Violences basées sur le genre : Changer les mentalités

Définies comme « tout acte préjudiciable commis contre la volonté d’une personne et fondé sur les rôles différents des hommes et des femmes que leur attribue la société », les Violences basées sur le genre (VBG) inquiètent de plus en plus les acteurs sociaux. À Bamako, au mois de juin, 2 cas de violences conjugales ayant conduit aux meurtres de deux épouses ont choqué l’opinion publique. Face au phénomène, les autorités ont entrepris la mise en place de certains dispositifs destinés à renforcer la lutte, en plus d’un processus de sensibilisation pour changer les comportements. Car ces violences, qui sont très peu dénoncées, sont très souvent bien tolérées, ce qui aboutit à leur banalisation.

« C’est l’application de la loi qui pose problème en matière de VBG. Surtout quand cela se passe en famille. C’est très difficile de sévir contre le chef de famille. C’est aussi une question culturelle, parce que le fait d’amener ces affaires devant les juridictions n’apaise pas la situation », explique Madame Bouaré Bintou Founé Samaké, Présidente de Wildaf Mali.

En effet, oser dénoncer ces violences au sein d’un foyer aggrave souvent le sort de la victime et crée une situation d’impasse. Et, malheureusement, « ce n’est que lorsque l’irréparable survient que tout le monde se mobilise », déplore Madame Bouaré.

C’est pourquoi, « il faut gérer le phénomène en amont », préconise-t-elle. Aussi bien au sein de la famille, de la société ou chez les personnes censées appliquer la loi, la vigilance doit être de mise et l’action immédiate. C’est pourquoi, lorsqu’il y a eu les premiers décès dus à des « féminicides », Wildaf Mali a alerté l’opinion et rencontré plusieurs autorités, y compris les leaders traditionnels et religieux. Cette « veille », indispensable, doit être menée par tous les acteurs sociaux et amener à agir et à dénoncer dès qu’un cas de violence est signalé, même s’il intervient dans une famille, « parce la violence ne doit pas être la norme ».

Ancré et consacré, le principe selon lequel  les femmes doivent être soumises tend à rendre la violence normale. En effet, sous prétexte qu’elle fait ou ne fait pas quelque chose, une femme peut être battue. Pourtant, « il peut arriver que l’homme agisse mal ou qu’il ne s’acquitte pas par exemple de ses devoirs, mais ce n’est pas pour autant qu’il est battu », ajoute Madame Bouaré. La violence ne peut donc se justifier, mais plusieurs facteurs peuvent contribuer au phénomène.

Causes multiples

Ces violences basées sur le genre sont en réalité des « violences faites aux femmes (VFF) », explique Madame Marie-Thérèse Dansoko, Point focal genre au ministère de la Justice et des droits de l’Homme, et elles ont toujours  existé.  Dans certaines traditions, par exemple, le trousseau de la jeune mariée contenait un fouet, destiné à son mari pour « la corriger » au besoin. Cette acceptation du phénomène contribuait à banaliser les actes de violence « grâce à la supériorité des hommes », explique Madame Dansoko.

Mais ce qui a exacerbé le phénomène, selon elle, ce sont les assassinats, qui se sont multipliés. L’une des causes de cette violence latente est à rechercher dans « l’effritement » de notre éducation. Aussi bien celle des filles que des garçons. Ces derniers, appelés donc à se réunir pour former un foyer, ne peuvent le faire, car ni « préparés, ni formés » à cet effet. Les ravages des stupéfiants, dont la consommation connaît une progression fulgurante dans notre société, fait aussi partie des facteurs d’augmentation des cas de violence. Le stress et la pauvreté  contribuent aussi à l’aggravation de ces violences.

Le phénomène, qui ne s’installe pas brusquement, est « un long processus qui naît de conflits mal gérés », note Madame Dansoko.  Puisqu’il est demandé aux femmes de tout accepter, elles essayent de gérer la situation à leur niveau, jusqu’à ce que cela les dépasse.

Même si « les violences faites aux femmes se gèrent au cas par cas », « il faut alerter lorsque l’on se sent en insécurité », conseille Madame Dansoko.

Intensifier la lutte

La lutte contre ces actes, qui portent atteinte aux droits et souvent à la vie des femmes, peut s’avérer difficile dans un contexte social où les réticences sont grandes, mais les autorités ont « pris les devants, avec la mise en place de Points focaux genre au niveau de chaque unité de police », indique Madame Dansoko. Et la police a adopté un plan d’action stratégique 2018 – 2020 qui prévoit notamment le renforcement de la capacité organisationnelle et institutionnelle de la structure au plan national.

Mais la difficulté principale de la lutte réside dans le fait que les plaignantes risquent une réprobation de l’entourage et, au pire, un divorce, ce qui fait qu’elles hésitent, notent plusieurs acteurs. Le plus dur est que « l’entourage du mari peut même considérer cette dénonciation comme une humiliation. Or, il a le devoir de protéger la femme », déplore Madame Dansoko. C’est donc aux « femmes, qui sont les premières concernées », de dénoncer les faits pour être prises en charge.

« Les hommes, sans distinction de classe sociale, commettent des actes de violence. Il faut les sensibiliser aussi », relève pour sa part Madame Bouaré. D’autant que ces violences ont des conséquences néfastes sur les enfants, qui ne pourront être les citoyens modèles que nous souhaitons.

Même si ces actes ne doivent pas rester impunis, la répression n’est pas forcément la solution, ajoute Madame Dansoko. « Il faut un processus de plaidoyer, de sensibilisation et de formation pour faire comprendre aux hommes que ces violences ne sont pas banales et sont des violations de droits ».

Adapter les solutions

Actuellement en service, un numéro vert permet d’alerter les autorités compétentes, mais il faut qu’il « couvre le territoire entier et qu’on lui donne un certain pouvoir », suggère la présidente de Wildaf Mali. Afin que les agents, lorsqu’ils  sont sollicités, ne se limitent pas à un constat. Ils doivent pouvoir prendre des mesures conservatoires, comme mettre la victime en sécurité. Une insuffisance également déplorée au niveau de la justice. « Les moyens doivent être renforcés pour garantir la protection de la victime », qui n’est pas souvent à l’abri, même après la sortie de prison de l’auteur des violences, selon Madame Samaké Oumou Niaré, magistrate, Point focal genre au Tribunal de Première Instance de la commune III.

Il faut aussi une amélioration dans la formation pour la prise en charge des victimes. « Il faut des lois spécifiques, comme c’est le cas pour la traite des personnes, dans laquelle on trouve des dispositions relatives aux VBG », note Madame Samaké. Ce dispositif, qui n’est pas formel, devrait « être  institué au niveau de chaque juridiction », selon la magistrate, ce qui permettrait d’inscrire dans la durée la lutte, qui est un processus de longue haleine.

« La loi est dissuasive et protectrice », relève Madame Bouaré, c’est pourquoi l’adoption d’une loi spécifique, très attendue par les acteurs, peut renforcer l’arsenal juridique existant, qui s’appuie sur de textes généraux, comme le Code pénal, par exemple.

Même si les « VBG ne sont pas une question de statut social », l’autonomisation des femmes constitue l’une des pistes de solutions. En effet, selon Madame Dansoko, Point focal genre au ministère de la Justice, certaines études ont démontré que les femmes qui contribuent aux charges du ménage rencontrent moins de problèmes de violence.

En attendant la mise en place des Comités d’institutionnalisation genre, les Points focaux genre sont installés dans les départements ministériels. Leur objectif est de promouvoir la Politique nationale genre (PNG) dans leur structure. Ils s’occupent notamment des questions concernant l’égalité homme – femme et surtout de lutter contre les violences basées sur le genre.

Loi anti-tabac : Quelle effectivité ?

Adoptée par le Mali en juillet 2010, la Loi N°10-033 du 12 juillet 2010, relative à «  la commercialisation et à la consommation du tabac et des produits du tabac »  peine à être appliquée. Alors que les dispositions relatives à la promotion et à la publicité sont « quasiment » respectées, celles concernant « l’exposition à la fumée » le sont nettement moins. Pour y remédier, les associations de lutte contre le tabagisme préconisent, en plus de la sensibilisation, la répression.

C’est en considération des nombreux risques sanitaires et conséquences  économiques liés à la consommation du tabac que les membres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont adopté en 2003 une Convention internationale cadre contre le tabac, ratifiée par le Mali, qui impose à tous les pays d’adopter une loi afin de réglementer la consommation et l’usage du tabac.

Pour se conformer à cette prescription, le Mali a donc adopté la loi la Loi N°10-033 du 12 juillet 2010, relative à « la commercialisation et à la consommation du tabac et des produits du tabac ». Mais on constate une « application de la loi dans certains aspects seulement », selon Maître Cissé, président de l’association SOS Tabagisme. L’interdiction de faire la publicité en faveur du tabac est « quasiment respectée » et il n’y a « pas de sponsoring du tabac pour les événements sportifs et culturels. Ce qui nous laisse sur notre faim, c’est l’interdiction de fumer dans les lieux publics », ajoute Maître Cissé.

Une réalité quotidienne à Bamako, y compris dans les transports  en commun. Et une préoccupation, car le tabagisme passif est à l’origine d’environ 600 000 décès par an dans le monde,  selon l’OMS.

Respecter la loi

Pourtant, la loi, qui interdit « l’exposition à la fumée », prévoit aussi des sanctions. Et c’est à l’État de la faire respecter, avec une volonté politique affirmée, suggère Maître Cissé, parce que les organisations de la société civile, qui peuvent informer et sensibiliser, ne peuvent « pas aller au-delà ».

« Nous croyons à la sensibilisation pour que les gens prennent conscience que ce n’est pas bon. Mais la répression doit aller de pair avec », poursuit Maître Cissé. Et, pour cela, l’association multiplie les stratégies de lutte, en mettant notamment en place des comités anti-tabac dans les écoles et les quartiers et en rencontrant des acteurs impliqués dans l’usage du tabac, afin que l’interdiction, dans l’espace scolaire par exemple, soit effectivement respectée.

Lutte contre la corruption : Changer de méthode

Loin d’être efficace, la lutte contre la corruption au Mali semble plutôt se caractériser par le laxisme, qui crée la banalisation du phénomène. Au point que chacun devient sinon auteur, au moins complice du fléau. Malgré l’existence de plusieurs structures dédiées à la lutte contre elle, la corruption continue de prendre de l’ampleur, avec de nombreuses conséquences sur les comportements individuels et collectifs. Alors que certains préconisent une application stricte de la loi, d’autres suggèrent une redéfinition du concept en fonction de nos réalités sociologiques, afin d’adapter les méthodes de lutte.

« Il y a une clarification qui s’impose. Dans le sens général, la corruption est un phénomène que nous vivons à tous les niveaux. Mais il faut distinguer différentes formes et prendre en compte la dimension sociologique, c’est-à-dire comment nous la définissons. Généralement, quand on évoque la corruption, on se réfère au niveau des institutions de l’État, par exemple. La définition, la perception, les modes de gestion  ou même de répression sont présentés sous l’angle  de l’approche générale occidentale, étrangère », relève le Professeur Ibrahim N’Diaye, chercheur et Directeur du centre d’études multipolaire « Do kayidara ». Alors qu’à partir de ce point de vue il existe d’autres « formes de corruption », qui, dans notre approche sociologique, n’en, sont pas, ajoute le chercheur. Ainsi, certaines pratiques, comme le « woro songo » (littéralement le prix de la noix de cola en bamanan), autrefois « exécutées » avec des noix des colas ou encore des poulets, sont aujourd’hui monétarisées.

Les dépenses ainsi effectuées lors de missions ou au cours d’opérations administratives  peuvent-elles être qualifiées d’actes de corruption ?

Codifier nos pratiques

Lorsqu’un usager du service public donne de l’argent à l’agent administratif qui lui a établi un acte, fait-il de la corruption ? Oui, si l’agent conditionne la délivrance de l’acte au paiement d’une somme d’argent. Mais lorsque l’usager estime qu’il est de son devoir de « faire un geste envers la personne qui a l’âge de sa mère, de sa tante ou de sa sœur, qui peut formuler des bénédictions pour lui », fait-il pour autant de la corruption ? C’est une dimension sociologique importante dans le contexte malien, selon le Professeur N’Diaye.

« Un travail d’analyse » s’impose, qui doit s’inscrire dans la durée. En effet, il faut par exemple qu’au niveau de chaque grande communauté, de « nouveaux codes soient définis », parce que les anciens ne sont plus valables.

Tant que les méthodes de lutte et la définition de la corruption seront des concepts étrangers au corps social, qui ne s’y reconnaît pas, la lutte contre la corruption au Mali restera un vain mot, parce que nous ne mettrons pas en phase nos pratiques avec nos lois. Et ceci sans aucun complexe. C’est à nous de dire quelles valeurs nous reconnaissons et voulons préserver.  Ainsi, au lieu d’une « caisse noire » dont l’existence est justifiée pour certaines institutions et certains ministères, il faut tout simplement instaurer un système « transparent », à partir duquel les lois prévoiront les allocations faites en fonction des besoins. Les fonds ainsi budgétisés seront « légitimement et le plus officiellement du monde » consommés, ajoute le Professeur N’Diaye.

Malheureusement, c’est au phénomène contraire que nous assistons, avec la consommation de fonds non budgétisés. Et, dans une forme d’hypocrisie généralisée, nous continuons d’encourager « la farce » de la lutte contre la corruption.

Des outils inadaptés

Si chaque pays connaît ses problèmes de corruption, les moyens de lutte contre le phénomène ne peuvent être efficaces que si les lois sont conformes au style de vie de chaque Nation. Ainsi, nous devons, selon le chercheur, regarder en face nos réalités et adapter nos lois à notre éthique sociale, car les « outils étrangers » sont incapables de gérer nos « profils sociologiques ».

Ainsi, parmi les institutions « budgétivores », seul le Bureau du Vérificateur Général (BVG) peut répondre aux attentes, à condition d’être « redimensionné ». En effet, le chercheur préconise la création de BVG autonomes dans toutes les régions. Cette autonomie supposera un droit de regard, de contrôle et de sanction sur les services aussi bien publics que privés.

Plus que les institutions, ce sont les méthodes qui doivent changer pour que la lutte contre la corruption puisse aboutir. En principe, si la corruption existe dans la société malienne, c’est parce que nous sommes en porte à  faux avec nos valeurs, reconnaît M. Mohamed Ben Chérif Diabaté, traditionnaliste, chercheur et fondateur du Réseau des communicateurs traditionnels pour le développement (RECOTRADE Mali). La société malienne a même construit des mécanismes pour éviter la corruption. En effet, les premières constructions n’avaient même pas de portes, parce qu’il « n’y avait pas de vols », explique M. Diabaté. Et, malgré les évolutions de la société malienne, celle-ci a toujours mis en place des mécanismes destinés « à protéger les individus contre les vices ». Donc le « vol et la corruption n’avaient pas leur place ».

Mais l’effritement de ces valeurs suite à l’abandon de notre système éducatif traditionnel a entraîné l’apparition de plusieurs phénomènes, dont celui de la corruption. Pour combattre ce fléau, la première action est une mise  en synergie des institutions officielles chargées de lutter contre la corruption, qui doivent être réunies. « Sans complexe de supériorité », il faut accepter de confronter les systèmes traditionnels existants aux structures de l’État. Parce que ce sont « les structures informelles » qui représentent la population qui « nourrissent les structures formelles », souligne M. Diabaté. Il importe donc de leur donner la parole. Et, pour défendre des valeurs, il ne faut pas « des clubs créés de toutes pièces » et censés représenter la société civile, mais de vrais représentants, suggère M. Diabaté.

Mais combattre un système qui semble avoir pris le pas sur toutes les convictions ou valeurs n’est possible que lorsque tous les maillons de la chaîne fonctionnent convenablement.

La justice, maillon faible ?

Déterminée à mener la lutte contre le phénomène, la plateforme de lutte contre le chômage et la corruption s’engage à entreprendre des actions à long terme. Malgré la médiation menée par le RECOTRADE entre le Président du CNPM et celui de la Cour suprême, elle affirme que la « lutte ne fait que commencer ». Prévoyant de « constituer des dossiers pour déposer des plaintes collectives », elle prône de mener cependant les poursuites seulement « en cas de faits avérés ». Une démarche périlleuse et même inefficace, selon le chercheur Ibrahim N’Diaye. En effet, le système judiciaire, qui est l’ultime étape du processus de lutte, est tellement corrompu que les efforts de lutte sont voués à l’échec.

Il faut donc, même à ce niveau, envisager des « mécanismes traditionnels » et réécrire nos lois en fonction de ceux-ci, indique M. N’Diaye.

Revenir aux fondamentaux signifie l’application stricte de la loi, selon le Docteur Lassana Traoré, économiste. Même s’il reconnaît que « les mesures institutionnelles ne suffisent pas et qu’il faut éduquer les citoyens avec des règles de base et d’éthique », M. Traoré ajoute que « l’un des vrais problèmes, c’est la justice ». Et c’est le système politique qui a aggravé cette situation, en assurant la promotion d’un certain nombre de valeurs non reconnues par la société, ajoute M. Traoré. À cela s’ajoute « la faiblesse » de l’État, qui n’a même pas réussi à faire appliquer les dispositions relatives à la déclaration de leurs biens par les fonctionnaires.

La corruption n’est en tout cas pas une fatalité et nous avons les moyens de la combattre efficacement. Sans revenir vers le passé, nous pouvons cependant y puiser des mécanismes de gestion des hommes et des ressources, parce que nous « avons construit trois grands empires », relève M. Ibrahim N’Diaye. Il nous faut nous inspirer de principes qui sont immuables, conclut-il.

33ème journée du CILSS : Valoriser les produits forestiers non ligneux

Le Comité permanent inter États de Lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) organise sa 33ème journée ce 12 septembre. Le thème retenu est « L’importance des produits forestiers non ligneux dans le renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et des moyens d’existence des ménages vulnérables au Sahel et en Afrique de l’Ouest ». L’occasion de mettre l’accent sur une stratégie d’adaptation aux variabilités du climat.

Renforcer la résilience des populations rurales du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest et par conséquent leur sécurité alimentaire passe par l’accroissement de la diversité alimentaire, économique et écologique des paysages. Parmi ces stratégies de diversification figurent les utilisations des produits forestiers non ligneux (PFNL).

Les arbres et arbustes présents dans ces espaces fournissent aux populations des produits alimentaires : fruits, graisse, huile, noix et condiments. Ils  constituent aussi des sources de revenus, car commercialisés et consommés de façon locale ou transformés, contribuant ainsi à l’économie nationale.

Fortes pressions Cependant, les différentes pressions exercées par des populations en pleine croissance entrainent une dégradation des espaces de production et exacerbe la pauvreté. Les ressources naturelles sont directement affectées par la réduction des espaces forestiers, conséquence du déboisement et de la perte de biodiversité, de la diminution des propriétés foncières, de celle des fertilités des sols et de la progression des emplois non agricoles.

C’est pour inverser cette tendance et accomplir son rôle dans l’atteinte de la sécurité alimentaire que le CILSS a décidé d’y consacrer sa 33ème journée. Avec pour double objectif de booster les capacités locales, afin d’assurer de façon durable la sécurité alimentaire, et de répondre aux engagements de la sous-région en matière de conventions internationales sur l’environnement et la création de richesses.

Malheureusement « ignorés pendant longtemps », les PFNL n’ont pas été suffisamment pris en compte dans les recettes. Ce qui occulta le rôle des ménages dans le secteur du commerce des produits locaux et des stratégies alimentaires, économiques et pharmacologiques paysannes.

Des revenus conséquents Ils contribuent à l’amélioration des revenus des ménages, surtout des femmes, qui les exploitent principalement. C’est pourquoi l’un des objectifs visés par la journée est de mieux faire connaître les implications de ces produits sur la vulnérabilité des secteurs stratégiques de la sécurité alimentaire. La journée souhaite aussi susciter auprès des États membres et des partenaires techniques et financiers un intérêt croissant à intégrer les solutions « émergentes » centrées sur la valorisation des PFNL dans leurs programmes nationaux afin de renforcer la résilience des populations et d’assurer une sécurité alimentaire durable.

Lutte contre le tabac au Mali : l’espoir malgré tout

Le 31 mai est consacré depuis 1988 à  la journée mondiale sans tabac. L’occasion pour l’organisation mondiale de la santé (OMS) et les organisations de lutte contre le tabagisme d’attirer l’attention sur les dangers liés au phénomène. Au Mali, environ 25% des affections traitées au service de pneumologie de l’hôpital du point G sont liés au tabagisme.

Ces  pathologies liées au tabac vont des bronchites chroniques aux pneumopathies chroniques et jusqu’au cancer, selon le Professeur Yacouba Toloba, chef du service de pneumologie de l’hôpital du point G. Actuellement 6 malades sont  hospitalisés dans son service pour problèmes respiratoires  liés au tabac dont 2 cas de cancer. L’âge moyen de ces patients qui  est de 45/ 50 ans, connaît cependant une évolution, selon le Professeur Toloba , avec des affections qui touchent de plus en plus de jeunes. Et cette tendance est à la hausse avec une augmentation du tabagisme chez ces  jeunes  fumeurs dont l’âge se situe en dessous de 15 ans.

Pour l’OMS, c’est l’occasion de rappeler que chaque année le tabac tue 7 millions de personnes à travers le monde et la moitié des fumeurs mourront d’une pathologie liés au tabac. Et sur ces décès, environ 890 000 personnes sont des « fumeurs involontaires », c’est-à-dire ceux qui sont exposés à la fumée des autres. Le fléau qui « régresse trop lentement », selon l’OMS touche particulièrement les pays à revenus faibles et intermédiaires qui comptent près de 80% du milliard de fumeurs.

L’organisation qui rappelle que la surveillance est essentielle pour mesurer l’ampleur et la nature de la consommation, ajoute qu’elle permet ainsi d’adapter les politiques.

En outre la connaissance des risques liés à la consommation du tabac, contribue efficacement à la prise de décision des fumeurs d’arrêter. Malheureusement, cette aide au sevrage n’existe pas dans un quart des pays les plus touchés.

Au Mali,  même si cette aide au sevrage  existe pour «  ceux qui ont des affections et qui sollicitent l’accompagnement des agents de santé pour ne pas être des insuffisants respiratoires de demain », selon le Professeur Toloba, les moyens restent insuffisants, selon Maître Mahamane Cissé président du réseau des associations et ONG de lutte contre le tabac (RELUTAS). Le réseau qui existe depuis 2010 se réjouit de l’existence d’un cadre juridique, notamment une loi de 2010 qui interdit la consommation dans les lieux publics et réglemente la commercialisation. Parmi les acquis, Maître Cissé note également l’existence d’une volonté politique et d’une société civile engagée dans la lutte.

Il regrette cependant le non respect de cette loi et « une forte proportion de jeunes qui continuent de fumer » ainsi que l’absence d’accompagnement pour le sevrage. Malgré ces difficultés et ce manque de moyens, Maître Cissé garde espoir dans cette lutte « noble qui est menée par des personnes motivées et convaincues. »

 

Martin Luther King : 50 ans après son assassinat, son combat toujours d’actualité

50 ans après sa mort, l’Amérique rend hommage à Martin Luther King assassiné le 4 avril 1968. Le pasteur afro-américain prônait une lutte pacifiste contre la ségrégation raciale. S’il n’a pas vu son « rêve » se concrétiser, son combat reste plus que jamais d’actualité.

« En 50 ans, nous n’avons pas réussi à combattre les derniers vestiges du racisme, comme nous l’avait demandé papa », a déclaré Bernice King, fille du pasteur. L’esclavage avait certes été aboli en 1865, mais « la ségrégation, la privation des droits civiques et les lynchages l’avaient remplacé », analyse l’historien spécialiste des Etats Unis Pap N’Diaye. Cinquante ans après, si la condition des Afro-américains a connu des changements positifs importants, notamment grâce à des politiques volontaristes de « discrimination positive », l’écart entre les communautés demeure important.

En 1972, le taux de chômage était estimé à 11% chez la population noire et à 6,8 en 2017, mais toujours au-dessus de la moyenne nationale estimée à 4%.
Un chemin parcouru, des inégalités persistantes.
Alors que seulement 38% des jeunes noirs allaient au collège en 1972, ils étaient 86% en 2016. Si la loi n’autorise pas les quotas aux Etats Unis, c’est grâce à des actions volontaristes de certains politiques et de certains « activistes », qui encouragent la formation et l’employabilité des Noirs que leur situation change. À travers notamment des mouvements comme « Buy Black »(Acheter Noir), destiné à encourager la communauté Afro-américaine à « boycotter l’économie blanche » et à consommer au sein de leur communauté. Malgré un poids économique estimé à 1000 milliard de dollars, les Afro-américains ne « pèsent » qu’un vingtième du PIB aux Etats Unis.
Si les injustices contre lesquelles, le pasteur à mener une lutte religieuse et sociale, demeurent, son message en forme de prémonition prononcé la veille de son assassinat, garde encore tout son sens, pour ceux qui comme lui, prônent une lutte sans merci mais non-violente pour plus de justice. Ils veulent garder de lui cet espoir et cette promesse qu’il leur a laissé comme un testament :
« J’ai regardé autour de moi et j’ai vu la terre promise. Il se peut que je n’y pénètre pas avec vous. Mais je veux vous faire savoir, que notre peuple atteindra la terre promise », avait t-il dit lors du dernier sermon qu’il a prononcé le 3 avril 1968.

Winnie Mandela, l’ex-épouse de Nelson Mandela, est morte

Égérie populaire mais controversée de la lutte anti-apartheid, elle fut la deuxième épouse du premier président noir d’Afrique du Sud Nelson Mandela.

Elle s’est éteinte des suites « d’une longue maladie ». Winnie Mandela, l’ex-épouse de l’ancien président sud-africain Nelson Mandela, est morte à l’âge de 81 ans, lundi 2 avril dans un hôpital de Johannesburg, a annoncé son porte-parole. « C’est avec une grande tristesse que nous informons le public que Mme Winnie Madikizela Mandela est décédée à l’hôpital Milkpark de Johannesburg lundi 2 avril », a déclaré Victor Dlamini dans un communiqué.

Egérie de la lutte anti-apartheid durant les vingt-sept années d’emprisonnement de Nelson Mandela, libéré en 1990, elle était cependant devenue une figure controversée.

Celle qui était surnommée la « mère de la nation » a notamment encouragé la violence pendant la lutte contre le régime ségrégationniste.

En 1991, elle est ainsi reconnue coupable de complicité dans l’enlèvement d’un jeune militant et condamnée à six ans de prison, une peine ultérieurement commuée en simple amende.

En 1998, la Commission vérité et réconciliation (TRC), chargée de juger les crimes politiques de l’apartheid, déclare Winnie « coupable politiquement et moralement des énormes violations des droits de l’Homme » commises par le « Mandela United Football Club », un groupe de jeunes hommes aux méthodes particulièrement violentes dont elle s’était entourée.

« Elle était une formidable égérie de la lutte, une icône de la libération », dira d’elle le prix Nobel de la paix Desmond Tutu, président de la TRC et ami de Nelson Mandela. « Et puis quelque chose a terriblement mal tourné ».

L’image du couple Mandela, marchant main dans la main à la libération du héros anti-apartheid en 1990, a fait le tour du monde. Mais les époux ne se sont jamais retrouvés. Ils ont fini par divorcer en 1996 à l’issue d’une sordide procédure qui a révélé les infidélités de Winnie. Leur animosité a continué, même après la mort de Nelson Mandela en 2013. Il ne lui a rien légué. Furieuse, elle a engagé une bataille pour récupérer la maison familiale de Qunu (sud). La justice l’a récemment déboutée de ses demandes.

JUPREC : les jeunes maliens, désormais, outiller contre la corruption

La cérémonie de clôture de la semaine de la jeunesse contre la corruption organisée par le projet Justice Prévention et Réconciliation (JUPREC) a pris fin, le lundi 22 janvier, à l’Hôtel Olympe de Bamako. Plusieurs recommandations ont été formulées à la fin de cette seconde édition.

Durant une semaine, les jeunes universitaires, certaines associations de lutte contre la corruption et de nombreuses associations de femme, ont échangé à travers des conférences et des séries de débats. Selon les organisateurs, cette seconde édition de la semaine de la jeunesse contre la corruption a été un cadre d’échanges et de formations. « Agir contre la corruption, c’est construire l’avenir que nous voulons pour notre jeunesse », a déclaré Sidi Ould, vice-président du Conseil National de la Jeunesse du Mali (CNJ-Mali). La corruption est présente dans les structures étatiques tout comme dans les écoles et dans les universités. « L’honnête, l’intégrité et la lutte contre la corruption devrait figurer au centre du système d’éducation dans nos sociétés », estime Jean-Paul Rivérin, représentant du consortium JUPREC. Continua-t-il,« nous devons donner des outils et un environnement favorable aux jeunes afin de lutter contre la corruption.»

Au cours de la cérémonie de clôture de cette édition de la semaine de la jeunesse contre la corruption, plusieurs recommandations ont été formulées par les jeunes. Parmi les lesquelles, « institutionnaliser la semaine de la semaine contre la corruption », « appuyer les initiatives des jeunes dans la lutte contre corruption », ou encore « rétablir le dialogue et renforcer l’éducation au sein de la famille sur les valeurs morales, d’intégrité et de probité ».

Une action à pérenniser

Pour la tenue de la prochaine édition, le projet JUPREC réitère son accompagnement à la jeunesse malienne. « Nous serons avec vous pour la prochaine édition », a affirmé Rauger Aubé, chef de mission du projet JUPREC. Également, Mme Traoré Marietou Senou, présidente de la communauté de pratique de lutte contre la corruption, espère que le combat contre la corruption ne doit pas s’arrêter uniquement à cette semaine, il doit continuer avec la même détermination et la même ardeur jusqu’à l’atteinte de nos objectifs.

Le JUPREC : activiste pour la cause des femmes

Entre le 25 novembre et le 10 décembre 2017, le projet JUPREC (Justice, Prévention, Réconciliation) issu du consortium constitué par « Avocats sans Frontières », l’École nationale d’administration publique du Canada et le CECI a mené 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre. Des rencontres d’échange, des débats pour sensibiliser les communautés sur le danger que représentent ces violences.

Ces deux dates symboliques marquent pour la première, la journée de lutte contre les violences basées sur le genre et la seconde la déclaration universelle des droits de l’Homme. Des dates choisies par les responsables du projet JUPREC pour mettre l’accent sur le lien entre ces violences et les droits de l’Homme. Car, « ces violences constituent effectivement des violations de droit de l’Homme », selon Madame  Maïmouna Dioncounda Dembélé, responsable Violence basée sur le genre du projet JUPREC.

L’objectif de ces 16 jours d’activisme est de permettre une large sensibilisation du public et surtout au projet de « redoubler d’effort dans nos actions de mobilisation pour justement faire le maximum de bruit sur les questions de violence basées sur le genre. Pour que cela ne soit plus tabou. Il faut pouvoir en parler sur la place publique afin que les communautés reconnaissent que ces actes de violences existent et qu’elles ont des conséquences sur les foyers. » Une prise de conscience qui aura pour effet de faire partager la conviction que « les hommes et les femmes sont différents, mais égaux », note Madame Dembélé.

Impliquer les communautés

Parmi les stratégies qu’il utilise pour atteindre le maximum de personnes, le JUPREC organise des discussions éducatives dans les communautés afin de prévenir les violences basées sur le genre.  Elles sont complétées par des séances de renforcement des capacités des acteurs de la justice.

L’assistance juridique et judiciaire est, aussi, octroyée pour lutter contre l’impunité qui constitue, selon les responsables du projet, l’une des causes de la perpétuation de ces violences. Pour atteindre ses résultats, le projet procède également au partage de bonnes pratiques à l’issue des causeries. Mis en œuvre depuis 2014, le projet JUPREC a sensibilisé les communautés et les leaders religieux sur les enjeux et les conséquences des violences basées sur le genre et sur « le besoin d’un rapport égalitaire entre homme et femme comme des sujets de droits à respecter. » Au total dans six régions du Mali (Bamako, Sikasso, Ségou, Tombouctou, Gao et Kidal), 40 jeunes des organisations de la société civile ont été formés, 36 débats éducatives, quatre conférences publiques, une soirée culturelle et trois compétitions de football ont eu lieu.

Lutte contre le paludisme: un nouveau dispositif pour la pré-élimination

Le gouvernement a pris des mesures de lutte contre le paludisme à l’approche du mois de septembre où commence la forte incidence de contamination. Objectif: faire du Mali, un pays au Rendez-vous de la pré- élimination du paludisme. 

Le dernier trimestre de l’année est la période la plus exposée au paludisme. Au Mali, le mois de septembre est généralement le moment où l’incidence du paludisme commence à être plus forte. L’hivernage étant une période qui favorise la multiplication des moustiques, les populations  sont plus exposées aux risques de contamination de la maladie. Le paludisme touche environ 2 millions de personnes et cause près de 2000 décès par an, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Pendant l’hivernage on enregistre au Mali une augmentation des cas et des décès liés à cette maladie. Selon le Dr Diakalia Koné, Directeur du programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), les zones les plus touchées sont les régions de Mopti et de Sikasso à cause de leur grande pluviométrie. Par ailleurs, une catégorie de la population est plus exposée au taux de contamination. Pour le professeur, Ogobara Doumbo, directeur du centre de recherche et de formation sur le paludisme au Mali, la population cible est surtout constituée d’enfants de moins de 5 ans, de femmes enceintes, des Maliens de la diaspora et des personnes âgées.

Face à cette situation, le gouvernement à travers le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique a décidé de prendre des mesures pour réduire le taux de contamination et permettre à la population d’être au rendez-vous de la pré-élimination cette année. Ces mesurent passent par l’organisation de la chimio prévention du paludisme saisonnier (CPS) chez les enfants de 3 à 59 mois sur toute l’étendue du territoire national. Dans les régions du nord, la CPS est couplée à d’autres activités à grande échelle telles que la vaccination, le dépistage, la prise en charge des cas de malnutrition et la distribution de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (MILD). Concernant les régions de Mopti et Sikasso, deux brigades sont chargées d’appuyer les activités de lutte contre le paludisme. Le gouvernement souhaite grâce à ces mesures lutter efficacement contre la maladie. Pour cela, les populations doivent également adopter de nouvelles méthodes de vie. Ceci implique pour chaque Malien de tenir propre son environnement. Selon Ogobara Doumbo, chacun doit aussi appliquer les stratégies efficientes qui passent par la consultation prénatale (CPN) pour les femmes enceintes et l’utilisation des MILD.