Hadj 2023 : le premier contingent de pèlerins maliens déjà en Arabie Saoudite

Le premier contingent de pèlerins maliens pour le hadj 2023 s’est rendu dimanche 4 juin en Arabie Saoudite. Depuis, les différentes agences s’activent afin d’acheminer leurs pèlerins vers le royaume saoudien pour accomplir le 5ème pilier de l’Islam qui débute le 26 juin prochain. Alors que certains y sont déjà, les démarches de visas sont en cours pour d’autres groupes.

Le Mali aura cette année 13 323 pèlerins contre 6000 en 2022. Ces pèlerins ont tous déboursé 4 166 425 FCFA pour la filière gouvernementale et 4 675 000 FCFA pour la filière privée. Les préparatifs du hadj de cette année ont été marqués par une polémique. Se sentant lésées dans la répartition du quota des pèlerins maliens, des agences de voyage regroupées au sein d’un collectif de 57 membres ont animé une conférence de presse le 29 avril dernier. Selon eux, ils doivent bénéficier de 20 pèlerins au minimum et 600 au maximum par agence de voyage, 300 pèlerins au minimum et 600 au maximum par agence ou groupement d’agences de voyage. La Maison du Hadj avait répliqué assurant le quota n’appartient pas au privée mais au gouvernement, et les autorités saoudiennes ne reconnaissent pas selon elle les agences de voyage.

Tal B : sa nouvelle vie

Des gestes de solidarité à l’endroit des couches vulnérables, des voyages aux lieux saints ou encore des conseils pour ses proches, Youssouf Traoré alias Tal B a définitivement troqué le micro pour « servir Dieu ». Un choix résolu dont il entend faire profiter les gens de son milieu.

« J’ai pris cette décision il y a longtemps. Cela était aussi le souhait de ma mère de ne pas me voir chanter toute ma vie », a expliqué Tal B, lors d’un entretien accordé à Ouverture media. Même si certains n’y croyaient pas trop, il dit pourtant avoir averti son « entourage du changement de vie que je pourrais avoir. Certains y croyaient,  d’autres non ».

Jusqu’au jour où il s’est rendu à la Mecque pour la Omra (petit pèlerinage). Pour tout vœu, il demande au Bon Dieu d’arrêter de chanter et  de vivre d’autre chose. Une activité qu’il n’aura pas trop de mal à mener, car ayant « d’autres compétences », notamment dans la promotion et la publicité pour divers produits. Il dit d’ailleurs avoir déjà des demandes avant même de lancer sa société.

En outre, accompagner les gens à la Omra est devenu l’une de ses activités, même si elle n’est pas à but lucratif. C’est désormais pour lui une occasion de partager ce qu’il a avec les autres. Tal B est désormais porteur de « Dawa » et consacre son temps et son énergie à appeler les gens à la religion.

Assurer la transition

S’il continue à faire parler de lui, c’est souvent suite à des conversions médiatisées, comme celle d’une dame chrétienne ayant fait grand bruit. Critiqué pour avoir dévoilé une histoire a priori intime, il se justifie par son enthousiasme, qu’il voulait partager. Sinon, il a été témoin de plusieurs cas dans la discrétion. « Nous faisons beaucoup de cas, mais celui de la dame m’a interpellé. Lorsque j’en ai parlé avec des religieux, ils m’ont conseillé de l’appeler à se convertir. J’accompagne des gens sur le bon chemin, mais cette dame convertie fut la première ».

Sans les fustiger, Tal B invite les jeunes rappeurs « à choisir le bon chemin ».  Estimant que ce choix personnel peut prendre du temps mais doit venir d’une conviction profonde. « Mon appel s’adresse généralement  aux gens de mon milieu. Plusieurs personnes veulent venir mais ont peur », avoue aussi l’ex rappeur, qui, sans minimiser qui que ce soit, estime qu’il faut « aider ceux qui ont choisi de changer à s’adapter à la transition ».

Mahmoud Dicko : « Un pays ne peut pas se construire sur du néant »

Suite au blasphème d’un individu contre la religion musulmane, Mahmoud Dicko, imam et leader religieux livre son analyse dans cette contribution pour le Journal du Mali.

Aujourd’hui, nous avons une jeunesse qui a besoin d’être encadrée. C’est pour cela que je ne suis pas fier, ça dénote aussi de notre échec. Vous pouvez ne pas être dans une religion, mais ce comportement (vidéo de blasphème) dénote d’un manque d’éducation. Donc c’est l’ensemble de notre système éducatif et d’encadrement de notre jeunesse qui doit être revu. Parce que ce n’est pas seulement un comportement individuel isolé. Certes, il y a eu ce problème, mais il y en eu d’autres. Aucune personnalité de ce pays n’a été épargnée. Tout le monde a eu sa dose. Nous constatons des pertes de valeurs et de repères dans notre pays. Un pays ne peut pas se construire sur du néant. Un pays qui n’a pas de repères, de références, de valeurs, de patrimoine. Si rien n’est sacré, n’est tabou, ça dénote de l’échec de notre système. Les religieux peuvent changer la donne. Non seulement ils le peuvent, mais ils le doivent. Si réellement les religieux se mettent à l’écart et refusent d’être un partenaire fiable pour le système, il y aura toujours une faillite. On peut le faire en bonne intelligence, en respectant les principes fondamentaux d’une République. Cela ne doit pas nous empêcher pas de faire contribuer les religieux et les autres systèmes qui existent dans notre société. Parce que nous avons beaucoup de systèmes dans notre société pour encadrer. Nous sommes une vieille Nation, nous avons une grande richesse. Mettre cela entre parenthèses et imiter les autres de la mauvaise manière, cela ne se peut. Les religieux ont aussi leur rôle. Nous devrons contribuer à éduquer cette jeunesse d’une manière ou d’une autre. Concernant le châtiment pour le blasphème, nous sommes jusqu’à preuve du contraire dans une République qui se dit laïque, qui a des règles et des façons de faire qui diffèrent de la charia. Donc demander à une République d’appliquer ce que la loi islamique prévoit c’est se mettre en porte à faux. Il faut savoir raison garder. Même si on fait une fatwa aujourd’hui, il faut des juridictions pour l’appliquer et ce n’est pas nous. Le mécanisme juridique que l’Islam a mis en place n’est pas désordonné, chacun ne peut pas se lever et aller appliquer la loi ou faire subir la loi à quelqu’un. L’Islam est organisé comme un État. S’il s’agit de l’application de la charia dans le domaine du châtiment, cela ne peut se faire de manière isolée ou individuelle. Ce n’est pas la bonne manière. Je crois que sous le coup de l’émotion des paroles ont été tenues. Nous devons savoir raison garder. Et puis nous sommes dans une religion dont la grandeur est d’abord celle du pardon. Ce Monsieur de la vidéo peut se repentir. S’il revient demain pour se repentir, nous n’aurons aucun droit de le condamner. Donnons-lui aussi la chance, s’il le veut, de demander pardon à Dieu, puis aux Musulmans. Ouvrons aussi cette porte que Dieu nous a donnée. Il faut ouvrir la porte de la repentance. C’est cela la grandeur de la religion. Beaucoup de personnes ont blasphémé, combattu la religion, ensuite elles se sont repenties. Dieu les a acceptées. Nous ne pouvons pas fermer cette porte, elle appartient à Dieu. Et au Monsieur lui-même. Si demain il fait entendre qu’il regrette cet acte et demande à Dieu de lui pardonner, on ne peut pas refuser.

Imam Mahmoud Dicko

Maouloud : une fête qui s’impose

Le 1er  décembre, qui correspond au douzième jour du mois « Rabi’ Al Awwal » du calendrier lunaire, la communauté musulmane célébrera le Maouloud qui est la célébration de la naissance du Prophète Muhammed. Quasiment méconnue il y a encore quelques années, cette fête connait de plus en plus d’ampleur. Pourquoi un tel engouement ?

 Les milieux religieux de la capitale malienne sont en pleine effervescence depuis une semaine. Des prêches des leaders religieux, des conférences de théoriciens, et des discussions au sein des familles ont lieu autour de la célébration du Maouloud. Il y a encore dix ans, cette célébration était quasi-invisible dans la capitale malienne. « Le Maouloud, c’est la naissance du dernier messager d’Allah, le prophète Mohamed. Le Maouloud doit être célébré et pour cela nous avons deux arguments. Il y a des arguments naturels qui n’ont pas besoin d’être écrit pour exister. C’est simplement la naissance d’un homme qui a changé le cours de l’Histoire. L’autre argument, est ce que les hadiths en disent », affirme Mohamed Macky Bah, Président de l’Union des Jeunes Musulmans du Mali (UJMMA), et secrétaire général du groupement des leaders spirituels du Mali. « Il est important de placer dans le contexte cette naissance du prophète. Nous célébrons la naissance de celui qui a reçu la révélation divine après le Prophète Issa. C’est la grandeur de l’homme qui est célébré », assure t-il.

Remise en question

 Ils sont pourtant nombreux ceux qui, bien que croyant au message du dernier Prophète, ont du mal avec la célébration de sa naissanceAinsi, une branche de l’Islam, les wahhabites, refuse formellement de la célébrer. Selon Abdoul Bakr Haidara, imam et enseignant à la Medersa « Maison de l’Espoir » à Kabala « le prophète n’a jamais célébré son anniversaire. Les compagnons du Prophète Abu Bakr, Usman, Umar et Ali n’ont pas non plus célébré cet anniversaire. Pour moi, c’est une innovation, une « bidah ». « Ce qui importe réellement, c’est la forme de la célébration » selon Chouala Bayaya Haidara, guide spirituel chiite. « C’est évident que si la célébration consiste à faire des choses « haram », c’est-à-dire expressément détestées de Dieu, sa célébration est illégitime. Dieu nous exhorte à faire ce qui est bien justement. Peu importe la manière ».

 

Commune de Dioungani : Les Chrétiens pris pour cible

Il est 14h30 quand, dans une cacophonie motorisée, 12 hommes armés convergent vers l’église catholique du village de Douna, chef-lieu de la commune de Dioungani, dans le cercle de Koro. Aux cris d’Allah Akbar, ils s’élancent en direction du bâtiment religieux. Les villageois comprennent vite ce qui va se passer et rentrent se cloîtrer chez eux. Nous sommes le vendredi 6 octobre, une date que la population et la communauté chrétienne de Douna n’oublieront pas. Deux longues heures d’une séquence violente et choquante, mais qui dans la commune, ces 8 derniers mois, est loin d’être inédite.

Une poignée d’hommes a pris position sur les principaux axes menant à l’église, tandis que d’autres escaladent le bâtiment et entreprennent méthodiquement de casser la croix en béton équipée d’un haut-parleur qui trône sur le toit. Elle finit par dégringoler et se briser au sol, accompagnée de clameurs de satisfaction. « Une femme est sortie et a essayé de leur faire entendre raison. Ils l’ont battue ! Malgré les coups, elle leur a dit qu’elle préférait être tuée que de ne rien dire. L’un des hommes a pris son coupe-coupe et lui a tailladé le bras », se remémore un habitant de Douna qui tient à garder l’anonymat. Une fois le lieu de culte décapité de son symbole, les hommes pénètrent dans l’église et rassemblent tout ce qu’ils peuvent : meubles, crucifix, portrait de la Vierge, effigie de Jésus, rideaux, nappe d’autel. Ils jettent le tout sur le sol en un grand tas. « Avec de l’essence, ils y ont mis le feu. Tout a flambé. Ils ont pris leur temps », témoigne un autre villageois. Les flammes ont déjà bien noirci les murs de l’église et calciné ce qui s’y trouvait, quand les profanateurs quittent le village en trombe, criant à la population abasourdie qu’il est interdit désormais d’y prier.

Malgré la destruction de nombreuses antennes-relais dans la commune, où plusieurs villages sont coupés du monde, la nouvelle se propage comme une traînée de poudre. 24 h plus tard, un contingent de l’armée malienne se rend sur place, inspecte l’église, fait une ronde, puis s’en retourne à sa base de Koro. À Douna, l’attaque a surpris, comme dans la paroisse de Barapeli, dont le petit village dépend. L’effroi a saisi les communautés qui redoutent que les djihadistes ne mettent en péril la présence chrétienne dans la commune.

Actes antichrétiens en augmentation « C’est la cinquième communauté visée », souligne un élu de la commune, « les djihadistes veulent imposer leur loi. Ils brûlent les églises et veulent chasser les Chrétiens ». « Depuis quelques mois, ils interdisent toutes les activités religieuses chrétiennes. Si ce n’est pas respecté, ils menacent de revenir pour sévir plus fort », confirme l’Abbé Edmond Dembélé, Secrétaire général de la Conférence épiscopale du Mali.

C’est le 15 avril dernier, lors de la nuit de Pâques, qu’une première attaque contre une église chrétienne est signalée à Didia, un village de la commune de Dioungani. Là-bas, les djihadistes ont intimé aux Chrétiens du village de ne plus sonner la cloche et de ne plus se rassembler. Le 15 août, ils s’en prennent au village de Djanwelli, dans la même commune, avec un procédé particulier. « Ils ont rassemblé Chrétiens et Musulmans sur la place publique et ont prêché le coran durant 3 heures, avant de leur ordonner de ne plus jouer du tam-tam et de ne plus chanter pendant la prière », raconte un commerçant du cercle de Koro. Le 26 août, c’est l’église du village de Bodwall qui est attaquée. « Ils ont voulu casser la cloche de la petite église, mais ils n’ont pas réussi. Alors, ils sont allés au hangar à palabre des Dogons et leur ont dit de dire aux Chrétiens de détruire leur église », poursuit le commerçant. Le 19 septembre dernier, ils défoncent les portes de l’église de Dobara, toujours dans la commune de Dioungani, rassemblent à l’extérieur tout ce qu’ils peuvent y trouver et y mettent le feu, avant de menacer de mort tous ceux qui dorénavant viendraient y prier.

Chasser les Chrétiens Dans l’importante paroisse chrétienne de Barapeli, qui s’étend sur 8 150 km², forte de 45 églises et de plus de 130 communautés dynamiques qui n’hésitent pas à bousculer les prêtres pour l’apostolat (propagation de la foi), on ne comprend pas pourquoi ces attaques visent seulement la commune de Dioungani. « La cohabitation entre Chrétiens et Musulmans était bonne. Dans les différentes fêtes religieuses, ils se rendaient mutuellement visite. Depuis l’arrivée des djihadistes, les choses ont changé. Certains, à l’est de Barapeli, pensent qu’il y a plus d’églises que de mosquées », relève un habitant. Une affirmation plausible pour ce prélat de la paroisse : « il est vrai que ces hommes armés, quand ils sont venus à Douna, ont dit à certains musulmans, « ils ont des églises partout et vous vous n’avez même pas assez de mosquées », et ils ont ordonné à ces gens d’en construire. En se basant là-dessus, on peut se dire que, peut-être, le dynamisme de nos communautés fait qu’ils pourraient se sentir un peu menacés », avance-t-il.

Une autre raison est évoquée par cet employé d’une ONG locale, qui rappelle que depuis des mois les djihadistes, au nom de l’Islam, ont interdit le tabac ainsi que les boissons alcoolisées. « À Douna, il y a deux églises. Ils ont seulement attaqué celle des Catholiques, pas celle des Protestants. L’église catholique a été attaquée parce que la consommation d’alcool n’y est pas prohibée alors que les Protestants l’interdisent. Dans le village, il y avait un maquis à côté de l’église attaquée. Après l’avoir saccagée, les djihadistes sont partis trouvés des consommateurs là-bas. Il y en avait deux, un Dogon et un Peul. Ils les ont frappé, ont bandé les yeux du Peul et sont partis avec. On a plus de nouvelles depuis », ajoute-t-il.

Pour l’Abbé Edmond Dembélé, la consommation d’alcool reste une explication négligeable. « Ce n’est pas seulement du côté des Catholiques, les adeptes de la religion traditionnelle, partout sur le territoire du Mali, sont aussi des consommateurs d’alcool. Je pense qu’il y a d’autres explications un peu moins sommaires ».

Dans les villages attaqués de la commune de Dioungani, désormais les Chrétiens font profil bas. Ils ne vont plus prier à l’église, conscients que ces lieux de culte sont devenus une cible privilégiée des djihadistes. « Nous leur avons dit de ne pas aller y prier pour leur sécurité et parce qu’il y a eu une forme de profanation de ces lieux de culte. Pour nous Chrétiens, ce qu’il s’est passé, ce sont des blasphèmes contre Dieu, Sa parole et Son église. Les fidèles sont inquiets. On est passé à un cran supérieur. Ils ne savent pas si demain ils se lèveront sur leur pied. Mais ils ne souhaitent pas partir, parce que le Mali est un pays laïc, que c’est leur village et qu’ils espèrent que des solutions seront trouvées et que le calme et la cohabitation pacifique qui régnait jusqu’ici reviennent », explique un curé.

À Douna, les blessures du 6 octobre mettront beaucoup de temps à se refermer. Pour les Chrétiens les plus âgés du village, qui ont vu la communauté se constituer, l’église se bâtir, ces images indicibles, ne pourront jamais être effacées.

Vous avez dit « Tabaski » ?

L’Aïd el-Kébir la grande fête, de son vrai nom Aïd-al Adha, c’est à dire la fête du sacrifice, sera célébrée par les Maliens le 1er septembre 2017.C’est  une fête qui commémore l’alliance d’Ibrahim avec Dieu. Pour autant, beaucoup de Maliens ne savent pas d’où vient le mot « Tabaski », petit éclairage.

Le mot Tabaski serait emprunté d’une langue sénégalaise qui est le sérère, une langue parlée au Sénégal ainsi qu’en Gambie. Le mot a connu un grand succès dans les pays du sahel du Sénégal au Tchad, en passant par le Mali, le Burkina le Niger, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo, le Nigéria, et le Cameroun. Le mot aurait rayonné jusqu’au Mali parce que les Wolofs ont adopté l’islam dès le XIe siècle et que le Sénégal, pays d’importance dans colonisation française, a été le pôle de référence de la région pendant plusieurs siècles.

La Tabaski c’est une fête qui est  marquée traditionnellement par l’immolation

D’un mouton, voire d’une chèvre ou d’un veau seuls les chevaux, les ânes et les chameaux ne peuvent être sacrifiés.

La fête, qui a lieu le dixième jour de dhou l-hijja, le douzième mois du calendrier de l’Hégire, soit cinquante jours après la fin du ramadan, signe la fin du pèlerinage après waqfat Arafa, ou station sur le Mont Arafat  à La Mecque.

Si le rite est à peu près le même dans toute l’immensité du monde musulman, les appellations de cette fête sont très variables.

Les Maghrébins, l’appellent Aïd el-Kebir grande fête. En Asie, on parle de Bayram alors qu’au Mali c’est la Tabaski.

Plus de deux millions de musulmans en pèlerinage à La Mecque

Plus de deux millions de musulmans venus des quatre coins du monde ont entamé mercredi le grand pèlerinage à La Mecque: un parcours en plusieurs étapes qui se déroule au coeur de la première ville sainte de l’islam et dans ses environs.

Les autorités saoudiennes ont mobilisé d’importants moyens, dont 100.000 membres des forces de sécurité, et se sont dites prêtes à parer à toute éventualité alors qu’il y a deux ans, une gigantesque bousculade avait fait près de 2.300 morts.

A l’aube, l’effervescence est déjà palpable sur l’esplanade de la Grande mosquée. Chacun se prépare à rallier Mina, à cinq kilomètres à l’est de La Mecque.

Valises prêtes et scellées, des pèlerins attendent leur bus sur un trottoir. D’autres accomplissent le tawâf, les sept tours rituels autour de la Kaaba. La Kaaba est cette construction cubique enveloppée d’une lourde étoffe de soie noire brodée au fil d’or de versets coraniques. C’est dans sa direction que les musulmans du monde entier se tournent pour prier et autour de laquelle les pèlerins effectuent le tawâf.

Des pélerins musulmans à proximité de la Kaaba, à La Mecque, le 28 août 2017 / AFP

Des pélerins musulmans à proximité de la Kaaba, à La Mecque, le 28 août 2017 / AFP

Nour, une Saoudienne de 30 ans, presse le pas, le souffle court. « Je dois encore finir le tawâf » avant de rejoindre Mina, lâche-t-elle sans marquer de pause.

Risvana, elle, semble plus apaisée. Assise sur une chaise pliante au milieu de l’esplanade, elle berce son bébé de six mois avec lequel elle compte effectuer le pèlerinage. « J’ai tout prévu pour lui », dit la jeune maman en montrant une bouteille d’eau dépassant de son sac.

« Chaque fois, ce sont de nouvelles émotions », lance de son côté Tidjani Traoré, consultant dans la fonction publique originaire du Bénin.

Au fil des ans, « il y a eu des innovations en terme d’organisation et d’accueil des pèlerins. Aujourd’hui, les tentes sont climatisées », ajoute-t-il en assurant effectuer son 22e pèlerinage à l’âge de 53 ans.

« priorité » à la sécurité

Le hajj / AFP

Le hajj / AFP

Sur l’esplanade de la Grande mosquée, appelée en arabe Masjid al-Haram (la mosquée sacrée), des brumisateurs rendent la chaleur plus supportable.

Assis à l’ombre d’arbres ou de ponts en béton armé, des fidèles attendent patiemment l’appel de la prochaine prière. D’autres, plus téméraires, poursuivent leur marche, protégés par un tapis de prière ou un petit parapluie fixé sur la tête par un bandeau élastique.

Plusieurs fois dans la journée, des équipes bien rodées d’employés, majoritairement asiatiques, nettoient l’esplanade, à coups de jets d’eau.

Cette année, le pèlerinage est marqué par le retour des fidèles iraniens, absents l’an dernier.

La bousculade meurtrière de 2015 avait fait 464 victimes iraniennes et, quelques mois plus tard, Ryad et Téhéran avaient rompu leurs relations après l’exécution d’un dignitaire chiite en Arabie et l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes en Iran.

« Assurer la sécurité des pèlerins est notre priorité », a insisté mardi le général Mansour Al-Turki, porte-parole du ministère de l’Intérieur.

Le hajj intervient aussi dans un contexte de crise diplomatique entre l’Arabie saoudite et ses alliés d’un côté, et le Qatar de l’autre. Les premiers reprochent au petit émirat gazier son soutien à des groupes extrémistes et son rapprochement avec l’Iran, grand rival régional de Ryad.

Le boycott imposé au Qatar depuis le 5 juin, qui comprend notamment la fermeture des liaisons maritimes et aériennes, a empêché de nombreux Qataris de venir au hajj cette année, même si Ryad a assoupli les conditions d’entrée par la voie terrestre à deux semaines du pèlerinage.

En fauteuil roulant 

Le grand rassemblement religieux intervient également à un moment où le groupe jihadiste Etat islamique (EI) recule dans ses fiefs irakiens et syriens mais continue à répandre la terreur, notamment au Moyen-Orient et en Europe.

A quelques pas de la Kaaba, Fatiya Taha, 67 ans, ne cache pas sa joie. « J’espérais faire ce pèlerinage depuis quatre ans », assure la doyenne d’un groupe d’Egyptiennes, enfoncée dans son fauteuil roulant.

Le moment fort du hajj aura lieu jeudi avec l’ascension du mont Arafat pour une journée de prières et d’invocations.

Avant même le début des premiers rites, les allées marchandes ne désemplissaient pas. Une jeune femme installée à la table d’un grand glacier prie, assise, les mains croisées posées sur les genoux.

Des effluves de musc embaument les allées. Gandouras, farachas et jellabas –tenues traditionnelles dans les pays d’origine des pèlerins– aux couleurs chatoyantes font fureur.

Le pèlerinage est incontestablement une source de revenus pour le royaume saoudien.

Le plan de réformes économiques « Vision 2030 », dessiné dans un contexte de chute du prix du pétrole, comprend l’essor du tourisme religieux. Selon des chiffres officiels, le nombre de pèlerins venus de l’étranger est en augmentation par rapport à 2016

Islam : Une religion à différents courants

Alors que la charia a refait son apparition dans le Nord du Mali depuis 2012, les différents courants de l’Islam ne prônent pas tous une lecture rigoriste des textes du Coran.

« À l’époque du prophète Mohamed (PSL), il n’y avait qu’une seule dénomination, selon les termes du Coran. Nous étions tous des musulmans. Mais vu que les situations évoluent, c’est après le décès du prophète (PSL) qu’une mésentente s’est créée », explique Mahamadou Koné, docteur en droit musulman et chargé des relations extérieures à l’Union des jeunes musulmans du Mali (UJMMA). Une divergence née de la succession du prophète. À ce moment-là, pour une grande majorité de musulmans, Abou Bakr, l’un des fidèles compagnons du prophète, devait lui succéder. D’autres en revanche pensaient que ce droit devait revenir à un membre de sa famille, en l’occurrence son cousin et gendre Ali. Ceci a par la suite donné lieu à une scission et à la naissance des deux grands courants de l’Islam : le sunnisme et le chiisme. « Les 56 pays de l’organisation de la coopération islamique sont tous d’accord sur les principes de l’Islam. La pensée islamique diffère néanmoins en fonction de l’interprétation », précise Thierno Hady Thiam, prêcheur et érudit.

Pratiques divergentes Quelques différences notables se dégagent de la pratique chiite et sunnite. « Les chiites ne se lavent pas les pieds lors des ablutions comme nous le faisons. L’eau ne fait que les effleurer si je puis dire, et ils se prosternent sur une sorte de pierre pour ne pas le faire sur une peau d’animal ou du synthétique qu’ils jugent non conformes », détaille M. Koné. Le courant chiite majoritairement pratiqué en Iran (seulement 10 à 15% dans le monde), est porté au Mali par le prêcheur Chouala Baya Haïdara, mais est très minoritaire. Ces deux courants comprennent également des écoles de pensée. Quatre pour le sunnisme, et une pour le chiisme. « Les écoles hanafite, malikite, shafi’ite et hanbalite, du nom de leurs grands savants, sont celles qui servent de doctrine aux sunnites. Les chiites, eux, ont le djafariya », détaille Thiam. « Il n’est pas donné à tout le monde d’interpréter les textes coraniques, c’est pourquoi certains savants, dont la piété n’est pas à prouver, ont apporté leur interprétation du livre saint », ajoute-t-il. Le wahhabisme qui prend de plus en plus d’ampleur au Mali, est issu du hanbalisme et prône une lecture littérale et une application rigoriste des textes du Coran, comme c’est le cas en Arabie saoudite. Ses fidèles refusent plusieurs pratiques comme écouter de la musique ou se recueillir sur une tombe. « Ils (wahhabites) se font appeler des sunnites, or c’est notre courant à tous, et ils n’hésitent pas à nous traiter, nous les soufis (école malikite), de non musulmans », se désole Koné. Pourtant, le malikisme, qui prône un islam modéré, est dominant au Mali et n’a jamais demandé l’application de la charia. « Tout est une question de conviction. Personne ne représente l’Islam sur terre. Nous sommes des êtres humains avec nos forces et nos faiblesses », conclut l’érudit Thiam.

 

3 questions à Bakary Sambé, enseignant-chercheur au Centre d’études des religions de Saint-Louis (Sénégal)

Comment définissez-vous la charia ?Il y a un sens commun dans le monde musulman de manière générale à vouloir traduire le mot charia comme étant la loi coranique. Il n’a jamais signifié cela. La charia est un système d’élaboration juridique à partir des textes et des pratiques sociales. Le terme est galvaudé aussi bien dans le monde musulman qu’en Occident. Beaucoup pensent que c’est un code dogmatique.

 Les châtiments corporels font-ils partie de la charia ?

La lapidation n’existe pas dans le Coran. Ce sont des choses faites à partir de paroles attribuées au prophète, les hadiths. Les châtiments corporels sont appelés hadd ou hudud (limite), terme autour duquel il y a débat. Certains disent que ce sont des châtiments à appliquer à tout contrevenant. Pour d’autres, ce n’est pas la sanction mais la peine maximale qu’on peut appliquer.

 Pourquoi vouloir faire appliquer une vision étriquée de la charia ?

Cela traduit un désir de gouverner à la place de Dieu ou au nom de Dieu, alors que les traditions musulmanes racontent des épisodes où le prophète n’a pas voulu appliquer ces peines-là. L’esprit de l’islam est miséricordieux et on ne l’entend pas. On manipule des symboles religieux pour des motifs politiques. On préfère la soumission des corps à la conquête des cœurs. Il y a aussi l’ignorance des textes par la population, qui permet de faire passer toute sorte de motifs politique, économique, religieux.

Interview Chérif Ousmane Madani Haïdara 4

Seid Ousmane Madani Haïdara est l’une des figures emblématiques de l’islam au Mali. Religion, gestion du pays et de la chose publique, péril extrémiste, le leader incontesté d’Ansar Dine International et Président du tout nouveau Groupement des leaders spirituels musulmans du Mali, a livré sa vision préoccupée du monde à Journal du Mali (en langue bambara), en ce mois de carême.

Interview Chérif Ousmane Madani Haïdara 3

Seid Ousmane Madani Haïdara est l’une des figures emblématiques de l’islam au Mali. Religion, gestion du pays et de la chose publique, péril extrémiste, le leader incontesté d’Ansar Dine International et Président du tout nouveau Groupement des leaders spirituels musulmans du Mali, a livré sa vision préoccupée du monde à Journal du Mali (en langue bambara), en ce mois de carême.

Interview Chérif Ousmane Madani Haïdara 2

Seid Ousmane Madani Haïdara est l’une des figures emblématiques de l’islam au Mali. Religion, gestion du pays et de la chose publique, péril extrémiste, le leader incontesté d’Ansar Dine International et Président du tout nouveau Groupement des leaders spirituels musulmans du Mali, a livré sa vision préoccupée du monde à Journal du Mali (en langue bambara), en ce mois de carême.

Interview Chérif Ousmane Madani Haïdara 1

Seid Ousmane Madani Haïdara est l’une des figures emblématiques de l’islam au Mali. Religion, gestion du pays et de la chose publique, péril extrémiste, le leader incontesté d’Ansar Dine International et Président du tout nouveau Groupement des leaders spirituels musulmans du Mali, a livré sa vision préoccupée du monde à Journal du Mali (en langue bambara), en ce mois de carême.

Islam et Politique: à qui la faute?

On se souvient qu’en 2013, lors de l’élection présidentielle, plusieurs leaders religieux avaient appelé à  voter pour un candidat, Ibrahim Boubacar Keà¯ta, lui apportant ainsi un soutien décisif. Avant cela, l’épisode du code de la famille de juillet 2009 était passé par là . Le vote par l’Assemblée nationale d’un texte jugé progressiste et favorable aux femmes avait provoqué un tollé dans les milieux religieux musulmans qui, en guise de représailles, avaient organisé une manifestation géante réunissant plus de cinquante mille personnes au Stade du 26 mars. Cette démonstration de force s’était accompagnée de prêches violents dans les mosquées et sur les radios, entrainant la capitulation des pouvoirs publics, qui consacraient ainsi la toute puissance du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), présidé par l’imam Mahmoud Dicko. Depuis, un ministère du culte et des affaires religieuses a été créé. Comment en est-on arrivé là  ? Selon Moussa Balla Coulibaly, ancien président du patronat et du Conseil économique, social et culturel, « les politiques ayant démissionné, les leaders religieux se sont accaparé le pouvoir ». Même son de cloche pour Gilles Holder, anthropologue et spécialiste de l’islam au Mali, qui affirme que « les organisations politiques traditionnelles ont été vidées de leur substance par la culture du consensus promue au sommet de l’Etat (période ATT), et par le développement exponentiel du clientélisme ». Cette tendance a inspiré Alioune Ifra N’Diaye, promoteur culturel malien, qui ne cesse de la dénoncer et estime qu’ « il y a trente ans, le pouvoir se prenait par les armes, il y a dix ans par l’argent, et aujourd’hui par la religion». La danse du ventre pratiquée par certains politiques, qui vont de mosquée en mosquée, témoigne de la réalité du phénomène. Qu’en pensent les leaders religieux eux-mêmes ? Le célèbre prêcheur Ousmane Madani Cherif Haidara proclame leur neutralité dans la gestion des affaires publiques. Et pourtant, le mouvement Sabati 2013 a joué un rôle important lors des dernières élections, réussissant même à  faire élire des députés en son sein. «Les textes de l’Union des jeunes musulmans du Mali (UJMA) nous interdisent de faire de la politique, C’’est la raison pour laquelle ceux qui ont décidé de s’y lancer ont créé leur propre mouvement », explique Abdou Diarra de l’UJMA. Pour d’autres, il est difficile d’exclure les religieux de la politique, étant des électeurs comme les autres, mais ils ne doivent pas devenir des acteurs. Va-t-on vers la création de partis religieux comme au Maghreb ? Dans un contexte de radicalisation et de menace fondamentaliste, « il ne faut pas tirer sur cette corde là  car elle est extrêmement dangereuse», selon Soumaà¯la Cissé, chef de fil de l’opposition.

Talibans du monde entier, ça suffit !

« Allahu akbar », C’’est par cette formule hautement sacrée et invocatrice que des individus s’adonnent à  leur sport favori : tuer leurs semblables, au nom d’une lutte soi-disant religieuse. Invoquer le nom de Dieu est devenu monnaie courante. Pour prier, louer, exprimer la joie ou le dépit. Mais, pour semer la mort ? Aujourd’hui, dans certains pays, en Afrique comme ailleurs, entendre cette invocation dans une foule sème la peur. à‡a a été le cas ce mardi, à  Peshawar. Une poignée d’hommes, armés comme à  la guerre ont attaqué… des enfants ! Ils en ont abattus, à  bout portant, d’une balle dans la tête pour la plupart, 132. Un bilan effroyable pour un assaut contre une école, 141 morts au total. Leur faute, être au mauvais moment, au mauvais endroit. àŠtre les enfants d’officiers pakistanais qui mènent une lutte féroce contre ceux qui veulent instaurer la charia et sont prêts à  tout, y compris vendre de la drogue pour financer leurs activités. Pour venger leurs camarades tués dans les combats, les talibans ont donc versé le sang d’innocents. Au nom de Dieu… Tuer des innocents pour plaire à  Dieu ? Loin de nous toute intention de blasphémer, Ceux qui tuent aujourd’hui, ceux qui décapitent les otages innocents et exécutent leurs propres coreligionnaires semblent ignorer ce terme : le Miséricordieux (Al-Rahman), au début de chaque sourate. Eux qui se targuent d’être des maà®tres religieux, comment ne tiennent-ils pas compte de ce que a été révélé à  Mohamed, le messager d’Allah pour les croyants (PSL), dans la continuité des dix commandements dont celui-ci : « Tu ne tueras point !». Malheureusement la mauvaise interprétation des versets 89 et 90 de la sourate 4 (An-Nisaa). Les antagonistes de l’Islam tels que les talibans pakistanais ou afghans interprètent le Coran, le distordent pour l’amener dans le sens qu’ils veulent. Par ignorance ? Rien n’est moins sur. Un musulman qui ne respecte pas la vie n’est pas un musulman. Il est temps que cessent ces crimes, quelque soit la religion de leur auteur, commis au nom de Dieu. Les croyants de part le monde se désolidarisent de plus en plus de cette guerre qui s’attaque avant tout à  des innocents. « Not in my name » C’’est l’intitulé d’une campagne en cours, surtout sur les réseaux sociaux, pour dire non à  cette barbarie sans nom. Pendant que les familles, le Pakistan et le monde pleure les martyrs de Peshawar, il est temps que l’on dise aux Taliban et autres illuminés du même acabit, « Not in Allah’s name ».

« Timbuktu » de Sissako sur les écrans français…mais pas au Mali

La curiosité est grande pour ce film qui a été projeté en Mai dernier au festival de Cannes, mais qui suscite la critique au Mali. S’il est adoubé par les critiques françaises, l’œuvre « Timbuktu » n’a hélas pas obtenu de prix au prestigieux festival de Cannes. Malgré tout à  la veille de la sortie du film sur les écrans français, Sissako, le réalisateur mauritanien d’adoption malienne, a été toute cette journée du mardi, l’invité spécial de RFI, qui lui a consacré ses antennes… Pour revenir à  ce film qui plonge quelques mois en arrière dans les affres de l’occupation djihadiste en 2012 au nord du Mali, un fait divers passé presque inaperçu, confie Sissako à  la journaliste Emmanuel Bastide. Celle de la lapidation d’un couple, jugé adultère, puisque non marié à  Aguel’hok. « Cette histoire a très vite été oubliée, presque pas médiatisée », déplore Sissako, qui en a fait le point de départ de sa fiction. Autre scène phare, celle de cette gazelle au galop, prise en chasse par des jihadistes avec un pick-up. Et cela finit mal à  cause d’une vache qui s’est pris les pieds dans un filet de pêche – A voir la bande annonce, les premières images sont belles, les couleurs intenses, les formes suggérées à  travers les étoffes de ces femmes pudiques du Nord dont l’une d’elle interroge un djihadiste, venu lui rendre visite un soir. « Pourquoi viens-tu me voir alors que mon mari n’est pas là ? Que me veux-tu ? Si ce que tu vois te dérange, alors ne me regardes pas », lance t’elle à  l’oppresseur qui veut la voir couverte de la tête au pied, au risque d’être lapidée. Ainsi « Timbuktu » évoque ces douleurs enfouies, ces traumatismes subis en huit mois, mais aussi cette résistance des habitants de Tombouctou face à  l’obscurantisme. Avec sa caméra, Abderahmane Sissako, interroge ces interdits imposés et cet « islam tronqué » au nom d’un prétendu djihad ou charia d’un jour, sur les valeurs universelles de paix et de tolérance qu’a toujours prôné l’Islam véritable depuis le temps de Mahomet(PSL). Avec des acteurs au jeu profond, Sissako filme avec pudeur et discrétion, comme il le confie lui même, la vie ordinaire d’habitants confrontés à  l’intolérance, à  l’incompréhensible. Il nous dévoile l’infini du désert, l’ocre du sable, les ruelles secrètes de Tombouctou, des images qui entrainent la lenteur, la profondeur… et la réflexion… Tourné près de la frontière malienne, dans une zone rouge dans l’extrême est de la Mauritanie, Timbuktu ne raconte pas une mais plusieurs histoires et relate, ce qui aujourd’hui, ne pourra jamais être oublié par ceux qui l’ont vécu. L’occupation la plus absurde. Une fiction qui peut être ouvrira des voies pour les victimes et poussera à  parler, à  narrer enfin ce qui s’est passé dans la cité des 333 Saints… Si les citoyens français et avant eux les critiques à  Cannes, auront eu la chance de voir le film, il aurait été apprécié du réalisateur, une projection à  Bamako, avant celle sur les écrans français. Mais cela est un autre débat…

Dossier Ramadan : Des vertus du jeûne…

Journaldumali.com : Que signifie le jeûne ? Ousmane Salia Traoré : Louange à  Allah. Paix et salut sur son prophète. Jeûner en arabe (As-Siyaam) signifie linguistiquement : ‘’s’abstenir de » ou ‘’ se retenir … ». Dans la terminologie de la charia, cela veut dire l’abstinence, de boire et manger et d’ avoir des relations sexuelles et de tout ce qui est susceptible de rompre le jeûne de l’apparition de l’aube jusqu’au coucher du soleil. Journaldumali.com : Est-ce que le jeûne est une obligation pour les fidèles musulmans ? Il fut institué un lundi du mois de Chaabane de la 2ème année de l’hégire (642 ap. J. C) par le verset coranique : « à” croyants ! On vous a prescrit As-Siyam comme l’a prescrit à  ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété (sourate/ verset 183). Il a été ordonné aussi par la parole du prophète Mohamed(PSL) qui : « les de fondements de l’islam sont au nombre de cinq : l’attestation qu’il n’y a de divinité qu’Allah et que Mohamed est son prophète ; l’accomplissement de la prière, de la Zakat, du pèlerinage et du jeûne du mois de Ramadan. (Recueil de Boukhari et Mouslim). En effet le jeûne est obligatoire pour toute personne musulmane adolescente qui jouit de ses facultés mentales et qui n’a pas une cause lui permettant de ne pas jeûner comme le voyage ou la maladie. Journaldumali.com : Pouvez-vous nous parler de quelques mérites du jeûne ? Ses mérites on tété reconnus par les hadiths et du prophète qui dit que le jeune préserve de l’enfer tel un bouclier au combat (Recueil d’Ahmed). Selon lui, celui qui jeûne un jour pour l’amour de Dieu sera éloigné du feu de la distance parcourue en 70 années. (Recueils Bouhkari et Mouslim). l’invocation de celui qui jeûne sera exaucée chaque fois qu’il rompt son jeûne le soir (Recueil d’Ibnou Maja). Une des portes du paradis appelée ‘’Porte de Rayane » c’est-à -dire porte des rafraà®chissements. Seuls ceux qui jeûnent la franchissent. Il sera dit : « O๠sont ceux qui jeûnaient ? ». Ils se lèveront alors et entreront. Aucune autre personne ne la franchira. Elle se refermée. (Recueils d’Abou Sonni AbouNaim)

Le Maouloud dans les familles Bamakoises

Dans la famille Maà¯ga, à  Faladié Sema, C’’est l’occasion pour sacrifier un bœuf entier « je partage la viande du bœuf entre une partie de ma famille et celle de mon épouse. J’en donne également à  mes voisins et à  des amis » explique Boubacar Maà¯ga, le chef de famille. Assises dans la cour de la maison familiale, les jeunes Maà¯ga se partagent les tâches de la journée « le jour du malouloud, C’’est-à -dire la commémoration de la naissance du prophète, nous préparons du fonio et de la sauce oignons avec beaucoup de viande. Mon père appelle l’imam du quartier pour venir lire quelques versets du Coran et ainsi, bénir notre famille et toutes les personnes présentes » commente Hawa Maà¯ga. Plus loin, dans le quartier Titibougou, sur la route de Koulikoro, la famille Diallo se prépare à  accueillir une soixante de personnes pour le Maouloud « chaque année, C’’est comme ça depuis plus de 20 ans. Depuis que je suis née, J’ai trouvée que C’’est comme ça. Mon père, ses frères, ses sœurs, ainsi que leurs enfants se retrouvent ici. Cela parce que mon père est l’aà®né de la famille et qu’il a instauré cette habitude. Le Maouloud devient l’occasion pour notre famille élargie de se retrouver au moins une fois par an, et pour se faire des bénédictions » explique Fatoumata Diallo, jeune fille d’une trentaine d’années. Tous les musulmans ne considèrent pas le Mawlid comme une fête légitime de l’islam. « Il y a deux fêtes en Islam, le Ramadan et la Tabaski, le reste ne sont pas des fêtes ce sont des innovations que les hommes ont voulu entretenir » s’indigne Mariam Coulibaly, élève dans une école franco-arabe. « Nous sommes des musulmans, l’essentiel est de se souvenir de notre prophète et de faire un acte de piété par exemple jeuné ce jour. Le prophète ne fêtait pas son anniversaire alors pourquoi le fêterions-nous » lance Adama Koné, assis devant la concession familiale à  Yirimadio. Ce que disent les théologiens musulmans Les avis des experts théologiens divergent sur la question de fêter ou non le Maouloud. Les théologiens légitimant cette fête sont nombreux et appartiennent aux quatre écoles de jurisprudence islamique. On peut citer parmi les anciens Ibnou Hajar Al-`Asqalani, Sakhawi, As-Souyouti, ou encore Ahmad ibnou Zayni Dahlan. D’un autre côté, la célébration de l’anniversaire de Mahomet est considérée par d’autres théologiens (aujourd’hui souvent affiliés au salafisme) comme une innovation religieuse (bidah) étrangère à  l’islam. Ils mettent en garde contre l’altération par l’humanité de l’islam tel qu’enseigné au Prophète et pratiqué par les premiers musulmans, sahabas, n’ayant jamais fêté ce jour, malgré tout l’amour qu’ils avaient pour le Prophète. L’anniversaire de Mahomet n’a jamais été célébré de son époque, ni par ses compagnons, ni par les musulmans sunnites des premiers siècles. Aucune trace explicite de cette fête n’existe dans le Coran et la sunna. D’après les historiens Ibn Kathà®r et Ibn Khallikan, elle fut instaurée bien plus tard, vers 1207, par le roi d’Erbil. Ce qui constitue donc une innovation en religion selon les paroles du prophète Mohamed parmi lesquelles : « – Toute nouveauté est une innovation, toute innovation est égarement, et tout égarement est au feu. – Quiconque introduit dans notre religion ce qui lui est étranger le verra rejeté » . Hormis le fait que cette pratique puisse être considérée comme une innovation religieuse, elle peut être considérée comme l’imitation des non-musulmans : les chrétiens fêtant l’anniversaire de Jésus (‘Issa, leur Prophète) fêter l’anniversaire de Mohammmad revient à  les copier. l’imam Ahmed a rapporté que Mahomet a dit : « Celui qui imite un peuple, fait partie intégrante de ce peuple. » l’imam At-Tirmidhi a rapporté que Mahomet a dit : « Il n’est pas des nôtres celui qui imite des gens différents de nous, n’imitez ni les juifs, ni les chrétiens. » le Prophète qui a déclaré : « Ne me flattez point de la façon dont les chrétiens ont flatté Jésus, le fils de Marie ; certes, je ne suis qu’un serviteur; donc, dà®tes plutôt : serviteur et messager d’Allah ». Beignets au menu pour le baptême De nombreuses familles ont l’habitude de préparer des beignets soit à  base de farine ou encore à  base de mil. Ceci pour rendre hommage au prophète de l’islam. Tout le quartier est sur pied quand le Maouloud s’annonce. Chacun apporte sa tasse chez le chef de quartier afin que sa part de beignet soit servie. « C’’est comme ça depuis des décennies. Nous avons l’habitude et C’’est une très bonne occasion pour se retrouver entre membres du même quartier, débattre des sujets du moment et rappeler les hadiths du prophète » raconte Fousseini Kanté, prêt à  escalader sa moto « Djakarta ». « Dans notre grande famille, à  Badalabougou, nous préparons des beignets à  base de farine. Ces beignets sont ensuite distribués entre les personnes qui viennent suivre le prêche organisé par la famille. Nous envoyons des beignets à  nos parents qui sont loin d’ici, dans d’autres quartiers. Souvent, nous pouvons en préparer des centaines de kilogrammes. Tout le monde aura sa part. Ceci est une tradition dans notre famille » explique Oumar Ba. La commémoration de la naissance du prophète s’est fait le mardi 14 janvier 2014, le baptême est commémoré ce lundi 20 janvier 2014.

Saif al Islam devant les juges pour « communication illégale »

Le fils du défunt président libyen, Saà¯f al-islam Kadhafi, a comparu jeudi devant un tribunal de Zenten. Agé de 40 ans, l’ancien bras droit de Mouamar Kadhafi doit répondre à  la justice de son pays qui l’accuse d’avoir tenté de communiquer illégalement avec l’extérieur en juin 2012. Selon LeNouvelobs.com, la comparution de Saà¯f al-islam jeudi n’a aucun lien étroit avec le dossier de la Cour Pénale Internationale (CPI), qui réclame son extradition. Il a en effet comparu pour avoir rencontré en juin 2012 son avocate, Melinda Taylor, à  qui il aurait transmis des informations susceptibles de nuire à  la sécurité nationale, selon la justice libyenne. A sa sortie du procès, les journalistes ont pu échanger brièvement avec l’accusé qui a répondu par l’affirmative à  la question de savoir s’il allait bien, faisant un signe avec le pouce. Mais Saà¯f al-islam n’était pas le seul accusé à  comparaà®tre devant la justice. Quatre membres de la Cour Pénale Internationale co-accusés dans cette affaire ont également comparu par contumace. La CPI réclame toujours son transfèrement Saà¯f al-islam a été capturé en novembre 2011 après une longue cavale. Il a été arrêté dans le désert aux abords de la ville d’Obari. Les circonstances de son arrestation restent encore floues. Selon LePoint.fr, il aurait promis une somme d’un million d’euros à  un nomade, si ce dernier réussissait à  le faire passer au Niger. Le nomade lui fait croire qu’il exécutait la tâche et finit par contacter les services libyens de renseignement. Saà¯f al-islam parle de trahison. Il sera transmis plus tard aux autorités libyennes de transition. Depuis lors, un bras de fer oppose la Libye à  la CPI. Cette dernière le soupçonne d’avoir pris une part active à  la répression du soulèvement contre le régime de son père et l’inculpe. Mais les autorités libyennes refusent de le livrer à  la CPI et souhaitent le juger dans son propre pays.

« Et si l’intervention au Mali ouvrait la porte des réformateurs en islam »

Malgré la prise importante et spectaculaire de Tombouctou, l’événement essentiel de ces derniers jours au Mali n’est pas de nature militaire. Il est fait de deux déclarations. L’une est de Chérif Ousmane Haà¯dara, prédicateur célèbre et chef charismatique des « Partisans de la Religion » alias Ansar Eddine, légalisée en 1992, forte de près d’un million de membres au Sahel, dont la plupart au Mali, et totalement étrangère à  son homonyme du même nom qui, liée à  Al-Qaida au maghreb islamique (AQMI), occupe le nord du Mali. Dans cette déclaration on peut lire « AQMI, Ansar Eddine, Mujao : c’est pareil. Ce sont des bandits et des trafiquants de drogue qui utilisent la religion comme couverture « … et un peu plus loin :  » Il va falloir mener une guerre idéologique et dénoncer ceux qui se disent musulmans et qui sèment la mort ». Dà‰NONCENT L’INTERVENTION FRANà‡AISE L’autre, encore plus explicite, est de l’imam Mahmoud Dicko, Président du Haut Conseil Islamique du Mali. Il s’en prend à  quelques autorités musulmanes, dont une du Qatar,qui dénoncent l’intervention française, et déclare tout bonnement : « Nous ne sommes pas d’accord avec cette interprétation, nous pensons que c’est le contraire. C’est la France qui a volé au secours d’un peuple en détresse, qui avait été abandonné pour tous ces pays musulmans à  son propre sort. Nous parler de croisade anti islam, c’est quelque chose que nous ne pouvons pas accepter en tant que responsables musulmans du Mali ». A ma connaissance ce sont les toutes premières déclarations d’autorités religieuses musulmanes sur ce sujet. C’est en quoi elles sont essentielles. Et comme elles viennent du Mali, il est fort probable qu’elles inspireront les autorités religieuses des pays – Niger, Nigeria, Sénégal, tous musulmans à  plus de 90% – voisins qui ont décidé de soutenir l’intervention française, lorsque celles-ci finiront par être conduites à  commenter les décisions de leurs autorités politiques. Il est décisif en effet, pour que l’intervention française au Mali soit efficace qu’elle reste bien accueillie dans le monde et sur place, et qu’elle reste quasi unanimement soutenue en France. Cela n’est souhaitable et possible que si d’abord elle est bien comprise et bien située parmi les enjeux multiples, complexes et imbriqués qui interfèrent en Afrique. Que s’est-il donc passé ? RETOUR SUR L’HISTOIRE D’UNE CRISE En janvier 2013, du fond de son pays en pleine désagrégation, le président par intérim, musulman, d’une population musulmane à  90% appelle la France à  l’aide. De quoi s’agit-il ? Depuis bien des mois des activistes appartenant à  des populations extérieures, Libye, Tchad, Algérie, Mauritanie peut-être, nomades, touaregs du désert, à  l’enracinement national inconnu sans doute aussi, sont arrivés à  se grouper, à  s’approprier ensemble une part significative des puissants moyens militaires hérités de Khadafi, véhicules et armes, à  proclamer ensemble que quiconque n’est pas disciple du prophète doit être abattu et que pour ce faire la conquête d’un à‰tat pour en faire une base territoriale d’assaut contre les non-croyants est la première priorité. Ainsi s’explique et commence la conquête par ces meurtriers de la moitié nord du Mali. Ainsi se découvre aussi la visibilité d’une offensive préparée contre la capitale Bamako, de ce grand pays à  la faible population. De là  vient l’appel. Très vite, du Niger voisin, du Sénégal à  peine plus éloigné et presque aussi vite de l’immense Nigéria, cent millions d’habitants, à  peine plus lointain – tous majoritairement musulmans – vient le soutien à  l’appel à  l’aide. L’armée du Mali en décomposition comme le pays lui-même ne saurait résister à  l’assaut d’un demi millier de guerriers montés sur une centaine de véhicules et puissamment équipés, notamment d’armes lourdes. Il y faut une vraie armée. LE COLONISATEUR RESPECTAIT LA RELIGION, ET QUE LA FRANCE A UNE ARMà‰E On se souvient de la France. Naturellement ce dont on se souvient là  n’est pas l’ensemble des outrages de l’autorité coloniale aux pouvoirs et aux intérêts économiques locaux… Ce dont on se souvient, c’est que le colonisateur respectait la religion, et que la France a une armée. La France à  ce moment est gouvernée par un nouveau président, que de mémoire historique personne n’a jamais vu aux prises avec des problèmes de cette nature. La France est seule appelée. François Hollande décide seul. L’approbation internationale est immédiate, générale, et vient notamment de beaucoup de pays d’islam. Même notre opposition, surprise peut-être mais convaincue, approuve. Il faut féliciter ici vigoureusement, notre président et aussi nos forces armées, dont les hommes et les chefs furent capables d’un déploiement incroyablement rapide. Car le premier succès est là . Bamako est sauf, les colonnes motorisées rebelles ne sont pas passées et ne passeront pas. Gao et Tombouctou sont reprises. L’affaire n’en est pas terminée pour autant. S’ils ne peuvent probablement plus se motoriser puissamment par groupes nombreux ni déplacer massivement des armes lourdes, des centaines, peut être des milliers d’islamistes radicaux demeurent disséminés en Afrique avec l’intention et, même réduits, des moyens de tuer. Il y faudra d’autres méthodes, d’autres moyens, d’autres hommes à  la foi et à  la langue différente, mais la seule chose certaine est qu’il y faudra bien des mois, sans doute des années. Que défendons-nous dans cette histoire ? Assurément pas des à‰tats: celui du Mali a déjà  disparu ; celui de la Côte d’Ivoire ne vaut guère mieux, les autres voisins sont embryonnaires… guère d’avantage des dirigeants en place, ceux du Mali ont déjà  disparu, leurs remplaçants sont des intérimaires… Nous défendons certes quelques centaines de nos concitoyens, et de maigres reliefs d’intérêts économiques qui furent autrefois coloniaux. Nous défendons surtout, des peuples désireux de vivre en paix et de vérifier que leur religion leur permet parfaitement de respecter et de cohabiter avec ceux qui ne prient pas comme eux. Rà‰FORMER L’ISLAM L’islam fut grand, créateur de culture, de science et de droit, rayonnant. Voilà  cinq siècle qu’il ne l’est plus. Il fut aussi humilié par la colonisation que par l’absence d’usines. Or le développement économique c’est une révolution des comportements. Ce n’est jamais ni spontané ni facile. Au Japon l’ère Meiji fut « musclée ». En chrétienté il est visible qu’il a fallu les succès politiques et militaires de la réforme pour permettre le capitalisme et la démocratie. En islam les à‰tats ont à  peu près toujours réussi à  éliminer ou tuer leurs réformateurs. Il survit depuis dans la crispation et surtout la rigidité. Sur un milliard et demi de croyants quelques petits milliers de ses fils, contrairement à  leur prophète qui ne prêche ni la guerre ni l’extermination des non croyants, en sont venus dans la colère au projet fou de détruire les infidèles. Tous les alliés sont bons pour cela : certains de ces intégristes islamiques ont trouvé dans le désordre sahélien des touaregs indépendantistes et trafiquants, pas du tout arabes et assez peu musulmans. Cela ne change guère le problème. Tant au Moyen-Orient qu’en Afrique, les peuples musulmans, leurs gouvernants et leurs dirigeants qui dans leur quasi totalité veulent vivre en paix, mais sont depuis longtemps perturbés par les ondes de choc de la guerre froide, du pétrole, de l’intégrisme et de quelques autres, sont impuissants à  traiter le problème. Le silence assourdissant des autorités religieuses n’arrange rien. LES TUEURS USURPANT FAUSSEMENT LE NOM DU PROPHàˆTE Il se comprend, devant la profondeur des crises de l’islam d’aujourd’hui, mais il est coupable. Finalement les polices et les armées musulmanes ne seront légitimes à  traquer les tueurs usurpant faussement le nom du prophète que si cette fausseté est religieusement établie. Le Prophète n’a jamais édicté l’ordre de tuer des non croyants, bien au contraire. En urgence et en anticipation de nécessaires décisions religieuses ce sont les pouvoirs civils qui sont en charge. Et faute de pouvoir faire autrement devant un problème devenu militaire ils demandent à  la France son aide militaire pour une mission qui consiste, au Sahel d’abord à  rendre de nouveau possible la cohabitation des chrétiens et des musulmans. Bien au delà  du Sahel, cela concerne toute l’Afrique et notre propre territoire. C’est un problème de civilisation. Dans pareille affaire il n’y a de résultat positif possible que si pendant une longue continuité l’Islam pacifique confirme sa demande et en assume la justification religieuse, et si du côté français la compréhension de cette mission confirme la volonté de l’accomplir jusqu’au bout. L’OPPOSITION N’EST PAS à€ LA HAUTEUR L’opposition politique française avait commencé par approuver. C’était magnifique, c’était montrer qu’elle aussi a le sens de l’état, et qu’elle savait remplir là  une des conditions du succès de la mission. Tout cela n’a pas encore duré huit jours, que déjà  la mise en cause insidieuse apparaà®t. Une phrase indigne de Giscard d’Estaing, surprenante chez lui, nie l’évidence : « c’est une guerre post coloniale »… Un autre incrimine l’impréparation… Comme si l’attaque avait été prévisible. Il faut saluer au contraire la rapidité de riposte dont furent capables les autorités politiques et nos forces armées. Un autre incrimine le coût. Il est encore modeste, surtout comparé à  l’enjeu de civilisation auquel il répond. Tout cela laisse deviner l’incapacité de certains membres de l’opposition à  soutenir des actions qu’ils approuvent lorsqu’elle sont conduites par un gouvernement qu’ils n’approuvent pas. Le contraire s’appelle le sens de l’à‰tat. C’est dommage, grave et dangereux. Dans peu de semaines, les opérations « lourdes » seront terminées et victorieuses. Mais il restera à  reconstruire des à‰tats, à  reformer des forces armées, à  entraà®ner et appuyer des polices. Il y faudra une autre forme de présence, moins coûteuse heureusement. Il y faudra surtout le maintien d’une vraie confiance mutuelle. C’est là  que la cohésion de la très grande majorité des français est nécessaire. C’est là  que l’islam pacifique doit entendre et confirmer l’appel qui lui vient du Mali. C’est à  la France seule qu’il fut fait appel. C’est bien, pourtant, pour des raisons de civilisation, qu’en l’absence de toute défense européenne la Grande-Bretagne, sourcilleuse sur sa souveraineté et en train de quitter l’Europe, décida comme nation de soutenir la France. Comment certains autres osent-ils faire grief à  l’Allemagne de garder de son histoire récente une extrême réticence à  procéder à  des actions armées ? Comment certains osent-ils faire grief à  l’Europe de ne s’être pas mobilisée alors que personne n’a jamais voulu la saisir de compétences dans ce domaine ? La vérité est que le devoir de civilisation n’a pas encore sa place dans le droit international. Mais il faudra bien la lui faire. Les pays d’islam ne sortiront de leur longue crispation qu’au prix de choix et de réformes douloureuses. Il leur y faut une aide extérieure. Pour la première fois certains la demandent. L’action ne pourra être continue que s’ils confirment cette demande. L’enjeu est immense : oublier les croisades pour se battre ensemble pour les droits de l’homme. Bien d’autres nations musulmanes et européennes devraient pouvoir s’y joindre. Elles ne le feront que si elles en comprennent et assument le sens. Michel Rocard , ancien premier ministre, président du conseil d’orientation scientifique de Terra Nova

Forum national des leaders spirituels musulmans : Contre le fondamentalisme religieux

Le premier forum national des leaders spirituels musulmans du Mali qui avait débuté samedi au Centre international de conférences de Bamako a terminé dimanche en fin d’après-midi ses travaux placés sous le thème fédérateur « Ensemble pour un islam authentique dans un pays apaisé et unifié » en référence au verset 25, Sourate 10 du saint Coran. La cérémonie d’ouverture avait donné lieu à  une très grande mobilisation des musulmans de la capitale. En effet plus de 3000 personnes avaient tenu à  assister à  cette importante réunion. La grande salle de conférence Djéli Baba Sissoko ayant fait son plein, les organisateurs ont dû aménager des hangars en bâche et des hauts parleurs dans la cour afin de permettre à  ceux qui n’ont pas eu accès à  la salle de pouvoir suivre les différents discours et autres déclarations. Outre président par intérim de l’Assemblée nationale Younoussi Touré, le président du Comité militaire de suivi des réformes, le capitaine Amadou Haya Sanogo, des membres du gouvernement et des diplomates accrédités dans notre pays avaient honoré ce rassemblement par leur présence. Restaurer l’islam uni Cette importante rencontre est organisée par les grandes familles maraboutiques et associations musulmanes de notre pays comme. Il s’agit des grandes familles El Souad de Dilly, les Familles Tall de Nioro et de Bandiagara, les familles de Sékou Salah Sidibé de Macina, les familles de Sékou Amadou du Macina, les Familles Haà¯dara de Nioro du Sahel, la Famille Kalapo de Bamako, Ançardine International de Shérif Ousmane Madani Haà¯dara, l’Union des jeunes musulmans du Mali (UJMM), la Communauté Soufi du Mali, de Soufi Bilal Diallo, l’Association des Soufis du Mali de Mamadou Hady Thiam, entre autres. A ceux-ci se sont joints des imams des 8 régions et des cercles du Mali. Crée en novembre 2011, ce forum des leaders spirituels musulmans du Mali, entend œuvrer au maintien des pratiques musulmanes en cours dans notre pays depuis 1300 ans, explique Adama Kané, le coordinateur du forum. Les leaders musulmans entendent donner leurs points de vue sur les questions d’actualité concernant la vie du pays. C’’est pourquoi, ils n’ont pas cessé d’attirer l’attention des autorités sur l’influence grandissante des islamistes dans le nord depuis longtemps. Ils s’insurgent contre l’avènement de nouvelles idéologies au sein de l’islam dans notre pays, qui, du reste, est une source de tension. Les leaders dénoncent l’extrémisme sous toutes ses formes. Car cela est contraire à  l’esprit de l’islam pratiqué dans notre pays. Quant l’imam Mahamoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali, il a expliqué que depuis son élection en 2008, il a souhaité la création d’un tel forum, car il est convaincu qu’une seule structure ne peut gérer correctement l’islam dans notre pays. Abordant la question de l’occupation du nord, il indique que personne ne viendra d’ailleurs nous imposer quoi que ce soit. Pour lui, cette partie du notre pays sera libérée sans qu’un seul coup de feu soit tiré, convaincu des bénédictions dont nous bénéficions. Le président du Comité militaire de suivi des réformes, le capitaine Amadou Haya Sanogo a réitéré l’engagement de l’armée à  rétablir l’intégrité territoriale du Mali quelque soit le prix. Quant à  Shérif Ousmane Madani Haà¯dara, guide de Ançardine international, il a mis l’accent sur les démarches effectuées par les leaders religieux du Mali dans le sens de l’apaisement sur le plan politique, et social depuis le 22 mars. Il a engagé « les autorités maliennes à  tout mettre en œuvre pour mettre fin aux souffrances des Maliens ». Younoussi Touré a exhorté les musulmans du Mali à  continuer à  s’entendre, car la paix et la sécurité dépendant de cette union.

Islam et charia : lumière sur des pratiques aux antipodes

Qu’est-ce que la charia ? Comment l’appliquer ? En quoi est-elle partie prenante de l’Islam ? Le Mali peut-il vivre sous la Charia ? Charia et laà¯cité peuvent-ils cohabiter ? Le droit des femmes face à  la charia… Autant de questions auxquelles ont tenté de répondre, Moulaye Cherif Haidara, chercheur à  Tombouctou, Ousmane Madani Haidara, leader spirituel du mouvement Ancardine et Alpha Kounta, savant musulman, président du Haut conseil islamique de Tombouctou… Islam, Charia et laà¯cité La dernière religion monothéiste révélée au monde et réunissant plus de 2 milliards de fidèles dans le monde fait l’objet de toutes sortes d’interprétations, amalgames et extrémismes de nos jours. Le terrorisme religieux et la charia sont des pratiques imposées. Au Nord du Mali, occupés par les islamistes d’Ancardine et du Mujao en grande majorité, la charia est devenue la règle de vie ded habitants. « A Tombouctou, la cité des 333 saints, explique Moulaye Cherif Haidara, l’islam est synonyme de confusion. Il faut pourtant clairement faire la distinction entre Islam et islamism. Toujours d’après Haidara, «Â ceux qui occupent la ville sainte n’ont rien à  apprendre aux Tombouctiens en matière d’islam ». «Â Il n’y a d’ailleurs pas de contrainte en Islam», réaffirme le chercheur. l’Islam depuis les temps immémoriaux a toujours été synonyme de science. Le Coran le dit : «Â Ceux qui cherchent la science, cherchent Dieu ». A partir de là , l’Islam doit apporter lumières et sagesse à  ceux qui pratiquent cette religion. «Â Si l’on doit couper une main, puisque la Charia, la loi islamique le demande, il faut des préalables, des preuves, et que le voleur qui a commis le crime avoue sa faute », précise Alpha Kounta du Haut conseil islamique de Tombouctou. Triste cas pourtant que celui de ce pauvre berger d’Ansongo amputé d’une main et puni sans preuves ni procès… On comprend alors que l’application de la charia puisse rebuter les Maliens du nord habitués à  autre chose. Dans un pays laà¯c, la charia peut-elle s’appliquer ? «Â Même la Mauritanie qui est un pays islamique ne l’applique pas », admet un ressortissant du nord. Pour Ousmane Madani Chérif Haidara, le leader spirituel du mouvement Ansar Dine, le Mali n’est plus en paix. Si la charia, qui est un mot arabe, veut dire Loi, Kouddoutz, signifie la punition. «Â l’islam nous est venu du nord, à  Tombouctou. Comment ces gens peuvent-ils vouloir nous apprendre la religion ? », s’interroge Haidara. En revisitant l’époque du prophète PSL, Le guide d’Ancardine explique que C’’est à  partir du moment o๠les «Â cafr » ou «Â mécréants » de Médine ou de la Mecque ont empêché les musulmans de pratiquer leur religion que la guerre sainte a débuté. Une guerre sainte aux antipodes du djihad prôné par les islamistes. «Â Si ceux qui profanent les mausolées saints sous lesquels sont enterrés les saints et compagnons du prophète prétendent détenir la vérité, cette vérité ne fait pas partie de l’Islam ». Islam et politique : les religieux doivent-ils se mêler de la gestion de l’état ? La question a été évoquée lors du débat. D’après Ousmane Madani Haidara, guide spirituel d’Ancardine, les religieux n’ont aucune vocation à  se mêler de la gestion de l’état sauf sur consultation des autorités politiques. Or l’on constate la place croissante que prend le Haut conseil islamique dans la gestion de la crise du nord. «Â Au nord, l’application de la charia est liée à  des questions religieuses, nous sommes habilités à  être des interlocuteurs pour les islamistes », précise un représentant dans la ville de Tombouctou. Aujourd’hui la politisation de l’Islam au Mali s’accroit et les hommes d’Ansar Dine ne reconnaissent le HCI, comme leur interlocuteur privilégié avant les autorités de transition. «Â Face à  une absence d’implication des autorités de Bamako, il est évident que d’autres instances prendront le relais, mais attention le HCI ne fait pas seulement de la politique, mais prend des initiatives comme la société civile, en envoyant des dons et des vivres aux populations du nord », explique un élu de Diré. Si Islam et politique sont intimement liées désormais, la laà¯cité est menacée aujourd’hui. Le Mali tend t-il vers une République islamique ? Femmes et Charia Elles sont nombreuses à  être montées au créneau lors des Assises de l’occupation. La première, Mme Haidara Aichata Cissé, député élue de Bourem. Elle déplore que l’application des nouvelles règles de vie, empêchent l’accès des femmes à  leur commerces et moyens de subsistance : «Â A Bourem, les femmes ne peuvent plus sortir de chez elles, elles ont peur ». Pour sa consœur, Oumou Seck Sall, maire de la ville de Goundam «Â l’Islam permet-il que les femmes soient humiliées comme elles le sont au nord ? ». Et d’expliquer que le maison multifonctionnelle de la ville o๠les femmes analphabètes venaient apprendre le Coran, est occupée par les hommes du Mujao. Pire, ils y ont tout détruit, comme l’espoir que ce lieu procurait aux femmes de la localité. Plus vindicative, Oumou Touré de la CAFO, la coordination des ONG et associations féminines estime qu’avec le coup d’état politique, s’est ajouté un coup d’état religieux. «Â Les femmes ont été les premières à  avoir aidé le prophète PSL à  répandre l’Islam. Alors cette religion peut-elle permettre que des femmes soient maltraitées ? ». A ce sujet, le député El Hadj Baba Haidara de Tombouctou, attire l’attention sur les pratiques humiliantes de viols collectifs orchestrés sur certaines femmes sous couvert de mariage. «Â Le plus inquiétant, ce sont ces enfants à  naà®tre, fruits de relations coupables entre islamistes et femmes violées. Qu’a prévu la religion pour le baptême de ces enfants ? », s’inquiète Mme Sidibé Aminata Diallo, ancienne ministre et membre de la Coalition pour le Mali. Face à  toutes ces questionnements, le chercheur Moulaye Chérif Haidara, a répondu que l’Islam accordait une place de choix aux femmes, mères de l‘humanité. Tout un verset leur est consacré dans le Coran…

Hadj 2012 : jour J – 17

8000, dont 1240 pour le gouvernement. C’’est le nombre de pélerins que le Mali est autorisé à  envoyer cette année dans le cadre du Hadj à  la Mecque. Le ministre de l’Administration territoriale, Moussa Sinko Coulibaly, et son collègue en charge des Affaires religieuses et du culte, Yacouba Traoré, étaient le 7 juillet à  la Maison du Hadj de Hamdallaye pour s’enquérir de l’état d’organisation du pèlerinage. Le Mali aurait pris du retard dans l’organisation, ce qui explique le report de la date limite d’inscription au 14 septembre. 1077 personnes sont officiellement inscrites pour le moment et 1044 ont déjà  effectué le versement. 581 passeports ont été traités et remis à  l’ambassade du royaume d’Arabie Saoudite pour obtenir les visas nécessaires. Au niveau des uniformes pour les pèlerins, 729 tissus ont été livrés. 2.400 000 FCFA par pèlerin Au cours de leur visite, les deux ministres ont fait le tour des différents services pour se rendre compte de la logistique et mieux comprendre les différentes étapes qui jalonnent la démarche des pèlerins. Les frais de pèlerinage sont estimés cette année à  2 400 000 FCFA par personne. Moussa Sinko Coulibaly a invité les pèlerins à  se rendre à  la maison du Hadj pour remplir les formalités du voyage. Des sessions de formations sur les différents aspects du pèlerinage seront par ailleurs organisées du 15 au 20 septembre. Les premiers convois pour ce Hadj 2012 doivent partir de Bamako les 27, 28, 29 septembre 2012. Retour prévu fin octobre.

Menace sur le Mali laïc

La laà¯cité est-elle en danger au Mali ? Depuis quelques jours l’influence de la religion et des organisations musulmanes dans les affaires publiques suscite la polémique dans un pays en crise, constitutionnellement laà¯c mais très majoritairement musulman. Pendant qu’au Nord les groupes armés imposent aux populations la charia et leurs châtiments (coups de fouet, amputations, lapidation), la confusion institutionnelle au Sud et les éventuelles possibilités de négociations avec les djihadistes favorisent l’implication du populaire Haut Conseil Islamique (HCI) et la mise au premier plan des questions religieuses. Plus grave, on assiste aujourd’hui à  Bamako à  des manipulations et des intimidations de la part d’acteurs religieux devenus incontournables dans la gestion des affaires publiques. Qui ose s’opposer à  eux risque d’en payer lourdement les frais. Soumana Sako, ancien Premier ministre et président du parti de la Convention nationale pour une Afrique solidaire (CNAS- Faso Here) s’est ainsi attiré les foudres des religieux pour avoir critiqué la création d’un ministère chargé des Affaires religieuses et du culte dans le gouvernement d’union nationale.  Islam politique «Â Nous considérons la création de ce  nouveau département  comme un danger très sérieux pour la démocratie », a déclaré sur RFI Soumana Sako, aussitôt taxé par certains fidèles musulmans de défenseur de l’idéologie occidentale.  Le HCI a répliqué par la voix de son porte-parole Mohamed Kimbiri dans le quotidien l’Indépendant daté du 27 aout : «Â Je me trouve dans l’obligation de répondre à  ces attaques directes et frontales dans le but d’apporter une modeste contribution à  l’éclairage d’une certaine compréhension non fondée faisant croire que l’Islam est une religion rétrograde, de donner des précisions de notre vision sur le concept de la laà¯cité, et de lancer un appel à  toute la communauté  musulmane à  l’union sacrée contre les prédateurs de la démocratie, à  la concertation, et la cohésion pour faire un bloc unique et homogène pour le triomphe de l’islam. » Ce même HCI a également demandé le départ du directeur de l’ORTM Baba Daga pour avoir limité le nombre des membres de la Commission lunaire sur le plateau est un exemple de l’ingérence des religieux dans les affaires courantes. N’eut été l’intervention du jeune ministre de l’Administration Moussa Sinko Coulibaly, Baba Daga allait plier ses bagages.  Force est de se rendre à  une bien cruelle évidence : il y a bel et bien péril en la demeure dans la république du Mali, laà¯que jusqu’à  preuve du contraire.

Mahmoud Dicko:  » Les décisions doivent revenir aux Maliens « 

Le médiateur burkinabè s’est rendu dans la région mardi 7 août. Et, avant lui, le président du Haut Conseil Islamique malien avait fait le déplacement. Quel les sont ses positions pour sortir de la crise ? L’imam Mahmoud Dicko répond aux questions de Charlotte Idrac. Mahmoud Dicko, vous avez fait un déplacement en début de semaine dans le nord du Mali. O๠êtes-vous allé précisément ? Je suis allé à  Gao, o๠J’ai rencontré les notabilités de Gao et puis le bureau régional du Haut Conseil du Mali à  Gao, et certains responsables du Mujao. Quel était le but de cette mission ? C’’est d’abord de nous enquérir de la situation de la population qui est là -bas, et ensuite parler avec les occupants, pour savoir exactement ce qu’ils veulent, et comment eux, ils voient la chose, parce qu’ils ne peuvent pas rester indéfiniment. Donc on y a été, d’abord pour aller les écouter et observer si vraiment on peut aller dans le sens du dialogue, comme on le souhaite. Quelles sont les doléances des occupants ? Qu’est-ce qu’ils vous ont dit ? Je ne peux pas vraiment vous dire exactement ce qui m’a été dit tout de suite. Je crois qu’on le fera au moment opportun. Mais je crois que les gens ont une volonté, quand même, de parler avec nous et de trouver un terrain d’entente. Vous n’avez pas vu Iyad Ag Ghali, le leader d’Ansar Dine ? Iyad, je ne l’ai pas vu. Mais J’ai donné rendez-vous pour qu’on se rencontre prochainement. Je me prépare avec une équipe pour pouvoir le rencontrer, lui et les éléments d’Ansar Dine. Quelle est la différence, pour vous, entre Ansar Dine et le Mujao ? La différence C’’est que les autres s’appellent Mujao, lui il s’appelle Ansar Dine ! Mais dans le fond ? Au-delà  de l’appellation ? Les autres sont organisés et dirigés, certainement par des gens qui sont un danger pour nous, et lui C’’est un compatriote. Il représente un Frère musulman malien, qui est là . Donc C’’est avec Iyad qu’il faudra négocier, et pas avec les étrangers du Mujao ? Nous allons nous intéresser beaucoup à  Iyad, parce que Iyad, quand même, occupe une position centrale dans cette affaire. Il faut dire qu’il est connu de tous les Maliens, sa position est déterminante dans tout ce qui va être décidé. Sur quoi sera-t-il possible de négocier ? On ne peut rien définir tant qu’on n’est pas assis ensemble, pour voir tout les contours de ce qui va être discuté. En tout cas, les groupes islamistes qui contrôlent le Nord ne semblent pas prêts à  négocier quoi que ce soit sur une application stricte de la charia… Tout cela va être déterminé, quand on sera avec eux. Que pensez-vous des destructions des mausolées de Tombouctou, de la lapidation à  mort d’un couple non marié à  Agheloc, ou encore de la tentative d’amputation d’une main d’un homme accusé de vol, à  Gao ? Nous condamnons tous ces actes-là  et nous pensons que eux, ils ne sont pas dans un cadre approprié, pour vraiment se donner le pouvoir d’appliquer la charia. C’’est-à -dire ? La charia s’applique dans des conditions qui ne sont pas remplies par les occupants. Quel doit être, selon vous, l’islam pratiqué au Mali ? l’islam du Mali a toujours été un islam modéré, de tout le temps. Et si les Maliens veulent changer, ce sont eux qui vont décider de ce changement. Ce n’est pas quelqu’un d’autre qui viendra leur imposer le changement. Le médiateur de la Cédéao, le ministre des Affaires étrangères burkinabè, Djibril Bassolé, est lui aussi allé dans le Nord, mardi. Quel regard vous portez sur cette médiation ouest-africaine ? Les médiations sont de mon point de vue vraiment les bienvenues. Toute action qui est susceptible vraiment d’aller vers la sortie de crise est à  saluer pour nous. Il y a une coordination entre la médiation de la Cédéao et votre entremise ? Non, pas encore. La médiation insiste sur le fait que les mouvements armés doivent se démarquer des terroristes. C’’est ce que vous souhaitez aussi ? Moi, je préfère vraiment parler avec les responsables qui sont des nationaux, qui sont de notre pays. Les autres, il faut trouver un terrain pour qu’ils s’en aillent. Sur les conditions de vie des gens que vous avez rencontrés, qu’est-ce qu’on peut en dire ? Les gens s’accomodent, ils sont en train de s’adapter à  la situation. Il y a eu, ces derniers jours, des manifestations à  Gao. Est-ce qu’on peut vraiment dire que les gens s’accommodent ? s’il y a, en réalité, des gens à  saluer ou à  féliciter, C’’est bien les populations qui sont restées sur place et qui sont en train de se battre pour préserver l’intégrité territoriale du Mali. C’’est vraiment à  eux que je tire le chapeau. Et vous encouragez les mobilisations de la société civile ? Absolument. Pendant ce temps-là , au sud, les discussions continuent pour faire avancer la transition politique. Est-ce que vous êtes prêt à  vous impliquer politiquement à  jouer un rôle ? Je suis président du Haut Conseil islamique du Mali. Je pense que, vraiment, C’’est un rôle qui me suffit. Mais votre nom circule pour le poste de deuxième vice-président du Haut Conseil d’Etat voulu par le président Dioncounda Traoré. On vous l’a proposé ? Je ne peux pas empêcher les gens de faire circuler mon nom. Si C’’est le peuple malien qui me demande de faire quelque chose, je ne peux rien refuser à  ce peuple. Mais ce ne sont pas des individus qui peuvent s’asseoir là -bas et puis me demander de m’impliquer dans des choses qui ne sont pas tout à  fait ma vocation. Est-ce qu’une organisation aussi importante que la vôtre pour tous les Maliens, le Haut Conseil islamique, peut ou doit, se positionner politiquement ? On ne se positionne pas politiquement, mais on se positionne par rapport aux intérêts de notre pays. Nous, nous sommes dans un pays o๠on est à  95 % musulmans. La structure qui représente la totalité de ces musulmans est dirigée par nous. Vous pensez que nous pouvons rester indifférents à  ce qui arrive à  ce peuple ? Nous, nous préférons vraiment que les Maliens se mettent ensemble. Pourvu que notre souveraineté soit respectée et que les Maliens, dans leur sensibilité, se mettent ensemble pour dire que nous sommes d’abord les premiers concernés par cette crise. C’’est à  nous de trouver vraiment une solution.

Mariya TV : la chaîne de télévision pour femmes voilées

l’annonce a fait l’effet d’une bombe dans les médias occidentaux et chez les musulmans modérés. Un cheikh Salafiste a lancé une chaà®ne de télévision avec pour seules journalistes et invitées des femmes complètement voilées. A l’antenne, présentatrices et invitées doivent porter le voile islamique intégral. La chaà®ne prévoit 6 heures de programmes par jour sur la vie matrimoniale des femmes musulmanes rigoristes. Selon le site d’information égyptien Ahram Online , la chaà®ne Mariya, vient du nom de l’une des épouses du prophète Mahomet, une esclave égyptienne copte offerte par le roi d’à‰gypte. Cette chaà®ne ultraconservatrice diffusait déjà  des émissions dans lesquelles n’apparaissaient que des femmes voilées. Les présentatrices ne seront pas les seules à  se couvrir intégralement: toute l’équipe devra se plier à  la règle vestimentaire. Même les personnes interviewées devront porter le voile intégral. A la question de savoir et si l’on ne trouve pas d’experte voilée, Mariya a tout prévu: « Soit la personne sollicitée acceptera de mettre le niqab le temps de l’interview, soit son visage sera flouté » Confirme un responsable. [B Le Niqab : l’expression de la liberté d’expression ? ] Pas question de voir un seul homme, que ce soit sur le plateau ou dans les coulisses. Seul le propriétaire de la chaà®ne, le salafiste Cheikh Abu Islam Ahmad Abd Allah, jouera à  titre exceptionnel un rôle consultatif dans la programmation. Au programme, émissions pour enfants, émissions de couture, débats sur les relations, comédie politique. « Nous avons tout ce dont une femme peut avoir besoin », selon Abeer Shaheer, principale présentatrice de la chaà®ne. « Le principal but de la chaà®ne est de prouver à  la société qu’il y a des femmes en niqab qui sont actives, qui peuvent jouer un rôle dans la société et réussir, devenir docteur, ingénieur ou une personnalité médiatique reconnue », renchérit-elle. La chaà®ne veut avant tout éduquer sur l’islam. Elle s’adresse particulièrement aux jeunes égyptiennes pour « les pousser à  devenir vertueuses », selon el-Cheikha Safaa Refai, l’une des dirigeantes. Selon de nombreux observateurs, la naissance d’une chaà®ne de télévision comme « Mariya » est l’exemple par excellence de la liberté d’expression qui se vit désormais en Egypte. Une liberté revendiquée durant la révolution egyptienne qui a vu le depart d’Hosni Moubarak . Par contre, d’autres craignent que la chaà®ne soit un signe avant-coureur d’une montée de l’islamisme, d’autant plus que le président égyptien Mohamed Morsi est issu du parti politique des Frères musulmans.

« Femmes et Ramadan » : l’exemple d’Aicha, la mère des croyants

Dans son introduction, la conférencière Mariam Coulibaly a rappelé aux femmes venues nombreuses, certains enseignements religieux clés en insistant particulièrement sur le rôle de la femme dans l’éducation des enfants. Elle a aussi souligné le comportement exemplaire d’Aicha, l’une des épouses du prophète (PSL) et qu’on appelle la mère des croyants. Aicha, une référence pour les théologiens A travers les âges, plusieurs compagnons du prophète ont mis l’accent sur la mémoire exceptionnelle d’Aicha, qui de son vivant a beaucoup contribué à  la reconstitution des versets et hâdiths du Coran. En plus de ses qualités humaines, Aicha représente un modèle pour les femmes modernes, notamment dans le fonctionnement sociétal et la prise de décision dans la société l’histoire rapporte qu’Aicha était souvent consultée et apportait des rectifications dans les hadiths (traditions) du Prophète(PSL) qui étaient mal interprétés par ses compagnons : Une fois, Abu Hurayra, un compagnon du prophète Mohamed (PSL) disait aux gens : « Si quelqu’un prie et qu’une femme ou un âne ou un chien passe devant lui, sa prière est annulée. » Quand ce récit arriva aux oreilles de Aicha, elle s’exclama : « Quoi ! Veut-il dire qu’une femme ne vaut pas mieux qu’un âne ou un chien ? Ma chambre était si petite que mon bistarah (matelas) se trouvait juste en face du tapis de prière du Prophète. Quand il priait, j’étais allongée dans mon lit, mes pieds pendillant au dessus de son tapis. Quand il allait se prosterner, il touchait mes pieds et je les retirais. Je les tendais de nouveau après cela. Il m’arrivait quelques fois par nécessité, de passer devant lui pendant qu’il priait. » Deux sortes de péchés à  bannir Mariam Coulibaly a par ailleurs exhorté les femmes à  s’instruire pour jouer un rôle moteur dans la gestion de la société. Selon elle, deux types de péchés sont à  bannir : Le premier étant celui à  l’endroit de Dieu et le second envers son prochain. Lorsqu’un musulman atteste de sa foi, il doit éviter tout polythéisme. Les autres péchés sont le mensonge, le vol, l’adultère, la mauvaise intention à  l’endroit des autres… En clair, le musulman doit compter sur Dieu seul pour trouver la solution à  tout problème :«Â J’ai entendu le Messager d’Allah dire : Celui qui essaie de contenter Allah, en ne se souciant pas du mécontentement des gens, sera protégé contre la méchanceté des gens. Mais celui qui contente les gens au prix du mécontentement d’Allah, sera abandonné par Allah et restera à  la merci des gens. », rapporte encore Aicha. Le club Aicha, la mère des croyants entend organiser d’autres activités pour contribuer à  la diffusion de l’islam. l’association qui a près de 10 ans a pour objectif de travailler au nom d‘Allah l‘Unique .

Santé et carême : pourquoi il est bien de jeûner

Le jeûne est pratiqué dans les trois grandes religions monothéistes que sont l’islam, le christianisme et le judaà¯sme. Même si sa pratique diffère d’une religion à  une autre, il constitue un instant cardinal dans la vie de tout croyant. La question de santé se pose alors puisque toutes ces religions ont en partage la privation en nourriture. Nettoyer l’organisme Les nutritionnistes et les médecins ne sont pas avares en conseil pendant le carême. Ils rappellent ainsi les avantages et les risques du jeûne pour l’organisme humain. Selon les nutritionnistes, au cours du jeûne, le corps humain consomme le sucre qui est dans le foie et dans les muscles. Et ce sont les graisses qui vont être utilisées comme source d’énergie et se fondre jusqu’à  ce qu’à  la rupture du jeûn. La perte de poids est donc inévitable. Un amaigrissement perçu comme la conséquence normale du jeûne et qui devra permettre de nettoyer l’organisme des toxines emmagasinées. Selon le Dr Assan Diallo, nutritionniste, la perte de poids n’a aucune conséquence dangereuse en ce sens que les tissus vitaux ne sont pas concernés. Les substances superflues que sont les graisses et les déchets sont brûlées. «Â Le tissu gras du corps est la réserve d’énergie de notre organisme et s’adapte en fonction des besoins de la journée », indique-t-elle. Vertiges Pour Jacob Drabo, médecin généraliste à  Kalaban-coro, les risques sanitaires sont minimes en matière de jeûne. «Â Le seul inconvénient de santé qui puisse arriver, est que vous sentiez une certaine faiblesse en énergie. ». Toujours selon les spécialistes en nutrition, jeuner peut entrainer de petits inconvénients sans gravité. «Â La personne va s’épuiser au fil du temps. Outre les vertiges, elle pourrait somnoler les après midi. Mais si elle est bien portante, elle ne souffrira d’aucune maladie. Mais tous ces désagréments vont disparaà®tre après la rupture du jeun », précise-t-il. Par conséquent, il se trouve que le jeûne peut être bénéfique pour le corps humain. «Â Celui-ci va déclencher le mécanisme qui consiste à  brûler des graisses. Ce sont des graisses profondes, des réserves inutiles qui encombrent le corps ». Après la rupture du jeûne, certains spécialistes conseillent de boire beaucoup d’eau et des jus de fruits naturels. Trop manger est également déconseillé. «Â Il faut s’arrêter lorsque la sensation de faim est surmontée », conseillent-ils.

Nord Mali : un ramadan sous la charia

Si au Mali tout le monde l’observe au sud, les populations du nord n’ont pas encore débuté. Et pour cause, le manque de moyens et de communication. Une ressortissante de Nianfunké jointe par téléphone témoigne que le jeûne n’a pas encore débuté ce vendredi 20 juillet. Dans cette ville proche de Tombouctou et sous surveillance des groupes islamiques, aucune information n’a été donnée à  la ppulation. Pire, les habitants de cette localité n’ont ni le droit de regarder la télé, ni d’écouter la radio : « Ici, nous n’avons pas encore commencé, parce que la population ne sait pas si la lune a été vue ou pas ». Atmosphère de méfiance et de crainte C’est dans une atmosphère de méfiance et de crainte que le mois de ramadan se déroulera au nord. Pour Haby, une habitante de Tombouctou, ce ramadan va se dérouler dans la tristesse :  » Avec ces hommes qui patrouillent partout, comment voulez-vous partager la rupture dans la joie, sans parler de tous nos parents qui son allés à  Bamako ». Les populations démoralisées et soumises au diktat des islamistes radicaux observeront le jeûne avec toutes les peines du monde. La coupure du jeune, un festin familial dans la famille musulmane, est désormais un vieux souvenir pour beaucoup. « Moi j’ai du quitter ma ville pour aller me réfugier au Burkina voisin, c’est sûr que ça ne sera pas comme l’année dernière avec toute ma famille », témoigne Ousmane, un hôtelier. Les habitudes des fidèles musulmans changeront aussi avec la destruction des mausolées saints par les islamistes d’Ansar Dine, lesquels étaient fréquentés par les fidèles en signe de recueillement. Mais les islamistes les ont détruit pour éviter un phénomène d’idolatrie. Pour les autorités religieuses qui étaient appuyés auparavant par l’Etat, un bras de fer existe désormais entre l’Imam de la mosquée de Djingareyber et les groupes armés pour la gestion des offices religieux. Sans oublier le manque de vivres, d’eau et d’électricité, le jeûne cette année, ne sera pas un exercice facile pour nos concitoyens du nord.

Aux sources du jeûne musulman

Certaines personnes en sont exemptées telles que les enfants, les personnes âgées, les malades chroniques ou mentaux, les femmes enceintes, en période de menstruation ou d’allaitement, ou encore certains voyageurs. Le jeûne musulman comporte une dimension purificatrice et expiatoire symbolisée par l’acte de renoncer à  manger, à  boire, à  avoir des relations sexuelles de l’aube au coucher du soleil. Il relève aussi de l’ascèse spirituelle. Le Ramadan est en effet une période d’intense recueillement et d’adoration profonde d’Allah. Don à  Dieu Par la prière, le fidèle se plonge dans l’ascèse qui le purge de ses pêchés. Ces instants doivent le rapprocher de Dieu et des préceptes coraniques. Cinq fois par jour, le jeûneur (Soumbaka) rend gloire à  Dieu et à  son prophète Mahomet. Vers quatre heures du matin, la communauté des fidèles s’éveille pour la première coupure du jeûne. Elle sera accompagnée une heure plus tard d’un instant de recueillement, jusqu’à  6 heures du matin. Cette prière ouvre le bal des suivantes, scandant quotidiennement la vie du fidèle pendant un mois lunaire. « A 6 heures, tu te lèves deux fois, à  14 heures, tu te lèves quatre fois, à  16h, tu te lèves quatre fois, à  18h, tu te lèves deux fois, à  20h, quatre fois », explique Aboubacar. A 18h30, lorsque la nuit tombe, le jeûne est rompu jusqu’à  4 heures. Mais le partage spirituel se poursuit. Après 20 heures, durant la « Nafla », ou grande prière du soir, le fidèle s’inclinera dix-sept fois. Certains se retrouvent à  la mosquée pour l’accomplir et réciter des prières correspondant chacune à  un trentième du Livre. La lecture intégrale, individuelle ou collective du Coran se pratique donc tout au long du Mois Saint. Une façon de renouer avec les enseignements de l’Islam. Don et partage Les autres actions menées par les jeûneurs durant le Mois saint se font dans un esprit de don et de partage. Les opérations de charité menées par la communauté musulmane s’intensifient : distribution de repas par les femmes aux abords des mosquées, don de vivres et de denrées alimentaires (riz, sucre principalement). Le Ramadan est aussi l’occasion de faire des cadeaux à  la famille ou aux amis, d’offrir des vêtements ou des chaussures aux plus démunis. Le mois de jeûne permet donc aux musulmans du Mali de renouer avec autrui dans le respect de valeurs très fortes telles que l’entraide et la solidarité. En famille, la pratique consiste à  distribuer du sucre à  ses parents. On va ainsi de maison en maison avec un ou deux kilos de la précieuse denrée pour contenter les siens. On peut aussi donner de l’argent oou des fruits, apporter des repas lors de la coupure. C’est une forme de rapprochement et de partage entre membres d’une famille élargie. La Nuit du Destin Lors des dix derniers jours, les musulmans intensifient leur jeûne par la pratique du Zikr, ou récitation du Coran et cela dans le but de recueillir des bénédiictions divines. On dit que la Nuit du Destin ou « Layla Tul Qadr », durant laquelle le Coran a été révélé, est une nuit bénie entre milles. Les anges descendent au ciel le plus bas pour recueillir les prières des mortels et celui qui prie jusqu’à  l’aubre verra ses péchés pardonnés et ses voeux exaucés. Les fidèles veillent alors en prière et avec ferveur. Cette nuit se trouverait entre les dix dernières du Mois de Ramadan et particulièrement les nuits impaires. Généralement située à  la 27è nuit, l’heure est au recueillement et au pardon.