L’ONU insatisfaite de la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation

 

 

Le Secrétaire général de l’Organisation des  Nations Unies,  a produit un rapport sur la situation au Mali. Ce dit rapport qui couvre la période de mi-juin à mi-septembre  2017, met l’accent sur des faits majeurs sur le plan politique et sécuritaire, entrainant le retard  dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. Le gouvernement qui,  en dépit de  tout,  note des avancées significatives  réaffirme sa volonté de poursuivre les efforts.

Le rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la situation au Mali, rendu public le  03 octobre dernier, évoque la détérioration de  la situation depuis le précédent rapport (S /2017/478) et l’adoption de la résolution 2364  du 26 juin 2017. Une dégradation due surtout à des faits politiques et sécuritaires.  Selon le rapport,  la reprise des affrontements entre les groupes armés signataires ayant eu lieu en juillet, l’insécurité  croissante dans le centre du pays  et, l’agitation politique née du projet de révision constitutionnelle ont largement contribué à la stagnation.

Hier jeudi, 05 octobre, le  représentant spécial  du secrétaire général des  Nations Unies Mahamet Saleh Annadif, le ministre malien des Affaires étrangères et de la coopération internationale Abdoulaye Diop, et d’autres personnalités des structures  connexes ont participé par vidéoconférence à une séance  officielle  du conseil de sécurité de l’ONU à New York. La présidence de ce mois d’octobre est assurée par la France. Invité à prendre la parole  M. Annadif s’est dit heureux d’interagir à partir  de Bamako et remercie  le secrétaire général de l’ONU de lui offrir l’occasion de présenter le rapport  du SG et faire le point sur les récents développement  de la situation  au Mali, notamment la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger. Pour Annadif le débat sur le projet de révision de la constitution  et les affrontements armés entre les  principaux groupes signataires  «  ont failli remettre en cause tout le processus de la mise en œuvre de l’Accord ». Sur le projet de révision de la constitution, les tensions se sont apaisées avec la décision d’IBK d’ajourner le referendum.  De l’autre part, la CMA et la Plateforme ont  signé après une première trêve un document intitulé « Engagement » qui permet la cessation des combats et dont les clauses sont œuvres. La réunion de Haut niveau coprésidée par IBK et le Secrétaire général de l’ONU , en marge de l’Assemblée Générale de l’ONU à souligné « la nécessité d’accélérer la mise en œuvre, notamment la création de la deuxième chambre du parlement et l’opérationnalisation des collectivités territoriales , le lancement du cantonnement et du processus de DDR, l’élaboration d’une feuille de route de la Reforme du Secteur de Sécurité (RSS) et le redéploiement progressif des Forces de Défense  et de Sécurité Malienne reconstituées ».  Le représentant spécial a fait cas de la prise de fonction du gouverneur de Kidal le 19 septembre, « un retour qui ne doit pas uniquement être symbolique » a-t-il souhaité.  Le représentant spécial a en outre évoqué les élections de 2018  qui s’approchent à grand pas, la situation des droits de l’homme, la montée en puissance de l’extrémisme violent  et l’impunité entres autres. Des défis énormes à faire face cependant.  Pour Annadif, le régime des sanctions « constitue aussi un levier important  contre ceux qui poseraient des obstacles au bon déroulement du processus de paix.» Il a assuré aussi du soutien régulier de la MINUSMA aux autorités maliennes  malgré qu’elle demeure confrontée à des activités des groupes extrémistes  et autre terroristes  ainsi que des réseaux criminels. «  Ceux-ci constituent les principaux obstacles au retour de la paix, en particulier la mise en œuvre de l’Accord » a souligné M. Annadif. C’est pourquoi, la mise en place de la Force Conjointe  du G5 Sahel est selon Annadif «  une opportunité pouvant concourir à la création d’un climat  propice à la bonne exécution du mandat de la MINUSMA ».

Apres l’exposé du représentant spécial du secrétaire général, le représentant de l’Uruguay prenant la parole s’inquiète aussi de « la situation délicate au Mali » avec la dégradation de la sécurité notamment.  Il a souligné la lenteur de l’Accord signé il y a plus de deux ans «  mais en attente de mise en œuvre concrète »  s’impatiente le représentant.  Il se  félicite de la mise en place de la Force mixte du G5 Sahel et encourage ces genres d’initiatives. Il regrette que la situation en République du Mali continue de se détériorer «  du fait essentiellement des actions terroristes extrémistes ». « Mais nous sommes préoccupés aussi par les violations de dispositions  de l’Accord  par les signataires » a-t-il ajouté. Selon le représentant de l’Uruguay la responsabilité première de l’ordre et de la protection des populations incombe au premier chef  aux autorités maliennes. Quant au représentant de la Bolivie, il a salué les efforts du gouvernement du Mali  qui est parvenu à la cessation des hostilités. Il a exhorté  la communauté internationale à poursuivre ses efforts pour retrouver la paix et la stabilité au Mali.

Prenant ensuite la parole le ministre malien des affaires étrangères dit  reconnaitre  certes les difficultés qui ont jalonné le processus de paix mais estime que des progrès remarquables ont été enregistrés, comme la reconnaissance des groupes armés du caractère laïc et la forme républicaine et unitaire du Mali, la cessation effective des hostilités entre les groupes armés et les forces de défense  et de sécurité du Mali. Pour Abdoulaye Diop, en dépit de tout,  « le gouvernement reste déterminer à diligenter l’application de cet accord  car nous sommes convaincus qu’il n’ya pas d’alternative crédible  à cette voix pacifique pour le règlement de cette crise » a réaffirmé le ministre. Pour Diop, il devient urgent d’aider la force du G5Sahel et prioriser une approche coordonnée. Il dit comprendre l’impatience du Secrétaire général et des autres partenaires mais attire leur attention sur la complexité du problème. « Aucun malien, ni le gouvernement, ni la population, n’aurait pu penser que deux ans après la signature de  cet Accord  nous serions encore là, donc nous sommes plus frustrés, en tant que citoyen, en tant que responsable » a t- il fait savoir. Il a appelé à faire des remarques qui confortent et qui aident, «  et cesser de regarder seulement dans le rétroviseur » a-t-il  souhaité.

Le chef de la Minusma face à la presse

Après le renouvellement de son mandat le 29 juin 2017, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali a tenu une conférence de presse, mardi 18 juillet, à la Maison de la presse à Bamako. Animée par le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali et chef de la MINUSMA M. Mahamat Saleh Annadif, accompagné d’une délégation dont son adjointe Madame Mbaranga Gasarabwe . L’objectif de cette conférence était d’informer la presse sur les priorités stratégiques du nouveau mandat de la Mission consacré dans la résolution 2364 du Conseil de Sécurité de Nations Unies.

Intervenant au Mali depuis 2013 par la  résolution 2100 du 25 avril de la même année, le conseil de sécurité de Nations Unies a renouvelé encore une fois le mandat de la mission le 29 juin dernier.

C’est suite à ce renouvellement que le secrétaire général des Nations Unies a souhaité échanger avec la presse sur le mandat de la Minusma, la situation actuelle qui sévit dans le pays, le processus de paix encours et autres développements connexes qui concernent le pays.

Le chef de la MINUSMA a remercié la presse pour avoir répondu à l’invitation, et a situé le contexte dans lequel cet échange intervient. Pour lui, l’échange intervient après trois semaines du renouvellement du mandat de la MINUSMA, il intervient aussi au moment où l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger a dépassé ses deux ans. La rencontre intervient également après la résolution 2359 qui annonce la mise en place d’une force conjointe des pays du G5 Sahel, une force saluée par le conseil de sécurité des Nations Unies, selon son représentant spécial.

Les éléments novateurs dans le nouveau mandat de la MINUSMA sont entre autres : la volonté des chefs d’Etat du G5 sahel à mettre en place une force conjointe soulignée pour la première fois dans la résolution, le processus électoral au Mali et le soutien réaffirmé par la résolution aux Forces de Défenses et de Sécurité Maliennes en lui donnant un soutien conséquent. « La MINUSMA est entrain de finaliser un protocole qui la liera avec les Forces de Défenses et de Sécurité Malienne », ajoute le représentant spécial.

Concertant le retour de l’Administration à Kidal prévu ce 20 juillet, M. Annadif estime que l’Accord a accusé un retard énorme. «  L’accord pour la paix et la réconciliation se définit par un certain nombres d’actions à mener pendant la période intérimaire, parmi lesquelles le retour de l’administration à Kidal. Il y a eu énormément de retard pour mettre en place ces mesures, qui sont des mesures pour restaurer la confiance, parmi lesquelles les autorités intérimaires et ce qui s’ensuit » a souligné le chef de la MINUSMA. « Mais depuis un certain temps les parties maliennes ont un cadre formel pour discuter entre elles. Le CSA intervient seulement quand il y a des blocages a précisé M.Annadif.

Les affrontements entre la CMA et la Plateforme interviennent aussi alors que le retour de l’Administration était prévu pour ce 20 juillet à Kidal. « Les discussions continuent entre les mouvements et le gouvernement pour annoncer un cessez-le-feu et acter de façon définitive ce chronogramme. » Le représentant spécial tout en reconnaissant la lenteur dans la mise en œuvre de l’Accord, regrette que les deux ans soient écoulés sans qu’on puisse installer les mesures intérimaires. Mais de même le secrétaire général reste optimiste même s’il estime l’Accord complexe et difficile. « Tant qu’il y a des discussions, tant que le dialogue existe on peut dépasser ces difficultés » temporise t-il. Pour lui la crise du Nord n’est pas née en 2012, c ‘est depuis les années 60 qu’elle existe. « l’Accord de paix est parrainé pour la première fois par la communauté internationale et tous les pays voisins du Mali », assure M. Annadif

Le commandant de la force a fait état de la nature du soutien de la MINUSMA aux Forces des Défenses et de Sécurité Malienne. Il y aura un partenariat avec les forces de défenses et de sécurité maliennes, des opérations, la coordination des opérations, échange de renseignements, soutien logistique, soutien à la formation et à l’entraînement, évacuation médicale etc.

Le chef de la MINUSMA a rappelé que la MINUSMA n’a pas pour mission de lutter contre le terrorisme. Elle a une mission de stabiliser. La force du G5 Sahel qui aura pour mission de lutter contre le terrorisme, contre la criminalité organisée et le trafic de drogue est une décision africaine et qui a été soutenue par le Secrétaire général des Nations Unies. Mais les attentes par rapport aux financements n’ont pas été comblées par le conseil de sécurité de l’ONU.

Sur le sujet qui divise le plus les Maliens aujourd’hui, le représentant spécial du secrétaire général parlant de la constitution dira que « la constitution c’est un débat interne aux Maliens » , « mais depuis quelques temps nous avons constaté qu’il y a deux camps qui ont commencé à se former ». C’est dans ce cadre que la MINUSMA a discuté avec la majorité présidentielle et les parties de l’opposition démocratique pour renouer le dialogue et trouver un consensus autour de la constitution. « Nous suivons les débats, nous essayons d’apaiser la tension » a indiqué M. Annadif. Il a aussi évoqué l’impartialité de la MINUSMA entre les groupes armés «  quand vous êtes accusés par les uns et les autres cela veut dire que vous faites votre travail de façon impartiale » a-t-il souligné.

M. Annadif n’a pas manqué d’évoquer le terrorisme qui ne connaît pas de frontière. Pour lui  «  La lutte contre le terrorisme est un phénomène plus complexe » et « sa réponse devrait être collective » a-t-il martelé. Répondant aux manques des sanctions vis-à-vis de ceux qui violeraient l’Accord, le chef de la MINUSMA pense que les sanctions constituent le dernier recours.

Annadif a appelé a « sauvegarder l’Accord avec beaucoup de précaution » car dira t-il les problèmes maliens sont un problème politique, la crise malienne n’a pas de solutions militaires.

MINUSMA : Mahamat Saleh Annadif, bilan annuel

Le Tchadien Mahamat Saleh Annadif a soufflé, le 15 janvier, sa première bougie à la tête de la MINUSMA. Malgré certaines avancées, il reconnaît que des efforts restent à faire dans la mise œuvre de l’Accord pour la paix.

Pour sa toute première sortie médiatique de l’année 2017, le Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, Mahamat Saleh Annadif, arrivé 6 mois après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, n’a pas hésité à s’affranchir des stéréotypes pour faire le point de son action et des projections sur l’avenir. « La situation demeure toujours préoccupante pour moi. La signature de l’accord de paix le 20 juin a suscité beaucoup d’espoir. Je déplore et regrette une fois de plus les retards dans sa mise en œuvre car la confiance qui a permis la signature de cet accord est en train de s’effriter. Cette crise de confiance m’inquiète », explique-t-il.

Mandat affirmé Certes, la MINUSMA, depuis son déploiement en 2013, détient un triste palmarès puisqu’elle est la plus meurtrière des missions des Nations unies actuellement déployées : 80 casques bleus ont trouvé la mort ainsi que 6 autres personnels et la mission a été ciblée 75 fois. Mais Mahamat Saleh Annadif estime que la  robustesse du mandat a permis de clarifier les règles d’engagement qui la régissent. Selon lui, ces règles ont permis d’apprécier la guerre asymétrique à laquelle les forces de la mission et celles des forces armées maliennes et de l’opération barkhane font désormais face. Pour répondre à la menace qui plane sur les civils, la MINUSMA est désormais autorisée à opérer des patrouilles dans les toutes les zones où elle est présente. « Ce qui n’était pas le cas dans le mandat classique habituel. La nouvelle résolution, dans sa robustesse, nous donne l’autorisation de fournir du carburant aux troupes maliennes, de les ravitailler en vivres, de faire des patrouilles mixtes et d’aider les forces maliennes dans leur puissance à monter au nord du pays dans leur mission régalienne », souligne-t-il.

Malgré les lenteurs Même si les textes réglementaires sont promulgués, le président de la commission Démobilisation Désarmement Réinsertion (DDR), Mahamat Saleh Annadif plaide pour une synergie d’actions de tous les acteurs du processus pour accélérer la mise en œuvre rapide de l’Accord, afin que la MINUSMA puisse décider de son retrait du Mali. Pour lui, le « rêve à la fin de 2017 est que l’on ne puisse plus parler des autorités intérimaires, des DDR, qu’on ait bouclé tout ce processus et qu’on commence à préparer réellement les élections de 2018 après lesquelles la MINUSMA envisagera son départ pour permettre aux frères et sœurs maliens de prendre la relève ». En outre, avec 30 à 40% des autorités administratives et politiques réinstallées dans le nord du Mali, le représentant spécial souhaite voir cette présence à 100% en 2017 pour que cette année soit celle d’une véritable réconciliation, et croit fermement que la conférence nationale programmée pour mars prochain permettra aux Maliens de se parler et de diagnostiquer l’origine du mal afin d’avancer.

Opinion favorable Alors que sur le terrain la contestation quant à l’utilité de la Mission s’amplifie, son patron a plutôt la cote auprès des autorités maliennes et des mouvements armés, ce qui était loin d’être le cas de ses prédécesseurs, le Néerlandais Bert Koenders et le Tunisien Mongi Hamdi. Le diplomate a ainsi réussi à gagner la confiance des différents acteurs. « Annadif est un homme d’expérience qui a un talent exceptionnel pour dialoguer avec les parties. Il est pragmatique et maîtrise bien la situation », explique un membre de la commission nationale de mise en œuvre de l’Accord. L’action du chef de la mission onusienne est aussi saluée par les groupes armés. « C’est un homme d’écoute. Il ne tourne pas autour du pot et dit clairement ce qu’il pense », souligne un cadre de la CMA.

 

 

 

MINUSMA : Un mandat plus offensif et combatif.

Aujourd’hui grâce au nouveau mandat de la MINUSMA, validé le 29 juin et qui entrera en vigueur le 1er juillet, les forces de la mission onusienne peuvent désormais faire face aux attaques répétitives et à la recrudescence de l’insécurité qui a gagné du terrain. Embuscades, attaques de garnisons ou de postes militaires, tir d’obus, pose d’engins explosifs, sont les attaques récurrentes auxquelles font face les soldats de la paix sur le terrain.

Au conseil de sécurité, le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, faisait le constat suivant : « À partir du moment où nous avons compris que nous étions devenus une cible privilégiée pour les terroristes, un certain nombre de mesures ont commencé à être prise, notamment pour être plus proactif ». Cette détermination du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, semble avoir porté ses fruits. Les composantes du nouveau mandat, qui a été établi sous le Chapitre VII de la charte des Nations unies, autorisent la MINUSMA à utiliser tous les moyens nécessaires pour accomplir son mandat.

Pour ce faire, le Conseil de sécurité a décidé deux orientations majeures, concernant le processus de paix et le nouveau mandat de la MINUSMA. Sur le processus de paix, la résolution du conseil de sécurité 2295 appelle, le gouvernement et les groupes armés signataires à accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix en particulier les aspects politiques et institutionnels et ceux portant sur la défense et la sécurité. Elle établit la restauration de l’autorité de l’État comme la finalité recherchée du processus de paix et souligne l’importance du redéploiement progressif des forces de défense malienne reconstituée pour dissuader la menace terroriste. Le nouveau mandat de la mission onusienne, sera désormais plus offensif, permettra de prévenir les attaques terroristes contre les casques bleus et une protection accrue des civils.

En termes d’effectifs, la mission sera renforcée de 2049 soldats et 480 policiers supplémentaires. La nouvelle résolution assigne aussi, comme nouvelle tâche à la MINUSMA, de lutter contre les attaques asymétriques afin de défendre activement son mandat. Dans la perspective du renforcement des capacités des troupes, le Conseil de sécurité exhorte les pays contributeurs à accélérer les procédures d’achat et de déploiement de tout le matériel nécessaire. Cela va se traduire par le renforcement des capacités en matière de renseignement, la fourniture de dispositifs de protection contre les engins explosifs, la dotation en moyens militaires appropriés. Ces recommandations du conseil de sécurité traduisent les engagements sans faille de Mr Annadif en faveur d’un mandat plus robuste. La MINUSMA sera verra donc dotée de drones de surveillance, de blindés et d’ hélicoptères.

Concernant la force Barkhane, le Conseil de sécurité l’autorise « à user de tous les moyens nécessaires dans la limite de leurs capacités et de leurs zones de déploiement, jusqu’à la fin du mandat confié à la MINUSMA par la présente résolution ».

Hommage au Casque bleu chinois de la Minusma

L’hommage au sergent-chef chinois de la Minusma, tué à Gao, a été rendu hier au quartier général de la Minusma. La recrudescence des attaques contre les forces onusiennes a décidé le chef de la Minusma à renforcer le mandat opérationnel de la mission onusienne au Mali.

L’étendard bleu des Nations Unis a de nouveau drapé la tombe d’un Casque Bleu hier, mardi 7 juin, au quartier général de la Minusma à Bamako. C’est la troisième cérémonie funèbre présidée par le Chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, après l’hommage rendu aux 5 Casques bleus tchadiens tombés dans une embuscade et froidement abattus aux alentours d’Aguel’hok mercredi 18 mai, aux 5 soldats Togolais victimes du même mode opératoire dans la région de Mopti près de Sévaré, et au sergent-chef chinois Shen Liangliang tué le 31 mai dernier dans une double attaque djihadiste à Gao au Nord-Mali. « Nous nous retrouvons encore une fois ce matin pour rendre un ultime hommage à un soldat de la paix des Nations unies, Shen Liangliang, venu pour aider à restaurer la paix et la stabilisation au Mali », a solennellement déclaré M. Annadif, lors de la cérémonie. Quelque 200 personnes étaient présentes lors de cette hommage: le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, le commandant de la force militaire de la Minusma, le général Michael Lollesgaard, l’ambassadrice de Chine Lu Huiying et le général chinois Su Guanghui, ainsi que des officiers de la Minusma.

La mission onusienne au Mali, qui est la plus meurtrière des missions de maintien de la paix des Nations unies, déplore depuis le début de l’année 2016, la mort de plus de 80 de ses soldats dont 66 de nationalité africaine. Pour ce dernier mois, pas moins de 11 soldats onusiens sont morts du fait d’attaques djihadistes. « Nous allons renforcer les mesures sécuritaires et mettre à la disposition de nos braves soldats de la paix les équipements nécessaires leur permettant de mieux faire face aux défis auxquels ils font face », a ajouté, Mahamat Saleh Annadif, lors de la cérémonie. Cette déclaration fait suite à la demande du secrétaitre général de l’ONU Ban Ki-Moon, qui dans un rapport de 40 pages remis au conseil de sécurité, souhaite le renforcement du mandat de la Minusma et l’envoi de quelque 2.049 militaires et 480 policiers, ainsi que des moyens supplémentaires pour renforcer cette mission. C’est le 29 juin prochain, lors du renouvellement du mandat de la mission des Nations unies au Mali, que le Conseil de sécurité devrait confirmer un renforcement de la mission onusienne au Mali.

Mahamat Saleh Annadif : « Nous devons être plus dissuasifs »

Le chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, a tenu a rencontré la presse, pour faire le point sur la situation sécuritaire au Nord, cela avant son départ à New-York pour le débat sur le mandat.

Depuis plusieurs semaines, le nord du Mali connait un regain de l’insécurité. En l’espace de dix jours, la Minusma a perdu six Tchadiens, cinq togolais, un chinois et trois autres civils, qui ont péri dans des attaques menées par des groupes djihadistes. Idem pour les FAMA qui ont subi aussi des pertes. Toute chose qui fait dire le représentant du secrétaire général de l’ONU,chef de la Minusma que le Mali vit des moments difficiles. Le mandat de la mission sera rediscuté dans quelques jours au siège des Nations Unies et le RSSG qui se prépare pour cette rencontre a tenu à rencontrer la presse pour faire le point de la situation.

Il urge de reconsidérer la situation, en raison des récents événements. Une tendance qui se précise d’ailleurs puisque dans un rapport transmis ce mardi au Conseil de sécurité, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a recommandé d’envoyer 2500 casques supplémentaires pour renforcer la MINUSMA. « Nous devons nous montrer plus proactifs, plus dissuasifs » a déclaré le chef de la mission. Pour Mahamat Saleh Annadif, il y a un lien entre tout ce qu’on est en train de vivre aujourd’hui et le non progrès du processus de paix. « ceci est une évidence il faut partir du fait la crise malienne est d’abord une crise politique » a-t-il dit. Pour lui, si tout le monde a placé d’immenses espoirs sur l’accord pour la paix et la réconciliation, parce que l’on espérait que sa mise œuvre allait changer quelque chose. A ses dires, l’accord n’avance pas aujourd’hui,  » j’ai toujours dit et répété que la meilleure manière de ramener paix au Mali c’est de mettre en oeuvre de façon intégrale l’accord. La meilleure façon de combattre et d’isoler les terroristes c’est la mise en œuvre effective d’accord. Toute minute, tout temps perdu dans la mise en œuvre de cet accord est autant du temps gagné par les ennemis de la paix. L’insécurité, n’est pas un phénomène isolé, il est le résultat d’un certain nombre de chose ». « C’est le retard que connait la mise en œuvre cet accord qui est la cause fondamentale de cette recrudescence de l’insécurité. Il ne faudrait pas qu’on se le cache » a-t-il ajouté.

Minusma : mission impossible ?

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) est présente sur le sol malien depuis juillet 2013. Fin juin, son mandat sera réexaminé par le Conseil de Sécurité des Nations unies. Alors que le Mali continue de réclamer une évolution pour mieux lutter contre l’insécurité, dont sont victimes les casques bleus et les populations, les signaux ne semblent pas aller dans ce sens. Les propos des membres du Conseil de sécurité en mars dernier puis les récentes déclarations du Secrétaire général adjoint des Nations unies aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, indiquent que le mandat de la mission est déjà assez robuste pour faire face à la situation au Mali. Des ajustements sont cependant annoncés dans le « modus operandi » avec l’arrivée de nouveaux matériels militaires, mais aussi d’un contingent allemand qui doit renforcer l’effectif déjà déployé. Trois ans après, alors que la mise en œuvre de l’accord de paix avance poussivement, la MINUSMA se pose en acteur clé, tant sur le plan social, politique que militaire…

Une chose est déjà certaine : le mandat de la MINUSMA sera renouvelé au mois de juin prochain. Créée en 2013 pour aider à la stabilisation du Mali qui luttait encore contre des groupes armés dans son septentrion et concluait son processus de retour à la norme constitutionnelle, la mission onusienne a, au fil des années, imprimé son empreinte sur tout le territoire national. Difficile d’échapper aux véhicules estampillés UN (1, comme le lisent la plupart des Maliens) qui sillonnent les routes, tant à l’intérieur du pays que dans la capitale, Bamako. En trois années, elle a d’abord cristallisé les espoirs, puis les frustrations avant de s’engager dans un travail d’information pour mieux faire comprendre son rôle, même s’il reste encore méconnu de la plupart des Maliens.

Sur le plan social, on peut dire que le bilan est plus que positif. Plus de 2,5 milliards de francs CFA ont été investis dans des projets à impact rapide qui ont sensiblement amélioré la vie des populations bénéficiaires. L’éducation, la santé, mais aussi les infrastructures sont au nombre des actions prioritaires de la mission qui fait aussi de l’humanitaire, directement ou à travers l’appui à d’autres organisations. Le déploiement du personnel civil et militaire contribue de manière appréciable à l’économie du pays, même si les critères de choix des prestataires handicapent nombre d’opérateurs économiques peu aguerris au fonctionnement onusien. Le marché de l’immobilier mais aussi de la restauration se porte bien et ses acteurs reconnaissent volontiers le devoir « un peu à la demande des gens de la MINUSMA ». Avec comme corolaire une hausse des prix de certains produits.

Sur le plan sécuritaire, l’année qui s’achève pour la MINUSMA a été tout aussi difficile que les précédentes, avec de nombreuses pertes en vies humaines dans ses rangs. Les attaques contre les camps et surtout les convois provoquent à chaque fois un vif émoi et relancent le débat sur le renforcement du mandat de la mission. « Tout cela va être discuté évidemment, mais je crois que nous avons en face une menace terroriste qui ne se dément pas et qui, au contraire, s’est accélérée, s’est accentuée […] Il faut de ce point de vue, et nous y travaillons activement, tout faire pour que les moyens soient mis à la disposition de la MINUSMA. Des moyens humains, et nous avons de nouvelles unités qui sont sur le point de se déployer, nous avons de nouveaux équipements, y compris les nouvelles technologies de pointe », déclarait Hervé Ladsous lors de sa visite au Mali début mai. Dans ce sens, l’Allemagne devrait envoyer un contingent de 600 à 650 hommes qui renforceront activement la mission. À cela s’ajoute la mise en place d’un dispositif pour mieux sécuriser les hommes et femmes qui composent la force militaire et la police de la MINUSMA. Comme confirmé par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, lors d’un entretien sur Radio Mikado FM, Mahamat Saleh Annadif, un bataillon de logistique de convoyage, sera opérationnel d’ici le mois de juillet. « Pour nous, ce sera un grand changement dans l’accomplissement de notre mission ». En plus de permettre de mieux sécuriser nos forces (les plus touchées des 16 actuellement déployées dans le monde), le nouveau dispositif libérera des effectifs qui pourront être redéployés à la sécurisation des populations à travers les patrouilles militaires et de police. En outre, la porte-parole de la mission, Radhia Achouri insiste sur le fait que « la protection des civils n’est pas seulement militaire. La MINUSMA a usé et continue d’user de ses bons offices pour empêcher des conflits communautaires, de déployer des missions des droits de l’Homme et des affaires civiles pour des fins de protection préventive ou intervention post-conflit/incident, et même de mobiliser et d’assister des missions humanitaires pour venir en aide aux communautés affectées ».

En attendant le renouvellement, le travail de communication continue par tous les canaux, et depuis quelques mois à travers la Radio Mikado, dont l’une des missions est d’expliquer le mandat de la MINUSMA, afin que les Maliens appréhendent mieux ce que font les hommes et femmes de l’ONU au Mali depuis 2013 et apparemment encore pour longtemps.

5 Casques bleus tués, ce que l’on sait

Mercredi 18 mai dernier, en fin d’après-midi, un convoi logistique de la MINUSMA était attaqué au nord d’Aguel’hok, dans la région de Kidal (Nord-Mali), faisant 5 morts et 3 blessés parmi les Casques bleus tchadiens

Le convoi logistique de la Minusma comportait une dizaine de véhicules dont des camions, chargés de containers remplis de vivre et d’eau minérale. La Minusma fait habituellement venir ses vivres par camion de Bamako jusqu’à Gao. De Gao, le chargement est dispatché vers Kidal, Anéfis, Aguel’hok et Tessalit.

Ce long convoi était escorté par des soldats tchadiens. C’est mercredi en fin d’après-midi qu’ils sont tombés dans une embuscade. Le véhicule de tête à d’abord explosé en passsant sur une mine, créant beaucoup de poussière. «Ça a été le signal pour les djihadistes pour ouvrir le feu. Les soldats tchadiens nombreux ont été surpris par l’explosion. Le convoi étant long, les Tchadiens étaient dispersés tout au long de ce dernier pour en assurer la protection », révèle une source bien informée. L’attaque s’est déroulé sur un terrain plat, le convoi a essuyé le feu nourri de plusieurs assaillants positionnés de part et d’autre de la route. 5 Casques bleus Tchadiens sont morts, portant désormais le nombre de soldats tchadiens, engagés dans la mission de protection et de pacification de la Minusma, à 30 victimes, et 3 ont été blessés gravement.

Selon nos informations, l’attaque avait pour but d’empêcher que le convoi de ravitaillement arrive à bon port. Les attaques visant le dispositif de ravitaillement de la Minusma ne sont pas une première dans la région. Auparavant ces convois n’étaient pas protégés, les djihadistes les attaquaient, brûlaient la nourriture et parfois même les camions. Cette méthode qui consiste à couper la ligne de ravitaillement de l’ennemi est une stratégie de guerre ancienne est éprouvée visant à harceler et démoraliser l’adversaire. Des mesures de sécurité ont par la suite été prise et les convois ont été escortés par des contingents tchadiens. L’attaque a été revendiquée par Ansar Dine dès le lendemain, qui a juré que les attaques continueront, « jusqu’au départ des ennemis de l’islam et de leurs complices ». Le but des djihadistes et de leur chef Iyag Ag Ghali semble clair : le départ de la région des forces onusiennes et françaises de l’opération Barkhane.

À Kidal, la population n’a pas été surprise, « les gens s’attendaient à ça, c’est Ansar Dine qui contrôle la zone là-bas. Ils ont des complicités dans les villes, on leur dit qu’il y a tel convoi qui est sorti et ils ont le temps de planifier leurs attaques », résume fataliste un habitant.

Depuis l’attaque à Kidal, il y a une intensification des patrouilles de la Minusma, en ville et dans les marchés. Dans la zone où s’est déroulé l’attaque, la force Barkhane a procédé à l’arrestation de 3 personnes pour interrogatoire. L’un des suspects arrêtés est décédé peu de temps après son interpellation, les circonstances de sa mort restent à élucider. La Minusma a indiqué, samedi dernier que, « pour des considérations procédurales » et en attendant la conclusion de son enquête sur l’attaque du convoi, les deux autres suspects « seront remis en liberté et seront reconduits dans leur localité dès que possible ». Les corps des 5 soldats tchadiens, quant à eux, devraient être rapatriés sous peu à N’Djamena la capitale tchadienne où il leur sera rendu un dernier hommage en présence du chef de la Mission des Nations unies au Mali, Mahamat Saleh Annadif.