HCR au 31 mars 2019, sur les 24 666 réfugiés maliens dans le pays, 53% d’hommes et 47% de femmes, 14 720 vivent dans deux camps, tandis que 9 416 sont dans des villages des provinces de l’Oudalan et du Soum et seulement 530 en zone urbaine, à Ouagadougou et à Bobo Dioulasso.

Rapatriement volontaire

Le gouvernement du Mali, en partenariat avec le HCR, mène des actions  pour le retour au bercail des citoyens maliens qui ont trouvé refuge à l’extérieur du pays.

« Des commissions tripartites sont mises en place entre le Mali, le HCR et les principaux pays d’asile, le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie, pour faciliter le retour des réfugiés maliens au pays. Beaucoup d’actions menées dans ce sens ont permis d’avoir des résultats tangibles », indique Halidou Sidibé, Conseiller technique au ministère de la Solidarité et de l’action humanitaire.

Les réunions de ces commissions, qui sont des cadres de suivi, d’exécution et de planification sur le rapatriement volontaire des réfugiés maliens, se tiennent tous les trois mois, de façon tournante, entre le Mali et le pays d’accueil concerné.

Pour le cas spécifique du Niger, dont la 12ème réunion de la commission tripartite Niger – Mali – HCR s’est tenue le 11 avril dernier à Niamey, 4 587 réfugiés maliens ont pu bénéficier, de juin 2018 au 31 mars 2019, de la facilitation au retour et 5 366 autres ont manifesté leur désir de retourner au pays, selon Idder Adamou, Secrétaire général du ministère de l’Intérieur, de la sécurité publique, de la décentralisation et des affaires coutumières et religieuses du Niger.

À en croire les chiffres du gouvernement du Mali, le nombre de rapatriés maliens en provenance des trois pays s’élevait à 71 420 à la date du 28 février 2019. D’autres processus de rapatriement sont actuellement en cours.

Israël : Netanyahou à la peine

Alors que l’espoir était revenu au sein des 38 000 migrants menacés d’expulsion, le Premier ministre israélien a opéré une totale volte-face : mort l’accord pour leur naturalisation ou leur déploiement dans d’autres pays. La politique a eu raison d’une décision humanitaire.

Stupeur et déception. A quelques jours de l’expiration de l’ultimatum fixé pour démarrer l’expulsion des migrants africains présents sur son territoire, Benyamin Netanyahou, le Premier ministre d’Israël, annonçait le 2 avril, l’abandon de son projet controversé. Un accord trouvé avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) permettait de régler leur sort. Netanyahou, qui considérait les migrants comme une«menace» bien plus grande pour l’État hébreu que les djihadistes, leur laissait un choix: accepter un billet d’avion vers «un pays tiers» (plus précisément le Rwanda ou l’Ouganda, via un arrangement financier officieux) ou se retrouver incarcéré pour une durée illimitée en Israël. Le tollé provoqué par cette initiative avait profondément divisé l’opinion publique israélienne mais aussi le monde politique. Et c’est bien la pression politique qui a fait rétropédaler le Premier ministre.

« Girouette apeurée » Cinq heures après l’annonce du plan avec le HCR, ce dernier est parti en fumée. La coalition d’ultra-droite du Premier ministre n’a en effet pas voulu entendre parler de cet accord avec l’ONU. Accusé de créer « un paradis pour les infiltrés » (désignation officielle des migrants) et d’avoir « capitulé », Netanyahou n’a eu d’autre choix que de faire marche arrière, se couvrant par la même occasion de discrédit face à ses partenaires internationaux. Ces derniers d’ailleurs, dont l’Allemagne et l’Italie, citées par Netanyahou comme prêtes à ouvrir leurs portes aux réfugiés, avaient démenti l’information.

A l’intérieur de ses frontières, il ne fait donc pas beau temps pour le Premier ministre, acculé par son opposition et inquiété par la justice, qui enquête sur des soupçons de corruption. A l’extérieur non plus la situation n’est pas reluisante. Les Palestiniens ont entamé le 30 mars, la « Marche du retour », grande manifestation déployée en cinq points de la zone frontalière avec Israël. L’armée en a tué dix-huit et blessé par balles des centaines d’autres. Des « exactions » condamnées par la communauté internationale, qui dénonce un usage excessif de la force. Une force que le pouvoir israélien, renforcé ces derniers mois par son allié américain, a bien l’intention de continuer à utiliser. Et pas comme « une girouette apeurée », comme l’a moqué le leader centriste Yaïr Lapid.

 

Apatridie : Ces « personnes invisibles » qu’il faut sauver

Selon la Convention de New York du 28 septembre 1954, est considérée comme apatride « toute personne qu’aucun État ne considère comme son ressortissant par application de sa législation ». Aujourd’hui, en 2018, la problématique de l’apatridie demeure pertinente, surtout en Afrique de l’ouest, d’autant plus que dans un communiqué rendu public récemment par le Haut Commissariat des Nations Unis pour les Réfugiés, 700 000 personnes y sont toujours apatrides. Le Mali tente de réduire significativement ce chiffre en initiant des actions d’envergure nationale.

Les causes de l’apatridie sont multiples. Elles sont d’ordres politique et administratif, entre autres. « Le manque d’acte de naissance peut mener vers l’apatridie. Il y a aussi certaines législations qui ne favorisent pas la transmission de la nationalité, par exemple dans un pays où la femme ne peut pas la donner à son enfant », explique Mamadou Sidibé, Chargé de protection et Point Focal Apatridie au HCR, Bureau du Mali.

Le plus grand défi de ce phénomène est l’identification de ces « personnes invisibles ». Actuellement, au Mali, il est difficile d’avancer un chiffre, mais à en croire  Mamadou Sidibé, il ya un  positionnement du HCR lors du prochain recensement, en 2019, pour que les questions relatives à la nationalité puissent permettre de donner des chiffres quantifiables. Mais, précise-t-il, «  nous savons qu’il y a des populations à risque dans le pays, notamment les réfugiés mauritaniens qui ont quitté leur pays depuis 1989, qui ne sont pas reconnues par la Mauritanie comme ses ressortissants et qui n’ont pas non plus la nationalité malienne. Beaucoup de Maliens de l’extérieur sont dans des situations identiques, ils sont nés il y a une ou deux générations et  avec les changements des législations de ces pays, on ne leur donne pas de papiers ».

Le Mali a adopté un Plan d’actions national pour l’éradication de l’apatridie. Un comité interministériel, mis sur pied par un arrêté, se penche déjà sur cette question, en partenariat avec le bureau du HCR. Un atelier de validation a eu lieu il y a peu à Kayes pour accélérer le ciblage. « Nous avons commencé par les dossiers les plus simples, notamment les ressortissants de Mauritanie de la deuxième génération, c’est-à-dire qui sont nés au Mali. Le Code de la nationalité malienne leur permet d’avoir la nationalité de notre pays. Nous facilitons les démarches pour qu’ils puissent y accéder », révèle le Chargé de Protection du HCR dans notre pays.

 

3 questions à Héléna Pes, chargée de l’information publique au HCR

Quelle est la situation pour les réfugiés maliens au camp de Mbéra ?

C’est un moment un peu particulier, parce qu’on observe une augmentation de l’afflux de réfugiés maliens, qui n’était pas observée en Mauritanie depuis 2013. Le nombre actuel de nouveaux arrivants dans ce pays dépasse largement les chiffres des dernières années. Entre fin septembre et aujourd’hui, on a reçu plus de 3 000 réfugiés maliens à Mbéra.

 Comment expliquez-vous cet afflux ?

La situation au Nord Mali demeure fragile. La plupart des réfugiés fuient les régions de Tombouctou, Goundam, Mopti et Ségou. Beaucoup s’attendaient à ce que les accords de paix améliorent la situation, et finalement ils se trouvent harcelés par les groupes armés. À partir du 28 septembre, on a commencé à observer cet afflux massif vers la Mauritanie. Au 15 novembre, nous avions 42 867 réfugiés, mais la totalité des nouveaux arrivants n’est pas totalement prise en compte dans ces chiffres.

 Y a-t-il des demandes de retour de la part des réfugiés maliens ?

De janvier 2016 à juillet 2016, le HCR a beaucoup travaillé sur la facilitation des retours volontaires. Dans cette période, 1 800 réfugiés volontaires sont retournés au Mali. Avec l’afflux des nouveaux réfugiés fin septembre, nous avons cessé de faciliter les retours. En fait parmi ceux qui sont retournés au Mali, une partie est revenue en Mauritanie avec les nouveaux arrivants. Tant qu’il n’y aura pas de sécurité au Mali, il n’y aura pas de retour possible.

Réfugiés : 130 000 Maliens vivent hors du pays dans des camps

Depuis la crise de 2012, le Mali compte environ 130 000 de ses citoyens vivants hors de son territoire. Ces personnes qui ont fui les violences vivent depuis dans les camps de réfugiés en Mauritanie, au Burkina Faso et au Niger.

Ce 20 juin est célébré la journée mondiale des réfugiés. Une occasion pour se pencher sur la situation de ces millions de personnes qui, de par le monde, ont tout laissé pour fuir, la guerre, la faim ou les catastrophes naturelles. Si aujourd’hui, l’actualité est marquée par la crise syrienne et les millions de réfugiés qui affluent en Europe, il convient de se rappeler que plus près de nous, des centaines de milliers de personnes se retrouvent dans la même situation. À ce jour, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), environ 130.000 réfugiés maliens sont toujours en exil dans les pays limitrophes du Mali, 33.100 au Burkina Faso, 41.600 en Mauritanie et quelque 60.500 au Niger, où ils bénéficient des programmes de protection et d’assistance des bureaux du HCR dans ces pays. 47.400 Maliens ont quant à eux repris le chemin de chez eux, selon des chiffres du gouvernement (1957 depuis le début de 2016).

Sur le terrain, un travail de sensibilisation est fait pour inciter les réfractaires au retour. Selon le HCR, celui-ci est conditionné par une normalisation de la situation sécuritaire dans les zones d’origine, celles du nord du pays où l’insécurité est encore d’actualité. En attendant, les réfugiés survivent grâce à l’aide d’organisations internationales telles que le Programme Alimentaire Mondial (PAM) qui a récemment déclaré avoir besoin « de toute urgence de 2,5 millions de dollars pour apporter aux réfugiés maliens l’assistance dont ils ont besoin pour survivre ».

Réfugiés au Mali

Ce que l’on sait moins, c’est que le Mali abrite lui aussi des réfugiés. Ainsi dans la région de Kayes, les programmes du HCR couvrent près de 15.300 réfugiés mauritaniens, pour lesquels un programme d’intégration locale est mis en œuvre pour ceux qui souhaitent opter pour cette solution. En juillet 2014, l’État malien s’est engagé en faveur de l’intégration locale de ces réfugiés mauritaniens présents sur le sol malien, pour la plupart depuis plus de vingt-cinq ans. Dans la région de Sikasso, 38 Ivoiriens, arrivés en 2002, vivent dans le centre de Faragouaran et bénéficient des activités d’assistance et de protection du HCR. Enfin, près de 2.800 réfugiés urbains et demandeurs d’asile, originaires principalement de République centrafricaine, de République démocratique du Congo et de Côte d’Ivoire, sont présents autour de Bamako, sans oublier les quelques syriens récemment arrivés.

« Avec les réfugiés », c’est le thème de la journée mondiale des réfugiés 2016. « Les réfugiés sont des gens ordinaires ayant vécu des circonstances extraordinaires » rappelle le représentant du HCR, expliquant que le thème de cette année vise à faire découvrir au public qui sont ces femmes, hommes et enfants que les circonstances ont amené à vivre dans d’autres pays que le leur. Des témoignages, pièces de théâtre, émissions sont prévus pour mettre en lumière la condition de réfugié, au Mali comme ailleurs dans le monde.

Pour mémoire, la journée mondiale des réfugiés a été instaurée le 4 décembre 2000, par l’Assemblée générale des Nations unies.

Que deviennent les Maliens rentrés de Centrafrique?

C’’est une cour immense, qui, depuis plus d’un mois, fait office de gà®te pour ces Maliens ayant fui la Centrafrique, devenue l’un des points chauds du continent. Il s’agit de celle de la Direction Générale de la Protection Civile, sise à  Sogoniko, un quartier populaire de Bamako. A l’ouest, sont dressés à  l’aide de bâches des hangars de fortune o๠trouvent refuges homme, femmes et enfants pour…fuir le soleil aussi. Les bagages sont éparpillés çà  et là . Ils sont assis, qui sur une natte, qui sur une chaise, promenant un regard abattu sur les alentours. « J’étais commerçant à  Bouguera, une ville située à  200 km de Bangui. Les anti-balakas ont attaqué la ville à  3 h du matin, tuant plus de 100 personnes parmi les Arabes tchadiens et les peuls, tous musulmans. Ils ont mis le feu aux maisons, aux mosquées. Ils ne touchaient pas aux Maliens parce que nous, on ne s’est jamais impliqués dans la politique. Mais quand la situation s’est davantage détériorée, ils ont commencé à  menacer de mort nous les Maliens aussi. ». Ces propos ne sont pas extraits d’un mauvais film, ils sont de Seyba Konaté, Malien vivant en RCA depuis 1999, mais qui a tout abandonné pour rentrer au bercail. Car depuis bientôt deux ans, la Centrafrique est entrée dans une période d’instabilité, avec le coup d’Etat contre François Bozizé par les rebelles de la coalition Seleka sous la direction de Michel Djotodia. Il y a deux mois, Djotodia, ne contrôlant plus rien ni personne, a été évincé de son poste de président pour installer la Transition dirigée par Catherine Samba Panza. Mais les Centrafricains sont loin de voir le bout du tunnel, les violences font encore rage, malgré les efforts des forces africaines et françaises déployées sur place. A la question de savoir ce qu’il pense de cette crise, Soumaà¯la Diarra, né en Centrafrique d’une mère centrafricaine, qui y a pris femme et a 4 enfants, ne passe pas par quatre chemins :« C’’est une guerre de l’ignorance et non de religion entre chrétiens et musulmans. » Pas d’autre choix que partir Ceux qui ont quitté la RCA l’ont fait faute d’autre choix. Partir, C’’est une solution, même si d’autres pensent que le départ est un aveu d’écheC’…Aà¯chétou a 27 ans. Teint clair, cheveux gominés, elle est née en RCA de parents Sarakolés. Elle n’a pas été à  l’école, faisait des petits commerces. Elle dit avoir perdu tous ses biens. « Je suis venue au Mali à  cause de la guerre. Je remercie beaucoup le gouvernement malien pour ce qu’il a fait pour nous. Non, je n’ai plus envie de retourner en RCA. Je n’ai plus rien là  bas. », a-t-elle dit en lançant un regard ému vers sa maman qui partage un plat avec 3 petites filles. A ce jour, quatre convois de Maliens ont été acheminés vers le Mali. Mais, dans ces convois, il se trouvait aussi des centrafricains qui n’ont pas hésité à  sauter dans le premier avion leur permettant de s’éloigner de l’enfer. Adossé à  un véhicule de la Protection Civile, MBringa Cherubin, banguissois, se fait photographier par son compatriote, Isa௠Sylver. Ils sont Centrafricains, chrétiens. Ils préfèrent laisser la parole à  Lewis Sambia . « J’ai quitté la RCA malgré que je sois chrétien, je n’étais même pas menacé là  o๠J’étais à  Bangui. Je ne voulais pas être dans un parti pris, m’aligner derrière les chrétiens. Mais comme ma vie commençait à  être menacée par les musulmans, le mieux C’’était de quitter. Je ne suis ni pour les chrétiens ni pour les musulmans. Si la RCA retrouve la stabilité, je vais y retourner. J’ai mes parents là  bas, d’autres ont été tués dans les évènements. La maison de mon père a aussi été incendiée. J’étais étudiant en Génie Civile, 2 e année. Je voulais devenir ingénieur. Je veux continuer dans la même filière au Mali. On est encore sous couvert du HCR et on cherche le statut de refugié. Pour arriver ici, ça n’a pas été facile, on a même pris des noms maliens», raconte-t-il. A l’inverse de Lewis, Nzas Nakaba Abdelaziz, musulman, lui, préfère pousser un coup de gueule. « Nous vivons dans une situation très pénible, en ce sens qu’on n’est pas nourris, protégés. Nous nous soignons nous-mêmes. Quand on part au niveau de l’infirmerie, on nous donne de l’ordonnance tout en sachant qu’on n’a pas un rond. On ne reçoit vraiment pas le traitement dû aux refugiés. Les gens HCR viennent, nous rendent visite, nous enregistrent, nous disent d’attendre les statuts. Mais on va attendre ça jusqu’à  quand ? C’’est pourquoi je tiens à  dire aux organismes internationaux et à  l’opinion publique de jeter un œil sur nous, parce que nous souffrons. La situation est vraiment difficile. »

Bamako: les réfugiés centrafricains appellent à l’aide

Un groupe de jeunes hommes, deux femmes et quelques enfants sont regroupés sur la terrasse dans la cour de la Direction Générale de la protection civile. C’’est ici que ces Centrafricains sont logés depuis leur arrivée à  Bamako, fuyant les hostilités à  Bangui. ‘’Nous recevons les trois repas dans la journée, nous bénéficions également de soins gratuits. Toutefois, quand ce sont des médicaments qui manquent, le médecin nous donne une ordonnance, or nous n’avons pas les moyens de nous les payer » explique Fodéba Kaba, âgé d’une cinquantaine d’années, il est là  avec son épouse et trois enfants. Ils sont arrivés au Mali grâce à  des vols affrétés spécialement par le gouvernement malien en collaboration avec l’Organisation Internationale des Migrations (OIM). Assis sur un bac à  côté d’autres jeunes hommes, M. Kaba scrute l’horizon tout en se tâtant le menton, comme à  la recherche d’une éventuelle solution pour sortir de là  tout de suite ‘’nous ne connaissons personne ici, C’’est le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) qui devrait venir à  notre secours car nous sommes des Centrafricains, donc des réfugiés au Mali » scande-t-il. ‘’En ce qui concerne la prise en charge par le HCR, ils doivent faire une demande adressée au ministère de l’administration territoriale. Le circuit sera suivi pour que le HCR puisse les prendre en charge ensuite. Ces demandes seront rassemblées et envoyées lundi » explique Lt Nouhoum Coulibaly, directeur du centre d’accueil. Lewis Sambia, un mètre 70, teint noir, avec une barbe, vêtu d’un tee-shirt bleu et d’un jean de même couleur s’avance les mains dans les poches. Cet étudiant en 2e année de ‘’Génie civile » à  Bangui, voudrait accéder à  l’université de Bamako : ‘’Les cours étaient arrêtés à  Bangui à  cause des hostilités, nous avons fui pour venir ici avec l’espoir de reprendre l’école. Je ne connais pas la ville, je ne sais pas comment faire pour m’inscrire. D’ailleurs je n’ai même pas d’argent » lance-t-il tout en sollicitant l’aide du HCR à  son tour. ‘’Je suis venue avec 10 enfants. Cinq sont les miens et les cinq autres sont ceux de mon frère. Nous sommes bien logés ici à  la protection civile mais le problème est que nous ne disposons pas de moustiquaires ni de couvertures » affirme Mberreti Nadine, réfugiée centrafricaine à  Bamako. ‘’C’’est vrai qu’ils n’ont pas de moustiquaires mais nous sommes en train de chercher une solution pour cela. Cependant, ils ont tous des couvertures » soutient Lt Nouhoum Coulibaly, directeur du centre d’accueil de la protection civile à  Sogoniko. Un millier de Maliens et d’autres nationalités d’Afrique ont quitté Bangui pour Bamako au début de mois de janvier. Ils ont été pris en charge par la protection civile. Plus de 80 % ont pu être accueillies dans des familles au Mali. Les Sénégalais, Gambiens et Guinéens qui étaient dans le groupe ont été pris en charge par leurs représentations diplomatiques et rapatriés dans leurs pays respectifs.

HCR-Mali: mandat et raisons d’être

Le HCR a été créé par l’Assemblée Générale des Nations Unies. Son mandat consiste à  assurer la protection internationale des réfugiés et à  rechercher des solutions permanentes aux problèmes des réfugiés. En plus de cela, les principes humanitaires sont aussi pris en compte tels que l’impartialité, la neutralité ou encore l’indépendance. Selon Nicolas Kaburaburyo, chargé de la protection au HCR/Mali, « la responsabilité de protéger les réfugiés et autres personnes relevant du mandat du HCR incombe au gouvernement du pays sur le territoire duquel ils se trouvent. Ainsi, le HCR vient en appui aux autorités pour venir en aide à  ces personnes » explique-t-il lors de son exposé. La protection est l’une des conditions qui doit être garantie aux réfugiés et toute autre personne comme les apatrides, les déplacés, les demandeurs d’asile etc. Dans ce cas là , il y a un principe de non refoulement à  respecter. « Les autorités ont l’obligation d’assurer la protection de ces personnes. Il y a une protection nationale et une protection internationale » souligne M. Kaburaburyo. Présent au Mali, depuis une trentaine d’années, le HCR s’occupe des personnes réfugiées venues de plusieurs pays dont la Mauritanie, la Sierra Léone, le Rwanda etc. « Nous travaillons sur deux catégories de populations, des réfugiés en tant que tel qui vivent dans la région de Kayes, ce sont des réfugiés mauritaniens. Nous les prenons en charge au niveau de la santé, de l’éducation, de l’hygiène et de l’assainissement. Nous faisons également un plaidoyer auprès du gouvernement pour que ces réfugiés puissent vivre et circuler librement. Dans un passé récent, la carte d’identité du réfugié vient d’être mis en place au Mali » relate Marie Antoinette Okimba, représentante du HCR au Mali. Détermination du statut de réfugié au Mali Au Mali, la commission nationale chargée des réfugiés relève du ministère de l’administration territoriale et travaille en étroite collaboration avec le HCR.  » Le réfugié et le demandeur d’asile relèvent du mandat du HCR. Quand la demande est faite, une vérification est faite par les autorités afin d’établir la véracité de ce qui est relaté par le demandeur. A la suite de cette demande, il y a possibilité que la demande soit acceptée ou non » explique Nicolas Kaburaburyo, chargé du volet protection au HCR-Mali.

Les réfugiés maliens de plus en plus nombreux

Pendant des années, plusieurs pays et régions ont célébré leur propre Journée des réfugiés, voire parfois leur semaine. L’une parmi les plus connue, c’est la Journée africaine des réfugiés, qui est célébrée le 20 juin dans plusieurs pays. A noter qu’une seconde journée est consacrée aux réfugiés : la journée mondiale du migrant et du réfugié, instituée par l’église catholique et célébrée le 17 janvier. Au Mali, la question des réfugiés est plus que jamais d’actualité. En effet, depuis le début de la crise sécuritaire en janvier 2012, 174 129 refugiés maliens ont été recensés par OCHA (bureau des Nations Unis pour les affaires humanitaires). Ceux-ci se trouvent dans des camps au Burkina Faso, au Niger et en Mauritanie. L’insécurité qui règne dans le nord du Mali et qui menace de déstabiliser l’ensemble de la région demeure un obstacle majeur pour le reour, notamment, des réfugiés qui le souhaitent. Le HCR prévoit 120 millions pour aider les réfugiés Le HCR (haut commissariat aux réfugiés) est une institution des Nations Unis qui s’intéresse à  la situation des réfugiés. Dans le cas du Mali, le HCR et ses partenaires ont élaboré des plans d’intervention d’urgence en prévision d’une éventuelle intervention militaire. L’Organisation intensifiera également ses plaidoyers auprès du Gouvernement, afin que les déplacés internes bénéficient d’une réelle protection et que leur bien-être soit assuré. Face à  la situation qui règne au Mali, la stratégie du HCR s’oriente selon deux axes : apporter protection et assistance aux Maliens réfugiés dans les Etats voisins et assurer la coordination des actions humanitaires pour les personnes déplacées à  l’intérieur du pays. En ce qui concerne les déplacés internes, le HCR dirigera les modules chargés de la protection, des abris d’urgence, ainsi que de la coordination et de la gestion des camps. En Mauritanie, le camp de Mbera ouvert en 2012, a vu le nombre de réfugiés en provenance du Mali augmenter considérablement au fil des derniers mois. A quelques semaines de la tenue prévue de l’élection présidentielle, la question du vote des réfugiés se pose. Le gouvernement malien annonçait en mai dernier, la définition du cadre juridique favorisant la participation des réfugiés au vote. Cette année 2013, les besoins financiers pour les opérations du HCR en faveur des réfugiés et des déplacés internes maliens situés au Mali, au Burkina Faso et au Niger avoisinnent les 120,1 millions de dollars.

Mali : 85 000 personnes déplacées de plus par rapport à septembre, selon le HCR

La Commission sur les mouvements de populations au Mali, un groupe de travail mis en place dans le cadre du groupe inter-agences sur la protection dirigé par le HCR, a établi qu’au moins 203.845 personnes sont déplacées dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, a affirmé le porte-parole du HCR, Adrian Edwards, cité par le centre des nouvelles de l’Onu. L’estimation précédente s’élevait à  118.795 personnes déplacées. « Cette révision des chiffres s’explique en partie par un meilleur accès de la Commission aux régions du Nord, mais aussi par un meilleur décompte des personnes déplacées dans la capitale malienne Bamako grâce au travail effectué par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). A Bamako, le nombre de personnes déplacées était estimé à  46.000 en septembre dernier, contre 12.000 en juin et juillet » a indiqué Adrian Edwards. Cependant, des sources font état de nouveaux déplacements de personnes fuyant l’insécurité générale, les violations des droits de l’homme dans le nord du pays, la peur d’une intervention militaire imminente mais aussi la disparition des moyens de subsistance, ainsi qu’un accès limité aux services essentiels. L’arrivée de nouveaux réfugiés a également été constatée dans les pays frontaliers du Mali. Au Niger, 3.853 réfugiés ont traversé la frontière en septembre et octobre tandis qu’au Burkina Faso, ils étaient un millier le mois dernier. Pour le HCR et ses partenaires, l’accès aux réfugiés devient de plus en plus difficile au Niger, au Burkina Faso et en Mauritanie. « Le risque d’enlèvement des travailleurs humanitaires signifie que nos équipes doivent effectuer leurs déplacements avec des escortes armées. De fréquentes alertes limitent notre accès aux camps et notre capacité à  assister les réfugiés », a expliqué Adrian Edwards. Au Burkina Faso, le HCR a procédé au transfert volontaire des réfugiés maliens depuis le camp de Ferrerio et le site de Deou Tamachek dans la province du nord de l’Oudalan vers un site plus au sud à  Goudébou. Ferrerio accueille 9.700 réfugiés et Deou en abrite 2.100. Jusqu’à  présent, 400 personnes ont été transférées depuis ces sites vers Goudébou. Un nouveau convoi de 200 réfugiés en provenance de Ferrerio était prévu ce vendredi. Des convois additionnels en provenance d’autres sites sont programmés pour les prochaines semaines. La situation sécuritaire est également préoccupante au Niger. Les écoles n’ont pas encore ouvert leurs portes dans les camps car les classes sont encore en construction. Le HCR redoute qu’en l’absence d’écoles, les enfants et les adolescents ne retournent au Mali o๠les risques de recrutement forcé par divers groupes armés sont importants. A ce jour, le HCR a reçu 41,7% des 153,7 millions de dollars dont il a besoin pour prêter assistance aux réfugiés et déplacés maliens.

Réfugiés maliens : toujours rien de concret

C’est presque trois mois après le début des offensives lancées par les rebelles que le conseil des ministres a examiné le 7 mars une communication du ministère de l’Administration territoriale et des collectivités locales relative à  l’élaboration d’une stratégie d’urgence pour la gestion des déplacés et réfugiés maliens. 500 Maliens entrent chaque jour au Burkina-Faso Selon l’agence des Nations-Unies pour les réfugiés, (HCR) plus de 150.000 Maliens ont fui à  l’intérieur et à  l’extérieur du pays depuis le 17 janvier, date de la première attaque du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). Selon les estimations du gouvernement mauritanien, on compte désormais plus de 31 000 réfugiés maliens en Mauritanie. Au Burkina Faso, o๠18 326 réfugiés ont déjà  été enregistrés par les autorités, quelque 500 Maliens en moyenne traversent la frontière chaque jour, a annoncé le HCR. Le HCR prévoit de transférer les réfugiés vers plusieurs camps que l’agence ouvre dans la région. En Mauritanie, plus de 8000 personnes particulièrement vulnérables, des hommes, des femmes et des enfants, ont déjà  été transférées depuis la région frontalière vers la région de Fassala, plus à  l’intérieur du pays, dans le camp de Mbera. Du fait des conditions de vie difficiles dans les régions frontalières, de nombreux réfugiés demandent désormais à  être transférés dans ces nouveaux camps. Un chronogramme incertain Dans le cadre de la gestion de ces personnes, le gouvernement a mis en place des commissions régionales appuyées par des partenaires humanitaires dont le CICR. Il prévoit également une série de mesures parmi lesquelles la création d’une commission interministérielle, la négociation d’accords de rapatriement avec les pays d’accueil des réfugiés et les organisations humanitaires et des « actions d’ordre militaire, sécuritaire, administratif, social et diplomatique ». Ces mesures suffiront-elles à  venir en aide aux réfugiés et aux déplacés ? L’annonce de l’élaboration d’un chronogramme laisse perplexe, dans la mesure o๠les mesures d’aide sont conditionnées au retour au calme dans le nord, ce qui n’est pas le cas pour le moment. La crise alimentaire, autre problème Comme d’autres pays du Sahel, le Mali entre par ailleurs dans une crise alimentaire que les ONG internationales annoncent majeure. Un élément à  prendre en compte, avant de procéder à  des rapatriements massifs. « Nous travaillons avec les autorités et nos partenaires humanitaires pour répondre à  la fois aux besoins des réfugiés qui arrivent et à  ceux de la population locale dans ces trois pays », a indiqué le 2 mars Andrej Mahecic, porte-parole du HCR. « Malgré leurs propres difficultés, les habitants partagent leurs maigres ressources avec les nouveaux arrivants. »