Une force rapide sénégalaise pour sécuriser la région de Mopti

Une force d’intervention rapide composée de Casques bleus sénégalais devrait être prochainement déployée dans le centre du Mali, où les attaques et violences inter-communautaires et les attaques jihadistes se multiplient depuis 2015.

Une force d’intervention rapide bientôt déployé dans le centre du Mali, c’est l’annonce faite par Jean-Pierre Lacroix, chef des opérations militaires de l’ONU le 17 mai 2017. « Nous attendons le déploiement prochain dans le centre du Mali, par le Sénégal d’une force d’intervention rapide pour faire face à l’insécurité » a-t-il déclaré. Environ 600 soldats sénégalais, bénéficiant de l’appui logistique et technique de l’Allemagne devraient prendre position à Mopti, où les attaques sont de plus en plus fréquentes. « Le nombre n’est pas encore fixe, les discussions sont toujours en cours » précise un responsable de la MINUSMA.

Cette force devrait aussi avoir pour mission de mettre fin aux conflits inter-communautaires qui ont fait des dizaines de morts ces derniers mois. « Au regard de la situation sécuritaire, la MINUSMA a un mandat robuste, mais il y a malgré les efforts, un manque de capacité. Nous avons bon espoir que prochainement un certain nombre de renforts arrivent et permettent de pallier ces manques » a reconnu Lacroix.

Plusieurs zones du centre restent sous la menace d’attaques jihadistes et d’exactions de bandits armés. Dans la nuit du dimanche 14 mai 2017, quatre humanitaires du Comité international de la Croix-Rouge ont été enlevés avant d’être relâchés dans la foulée dans le cercle de Tenenkou. Des témoignages d’habitants font état de la présence d’hommes non encore identifiés qui sévissent dans le cercle et y imposent leur loi.

 

Maintien de la paix : un Français en cache un autre

Hervé Ladsous, chef des Opérations de maintien de la paix depuis le 2 septembre 2011, laissera son fauteuil à une autre diplomate français, Jean-Pierre Lacroix, en mars prochain. Au Mali, où les défis sont nombreux, pourra-t-il faire mieux ?

Cela fait plus de 20 ans que la France dirige le département des Opérations de maintien de la paix des Nations unies, un poste prestigieux s’il en est, qui lui permet de conserver une influence certaine au sein de l’ONU et en Afrique, où sont déployées la majorité des opérations. Et ce monopole n’est pas près de changer de main.

Hervé Ladsous a tenté durant ses six années à la tête de ce département budgétivore (son budget annuel est estimé à 9 milliards de dollars), d’y imprimer sa vision stratégique, avec quelques victoires comme en Côte d’Ivoire et au Libéria, et des cas beaucoup plus difficiles comme en Centrafrique, au Soudan du Sud et au Mali. Pour ce dernier, en quatre années, 118 soldats de la paix ont été tués, faisant de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) l’une des opérations de paix les plus mortelles, comme l’indiquait le Washington Post sur sa Une du 17 février. Ce constat soulève des questions sur la réelle efficacité de l’institution à maintenir la paix dans des zones du monde où les accords politiques sont fragiles, voire inexistants, et qui sont menacées par le terrorisme transnational de l’État Islamique ou d’Al-Qaïda.

Monsieur Ladsous et le Mali Les relations entre Hervé Ladsous et le Mali ont souvent été en demi-teinte, parfois emmaillées de saillies réciproques. Notamment en mai 2015, lors de la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation en l’absence de certains mouvements armés du Nord Mali, où une sortie du chef des Opérations de maintien de la paix, invitant les autorités maliennes à ne pas « profiter de l’accord pour attaquer ceux qui n’ont pas paraphé ou signé », avait récolté une réponse péremptoire du président IBK : « Nous ne sommes pas des gueux M. Ladsous, nous sommes des gens de bonne compagnie ». Un échange qui traduisait une certaine défiance du Mali, qui a toujours souhaité que la MINUSMA prenne une place plus offensive par rapport aux menaces sécuritaires qui le déchirent, alors que l’accord de paix peine toujours à se mettre en place.

Nouveau titulaire Alors qu’Hervé Ladsous est admis à faire valoir ses droits à la retraite depuis avril 2016, c’est désormais à Jean-Pierre Lacroix, 56 ans, qu’il incombera de relever le défi. Le nouveau chef des Opérations de maintien de la paix est un diplomate apprécié, fin connaisseur du système onusien puisqu’il était jusqu’à présent à la tête de la direction des Nations unies au Quai d’Orsay. Il aura la charge de répondre rapidement aux difficultés opérationnelles et au manque de matériels adaptés que connaît la force onusienne au Mali, de dynamiser la contribution des casques bleus chargés de maintenir la paix, de faire respecter le cessez-le-feu par tous les belligérants et de protéger ses soldats, avec, on le lui souhaite, plus de succès que son prédécesseur.

 

 

 

ONU : Jean-Pierre Lacroix, nouveau chef des opérations de maintien de la paix

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a annoncé mardi la nomination du diplomate français Jean-Pierre Lacroix comme nouveau chef des Opérations de maintien de la paix, pour une durée d’un an dans un premier temps.

Le responsable des Affaires politiques de l’Onu, l’Américain Jeffrey Feltman, va lui conserver son poste, également pour un an, le temps que l’organisation fasse le point sur son fonctionnement et sa structure interne. Ces deux postes de secrétaires généraux adjoints sont parmi les plus prestigieux aux Nations unies.
Jean-Pierre Lacroix, 56 ans, va prendre la suite de son compatriote Hervé Ladsous, qui va céder sa place le mois prochain après six ans en poste.

 M. Lacroix était jusqu’à présent directeur pour les Nations unies et les organisations internationales au ministère français des Affaires étrangères. Il va prendre la direction des opérations de maintien de la paix alors que l’Onu peine à digérer les différents scandales d’abus sexuels commis par des Casques bleus dans plusieurs missions en Afrique.

Les Etats-Unis, plus gros contributeurs aux opérations de maintien de la paix de l’Onu, songent à réduire leur contribution, qui compte à l’heure actuelle pour 29% d’un budget de 7,9 milliards de dollars en 2017.
M. Guterres a pris la suite de Ban Ki-moon le 1er janvier et a promis de réformer les Nations unies pour tenter d’améliorer leur capacité à résoudre les conflits et grandes crises internationales.

Le secrétaire général a précisé dans un communiqué qu’il avait mis en place une équipe qui effectuera un examen interne des stratégies de l’organisation, de son fonctionnement et de son architecture.
Cette équipe, dirigée par l’Erythréen Tamrat Samuel, soumettra ses recommandations d’ici le mois de juin.