L’Union européenne cherche un accord sur la migration

Le 7 janvier 2018, 48 Maliens ont trouvé la mort dans la Méditerranée, lorsque leur embarcation, au départ de la Libye vers l’Italie, a chaviré. Un drame de plus, qui souligne la difficile gestion du phénomène migratoire, auquel l’Union européenne tente d’apporter une solution concertée.

Dans un communiqué rendu public le 9 janvier 2018, le ministère Des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine a annoncé la mort de 48 Maliens dans le naufrage de leur bateau en partance pour l’Europe. Regrettant la situation, il a réitéré la volonté des autorités à mettre fin à cette migration clandestine qui continue à faire des victimes et invité les « familles des candidats au départ », a participé à la sensibilisation des jeunes, entreprise par les autorités, sur les dangers de cette migration irrégulière. Les drapeaux ont été mis en berne pour deux jours.

Au même moment, la France et l’Italie veulent renforcer leur cohésion dans la crise migratoire et l’avenir de l’Europe. Le président français, Emmanuel Macron, a entamé ce 11 janvier 2018 à Rome, une série de rencontres avec les dirigeants italiens afin de convaincre leurs partenaires européens sur la nécessité d’un accord sur l’accueil des migrants, car l’Italie constitue avec la Grèce, les principaux pays d’arrivée des migrants. « Je crois que nous sommes tous d’accord pour dire qu’on a besoin de renforcer les éléments de solidarité pour mieux protéger nos frontières », a notamment déclaré le président français, à l’occasion du mini-sommet ayant regroupé sept pays du sud de l’Europe ce 7 janvier.

La France et l’Italie souhaitent, en outre, changer la règle, selon laquelle les demandeurs d’asile doivent déposer leurs dossiers dans le premier pays européen où ils arrivent. Une situation qui fait de l’Italie, la Grèce et l’Espagne les principaux concernés. Pour faire face à l’arrivée, toujours, massive des migrants, l’Italie a donc signé des conventions controversées avec la Libye, où un pouvoir central n’est toujours pas à l’ordre du jour et où certaines milices sévissent en toute impunité.

Mesure contestée

Pendant ce temps, les autorités françaises font face à l’opposition d’associations de défense des migrants qui ont saisi le Conseil constitutionnel afin de suspendre une circulaire du ministre de l’Intérieur, Monsieur Gerard Collomb. L’arrêté prévoit un recensement des demandeurs d’asile dans les centres d’accueil d’urgence pour déterminer ceux qui peuvent y avoir droit et prendre une décision de reconduite à la frontière pour les autres. Les associations qualifient cette décision de « déshumaine » ou « discriminatoire », car les centres d’hébergement d’urgence ne sont pas des « centres de tri. »

Migrants rapatriés de Libye : retour à la case départ

Face à l’horreur des pratiques obscures en Libye, l’État malien a décidé de rapatrier certains de ses enfants, sur la base du volontariat. Le 24 novembre, 124 migrants, sur les 170 initialement attendus, ont pu de nouveau fouler le sol de leur patrie. Comment sont-ils pris en charge ? Quel sort leur est réservé dans leur pays, qu’avaient pourtant fui pour des lendemains supposés « meilleurs » ? Mais surtout, que reste-t-il de ces personnes brisées ?

17 h 50. Pile à l’heure, l’avion s’est enfin posé sur le tarmac de l’aéroport Modibo Keïta. Des jeunes hommes dont la moyenne d’âge tourne autour de 25 ans, visage fatigué et même camouflé pour certains, démarche mollassonne, regards dans le vide, telles sont les premières images de ceux qui reviennent « bredouilles » au pays. Tous vêtus de la même manière : survêtement bleu marine ou gris.

Ils sont accueillis par des membres du gouvernement, des représentants de l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM) et la Protection civile. Malgré la fatigue, certaines langues se délient timidement. « Les conditions étaient très difficiles, vendre des personnes comme des poulets, on voit cela en Libye maintenant. Grâce à Dieu, je n’ai pas connu cette situation. J’ai eu beaucoup de chance, car on était susceptibles d’être vendus partout », nous confie l’un des hommes. Interpellé par un agent de la Protection civile, il part rejoindre le reste du groupe, déjà à bord des cars affrétés en direction de Sogoniko. D’autres ressortissants maliens avaient auparavant pu rentrer volontairement par un vol opéré par les autorités nationales et l’OIM, notamment.

De la prison au camp de réfugiés

A la base de la Protection civile, c’est en file indienne que nous retrouvons ces jeunes hommes. Des médecins et des infirmiers sont là pour les ausculter et leur poser des questions. « Il ne faut pas prendre uniquement en compte les maladies somatique, c’est-à-dire, physiques. Nous avons détecté des infections, des maladies de la peau, des lésions cutanées d’origine traumatique, des infections respiratoires et des infections urinaires qui seront prises en charge ici ou dans les centres de santé », explique Sidiki Togo, Médecin – Commandant de la sous-direction Santé et secours médical de la Direction générale de la Protection civile.

Les arrivants sont ensuite invités à se diriger vers la cour extérieure, où il est procédé à leur identification.  Pour les migrants originaires d’autres localités que Bamako, des lits sont mis à disposition dans les dortoirs. Harouna se confie : « c’est le destin. Je ne m’attendais pas à ça », dit-il, encore secoué par les événements. Des amis du jeune homme de 19 ans l’avaient pourtant rassuré avant son périple. Eux sont en Algérie, où tout se passe bien, d’après Harouna. « Quand nous avons quitté le Mali, à la frontière algérienne cela n’a pas du tout été facile. Nous voulions même repartir, mais comme on nous avait aidés pour le financement du voyage, nous nous devions de continuer ».

Après quelques jours en Algérie, le calvaire atteint son paroxysme en Libye. « Ils nous ont lancé sur l’eau, mais le bateau était percé. La mort nous faisait face. On était 150 au départ, mais il y a  eu des morts. Les Asma Boys [les gangs de Tripoli qui s’en prennent aux Sub-sahariens : NDLR]  » sont venu nous prendre et nous jeter en prison, en nous demandant de l’argent pour sortir. Nous n’en avions pas. Chaque jour, on mettait du courant sur nous, on nous frappait. On nous donnait un pain tous les jours à 16 h, avant de nous dire d’appeler nos familles. Quand appelais plus de 30 secondes, on te frappait pour que ta famille t’entende. Nous sommes restés quelques mois à Sabratha, une ville au bord de l’eau. La police et l’OIM sont venus casser la prison et nous libérer, avant de nous amener dans un camp de réfugiés. J’y suis resté presque deux mois », explique le rescapé. Malgré le récit de ce calvaire, sa joie est manifeste : « aujourd’hui, pour moi, c’est une fête, parce que je suis rentré ».

Issa, un rêve brisé

En attendant de prendre place dans les dortoirs ou de voir leur famille venir les chercher, ces hommes ne se laissent pas abattre. En dépit de la fatigue, de la peur et de l’échec, car leur projet de vie n’a pas pu aboutir, leur foi est intacte. Certains font leur prière à même le sol, faute de tapis. Parmi les plus jeunes, nous discutons avec Issa, 15 ans seulement. Son rêve était de devenir footballeur dans un club européen. « Mes parents m’ont motivé pour partir, parce que je savais jouer au foot. Mon grand frère m’a donné l’argent », dit-il. Son rêve est brisé et sa voix tremblante. Quand l’adolescent se replonge dans ses souvenirs macabres, l’émotion est palpable. « Mon voyage s’est très mal passé. On m’a mis dans le coffre d’une voiture, enfermé, ligoté, avec un grillage et des bâches très sales sur moi. On vous attache à deux ou trois personnes. Dans le désert, les bandits vous agressent et prennent votre argent, quand ils ne vous tuent pas. Il y a beaucoup de morts. On ne peut pas tout dire, wallaye ! ». Deux mois après son arrivée, Issa s’est retrouvé derrière les barreaux pendant six mois. Son message aux potentiels candidats à l’immigration irrégulière est sans appel : «  Même à mon pire ennemi je ne conseillerais pas d’emprunter cette route-là. Je ne veux plus y aller. La Libye, c’est l’enfer. Si vous avez du talent, il faut travailler dans votre pays. C’est Dieu qui donne l’argent. Quand tu marches dans le désert, ce sont des corps couchés que tu enjambes. C’est n’est pas facile », conclut Issa, avant qu’un agent de l’OIM ne l’escorte, car il est trop affaibli pour tenir sur ses deux jambes.

Des « frères » comme bourreaux

Le plus âgé des migrants a bien voulu faire part de son expérience au Journal du Mali. Yaya, 36 ans, éprouve beaucoup d’amertume face aux bourreaux qui règnent en maîtres dans les prisons libyennes. « On a tendance à indexer, à tort, les Arabes pour les exactions commises à l’encontre des Noirs. Ce sont plutôt les Noirs qui se maltraitent entre eux. Ce sont eux qui font les prisons et ce sont eux qui torturent », déplore ce Malien. En maltraitant leurs propres « frères », ces bourreaux espèrent sauver leur peau. « Il est même promis au tortionnaire qui arrivera à obtenir le plus de rançons, un voyage tout frais payé vers l’Italie. Ils ont trois mois pour cela et ils s’en donnent à cœur joie ». Yaya poursuit : « il y a une histoire qui m’a particulièrement marqué. Celle d’un jeune plein d’entrain, toujours le bon mot pour mettre l’ambiance. Il s’est fait égorger et éventrer et ce sont des Noirs qui ont fait ça ».

Une nouvelle semaine vient de commencer à Bamako et la vie reprend son cours dans une famille de Daoudabougou. A l’heure de la sortie des cours, nous retrouvons deux frères, partis sur la route sinueuse de l’Europe tant rêvée. Cette famille avait investi trois millions de francs CFA pour faire partir ses deux fils, mais, de retour de Libye, impossible de remettre la main sur cet argent, prêté par des parents. Ali, le benjamin voulait passer son bac en France, et il peine encore à retrouver ses marques. « À mon retour à Bamako, l’école avait déjà repris. La semaine dernière, j’ai pu m’inscrire pour cette nouvelle année, mais je suis en retard alors que je dois passer le bac ». Son frère aîné, Kodéré, voulait « aider la famille. Nous n’avons pas grand-chose et l’idée était d’aller en Libye pour changer nos conditions de vie ». Délégué par le chef de famille, Mohamed, le grand frère, remercie Dieu d’’avoir retrouvé ses petits frères. Mais « ils sont revenus malades. Nous les avons donc emmenés à l’hôpital où les médecins ont dit qu’ils étaient déshydratés. Nous étions très contents de les voir, car les informations qui nous parvenaient n’encourageaient pas à l’optimisme. Ils ne sont pas totalement guéris, le traitement continue. Nous avons fait beaucoup de dépenses pour les soigner et nous ne sommes pas couverts par l’Assurance Maladie Obligatoire ».

Quid des aides promises ?

« Pour l’heure, nous ne bénéficions d’aucune aide. L’OIM nous a promis d’aider mes frères à monter un projet et de nous rembourser les frais d’ordonnance. Cela fait trois semaines et nous n’avons pas de nouvelles », explique Mohamed. L’organisation assure que des initiatives sont en cours. « Elles vont permettre de bénéficier d’activités de réintégration et aux communautés d’origine des migrants d’avoir des projets productifs. Tout cela est important quand c’est couplé avec des messages de sensibilisation », précise Bakary Doumbia, représentant de l’OIM au Mali. Comme les deux frères de Daoudabougou, Yaya évoque le soutien de l’OIM, sans trop y croire. « Ça ne me dit rien, je sais ce qu’est le Mali. Tu présentes tes documents de projet et ils vont prendre la poussière, à tel point que tu les oublieras toi-même ».

Yaya comptait mettre les voiles sur l’Italie, mais décidera de s’établir en Libye. Après quelques déboires à Sebha, il s’installe à Tripoli, « plus sûre ». « J’ai eu beaucoup de chance. J’étais au service d’un vieil arabe qui m’a traité comme son fils. Il savait ce que c’était que d’être dans un pays étranger. Je vivais dans l’une de ses maisons et j’étais bien payé. Je ne pouvais rêver mieux ». Après un an, la vie de Yaya a basculé lors d’une simple course. « Sur la route, une voiture s’est brusquement arrêtée devant moi. Dedans, il y avait des soldats libyens. Ils m’ont demandé de monter. Je leur ai demandé pourquoi, ils m’ont menacé avec une arme. Je me suis donc exécuté et ils m’ont emmené à l’Immigration ». Pendant un mois, ce sera le centre de rétention, avant l’embarquement dans un charter pour Bamako. Yaya a laissé derrière lui ses effets personnels et trois millions de francs CFA. « Cet argent devait me servir à rentrer au Mali en 2018, à me marier et à monter un élevage de volailles. Là, je repars à zéro ». Yaya ne peut compter aujourd’hui que sur lui-même et sur ses proches pour construire au mieux son avenir chez lui, au Mali.

 

Buffon : les tristes adieux d’une légende

Le monde du football s’était habitué à sa rage de vaincre et son charisme naturel. Plus de vingt ans qu’il écumait les différentes pelouses du monde, avec la sélection italienne, il rêvait de rentrer dans l’histoire en étant le premier joueur à disputer six coupes du monde. Il termine finalement sa carrière internationale en larmes et sur une triste élimination en barrage face à la Suède.

C’est un véritable coup de tonnerre qui a secoué le monde du football hier soir. Pour la première fois, depuis 1958, la Coupe du Monde se jouera sans l’Italie. Quatre fois championne du monde, la Squadra Azzura devait impérativement s’imposer face à la Suède pour aller en Russie. Sur le papier, c’était Goliath contre David, la grande nation de football italienne, contre le petit « poucet » suédois. En dépit de nombreuses tentatives, les Italiens n’arriveront pas à forcer le verrou suédois. Au-delà de la psychose de l’élimination, l’une des images fortes de la soirée restera les larmes de Gianluigi Buffon. La légende italienne, qui espérait finir sa carrière internationale par une sixième phase finale de coupe du monde, ce qui aurait été un record, la termine finalement sur la pelouse du stade San Siro. « On a vraiment failli à faire quelque chose qui même au niveau social était très important. C’est malheureux, c’est triste, de finir comme cela. C’est  difficile de finir comme ça, mais le temps passe pour tout le monde. C’est mon dernier match officiel avec la sélection et c’est une non-qualification à la Coupe du monde. On n’a pas sous-estimé la Suède », déclarait-il à la fin du match, les yeux embués de larmes. La retraite de Buffon (175 sélections), sonne aussi le glas de la génération championne du monde en 2006. Il était le dernier rescapé de la finale gagnée devant la France, en Allemagne, qui offrait à son pays son quatrième titre de champion du monde.

Immense carrière

Si cette retraite de Buffon émeut tant la planète football, c’est que le gardien imposait le respect, par son talent, son humilité et sa longévité. C’est en 1995, que le gardien débute sa carrière professionnelle. À 17 ans, il fait ses grands débuts face au Milan AC du ballon d’or George Weah et de la star Roberto Baggio. Ce jour-là, face à l’armada offensive milanaise, il réussit à garder sa cage inviolée et préserver le point du nul pour son équipe. Deux ans plus tard, il portera pour la première fois le maillot de l’Italie, lors d’un barrage contre la Russie, pour la qualification au mondial 1998, en France. L’Italien a la particularité d’être le gardien le plus cher de l’histoire. En 2001, il est transféré de Parme à la Juventus pour 53 millions d’euros. Buffon, c’est aussi une carrière très riche en trophées et distinctions individuelles. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Champion du monde 2006, d’Europe espoir en 1996, de la Ligue Europa en 1999, six fois vainqueur de la supercoupe d’Italie, huit fois champion d’Italie, 11 fois meilleur gardien de Serie A et deuxième du ballon d’Or en 2006 (classement le plus haut pour un gardien depuis Lev Yachine en 1963). Immense !

Le monde du football lui rend hommage.

Témoignages de rescapés de Lampedusa

Lorsque l’appel de détresse a été reçu dimanche 8 février, le principal navire utilisé dans le cadre de l’opération Triton, pour la surveillance des frontières de l’UE, était à  quai pour entretien à  des centaines de kilomètres, à  Malte. Les grands navires militaires employés par Mare Nostrum, l’ancienne opération italienne de recherche et de sauvetage, n’étaient pas non plus utilisables et étaient en outre amarrés encore plus loin, en Sicile. « Les garde-côtes italiens ont réagi de manière admirable et avec un courage exceptionnel à  l’appel de détresse, consacrant de longues heures au sauvetage alors que les conditions en mer étaient incroyablement dangereuses. Il est impossible de savoir combien de vies ils auraient pu sauver avec des ressources plus étendues, mais le nombre de victimes serait certainement moins élevé », a déclaré Matteo de Bellis, chargé d’action sur l’Italie à  Amnesty International, qui vient de rentrer de Lampedusa. « De très nombreux réfugiés et migrants continueront à  mourir en mer si le vide laissé par l’opération italienne de recherche et de sauvetage Mare Nostrum n’est pas comblé. » Les départs de réfugiés et de migrants ont brusquement augmenté au cours du weekend et cela continuera à  mesure que la Libye s’enfoncera dans la violence. Les garde-côtes italiens ont confirmé que des navires des autorités italiennes et de la marine marchande ont porté secours à  plus de 2 800 personnes en tout, dans au moins 18 bateaux entre vendredi 13 et dimanche 15 février. Pour le seul dimanche 15 février, 2 225 passagers d’une douzaine de bateaux ont été secourus. Cela survient à  peine une semaine après la mort d’au moins 300 personnes en mer alors que quatre bateaux tentaient d’effectuer la traversée entre la Libye et l’Italie par temps orageux. Des délégués d’Amnesty International se sont entretenus avec certains des rescapés de cette tragédie. Départ de Libye Selon les témoignages des rescapés, 400 migrants en tout, pour la plupart des hommes jeunes originaires d’Afrique de l’Ouest, tentaient de traverser la Méditerranée depuis la Libye à  bord de quatre bateaux, lorsqu’ils ont rencontré des difficultés dimanche 8 février. Des passeurs les avaient gardés près de Tripoli en attendant le jour de la traversée, après leur avoir fait payer l’équivalent de 650 euros. Dans la soirée de samedi 7 février, les passeurs, armés, ont conduit les migrants dans la ville portuaire libyenne de Garabouli, à  40 km à  l’ouest de Tripoli, et les ont fait monter à  bord de quatre grands canots gonflables. Tôt le lendemain, lorsque les bateaux sont partis à  la dérive dans la Méditerranée au nord de la Libye, il était clair qu’ils étaient en grave danger. Appel de détresse Des garde-côtes italiens ont dit à  Amnesty International qu’ils avaient reçu un appel à  l’aide par téléphone satellitaire en début d’après-midi le 8 février, depuis une zone située à  120 miles nautiques (222 km) au sud de Lampedusa et 40 miles nautiques (74 km) au nord de la Libye. L’appel était en grande partie inintelligible mais les fonctionnaires sont arrivés à  distinguer les mots « dangereux, dangereux » en anglais. Les gardes-côtes ont souligné que, compte tenu des circonstances, les migrants se dirigeaient vers une mort quasi certaine. Les prévisions météorologiques dans ce secteur de la Méditerranée étaient mauvaises pour la semaine toute entière. Les bateaux étaient propulsés par des petits moteurs hors-bord, et les passeurs n’avaient semble-t-il pas fourni suffisamment de carburant pour le trajet. Selon les témoignages de certains rescapés, plus de 300 personnes ont péri. Les migrants, dont beaucoup étaient légèrement vêtus, ont été exposés à  des conditions météorologiques extrêmes pendant près de deux jours, et notamment à  des températures proches de zéro, à  la pluie et même à  de la grêle tandis que les bateaux étaient parfois ballotés sur des vagues faisant jusqu’à  huit mètres de haut. Les garde-côtes italiens intervenus en premier sont parvenus à  secourir 105 passagers d’un des bateaux, le 8 février à  21 heures, mais 29 de ces personnes sont mortes d’hypothermie et d’autres causes après le sauvetage. Deux navires marchands se trouvant à  proximité ont secouru neuf autres survivants sur deux autres bateaux. Les rescapés ont confirmé qu’il y avait quatre canots en tout, numérotés de 1 à  4. L’un des quatre n’a toujours pas reparu. Amnesty International a parlé à  Ibrahim, un jeune homme de 24 ans originaire du Mali qui était l’un des deux seuls rescapés de son canot : « Dimanche [vers 19 heures], le bateau a commencé à  se dégonfler et à  se remplir d’eau. Des gens sont tombés dans la mer. à€ chaque vague, deux ou trois passagers étaient emportés. L’avant du bateau se soulevait, alors des gens se trouvant à  l’arrière tombaient à  l’eau. à€ ce stade-là , à  peine une trentaine de passagers se trouvaient encore dans le bateau. Un côté du bateau […] flottait encore […] et [nous nous agrippions à  une corde car nous avions] de l’eau jusqu’au ventre. [Au bout d’un moment] nous n’étions plus que quatre. Nous avons continué à  nous accrocher, ensemble, toute la nuit. Il pleuvait. Au lever du soleil, deux ont disparu. Pendant la matinée, nous avons vu un hélicoptère. Il y avait une chemise rouge dans l’eau ; je l’ai agitée pour qu’ils me voient. Ils ont lancé un petit bateau gonflable, mais je n’avais pas l’énergie nécessaire pour l’atteindre. Alors nous sommes restés, en nous cramponnant. Un demi-heure plus tard, un cargo est arrivé. Ils ont jeté une corde pour que nous montions à  bord. Il était environ 15 heures [lundi 9 février]. » Lamin, lui aussi originaire du Mali, était à  bord de l’autre canot approché par un navire marchand : « Nous étions 107 [à  bord]. En haute mer, les vagues jetaient le bateau vers le haut et vers le bas. Tout le monde avait peur. J’ai vu trois passagers tomber à  l’eau. Personne ne pouvait aider. Ils essayaient de s’accrocher au bateau mais n’y arrivaient pas. Et puis beaucoup d’autres personnes sont mortes, peut-être en raison du manque d’eau et de nourriture. C’est impossible pour moi de dire combien sont mortes. Quand un gros navire marchand est venu nous secourir, nous n’étions plus que sept. Nos sauveteurs ont lancé une corde et nous ont fait monter à  bord. Pendant le sauvetage, [notre] bateau s’est plié en deux et a coulé, emportant tous les corps. » Opération de secours Les garde-côtes italiens ont répondu à  un appel de détresse le 8 février en envoyant un aéronef de recherche et quatre bateaux de patrouille – dont deux ont été dépêchés immédiatement, suivis par deux autres après que l’un des deux premiers bateaux a eu des problèmes de moteur. Le responsable du centre des opérations de sauvetage des garde-côtes italiens a reconnu avec franchise que les ressources à  leur disposition étaient limitées : « Pouvez-vous imaginer ce que cela signifie de couvrir cette distance avec un bateau de 18 mètres au milieu de vagues hautes de huit ou neuf mètres ? Nous craignions pour la vie des membres de notre équipage […] Lorsque les traversées reprendront après l’hiver, nous ne serons pas en mesure de les récupérer tous, si nous restons les seuls à  y aller. » Il est urgent d’agir Les résidents et responsables de Lampedusa sont sous le choc après la dernière d’une longue série de tragédies survenues en mer près de leur à®le. Le maire Giusi Nicolinini a déclaré à  Amnesty International : « Lorsque les morts arrivent, on se sent vaincu. On se demande pourquoi rien ne change jamais. L’Europe est complètement absente – on n’a pas besoin d’être un expert de la politique pour le comprendre. » Amnesty International engage les pays de l’UE à  procéder à  des opérations de recherche et de sauvetage qui soient collectives et concertées le long des itinéraires empruntés par les migrants, au moins au même niveau que ce qu’accomplissait Mare Nostrum. En attendant, l’organisation exhorte l’Italie à  doter les services concernés de ressources d’urgence supplémentaires jusqu’à  ce que cela se concrétise. Complément d’information Un grand nombre des personnes sauvées après la tragédie de la semaine dernière sont originaires de Côte d’Ivoire (41, dont deux mineurs), et les autres du Mali (23, dont un mineur), du Sénégal (neuf), de Guinée (sept), de Gambie (deux) et du Niger (deux). Les Ivoiriens représenteraient par ailleurs plus de la moitié des personnes ayant succombé après le sauvetage – 15 sur 29, les autres étant sept Maliens, cinq Sénégalais, un Guinéen et un Mauritanien. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a déclaré qu’il s’attendait à  ce que des migrants continuent à  traverser la Méditerranée en 2015. Quelque 218 000 personnes ont effectué cette traversée en 2014, et les chiffres de janvier 2015 montrent une augmentation de 60 % du nombre d’arrivées de migrants enregistrées en Italie par rapport à  janvier 2014. Près de 3 500 décès ont été enregistrés l’an dernier, ce qui fait de cette traversée l’itinéraire le plus mortel au monde.

Cecile Kyenge, première femme noire ministre en Italie

« C’’est un pas décisif pour changer concrètement l’Italie », a commenté cette oculiste de 49 ans originaire de la République Démocratique du Congo et arrivée en Italie en 1983. Sa priorité, le droit du sol : « Je rencontrerai probablement des résistances, nous devrons beaucoup travailler pour y arriver », a-t-elle reconnu alors que la citoyenneté italienne est basée sur le droit du sang. « Un enfant, fils d’immigrés, qui est né ici et qui se forme ici doit être un citoyen italien », a-t-elle expliqué. Député du Parti démocrate (PD, gauche), la première femme d’origine africaine à  siéger au Parlement était en train de préparer un dossier sur « le racisme institutionnel » en Italie. Elle milite aussi pour l’abrogation du délit d’immigration clandestine et souhaite rendre le marché du travail plus accessible aux étrangers. Pour Cecile Kyenge, il est également nécessaire de « lutter contre la violence sexiste, raciste, homophobe et de toute autre nature ». Le PD, auquel appartient M. Letta, s’est réjoui de ce choix qui « démontre avec cohérence le fait de croire à  une Italie plus intégratrice et vraiment multiculturelle ». Née le 28 août 1964 à  Kambove en province du Katanga en RDC, Cécile KATSETU KYENGE a été élue député au Parlement Italien lors des dernières élections générales qui se sont déroulées du 24 au 25 février 2013. Comment cela a pu être possible dans un pays o๠l’immigré est vu comme un être à  part, en proie à  la subordination et victime de la xénophobie grandissante ? l’honorable Cécile Kyenge ne fait pas ses premiers pas dans la vie politique en Italie. Elle a été élue depuis la dernière législature conseillère régionale de l’Emilie Romagne. Au sein du parti démocratique Italien elle a occupé le rôle de responsable du forum de l’immigration pendant plusieurs années. Militante des droits de l’homme Cécile Kyenge lutte depuis plusieurs années pour le respect des droits des immigrés en Italie. Présidente nationale et initiatrice du mouvement national du 1er mars (une organisation nationale de lutte contre toute sorte de discrimination et du respect des droits des immigrés). l’honorable Cécile Kyenge a parcouru toute l’Italie du nord au sud, de l’est à  l’ouest pour assister et diriger les manifestations de droits de l’homme. Plusieurs séminaires sur la problématique de l’immigration à  travers le monde entier et sa rencontre historique avec l’icône de la lutte contre l’Apartheid Nelson Mandela pour avoir conduit une délégation de la diaspora Africaine en Italie à  Pretoria les 21 et 22 février 2011. Présidente de la délégation de la Diaspora Africaine en Italie Cécile Kyenge a participé à  la signature de la charte mondiale des migrants le 04 février 2011 à  Gorée ( Sénégal). Le 15 mars 2013 à  la sortie de sa première journée au parlement elle a fait cette déclaration se référant au discours d’ouverture de la présidente du parlement :« Les droits constitutionnels ont été acquis et construits sur les places publiques. Ils doivent être étendus, garantis et reportés à  l’intérieur des institutions. Dans le respect de la légalité, de la transparence les droits humains caractériseront ce passage historique pour le départ d’un gouvernement durable ». Avec l’entrée de la première femme Africaine noire au parlement Italien C’’est une nouvelle page qui s’inscrit dans la vie historique de ce pays. C’’est aussi une nouvelle Italie qui voit le jour, même si ce pays, ces dernières années est confronté à  une crise économique sans précédente. Cécile Kyenge qui, malgré son élection n’a pas baissé les bras par rapport à  son combat contre la discrimination était encore auprès des immigrés et avec toutes les autres associations contre le racisme pendant les manifestations du mouvement premier mars de cette année 2013 sur toutes les places publiques en Italie. Elle reste l’icône et la référence nationale de la lutte émancipatrice de l’immigration de ces dernières années en Italie.

Aide de l’Italie aux réfugiés maliens: «Aucun rapport avec la libération des otages»

La remise a eu lieu en présence du ministre burkinabè délégué à  la Coopération régionale, Vincent Zakané et de sa collègue de l’Action sociale et de la Solidarité, Clémence Traoré. Le ministre italien de la Coopération internationale et de l’Intégration s’est ensuite rendu sur un site abritant des réfugiés maliens à  Ouagadougou, à  qui le don est destiné. Rien à  voir avec les otages C’’est sur le tarmac de l’aéroport international de Ouagadougou que la délégation italienne a procédé à  la remise des vivres, de produits sanitaires et de kits pour la cuisine. Il s’agit «d’aider, du point de vue humanitaire, les Maliens, mais aussi le gouvernement du Burkina Faso qui fait un grand travail d’accueil pour les réfugiés maliens», a expliqué le ministre italien. Andrea Riccardi en a profité pour remercier le Burkina Faso pour tout «le travail spécifique qu’il fait dans la région» mais aussi «pour toute l’aide que le président et le gouvernement burkinabè ont donné à  l’Italie dans le cadre de la libération de notre compatriote, Rossella Urru», enlevée en même temps que deux Espagnols, Enric Gonyalons et Ainhoa Fernà¡ndez Rincà³n, le 23 octobre 2011 en Algérie et libérée la semaine dernière. Cependant, M. Riccardi précise que le don n’est pas une récompense pour la libération de sa compatriote parce que «déjà  programmé». l’Italien nie avoir connaissance d’une quelconque rançon versée en échange de la libération des trois otages. «Je n’ai pas connaissance de cela, mais je sais très bien l’aide logistique que le Burkina a apporté lors de cette opération. Une aide très importante car comme vous le savez, l’opération a été très complexe». Soulager les familles Afin de toucher du doigt les réalités vécues par les réfugiés, la délégation italienne s’est rendue par la suite dans un camp de réfugiés situé au secteur 27 de Ouagadougou (quartier Somgandin, selon le nouveau découpage de la ville). Accueilli par une population estimée à  900 personnes, dont 400 enfants, Andrea Riccardi s’est entretenu avec le président du comité des réfugiés à  Somgandé, Mohamed Ag Mohamed Al Mouloud. Et ce dernier d’évoquer les difficultés auxquelles les siens font face. Ce sont, entre autres, la scolarité des enfants, l’insertion dans la vie active, l’équilibre alimentaire et les activités génératrices de revenus. Réponse de ministre italien: «nous vous avons écouté et sommes convaincus que les difficultés sont énormes. Nôtre aide vous permettra sans doute de soulager la situation de la famille et nous formulons le vœu que vous puissiez retournez dans votre pays avec vos droits et dans l’assurance de la sécurité pour vous et vos enfants».

Euro 2012: retour triomphal de la Roja

Les joueurs de l’équipe d’Espagne sont arrivés lundi à  Madrid au lendemain de leur victoire écrasante contre l’Italie (4-0) en finale de l’Euro 2012, à  bord d’un avion d’Iberia dont le gardien de but et capitaine de l’équipe, Iker Casillas, est sorti le premier, brandissant le trophée. Derrière lui, le sélectionneur national, Vicente del Bosque, est descendu de l’avion, suivi par l’ensemble de l’équipe qui doit être accueillie triomphalement lundi soir à  Madrid. « Nous sommes contents, heureux du succès que nous avons remporté », a déclaré Iker Casillas à  la descente d’avion. « C’était difficile et nous y sommes parvenus », a-t-il ajouté. « Je crois que nous avons mérité ce titre », a lancé le milieu de terrain espagnol Xabi Alonso. « Nous sommes très heureux et avons très envie d’arriver et de partager avec tout le monde. » Dans la soirée, les joueurs devaient être reçus en audience par le roi Juan Carlos, avant de prendre place dans un bus à  impériale pour traverser la ville, roulant au pas, jusqu’à  la place de Cibeles o๠une estrade géante a été montée pour les célébrations.

Islam : Kadhafi crée la polémique en Italie

Le colonel Kadhafi est en visite en Italie depuis dimanche 29 août 2010, à  l’occasion des deux ans de la signature du traité d’amitié entre Rome et Tripoli, un accord qui permet à  l’Italie de refouler vers la Libye les migrants illégaux. La polémique enfle autour de ce déplacement et des premières déclarations fracassantes du dirigeant libyen. C’est la quatrième fois que Mouammar Kadhafi se rend en Italie en un peu plus d’un an. On sait que le dirigeant libyen est un habitué des déclarations fracassantes. Et là , ça n’a pas manqué, il a lancé un véritable pavé dans la mare devant un parterre de 500 jeunes femmes, recrutées et rémunérées autour de 80 euros par une agence d’hôtesses romaine. l’islam doit devenir la religion de toute l’Europe, leur a dit le colonel Kadhafi. Et de préciser: Le premier pas pour l’islamisation de l’Europe sera l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Evidemment, cela fait polémique à  Rome, capitale du catholicisme. Mais il n’y a pas beaucoup d’embarras au sein du gouvernement italien. Silvio Berlusconi a invité ses ministres à  ne pas jeter de l’huile sur le feu, compte tenu de l’importance pour le pays du traité d’amitié italo-libyen. Bilan et critiques Le premier bilan de cette visite de Mouammar Kadhafi en Italie est très mitigé pour Silvio Berlusconi. Même si le fait d’avoir été le premier chef de gouvernement italien à  demander pardon pour le passé colonial de l’Italie ne doit jamais être sous-évalué. Les points positifs sont les engagements réciproques respectés avant tout en matière d’immigration. Entre le mois d’août 2009 et le mois de juillet 2010, les débarquements des candidats à  l’immigration sur les côtes italiennes ont diminué de 88%. En contrepartie, Rome respecte sa promesse de dédommagement de 25 milliards de dollars sur 20 ans. La première pierre de l’autoroute côtière qui sera construite en Libye a été posée. Un hôpital a été construit dans ce pays, et des bourses d’études en Italie à  une centaine d’étudiants libyens ont effectivement été octroyées. Mais la façon très condescendante dont le chef du gouvernement italien gère cette amitié retrouvée, se retrouve plus que jamais au centre des critiques, soulevées tant par l’opposition que par des membres de sa majorité et bien sûr, l’église catholique. Des critiques à  gauche comme à  droite A gauche, les critiques concernent à  la fois Silvio Berlusconi « faisant l’autruche » face à  des questions relatives aux droits de l’homme, et la façon dont il a laissé faire son ami Kadhafi, qui s’est permis de lancer à  des centaines de jeunes femmes rémunérées pour leur présence, la fameuse déclaration sur l’Islam qui doit être la religion de toute l’Europe. A droite, les dissidents qui ont adhéré au Groupe autonome de parlementaires constitués par le président de la chambre des députés Gianfranco Fini, déplore que la capitale soit devenue le Disneyland du dirigeant libyen, et demande ce matin du 31 août que cessent toutes ces « clowneries ». Et la Ligue du Nord, parti allié clé, très attaché aux racines chrétiennes de l’Italie, est absolument furieuse. Toute la classe politique italienne s’inquiète des menaces lancées au soir du 30 août envers l’Europe à  laquelle Mouammar Kadhafi réclame au moins cinq milliards d’euros par an pour garantir le contrôle des côtes libyennes, qui représentent le premier pont vers l’Europe. Demain peut-être que l’Europe ne sera plus européenne et même noire car ils sont des millions (d’Africains) à  vouloir venir, a encore déclaré Kadhafi. Il a qualifié ces mouvements migratoires de « chose très dangereuse ». Nous ne savons pas ce qui se passera, quelle sera la réaction des Européens blancs et chrétiens face à  ce flux d’Africains affamés et non instruits, a-t-il dit avant d’ajouter: nous ne savons pas si l’Europe restera un continent avancé et uni ou s’il sera détruit comme cela s’est produit avec les invasions barbares.