Économie numérique : Impulser la dynamique

Le Mali ne se développera pas sans les technologies de l’information et de la communication (TIC). C’est la conviction de nombreux acteurs et celle des autorités, qui semblent avoir pris la mesure de l’enjeu. Pourtant, malgré l’existence d’une politique nationale en la matière et une stratégie de mise en œuvre, le secteur peine à s’épanouir. Manque de vision claire ou mauvaise coordination des actions et des structures d’encadrement, les obstacles sont encore nombreux pour impulser une véritable économie numérique.

« Le Mali tarde à développer l’économie numérique par qu’il y a un problème de leadership et de vision. Les politiques n’ont pas les mêmes visions que les techniciens », affirme M. Hamed Salif Camara, directeur général de l’Agence des technologies de l’information et de la communication (AGETIC). En effet, ce serait plus un manque de convergence entre les techniciens, chargés  de mettre en œuvre la politique nationale des TIC ainsi que sa stratégie, jugées plutôt « bonnes », et les politiques qui expliquerait l’absence de mise en œuvre. Il importe donc de « repenser la stratégie », estime M. Camara.

Parmi ces changements stratégiques, la récente création d’un ministère de l’Économie numérique, associée à la prospective, est saluée comme une avancée. Parce qu’auparavant ce ministère, qui était lié à la communication, donnait plus de place à la « communication gouvernementale », relève M. Camara.

Pour développer le secteur économique autour du développement des outils technologiques, il faut prendre un certain nombre de mesures, parmi lesquelles celle qui consiste à assurer davantage la connectivité du Mali, le développement des infrastructures de communication et la dématérialisation de certaines tâches, ce qui pourrait apporter des recettes supplémentaires au pays, assure le responsable de l’AGETIC.

Changer de dynamique

Si le secteur a besoin d’une dynamique nouvelle, il est réel que « de plus en plus d’entrepreneurs se lancent dans ce domaine », constate M. Mohamed Kéïta, directeur de l’incubateur Impact Hub. Une dynamique enclenchée depuis quelques années qui n’occulte pas cependant les difficultés, au nombre desquelles les questions de financement et les ressources humaines. Parce que développer un projet dans le numérique nécessite des compétences qui ne sont pas toujours disponibles au Mali, déplore M. Keïta. Parmi les profils recherchés, il y a notamment les développeurs, pour développer des applications et concevoir les sites internet, entre autres. Ce facteur indispensable constitue « un gros blocage, même plus que le financement », ajoute M. Keïta.

Cet engouement pour le numérique se fait aussi souvent, malheureusement, au détriment des besoins réels du marché. En effet, certains entrepreneurs se lancent et  développent des solutions « dont personne ne veut », déplore M. Keïta. Sur le plan institutionnel, si la création du ministère de l’Économie numérique et d’une direction dédiée constitue un début, sur le plan des initiatives les entrepreneurs « restent sur leur faim », note M. Keïta.

Cette absence d’impact résulte, selon les acteurs, d’un manque de coordination et même d’une confusion des rôles entre les différentes structures de l’administration.  Créées par l’État lui-même, elles « se chevauchent et marchent les unes sur les autres, ce qui crée une cacophonie énorme en matière de développement des technologies, de services à l’administration et de services aux usagers », regrette le directeur général de l’AGETIC.

 Cette « structure mère en matière de technologies », qui a succédé en 2005 à la Mission pour les nouvelles technologies de la communication, a bénéficié des réalisations de cette mission, ajoute M. Camara de l’AGETIC. Cependant, l’un des projets-phares de cet ancêtre n’a pu encore être traduit en réalité.

C’est ainsi qu’en 2000 « les autorités ont lancé un projet de connexion des 703 communes du Mali. De 2000 à maintenant, les ressources n’ont pas suivi, les moyens n’ont pas été mis en place, la stratégie de connectivité n’a pas été développée, le renforcement des capacités n’a pas été fait et le recrutement conséquent non plus ». Ainsi, cette vision assez révolutionnaire n’a donc pu être mise en œuvre faute de moyens.

Car il ne sert à rien d’avoir « une multitude d’acteurs de la même administration avec des missions similaires et des projets similaires pour les mêmes populations », déplore le responsable de l’AGETIC. Les ressources de l’État sont donc gaspillées et le manque de coordination persiste. Ce qu’il faudrait, c’est une « vision d’ensemble », afin que les structures soient complémentaires. Enfin, comme dans tous les secteurs, en matière de développement les actions doivent s’inscrire dans la durée et se réaliser selon un long processus, qui dépasse celui de l’action politique.

Des actions sur la durée

Le Mali pourrait se passer rapidement de l’aide budgétaire s’il développait l’économie numérique, affirment les spécialistes. Le développement des outils technologiques peut permettre de recouvrer le maximum de ressources, de lutter efficacement  contre la corruption et de créer la transparence et la traçabilité des processus.

Si l’on regarde ce qui est vraiment possible, l’État malien peut aller beaucoup plus loin que cela. Encore faut-il faire du numérique une priorité absolue, d’autant que ce domaine est transversal. Parler du numérique, c’est parler simplement de développement. Toutes les technologies du « futur » ont une application dans chaque domaine de la société, comme la santé, les transports ou l’économie tout court. L’une des pistes à explorer par les autorités passe par la fiscalité des entreprises du numérique, auxquelles les gouvernants doivent accorder une attention particulière. En plus de ces actions, les dirigeants doivent soutenir « la formation de talents » et investir dans la recherche et le développement afin que le Mali puisse promouvoir ses innovations et déposer des brevets pour être en pointe. Les ressources humaines de qualité, le cadre réglementaire et le financement sont donc les leviers sur lesquels doivent s’appuyer les autorités pour booster le secteur.

Un secteur privé crucial

L’État doit mettre en place les conditions nécessaires à l’épanouissement du secteur privé, mais c’est ce dernier, véritable créateur de richesses, qui doit s’investir le plus possible. Regrettant que la plupart des projets soient gérés par des sociétés étrangères, le directeur général de l’AGETIC estime que le secteur devrait être mieux organisé. « Les jeunes entreprises doivent se mettre ensemble. Alors seulement elles offriront de meilleurs services ».

Le rôle de satisfaction des besoins du marché qui incombe au secteur privé peut être accompli à travers l’utilisation par « les grandes structures de ces technologies ». Ces grandes entreprises doivent donc collaborer avec les start-up qui développent les solutions innovantes afin de mettre en œuvre « la co-création », ajoute M. Keïta, le responsable d’Impact Hub.

Les types de collaborations que permet la technologie peuvent par exemple permettre à des institutions bancaires, à travers une réflexion avec des start-up, d’étendre leurs activités sur des parties du territoire où elles ne disposent pas de représentations physiques. Cette digitalisation des services favorisera ainsi l’inclusion financière et contribuera à la sécurité des transactions.

Dans le même sens, ces offres innovantes peuvent permettre d’accroître la transparence dans certaines actions publiques, comme par exemple les subventions. La technologie blokchain est à cet effet la solution idéale pour que les vrais bénéficiaires des subventions reçoivent de façon effective la quantité qui leur est destinée. Un gage de fiabilité, qui rend ce genre de circuit infalsifiable, en garantit la transparence et évite les détournements, fréquents dans ce domaine. Il faut donc encourager cette forme de collaboration avec les grandes structures et les organisations de développement.

Malgré les défis, les perspectives sont bonnes dans le secteur des technologies, qui se développe, estiment les acteurs. Mais les  efforts  pour rendre  plus accessible la technologie internet doivent se poursuivre, notamment au niveau de la desserte et des coûts. Ce qui aboutira à un meilleur ancrage de l’utilisation de ces technologies par le plus rand nombre.

Le numérique est un outil indispensable pour que les missions régaliennes de l’État soient menées à bien, assurent ses acteurs. « La dynamique va se poursuivre, mais il faut l’accompagner », conclut M. Keïta.

Createam : Booster l’ingéniosité numérique des jeunes

Dans le cadre de la semaine de l’innovation technologique, l’incubateur Createam en partenariat a organisé une rencontre d’échange sur l’importance des TIC dans l’économie future. Dénommé « Journée du numérique », l’évènement  a vu la présence du Ministre de l’Economie Numérique et de la Communication et du Ministre de l’Innovation et de la Recherche Scientifique.

Montrer aux jeunes entrepreneurs que le numérique est aujourd’hui un outil incontournable et est au cœur même du développement et de l’innovation, les faire rencontrer les différents acteurs qui y évoluent et leur donner des perspectives afin qu’ils puissent monter leurs entreprises numériques sur des besoins des clients qui sont identifiés. Tel est l’objectif principal qu’a visé la direction de Createam en concrétisant cette initiative. Nombreux ont été les jeunes entrepreneurs qui ont répondu présents à cet appel où plusieurs de leurs préoccupations, que ce soit sur le financement des projets, l’accompagnement de l’Etat ou encore l’accès aux marchés, ont été prises en compte par les ministres.

«Aujourd’hui l’économie numérique est en train de bouleverser tous les secteurs de notre quotidien. C’est une matière qui est devenue transversale, incontournable et l’évolution du monde va avec les Technologies de l’Information et de la Communication » a indiqué le ministre Modibo Arouna Touré avant de rappeler que sa présence dénotait de l’intérêt du gouvernement à accompagner ce secteur. « C’est à vous en tant que tenants de notre écosystème de transformer notre économie en créant de la richesse, de la croissance et de l’emploi » a t-il ajouté à l’endroit des incubateurs et des starts up tout en leur assurant des stratégies d’accompagnements en cours des plus hautes autorités. Le ministre s’est montré confiant car pour lui, « le Mali est déjà dans les wagons de tête et n’est pas en marge de cette révolution numérique qu’on est obligé de suivre ». Pour sa part Mme Assétou Founé Samake Migan, est revenue en long sur les « défis nombreux et complexes » qui s’imposent au pays en matière d’innovation technologique et a invité le pays à « corriger les bases de données administratives pour bien planifier le développement ».

Un des moments clés de la rencontre, Mohamed Diarra, lauréat du Prix Orange de l’entreprenariat social et Directeur de Zik Mali, qui est une plateforme de distribution numérique d’œuvres musicales et cinématographique dédiée exclusivement à la culture malienne, est monté au créneau pour non seulement présenter son entreprise mais aussi partager son expérience avec les autres jeunes entrepreneurs.

Les échanges se sont terminés sur un panel réunissant différents acteurs des TIC au Mali, au cours duquel ces derniers se sont penchés sur plusieurs aspects relevant du domaine et importants aujourd’hui pour un réel décollage numérique orchestré par la jeunesse.

Festival de Sélingué: Une septième édition inédite

La septième édition du festival international de Sélingué se tiendra du 5 au 7 avril prochain. Trois jours durant, artistes de renoms, créateurs de talents magnifieront de leurs talents cette édition présentée déjà comme « inédite ».

Dans la même lignée que les éditions précédentes, la mode et la musique seront à l’honneur pour cette édition que les organisateurs présentent comme ‘’inédite’’. « Le festival international de Sélingué est à sa septième année, sept ans dans la vie d’un festival ce n’est pas beaucoup, mais cela démontre le sérieux et la régularité de cet évènement », assure Ibrahim Coulibaly administrateur délégué du festival. Six éditions au cours desquelles Sélingué s’est imposé, à l’instar du festival sur le Niger comme l’un des évènements à ne pas rater. Pour satisfaire les milliers de festivaliers attendus, l’organisation n’a pas lésiné sur les moyens. Le monstre sacré de la musique malienne Salif Keita et la diva sénégalaise Viviane Chidid seront les têtes d’affiche de cette septième édition. À leurs côtés, des valeurs sures telles le burkinabé Floby et le Prix RFI découverte 2017 M’Bouillé Koité, enivreront le public.
Des débats autour du thème annuel « arts urbains et le changement socioéconomique » sont également au programme. Au-delà de la musique et de la confrontation des idées, la mode sera à l’honneur. Quatre stylistes dont notamment Raky Thiam, Fousseiny Traoré présenteront leurs collections à travers des défilés organisés pour l’occasion. « Cette septième édition sera une édition de concrétisation et de capitalisation de nos acquis », a-t-il dit, Ibrahim Coulibaly
Innover pour exister
Elle est essentielle. Très critiqué à l’issue des précédentes éditions, pour de nombreux couacs notamment. Après une remise en question, les organisateurs ont décidé de la mue de l’évènement. Le festival ne se fera que sur un seul site cette année. De fait, les adeptes des ‘’after’’ n’auront plus besoin de quitter le site du festival afin d’étirer leur soirée. « En matière événementielle, il ne faut pas innover pour innover, mais il faut faire dans le but d’apporter un plus aux festivaliers » explique Coulibaly.

Miguel Marteau : « Notre projet impacte 560.000 villageois dans la région de Sikasso »

UDUMA. Retenez bien le nom de cette entreprise. Entreprise sœur  de VERGNET HYDRO, filiale du Groupe ODIAL SOLUTIONS, elle propose un service innovant d’accès à l’eau potable pour les populations rurales de l’Afrique Subsaharienne. Après avoir initié un projet test au Burkina Faso, UDUMA vient de décrocher son premier grand contrat. L’entreprise va en effet prendre en gestion 1400 pompes à eau manuelles, s’appuyant sur une  technologie innovante, dans la région de Sikasso. De passage à Bamako pour le 19ème congrès international et exposition de l’Association africaine de l’eau, le responsable marketing de l’entreprise  Miguel Marteau a bien voulu accorder un entretien au Journal du Mali, dans lequel il évoque notamment le projet.

Décrivez-nous le projet ?

L’accès à l’eau potable est un droit fondamental, 400 millions de ruraux n’y ont cependant pas accès en Afrique. Aujourd’hui on estime que la moitié du million  de pompes installées sur des forages en Afrique subsaharienne ne fonctionne pas. Nous souhaitons répondre à cette situation en proposant aux villageois de payer l’eau à la pompe, en fonction des volumes consommés. UDUMA s’appuie sur des innovations technologiques (compteurs adaptés, système de transmission de données, carte de prépaiement) pour collecter efficacement données et recettes, même dans les zones les plus isolées. Le système de paiement électronique développé par UDUMA est unique. Concrètement, lorsque la villageoise souhaite se servir en eau, elle s’adresse à la fontainière (responsable de sa pompe et rémunérée directement en fonction du volume d’eau consommée à sa pompe). Pour acheter de l’eau, nul besoin de cash. Nous avons une carte UDUMA qui y est complètement dédiée. Dans le cas où votre carte n’a plus de crédit, vous devez vous rendre dans une boutique certifiée. Le kiosquier recharge la carte de manière magnétique sur son terminal et vous pourrez ensuite en disposer. Nous avons également un artisan réparateur  qui assure la continuité du service et la maintenance.  Il est en charge de 10 à 15 pompes.  Il a aussi un terminal qui prend les informations de la pompe et a un regard sur l’ensemble des transactions effectués sur le terminal de la fontainière. C’est un système où il est impossible de tricher. Nous proposons un accès continu en l’eau. Notre système participera à l’amélioration de la santé en zone rurale, créera des emplois, réduira la pauvreté tout en garantissant une transparence totale dans la gestion de l’eau.

Sikasso est le premier gros contrat de notre jeune entreprise. Nous prenons actuellement en gestion 1400 pompes, recrutons donc 1400 fontainières et une cinquantaine d’artisans réparateurs.  560.000 villageois vont pouvoir bénéficier de ce nouveau service. Les premières pompes seront inaugurées au mois d’avril.  Nous nous sommes engagés sur deux principaux points avec l’État du Mali. Premièrement le prix de l’eau ne peut pas dépasser 500FCFA/m3 ( le seau de 10l à 5F) et, en second lieu les pannes de pompes ne peuvent dépasser 72h.

Pourquoi avoir choisi spécifiquement la région de Sikasso ?

Un projet comme celui-ci c’est 5 millions d’euros. Nous nous engageons sur 15 ans. Un million d’euros est dédié à la sensibilisation. Ce volet est sous-traité à une ONG néerlandaise, SNV-Mali. La région de Sikasso a été ciblée du fait de l’histoire et de la connaissance de l’ONG dans cette région.

Votre système par cartes ne sera-t-il pas un blocage pour cette population rurale ?

Même si le pouvoir d’achat peut être très faible, lorsque l’on propose un service de qualité, généralement tout le monde s’y retrouve. Observez le succès de la téléphonie mobile auprès de ces mêmes populations rurales.

Peut-on parler de concurrence avec la SOMAGEP ?

Non. Nous sommes plutôt complémentaires. Nous ne touchons jamais à l’urbain, c’est vraiment dans le rural que nous œuvrons. A l’heure actuelle, nous n’avons pas de concurrent. Historiquement nous sommes en effet le premier opérateur privé à proposer ce service, pas seulement au Mali mais dans toute l’Afrique Subsaharienne.

Au-delà de Sikasso, d’autres projets en vue au Mali?

Oui bien sûr. On a déjà démontré que notre démarche fonctionne au Burkina Faso. Avec l’expérience de la région de Sikasso, nous allons très rapidement démontrer la qualité et la pertinence de notre démarche. Le projet est voué à faire des petits sur d’autres territoires au Mali, mais aussi ailleurs.

 

 

Samir Abdelkrim : « Le grand envol de l’Afrique numérique est déjà largement enclenché »

Fondateur de StartupBrics, une société de conseil, et auteur de Startup Lions, Samir Abdelkrim dresse un aperçu de l’innovation made in Africa après avoir parcouru le continent.

Journal du Mali : Qu’est-ce qui vous a poussé à entreprendre un voyage de trois ans à travers l’Afrique ? 

Samir Abdelkrim : Le grand envol de l’Afrique numérique est déjà largement enclenché, mais en Europe on préfère encore et toujours regarder du côté de la Silicon Valley, qui continuera encore longtemps de faire rêver les start-ups en quête d’inspiration. Or, je pense que la prochaine grande révolution entrepreneuriale se joue bien ici… entre Bamako et Lagos, entre Niamey et Dakar, entre Cape Town et Tunis !  A-t-on seulement pris conscience que, selon le FMI, 12 des 20 pays à plus forte croissance dans le monde ne se situent pas en Asie mais… bien en Afrique !

Quels sont les atouts des starts-up africaines ?

L’innovation africaine est une innovation organique, faite de pragmatisme, qui répond et tourne autour de l’essentiel : l’humain. Elle doit répondre de manière très empirique aux problèmes du quotidien : le mobile fait office de PC, de carte bancaire, mais aussi de fenêtre sur le monde, via les réseaux sociaux. On dénombre déjà plus d’un milliard de téléphones mobiles en Afrique et ce n’est pas pour rien que des géants comme Facebook se déportent de plus en plus vers le mobile (rachat de l’appli Whatsapp) pour capter ce futur gisement de croissance dans un continent jeune, demandeur de nouvelles technologies et en plein boom.

Comment expliquer la révolution en cours ?

L’Afrique représente aujourd’hui la dernière frontière de l’économie numérique, et les choses s’accélèrent. Il est indéniable que depuis 2008 l’entrepreneuriat numérique africain est en plein essor, et que de plus en plus de jeunes talents commencent à émerger. Il y a encore 5 ans, l’entrepreneuriat tech était un domaine réservé à quelques hubs en Californie, à Paris, à Londres, à Tel Aviv…. En 2018, ce n’est plus le cas. Aujourd’hui depuis Casablanca, Bamako ou Abidjan il est possible de se connecter au réseau, de créer de la valeur, de la partager et même d’en vivre et de créer des emplois, en la monétisant grâce à internet. Pour les jeunes africains, il n’y aujourd’hui plus besoin d’aller à l’étranger pour se former. Il y a des écoles et, par le web et Youtube, certains ont même la possibilité d’apprendre seuls, avec des tutoriels ! Résultat : les entrepreneurs africains jouent désormais un rôle moteur et proposent des nouvelles applications innovantes.

Avez-vous vous remarqué des différences entre les différentes zones du continent ? 

La situation est très complexe, changeante, unique, d’un pays à l’autre ! Il n’y a pas une Afrique, mais plusieurs, avec différents pays, différentes cultures, différents modèles, différents écosystèmes et manières d’innover. Si on parle d’écosystème startup, on va trouver dans la « tech » des régions particulièrement dynamiques et en pointe, qui ont amorcé leur virage un peu plus rapidement que les autres.  On peut citer le Nigeria, le Rwanda ou le Kenya, mais aussi des pays que l’on n’attendait pas forcément comme le Cameroun, dont la partie anglophone a accueilli dès 2010 ActiveSpaces, l’un des premiers « tech hub » du continent africain. Mais il reste encore beaucoup à faire. On se rend compte avec le recul que même au Kenya, où une certaine maturité en termes d’entrepreneuriat et d’innovation a été atteinte, entreprendre dans les techs est loin d’être une partie de plaisir, à cause du manque de financement ou de la corruption et du poids de l’administration. Je préfère donc parler d’une impulsion, d’un amorçage, qui ne faiblit pas, qui s’accélère, avec un véritable engouement autour du numérique. Il permet de faciliter les choses, de rattraper pas mal de retard et de prendre de l’avance aussi, comme dans le paiement mobile qui est une véritable innovation d’usage africaine.

Comment se positionne l’Afrique francophone ? 

Contrairement aux idées reçues, l’Afrique francophone voie ses écosystèmes se développer à très grande vitesse. Ici rien n’est figé et tout progresse à vive allure : les communautés tech africaines sont de plus en plus structurées, dynamiques et suivent les mêmes tendances que la France et l’Europe : chaque semaine se créé quelque part un nouveau hub, espace de coworking, incubateur, accélérateur…  Personnellement, je pense qu’en matière d’innovation numérique, l’Afrique francophone a fait des percées importantes et n’a donc pas à rougir face à l’Afrique anglophone. L’aspect qui doit être renforcé et amélioré reste la perception de l’écosystème numérique francophone. Cela dépend de nombreux facteurs, comme la médiatisation, la formation, la professionnalisation, la création de davantage d’espaces d’innovation et le développement d’un tissu d’acteurs capables de prendre des risques en investissant dans les initiatives prometteuses, pouvant décoller dans les 5 prochaines années. Des pays comme le Kenya ou le Nigéria ont souvent incarné à eux seuls l’Afrique de l’innovation numérique. Mais, en partant à la découverte du continent du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, le contraste n’est plus aussi évident. Aujourd’hui on voit grandir et se renforcer une nouvelle génération de développeurs, d’entrepreneurs, qui bourgeonnent. A Dakar, par exemple, ils proposent des solutions capables de répondre aux standards internationaux en termes de qualité du produit : UX, ergonomie, méthodes de monétisation, potentiel de scalabilité. Ils se retrouvent et travaillent ensemble dans des incubateurs comme le CTIC Dakar ou des espaces de co-working comme Jokkolabs. Autre indicateur qui ne trompe pas, le Sénégal est le pays d’Afrique de l’Ouest où la contribution de l’internet dans le PIB (le iGDP) représentait dèjà en 2013 pas loin de 3,3%, soit davantage en proportion que dans de nombreux pays occidentaux.

Quelles sont les spécificités du e-commerce en Afrique francophone ?

L’émergence d’une classe moyenne africaine en plein essor créé de nouveaux besoins et de nouvelles habitudes, c’est un tremplin pour l’essor du e-commerce. Il existe un besoin important, auquel les start-ups doivent répondre chaque jour : éduquer le marché en passant toujours plus de temps à sensibiliser le client, l’utilisateur final. Il faut sortir de l’informel grâce au numérique ! Si dans des pays comme le Nigeria ou le Ghana les utilisateurs peuvent être prompts à utiliser les outils de l’économie numérique en les adoptant plus rapidement, si l’on se replonge dans l’Afrique francophone, du côté du Sénégal, du Niger, du Mali ou du Burkina Faso, je pense qu’il sera nécessaire d’accompagner la pénétration du marché avec du marketing éducatif. Le travail de sensibilisation conditionnera tout le reste. Pour le moment, le secteur privé africain a encore du mal à tirer les véritables dividendes du numérique : les entrepreneurs, les PME et même les grands groupes africains manquent de référentiels, de bonnes pratiques au niveau africain sur le digital. La bonne nouvelle, c’est que tout est à créer, à inventer, à expérimenter. Il n’y a pas le choix : il y a un besoin urgent de success stories !

Six nouvelles applications de l’AGETIC pour booster la performance de l’administration.

 

 

A travers un workshop qu’elle a organisé le 6 octobre, l’AGETIC a présenté six nouvelles applications destinées à améliorer l’efficacité des services de l’administration malienne.

Vous en avez assez des longues files dans les administrations pour pouvoir retirer un document, vous n’en pouvez plus de faire des va et viens incessants à cause d’un dossier incomplet, ces maux ont désormais un remède. ‘’Démarches administratives’’ est une application développée par l’agence des technologies, de l’information et de la communication (AGETIC) pour rendre les services publics plus accessibles et plus fluide à la population. Depuis votre téléphone mobile désormais, vous pourrez avoir toutes les informations sur les documents à fournir, pour un permis de conduire ou pour un casier judiciaire. « Nous avions déjà lancé le site internet dédié, mais nous n’avons pas ressenti un engouement pour le site, la plupart des personnes utilisent plus leurs téléphones, nous avons donc lancé la version mobile disponible pour les Android, et à partir de maintenant vous avez toutes les informations sur les démarches administratives à portée de mains » explique le directeur général de l’AGETIC, Hamed Salif Camara. Du vrai pain béni, pour nombre de maliens qui se plaignent de la lourdeur dans les services publics.

L’application permettra également au citoyen, d’avoir accès à tous les textes (codes, lois, décrets) et à toute actualité liée à l’administration malienne en temps réel.

Au-delà de cette application qui sert un petit peu tout le monde, l’AGETIC a développé d’autres outils permettant une interconnexion entre les différents services de l’État. Parmi lesquels, le E-GESCO, qui est une application de gestion de courrier rapide et sécurisée. « Grâce à cette application, il n’y aura plus de circulation de papier entre les services de l’administration, tout l’argent que nous mettons dans les photocopies, les impressions, ça va être fini bientôt, c’est un gain énorme qui permettrait de financer des projets » assure Camara.

L’absentéisme récurrent dans certains services publics, devrait bientôt prendre fin, ou du moins être sanctionné. L’Office Manager, permet de gérer les informations relatives aux différents agents dans les structures, une manière d’avoir des informations précises sur leurs présences et une traçabilité de leurs activités.

Archivage électronique et appel d’offre transparent

Trouver des documents qui datent de l’indépendance ou d’avant s’apparente à une vraie mission dans un capharnaüm. L’application AGIC qui offre un service d’archivage électronique,  assurera un énorme gain de temps pour les services concernés. « Pour lutter contre la délinquance financière, nous avons développé le ‘’Core’’, une application qui assure transparence et fiabilité dans la création et la gestion d’appel d’offres » décrit le directeur de l’AGETIC.  De nombreuses innovations donc qui devraient à terme améliorer les services fournis par les administrations.

 

« Orange Business Day » au cœur de l’innovation

Les temps semblent propices pour le deuxième opérateur de téléphonie mobile au Mali, rebaptisé Orange Mali le 30 novembre 2006. Avec plus de 800 localités couvertes par le réseau internet, et plus de 40% de taux de couverture, Orange démocratise l’accès aux Tics au Mali et conquis à  ce jour 2 500 000 habitants ; tous clients du réseau. En d’autres termes, le domaine de la communication mobile au Mali est bien partie pour atteindre le niveau supérieur. Avec des services tels que le service roaming d’Orange et un tarif de communication parmi les plus compétitifs en Afrique, Orange Mali contribue à  faciliter le quotidien des maliens. Cependant, la société, toujours dans un souci de développement constant a décidé de créer une plateforme appelée « Business to Business » connue sous le cycle B2B, autour de laquelle elle met à  la disposition des entreprises maliennes des outils de pointe pour la bonne manœuvre de leurs activités. C’’est dans ce contexte que s’inscrit l’Orange Business Day 2015 qui entend plongé au C’œur de l’innovation afin de suivre la marche perpétuelle du progrès, « le progrès ne s’arrête jamais et Dieu seul sait à  quelle vitesse avance le monde digital » a témoigné Jean Luc Bohé, Directeur Général d’Orange Mali. Une gamme complète avec des solutions d’intégration Orange Mali surpasse les attentes en apportant à  la population malienne en plus de la communication, l’accompagnement sans faille aux entreprises de la place. C’’est dans cette optique que s’inscrit le thème d’Orange Business Day 2015 : Orange Mali, partenaire global des entreprises pour les solutions intégrées. Autrement dit, la société propose aux entreprises une gamme complète pour l’organisation et le fonctionnement des activités quotidiennes. Ce sont entre autres, la solution audio conférence, le GFU, la sécurisation des données, l’internet etc…

Orange accompagne la marche vers le futur

l’objectif de ce premier salon était de créer une passerelle entre les Maliens et le futur. Une première édition très riche en enseignement et couronnée de succès selon les organisateurs. Innovations technologiques Une occasion pour les tenants stands comme Samsung, Eriksson, Alcatel, ZTE et tous les autres partenaires d’Orange de présenter des produits pouvant améliorer le quotidien des Maliens. A partir des éléments aussi banals que la télévision, la connexion internet ou encore « la marmite » qui produit de l’électricité, les organisateurs ont pu transporter chaque malien dans le futur. Et ce dans des domaines aussi variés que l’entreprise, la santé mais aussi l’agriculture. Parmi les innovations technologiques, on peut citer « Sènèkèla » qui est une initiative dédiée aux agriculteurs. Sènèkèla est un service d’informations agronomiques pour permettre aux agriculteurs d’obtenir des conseils, les prix mais aussi les tendances de marché pour optimiser leur revenu ; tout comme la téléprésence pour organiser des réunions avec des partenaires et collègues à  l’autre bout du monde grâce des installations via internet. Conférences thématiques En plus des stands ou les visiteurs pouvaient toucher du doigt les futures technologies de notre quotidien, des conférences avec des thèmes variés ont rythmé les 4 jours du salon. Des thèmes comme «Jusqu’ou ira Internet?», «Encourager l’entreprenariat malien», ou encore «La machine nous remplacera t-elle demain ?» ont été abordés par différents experts. La grande innovation qui a le plus ému les participants aux ateliers reste la « géolocalisation des voitures à  travers le téléphone mobile » et un boitier installé dans le véhicule qui permet d’échanger des SMS avec le mobile du propriétaire pour demander la position de l’engin, sa vitesse et même donner des directives. Après la séance théorique de la conférence, les participants ont eu droit à  une démonstration dans la cour du Centre International de conférence de Bamako (CICB). Au delà  de l’objectif d’amélioration des conditions de vie des Maliens, Orange Mali veut montrer la corrélation qui existe entre l’innovation et la croissance économique. Pour Jean Luc Bohé, Directeur d’Orange Mali, l’innovation est un facteur essentiel du développement. Au Mali, son entreprise a crée plus de 34 000 emplois. En plus de ce facteur créateur d’emplois, Orange Mali a fait de la Responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) une priorité. C’’est dans ce cadre que l’entreprise a contribué à  la formation de 700 femmes, qui ont par la suite crée leur propre entreprise.Jean Luc Bohé, revient également sur le produit « Orange money » créé il y a un peu plus d’un an existence avec 2000 emplois directs. Pierrette Sidibé de l’entreprise CEI ED CITELUM a, parlé de la confection des 805 kiosques Orange money par son entreprise et qui travaille avec les artisans locaux. Ceux-ci se professionnalisent davantage et gagnent de l’argent du coup.

Orange innovation : à la découverte du futur

Orange Mali organisera, du 26 au 29 juin 2014, un salon d’innovation technologique au Centre international de conférence de Bamako(CICB). La révélation a été faite par la directrice marketing de Orange Mali, Anouk Bertucat, ce jeudi 25 juin 2014 à  l’occasion d’un point de presse organisé en prélude à  cet événement. Orange innovation est un espace o๠le talent et savoir-faire seront les maà®tres mots. l’espace offre l’opportunité aux jeunes, chefs d’entreprise, et autres mordus de technologie de découvrir les solutions au changement de la vie quotidienne des Maliens. Selon la directrice marketing, Orange innovation est un salon qui permettra d’ouvrir le marché malien sur le monde de l’innovation. Car, explique-t-elle, l’innovation doit se partager et avoir un bénéfice concret pour la société. Définissant l’innovation comme tout ce qui améliore la vie quotidienne aujourd’hui et demain, Anouk Bertucat est convaincue que le présent salon pourra être l’occasion de changer le quotidien des Maliens. Au-delà  des retombées commerciales, informe-t-elle, le salon sera surtout l’occasion pour sa société d’exposer toute une palette de nouvelles merveilles technologiques, qui révolutionnent le quotidien des Maliens. Le salon Orange innovation sera également marqué par des mini-conférences interactives. La sécurisation des données, l’entrepreneuriat technologique, e-santé, le concept 4 D seront entre autres thèmes au programme. Pour ce premier salon qui se veut désormais annuel, la société de téléphonie espère sur la participation de 10 000 visiteurs, voire plus. Pour relever ce challenge, la directrice marketing de Orange Mali compte beaucoup sur les hommes de médias pour relayer les informations relatives aux opportunités du salon. Après le point de presse, les journalistes ont eu droit à  une visite de la salle d’exposition pour voir les travaux d’installation des stands qui seront certainement prêts pour demain.

iNERDE : de l’idée à la réalité

Comment libérer les capacités d’innovations des Africains, pour créer le développement et impacter sur le continent, INERDE qui se concentre sur l’éducation aux STEM (Sciences, Technology, Engineering et Mathematics), a la solution. En clair, l’idée est de promouvoir une nouvelle éducation, innovante et ludique. l’entreprise sociale a organisé un premier projet pilote de colonie de Vacances au Mali, depuis le 9 juin, dans les locaux de l’ESTM, pour faire aimer ces disciplines clés à  de jeunes élèves. l’équipe était composée de Mohamed Kanté, Président de INERDE Mali, Mohamed Sankaré, Nadia Famularo, formatrice et Rebecca Brosseau. Cette team de choc avait pour objectif de présenter chaque domaine des sciences à  de jeunes élèves et comment ces matières sont utiles dans la vie de tous les jours. Pour les fondateurs d’INERDE, la jeunesse africaine, a le même, ou peut être plus, le besoin et le droit à  l’éducation dans les STEM, que les jeunes des pays développés. Education aux STEM Comment aimer les maths, la physique, la chimie, les calculs, les théorèmes, C’’est simple, au moyen de jeux ludiques tels la construction de parachutes ou de planeurs, pour mieux comprendre comment fonctionne l’univers, appréhender la gravité, observer les phénomènes naturels grâce à  la physique! Il ne s’agit plus de suivre un cours au tableau et d’être spectateurs. Les enfants deviennent acteurs à  part entière de leur discipline et la maà®trisent. Puzzles de mathématiques, conception d’avions en carton par les élèves pour expliquer les bases de l’aérodynamique ou de la pesanteur, filtres photos ou ateliers sur la résistance à  l’air, tout est bon pour stimuler la créativité des enfants, et ouvrir leur esprit à  l’innovation : « Le point fort de ma semaine a été d’entendre les cris d’excitation quand nos « petits génies  » ont lancé leurs parachutes et planeurs du balcon. Cet enthousiasme sur leurs visages était une belle récompense pour les heures de préparation que nous avons eu, et je continue d’être inspire par la curiosité et le désir de partager ce qu’ils ont appris sur les STEM « , s’est réjoui Nadia Famularo, l’une des formatrices du projet Inerde. Un modèle continental Pour INERDE, ca ne s’arrêtera pas là . Ce modèle de projet éducatif sera étendu à  un nombre croissant de camps à  travers le continent et dans les années à  venir. iNERDE travaillera avec les écoles locales et des organisations éducatives pour distribuer son programme, former des enseignants et assurer l’encadrement pour contribuer à  une transformation durable de l’éducation en Afrique et le développement économique.

Innovation africaine : le PIA 2014 distingue trois lauréats

Pour l’édition 2014, le Dr Nicolas Duneas et M. Nuno Peres, d’Afrique du Sud ont décroché le premier prix d’une valeur 100 000 USD. C’’était hier lundi 5 mai à  l’occasion d’une cérémonie de remise des prix organisée par l’AIF, en collaboration avec le gouvernement fédéral du Nigeria. Ils ont été récompensés pour la matrice osseuse ostéogénique Altis (Altis OBM TM), le premier composé médical injectable à  base de protéines morphogénétiques osseuses d’origine porcine. C’est un produit innovant qui fait appel à  un implant biologique régénérateur dans le cadre du traitement des lésions et carences osseuses. Avant l’invention de l’Altis OBM, les patients atteints de traumatismes osseux graves ou de dégradations osseuses sévères devaient endurer un prélèvement de tissus osseux sur leurs propres hanches ou sur des donneurs décédés, dans l’espoir de subir avec succès une opération de greffe osseuse. Aujourd’hui, l’injection de l’OBM conduit à  une guérison rapide, sûre et efficace des lésions osseuses problématiques, ce qui entraà®ne la reconstruction complète et naturelle de l’os et de la moelle osseuse. Une machine à  foutou pour gagner du temps Dans la catégorie « Activités potentielles », Logou Minsob Jules du Togo a reçu 25 000 USD pour son Foufou Mix, un robot de cuisine conçu pour remplacer les mortiers et les pilons utilisés dans la préparation du Foufou(ou foutou). A base de l’énergie électrique, Foufoumix permet de transformer rapidement, discrètement et sans effort physique, des tubercules (cuits à  l’eau) et peut fonctionner pendant plus de dix ans en utilisation intensive. Pour mieux répondre aux besoins des clients, deux versions de ce robot existent : l’une de 0,75 kW adapté aux ménages et pouvant préparer du foufou pour une famille de huit (8) personnes en un temps record et l’autre de 1,1 kW destiné aux restaurants et professionnels de la préparation du foufou. Techniquement, insiste l’inventeur, le Foufoumix permet d’économiser de l’énergie humaine, du temps et consomme peu d’énergie électrique (10 F CFA pour 15 plats). Pour les membres du jury, l’invention de M. Logou présente « le plus grand potentiel commercial ». Dans la catégorie « Impact social », Melesse Temesgen de l’à‰thiopie a reçu 25 000 USD pour le développement de l’Aybar Broad Based Furrow Maker (BBM), un dispositif agricole à  faible coût utilisé pour drainer facilement l’excès d’eau des champs inondés. « Cette année, les lauréats du Prix de l’innovation pour l’Afrique montrent que les Africains peuvent trouver des solutions aux défis africains », a déclaré Jean-Claude Bastos de Morais, fondateur de l’African Innovation Foundation et créateur du PIA.

Paul Kagamé : « Le Rwanda avance sur le chemin difficile de l’innovation »

La première question que nous devons nous poser est la suivante: avons-nous les bonnes politiques pour stimuler l’innovation ? Quand on parle d’innovation, il est question de connaissance, de mentalité, d’utilisation de la technologie, et de faire les choses différemment dans le but de trouver des solutions aux problèmes de la vie quotidienne. Nos pays sont confrontés à  des défis complexes et de longue date. Un grand nombre de solutions qui ont été essayées n’ont pas fonctionné. Nous avons tout à  gagner en nous ouvrant à  de nouvelles idées. Nous pouvons apprendre les uns des autres en Afrique et ailleurs à  l’instar de ceux qui ont réussi en Asie, mais nous devons aussi continuer à  regarder à  l’intérieur de nos propres communautés pour des innovations « fait-maison », afin de résoudre nos problèmes de développement, comme beaucoup de pays d’Afrique le font déjà . Le Rwanda n’est pas différent. Au cours des deux dernières décennies, nous avons cherché de nouvelles façons de reconstruire et de restaurer le tissu social, le « ciment » de la confiance entre les personnes. Nous avons puisé, aussi loin que possible dans la culture rwandaise et dans la tradition, pour que nos innovations répondent aux problèmes de nombreux secteurs importants, notamment ceux de la justice, l’éducation, la santé, l’agriculture, la gouvernance et la réduction de la pauvreté. L’une des questions clés que le gouvernement post-génocide au Rwanda a eu à  gérer, était de savoir comment rendre justice dans un pays avec un système judiciaire inexistant. Poursuivre les centaines de milliers de suspects devant les tribunaux classiques, qui n’existaient même pas à  l’époque, aurait pris des centaines d’années ou aurait été tout simplement impossible. Au lieu de cela nous nous sommes tournés vers la « Gacaca », une pratique culturelle rwandaise utilisée pour résoudre les conflits et maintenir l’harmonie nationale. Nous avons décidé de moderniser ce système afin de rendre justice, et de favoriser la révélation de la vérité sur le génocide. Entre 2002 et 2012, 52 000 tribunaux « Gacaca » à  travers le pays ont traité deux millions de cas pour un coût de moins d’un milliard de dollars. Pour mettre cela en perspective, le Tribunal pénal international pour le Rwanda, créé en 1995 pour poursuivre les instigateurs du génocide, a jusqu’ici traité 60 cas dans les 19 dernières années avec coût de deux milliards de dollars. La « Gacaca » n’est peut-être pas une innovation dans le sens que nous entendons souvent, mais cette nouvelle approche, cette justice transformatrice, a permis à  la nation du Rwanda de « guérir », et continuer à  poursuivre sa transformation socio- économique. Dans nos efforts pour implémenter la bonne gouvernance et améliorer la prestation de services, le gouvernement a présenté une autre solution « fait-maison » connue sous le nom « Imihigo » C’’est à  dire les contrats de performance. Au Rwanda pré-colonial, les individus fixaient des objectifs et s’engageaient publiquement à  les atteindre dans des délais précis. Nous avons décidé d’adapter « Imihigo » parce qu’après la décentralisation en 2000, nous avions besoin d’un moyen pour assurer, au gouvernement central et aux Rwandais, la reddition des comptes lors de la mise en œuvre des programmes de développement menés par les instances locales. Cela se fait par le biais des contrats de performance annuels évalués trimestriellement, qui contiennent des objectifs fixés ensemble par les communautés et les autorités. Ceux-ci sont alors signés par tous les maires de district. Cette innovation a contribué à  l’accélération du développement à  tous les niveaux, la reddition de comptes et la transparence du gouvernement. Par ailleurs, afin d’inciter tous les citoyens à  participer au développement national, nous avons fait appel à  différentes institutions, y compris dans de nombreux cas, celles inattendues, comme notre armée et la police nationale. Après avoir permis la paix et la sécurité dans le pays, les forces de défense et de sécurité rwandaises (RDF) mènent des projets dans l’agriculture qui contribuent à  la sécurité alimentaire. Elles fournissent également des soins de santé au cours de ce qu’ils ont nommé les activités de la Semaine de l’armée, qui ont lieu lors de la célébration de la libération du Rwanda. L’année dernière, les RDF ont traité plus de 45 000 patients, dont 15 000 survivants du génocide. Le corps de génie est actif dans la construction des infrastructures et construit actuellement, entre autres, 42000 maisons pour les Rwandais vulnérables vivant dans des zones climatiques à  haut risque. Bien que nous ayons encore un long chemin à  parcourir et beaucoup de travail à  faire, les Rwandais ont vu ces innovations fonctionner, ce qui les a encouragé et habilité à  innover encore plus. Nous nous sommes inspirés des exemples que nous voyons sur notre continent dans différents domaines. Je suis sûr que vous avez tous entendu parler de M-Pesa, l’innovation kenyane qui a révolutionné les services financiers, et est maintenant reproduite ailleurs sur le continent. Il existe également des solutions comme m-Pedigree, une application inventée par un jeune ghanéen permettant aux consommateurs d’identifier les médicaments contrefaits – un problème majeur qui affecte nos pays. Au Rwanda, nous nous concentrons sur la fourniture de services essentiels à  nos citoyens, nous sommes également déterminés à  investir dans notre avenir. C’est pourquoi nous accordons une telle importance aux sciences et à  la technologie. Par exemple, dans le domaine des TIC, nous fournissons des ordinateurs portables aux enfants de l’école primaire et nous avons posé 3200 km de fibre optique couvrant chaque district, afin de connecter les écoles, les hôpitaux et les centres administratifs. Notre objectif est de veiller à  offrir aux Rwandais, avec d’autres Africains, la formation, les compétences, la confiance et les opportunités d’innover et d’être compétitifs au niveau mondial. Certes, ce ne sont pas des tâches faciles pour tous les pays, encore moins pour celui qui part d’une base très faible comme le nôtre. Mais elles sont essentielles pour le progrès de nos pays et de notre continent. Paul Kagamé, Président du Rwanda. Paru originellement sur www.africanexecutive.com, traduit par Libre Afrique

ONU : Des jeunes lancent un appel pour mettre l’innovation au service du développement

Au cours des trois derniers jours, près de 600 jeunes ont participé au Sommet mondial de la Jeunesse BYND 2015 à  San José, la capitale costaricaine, tandis que plus de 4.000 autres y ont pris part à  distance grâce aux réseaux sociaux. Les jeunes participants au Sommet BYND2015 ont appelé les gouvernements à  adopter des structures de gouvernance plus souples, dynamiques et ouvertes pour toucher davantage de personnes. Soulignant que l’innovation sera la clé d’un paradigme de développement efficace, ils ont demandé que les systèmes éducatifs permettent aux étudiants d’acquérir non seulement des connaissances théoriques, mais aussi un ensemble pratique de compétences pertinentes, en adéquation avec le marché et tournées vers l’innovation pour être compétitifs dans l’économie numérique mondiale. Dans le domaine des soins de santé, les jeunes ont estimé qu’il convenait de mettre au point des outils TIC qui permettront, d’une part, de repenser la manière dont les soins de santé seront dispensés dans l’avenir, au moyen de systèmes novateurs grâce auxquels les patients pourront avoir accès à  des informations sur les services de santé et, d’autre part, d’améliorer l’accessibilité, notamment sur le plan financier, et l’acceptabilité des soins. Ils ont par ailleurs appelé les gouvernements à  tirer parti d’outils TIC novateurs pour l’alerte, la diffusion d’informations, la préparation et le retour à  la normale en cas de catastrophes naturelles. » Les jeunes ayant grandi dans un monde placé sous le signe de l’innovation technologique ont démontré que les TIC sont notre principal atout en vue d’atteindre, dans l’avenir, les objectifs de développement durable « , a déclaré le Secrétaire général de l’UIT, Hamadoun Touré.  » L’engagement qu’ils ont manifesté par les jeunes au Sommet mondial sur la jeunesse leur garantit d’être associés aux décisions les plus importantes qui seront prises au XXIe siècle. En définitive, les jeunes d’aujourd’hui seront les héritiers du monde de demain. Et ils seront nos futurs dirigeants.  » Toutes ces recommandations sont contenues dans la Déclaration de la jeunesse BYND2015, qui sera présentée aujourd’hui à  la Présidente du Costa, Rica Laura Chinchilla. Elle-même transmettra les demandes de la jeunesse du monde entier lors du débat général de l’Assemblée générale. Selon l’UIT, plus de 1.000 idées originales ont été proposées sur la plate-forme en ligne d’externalisation ouverte prévue à  cet effet, sur laquelle les jeunes ont voté environ 15.000 fois et publié plus de 12.000 commentaires. Des dizaines de milliers de personnes ont participé aux discussions via les réseaux sociaux, Twitter touchant à  lui seul plus de 16 millions. Les discussions en ligne ont eu lieu dans 74 langues, les principaux sujets étant l’éducation, la santé et l’accès aux TIC.

Kasobane réinvente le Bogolan

C’’est en 1979 qu’un groupe de jeunes artistes plasticiens nouvellement sorti de l’Institut national des arts (INA) de Bamako décide de revaloriser les techniques traditionnelles de décoration du Mali. Par leur génie et leur perspicacité ils font passer le bogolan de l’artisan à  l’art. Le Groupe s’exprime à  partir de la technique du Bogolan : peinture végétale sur tissu. Mais son oeuvre se situe largement au-delà  du Bogolan traditionnel. Bien que le support, les couleurs, les instruments de travail ainsi que le processus de fabrication demeurent sensiblement les mêmes, il est à  noter que sur le plan technique, le groupe Kasobané a apporté une innovation dans les compositions, le graphisme, dans la gamme des couleurs utilisées et dans la présentation des oeuvres. Il est composé de Kandioura Coulibaly, Costumier au Centre national de la cinématographique du Mali, Nènè Thiam, Professeur de dessin et de tourisme à  l’Institut national des arts de Bamako, Boubacar Doumbia de l’atelier de formation et de production de Ségou, Fallo Baba Keà¯ta directeur de l’Ecole du Patrimoine au Bénin, Souleymane Goro animateur de l’atelier de recherche et d’enseignement sur la technique du bogolan à  l’institut national des arts, Klétigui Dembélé animateur aussi à  l’atelier de recherche et d’enseignement sur la technique du bogolan à  l’institut national des arts Déjà  à  l’école, un goût profond pour l’artisanat malien rapprocha très vite les membres. Le choix crucial du thème de mémoire de fin d’études leur révéla une convergence d’intérêts surprenant puisqu’ils ont tous choisi un sujet lié à  la « revalorisation et l’adaptation des techniques traditionnelles pour un meilleur développement de l’art et de l’artisanat contemporains du pays ». Orientation toute nouvelle à  l’institut des arts dans la mesure oà¹, jusqu’alors, tous les mémoires d’arts plastiques traitant des thèmes traditionnels avaient pris en compte uniquement les techniques occidentales. Lors des soutenances, les quatre mémoires, dont le sujet « la revalorisation du bogolan, un art traditionnel de teinture végétale et minérale » suscite l’intérêt du jury et de l’assistance. Ce fut l’occasion pour les autres lauréats de décoller et poursuivre ensemble les recherches et travaux en vue de préparer une exposition collective sur la technique du bogolan : le groupe Kasobané venait de naà®tre autour de l’esprit de « Oeuvre collective ». La première exposition a eu lieu à  la Maison des jeunes de la ville de Ségou, elle attira très peu de monde. La seconde attira l’intérêt des milieux professionnels et des autorités des arts et de la culture. Le groupe a pour but, de contribuer à  la diffusion et la promotion de l’art malien, notamment les techniques traditionnelles ; de faire des recherches dans les foyers de teintures végétales en les orientant essentiellement sur la technique du bogolan en milieu rural ; de réhabiliter ces techniques dans leur finalité première, ensuite les innover ; de faciliter l’encadrement et l’initiation aux techniques de teinture végétale à  travers les ateliers ; former une relève efficace et suffisante pour perpétuer la technique et enfin de contribuer au mieux être de l’artiste à  travers son travail. Les activités essentielles du groupe sont le dessin, la peinture, le décor d’intérieur, la création de tissu de l’ameublement, la création de costumes et décor de cinéma. Création d’un Musée. C’’est cet esprit de recherche qui les conduit à  la création des costumes et représentations des art et costumes pour beaucoup d’exhibitions et du cinéma malien. C’’est aussi cette intelligence qui les conduira à  la collecte et à  la sauvegarde des accessoires de beauté, de parures dont des perles, des colliers et des bracelets. Il s’agit des perles : colliers, pendentifs, bracelets, bagues … anciens et ou contemporains. D’authentiques pièces et de créations seront mises ensembles pour une expression plastique significative. Elles sont dans des matières telles que le métal, le verre, le caoutchouc … elles sont aghate, coraline, ambre, mille fleures, terres, pierres… Elle surprend par sa richesse en forme, en couleurs et en authenticité. Quant aux vêtements, du textile ancien au nouveau, du boubou cousu, brodé au décoré. Ils se trouvent dans du cuir, des fibres, du tissu, dans la laine, et la soie. Kandioura Coulibaly, le leader du groupe a donc emmagasiné une collection extrêmement importante des défilés de mode et des costumes et décors d’une vingtaine de films maliens, burkinabé, sud africains et français. Toutes les ethnies de toutes les régions du Mali y sont représentées. Des pièces modernes aux antiques en passant par les pièces classiques constituent cette collection. Elles sont à  la fois des créations, des reconstitutions et même des pièces d’origine. Depuis quelques années, le groupe Kassobané a monté un projet de création d’un musée. La tortue du Djoliba est l’intitulé de ce projet de musée de la parure, qui se veut un lieu de rencontre d’expressions culturelles. Elle vise la sauvegarde et la promotion des styles de parures développés dans nos campagnes et dans nos villes, entre ce qui a été et ce qui nous est contemporain, explique Kandioura Coulibaly. Il serait également un cadre de concertation et d’échange entre professionnels du secteur, pour l’émergence, la promotion des métiers et l’expression, culturelle. Ce musée se veut une vitrine pour affirmer l’identité malienne-africaine ; un lieu de refus de l’assimilation ; un lieu d’incitation à  la sauvegarde et à  la valorisation de produits locaux. Notre projet de développement culturel est axé sur la création d’un espace dénommé « Musée de la Tortue » qui nous est apparue très intéressante par la forme et la symbolique des objets que nous avons collectés mais aussi les représentations des diverses populations du pays. Cette entreprise de promotion de la production locale, unique au Mali par l’initiative et la collection, met en scène un parc à  thème autour de la parure. Il s’agit avant tout d’un lieu de mémoire authentique à  travers un univers culturel, touristique et pédagogique, celui de la beauté.

ATT inaugure le 6è Salon Africain de l’invention et de l’innovation technologique (SAIIT) à Bamako

l’ouverture officielle de ce salon était présidée par le président de la République ATT, en présence du représentant de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). Une cinquantaine de stands étaient dressés. Ainsi tous les pays étaient représentés à  travers ces stands. Célébrer le talent inventif Africain Le SAIIT, qui se tient tous les deux ans dans l’un des états membres de l’organisation, se veut une occasion pour valoriser la créativité et l’esprit inventif en favorisant les échanges entre chercheurs inventeurs et opérateurs économiques. Il participe de la stratégie de l’Organisation Africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) à  visant l’intégration des inventions et innovations dans le processus de développement économique et social de l’Afrique. Son intérêt est d’une part, de faire connaà®tre des inventions et procédés de fabrication, saisir les opportunités d’affaires, et d’autre part, de nouer les contacts avec des fabricants, distributeurs, promoteurs, financiers, ainsi que les responsables d’organismes industriels et commerciaux privés, nationaux, internationaux. Ce salon se veut une célébration du talent inventif africain. Promouvoir les inventeurs Pour le ministre Amadou Abdoulaye Traoré, ce Salon est une opportunité pour les inventeurs africains de sortir de leur silence et de franchir le cap des difficultés quotidiennes de la science. « C’’est une véritable opportunité d’affaire pour nos inventeurs, dont la plupart vivent encore isolés, voire reclus dans le silence de leurs laboratoires de recherche, de leurs ateliers, étables et champs d’expérimentation ». Les prix OAPI Il faut rappeler que l’espace OAPI est composé de seize pays, dont le Mali, la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Cameroun, le Tchad… A l’issue du SAIIT, des prix et distinctions seront attribués aux meilleures œuvres exposées, à  savoir entre autres : le grand prix du Salon pour la meilleure invention, le prix pour le meilleur jeune inventeur, le prix pour la meilleure femme inventeur Inventions et innovations La décortiqueuse « Kabaworola jigui » a été créée par la Fonderie Sacko. Elle est une machine à  manivelle dotée d’une trémie dans laquelle est placé l’épi de mais à  égrener avec un disque à  dents. Une sorte de caisson est montée au bas du disque servant à  recueillir les graines et pour les drainer directement dans un emballage. l’ensemble est monté dans un support d’aluminium. Pour Markatié Dao, porte-parole de la Fonderie Sacko, cette machine peut contribuer à  la mécanisation de l’agriculture.