Amazon prépare une série consacrée à Mouammar Kadhafi

La plate-forme Amazon développe actuellement « Sandstorm », une série consacrée aux quatre décennies de règne du guide libyen Mouammar Kadhafi.

Inspiré par le succès de la série « Narcos » sur Netflix, le géant Amazon prépare une série biographique sur le même modèle consacrée à Mouammar Kadhafi, devenu leader de la Lybie à la suite d’un coup d’Etat orchestré à l’âge de 27 ans.

Développé par le scénariste Carter Harris (Bloodline), le projet intitulé Sandstorm traiterait parallèlement de la vie de Kadhafi mais également de l’évolution de la société libyenne, de la même manière que Narcos s’est attelée à opposer la vie du narcotrafiquant Pablo Escobar aux intrigues politiques du gouvernement colombien et de la CIA. La série « Sandstorm » a pour ambition de retracer la vie mouvementée de Mouammar Kadhafi et l’évolution de la Libye sous son règne.

Seul fils d’une famille pauvre de Bédouins, Kadhafi a connu une ascension fulgurante après avoir renversé le roi Idris Ier en 1969. Le guide de la Jamahiriya arabe libyenne dirigera le pays d’une main de fer pendant 42 ans, jusqu’à sa capture par des insurgés libyens et sa mort vidéo captée en 2011.

Financement libyen de la campagne de 2007 : Nicolas Sarkozy en garde à vue

L’ancien président de la République a été placé en garde à vue mardi 20 mars au matin, à Nanterre dans les locaux de l’Office anticorruption de la police judiciaire.

C’est la première fois que M. Sarkozy est entendu à ce sujet depuis qu’une information judiciaire a été ouverte en avril 2013, et confiée à plusieurs juges d’instruction du pôle financier de Paris, dont Serge Tournaire, qui a déjà renvoyé l’ancien président devant le tribunal dans l’affaire Bygmalion. Sa garde à vue peut durer quarante-huit heures. Il pourrait être présenté aux magistrats à l’issue de sa garde à vue afin d’être mis en examen. Brice Hortefeux a de son côté été convoqué comme suspect libre. Il est actuellement entendu lui aussi par la police.

Depuis la publication, en mai 2012, par le site Mediapart d’un document libyen faisant état d’un financement par la Libye de Khadafi de la campagne de Nicolas Sarkozy, les investigations des magistrats ont considérablement avancé, renforçant les soupçons qui pèsent sur la campagne de l’ancien chef de l’Etat.

En novembre 2016, en pleine primaire du parti Les Républicains, l’intermédiaire Ziad Takieddine avait affirmé avoir transporté 5 millions d’euros en liquide de Tripoli à Paris entre fin 2006 et début 2007 avant de les remettre à Claude Guéant puis à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur. Mis en examen depuis pour « complicité de corruption d’agent public étranger » et pour « complicité de détournements de fonds publics en Libye », ces propos venaient confirmer ceux tenus le 20 septembre 2012 par Abdallah Senoussi, l’ancien directeur du renseignement militaire du régime libyen devant le procureur général du Conseil national de transition libyen.

Un autre intermédiaire, l’homme d’affaires Alexandre Djouhri, présenté comme un personnage clé de l’enquête, a été arrêté en janvier à Londres. Il y est actuellement placé en détention, dans l’attente d’une audience sur son éventuelle extradition en France, prévue en juillet.

Kadhafi, un anniversaire sans bougies

Le 20 octobre 2011, il y a 5 ans, la Libye basculait dans l’ère post-Kadhafi. Un jour ‘‘point de rupture’’ marqué par le lynchage médiatique d’un Chef d’État qui avait, à tort ou à raison, le monde contre lui, dans cette époque troublée qu’était le printemps arabe.

Les images sont restées imprimées dans nos têtes. Kadhafi, le Guide libyen, à Syrte sa région natale, échevelé, la tête ensanglantée, entouré de miliciens dont les clameurs vengeresses auguraient le pire. Le peuple face à son bourreau. 11 minutes de justice populaire ultra-violente en vidéo. Tortures, crimes de guerre, la CPI est restée muette, et le Guide est allé rejoindre le panthéon des dictateurs morts, victimes d’une élimination publique et médiatique, comme les Ceausescu en Roumanie ou les Hussein en Irak.

À partir de ce 20 octobre 2011, la Libye de Kadhafi n’est plus, la paix s’en est allé et n’est jamais revenue. Depuis la Libye s’effondre, ĺa sécurité et le pouvoir d’achat qui étaient assurés ont disparus. Le verrou Kadhafi a sauté, les tribus qu’il tenait habilement d’une main de fer sont en guerre, les islamistes affrontent le gouvernement et ont établi un califat. Le territoire libyen, passage obligé de l’immigration sub-saharienne, jugulée au temps du ‘‘Roi des rois’’, est devenu un ‘‘hub’’ pour les millions de migrants en quête d’une vie meilleure en Europe.

Le Mali, pour sa part, a vu refluer les armes, les combattants et vétérans des légions du dictateur, avec les effets et les conséquences que l’on sait.

La question n’est pas de regretter aujourd’hui l’ère Kadhafi, mais peut-être de se demander pourquoi 5 ans après la ‘‘libération’’ de la Libye, le pays est toujours plongé dans le chaos. La nouvelle Libye démocratique, née d’un lynchage sordide, n’a jamais émergé. Pour ce 5ème anniversaire de la mort du Général Kadhafi, il n’y a pas lieu de souffler de bougies, mais juste constater et regretter, qu’au fond, tout ça n’aura mené qu’au pire.

Idriss Déby, le nouveau Kadhafi?

En fonction depuis 24 ans, l’homme fort du Tchad, Idriss Déby Itno, semble marcher dans le sillage de l’ex chef d’à‰tat libyen. Pas seulement pour sa longévité au pouvoir, mais aussi et surtout pour son engagement à  rendre les Africains maà®tres de leur destin. Une vision panafricaniste commune Depuis la disparition de Mouammar Kadhafi, Idriss Deby est le nouveau visage de l’Afrique qui en veut. Son pays devenu il y a quelques années producteur de pétrole, ce ne sont pas les moyens qui manquent. Tout comme dans la Libye de Kadhafi. Il n’a pas non plus la langue de bois et évoque, parfois vertement, les problèmes auxquels les pays africains sont confrontés. Tout comme Kadhafi. Déby ne s’en cache d’ailleurs pas, il est fervent admirateur de Kadhafi qui fut un exemple pour lui. Il partage sa vision, celle de faire de l’Afrique un continent uni, solidaire et conscient de sa position dans le monde. Fort de ses convictions, tel un Kadhafi à  la tribune des Nations Unies, il n’hésite pas à  dénoncer en plein Forum International sur la Paix et la Sécurité en Afrique à  Dakar, le comportement de l’OTAN, des Nations Unies et des partenaires occidentaux qu’il accusait d’avoir concocté l’assassinat du leader libyen. Des méthodes différentes Mouammar Kadhafi était très généreux, on s’en souvient. Des projets d’écoles à  ceux de mosquées en passant par l’appui aux chefs d’Etat, les pétrodollars libyens ont profité à  la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. Idriss Deby Itno s’investit tout autant, mais à  sa manière. Faisant face à  diverses menaces internes, il n’hésite cependant pas à  envoyer ses troupes sur les théâtres au Mali, au Cameroun, pour défendre l’intégrité territoriale et assurer la sécurité. Janvier 2013, le Tchad annonçait l’envoi d’un régiment d’infanterie de 1 200 hommes et deux bataillons d’appui, soit environ de 2 000 hommes (dont le propre fils Deby) dans la crise du nord-Mali. Deux ans plus tard, 36 soldats manquent à  l’appel mais il en faut plus pour décourager les Tchadiens qui sont au plus près des troupes ennemies dans le nord du Mali. Janvier 2015, c’est au Cameroun que sont envoyés 400 véhicules militaires et des hélicoptères de combat pour soutenir les soldats camerounais dans leur lutte contre la secte Boko Haram. La stature de leader, sinon continental, du moins régional de Deby se conforte au fil des années. Ses prises de position dans les conflits qui ébranlent le continent, sa propension à  s’engager au secours de ses voisins, en font un digne « successeur » de Mouammar Kadhafi. Reste maintenant à  rallier ses pairs africains à  sa vision et les pousser à  l’action. C’est cela certainement le plus dur pour Deby, comme ce fut le cas pour Kadhafi.

Sahel : Et revoilà le spectre de l’insécurité

Si les Libyens, acquis à  la cause de l’Otan, ont toutes les raisons de jubiler après la mort tragique du Colonel Mouammar Kadhafi, il en est tout autrement pour certains pays de la bande sahélo saharienne comme le Mali, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger s’apprêtent à  faire face à  des menaces sécuritaires. En effet, depuis le début de la crise libyenne, ces pays assistent au retour épisodique et massif de leurs ressortissants de la Libye o๠ils étaient enrôlés dans les rangs de l’armée loyaliste ou des brigades de mercenaires. Avec la chute du dictateur, on peut logiquement penser que ce retour est définitif. Nomades mais aussi sédentaires, membres de différentes communautés locales, ces migrants de retour reviennent armés, surarmés avec, dit-on, de missiles ; donc dotés d’un véritable arsenal de guerre. A n’en pas douter, ils constituent un potentiel d’insécurité pour les pays suscités, voire un facteur de déstabilisation pour toute la bande sahélo saharienne. Et déjà , des signaux d’alarme sont là . De nombreuses localités du Nord Mali sont devenues le théâtre d’actes de banditisme (braquages de voyageurs, vols de véhicules tout-terrain, destruction de biens publics en signe de protestation contre le retour de l’administration et des casernes militaires, sabotages de la reprise timide des actions de développement…). Aujourd’hui, l’ombre de Kadhafi continue de planer au dessus des pays de la bande sahélo saharienne. Le Mali, l’Algérie, le Niger et la Mauritanie et même le Burkina Faso auront certainement beaucoup de mal à  faire face aux conséquences de la disparition du Guide Libyen.L’une des options est de prendre les devants. Ainsi, il y a quelques jours, plusieurs membres du Gouvernement, des notabilités et des cadres du Nord ont rencontré les ressortissants maliens de retour de Libye pour essayer de cerner et de pouvoir conjurer la menace que représentent ceux-ci. Si des assurances ont été données de part et d’autre, rien n’indique que le danger soit définitivement écarté. Au contraire, le banditisme transfrontalier semble recourir à  une nouvelle stratégie de coopération et d’unité d’actions. L’une des grandes inquiétudes vient du MTNM (Mouvement Touarègue pour le Nord Mali, une dissidence de l’Alliance touarègue du Nord Mali pour le changement, rentrée dans les rangs), décapité par la mort de son fondateur et leader, Ibrahim Ag Bahanga. Ce mouvement s’est renforcé grâce au recrutement de plusieurs combattants de retour de Libye et la fusion avec le MNA (Mouvement Nigérien de Libération de l’Azawak). Ces deux groupes seraient toujours très actifs dans le sud algérien o๠ils possèderaient des bases arrières. Certes, la visite de travail effectuée la semaine dernière par le président malien en Algérie s’est beaucoup penchée sur cet aspect. De nombreux gages de bonne volonté ont été donnés par les deux parties. Mais, cela va-t-il suffir pour faire reculer tous les groupuscules qui entendent bien continuer à  sévir? Rien n’est moins sur. Rappelons que depuis plusieurs années, le président malien, Amadou Toumani Touré, s’échine à  demander une rencontre au sommet entre tous les chefs d’Etat et de Gouvernement des pays riverains de la bande sahélo saharienne. En vain !

L’Adieu à Kadhafi ce vendredi

La Coalition malienne de soutien à  Mouammar Kadhafi avait annoncer une marche funèbre devant passer par les ambassades des pays membres de la coalition qui est intervenue en Libye, avant d’y renoncer. Le célèbre prêcheur et président de l’association Ançar Dine Chérif Ousmane Madani Haà¯dara, a déclaré avoir convaincu ses partisans de ne plus marcher pour « éviter les débordements ». Ce n’est pas le moment, selon lui, de faire au pays « certaines mauvaises publicités ». Les autorités étaient également inquiètes par rapport à  cette manifestation. Difficile d’interdire cette marche, mais du côté du gouvernement, la crainte « de débordements incontrôlables » était réelle. Il n’ets d’ailleurs pas à  exclure que de démarches aient été entreprises à  l’endroit de la Coalition pour que le projet soit abandonné. Le Mali, pays de coeur de l’ex dirigeant libyen qui a énormement investi dans des oeuvres sociales particulièrement au bénéfice des fidèles musulmans. On peut citer entres autres la Grande Mosquée de Ségou, la Cité administrative de Bamako (débaptisée après la chute de >Tripoli), l’aménagement des centaines d’hectares à  l’Office du Niger, la prise en charge de 500 professeurs d’établissements coraniques. Cette affection et cette générosité, les maliens ne veulent pas les oublier. « Nous ne sommes pas des ingrats », déclare un imam qui participera bien sur à  la cérémonie de ce vendredi. Au sein de la Coalition malienne de soutien à  Mouammar Kadhafi, on retrouve des associations islamiques et aussi plusieurs associations culturelles et des clubs de jeunesse. Elles avaient déjà  manifesté dans les rues de Bamako au début de l’insurection libyenne et de l’intervention occidentale dans le pays. Pour Mohamed Macki Bah, président de la Coalition malienne de soutien à  Mouammar Kadhafi, ce dernier est « un martyr tombé sous les balles de l’impérialisme » et « a subi le même sort que les grands révolutionnaires africains à  l’image de Patrice Lumumba, Thomas Sankara ». « C’est la fin des visionnaires en Afrique », larmoie un jeune homme qui porte un t-shirt avec l’effigie du Guide. « On veut tuer définitivement nos espoirs », ajoute-t-il. Selon Chérif Ousmane Madani Haà¯dara, « tout bon Malien doit être consterné par ce qui lui est arrivé ». « Dans chaque régime, il y a certes des mauvais côtés mais il faut reconnaitre les bons côtés. Nous, nous retenons de lui l’image d’un panafricaniste qui s’est de tout temps battu pour l’éveil des consciences des peuples africains et pour la défense des opprimés. Qu’il s’agisse de son combat auprès des Noirs d’Afrique du Sud au plus fort de l’apartheid ou de son action auprès des Palestiniens », a-t-il ajouté. La grande prière de ce vendredi à  la grande Mosquée de Bamako sera suivie d’une lecture du Coran par les autorités religieuses maliennes. Des prières seront dites pour le repos de l’âme de Mouammar Kadhafi, mort le 20 octobre 2011.

Le Mali rend hommage à Kadhafi

Vendredi 28 octobre, après la prière de 13h, un ultime hommage sera rendu à  feu Mouammar Kadhafi. Après un discret enterrement en plein désert libye, réduisant le guide à  un non être laconique, le Mali entend lui rendre les honneurs funèbres dus à  tout musulman mort. Si exposer un corps de la manière dont le CNT l’a fait à  Misrata est contraire à  la loi islamique, à  cette charia, qui risque d’être la ligne de conduite en Libye désormais, le repos de l’âme d’un mort est une obligation religieuse. Aussi, les autorités religieuses maliennes procéderont à  une lecture de coran, qui sera suivi d’un meeting d’information visant à  perpétuer les idéaux de l’ancien dirigeant libyen. Une marche funèbre sur les ambassades des pays membres de la coalition occidentale mettra un terme à  cette journée d’hommage dédiée à  la mémoire de Mouammar Kadhafi, rapporte la presse locale. Cette manifestation se justifie amplement, quant on regarde tous les bienfaits de la Libye envers le Mali. Faut-il rappeler les investissements importants réalisés par le régime de Kadhafi au Mali et dans plusieurs secteurs de l’économie nationale. Ainsi, la coalition malienne de soutien à  la Grande Jamahiriya Libyenne, au cours d’une assemblée générale tenue à  son siège, le dimanche 23 octobre a décidé de souligner et de rappeler au bon souvenir des Maliens l’empreinte de Kadhadi en terre malienne. Pour le président de ladite coalition, Mohamed Macki Bah, par ailleurs, président de l’Union des jeunes musulmans du Mali (UJMMA), « Mouammar Kadhafi est un martyr tombé sous les balles de l’impérialisme ». Il a ajouté que le Guide de la Jamahiriya Libyenne a subi le même sort que les grands révolutionnaires africains à  l’image de Patrice Lumumba, Thomas Sankara etc. « Nous ne regrettons pas sa mort, puisqu’elle devait de toute façon survenir un jour. Seulement nous déplorons les circonstances dans lesquelles il a été tué » a-t-il fait remarquer. Et de poursuivre indigné : « Kadhafi a été assassiné par des ennemis de l’islam comme l’ont été les petits fils du prophète (PSL) Alhassani et Husseini. Comme l’ont également été les califes Omar, Othman et Badr Ali ». Nul besoin de rappeler les grandes idées de Kadhafi en matière de panafricanisme et que la Coalition a rappelé lors de cette rencontre. Il faut souligner la création de l’Union africaine à  Syrtre en 1999 sur les cendres de l’OUA, du financement de l’Union africaine avec la Libye comme bailleur principal, des investissements à  hauteur de plusieurs dizaines de milliards FCFA dans l’hôtellerie de beaucoup de pays africains, des investissements colossaux dans le secteur agricole, du versement des salaires de 500 professeurs arabisants au Mali et ailleurs. Autant de raisons qui poussent la coalition malienne à  rendre un ultime hommage à  Mouammar Kadhafi. La coalition malienne de soutien à  la Grande Jamahiriya Libyenne qui compte en son sein outre des associations islamiques mais aussi plusieurs associations culturelles et des clubs de jeunesse, s’est dite résolue à  perpétuer les idéaux panafricanistes de Mouammar Kadhafi. Ils ont tué Mouammar Kadhafi, mais ses idées demeurent, ont conclu les membres de la Coalition.

Adam Bâ Konaré sur la mort de Kadhafi : « La partition de l’Afrique est en marche ! »

La mort du Guide libyen, Mouammar Kadhafi, continue de faire des vagues d’indignations dans les milieux intellectuels africains. Interrogée sur la question par nos confrères de RFI dans l’édition «Â Afrique Midi » de ce lundi 24 octobre, l’ancienne Première Dame n’a pas changé sa position. Selon Adama Bâ Konaré, «Â l’assassinat d’un chef d’Etat africain en exercice par les puissances occidentales rappellent les circonstances de la pénétration française sur le continent ». «Â Les évènements en Libye, poursuit l’historienne malienne, constituent les prémisses de la dégradation, et de la liquidation de l’Union africaine ». «Â C’’est choquant ce qu’on a vu en Libye. On a instrumentalisé ce sujet. Kadhafi n’était forcément un personnage parfait. Mais il avait une face positive : celle d’un panafricaniste qui a travaillé pour son peuple », a déclaré l’épouse de l’ancien président malien Alpha Oumar Konaré. Qui s’indigne face à  «Â l’acharnement de l’OTAN » dont les bombardements ont entièrement détruit les principales villes du pays. «Â Je suis inquiète. Hurlons notre inquiétude » Cette intervention l’ex Première Dame du Mali sur les antennes de la radio française à  propos de la question libyenne, intervient après une autre sortie aux premiers mois de l’intervention de l’OTAN. Adam Bâ Konaré, qui garde une position tranchée contre ce qu’elle qualifie de «Â recolonisation de l’Afrique », interpelle les Africains face à  leur destin. «Â Alors qu’ils clament urbi et orbi l’unité de leur continent, qu’ils ont créé une organisation -l’Union Africaine – pour affirmer leur volonté d’union, mieux faire entendre leurs voix, compter davantage et s’imposer, les Africains, mystérieusement et incompréhensiblement, en ces temps graves o๠quelque part le sort de leur continent se joue, restent silencieux » avait dénoncé Mme Konaré. Qui regrette qu’ «Â une fameuse Communauté internationale, qui n’a d’international que la volonté des puissances occidentales, s’agite pour expulser un «Â dictateur africain », au grand mépris de l’avis des chefs d’Etat africains et des Africains ». «Â Je suis inquiète. Hurlons notre inquiétude, Africains, clamons nos opinions, nos appréciations. Mobilisons-nous pour défendre notre continent meurtri et bafoué », incite l’historienne, pour qui «Â la partition de la Libye est en marche ». «Â La Libye est sous les feux de forces étrangères en quête de gloriole personnelle et de défense de leurs propres intérêts. De quelle légitimité politique, de quelle crédibilité morale, ces puissances qui ne tiennent pas leurs engagements, qui affament les peuples, pillent les ressources des pays, peuvent-elles se prévaloir ? » s’interroge-t-elle. Avant asséner que le pétrole et le gaz libyens ne sont pas absents de leurs motivations ». Bref, pour l’ex Première Dame, le dossier libyen est «Â une humiliation pour l’Afrique ». Les Etats africains qui ont soutenu l’Occident dans cette aventure ont-ils conscience de cet enjeu ?

Fin de Kadhafi, le début d’une nouvelle colonisation africaine ?

Face à  la mort de Kadhafi, le «Â Politiquement correct » règne désormais parmi les présidents Africains. Au Mali, o๠le guide est considéré comme un bienfaiteur, on entend les commentaires suivants : «Â Le président Malien ATT doit parler au nom du peuple malien, Kadhafi était l’Ami du Mali! ». Alors que pleuvent des réactions internationales de satisfaction, le silence troublant des monarques africains révolte certains intellectuels. Seul Robert Mugabe du Zimbabwe a osé exprimer tout haut ce que beaucoup de nos leaders africains pensent tout bas, et pour lui, la mort de Kadhafi est un jour triste pour l’Afrique. Plus grave, l’incapacité de l’Union Africaine, depuis le début de cette crise, questionne la légitimité des institutions panafricaines obligées de s’aligner sur les instances internationales. l’organisation panafricaine s’est simplement contentée d’une déclaration plate, affirmant qu’un chapitre d’histoire était clos, et espérant que la Libye devienne un pays plus stable, qui s’occupe de réconciliation et de reconstruction… Bien que l’ONU ait demandé une enquête ouverte sur les circonstances de la mort du guide, jugées floues, cette fin convient à  la plupart des puissances engagées dans le conflit libyen au nom d’intérêts économiques. Mais si Kadhafi avait été arrêté et jugé, sa fin eut sans doute été plus humiliante que celle de mourir en martyr, comme il l’avait souhaité, livré aux mains de ce peuple pour qui il a tant fait. l’homme à  abattre s’appelle désormais Seif El Islam, fils aà®né de Kadhafi, dauphin et héritier des secrets de son père. Il demeure introuvable. Le rêve mégalomane d’une Afrique Unie Si le dictateur énervait, amusait, troublait, force est de reconnaà®tre la vison panafricaniste d’un homme animé d’idéaux qui ont fini par avoir raison de lui. Grandeur et décadence, mégalomanie, excès en tous genres, Kadhafi se faisait appeler le «Â Roi des rois d’Afriques » pour retrouver un peu de cette aura perdue dans les années 90. Après les attentas de Lockerbie, il avait reculé, fait des concessions face aux Américains et aux Nations Unies… Rêvant de diriger ces Etats-Unis en inversant la géopolitique mondiale, avec une armée puissante, ses diatribes et ses réactions finirent par exaspérer l’occident, tandis qu’elles continuaient de séduire les panafricanistes convaincus. Les sommets de Kadhafi étaient fastueux à  Syrte, à  Tripoli, ses réceptions sous une tente ou dans le désert, inoubliables pour les journalistes. Une célèbre journaliste raconte comment ils furent réveillés à  5h du matin par les militaires et emmenés manu militari pour être reçus par Kadhafi en plein désert libyen. Quiconque a rencontré Kadhafi évoque un dirigeant qui se croyait investi d’une mission au point d’en oublier l’humain. Au Mali, Kadhafi est aimé et les réalisations de la Libye dans notre capitale sont nombreuses, en témoigne la Cité Administrative Mouammar Kadhafi, les hôtels Lybia, les investissement agricoles en Zone Office du Niger, les mosquées, les médersas, les routes financées par le guide, instruments d’influence certes, mais instruments de développement certains. Entre Africains. Mais à  Tripoli, C’’est une autre réalité. La soif de changement, issue du printemps arabe, anime désormais les Libyens. Même si l’avenir du pays reste incertain, le changement sera difficile. La réorganisation politique et administrative du pays, la redistribution des richesses et des avantages, les privilèges des uns et des autres, le partage de l’or noir, qui soutenait l’économie libyenne et africaine certainement. O๠en est l’Unité Africaine ? «Â Vous vous rendez compte, la côte part de la Libye dépassait de loin celle des autres pays membres de l’Union Africaine », interpelle une journaliste choquée par la nouvelle de la mort de Kadhafi. A quoi ont servi les incessants ballets diplomatiques, les réunions extraordinaires pour tenter de trouver une issue à  la crise déclenchée par le Printemps Arabe ? Est-ce pour autant la fin du printemps libyen ? Aujourd’hui, le CNT est la seule autorité légitime, reconnue par la France, les Etats-Unis. Que pèse la voix de l’Union Africaine face à  un peuple qui a choisi d’appeler l’Occident à  l’aide ? Déclaration de principe, les pays arabes ont déjà  fait entendre leur voix. Manifesté leur joie. Face à  cette mort, s’opposera longtemps le silence gêné des souverains africains, que Kadhafi de son vivant a reçu dans son palais de Syrte, sa ville natale. C’’est donc la fin de ces sommets 100% Africains o๠Kadhafi recevait ses « amis » pour leur livrer sa vision d’une Afrique Unie. Après lui, qui réunira ces dirigeants soumis aux intérêts des occidentaux ? Combien nous reste t-il de visionnaires sur le continent ? Malgré leurs défauts et leurs croyances, ils étaient animés d’idéaux et prêts à  mourir pour ces idéaux. Mais avec l’ingérence de l’OTAN qui jure avoir agi pour protéger les civils libyens, l’on est en droit de se demander si l’Afrique, n’est pas entrain de subir pas une nouvelle colonisation ?

Merci Kadhafi!

Voilà , c’est fait. IIs l’ont eu! Ils t’ont eu Kadhafi! Ils t’avaient prévenu en mars dernier, qu’ils pourraient « être amenés à  [te]tuer pour garantir la pacification du pays »…Et toi, tu répondais que tu mourrais en martyr. Comme le disait hier un journaliste de France 24, voici ton voeu exaucé, puisque c’est ta terre natale de Syrte qui a recueilli ton dernier souffle!On me jettera peut-être la pierre, mais moi, aujourd’hui, je veux te dire merci. Merci, Frère Guide, comme nous t’appellions il y a encore pas si longtemps. Merci pour avoir donné aux libyens un pays à  l’économie forte, o๠les charges sociales étaient soutenues par l’Etat. Pour avoir verdi le désert et permis à  tes compatriotes de manger à  leur faim. Pour avoir fait de ton pays une nation enviée en Afrique. Merci pour avoir fait de ton pays un eldorado o๠mes frères partaient « se chercher ». C’est vrai que bien des fois tu les as fait rapatrier manumilitari, sans armes ni bagages, mais nombreux sont ceux d’entre eux qui ont réussi à  faire leur chemin sur la terre libyenne. Merci d’avoir rêvé d’une Afrique forte et unie. Grâce à  toi, de nombreux pays africains ont réalisé des projets socio-économiques d’envergure sans craindre des remboursements de prêts intergénérationnels. Ton rêve, même s’il tournait parfois à  la mégalomanie avec ton titre de « Roi des rois d’Afrique », ton rêve a quand même donné envie aux panafricanistes de remettre en selle les idéaux de nos indépendances. Merci d’avoir tenu tête aux néocolonialistes. Tes grandes envolées lyriques nous faisant rire ou nous exaspéraient mais nous ne pouvions pas ne pas y lire, y retrouver ce désir qui est cher à  tous les africains: celui de la vraie indépendance, sans dette extérieure, sans banque centrale d’ailleurs nous dictant nos décisions économiques, sans « Françafrique » nous imposant des maà®tres à  penser… Merci enfin, Mouammar, de rappeler, par ta mort dont les circonstances me bouleversent, à  tous ceux là  qui s’accrochent au pouvoir, que tout peut leur arriver et que l’ami d’hier peut te jeter une bombe sur la tête et te livrer à  tes ennemis. Le pouvoir n’est pas éternel et tout homme doit savoir que la mort est une fin à  laquelle nul d’entre nous ne saurait échapper. Que le Tout-Puissant ait pitié de toi et qu’Il t’accorde la paix, Frère Guide Mouammar Kadhafi.

Portrait: Mouammar Kadhafi, le Guide qui s’est perdu

Un jeune capitaine de l’armée libyenne est apparu à  la tête d’une junte militaire le 1er septembre 1969 qui a renversé le vieux roi Idriss sans effusion de sang. Le monde découvrait Mouammar Kadhafi, beau gosse, svelte, fringuant officier supérieur très vite promu colonel pour diriger ce vaste pays riche en ressources pétrolières et sous-peuplé. Très tôt, Kadhafi impose un style. Le monde arabe qui trouvait en Nasser, le président égyptien, un père de la nation voyait en Kadhafi une relève assurée pour l’affirmation d’une identité arabe dans un monde agité et o๠la guerre avec l’Etat hébreu allait focaliser toutes les attentions. Le jeudi 20 octobre 2011, après huit mois d’insurrection et de guerre civile, Mouammar Kadhafi est arrêté à  Syrte, par les rebelles qui ont mis fin à  son règne sans partage de près de 42 ans. Ce dirigeant hors norme, a suscité tour à  tour beaucoup d’admiration, d’irritation, puis de haine. A la tête d’une révolution, il a su mobiliser des sympathies par un régime progressiste soutenant tous les mouvements de libération dans le monde et plus particulièrement en Afrique. Son évolution en politique fut méthodique et calculée avant que l’homme à  qui tout réussissait ne verse dans une effrayante mégalomanie. Sa révolution au début des années 70 était dans l’air du temps. Décolonisation, guerres d’indépendance, la question palestinienne, étaient un fonds de commerce infaillible. Socialiste, il a vite eu de l’écho à  ses appels du refus de l’ordre établi. Le bloc de l’Est, à  l’époque, était un mur sur lequel le président libyen pouvait monter pour observer le monde. Cette posture était pour lui un moyen de menacer l’Occident. Presqu’une obsession. Son pays est devenu la Jamahiriya arabe libyenne et socialiste et marque le profond changement que le leader libyen impose à  son pays. Un mélange de genre entre « centralisme démocratique communiste » et pratique traditionnelle de commandement, le tout érigé en système de gouvernement. Mouammar Kadhafi n’est plus président mais plutôt « Guide de la révolution ». Et, l’air de rien, le pouvoir devient personnel. Il n’est plus exercé par les « masses » qui confient leur destin au Guide éclairé. Mais le culte de la personnalité, déjà  présent, est noyé dans un flot de revendications identitaires et d’affirmation de soi dans un monde bipolaire. Le début de la dérive Devant les débâcles des armées arabes face à  Israà«l les populations se convainquent qu’un leader fort et intransigeant devrait relever l’honneur des nations et des peuples arabes humiliés. Kadhafi a incarné, un temps soit peu, cette image. Il a pensé la renforcer en s’opposant violemment à  toute tentative de négociation avec Israà«l. Le 6 octobre 1981, le Guide libyen s’est félicité de l’assassinat du président égyptien Anouar el Sadate appelant même à  un jour férié pour saluer « l’action héroà¯que » qui a consisté à  éliminer celui qui a trahi la nation arabe en engageant un processus de paix avec Israà«l. Extrémiste, il applique la stratégie de l’ouverture Porté par les foules, l’homme s’est senti habité par un destin universel. Il écrit le « Livre vert » qui en quelques vérités fortes devrait ouvrir les portes d’une nouvelle voie autre que celles des Occidentaux ou encore des Soviétiques. Le Livre vert, pensait-il, devrait envoyer aux archives de l’histoire toutes les théories tiers-mondistes. Dans ce livre le concept de la victoire du peuple inéluctable sur l’oppression, l’impérialisme, par tous les moyens était déjà  un prélude au soutien du terrorisme comme moyen d’abattre l’ennemi. La mise en pratique de cette théorie est déjà  son implication dans le conflit tchadien en 1973. Ses troupes avaient occupé la bande d’Aouzou dans le nord du Tchad avant d’en être délogées par les forces françaises qui ont appuyé l’assaut conduit par l’armée de Hissène Habré en 1982. Ses engagement et soutien sur tous les fronts contre les intérêts occidentaux lui ont valu, en représailles, des bombardements américains sur la capitale Tripoli en 1986. Le guide y a perdu une de ses filles adoptives. Mais le Guide libyen s’est aussi illustré par son soutien financier et militaire à  l’African National Congress (ANC) en Afrique du Sud pendant les années d’apartheid. Grâce à  ses moyens, les dirigeants de l’ANC ont pu voyager dans le monde pour faire entendre la voix de la résistance et de la liberté. Nelson Mandela, après sa libération lui avait d’ailleurs publiquement rendu hommage. l’homme ne se donnait plus de limite. Son bras armé était visible dans l’attentat contre le Boeing de la Pan Am au dessus de Lockerbie et qui avait fait 270 morts en 1988. Un avion DC-10 de la compagnie française UTA avait explosé en vol au dessus du désert du Ténéré au Niger en 1989 ; 170 morts. Là  encore les services libyens sont mis en cause. Un embargo international frappe le pays de 1992 à  1999. Kadhafi avait consenti à  remettre à  la justice internationale ses agents impliqués dans les attentats et à  indemniser les victimes. C’’est le retour de la Libye sur la scène internationale avec son Guide qui a regagné le droit de fréquenter les plus grands de ce monde. Et, par ces temps de crise les dirigeants occidentaux ne voulaient pas « cracher sur les pétrodollars libyens ». Achats d’équipements, d’avions et autres constituaient pour les pays industrialisés une importante manne qui enlève toute odeur au fric libyen. Futé, il ne voulait pas seulement avoir par l’argent un droit de cité. Il voulait toucher l’opinion occidentale au C’œur. De 1999 à  2007, l’affaire des infirmières bulgares, condamnées pour avoir contaminé volontairement, selon les autorités libyennes, des enfants par le virus du sida, a servi de monnaie de change au Guide libyen qui a finalement gracié les inculpées. En 2003, à  la surprise générale, Kadhafi annonce le démantèlement de tous ses programmes secrets d’armement. Il instaure une politique d’assouplissement de la réglementation libyenne en matière économique permettant l’ouverture du marché local aux entreprises internationales. Le réchauffement des relations avec certains pays européens, comme le Royaume-Uni, la France, l’Espagne et l’Italie est effectif. Il déclare qu’il entend désormais jouer un rôle majeur dans la pacification du monde et la création d’un Moyen-Orient sans armes de destruction massive.

Libye : Kadhafi traqué, Seif el Islam libre

Seif el-Islam devant des journalistes et ses partisans à  Tripoli, la nuit du 22 au 23 août 2011. © AFP C’est tout sourire que Seif el-Islam a démenti son arrestation devant trois journalistes qu’il avait fait venir de l’hôtel Rixos au complexe militaire fortifié de son père Bab Al-Aziziya, aux toutes premières heures de la journée. Le fils de Kaddafi, porte-parole officieux du régime libyen est arrivé à  bord d’un véhicule tout terrain devant l’immeuble qui avait été bombardé par les Américains en 1986. La rencontre s’est ensuite déroulée sur un terrain vague attenant. « Je suis là  pour démentir les mensonges », a-t-il déclaré en affirmant que la capitale était « sous le contrôle » des forces du régime. « Vous avez vu comment le peuple libyen s’est soulevé pour combattre l’arrivée des rebelles ? » a-t-il lancé. « L’Occident dispose d’une haute technologie qui a perturbé les télécommunications et a envoyé des messages au peuple faisant état de la chute du régime du colonel Kaddafi, a-t-il ajouté. Selon lui, des SMS de propagande ont été envoyés dimanche à  de nombreux habitants de Tripoli pour répandre de fausses rumeurs. « C’est une guerre technologique et médiatique pour provoquer le chaos et la terreur en Libye », a-t-il ajouté. « Ils [les rebelles, NDLR] ont aussi fait infiltrer des bandes de saccageurs (dans la capitale) par la mer et à  bord de voitures », a-t-il ajouté. Il a également assuré que les forces loyales au régime ont fait subir à  la rébellion de « lourdes pertes » aux rebelles qui prenaient d’assaut la résidence de son père. Le régime serait-il plus solide que ne l’estiment les forces alliées aux rebelles ? Plus de six mois après le début du soulèvement en Libye à  la mi-février, ils étaient nombreux lundi, au lendemain de l’entrée des rebelles à  Tripoli, à  juger que le régime n’en avait plus pour très longtemps, qu’il « touchait à  sa fin », selon les mots du président américain. Multiples réunions sur la Libye Barack Obama a exhorté le dirigeant libyen à  annoncer « expressément » son départ après 42 ans de règne. Le patron de l’ONU Ban Ki-moon a quant à  lui convoqué un sommet sur la Libye cette semaine. Le Groupe de contact doit également se réunir jeudi à  Istanbul tandis qu’un sommet du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) est prévu vendredi à  Addis Abeba. Pendant ce temps, Kaddafi compte bien s’accrocher encore au pouvoir. Selon une source diplomatique, il se trouverait toujours dans sa résidence du quartier de Bab Al-Aziziya à  Tripoli. La Maison Blanche affirme ne disposer d’aucune preuve de son départ de Tripoli et la rébellion dit ignorer o๠il est. La rébellion avait annoncé avoir « arrêté » dimanche deux de ses fils, Mohamed et Seif al-Islam. Pour le second, il s’agissait vraisemblablement d’une manipulation destinée à  affaiblir le moral de l’adversaire. Et pour le premier, un haut responsable des rebelles a indiqué que qu’il avait réussi à  s’échapper. Les rebelles tiennent cependant une bonne partie de la ville, jusqu’à  80 % selon de nombreuses sources. Ils ont atteint la place Verte, un lieu symbolique o๠les partisans du régime avaient l’habitude de se rassembler et que les insurgés ont rebaptisée « place des Martyrs ». Une foule en liesse a dansé toute la nuit en agitant des drapeaux rouge, noir et vert, aux couleurs de la rébellion. Snipers embusqués Les rebelles ont pris le contrôle des locaux de la télévision d’à‰tat, qui a cessé d’émettre. Mais des tireurs embusqués sur le toit d’immeubles freinent leur progression dans de nombreux quartiers et l’euphorie semble retombée. Ils attendent désormais le renfort de milliers d’autres combattants et hésitent sur la manière d’avancer : rapidement à  travers de grandes avenues exposées aux tirs des snipers, ou lentement à  travers le labyrinthe de ruelles sans savoir qui les attend au tournant. A Benghazi, les rebelles ont confirmé que « plusieurs navires sont arrivés » à  Tripoli « depuis Misrata, avec à  leur bord un grand nombre de combattants et de munitions ». « L’époque de Kaddafi est révolue (…) mais nous ne pouvons pas dire que nous contrôlons Tripoli », a dit le président du CNT Mustapha Abdeljalil lors d’une conférence de presse, menaçant de démissionner si des exactions et des « actes de vengeance » étaient commises par ses troupes. « Nous espérons que Mouammar Kaddafi sera capturé vivant pour qu’il puisse avoir un procès équitable », a-t-il ajouté. Enfin, le département d’à‰tat a fait savoir que des proches du dirigeant libyen ont tenté de négocier avec l’administration américaine jusqu’au début de l’offensive rebelle contre Tripoli. Mais « aucun d’entre eux n’était sérieux, parce qu’aucun » n’offrait en préalable le départ du pouvoir du colonel Kaddafi, a indiqué à  la presse Victoria Nuland, la porte-parole du département d’à‰tat. Ailleurs en Libye, des affrontements ont été signalés dans les villes d’Al-Aziziya (50 km au sud de Tripoli) et d’Al-Khoms, à  mi-chemin entre la capitale et Misrata (est). Plus à  l’est, les pro-Kaddafi ont évacué la ligne de front de Brega et fui vers l’Ouest en direction de Syrte, ville d’origine et bastion du dirigeant libyen, selon la rébellion dont le chef a promis que les villes de Syrte et de Sebah « se soulèveront bientôt à  leur tour ». (Avec AFP)

Kadhafi : la fin d‘un règne sans partage ?

C’’est un monde qui s’effondre pour la dynastie Kadhafi qui depuis près de quarante ans, règne sans partage sur la libye, terre pétrolière et o๠les rebelles, insurgés, appelez-les comme vous voudrez, ont pris d’assaut la capitale, depuis quelques jours. Les rivières de sang sont coulé en Libye, sous les bombes de l’OTAN, comme l’avait promis Seif El Islam, le fils aujourd’hui capturé. La révolution libyenne, après celle de Tunisie et d’Egypte, est entrain d’atteindre son point culminant. Les médias du monde sont suspendus à  la chute du régime de Mouammar Kadhafi, désormais l‘homme à  abattre pour le monde occidental. Et celui-ci est bien seul aujourd’hui. Négotiations en cours, disparition, Kadhafi est acculé, après avoir résisté, repoussé les assauts des insurgés de sa république pétrolière. Ces rebelles qui ont appelé l’Otan à  l’aide, tanpis pour les dommages collatéraux. On ne fait pas de bonne révolution sans faire couler le sang. C’’est la fin des privilèges en libye, ce état désertique o๠souverains et monarques africains venaient faire allégeance à  un guide mégalomane et qui se croyait éternel au pouvoir. Quelle fin indigne. Kadhafi avait-il prévu que les révolutions médiatiques et cybernétiques de Tunisie et d’Egypte atteindrait son dominium ? Sûr de son pouvoir, celui qui se considérait comme le roi des rois d’Afriques et rêvait de diriger ces états-Unis d’Afrique, grâce à  une armée digne d’Hannibal et son or noir, fait face à  un chaos sans nom et une ultimatum peau de chagrin. La puissance et la fortune, n’auront pas pesé face aux frappes de l’Otan, à  la suprématie des bombes lâchées sur ses concitoyens, ceux-là  même sui jouissaient des retombées de l’Or Noir. Kadhafi, guide controversé, suscitait l’admiration, comme la répulsion. Tout au long de son règne, il aura marqué le Maghreb de son influence, pesé dans les décisions panafricaines, crée l’ire, l’indignation, fait du terrorisme une option, ému le monde avec l’affaire des infirmières bulgares. Kadhafi, un magnat, un mégalo, un roi, un allié pour certains pairs. ATT déclarait il y a quelques jours, dans les pages d’un journal africain, qu’il ne voyait pas pourquoi il lâcherait son ami, malgré la crise qui secouait son empire. Kadhafi énerve, amuse, irrite mais il est le grand frère pour d’autres. Au Mali, il sera regretté, car sa marque est partout, ses hôtels trônent fièrement dans notre capitale, et sa cité administrative sera le temple du souvenir de celui qui présida, aux côtés de notre président, les célébrations du cinquantenaire le 22 septembre 2010. Ailleurs, nos religieux et médersas, qu’il finançait se rappelleront à  son bon souvenir. Les tribus du désert elles se souviendront aussi de son aura, pour avoir voulu réunir ces bédouins autour d’idéaux souverains… Kadhafi, porté disparu ? Celui qui jurait se mourir en martyr est introuvable, affirment les médias ce lundi matin. O๠est passé le résistant qui lachait ses quatre vérités à  l’occident ? La mort est préférable à  la honte, dit un proverbe. Alors Kadhafi ira t-il se réfugier dans un royaume lointain et mourir de honte, oublié de l’histoire, o๠résistera jusqu’au bout, par une fin tragique et à  sa dimension. La sortie par la grande porte tel le héros éternel de la révolution libyenne…

Les rebelles aux portes de Tripoli

La rébellion libyenne a pris ce dimanche la ville de Zaouà¯ah, à  50 km environ à  l’ouest de Tripoli, sur la route côtière qui mène à  la Tunisie. Cette nouvelle victoire est sans nul doute l’avancée la plus spectaculaire des insurgés depuis six mois dans les zones de l’ouest du pays contrôlées par les partisans de Mouammar Kadhafi. Les rebelles contrôlent à  présent la côte aussi bien à  l’est qu’à  l’ouest de Tripoli. Au nord, un blocus naval assuré par l’Otan est en place et, au sud, des combats sont en cours. A Tripoli on garde son calme. Des troupes gouvernementales lourdement armées sont stationnées en nombre sur la route de la capitale, qui ne semble pas directement menacée dans l’immédiat. Dans le centre de la ville, rien ne laissait penser dimanche soir que la situation ait évolué. Des jeunes jouaient près de la place centrale de la ville, d’autres étaient assis devant des boutiques peu avant la fin du jeûne de la journée, dans le cadre du ramadan. Mouammar Kadhafi, quant à  lui, n’entend d’ailleurs pas laisser tomber son pays aux mains de ceux qu’il qualifie de « traà®tres » et a appelé ses compatriotes à  en libérer le pays. Dans un message sonore diffusé dans la nuit par la télévision d’Etat, il a lancé: « Avancez, prenez vos armes, allez au combat pour libérer la Libye mètre après mètre des traà®tres et de l’Otan. Tenez-vous prêts au combat (…) Le sang des martyrs nourrit le champ de bataille. » Mais les invectives et la position de fermeté toujours affichées par le Guide réflètent-elles la véritable position du pouvoir libyen, que beaucoup disent désormais aux mains du fils Saà¯f el Islam ? Pas sûr, au vu des dernières informations. En effet, des représentants du gouvernement et de l’insurrection se seraient réunis à  huis clos dans un hôtel de Djerba, dans le sud de la Tunisie voisine. Une information démentie, aussitôt qu’elle a été rendue publique, par le porte-parole du gouvernement libyen Moussa Ibrahim. Ce dernier a par ailleurs affirmé que les villes de Zaouà¯ah et Gariane, que les rebelles annonçaient avoir prises, étaient sous le contrôle du pouvoir central. Il a néanmoins fait état de petites zones de combat en deux autres points des environs de Tripoli. Selon les journalistes présents sur place, divers signes indiquent que les combats se propagent à  l’ouest à  partir de Zaouà¯ah le long de la côte. Des tirs ont été entendus au poste frontalier de Ras Jdir, du côté libyen de la frontière. A Bruxelles, l’Otan a dit surveiller de près une situation « fluide ». « Les forces pro- et anti-Kadhafi sont au contact. Nous ne savons encore rien de sûr, notamment à  propos du contrôle de Zaouà¯ah », a dit un responsable de l’Alliance.

Les pro-Kadhafi manifestent de nouveau à Bamako

Réunis ce samedi 30 juillet au stade municipal de Korofina-Nord à  l’initiative de l’Union des jeunes musulmans du Mali de la commune I (UJMA), les militants et sympathisants de l’organisation musulmane, et autres soutiens au colonel Kadhafi, ont décidé de mettre le feu à  l’un des symboles forts de la République française. Sur le boulevard de Djélibougou (aussi appelé route de Koulikoro), les manifestants issus de couches socioprofessionnelles diverses ont bloqué la circulation pendant plusieurs instants, avant de brûler le drapeau de la France. Celle-ci est considérée, à  leurs yeux, comme l’instigatrice principale de l’invasion de la Libye par les forces de la coalition. Pour les manifestants, l’adoption en mars dernier de la résolution 1973, ordonnant des frappes de l’OTAN « contre les installations militaires » de Kadhafi, est le témoignage de « l’arrogance manifeste des Occidentaux contre le continent africain ». « Une autre forme de colonisation » Au cours de ce meeting, les manifestants ont crié des slogans hostiles aux Occidentaux, notamment à  l’endroit des présidents Barack Obama, Nicolas Sarkozy et le Premier ministre David Cameron. Dans une déclaration rendue publique, le président de l’UJMA a estimé injustifiée la guerre en Libye. Selon Mohamed Cissé, le mobile avancé par la France, la Grande Bretagne et les Etats unis, ne tient pas la route. Pour lui, on explique la guerre en Libye par la longévité de Mouammar Kadhafi au pouvoir. Or, argue le leader des jeunes musulmans, l’Arabie Saoudite ou encore les Emirats arabes unis, n’ont jamais connu d’alternance depuis la création de leurs Etats respectifs. Pourquoi alors C’’est Kadhafi qu’on doit chasser obligatoirement du pouvoir ? s’interroge Mohamed Cissé. Qui regrette la politique de deux poids deux mesures de l’ONU normalisée, selon lui, depuis des décennies. Pour le président de l’UJMA, l’objectif des Occidents est sans équivoque dans cette aventure. « l’action de l’OTAN, dénonce-t-il, n’était nullement destinée à  protéger les populations civiles libyens, mais, dira-t-il, à  s’emparer des immenses richesses pétrolières de ce pays, et à  se partager ses dépouilles, comme en Irak et en Afghanistan ». Selon M. Cissé, il n’y a pas de doute que nous assistions au danger d’une agression coloniale perfide et criminelle contre un peuple souverain, et le prélude à  d’autres agressions contre d’autres peuples d’Afrique ». Après la Libye, à  qui le tour ? s’interroge-t-il. Avant d’ajouter que la guerre en Libye, transgresse les principes sacrés de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat. « On doit laisser l’Afrique aux Africains. Et C’’est aux Africains de résoudre leurs problèmes, et non par des nations ennemies dont le seul intérêt est de piller les richesses de notre continent » a déclaré le président de l’UJMA. Qui appelle à  la vigilance face ce qu’il qualifie d’ « une autre forme de colonisation ». Appel au Djihad l’Union des jeunes musulmans du Mali de la commune I, qui a réaffirmée son soutien au peuple libyen et à  Kadhafi, exige l’arrêt immédiat des bombardements, et privilégie une solution pacifique dans la résolution de la crise. Pour les manifestants, la guerre est loin d’être terminée, et les soutiens se multiplieront dans les jours à  venir. C’’est ainsi que le représentant de la Coalition malienne de soutien à  Kadhafi au Mali, représenté au meeting par Issa Diarra, a annoncé des actions fortes. Ces actions, annonce-t-il pendant ce mois de ramadan, viseront les ressortissants des principaux pays acteurs de la guerre contre la Libye. « Préparez-vous à  la Djihad, et rien ne nous arrêtera. Kadhafi est un Africain comme, il est un musulman comme nous. Nous devons le soutenir dans cette épreuve difficile. Il n’est question pour nous de prendre des armes contre qui que ce soit. Mais nous exigeront de nos gouvernants le rappel des représentants diplomatiques de ces pays qui actuellement sur notre territoire » ont déclaré Mohamed Cissé, et Issa Diarra. Pour eux, « une longue croisade » s’annonce.

Libye : Les rebelles passent à l’attaque

D’intenses échanges de tirs ont eu lieu tôt ce matin, alors que les avions de l’OTAN survolaient la zone, sans la bombarder. C’’est donc avec le «feu vert de l’OTAN» que la rébellion a lancé une offensive majeure pour reprendre des secteurs au sud de Tripoli perdus au profit des forces du régime. Les insurgés cherchent notamment à  reprendre Bir Al-Ghanam, un carrefour stratégique à  quelque 50 km au sud de Tripoli, afin d’être à  portée de canon de la capitale libyenne. Autre enjeu de cette offensive, la ville de Gharyane, o๠se trouvent les garnisons de l’armée loyaliste, considérée comme un verrou stratégique vers Tripoli par les rebelles. Samedi, l’Otan a annoncé avoir intensifié ses bombardements dans l’ouest de la Libye, détruisant une cinquantaine d’objectifs militaires durant la semaine. Les opérations ont visé des objectifs situés du Djebel Nefoussa, près de la frontière tunisienne, à  la ville de Misrata, à  plus de 200 km à  l’est de Tripoli, selon un communiqué de l’Otan. Après avoir été acculés à  se retirer de la région de Bir Al-Ghanam dans les montagnes de Nefoussa (ouest), les rebelles veulent de nouveau s’emparer de ce carrefour stratégique qui a été visé vendredi par l’aviation de l’Otan. Dimanche dernier, la rébellion avait annoncé son intention de lancer une grande offensive sur le front ouest pour récupérer les territoires situés au Sud de Tripoli. « Nous attendions avant de lancer cette attaque, nous avons finalement eu le feu vert de l’Otan ce matin [mercredi] et l’offensive a commencé », a déclaré un membre du comité révolutionnaire de Zenten, au sud de Tripoli. La France avait procéder la semaine dernière a des largages de d’armes et de munitions pour soutenir les rebelles dans la préparation de cette attaque. Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, s’était pourtant dit défavorable à  une telle offensive mardi lors d’une conférence de presse à  Paris, doutant des capacités militaires des rebelles. « Nous ne sommes pas aujourd’hui dans un système stabilisé, centralisé, obéissant dans toutes ses implications sur le terrain à  une autorité unique ». La Libye est en proie depuis la mi-février à  un soulèvement contre le régime autoritaire du colonel Mouammar Kadhafi qui a été réprimé dans le sang. Une coalition internationale est intervenue le 19 mars, sur mandat de l’Onu, pour venir en aide à  la population et l’Otan en a pris le commandement le 31 mars. La rébellion s’est elle installée dans l’est de la Libye et a établi sa « capitale » à  Benghazi tandis que la majeure partie de l’ouest du pays reste aux mains du régime hormis quelques zones -essentiellement Misrata et les montagnes berbères- o๠se déroulent des combats entre rebelles et pro-Kadhafi.

UA-Kadhafi: Non à la CPI

« l’Union africaine décide que les états membres ne coopéreront pas à  l’exécution du mandat d’arrêt » contre le colonel Kadhafi et demande au Conseil de sécurité de « mettre en œuvre les dispositions en vue d’annuler le processus de la CPI sur la Libye ». C’’est la principale décision prise par les chefs d’Etat et de gouvernement au 17ème Sommet de l’institution continentale tenu à  Malabo du 30 juin au 1er juillet 2011. Le Président de la commission de l’UA a lu une déclaration qui devrait sonner comme un coup de massue sur la tête de Luis-Morero Ocampo, procureur de la cour pénale internationale qui a délivré dans la précipitation ou plutôt sous la contrainte un mandat d’arrêt international contre Kadhafi et ses proches. Dans la décision acceptée par les 53 membres de l’UA, il est indiqué que le mandat contre Kadhafi «complique sérieusement» les efforts de l’organisation pour trouver une solution à  la crise en Libye. La CPI contre les africains ? Le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, estime que la CPI est «discriminatoire» et qu’elle se contente de poursuivre les responsables de crimes commis en Afrique, laissant filer les criminels de l’Occident qui font des dommages en Irak, en Afghanistan et au Pakistan, notamment. « Nous sommes contre l’impunité. Nous sommes pour la lutte contre l’impunité. 31 pays africains font partie de la Cour pénale internationale, mais nous sommes contre la manière dont elle fonctionne » a-t-il déclaré. Si les pays africains respectent la recommandation de l’UA, Kadhafi pourrait choisir de se réfugier chez ses voisins du continent africain dans l’espoir d’échapper aux poursuites judiciaires. C’est justement ce qu’a fait le président tchadien Hissene Habre. Accusé de milliers de meurtres politiques et de torture systématique contre ses opposants alors qu’il était à  la tête du Tchad de 1982 à  1990, Habre a choisi de s’enfuir au Sénégal. Il n’a toujours pas subi de procès, bien que le Sénégal ait accepté de créer une cour spéciale o๠le juger. Habre est devenu un symbole de l’incapacité de l’Afrique à  traduire ses propres habitants en justice. Vendredi, l’UA a tenté de cibler ce problème dans une décision parallèle, en exprimant sa frustration face à  la lenteur du Sénégal dans le dossier. Le pays a entre autres dénoncé les coûts élevés d’un tel procès. Le chef du cabinet de Kadhafi, Bashir Saleh, a quant à  lui applaudi la décision de l’UA. Pendant que les chefs d’état sortaient d’une assemblée sur la Libye tenue derrière des portes closes pendant toute la journée vendredi, Saleh brandissait une copie du document de l’UA. Les membres de l’UA ont invité les parties impliquées dans le conflit à  prendre part à  des discussions qui débuteront sous peu à  Addis-Abeba et qui visent à  mettre sur pied un gouvernement de transition qui dirigera le pays jusqu’à  ce que de nouvelles élections puissent avoir lieu.

L’ombre de Kadhafi

C’’est la petite ville de Sipopo à  10 kilomètres de Malabo, la capitale équato-guinéenne qui accueille finalement le Sommet de l’Union Africaine. Des délégations de quelque 50 pays membres de l’UA, ainsi que les délégations et les observateurs en provenance de Chine, de Grande Bretagne, de Slovénie et du Japon sont déjà  arrivées à  Malabo. La rencontre a pour thème « Accélérer l’autonomisation de la jeunesse pour le développement durable ». Selon le programme de travail établi par l’UA, la 22e session ordinaire du Comité permanent des représentants (CPR) s’est tenue les 23-24 juin et la 19e session ordinaire du Conseil exécutif a eu lieu hier et avant-hier, alors que la 17e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat de l’UA est prévue demain et vendredi. Mais le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, a donné le ton lundi 27 juin en insistant sur une résolution politique de la crise libyenne, lors de son discours de bienvenue aux participants de ce sommet, la crise libyenne sera au centre des débats. Le thème principal reste maintenu. La problématique des jeunes Africains, leurs attentes et espoirs, et surtout la manière de les piloter vers un avenir meilleur, en leurs donnant les moyens d’y parvenir, devraient constituer le C’œur du débat lors du sommet de demain et vendredi. Il est clair cependant que les crises actuelles sur le continent monopoliseront les débats qui promettent d’être houleux. Surtout en ce qui concerne la question libyenne tant l’Afrique a du mal à  s’entendre sur la position à  tenir face à  la crise libyenne. Si, unanimement, tous les dirigeants du continent condamnent l’intervention armée de l’OTAN, ils ont des attitudes différentes face à  la rébellion représentée désormais par le Conseil National de Transition qui siège à  Benghazi depuis plusieurs mois maintenant. Et le rendez-vous équato-guinéen n’augure pas d’un consensus sur le dossier. Tout dépendra en fait de la position de quelques poids lourds comme le Nigeria», dont le président Goodluck Jonathan a reçu vendredi un message personnel de Kadhafi. l’absence de Wade (qui fait face à  des manifestations violentes dans son pays) pourrait minimiser la voix des opposants libyens à  qui il a rendu visite il y a quelques jours à  Benghazi. Il y avait clairement évoqué la nécessité du départ du Guide, une position que de plus en plus de pays africains affichent. Longtemps éludée par les africains, la mise à  l’écart de Kadhafi, réclamée par l’Occident, semble désormais l’option retenue par ses pairs. On se souvient qu’en début juin, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz affirmait que «son départ devenait une nécessité». Officiellement, la position du comité de médiation sur le conflit libyen est très claire : « C’’est aux Libyens de décider de l’avenir de la Libye». Mais dans les coulisses, le discours est autre. «Tout le monde souhaite (son) départ. Le débat porte (…) sur la manière d’y parvenir», confie un diplomate africain. Il faut «aussi préserver l’image de l’UA, qui ne peut se déjuger trop vite dans ses critiques de l’Otan», poursuivit-il. Selon Jean Ping, invité de RFI il y a quelques heures, « la position de l’Union africaine est très claire depuis le début. Les chefs d’Etats ont mis en place une feuille de route en quelques points. Premièrement, un cessez-le-feu immédiat ; ensuite, gérer les problèmes humanitaires et la transition ; et enfin les questions des réformes politiques que la Libye devra enclencher, quel que soit le régime qui sera installé. Elle devra être inclusive et consensuelle. Ce qui est loin d’être gagné. Une chose est sûre, C’’est que les africains ne doivent pas rater ce rendez-vous avec l’histoire. Les changements majeurs que connait le continent doivent pousser les dirigeants à  impulser une nouvelle dynamique à  l’organisation continentale. « Donner une meilleure image du continent » en affichant une unité vraie avec pour une fois, une position commune, quelle qu’elle soit.

Kadhafi, c’est fini?

Kadhafi fini ? Pas si sûr. C’’est qu’il est coriace le Frère Guide de la Révolution, le Roi des Rois d’Afrique ! Il vient de le prouver à  nouveau ce mardi 7 juin dans une intervention en directe à  la télévision d’Etat libyenne. Il a juré, de rester à  Tripoli, « mort ou vif ». « Nous n’avons qu’un seul choix : nous resterons sur notre terre morts ou vifs ». »Nous vaincrons nos ennemis, proclame le dirigeant libyen, qui a appelé ses partisans à  se rassembler dans son complexe de Bab Al-Azizia, à  Tripoli. Nous ne nous rendrons pas. Nous saluons la mort. Le martyre est un million de fois préférable. » « Je suis à  proximité des bombardements mais je résiste toujours », poursuit Mouammar Kadhafi, qui appelle « le peuple à  résister » et prévient les pays qui participent aux opérations militaires en Libye qu’ils ne pourront « jamais vaincre un peuple armé ». «Kadhafi doit partir» Depuis le début de l’insurrection libyenne, les puissances occidentales se sont succédé au créneau pour appeler Kadhafi à  quitter le pouvoir qu’il détient depuis plus de 40 ans. Ce mardi peu après la diffusion de cet entretien, C’’est le président américain Barack Obama qui lui a adressé une énième mise en garde, en marge d’une rencontre avec la chancelière allemande, Angela Merkel. Barack Obama assure que la pression s’intensifiera jusqu’au départ du colonel. « La chancelière et moi-même avons été très clairs. Kadhafi doit quitter le pouvoir et le rendre aux Libyens, et la pression ne fera que s’intensifier jusqu’à  ce qu’il le fasse », a déclaré M. Obama. Mais, fait nouveau, depuis quelques jours, ce sont les « amis » africains de Kadhafi qui le « lâchent ». Après Abdoulaye Wade du Sénégal, C’’est à  présent le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz qui estime que le colonel Mouammar Kadhafi « ne peut plus diriger la Libye » et que « son départ devient une nécessité. « Quoi qu’il arrive, il y aura une solution négociée, même avec le temps. Dans tous les cas, Kadhafi ne peut plus diriger la Libye. Son départ devient une nécessité », a déclaré M. Ould Abdel Aziz. M. Ould Abdel Aziz a cependant douté de l’efficacité des frappes menées par l’Otan en Libye, en particulier sur sa capitale Tripoli. « Les frappes de l’Otan ont peut-être permis de diminuer l’intensité des actions menées par les forces gouvernementales à  l’époque mais, en tout cas, cela ne semble pas régler le problème et cela ne pourra pas le régler. C’est l’Etat et le peuple libyens qui en souffrent. Il faut alors le faire partir (Kadhafi) sans faire plus de dégâts. En tout cas, l’avenir appartiendra à  son peuple », a-t-il estimé. Le président mauritanien préside un comité de chefs d’Etat de l’Union africaine (UA) chargé de trouver une solution négociée au conflit libyen. L’UA s’est engagée dans une délicate médiation pour faire accepter par les protagonistes libyens une « feuille de route » prévoyant un cessez-le-feu dans les meilleurs délais, un acheminement de l’aide humanitaire et l’instauration d’une période de transition et de dialogue conduisant à  des élections démocratiques. Déluge de feu sur Tripoli En attendant qu’une solution soit trouvée au conflit, C’’est le peuple libyen qui voit ses conditions de vie se détériorer un peu plus chaque jour. La capitale Tripoli a subi ce mardi une vague de bombardements d’une ampleur inégalée depuis le début des opérations militaires de l’OTAN dans le pays, fin mars. Une vingtaine de puissantes explosions ont secoué le centre de la capitale, o๠plusieurs bâtiments ont été touchés au sein de la résidence de Mouammar Kadhafi. Conséquence des bombardements intensifiés de l’OTAN, les autorités tunisiennes ont constaté un afflux de réfugiés à  sa frontière. Selon le ministère de la défense tunisien, 6 850 réfugiés ont franchi la frontière tunisienne entre lundi et mardi matin, parmi lesquels 6 000 Libyens. D’après le ministère de l’intérieur, plus de 70 000 Libyens ont trouvé refuge en Tunisie depuis le début de la révolte contre le régime du colonel Kadhafi, en février. Le peuple fuit libyen fuit son pays et Kadhafi s’accroche…

« On a tout compris ! »

Dans un passé pas si lointain, à  l’ère des coups d’Etat en série sur le continent, on pointait du doigt les puissances occidentales. Pour certains, elles agissaient dans l’ombre pour déstabiliser les pays pour en chasser des dirigeants trop souverainistes ou tout simplement s’accaparer de leurs richesses. Partisans du « diviser pour régner » tous les moyens étaient donc bons pour les aider à  parvenir à  leurs fins. Guerre civile en RDC, rébellion au Libéria et Sierra Leone, instabilité en Guinée…la main des « cellules africaines » des anciennes puissances coloniales, et celle de la France en particulier pour ne pas la nommer, se faisait particulièrement sentir. Le summum du cynisme était que lorsque ces conflits éclataient, ces mêmes puissances arrivaient au secours des belligérants. Dans un premier temps pour vendre des armes à  l’une comme l’autre des parties. Second mouvement, initier des négociations et des pourparlers sous leur propre égide pour ramener la paix. Et enfin, faire des prêts payables sur 10 générations, pour reconstruire ce qu’ils auront si ardemment aidé à  détruire. Et voici que nous franchissons un nouveau cap, dans l’indifférence quasi générale. Les « maà®tres du monde » agissent désormais à  visage découvert. Ils annoncent au monde entier qu’ils vont donner des armes à  des rebelles pour renverser le régime en place. Confirmation ! diront certains qui y voient la preuve que depuis toujours, les « grands » ont toujours eu quelque chose à  voir avec les problèmes du continent. Ainsi donc, Barack Obama, Nicolas Sarkozy et consort veulent chasser à  tout prix Kadhafi, leur grand ami d’hier. On se souvient qu’il y a à  peine quelques mois, le Guide libyen, aujourd’hui ennemi mondial n°1 (digne successeur de Saddam Hussein !), était reçu en grandes pompes et signait des contrats commerciaux faramineux avec ceux-là  même qui ont aujourd’hui juré sa perte. Kadhafi n’est certes pas défendable, dans sa stratégie de lutte contre l’insurrection. Bombarder des villes entières et faire des milliers de victimes en quelques semaines est plus que condamnable. Mais là  n’est pas le propos. C’’est l’attitude du « groupe de contact sur la Libye » qui devrait nous pousser à  réfléchir. Nous sommes en train d’assister à  la création sur le continent d’un Irak ou d’un Afghanistan bis. Au nom de quels intérêts…C’’est la question que l’on doit se poser. Le peuple libyen est censé être protéger par la résolution 1973 des Nations Unies qui a donné mandat à  la « coalition ». En armant les insurgés, les occidentaux installeront définitivement le pays dans une logique de guerre. Les libyens ont donc le choix : mourir sous les balles de Kadhafi ou celles de la coalition par insurgés interposés, entre un statut de victimes et celui de martyrs. Et si on les laissait vivre, tout simplement ?

Kadhafi, réveilles-toi!

« Tout mon peuple m’aime et mourrait pour me protéger ». C’’est ce que le colonel Kadhafi, qui ne contrôlerait plus que Tripoli et ses environs, a été interviewé par Christiane Amanpour de la chaà®ne américaine ABC. Au cours de l’entretien, il assure que son peuple est toujours derrière lui et qu’aucune manifestation n’a lieu. Sur le site internet de la chaà®ne, la journaliste précise que Kadhafi voulait faire connaà®tre la vérité, C’’est donc pour cela qu’il a accordé cette interview. La rencontre a eu lieu dans un restaurant de Tripoli, ce qui signifie que le dictateur a pris le risque de sortir de sa caserne ultra-protégée. Il s’estime « abandonné » par les pays occidentaux, et plus particulièrement les Etats-Unis, alors que la Libye est « alliée à  l’Occident pour combattre Al Qaida ». « Peut-être veulent-ils (les Occidentaux) occuper la Libye », a-t-il ajouté. Pour finir, il qualifie Barack Obama d’ « homme valable », mais « victime de désinformation » sur la situation en Libye. Avant de lancer : « l‘Amérique n’est pas le gendarme du monde.» Des milliers de morts Rappelons que sur place, le nombre de morts se compte à  présent en milliers. Alors que le nord-est du pays est aux mains des protestataires, plus personne ne circule dans la capitale transformé en bastion, mis à  part les miliciens de Kadhafi. Des chars contrôlent les routes d’accès à  la capitale, selon un habitant. Malgré cette situation de tension extrême, Mouammar Kadhafi affirme qu’il ne démissionnera pas. Pour lui, il n’y a d’ailleurs aucune manifestation dans son pays, mais juste des jeunes Libyens qui prennent les armes, toujours influencés par Al Qaida. Concernant les bombardements aériens sur les manifestants qui ont eu lieu fin février, Kadhafi nie en bloc. « Kadhafi a dit qu’ils n’avaient pas eu lieu et que seuls des sites militaires et des dépôts de munitions avaient été bombardés », explique Christiane Amanpour. Opération séduction Les autorités libyennes usent de la carotte et du bâton. Après la répression et les menaces, viennent maintenant les bonus offerts aux «amis de Kadhafi ». Et ils utilisent les mêmes moyens que les révolutionnaires. Vendredi dernier, les libyens avaient déjà  reçu sur leur portable des sms leur interdisant interdisaient de manifester contre leur leader Mouammar Kadhafi, ainsi que de “ regarder les chaà®nes satellitaires comme al-Jazira, qui répand des rumeurs et qui incite les gens à  faire couler le sang des musulmans ”. Il semblerait que le gouvernement libyen s’essaie à  présent à  une autre stratégie. Pendant la nuit d’hier à  aujourd’hui, les autorités ont envoyé des SMS aux habitants de Tripoli pour les inviter à  aller à  la banque et recevoir 500 dinars (environ 406 dollars). Les bénéficiaires doivent se munir d’un livret de famille. Une offre boudée pour le moment d’après un habitant de Tripoli pour qui «ils veulent nous acheter». «Kadhafi dois se réveiller, son règne est fini» a t-il ajouté.