Législatives françaises : démission du gouvernement « dans la journée »

 Le Premier ministre français Edouard Philippe devrait remettre « dans la journée » de ce lundi 19 juin  la démission de son gouvernement avant un « remaniement technique », a indiqué le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner au lendemain du second tour des élections législatives.

« Le Premier ministre sera amené dans les heures qui viennent à amener sa démission, comme d’usage », « dans la journée je pense », a déclaré M. Castaner sur la radio française RTL.

« Dans les jours qui viennent, un nouveau gouvernement sera constitué sous l’autorité, je pense, d’Edouard Philippe », a ajouté M. Castaner, qui a évoqué « un remaniement dont je pense qu’il ne sera pas d’ampleur, un remaniement technique, et une confirmation, celle d’Edouard Philippe, à mon avis ».

La République en Marche avec son allié du MoDem a obtenu dimanche soir une confortable majorité absolue à l’Assemblée (351 sièges), dans un second tour marqué par une abstention record (près de 57%).

La conquête du pouvoir confirmée avec éclat pour Macron

Une razzia organisée avec méthode et amplifiée par le souffle de l’élection présidentielle: Emmanuel Macron est sur le point de mettre la main sur l’Assemblée nationale, un an après avoir lancé son mouvement En Marche!

Le tiers des votants (entre 32% et 33% selon les estimations) a choisi le parti du président de la République, qui devrait pouvoir s’appuyer sur 400 à 455 députés sur 577.

« Pour la troisième fois consécutive (NDLR: après les deux tours de la présidentielle), vous avez été des millions à confirmer votre attachement au projet de renouvellement, de rassemblement et de reconquête du président de la République », a souligné le Premier ministre Edouard Philippe.

Jean-Paul Delevoye, président de la commission d’investiture de la REM, a souligné sur BFMTV les « défis » qui guettent la future majorité : « beaucoup d’humilité par rapport aux fractures de la société française » et « l’extraordinaire responsabilité que nous donnent nos concitoyens à vouloir avec eux engager les réformes nécessaires pour ce pays ».

Depuis le lancement de son parti en avril 2016, M. Macron a entrepris de dynamiter le paysage politique traditionnel en prônant un « renouvellement des usages » comme des visages.

En parallèle de sa spectaculaire conquête de l’Elysée, à seulement 39 ans, il a pris soin de poser les pierres pour bâtir sa majorité, qui sera non seulement pléthorique mais diverse, voire hétéroclite.

C’est un « processus quasi industriel » qui a amené à traiter « 19.000 dossiers de candidatures », filtrés en « 600 heures de présélection » puis « étudiés 180 heures par la commission elle-même ».

Au final, 529 représentants ayant postulé en ligne ont été désignés, dont la moitié de femmes et seulement 28 parlementaires sortants, cinq critères édictés par Emmanuel Macron ayant guidé les choix de la commission d’investiture: « parité », « renouvellement », « probité », « pluralisme politique » et « adhésion au projet » présidentiel.

« Je venais des vieux partis (UMP puis UDI, NDLR) et quand on m’a dit qu’on allait procéder comme cela, je ne croyais pas vraiment que ça allait marcher », reconnaît l’ancienne eurodéputée Christine de Veyrac, membre de la CNI.

Sur le papier, c’est mission accomplie, un tour de force quand l’hypothèse même d’approcher la majorité absolue (289 députés) était encore en débat il y a un mois.

Ils doivent tout à Macron

Ce succès est aussi le fruit de compromis de M. Macron, qui a transigé avec sa promesse de présenter des candidats dans toutes les circonscriptions sans nouer d’accords d’appareil, et qui a concédé quelques « gestes politiques » en direction de ténors de gauche ou de droite (Marisol Touraine, Thierry Solère…) qui n’ont pas eu à affronter de candidat REM.

Les candidats, investis très tard mais soigneusement encadrés par le parti, ont mené une campagne-éclair, surfant sur la vague de l’élection d’Emmanuel Macron pour combler leur déficit de notoriété.

« Ils doivent tout à Macron, d’une certaine manière ce ne sont pas eux qui ont gagné », analyse un proche du président.

En un petit mois, certaines failles sont toutefois apparues.

Des propos polémiques ont resurgi, et surtout des candidats ont vu leur probité mise en cause – à commencer par l’un des plus proches du président, le ministre de la Cohésion des territoires Richard Ferrand, en ballottage favorable dimanche, tout comme la ministre aux Affaires européennes Marielle de Sarnez, tout près de l’emporter à Paris bien qu’elle ait été citée dans une affaire d’emplois fictifs présumés au Parlement européen.

« Ce soir rien n’est acquis », a pris soin de souligner dimanche soir la présidente par intérim de REM Catherine Barbaroux, en soulignant que la « faible participation doit plus que jamais nous inviter à poursuivre nos efforts pour renforcer l’engagement citoyen qui est au coeur du projet de la République en marche et même à l’origine de sa construction ».