Hausse des prix : l’effet domino

Huile alimentaire, viande, riz, farine, plusieurs produits de consommation courante connaissent une nette envolée depuis quelque temps. Conséquences de la crise sanitaire ou de l’insécurité pour certains, ces augmentations s’expliquent par plusieurs facteurs, selon d’autres. Alors que les autorités essayent tant bien que mal de les circonscrire, les consommateurs, inquiets, redoutent l’approche du mois de Ramadan, habituellement propice à ces changements de prix.

De l’huile alimentaire, dont le bidon de 20 litres est passé de 13 000 à 17 000  francs CFA, au riz local, dont le sac de 50 kilogrammes est passé de 16 500 à 18 000  francs CFA, la hausse est bien réelle et affecte sérieusement clients et commerçants.

Hausses injustifiées ?

Si la hausse de l’huile alimentaire est « justifiée » par la rareté de l’huile locale, conséquence de la mauvaise saison cotonnière et de la rareté de la graine, la hausse du prix du riz s’explique par l’insécurité, selon un commerçant. « Plusieurs champs ont été détruits et les récoltes n’ont pas été à la hauteur ». Le prix du riz importé, dont le sac de 50 kilogrammes est cédé 16 000 francs CFA n’a pas évolué. « Parce que nous l’importons de Côte d’Ivoire. Même avec la pandémie l’approvisionnement n’a pas été affecté ».

L’insécurité est aussi invoquée par les bouchers pour expliquer le coût du kilogramme de viande avec os, passé de 2 200 à 2 400 francs CFA et de 2 500 à 3 000 francs CFA pour la viande sans os. Une hausse due selon eux au prix des animaux, de plus en plus rares. Exportés sur pied ou enlevés par des bandits, ils sont « devenus inaccessibles à cause de l’insécurité dans les zones de production », expliquent les bouchers. « Si rien n’est fait, nous atteindrons 5 000 francs avec le Ramadan qui approche », s’alarme l’un d’eux.

« C’est l’autorité de l’État qui a disparu. Chacun fixe les prix comme il veut. Nous n’allons pas paniquer ». Déplorant que les prises de décision ne se fassent pas au même niveau, M. Cheick Abdel Kader Fofana, Vice-président de l’Association des consommateurs du Mali (ASCOMA) estime que les raisons de ces hausses sont à rechercher dans les augmentations obtenues par l’UNTM et la volonté des commerçants de « préparer la hausse des prix du mois de Ramadan ».

Il espère que les concertations prévues permettront de « trouver un consensus  général sur ces produits » et que l’État jouera sa partition et au besoin envisagera les révisions nécessaires dans la législation, s’engageant à accompagner les commerçants dans « ce plaidoyer ».

Chiffres

Huile : De 13 000 FCFA à 18 000 FCFA le bidon

Riz : De 16 500 FCFA à 18 000  FCFA le sac

Viande : De 2 200 FCA à 2 400  FCFA le kilo avec os

Mali – Marche du 05 juin: Une pléiade de revendications à Bamako

La grande marche prévue ce 05 juin à Bamako rassemble de centaines de personnes au coeur de la capitale. Les forces de sécurité et les sapeurs pompiers sont mobilisés et encadrent les manifestants qui pour l’instant respectent la consigne de non violence d’une marche pacifique préalablement annoncée.
Marche du 05 juin – Il faut souligner qu’en cette période de Covid-19, toutes les mesures barrières ne sont pas respectées dans le contexte actuel. Tous les manifestants n’ont pas de masques et la distance barrière d’au moins un mètre n’est pas respectée.

 Les manifestants scandent des slogans comme « Libérez de Soumaila Cissé », « on a perdu Kidal », « l’éducation va mal », « l’hôpital des militaires annulé », « armée divisée », « IBK ne pleut plus, qu’il démissionne ». Ces messages sont le reflet de la crise sociale émaillée des marches et manifestations dans plusieurs secteurs de la vie de l’Etat.

Idelette Bissuu avec Boubacar Diallo

Mali – Marche du 5 juin: Ce que veut Cheick Oumar Sissoko

Le grand rassemblement du 5 juin 2020 auquel ont appelé le Mouvement Espoir Mali Kura (EMK), la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS) et le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) retient toutes les attentions. Si les deux dernières organisations étaient déjà dans une posture de dénonciation de la gouvernance du pays, le nouvel engagement du Mouvement EMK et  de son coordinateur, le cinéaste Cheick Oumar Sissoko, suscite encore bien d’interrogations.

Cheick Oumar Sissoko le clame haut et fort, sa principale motivation reste son amour pour le Mali. Acteur du mouvement démocratique, il estime avoir apporté toute sa vie sa contribution à l’amélioration des conditions de vie du Malien et à faire du Mali un pays rayonnant.

Pour lui donc, ce nouvel engagement n’est que l’expression de son combat constant, avec pour cette fois, un détail qui le rend particulier.

« Nous avons fait quelque chose que peu de gens ont eu à faire, c’est de faire la coordination de tous les mouvements et associations sur notre territoire qui revendiquaient jour et nuit le changement pour l’amélioration des conditions de vie, l’indépendance et la souveraineté dans notre pays », avance-t-il.

Mettre fin au système

Rupture avec le système actuel pour faire une transition et aller vers la 4ème République. C’est l’objectif nouveau qu’apporte le mouvement EMK, qui a donc, après son lancement, été démarché selon le cinéaste par les responsables du FSD et de la CMAS pour une mutualisation des luttes.

« Nous leur aurions certainement tendu la main parce que dans l’appel que nous avons lancé, un point essentiel était la mobilisation générale pour une union sacrée et un sursaut national », explique M. Sissoko.

L’ancien ministre de la Culture reste  toutefois conscient que dans la durée des divergences peuvent survenir au sein de la coalition, mais  pour lui la question qui les rassemble est d’une très grande importance au point que «  toute les divergences qu’il pourrait y avoir, nous arriverons à les surmonter parce que ce qui nous rassemble est le Mali ».

Le cinéaste l’affirme très clairement. Ses compagnons et lui attendent de ce grand rassemblement du 5 juin d’aboutir à la démission du président de la République. Mais, personnellement, il ne vise aucun autre objectif politique.

« Mon ambition politique c’est de faire en sorte que le Mali sorte de cette situation catastrophique. Et si cela se réalise avec l’union sacré que nous sommes arrivés à mettre en place, je serai l’homme le plus heureux », assure-t-il.

« Cheick Oumar Sissoko n’est pas du genre à mener ce combat aujourd’hui plus qu’au niveau des débats d’idées. Je ne le vois pas aller plus loin que cela », glisse d’ailleurs un analyste politique.

Germain Kenouvi

 

Education nationale : Après les grèves, la marche

La crise qui paralyse le secteur de l’éducation nationale n’en finit plus. Après les grèves répétitives des enseignants de l’école fondamentale et du secondaire, suivies de celles lancées par l’AEEM, la situation ne semble pas près de se décrisper. Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 ont battu le pavé mercredi 6 mars pour exiger la satisfaction de leurs revendications.

Les enseignants ont été nombreux à répondre à l’appel de leurs syndicats sur toute l’étendue du territoire national. A Bamako, vêtus de rouge et affichant des messages relatifs à leurs doléances, ces hommes et femmes de l’éducation, plus que jamais déterminés à se faire entendre, ont marché depuis la place CAN dans l’ACI 2000, jusqu’au rond pont Kwameh Nkrumah, en passant devant le siège du gouvernorat. « Nous avons pour objectif d’informer l’opinion nationale et internationale sur la crise actuelle que vit l’école malienne. Le gouvernement n’a pas honoré les points d’accords qui ont été obtenus depuis des années », explique Adama Fomba, secrétaire général du SYPESCO et porte-parole des syndicalistes.

Au cœur des blocages entre les enseignants et le gouvernement, reviennent trois revendications principales. L’octroi d’une prime de logement, la relecture immédiate du décret N°529 P-RM du 21 juin 2013 portant allocation d’indemnité au personnel chargé des examens et concours professionnels en ses articles 1, 2 et 3, ainsi que l’accès des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales aux services centraux de l’Etat.

Dans la déclaration finale qui a sanctionné l’issue de la marche, les enseignants syndicalistes disent constater, dans un premier temps, que « l’école des enfants des pauvres n’est pas une priorité pour les autorités du Mali ». Par ailleurs, ils affirment suivre avec intérêt les différentes sorties médiatiques de la ministre du Travail ces derniers jours, qui n’ont, selon eux, d’autres buts que de « discréditer les enseignants ».

A en croire M. Fomba, la marche a été largement suivie partout au Mali, dans les cercles et communes. « Vu la mobilisation, il est clair que c’est le peuple qui est derrière les enseignants pour une école performante et pour l’obtention de meilleures conditions de vie et de travail des enseignants du Mali », indique t-il.

Déterminés à ne pas céder aux « intimidations, menaces et pressions de toute nature de la part du gouvernement », les enseignants assurent user de tous les moyens légaux pour atteindre leurs objectifs. Le gouvernement de son coté, affirme que les revendications sont « irrationnelles et insoutenables ». Et en attendant, les élèves sont privés de cours…

Opposition: En ordre de marche…dans la divergence

Le 8 décembre, les forces de l’ordre dispersaient à coup de gaz lacrymogènes une énième marche de l’opposition dans les rues de Bamako. Depuis la réélection du Président IBK en août, l’opposition ne cesse de contester. Certains de ses leaders, réunis au sein du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) ne reconnaissent pas la légitimité du président, contrairement à la Coalition des forces patriotiques (CoFoP), avec laquelle ils sont alliés pour dénoncer « la mauvaise gestion du pays ».

« L’objectif final  de toutes ces marches n’est pas de créer des problèmes au pays, mais qu’il y ait un cadre de dialogue pour traiter toutes les préoccupations en cours, par ce qu’il est illusoire aujourd’hui d’organiser des  élections sur la base de l’élection présidentielle, avec toutes ses failles ». C’est ainsi que l’Honorable Mody N’diaye, Président du groupe Vigilance républicaine démocratique (VRD) résume le combat que mène l’opposition. Depuis le début du nouveau mandat du Président Ibrahim Boubacar Keita, les différentes composantes de l’opposition, au sein du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) ou de la Coalition des forces patriotiques (CoFoP), se font entendre. « L’élection présidentielle a été émaillée de beaucoup d’irrégularités et la façon la plus appropriée pour les dénoncer ce sont les marches. Celles qui ont suivi sont dues à la crise sécuritaire, à laquelle s’ajoute la crise sociale,  économique et politique », poursuit le député de l’Union pour la République et la Démocratie (URD). Les différentes actions s’inscrivent dans cette démarche. « Depuis les premiers résultats, qu’elle avait rejetés, l’opposition s’inscrit dans une logique de contestation de la légitimité d’IBK. Ses différentes manifestations démontrent qu’elle est restée sur sa position, par ce qu’elle estime que l’élection a été émaillée de fraudes et d’irrégularités », analyse Ballan Diakité, politologue et chercheur  au Centre de recherche et d’analyses politiques, économiques et sociales (CRAPES). Mais le Président de la République a prêté serment le 4 septembre, avec la reconnaissance de la communauté internationale. Pour Jeamille Bittar, Président  du Mouvement citoyen ATT (MC-ATT), membre de la majorité, « on ne change pas les règles du jeu en plein match. Il faut être des bons perdants », dit-il, s’adressant à l’opposition. « On ne met pas le feu à la case qu’on veut habiter plus tard ».

Une opposition hétérogène

Dans leur annonce de la marche du 8 décembre, le FSD et la CoFoP, ainsi que l’Adema association, devaient battre le pavé contre la « mauvaise gestion du pays ». Si les regroupements partagent cette conviction, ils divergent sur plusieurs points. Le FSD est considéré comme la branche radicale qui s’oppose depuis 2013 à IBK et qui s’obstine à ne pas le reconnaitre alors que tout est terminé et la CoFoP compte en son sein des anciens ministres du premier mandat d’IBK, comme Housseini Amion Guido ou Moussa Mara. Elle a pris acte de la réélection du président et se démarque de tout projet contraire. Dans une interview accordée il y a plus d’un mois à Journal du Mali, Housseini Amion Guindo précisait  que leur combat était différent de celui du FSD. « Nous nous associerons avec tous ceux qui sentent leur avenir menacé. Mais nous ne nous engagerons pas dans un combat qui mettra en cause l’élection du président de la République ou sa légitimité. C’est la ligne rouge à ne pas franchir », disait-il. Certains observateurs qualifient même cette alliance « d’incestueuse » et sans lendemain.  

Sur la prorogation du mandat des députés, aucun des élus de l’opposition  n’a voté contre alors que certains la désapprouvaient publiquement. « Cela peut être interprété comme une inconstance pour quelqu’un qui n’est pas initié en politique, mais toujours est-il que cette opposition  a une coalition parlementaire assez grande. Cela montre aussi une certaine connivence entre les grands partis au sein de la Nation », explique Ballan Diakité. Cette prise de position a en effet étonné ceux qui avaient foi en l’opposition. « Je me suis abstenu et ceux qui l’ont  votée ont estimé qu’en n’allant pas dans ce sens ils risquaient de se faire exclure », se défend l’Honorable Mody N’diaye, notant que « le processus est contraire à la Constitution dans tous les cas ».

Des mesures drastiques

Un nouvel arrêté du gouverneur du district de Bamako en date du 4 décembre scelle toutes grandes artères et places publiques de Bamako. Une manière de contrer toute protestation dans la capitale. En réaction, une cinquantaine d’organisations de défense des droits humains ont dans un communiqué conjoint dénoncé « une violation de la Constitution et un acte de nature à mettre en péril la démocratie malienne ». Pour le politologue Ballan Diakité, le gouverneur « n’a aucune légitimité pour interdire à des partis politiques de marcher », car « le droit de manifester fait partie des droits fondamentaux dans une démocratie ». Il s’inquiète du durcissement des mesures du gouvernement.  « Plus les jours passent, plus le régime d’IBK s’assimile à un régime autoritaire plutôt qu’à un régime démocratique. À un moment donné, il faut revenir aux textes ». Alors que le Comité pour la défense de la République (CDR)  prévoyait lui aussi une marche le 10 décembre, un dispositif policier a été installé tôt le matin au niveau des points stratégiques. Ces mesures,  qui, selon les autorités, s’inscrivent dans le cadre de l’état d’urgence, risquent d’accroitre le mécontentement.

Quelle issue ?

Dans le souci de calmer la situation politique, des leaders religieux et chefs des familles traditionnelles de Bamako ont rencontré le 5 décembre les ténors de l’opposition. Il s’agissait d’asseoir les bases d’un dialogue entre les deux parties. Même si l’initiative a son sens, elle n’a pas produit de résultats concrets, car la protestation prévue pour le samedi 8 décembre a été maintenue. Pour Ballan Diakité, un dialogue entre les deux tendances est « inopportun ». « Il n’y pas de  crise au plan interne entre les partis politiques qui nécessite un certain dialogue entre le gouvernement et l’opposition. L’opposition est dans son plein droit en marchant », justifie-t-il. Il va même plus loin. « La crise que connait le Mali, c’est celle du nord. La laisser de côté et perdre du temps sur ces questions n’est pas respectueux vis-à-vis des citoyens maliens, et surtout vis-à-vis de ceux qui sont au nord et qui souffrent de  l’insécurité depuis 2012 », ajoute-t-il.

Les défis du moment et les réformes à venir nécessitent une convergence des acteurs. Sur la question du consensus, Jeamille Bittar estime que le pouvoir a mené des tentatives. « Le président a tendu la main, mais comment comprendre qu’un Premier ministre se déplace pour une prise de contact avec des formations politiques et que les uns et les autres essayent de fermer leur porte ? », s’étonne-t-il. Il ajoute : « tout le monde veut le dialogue, mais on n’arrive pas à y aller ». De l’autre côté, on affirme aussi la même chose. Et la surenchère de l’opposition a sa finalité. « Nous avons fait une retraite au cours de laquelle nous avons traité de toutes les questions institutionnelles, des réformes administratives en cours et des perspectives de la loi électorale. Le document sera adopté ce 15 décembre par notre conférence nationale et, dans le cadre d’un dialogue constructif, nous pouvons le partager avec la majorité », révèle l’Honorable Mody N’diaye, président du groupe parlementaire VRD à l’Assemblée nationale. Déjà, le Rassemblement pour le Mali (RPM) a tenu une rencontre similaire. Le député conclut sur une note d’espoir d’un dépassement des uns et des autres pour le Mali. « Nous sommes ouverts au dialogue, nous voulons seulement qu’on ne fasse pas l’impasse sur les réformes majeures à venir et sur les propositions de toutes les parties prenantes, partis politiques comme société civile. C’est en allant dans ce sens que le pays va gagner et il qu’il y aura la paix », dit-il, convaincu.

Dr Oumar Mariko : « Les marches et meetings permettent de stabiliser le pays »

Le vendredi 16 novembre, une marche initiée par l’opposition malienne, à travers le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) et la Coalition des forces patriotiques (COFOP), a été violemment dispersée par les forces de l’ordre devant la Bourse du travail de Bamako. Des blessés ont été déplorés dont un député SADI. L’Honorable Oumar Mariko, Président du parti, livre à Journal du Mali ses sentiments sur la situation politique actuelle et les actions à venir.

Quels sont vos sentiments après la dispersion par les forces de l’ordre de votre marche, non autorisée ?

J’ai été profondément déçu de la dispersion violente de cette marche. Déçu par le comportement du gouverneur et du commissaire de police du 1er arrondissement et par l’attitude du directeur général de la police. Je suis aussi surpris et déçu par Soumeylou Boubeye Maiga, qui nous avait rencontré le matin et avait évoqué ses souvenirs de combat contre la dictature, sans rien laisser présager de ce qui se préparait contre nous. J’ai un sentiment de révolte contre de telles pratiques et la détermination pour qu’elles s’arrêtent définitivement au Mali.

Quelles actions comptez-vous mener désormais ?

Nous envisageons des actions judiciaires contre ceux qui ont posé de tels actes et également de saisir les associations des droits de l’homme, nationales et internationales. Nous comptons aussi faire jouer aux députés leur rôle parlementaire d’interpellation. Le 4 décembre, nous allons organiser une grande marche de protestation, sur toute l’étendue du territoire national, partout où nous pouvons agir, partout où nous avons des forces pour bouger.

Selon certains observateurs, la situation du pays ne sied pas à un climat politique exacerbé. Qu’en pensez-vous ?

Je pose la question : qu’est ce qui a fragilisé le pays ? Est-ce que ce sont les marches, les meetings et les dénonciations ou l’attitude irresponsable et prédatrice des gouvernants ? Si nous arrivons à la conclusion que ce sont les marches qui déstabilisent le pays, nous les arrêterons. Les marches et meeting, selon nous, ne sont pas cet élément, car ils permettent de stabiliser le pays et doivent aboutir à mettre dehors l’élément déstabilisant, le pouvoir illégal et illégitime d’Ibrahim Boubacar Keita. Il ne faut pas que les gens nous prennent pour des canards sauvages. Les députés ont voté jeudi dernier une loi de 93 milliards de francs CFA, soi-disant pour la sécurité. Mais cette somme n’est pas pour la sécurité du Mali, elle ira dans les poches de gens bien connus du pouvoir. Ce sont les intérêts de petites gens que la répression est en train de servir aujourd’hui, pas ceux du peuple.

La marche interdite de l’opposition violemment dispersée

La marche de l’opposition a été violemment dispersée ce samedi matin. Les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques afin  d’empêcher tout rassemblement.

En dépit de l’interdiction par le gouvernement, au motif de l’état d’urgence, l’opposition avait décidé de maintenir sa marche. Mais, les marcheurs n’ont pu se rendre sur l’itinéraire initialement prévu, à savoir de la place de la liberté à la bourse du travail. Le lieu de départ et le point de chute de la marche étaient quadrillés par un imposant dispositif de sécurité. Le moindre début d’attroupement était instamment dispersé. Les manifestants ont donc essayé de rejoindre le siège du parti ADP-Maliba, où s’étaient regroupés les leaders de l’opposition. Les nombreux tirs de gaz et les colonnes de fumées s’élevant au loin illustrent de la rudesse de l’offensive. Mais en dépit, de petites poches de résistance se sont formées. Installant eux aussi leurs barrières, des jeunes ont tenté de restreindre les mouvements des forces de l’ordre, en bloquant certaines artères. Elle n’aura que peu duré. Ayant subi l’offensive de la police, ils ont été contraint de fuir. Frustré, Ismaël, l’un des jeunes qualifie le régime du président IBK de « dictatorial ».

Ne s’en laissant pas compter pour autant, il a pu, comme certaines « fortes têtes » regagner les locaux de l’ADP-Maliba. Ils étaient une centaine, la plupart visiblement très éprouvés à attendre une déclaration des leaders de l’opposition. Soumaila Cissé, chef de l’opposition s’est dit outré par l’action du gouvernement, assurant à ses partisans une défaite du président IBK lors de la prochaine présidentielle. « C’est triste lorsque l’on va attaquer des gens jusqu’à chez eux, mais je suis fier de vous soyez tous là, en dépit de ce qui se passe, votre détermination est notre force, nous sommes prêts à donner nos vies pour le Mali » a t­-il affirmé, avant, avec d’autres chefs de partis, de prendre la direction de l’hôpital Gabriel Touré pour aller visiter des blessés, qui seraient une douzaine selon un bilan officieux.

Gaza : 5 Palestiniens tués et 250 blessés par des soldats israéliens

Cinq Palestiniens ont été tués et plus de 400 blessés par des soldats israéliens lors de protestations vendredi près de la frontière entre Gaza et Israël, une semaine après une journée particulièrement meurtrière lors de manifestations similaires.

Le 30 mars, au début d’une série de manifestations palestiniennes pour réclamer le retour des réfugiés et la fin du blocus de Gaza par Israël, les violences ont coûté la vie à 19 Palestiniens et blessé quelque 1 400 autres, la journée la plus sanglante depuis la guerre en 2014 entre Israël et le Hamas palestinien.

Vendredi, des milliers de Palestiniens se sont à nouveau rassemblés près de la barrière de sécurité séparant le territoire israélien de l’enclave palestinienne contrôlée par le mouvement islamiste Hamas, ennemi juré de l’Etat hébreu. Des affrontements ont éclaté en plusieurs lieux longeant la barrière. Des manifestants ont incendié des pneus et lancé des pierres sur les soldats israéliens, provoquant des champignons de fumée au-dessus de la barrière de sécurité, selon des correspondants de l’AFP sur place. Les militaires ont riposté en tirant des gaz lacrymogènes et des balles réelles.

Le ministère de la Santé à Gaza a indiqué que cinq Palestiniens avaient été tués par des tirs de soldats israéliens, dont un adolescent de 16 ans. Plus de 400 Palestiniens ont été hospitalisés après avoir été blessés par des tirs de balles ou de gaz lacrymogènes. En prévision des protestations, de jeunes Palestiniens avaient collecté des pneus pour les faire brûler et empêcher ainsi les tireurs israéliens de les voir distinctement. Mais les soldats ont installé d’énormes ventilateurs avec l’objectif apparent de dissiper la fumée. Ils ont également utilisé des canons à eau. Selon l’armée israélienne, environ 20 000 Palestiniens se sont rassemblés près de la frontière, notamment à l’est des villes de Khan Younès et de Gaza. Certains ont pris part à des heurts et ont «tenté d’endommager et de franchir la barrière de sécurité sous un écran de fumée créé par les pneus enflammés».

Les manifestations de vendredi étaient néanmoins moins importantes que celles d’il y a une semaine. Le 30 mars, des dizaines de milliers de Palestiniens avaient afflué près de la barrière de sécurité, la plupart de manière pacifique, au premier jour de «la marche du retour». La protestation inédite de «la marche du retour» prévoit des rassemblements et campements durant six semaines à la frontière Israël-Gaza pour réclamer «le droit au retour» de quelque 700 000 Palestiniens chassés de leurs terres ou ayant fui lors de la guerre qui a suivi la création d’Israël le 14 mai 1948.

Le mouvement doit prendre fin le 15 mai, jour que les Palestiniens nomment la “Nakba” ou “catastrophe”, marquant l’exode de centaines de milliers de Palestiniens lors de la création de l’Etat d’Israël en 1948.

Recasement : Le casse-tête des commerçants du Grand marché

Reloger les 3000 commerçants du Grand marché de Bamako, en attendant la construction d’un marché moderne, c’est la délicate mission du Comité mis en place à cet effet. Sur les sites initialement identifiés, le Champ hippique semble pour le moment tenir la corde. Mais sa mise à disposition se heurte à la réticence de certains acteurs.

Situé en Commune II du District de Bamako, le Champ hippique est un espace qui fait l’objet d’un titre foncier de 35 hectares appartenant à l’État. Sur cette superficie, 28 ont été « mis à la disposition du Champ hippique », sous la tutelle du ministère des Sports. Il a donc été identifié parmi les sites potentiels pouvant accueillir les commerçants en attendant la réalisation du marché moderne.

L’incendie du 11 décembre 2017, qui a ravagé le Grand marché de Bamako, a convaincu autorités et commerçants de la nécessité d’accélérer la construction d’un nouveau marché.  Le « Comité de pilotage du processus de reconstruction du Marché rose et des Halles aux légumes du District de Bamako », mis en place depuis le lancement des travaux, en septembre 2017, a donc entamé une série de concertations. Parmi les sites identifiés, le Champ hippique paraissait avoir les meilleurs arguments. Selon le Comité, 4 hectares sont nécessaires pour accueillir les commerçants et il reste 7 hectares « disponibles ». Mais certains s’opposent à ce projet. Les 7 hectares « inexploités » sont utilisés par des maraîchères et des habitants de la commune sont aussi réticents à cette installation provisoire des commerçants.

La dernière rencontre, tenue le 16 février 2018 sous l’égide du ministère des Collectivités territoriales, a réuni les  différents ministères concernés, la Mairie du District de Bamako, les commerçants, la  Commune II, qui abrite le site, et  des chefs de quartier de cette commune. Parmi les conclusions retenues par le ministère, il y a la mise en place d’une Commission, présidée par la Mairie de la Commune II, chargée de « la délimitation des 28 hectares mis à la disposition du Champ hippique » et de « l’évaluation financière des exploitations maraîchères en vue de leur indemnisation ». Parallèlement, la recherche d’une stratégie alternative d’identification d’autres sites se poursuivra.

Une situation que Gaoussou Coulibaly, Président du grand marché, dit ne pas comprendre. « Le Champ hippique appartient à l’État. La construction du marché est un projet de l’État. Les autorités doivent assumer leurs responsabilités ». Malgré leur désarroi et leur incompréhension face à cette situation, les commerçants ont identifié 2 autres sites, en Communes II et III, en accord avec les autorités concernées. Si l’espace en Commune III, qui abrite la foire annuelle de cette commune, semble acquis, celui de la Commune II, non loin du Champ hippique, est actuellement occupé par des mécaniciens.

« Si nous n’avons pas d’endroit pour  travailler, c’est un manque à gagner pour l’État », affirme M. Coulibaly, qui semble s’impatienter. Car, en effet, les travaux d’aménagement des sites d’accueil auraient dû commencer en janvier et le déménagement être effectif le 15 mars.  Craignant même une remise en cause de la construction du nouveau marché, dont le chantier devrait démarrer en juin, le responsable du Grand marché assure que « le désordre actuel », ne profite à personne. « Vous ne pouvez pas empêcher les gens de rechercher leur pain quotidien », même si les conditions sont difficiles et dangereuses sur le site incendié, reconnaît M. Coulibaly. Des risques qui seront multipliés si l’hivernage commence dans ces conditions, redoute notre interlocuteur, qui espère que les autorités prendront les mesures nécessaires pour rapidement réaliser ce marché moderne, qui contribuera selon lui non seulement à la fluidité de la circulation dans la capitale mais surtout à l’essor des affaires.

Le ministère en charge des Collectivités est en tout cas décidé à « clarifier la situation du Champ hippique », selon ses responsables. A l’issue de la réunion, il a aussi tenu à préciser que « la reconstruction du Marché rose et des Halles aux légume se fera simultanément », pour dissiper tout malentendu à propos de la réalisation séparée de ces 2 blocs. Les acteurs, qui se réuniront désormais sous l’égide de la Mairie du District, doivent se rencontrer d’ici quelques jours pour « faire avancer ce dossier », conclut une note du ministère des Collectivités territoriales.

 

Marché de Noël : les acheteurs de jouets se font attendre

À la veille de la fête de Noël, le marché des jouets ressemble un peu au temps qui fait ce 23 décembre 2017 à Bamako. Timide pour ne pas dire morose, l’atmosphère n’est pas encore à la fête. Les jouets s’enlèvent au compte-goutte et les vendeurs ne sont guère optimistes.

À quelques pas de la Cathédrale de Bamako, à l’entrée du grand marché de Bamako, les vendeurs de jouets et autres accessoires de Noël attendent désespérément les clients.

Mamadou Sanogo, s’est spécialisé depuis environ une vingtaine d’années dans la vente des accessoires de Noël : sapins, guirlande et autres objets de décoration sont exposés devant sa boutique. Il relève que cette année le marché des objets de Noël est très irrégulier, quelque fois intense, d’autres fois très lent.  Difficile donc de dire qu’est ce qui s’achète le plus. « C’est chacun, selon ses besoins. Certains achètent un sapin, d’autres des guirlandes. » Les clients sont généralement des chefs de famille, qui par habitude fêtent Noël, peu importe d’ailleurs leur religion. Les prix des sapins qui varient par exemple de 3000 francs jusqu’à 40 000 francs CFA, ne sont pas différents de ceux de l’année dernière. Mais la particularité cette année, étant que beaucoup d’articles ne sont même pas arrivés en raison d’une grève dans le transport ferroviaire à Dakar, d’où transitent les marchandises, ce qui fait que les commerçants n’ont pas un large choix de produits. Malgré tout, Monsieur Sanogo espère faire de bonnes affaires, car les clients attendent souvent les dernières heures pour acheter.

Fortunes diverses

Moins optimiste, Lamine Diallo qui vend des jouets depuis environ 5 ans, estime que l’année dernière a nettement été meilleure. S’il ne connaît aucun problème d’approvisionnement, il attend toujours les clients. Difficile donc dans ces conditions de dire quel jouet a la côte. Même si la tendance générale reste aux voitures et aux pistolets pour les garçons, et les poupées et dinettes pour les filles. Il n’espère guère une amélioration de la situation, car « c’est la situation générale même qui est difficile. »

A quelques mètres de lui, Mambé Damba a un peu plus de chance, même s’il estime aussi que cette année est plus difficile. « Les prix sont abordables et le marché est bien fourni. Seulement les gens n’ont pas d’argent », affirme le commerçant qui vient de réaliser une vente de 50 000 francs CFA. Un promoteur de « jardin d’enfants » (maternelle), qui vient acheter des cadeaux pour ses jeunes élèves qui s’en vont en congé de Noël.  Chaque année, à l’occasion de la fête de Noël et à la fin de l’année scolaire, Ibrahim Badra Touré s’acquitte de cette obligation. « Cette année, le problème est que j’ai acheté beaucoup moins de jouets que l’an passé. Parce que ce sont les parents qui donnent une cotisation avec laquelle nous achetons les jouets. Cette année, plusieurs d’entre eux n’ont pas payé. Mais nous allons néanmoins donner les cadeaux à tous les enfants, pour ne pas les frustrer », en espérant que « les parents paieront quand ils auront l’argent », conclut Monsieur Touré.

Le marché rose de Bamako encore ravagé par le feu

Très tôt ce 11 décembre 2017, un incendie s’est déclenché au niveau du « marché rose » au grand marché de Bamako. Rapidement arrivés sur les lieux les agents de la protection civile ont pu circonscrire le feu qui n’a pas fait de victimes, mais a causé de nombreux dégâts. Cet énième incendie pose la récurrente question du manque de respect des règles de sécurité, pointé du doigt par plusieurs acteurs.

Pas de pertes en vie humaine, mais des dégâts très importants non encore estimés, c’est le bilan de l’incendie survenu ce matin au marché rose de Bamako. Alertés par la Direction générale de la police à « 4 heures 22 », selon le Commandant Bakari Dao, Directeur régional de la protection civile du District de Bamako, les agents de la protection civile arrivent très vite sur les lieux du sinistre. Les premiers secours arrivés de Dravéla sont vite rejoints par d’autres renforts et se font même aider par l’Agence pour la Sécurité de l’Aviation Civile (ASECNA), selon le commandant Dao. Et après deux heures d’intervention, ils arrivent à bout de « trois foyers violents ». Le feu est maîtrisé mais la fumée se dégage encore des lieux, quatre heures après le début du sinistre. Si les causes de l’incendie qui seront déterminées par l’enquête de la police, ne sont pas encore connues, les conditions de sécurité au sein du marché sont déplorées. « Les dispositions sécuritaires prises au niveau du marché ne sont pas respectées. D’autant plus qu’il était difficile pour nous de cheminer pour aller à la base de l’incendie. Ensuite les poteaux d’incendie au niveau du marché ne sont pas alimentés », note le commandant Dao qui déplore que l’une des difficultés constitue l’impossibilité pour les sapeurs-pompiers d’accéder au site et aussi l’obligation d’aller chercher de l’eau à 2 ou 3 km alors des bouches d’incendie sont au marché mais inaccessibles.

Des mesures de sécurité non respectées

Des voies d’accès inaccessibles, c’est aussi ce que déplore Monsieur Lassana Sacko commerçant au grand marché, arrivé sur les lieux aux environs de 5 heures 40. Touché par la gravité des dégâts (une de ses boutiques situées sur le lieu de l’incendie ayant brûlé), il regrette cette situation récurrente due au non-respect des règles en la matière. « La gravité ce cet incendie est due aux difficultés d’accès à ce marché. Les pompiers viennent de partir chercher de l’eau, alors qu’il y a des bouches d’incendie ici. Mais des places ont été attribuées là-dessus à des commerçants qui l’occupent. Ce n’est pas facile. Nous [commerçants : NDLR] sollicitons les places, et les autorités l’accordent. Je pense qu’il faut mener des réflexions. Nous devons d’abord penser à notre propre sécurité en libérant les voies et en évitant de nous passer l’électricité n’importe comment, au vu des autorités qui ne disent rien », conclut Monsieur Sacko.

Arrivé sur les lieux en compagnie du Maire du District de Bamako, le ministre de la Décentralisation et de la fiscalité locale Monsieur Alhassane Ag Hamad Moussa, déplore les dégâts. « Nous venons de faire le constat amer d’importants dégâts matériels. Heureusement il n y a pas eu de perte en vie humaine », relève le ministre qui ajoute que des mesures doivent être rapidement envisagées pour éviter la répétition de tels sinistres. Il faut « accélérer l’aménagement des sites de recasement pour que les opérateurs économiques soient recasés conformément à ce qui a été convenu. Afin que les travaux puissent démarrer », conclut le ministre.