Israël : Netanyahou à la peine

Alors que l’espoir était revenu au sein des 38 000 migrants menacés d’expulsion, le Premier ministre israélien a opéré une totale volte-face : mort l’accord pour leur naturalisation ou leur déploiement dans d’autres pays. La politique a eu raison d’une décision humanitaire.

Stupeur et déception. A quelques jours de l’expiration de l’ultimatum fixé pour démarrer l’expulsion des migrants africains présents sur son territoire, Benyamin Netanyahou, le Premier ministre d’Israël, annonçait le 2 avril, l’abandon de son projet controversé. Un accord trouvé avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) permettait de régler leur sort. Netanyahou, qui considérait les migrants comme une«menace» bien plus grande pour l’État hébreu que les djihadistes, leur laissait un choix: accepter un billet d’avion vers «un pays tiers» (plus précisément le Rwanda ou l’Ouganda, via un arrangement financier officieux) ou se retrouver incarcéré pour une durée illimitée en Israël. Le tollé provoqué par cette initiative avait profondément divisé l’opinion publique israélienne mais aussi le monde politique. Et c’est bien la pression politique qui a fait rétropédaler le Premier ministre.

« Girouette apeurée » Cinq heures après l’annonce du plan avec le HCR, ce dernier est parti en fumée. La coalition d’ultra-droite du Premier ministre n’a en effet pas voulu entendre parler de cet accord avec l’ONU. Accusé de créer « un paradis pour les infiltrés » (désignation officielle des migrants) et d’avoir « capitulé », Netanyahou n’a eu d’autre choix que de faire marche arrière, se couvrant par la même occasion de discrédit face à ses partenaires internationaux. Ces derniers d’ailleurs, dont l’Allemagne et l’Italie, citées par Netanyahou comme prêtes à ouvrir leurs portes aux réfugiés, avaient démenti l’information.

A l’intérieur de ses frontières, il ne fait donc pas beau temps pour le Premier ministre, acculé par son opposition et inquiété par la justice, qui enquête sur des soupçons de corruption. A l’extérieur non plus la situation n’est pas reluisante. Les Palestiniens ont entamé le 30 mars, la « Marche du retour », grande manifestation déployée en cinq points de la zone frontalière avec Israël. L’armée en a tué dix-huit et blessé par balles des centaines d’autres. Des « exactions » condamnées par la communauté internationale, qui dénonce un usage excessif de la force. Une force que le pouvoir israélien, renforcé ces derniers mois par son allié américain, a bien l’intention de continuer à utiliser. Et pas comme « une girouette apeurée », comme l’a moqué le leader centriste Yaïr Lapid.