Niger : l’Occident veut conserver son dernier allié au Sahel

3ème coup d’État au Sahel depuis 2020, après le Mali et le Burkina Faso, et 4ème en Afrique de l’Ouest avec la Guinée, le renversement du Président Mohamed Bazoum au Niger, le 26 juillet 2023, passe mal dans la communauté internationale. Dans ce pays, considéré comme le dernier allié de l’Occident dans la région, la pression des puissances occidentales s’accentue pour une réhabilitation sans délai du Président déchu.

Le coup d’État au Niger suscite depuis une semaine une vague de condamnations à travers le monde. En première ligne contre le coup de force du Général Abdourahamane Tchiani, à l’heure où nous mettions sous presse certains pays occidentaux brandissaient la menace de suspension de leur coopération et/ou soutenaient les sanctions et les efforts de la CEDEAO et de l’Union Africaine pour un retour à l’ordre constitutionnel.

La France, qui a une présence militaire importante au Niger, où sont stationnés 1 500 militaires dans le cadre de la nouvelle formule de Barkhane après le retrait de l’opération du Mali, a annoncé le 29 juillet suspendre, avec effet immédiat, « toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire, demandant le « retour sans délai à l’ordre constitutionnel nigérien autour du Président Mohamed Bazoum, élu par les Nigériens ».

La veille, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken avait assuré du « soutien indéfectible » de Washington au Président déchu et souligné que le renversement de son pouvoir remettait en cause des centaines de millions de dollars d’aide américaine au profit du peuple nigérien.

À l’instar de la France, les États-Unis disposent de près d’environ un millier de militaires au Niger et surtout de deux bases aériennes, l’une à Niamey et l’autre à Agadez, dans le nord du pays, équipée de drones et faisant office de pivot pour l’armée américaine. Les Etats-Unis ont évacué le personnel non nécessaire de leur ambassade. Le président Joe Biden a appelé jeudi 3 août à la libération immédiate du président Mohamed Bazoum.

Par ailleurs, l’Allemagne, dont l’armée possède aussi une base militaire dans la capitale nigérienne, qui lui sert de plateforme pour le retrait de ses forces du Mali et où opèrent actuellement une centaine de soldats, a apporté son « plein soutien à l’évolution démocratique du Niger ».

« Avec l’Union européenne, nous avons soutenu le gouvernement civil et restons persuadés que seul un gouvernement démocratique pourra apporter des réponses aux défis du pays », a martelé Annalena Baerbock, la Cheffe de la diplomatie allemande.

Dans la foulée, Joseph Borell, Chef de la diplomatie européenne, a assuré de son coté que l’Union Européenne « ne reconnait pas et ne reconnaitra pas » les autorités issues du putsch du 26 juillet. L’institution a en outre décidé de la suspension, avec effet immédiat, de toute aide budgétaire et de toute coopération dans le domaine sécuritaire avec le Niger.

Mali – Transition : les mille et une difficultés des journalistes

Le rapport « Dans la peau d’un journaliste au Sahel », publié le 3 avril dernier par Reporters sans frontières, met en évidence d’immenses obstacles à être journaliste au Mali. Déjà confrontés au non versement de la subvention allouée aux médias depuis 2019 et à un ralentissement des mannes publicitaires, ils peinent également à faire leur travail à cause de l’insécurité et de la répression politique.

Il est de ces épreuves de vie qui sont plus dures que la mort. Depuis 2016, Birama Touré, journaliste de l’hebdomadaire Le Sphinx, est porté disparu après avoir été enlevé à Bamako. Sept ans sans donner signe de vie. « Personne ne sait s’il est vivant ou mort », dit l’un de ses proches, pour lequel la situation est toujours difficile. Le 6 avril dernier, c’est le journaliste Aliou Touré, Directeur de publication du journal Le Démocrate, qui a subi le même sort dans la capitale malienne, avant finalement d’être libéré le 10 avril par des ravisseurs non identifiés.

Une chance que n’ont toujours pas eue les journalistes maliens Hamadoun Nialibouly et  Moussa M’Bana Dicko, enlevés respectivement en septembre 2020 et en avril 2021 au centre du Mali par des hommes armés.

À Bamako comme à l’intérieur du pays, les journalistes subissent des agressions. « Il est indéniable que le métier de journaliste au Mali est devenu extrêmement difficile en raison de l’insécurité qui règne dans le nord et le centre. Les risques auxquels sont confrontés les journalistes dans ces localités sont très élevés. Les enlèvements, les menaces et les intimidations sont monnaie courante pour eux », explique Modibo Fofana, Président de l’APPEL Mali. En outre, certains se retrouvent aussi « cyber harcelés et menacés », indique le rapport, qui met l’accent sur le cas de Malick Konaté. Victime régulièrement de cyber harcèlement et d’intimidation depuis début 2023, le journaliste reporter d’images (JRI), également fondateur de la web télévision Horon32, a dû quitter le pays.

Face à la situation, les organisations de la presse s’organisent. Une cellule réunissant l’ensemble des organisations professionnelles de la presse a été créée suite à la disparition du journaliste Aliou Touré. Et elle continue d’œuvrer malgré son réapparition. « Nous demandons à l’ensemble de la presse de continuer cette synergie d’actions et de se donner la main pour faire aboutir nos revendications les plus légitimes pour une presse libre, indépendante et responsable. Dorénavant, la Cellule de crise mise en place va s’intéresser au cas Birama Touré, pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire », a indiqué le 11 avril dernier le Président de la Maison de la Presse, Bandiougou Danté.

Militarisation : la police va rentrer dans les rangs

La loi portant militarisation de la Police nationale et de la Protection civile adoptée ce jeudi par le CNT à 111 voix pour, 0 contre et 0 abstention et saluée par une partie de la population, amènera les éléments de ces forces à être déployées sur les « terrains chauds » et à aider l’armée dans la lutte contre le terrorisme. Le syndicalisme sera en outre supprimé. Si ces éléments sont clairs, d’autres sont pour l’heure plus confus, notamment la transposition des grades.

D’une pierre deux coups. Armer les policiers dans la lutte contre le terrorisme et mettre fin au syndicalisme de ce corps, dont les revendications se faisaient plus prégnantes. Les policiers déployés dans les zones de conflits, dépourvus d’armes lourdes au vu de leur statut de paramilitaires, en auront désormais pour appuyer l’armée contre le terrorisme. « Actuellement, on a affaire à des terroristes qui viennent avec des armes de guerre. Nous sommes aussi exposés que les militaires, sinon plus, car, étant plus près de la population, nous devenons des cibles plus faciles ici, où les armes circulent librement. Face à eux, avec nos PA (Armes automatiques, NDRL), il est difficile de les contrer », explique un sous-officier de la police déployé au sein du Groupement mobile de sécurité (GMS) de Gao.

Rien qu’en 2022, plusieurs policiers ont perdu la vie dans des attaques terroristes : deux le 21 février à Tombouctou, un autre dans la nuit du 23 au 24 juin à Fana, cinq le 7 août sur l’axe Koury – Koutiala…

« Nous sommes depuis quelques années dans une situation exceptionnelle. Une dynamique sécuritaire qui a pris des proportions que le pays n’avait jamais connues jusque là. L’État ne joue plus son rôle régalien sur une bonne partie du territoire du fait de cette crise sécuritaire. Ce contexte assez particulier oblige à adapter les réponses sécuritaires. Cette volonté de militarisation de la police s’inscrit dans la recherche d’une réponse coordonnée autour de la problématique du retour de l’État dans les zones où il est absent », explique Soumaïla Lah, Coordinateur national de l’Alliance citoyenne pour la Réforme du secteur de la sécurité.

C’est d’ailleurs « au regard de la situation sécuritaire et des défis multiples auxquels les forces de défense font face » que le gouvernement explique dans son projet de loi sa décision de militariser la Police nationale.

Ainsi, en plus de ses missions classiques de maintien de l’ordre et de police judiciaire, elle pourra être déployée dans les zones reconquises par l’armée afin d’y assurer la sécurité des populations et de leurs biens et d’empêcher le retour des terroristes. Les agents bénéficieront de ce fait, selon le projet de loi du gouvernement, des mêmes avantages que les autres militaires engagés en opérations. Tout comme les sapeurs pompiers, qui seront aussi militarisés pour couvrir « l’arrière des forces engagées au combat » en appuyant la Police.

Discipline militaire

D’un autre côté, les autorités de la Transition mettront fin aux revendications syndicales de la Police nationale. Il lui sera appliqué la discipline militaire : le strict respect des règles, de l’ordre et de la rigueur. Les différents syndicats de la police nationale (14) seront supprimés. Ce dernier point constitue pour plusieurs observateurs la véritable raison « inavouée » des autorités de la Transition d’adopter le projet de texte, « presque en catimini », en plus au lendemain du 4 octobre (Journée de la Police) et après les renouvellements de certains bureaux des syndicats des Officiers et des Commissaires, notamment celui du Syndicat national des Commissaires de Police du Mali, le 1er octobre dernier.

Adoptée, la loi mettra aussi fin à « l’accentuation des attitudes peu orthodoxes : des Directeurs généraux, nationaux et hauts gradés du corps parfois menacés et pourchassés par des policiers mécontents, des policiers en cortège dans les rues de la capitale, le refus d’obtempérer à l’ordre hiérarchique », croit le Dr Aly Tounkara, expert défense et sécurité au Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S).

En effet, depuis le début de la Transition, les policiers se sont fait remarquer. Le 3 septembre 2021, ils étaient une centaine à prendre d’assaut la Maison centrale d’arrêt de Bamako pour exiger la libération du chef des Forces spéciales antiterroristes (FORSAT), le Commissaire divisionnaire Oumar Samaké, placé en détention dans le cadre de l’enquête sur la répression, en juillet 2020, du mouvement de contestation, sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Et, depuis l’unification de la grille indiciaire des personnels relevant des statuts des fonctionnaires de l’État, des Collectivités territoriales, des statuts autonomes et des militaires par l’Ordonnance 2021 n°2021-003 du 16 juillet 2022, signée par le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, les syndicats de police ne cessent de dénoncer par des manifestations une « discrimination » et une « marginalisation » de la Police nationale, « ignorée » dans la transposition de la grille salariale unifiée.

Inquiétudes

« Le sentiment partagé par beaucoup de policiers vis à vis du projet de militarisation est que la démarche n’a pas été inclusive et démocratique. C’est comme si les concernés n’avaient pas eu droit à la parole », constate Dr Aly Tounkara. La synergie des syndicats de la police a dans un communiqué en date du 19 octobre déploré que ce projet n’a fait l’objet d’aucune consultation des acteurs concernés. Lors d’une séance d’écoute avec la commission du CNT en charge du dossier, les deux représentants des syndicats ont insisté sur la nécessité d’un renvoi pour mener des discussions préalables afin d’aboutir à un projet consensuel, la préservation des acquis en terme d’avantages, des garanties en amont du maintien des corps et grades en ayant des équivalences avec ceux de l’armée afin d’avoir une grille harmonisée dans le nouveau statut.

Plusieurs syndicalistes de la police voient en la militarisation « une volonté de nous empêcher de lutter pour nos droits. Sinon, nos éléments sont déjà présents dans plusieurs localités à risques », indique un président de syndicat sous couvert de l’anonymat. Selon ce dernier, par respect pour les policiers, les autorités de la Transition auraient dû rassembler l’ensemble des syndicats de la Police pour prendre leur avis et leur expliquer comment va être mise en place la militarisation. « Jusqu’à présent, on ne sait pas clairement tout ce qu’elle va impliquer », déplore-t-il.

Dans le projet de loi du gouvernement, quelques indications sont esquissées. L’article 2 indique que les fonctionnaires de la Police nationale et de la Protection civile seront gérés par le Statut général des militaires, en les plaçant sous l’autorité du ministre en charge de la Sécurité. Le ministère de la Sécurité et de celui de la Défense ne seront donc pas liés, comme ce fut le cas par le passé lorsque la police était militarisée. En outre, l’article 3 annonce la relecture de l’Ordonnance n2016-020/P-RM du 18 août 2016, modifiée, portant Statut général des militaires. Laissant ainsi croire à une future harmonisation des statuts de la Police et des militaires.

Les inquiétudes n’en demeurent pas moins. « Les grades de la police, tels que commissaire, inspecteur et commandant doivent-ils être transposés à la lumière de ceux de l’armée avec les avantages y afférents ? Comment rester aussi proches de la population et agir en militaires ? La militarisation est-elle un gage suffisant pour plus d’éthique et de morale chez l’agent de Police ? Comment convaincre les partenaires au développement de continuer à soutenir la Police et la Protection civile en termes de formation et d’équipement en dépit de leur militarisation ? ». Autant de questions auxquelles, selon le Dr Aly Tounkara, il faudra apporter des éléments de réponse probants.

Concernant la transposition des grades, des policiers s’insurgent déjà. « Je ne peux pas être chef à la police et que, par cette militarisation, un subordonné d’un autre corps soit supérieur à moi », met en garde un officier supérieur. Parlant de ce point dans une interview récente, le premier Secrétaire général du Syndicat de la police nationale, l’Inspecteur Général de police à la retraite Mahamadou Zoumana Sidibé, promeut une concertation entre les différents corps concernés (Armée régulière, Gendarmerie nationale, Protection civile et Police nationale), pour faire « la confrontation des grades. On prend ce qui est à prendre et on laisse ce qui est à laisser », suggère-t-il.

Mutations

Au Mali, la militarisation de la police n’est pas nouvelle. Depuis sa création, le 31 juillet 1925, par un arrêté du Gouverneur général de l’Afrique Occidentale Française, la Police nationale a subi plusieurs mutations de militaire à paramilitaire. En février 1968, sous Modibo Keïta, elle a connu une semi-militarisation marquée par la dissolution des syndicats et son administration avait été confiée au Secrétaire d’État chargé de la Défense et de la sécurité. En 1973, elle est devenue un corps militaire avec des grades d’appellations militaires et était composée de cinq corps : officier, aspirant, inspecteur, gardien de paix, brigadier et brigadier-chef. Elle a été démilitarisées en 1993 en application d’une recommandation de la Conférence nationale. Moins de 30 ans après, une autre concertation sociale (les Assises nationales de la refondation, tenues les 11 et 12 décembre 2021), veut à nouveau remettre les policiers dans les rangs de l’armée. Pour lutter contre le terrorisme et le syndicalisme, au passage.

Mali – Côte d’Ivoire : les 49 militaires ivoiriens inculpés et placés sous mandat de dépôt

Les 49 soldats ivoiriens détenus depuis plus d’un mois à Bamako et qualifiés par les autorités de la transition d’être des mercenaires ont été inculpés pour tentative d’atteinte à la sûreté de l’État et écroués selon l’AFP qui cite des sources judiciaires. Abidjan assure que ces soldats étaient en mission pour l’Onu, dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et exige leur libération. Le Togo joue le rôle de médiateur entre la Côte d’Ivoire et le Mali, mais de premières négociations le 28 juillet à Lomé, n’ont pas permis d’enregistrer de progrès. Le Mali a exigé que la Côte d’Ivoire reconnaisse sa responsabilité et exprime des regrets pour le déploiement de soldats sur son territoire sans cadre légal, selon des sources diplomatiques proches des négociations assure l’AFP. Bamako demande également à Abidjan de lui livrer des personnalités maliennes présentes en Côte d’Ivoire et recherchées par la justice du Mali, selon ces mêmes sources. Des conditions rejetées par le gouvernement ivoirien. Le président sénégalais Macky Sall en visite à Bamako ce lundi 15 août va selon des informations s’entretenir avec le président de la transition, le Colonel Assimi Goita sur le sort des 49 militaires ivoiriens. Le chef de l’Etat sénégalais également président en exercice de l’Union africaine va tenter de trouver une issue diplomatique à cette crise qui tend les relations entre les deux pays. La coalition nationale pour le sursaut, une organisation ivoirienne qui regroupe plusieurs associations a empêché la tenue de concerts d’artistes maliens à Abidjan. Selon eux, plus aucun concert d’un artiste malien ne se tiendra en Côte d’Ivoire avant la libération des 49 militaires.

Adama Ben Diarra : « La MINUSMA a échoué, elle doit l’assumer et partir »

Après le dépôt d’un courrier au siège de la MINUSMA pour qu’elle quitte le Mali avant le 22 septembre 2022, « Yerowolo debout sur les remparts » entend  manifester ce vendredi. Son « Commandant en chef », Adama Ben Diarra dit Ben le cerveau, membre du Conseil national de transition (CNT), nous explique le « combat » contre la mission onusienne.

Que reprochez-vous concrètement à la MINUSMA ?

Sa mission a été un échec. Elle n’a jamais pu sécuriser les civils, ni aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale et sa stabilité. Elle a échoué, elle doit l’assumer et partir.

Le Chef de la Mission, El-Gassim Wane, a annoncé lundi qu’une « revue stratégique » était prévue très bientôt. Cette déclaration ne suffit-elle pas à calmer vos protestations ? 

Non. Ils ont clairement dit qu’ils ne sont pas là pour lutter contre le terrorisme. Nous, notre problème, c’est le terrorisme. Ensuite, la Mission dit que c’est Barkhane qui la sécurisait et que puisque Barkhane s’en va c’est à l’armée malienne de le faire. Si l’armée doit sécuriser 15 000 hommes et nos populations civiles, la MINUSMA n’est plus une solution, elle devient un problème. Et à chaque fois que nos militaires tuent un grand nombre de terroristes, ils font des rapports pour les accuser d’exactions. Il se trouve que la France, qui a créé notre guerre et qui se nourrit de cette guerre, a des personnes aux postes-clés de la MINUSMA. De ce fait, si on chasse Barkhane pour maintenir la MINUSMA, c’est comme si l’ennemi restait toujours là.

Avez-vous eu une réponse à la lettre du 20 juillet ?

Ils disent qu’ils l’ont reçu et pris bonne note. Nous n’étions pas allés là-bas discuter, mais ils ont tenté de nous expliquer que ce que nous demandons la MINUSMA ne peut pas le faire. Qu’ils n’ont pas le mandat, les moyens logistiques et les équipements pour combattre le terrorisme.

Et si avec la révision annoncée cela changeait ?

Nous sommes dans une dynamique : si la MINUSMA doit rester au Mali, elle doit respecter certaines conditions. Il faut que les postes stratégiques soient assurés par un partenaire fiable du Mali, non par la France ou ses alliés. Sur les 84 pays membres de la MINUSMA, seuls 4 sont des partenaires sincères du Mali. Tous les autres sont ou manipulés ou alliés de la France. Si on pouvait réviser ces conditions et donner le leadership de la MINUSMA par exemple à la Russie ou à la Chine, on pourrait être assurés qu’elle sera une mission de soutien et non de déstabilisation.

Mali – Transition : fin de la visite du Colonel Assimi Goita au Togo

Le Vice-Président de la transition, le Colonel Assimi Goita,  a achevé hier mardi 29 décembre 2020, une visite de travail de 48 heures  à Lomé au Togo. Cette  visite fait suite à celle du président de la transition  Bah N’Daw, les 13 et 14 novembre derniers.

Pendant son séjour à Lomé,  le Colonel Assimi Goita a été reçu en audience par le chef de l’Etat togolais, Faure  Gnassingbé. Pour le Président togolais, la grande fermeté de la CEDEAO dans la condamnation de toutes les prises de pouvoir par des voies autres que celle des urnes et l’exigence d’une transmission du pouvoir aux civils repose sur les principes énoncés dans le protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance auxquels le Togo souscrit entièrement. Le Président togolais a également réaffirmé l’appui indéfectible du Togo au Groupe de Soutien de la Transition au Mali (GST-MALI) initié par la Commission de l’Union africaine. Les deux personnalités ont longuement échangé sur les questions de paix et de sécurité dans la sous-région ouest-africaine notamment au Sahel. Ils ont réaffirmé leur convergence de vues tant sur la nécessité d’une coordination des différentes initiatives visant à lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent

Boubacar Haidara : « Ce n’est pas une transition civile, elle est purement et simplement militaire »

Le colonel-major à la retraite Bah N’Daou, nommé l21 septembre Président de la transition par un collège mis en place par le CNSP, prêtera serment ce vendredi. Le chercheur Boubacar Haidara nous livre son analyse sur cette nomination et sur la tournure que prend la transition.

Que pensez-vous du choix de Bah N’Daou comme Président de la transition ?

C’est une personnalité que je ne connaissais pas. Les renseignements que j’ai pu obtenir sur lui ont quand même tendance à converger sur le fait que ce soit une personne dbonne moralité. Mais sur la forme de sa désignation, il y a à redire. Dès l’annonce, il a été dit par le M5 et l’Imam Dicko, qui a fait partie du collège, que ce n’était pas un choix issu d’un débat entre les principales personnes qui en étaient membres. Cela ressemble plutôt à une main basse de l’armée sur le pouvoir. Les concertations nationales n’étaient rien d’autre qu’une entourloupe.

Est-ce une transition militaire camouflée?

Ce n’est rien d’autre qu’une transition militaire. Ce n’est pas une transition civile, elle est purement et simplement militaire. Dès le départ, quand les militaires tournaient en rond, je me suis dit qu’ils ne voulaient pas lâcher le pouvoir et qu’ils allaient trouver tous les moyens pour le garder. Ils y sont parvenus. Aujourd’hui, le pouvoir est bien militaire.

Selon vous, quelle va être la relation entre Bah N’Daou et Assimi Goita ?

J’ai appris que le président de la transition avait démissionné de son poste de ministre de la Défense parce qu’il y avait quelque chose qui ne lui plaisait pas. C’est assez rare au Mali que de voir des ministres partir d’eux-mêmes. Cela laisse penser que c’est une personne qui ne se laissera peut-être pas faire. Mais on ne peut pas préjuger de ce qui va arriver. Peut-être qu’ils seront tous les deux de bons dirigeants, mais en l’état actuel des choses, la manière ressemble plus à une perpétuation du système. J’espère que le Vice-président Assimi Goita ne va pas continuer à diriger et que le Président N’Daou ne serait pas fantoche.

Cette nomination ne semble pas avoir l’aval du M5-RFP. Est-ce que cela pourra jouer sur le président et la réussite même de la transition ?

Je pense que, finalement, la marge de manœuvre du M5-RFP semble être réduite, dans la mesure où le CNSP est parvenu à le fissurer. La désignation de Bah N’Daou est actée et je pense qu’il ne va pas subir de contestations. Choguel Maiga est à bout, mais je ne pense pas que cela fera effet. L’Imam Dicko a pris acte, même s’il affirme que ce n’est pas le choix du collège.

Coup d’État du 18 août : Le film de la journée

Alors qu’un climat de panique s’est installé sur Bamako, réveillé tôt par une mutinerie de militaires au camp Soundiata Kéïta de Kati, le mardi 18 août, au Monument de l’Indépendance se tient un regroupement, semble-t-il spontané, d’une centaine de jeunes, impatients de voir le Président Ibrahim Boubacar Kéïta démissionner. Ibrahim Traoré, mécanicien, habits tâchés d’huile, est convaincu du départ d’IBK cet après-midi. « L’armée républicaine malienne a décidé de prendre les choses en main. Nous sommes derrière elle, parce qu’elle veut nous libérer d’un régime corrompu et dictatorial. Que le peuple malien nous rejoigne massivement pour fêter le départ de ce régime. Un nouveau Mali va naître ce soir à minuit », prédit-il. Dans la nuit du mardi au mercredi, la prophétie d’Ibrahim s’est réalisée. Arrêté à sa résidence privée de Sébénikoro avec son Premier ministre, Boubou Cissé, vers 16h 30, et conduit à la garnison militaire de Kati, le désormais ex Président de la République a, contraint, déclaré sa démission vers minuit. « Je voudrais en ce moment précis, tout en remerciant le peuple malien pour son accompagnement le long de ces longues années, la chaleur de son affection, vous dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions, à partir de ce moment, et avec toutes les conséquences de droit, la dissolution de l’Assemblée nationale et celle du gouvernement », a-t-il déclaré. L’histoire ne cesse de se répéter. Le Président Ibrahim Boubacar Kéïta venait d’être chassé du pouvoir un mardi, comme ses prédécesseurs Modibo Kéïta et Moussa Traoré.

Kati a encore fait peur à Bamako. Tout est parti de cette ville-garnison, à 15 km de la capitale, tristement célèbre pour son putsch de 2012 contre le Président Amadou Toumani Touré. Le même scénario s’est répété ce mardi 18 août 2020. Très tôt le matin, vers 8 heures, le commandant Abdoulaye Gakou, chef de bataillon adjoint du camp, regroupe les militaires. Même si le coup semble bien préparé en amont, certains militaires présents affirment ne pas savoir ce qui va se passer. Le colonel Malick Diaw, ancien du CNDRE, qui a dirigé un groupement tactique interarmées en 2016, vient s’adresser aux troupes. « Je vous retourne votre vérité aujourd’hui », dit-il aux militaires. Un instant, les mots sortent difficilement de sa bouche, à cause de l’émotion. Rapidement, il se dirige vers sa voiture, une Toyota Corolla de couleur grise, prend son arme, tire en l’air et demande aux militaires d’aller prendre des armes. Les soldats s’exécutent. Le magasin d’armes a été ouvert et les mutins s’arment lourdement. Certains ont été dépêchés à la Poudrière, à moins d’une vingtaine de kilomètres de la ville de Kati. Là, blindés, munitions et autres armes lourdes sont en train d’être acheminés. Pendant ce temps, à Bamako, d’autres éléments procèdent à des arrestations. « Le gros du travail a été effectué par des éléments de la police nationale. Alors qu’on se préparait à Kati, ils arrêtaient des ministres, des députés et autres personnalités. Leur choix pour cette mission n’est pas fortuit. Ils sont toujours avec eux et savent là où ils peuvent être », explique un militaire.  

C’est ainsi que, de la matinée jusqu’à tard dans l’après-midi, plusieurs personnalités politiques et militaires ont été arrêtées. Ce sont, entre autres, le Président de l’Assemblée nationale, Moussa Timbiné, le ministre de l’Économie et des finances, Abdoulaye Daffé, les généraux Ibrahima Dahirou Dembélé, ministre de la Défense et M’Bemba Moussa Keïta, ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile, et plusieurs autres hauts gradés.

La Cité administrative a été interdite d’accès et des forces de sécurité se postent en sentinelle devant les bâtiments.

Colère

À côté des mouvements de militaires, plusieurs jeunes se rassemblent vers 13h au Monument de l’Indépendance pour exprimer leur soutien aux mutins. Ils scandent des slogans et propos hostiles au Président Ibrahim Boubacar Kéïta et à la France. Un vieux tacot supporte péniblement deux enceintes, qui crachent les paroles d’une chanson de Tiken Jah Fakoly « quitte le pouvoir, quitte le pouvoir, je te dis quitte le pouvoir ». « Nous sommes ici pour montrer à l’armée malienne que nous sommes derrière elle. Que tous ceux qui hésitent se joignent au combat. On attend que les militaires viennent nous dire qu’IBK a démissionné, sinon on ne rentrera pas à la maison », prévient Elimane Niang, membre de la jeunesse M5-RFP de la Commune III.

Alors que des rumeurs faisant étant de la démission d’IBK se faisaient entendre, certains sont révoltés. Ils ont peur que les militaires aillent signer un compromis avec lui pour le faire sortir du pays. Ils souhaitent qu’il soit jugé et condamné. « En cet instant, on entend qu’IBK a déposé sa démission. Celle-là, on n’en veut plus. Il doit être arrêté, ainsi que les membres de son régime, et jugé. Ceux qui sont morts ne le seront pas pour rien. Les derniers mots d’un de nos camarades de lutte ont été de ne pas arrêter le combat. Si jamais IBK s’en tire facilement, c’est comme si on l’avait trahi »,  prévient un manifestant, très excité. 

La nature des colères est diverse mais elles se rejoignent toutes au niveau des problèmes de gouvernance, que beaucoup voudraient voir changer dans le futur. Kadiatou Traoré est diplômée sans emploi. Habillée d’un complet wax, foulard rose sur la tête, elle a perdu son père, militaire, sur le théâtre des opérations au nord du Mali. Et elle ne cache pas sa colère contre IBK et son régime. « Qu’IBK s’en aille. Aujourd’hui, je suis contente pour deux choses : Moussa Timbiné est aux mains des militaires ainsi que Karim Kéïta. Et, d’ici à 16 heures, le Président de la République sera arrêté. Ce sont nos pères qui sont morts au front. Même le Pharaon n’a pas gouverné de la façon dont IBK l’a fait. Avec le nouveau pouvoir à venir, j’espère que nous pourrions étudier. Que Dieu nous donne un président qui saura bien diriger le pays et que la France ne se mêle pas des affaires maliennes ».

Oumou N’diaye est habillée aux couleurs du Mali. Membre du M5-RFP, elle tient un balai, une branche de neem avec des feuilles, une tapette et une spatule. « Nous, les femmes, sommes là depuis le 5 juin. Nous exigeons qu’IBK démissionne, avec son régime. S’il ne s’en va pas de gré, il s’en ira de force. Ce sont nos maris et nos enfants qui sont tués au Nord. IBK a fait tuer des innocents jusque dans une mosquée. Il a été maudit par le bon Dieu, c’est pourquoi les militaires se sont levés.  Un Musulman ne fait pas cela. Avec ce balai, on va le balayer avec son régime maléfique, qui tombera à l’image de chacune des feuilles de cette branche qui tombe », déclare-t-elle.

Cris de joie

Jusqu’à 15 heures, tout le monde est dans le flou total. « Assistons-nous à un coup d’État ou juste à une mutinerie de militaires en colère ? ». C’était la grande question. Mais les choses ont bientôt commencé à paraitre plus claires. Plusieurs centaines d’éléments des forces de défense et de sécurité, lourdement armés d’armes de guerre, ont pris la direction de Sébénikoro, résidence du Président Ibrahim Boubacar Kéïta. Arrivés au niveau du Monument de l’Indépendance, ils ont tiré des coups de feu en l’air, sous les hourras des manifestants, qui leur tendent la main. Une pluie a arrosé les manifestants, qui y ont vu un signe divin. « Dieu ne dort pas. Le pouvoir maléfique est parti. Enfin ! », s’exclame un manifestant.

Les putschistes sont arrivés à la résidence d’IBK, à Sébénikoro en même temps que plusieurs manifestants, qui les ont suivis. Embouteillage monstre. Un blindé est posté devant l’accès menant directement à la résidence. Joyeux, les soldats tirent en l’air.  Le Président Ibrahim Boubacar Kéïta est avec son Premier ministre, Boubou Cissé. Des militaires se présentent à eux et leur demandent de les suivre. IBK est mis dans un Toyota V8 noir et Boubou Cissé dans un blanc. Ils sont escortés par les militaires jusqu’au camp de Kati.

Vandales aux aguets

Les rangs des manifestants ne cessent de grossir. Certains affirment attendre d’investir la maison d’IBK. « Il y a de l’or là-dedans », jurent-ils. Cependant, d’autres ont déjà trouvé une mine, qu’ils exploitent : la maison du fils du président, Karim Kéïta, située seulement à quelques mètres de celle du chef de l’État. La maison est pillée. Tout est emporté. Des tonnes de ciment, déposées dans un magasin, sont enlevées par les habitants du quartier. La piscine, dans l’enceinte de la cour, sert de cadre à une « after party » pour des adolescents. Aux environs de 21 heures, la station Total, près du pont « Woyowayanko », à l’entrée de Sébénikoro, est vandalisée. Les pompes à carburant sont détruites et les marchandises de l’alimentation emportées. Une boutique de mode, dans l’enceinte de la cour de la station Shell, près de la maison d’IBK, est cassée et tous les effets dérobés. Les éléments de la Garde nationale qui assuraient la sécurité de la maison du président, pour mettre fin aux pillages, font des tirs de sommation et lancent des gaz lacrymogènes afin de faire fuir les pilleurs.

Des actes de vandalisme se sont également déroulés en d’autres endroits. Pendant que les uns et les autres étaient impatients, au Monument de l’Indépendance, du départ du Président de la République, certains manifestants en colère se sont attaqués au cabinet du ministre de la Justice du gouvernement restreint, Me Kassoum Tapo, à Bamako-coura. Du monument on pouvait voir une épaisse fumée noire se dégageant du bâtiment. Du mobilier de bureau, des portes, des climatiseurs et bien d’autres objet sont emportés. Des vandales ont été pris au piège au niveau du quatrième étage. Les accès aux escaliers de secours et à ceux menant à la sortie étant condamnés par le feu, certains décident de sauter du balcon.

En bas, le reste des manifestants se donne pour mission de les rattraper à l’aide d’un matelas dérobé. Quatre jeunes sautent du quatrième étage, mais l’un d’entre eux est blessé au bras. Il est rapidement conduit au centre de santé pour des soins. Des manifestants ont aussi essayé de s’attaquer à l’annexe du ministère des Finances, non loin du monument, mais en ont été empêchés par d’autres manifestants.

Dans la nuit du 18 au 19 août, Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé sa démission et celle du gouvernement. Il a également dissout l’Assemblée nationale. L’épilogue d’une longue journée qui a mis fin à sa présidence.

 

Repères : 18 août 2020

8h : Début de la mutinerie au camp Soundiata de Kati

8h : Arrestation du ministre de l’Économie et des finances

Vers 9h : Arrestation du Président de l’Assemblée nationale

13h : Des manifestants investissent le Boulevard de l’Indépendance

Vers 13h : Arrestation des ministres de la Défense et de la Sécurité et de plusieurs haut gradés

16h : Alors que les putchistes sont à Bamako, un communiqué du Premier ministre demande aux militaires de faire taire les armes

16h30 : Le Président de la République et son Premier ministre sont arrêtés à Sébénicoro, puis conduits au camp Soundiata de Kati

00h : Dans un message télévisé, le Président de la République annonce sa démission

Armée malienne : Plus agressive et plus performante

Le samedi 27 janvier, un camp militaire était attaqué à Soumpi, dans la région de Tombouctou, entrainant la mort de 14 soldats. Au-delà de ce sinistre, c’est la remobilisation rapide des Famas, qui ont lancé la contre-offensive et fait 17 morts chez les terroristes, qui doit retenir l’attention. Cet épisode met en évidence la nouvelle posture de l’armée malienne.

Des éléments craintifs, sous-équipés et mal formés, tels étaient certains des qualificatifs peu glorieux utilisés il y a peu pour décrire les militaires maliens. Mais, aujourd’hui, la situation a évolué. Nonobstant les nombreux défis sécuritaires auxquels ils font face, les Famas font désormais front. « A force de subir et d’encaisser, nous avons mené une réflexion et sommes arrivés à la conclusion qu’il fallait mettre l’accent sur l’Homme, parce que c’est l’Homme qui est déterminant dans l’issue d’une guerre », explique le colonel Diarran Koné, chef de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa).

Pour mener à bien cette politique, de nouveaux centres de formation ont vu le jour et d’autres ont été réhabilités et rouverts. « Nous avions cédé du terrain, et ce n’était pas seulement faute de matériel. Il nous fallait forger la combativité du soldat malien, lui faire comprendre qu’il est le rempart entre la population et l’ennemi », ajoute le colonel. Les dispositions de la Loi d’orientation et de programmation militaire, adoptée en 2015, prévoient également l’achat d’équipements plus performants. « Le matériel vient en complément, c’est un démultiplicateur des forces. Au-delà, il y a une vraie détermination de l’armée pour que le pays se débarrasse une bonne fois de ses assaillants», assure notre interlocuteur. Cela se voit sur le terrain. Régulièrement visés par des attaques complexes, les Famas répondent mieux.

Ripostes vigoureuses, traques sans relâche, la posture a positivement changé. Pour preuve, les « nombreux » terroristes neutralisés dans la région de Mopti, à Djenné début janvier et à Youwarou, le 25. Pas de triomphalisme toutefois chez le Directeur de la Dirpa. « Nous ne devons pas crier victoire. Tant qu’un seul Malien ou ami du Mali sera victime d’une mine ou d’un terroriste, nous estimerons que rien n’aura été fait ».  Ce n’est pas le car de civils qui a sauté sur une mine à Boni, le camp attaqué à Soumpi et le kamikaze a entrainé dans sa mort quatre militaires qui lui donneront tort.

Confiance restaurée

L’armée a aussi su instaurer une relation de confiance avec les populations, indispensable pour recouvrer les parties abandonnées du territoire. Excédés par les nombreuses morts et exactions, les habitants coopèrent mieux avec elle, en dépit des menaces. « Nous constatons un sursaut collectif. La population a compris qu’elle est son premier agent de sécurité et doit nous signaler tout mouvement suspect, afin que nous puissions agir », conclut le colonel Koné.

Barkhane : le point sur son engagement

Pas très habitué à cet exercice de communication, la force Barkhane, par la voix de son général, Christian Allavène, a organisé une rencontre avec les journalistes qui s’est tenu à la maison de la presse, à Bamako, ce 21 novembre. Le souhait de la force étrangère était d’informer la presse malienne sur « les actions de Barkhane en faveur de la population malienne ».

Les travaux accomplis

Cette conférence de presse a débuté en évoquant les différentes réalisations accomplies par la force armée française. En plus de ces interventions militaires, la force Barkhane s’est engagé à prodiguer des soins à la population malienne, première victime de cette insécurité. « Barkhane a accordé pas moins de 5 000 consultations médicales et sanitaires au profit de la population. Ce sont 500 patients qui ont été soignés par des soins médicaux de Barkhane », commence-t-il à dire. En tout ce sont près de 28 500 actes médicaux qui ont été prodigués aux Maliens, à l’heure actuelle.

En poursuivant son exposé sur ces données chiffrées, il a été question des actions civilo-militaires (CIMIC). « Ce sont des actions militaires au profit de la population civile. Ces actions tournent autour des besoins vitaux. Il s’agit de l’accès à l’eau (…) de l’électricité, l’éducation. Et c’est d’ailleurs une graine que Barkhane plante pour l’avenir du peuple malien », affirme le général. Pour l’eau et l’électricité, la force Barkhane s’appuie les deux partenaires de la lutte contre le terrorisme que sont le Mali et la France. « Barkhane appui la remise en route de la centrale électrique de Kidal et y a investi beaucoup d’argent. Grâce à EDM, l’État malien, qui a décidé de consacrer une somme très conséquente à la remise en route de cette centrale à Kidal, l’a relancé il y a un mois et demi. Au moment de notre arrivée, la centrale fournissait six à huit heures d’électricité pour environs 25 % de la population kidaloise, aujourd’hui, 80 % de la centrale électrique produit quasiment 100 % des Kidalois a au moins 20 heures », dit Christian Allavène. Pour une autre ressource vitale, qu’est l’eau, le général nous apprend la présence, à Gao, de la société française Veolia, dont certains représentants sont sur place. Cette venue est motivée par une étude des projets qui pourront y être menés à très court terme au profit du grand Gao. « D’autres projets sont en cours, même si certaines régions bénéficient davantage d’aide que d’autres », précise le chef militaire.

Dans son appui aux forces armées malienne, l’opération Barkhane poursuit son appui aux militaires maliens à travers 142 actions de formations dispensées, en 2017, la fourniture de munitions, de carburant et d’alimentation.

L’insécurité au centre du Mali

L’absence de la force militaire dans cette partie du pays s’explique par le fait que «  Barkhane intervient là où on lui demande de le faire. La force militaire travaille dans les zones aux profits desquelles l’État malien lui demande d’intervenir. Je vous le rappelle, la force française, intervient au profit et en appui de la MINUSMA. » Pour le commandant Allavène, les missions à menées dans le nord du pays ne sont pas encore accomplis et reconnaît que cette partie du pays est la priorité de Barkhane. « Le « ménage », si je peux me permettre d’utiliser cette expression un peu maladroite n’est pas complètement réalisé ». Il poursuit en précisant que les effectifs de Barkhane sont minimes face à l’immensité du territoire malien. « Barkhane, c’est 4 000 hommes dans un pays vaste comme le Mali, je vous laisse imaginer si nous avons la capacité à être partout et en même temps. » L’absence des forces française dans le centre du pays est un fait que M.Allavène a tenu à pondérer en précisant que « les FAMas oeuvrent dans cette partie du pays ».

Sujets épineux

Sur une possible porosité entre certains groupes signataires de l’accord de paix d’Alger et les terroristes, Christian Allavène lève le voile. « Les différentes opérations que nous avons menées récemment dans le nord, mais pas uniquement, notamment par la saisie d’un nombre de pièces à charge, démontrent la collision qui existe entre certaines personnes de certains groupes armées signataires et des groupes armés terroristes. »

Suite au tollé qu’à susciter la mort des 11 soldats maliens tués dans une embuscade de la force militaire française, en octobre dernier, le général Christian Allavène, n’a pas souhaiter s’étendre sur ce sujet. Afin d’y mettre à terme. « Votre président et notre ministre [Florence Parly, ministre française des Armées : NDLR] ont affirmé que cette affaire était derrière nous. Souhaitez-vous vraiment la remettre devant nous ? Ne pensez-vous pas qu’il convient de sortir de ce sujet et de considérer l’avenir ? Cette affaire est derrière nous, je cite votre président et ma ministre », se contente-t-il de dire.

 

Amadou Thiam, président du groupe parlementaire ADP-Maliba – Sadi « Nous voulons que la lumière soit faite sur la mort de nos 11 militaires

Depuis la mort des 11 militaires maliens dans la nuit du 23 au 24 octobre, à la suite d’un raid de la force Barkhane, la polémique ne cesse d’enfler. Le groupe parlementaire ADP-Maliba – SADI, exigent qu’une enquête soit ouverte pour faire la lumière sur l’affaire et en situer les responsabilités. Le président du groupe parlementaire, le député Amadou Thiam, revient pour le Journal du Mali, sur les motivations de cette action.

Journal Du Mali : Vous demandez l’ouverture d’une enquête sur la mort des 11 militaires maliens, concrètement qu’attendez-vous de cette démarche ?

Amadou Thiam : Nous estimons en tant que groupe parlementaire ADP-Maliba ,SADI que la lumière soit faite sur la mort de nos onze militaires. Nous avons été surpris par la réaction du gouvernement là-dessus, qui d’un communiqué laconique, essaie à la limite de légitimer leurs morts. Il explique, mais il ne condamne pas pour autant, n’essaye pas de situer les responsabilités et n’essaye pas non plus d’éclaircir les circonstances qui entourent la mort de ses militaires. J’ai aussi entendu à travers certains médias français, des sources assez proches que ces militaires maliens seraient carrément devenus des terroristes. Ce qui est assez grave pour nous, que l’on fasse des insinuations et des suppositions sur la mort de ses militaires. Le temps qu’il a fallu au gouvernement et même à Barkhane de faire savoir qu’à travers ce raid, ces militaires sont morts, cela prête à suspicion. Il a fallu près d’une semaine pour cela. Tout cela crée beaucoup de zones d’ombres, il est important pour nous de savoir ce qui s’est passé, pas seulement pour que des sanctions soient prises contre les fauteurs, mais pour que ce soit un signal fort. Qu’à l’avenir, la force Barkhane ne puisse plus de manière unilatérale entreprendre des actions sur le territoire malien. Ils sont et il faut qu’ils demeurent une force d’appui, aux forces armées et de sécurité malienne dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Vous pointez du doigt la faible action de l’État, estimez-vous qu’ils ont les mains liées dans cette affaire ?

En tant que représentation nationale, nous devons contrôler l’action du gouvernement, et aussi de représenter au mieux les populations. La question est au centre et nous nous sommes dits qu’au point de vue de la légalité internationale, cette intervention que ce soit de Barkhane ou de la MINUSMA qui se fait dans des zones où l’armée malienne est totalement absente, cela pose un véritable problème. Il s’agit pour nous de souligner cela, surtout que nous commençons à assister à de tels actes, il est important que nous attirions d’avantage l’opinion nationale et même internationale là-dessus.

Si le gouvernement n’accédait à votre requête, quels sont les recours dont vous disposez pour les « contraindre » ?

En tant que groupe parlementaire, nous disposons de beaucoup instruments. Dans cette quête de la vérité, nous nous réservons le droit d’interpeller le ministre de la Défense à l’Assemblée nationale. Au fur et à mesure, nous pourrions même demander que tout le gouvernement soit interpellé. Le Premier ministre et tous ses ministres concernés, qu’on nous explique ce qui s’est passé. Ce sont des moyens de recours que nous avons en tant que groupe parlementaire, et dont nous ne ferions pas l’économie si la situation n’évoluait pas.

Oumar Mariko, le président du SADI, est réputé pour ses prises de positions hostiles à l’égard de la France. Pensez-vous que ces inimitiés pourraient faire passer cette action pour une vengeance ?

Je suis le président du groupe parlementaire. Sur les 14 députés qui la compose, il y a 9 de l’ADP-Maliba, je crois que ce que nous menons comme lutte est tout à fait légitime. Ça ne vise aucun intérêt particulier, mais seulement à sauvegarder les intérêts du Mali et de ses partenaires, parce que si Barkhane est un partenaire du Mali, nous devons les aider à mieux nous aider.

Les 11 otages maliens seraient morts !

 

 

Ils sont onze  militaires maliens au total à avoir été capturés lors des combats entre juillet 2016 et mars 2017 par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, lié à AQMI et  dirigé par Iyad Ag Agaly. Leur dernière apparition date d’une  une vidéo relayée le 18 octobre passé par l’agence Menastream. Ils sont malheureusement morts.

Les militaires maliens  détenus depuis juin 2016,  par le groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans,  dirigé par Iyad Ag Aghaly ont connu d’après nos informations le pire sort. D’abord, c’est le site d’actualités Mauritanienne Alakhbar qui aurait relayé l’information.  Dans un extrait d’un message écrit en arabe on peut lire : « la défense de l’islam et des musulmans déclare la mort des prisonniers de guerre dans un bombardement ». Dans la déclaration publiée, le groupe a annoncé que ces militaires ont été tués lors d’une attaque aérienne menée par les forces françaises le mardi  24 octobre. Le lieu cependant n’a pas été précisé. Toujours selon la déclaration, ce sont des barils d’explosifs sur place qui ont tué les soldats en détention avant le débarquement de  troupes françaises qui se sont affrontées avec le groupe qui tenait la garde. En effet une opération de l’armée française a ciblé lundi soir 23 octobre dans le cercle d’Abeibara  dans la région de Kidal, des membres du groupe islamiste Ansar Dine. Cette intervention qui a abouti à la neutralisation de 15 terroristes, a impliqué des Mirages français, des hélicoptères d’attaques et des forces terrestres selon  un porte-parole des armées françaises. Selon les informations provenant du site Alakhbar, sur lequel la déclaration aurait été publiée, l’annonce faite par l’armée française où elle a «  annoncé l’élimination d’un bataillon des personnes » est sans «  fondement » et qu’il « s’agissait des prisonniers de l’armée malienne et des éléments de l’organisation qui étaient chargés de la surveillance ». Aucune autorité malienne n’a pour l’heure communiqué face à cet acte insoutenable. Une source digne de foi et  très proche du dossier, a confirmé malheureusement la mort des otages sans vouloir en dire plus pour le moment. Il faut rappeler que lors de leur dernière apparition vidéo, ces otages ont appelé à l’aide de chaque malien et du Président de la République en particulier pour leur libération. Si la nouvelle de leur mort dans des circonstances encore non élucidées se confirme officiellement, le choc sera manifeste au vu des espoirs liés à leur libération. Le collectif notamment de soutien aux otages maliens, qui a contribué à la libération d’Amadou Ndjoum est parmi les plus impliqués dans ce dossier et se trouve effondré par cette effroyable perte.

 

 

Otages maliens : Quid des militaires ?

 

 

 

La mobilisation pour la libération des otages maliens se poursuit. « Des », car ils sont effectivement officiellement 6 à être entre les mains de ravisseurs. Amadou Ndjoum est le seul civil. Le sort de ces militaires, s’il n’est pas évoqué par l’armée, est lui aussi au cœur des inquiétudes.

Cela fait 14 mois qu’ils sont aux mains du groupe islamiste Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghaly. Ils sont déclarés manquants dans les effectifs de l’armée malienne depuis l’attaque meurtrière de Nampala, le 19 juillet 2016. Depuis, pas vraiment de nouvelles d’eux, hormis la revendication de leur détention par Ansar Dine. Mobilisé pour la libération de l’agent de l’INPS Amadou Ndjoum, un collectif se bat également pour défendre la cause de ces soldats, dont les proches ont bien l’impression que « leur sort n’intéresse pas vraiment ». « Eux, leur cas est pire. Ils sont militaires. Ces gens les considèrent comme des prisonniers de guerre et veulent s’en servir comme monnaie d’échange, voire pire. Il faut agir vite », soupire un parent d’otage qui a requis l’anonymat.  Les familles de militaires ne sont en effet pas autorisées à communiquer sur cette affaire. « On en peut pas dire qu’il ne se passe rien, mais, en tout cas, on n’est au courant de rien », poursuit-il. « Les familles de ces otages sont dans l’expectative quant aux actions concrètes pour leur libération », déplore en effet le « Collectif pour la libération de Amadou Ndjoum et de tous les otages maliens ».

Oubliés ? Non, assure-t-on du côté des autorités. Des actions sont menées pour obtenir leur libération. A l’annonce de la mission de bons offices du Président du Haut Conseil Islamique El Hadj Mahmoud Dicko, les espoirs de le voir obtenir leur retour chez eux avaient fusé, très vite refroidis par la difficulté de la tâche confiée à celui qui avait réussi en 2014 à obtenir la libération des otages après les évènements de Kidal. La dernière fois que l’on a entendu parler « officiellement » d’eux, c’était sur le site d’information mauritanien Al-Akhbar. Une vidéo y était diffusée le 05 août 2016, il y a un peu plus d’un an, les montrant agenouillés devant un drapeau noir tenu par des hommes armés. Ils y déclinaient leur identités, grades et matricules militaires et précisaient les circonstances de leur enlèvement. Le sous-officier et les quatre hommes de rang font partie des « six portés disparus » annoncés par l’armée pendant l’attaque de Nampala et la diffusion de la vidéo. Qui n’a été suivie d’aucune autre preuve de vie.

Mali : les héroïnes d’une guerre invisible

Elles représentent seulement 4% des militaires déployés au Mali. Sur le terrain, les soldates ont vécu une guerre bien loin des conflits dépeints dans les films, ne côtoyant souvent aucun mort ni ennemi. Janvier 2013, les premiers soldats débarquent au Mali. A bord de son avion transall, Adèle transporte une cinquantaine de militaires. « C’’était le premier à  se poser sur Gao, il y avait beaucoup d’effervescence pour préparer cette mission. Je m’attendais à  voir des soldats postés partout », se souvient la jeune femme de 28 ans. Elle ne restera que dix minutes au sol, assez pour ressentir une légère montée d’adrénaline. Parmi les 150 femmes déployées sur place, Christelle, commando de l’armée de l’air, s’apprête à  passer quatre mois avec treize kilos d’équipements sur le dos, dans un pays o๠la température peut atteindre 60 °C au soleil. Sur place, elle découvre un territoire inconnu, deux fois grand comme la France, en partie recouvert par le désert. Dans cet environnement, difficile de repérer l’ennemi. «Je préfère être à  ma place que sur le sol» l’ennemi, la pilote Adèle ne l’a jamais vu. Malgré tout, le danger est palpable. « La plus grande menace, ce sont des manpads, des armes qui peuvent nous viser et toucher notre avion », nous confie-t-elle. Navigatrice sur avion de chasse (c’est-à -dire qu’elle se trouve à  l’arrière de l’avion), Marjorie a notamment pour mission de tirer sur des bases terroristes. Des ennemis qu’elle ne voit jamais, mais dont la présence lui est signalée par les soldats au sol. « Au début il y a eu beaucoup de tirs, puis ça s’est calmé au fil du temps. Dans les montagnes de l’Adras des Ifoghas (au nord), c’est beaucoup moins facile de repérer les terroristes, car il y a beaucoup de grottes, des endroits o๠ils se cachent », nous explique-t-elle. Les deux pilotes s’accordent en tout cas sur un point : elles préfèrent être dans les airs qu’au sol, o๠le danger semble plus présent. « On ne fait pas exactement la même guerre, vu qu’on est en l’air, on est plus loin des conflits », reconnaà®t Marjorie. « Les airs, c’est notre environnement, on monte dans un avion comme on pourrait monter dans une voiture, on se sent protégée », précise Adèle. « Le risque zéro n’existe pas, on y pense toujours » Ce conflit, Mélanie l’a vécu les pieds bien ancrés sur terre. Infirmière basée près de l’aéroport de Bamako, elle reconnaà®t que « la plupart des journées, il y a beaucoup d’attente. Mais il faut être disponible 24 heures sur 24 ». En à  peine deux mois passés au Mali, elle n’a soigné qu’un seul blessé grave, un soldat français touché par un explosif suite à  une erreur de manipulation. Hormis cet accident, l’essentiel de son travail consiste à  prendre en charge les soldats victimes de coups de chaleur. Christelle, elle, était membre d’un groupe commando de l’armée de l’air déployé dans une zone de 30 km2 autour de Bamako. Sur terre, le principal danger est lié aux IED, ces bombes artisanales qui se déclenchent à  distance. « On a toujours cette adrénaline quand on sort. Le risque zéro n’existe pas, on y pense toujours », témoigne-t-elle. Cette peur sournoise, les Maliens qu’elle a rencontrés la ressentent au quotidien. « Ils ont peur que l’on vienne les attaquer, les violenter. Le conflit aurait pu gagner Bamako, ces peurs étaient fondées », assure-t-elle. Environ un mois après le début de l’opération Serval, Christelle a enfin vu l’ennemi. Ce jour-là , son chef de groupe a reçu un appel lui signalant que des villageois avaient arrêté un djihadiste. Le suspect « était entouré de tout le village et de gendarmes maliens qui nous attendaient », se rappelle-t-elle. Elle décrit un homme « seul, armé, barbu et amaigri, avec une kalachnikov et plein d’argent dans les poches ». Pendant que les « costauds » de son groupe se sont chargés de l’arrêter, la commando est restée à  distance, dans son véhicule. Au total, durant les quatre mois qu’aura duré sa mission, trois djihadistes isolés auront été arrêtés. Des contacts limités avec la population Pour repérer les terroristes autour de Bamako, Christelle était chargée de collecter des informations auprès des villageois. Après dix ans passés dans l’armée, elle a été surprise de l’accueil qui lui a été réservé. « Vous voyez la Coupe du monde 98 ? Et bien c’est pareil ! Dans le village, les habitants sont contents de voir la France, ils sont soulagés, dorment mieux. (….) », commente-t-elle. Un accueil enthousiaste que ses camarades auraient bien aimé rencontrer. « Je suis sortie de la base quelques fois, mais c’était extrêmement rare. C’’est un petit peu frustrant, mais c’est la mission qui veut ça », regrette Mélanie, l’infirmière. En dehors de ses vols, Adèle ne quittait pas non plus l’aéroport o๠elle croisait parfois quelques militaires maliens. Un contact qui se résumait souvent à  l’effet de surprise suscité par la présence d’une jeune femme parmi les militaires. « J’aurais pu être échangée contre quatre chameaux, j’ai essayé de négocier à  cinq », plaisante la pilote. « Ils voulaient me prendre en photo parce qu’une petite blonde aux yeux bleus qui part dans un avion, ce n’est pas banal », renchérit Marjorie. Le sas de décompression, cet « endroit paradisiaque » Le retour en France peut parfois se révéler brutal. « Les problèmes du quotidien nous paraissent ridicules, constate Marjorie. On se dit que les gens sont déconnectés, qu’ils ne se rendent pas compte de ce qui se passe ailleurs. » Après quatre mois de mission, Christelle a saisi l’opportunité de passer trois jours à  Chypre, le sas de décompression de l’armée. « C’’est un endroit paradisiaque, cela permet de se relaxer, de parler à  des psychologues, de profiter de la mer et de la piscine », nous confie la commando. « Si j’étais rentrée direct, j’aurais été énervée, fatiguée, alors que là  ma famille m’a dit : “On pensait te voir pire !” » De retour en France, toutes gardent un regard sur l’évolution de la situation du Mali. En tant que militaires, elles n’ont pas l’autorisation de commenter le conflit. Mais si François Hollande a annoncé le 31 mai dernier que l’objectif de libérer le Mali de l’emprise des terroristes « a été atteint militairement et pratiquement » la Grande Muette a un avis plus réservé : « Ils ont repoussé le terrorisme, ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe plus. »

Une cinquantaine de militaires belges en route pour le Mali

C’est le gros du contingent de « Force Protection », fort de 66 militaires, qui s’est envolé ce mercredi 10 juillet peu après 09h00 (heure locale) à  bord d’un Airbus A330 de la Défense à  destination de Bamako. La plupart d’entre eux proviennent du bataillon Libération/5ème de Ligne, une unité « médiane » stationnée à  Bourg-Léopold (Limbourg). Ils vont rejoindre une avant-garde déjà  sur place et retrouver leurs véhicules blindés acheminés par bateau de Zeebrugge à  Dakar (Sénégal), puis par train jusque Bamako. Cette mission se déroule à  Koulikoro, localité située à  une soixantaine de kilomètres au nord-est de la capitale malienne et lieu principal de la formation dispensée aux soldats maliens par les instructeurs européens. Protection des instructeurs et des convois routiers Les fantassins belges, intégrés dans une compagnie espagnole, escorteront également les instructeurs lors des séances d’entraà®nement sur le terrain, dans les environs de Koulikoro, et protégeront les convois routiers en direction ou en provenance Bamako, a précisé le « numéro deux » de la brigade médiane, le lieutenant-colonel Bernard Quarré. La mission de ce détachement durera six mois – mais avec une relève à  mi-parcours – avant un remplacement en décembre par des soldats francophones du bataillon 12ème de Ligne Prince Léopold/13ème de Ligne de Spa, qui séjourneront au Mali en principe jusqu’en mai 2014. Quant aux deux hélicoptères Agusta engagés depuis fin janvier dans les opérations militaires au Mali, ils sont rentrés mardi après-midi en Belgique à  bord d’un avion-cargo de type Iliouchine Il-76. Selon le chef des opérations de l’armée, le lieutenant-général Marc Compernol, ces deux appareils ont effectué 53 heures de vol et réalisé six interventions « Medevac » (évacuation médicale) durant l’opération Serval (fin janvier-fin mars), puis 170 heures et trois transports de patients pour le compte de l’EUTM. Les Agusta avaient initialement été déployés au Mali fin janvier – à  Sevaré d’abord, puis à  Gao, respectivement à  600 et 1.200 km au nord-est de Bamako – pour appuyer l’opération Serval. Ils étaient ensuite passés, le 22 mars, avec la même tâche, sous le commandement de l’EUTM, déménageant par la même occasion vers Bamako. Des appareils civils pour assurer des missions d’évacuation médicale Le dernier vol des hélicoptères a eu lieu mardi dernier, date à  laquelle ils ont cédé le relais à  des Super Puma de la société Starlite, une entreprise sud-africaine enregistrée en Irlande – une première dans les opérations militaires de l’Union européenne, qui n’a jamais fait appel à  des appareils civils pour assurer des missions d’évacuation médicale. Précisons que c’est le le 20 juin dernier que le gouvernement belge a ensuite décidé de dépêcher un « peloton renforcé » pour assurer durant un an la protection des instructeurs de 22 pays européens engagés dans l’EUTM pour une durée d’un an et de retirer les deux hélicoptères Agusta A109 qui assuraient des missions d’évacuation médicale, au profit de Serval d’abord, puis de l’EUTM.

Accord préliminaire de Ouaga: la grande muette parle

L’objectif de ce point de presse animé par le conseiller technique chargé des opérations au ministère de la défense et des anciens combattants, le Colonel Abdramane Baby, était d’éclairer l’opinion sur les aspects militaires et sécuritaires de l’Accord de Ouagadougou signé le 18 juin 2013 entre le gouvernement du Mali et les groupes armés au Nord du pays. Au menu des échanges, le cantonnement des groupes armés, le désarmement et le redéploiement de l’armée et des forces de sécurité. Dans son introduction le colonel Baby a déclaré que cet accord préliminaire inclusif est l’aboutissement de la volonté des autorités du Mali, de la communauté internationale et certainement des dirigeants des groupes armés à  trouver une solution pour le retour de l’administration et des forces armés à  Kidal de façon pacifique. « Il préserve les intérêts supérieurs du Mali et l’armée malienne s’y retrouve. Il faut dire que cet accord donne les éléments au Conseil de sécurité des Nations unies pour apprécier la situation générale sur le Mali et peut être autorisé cette semaine le déploiement de la mission intégrée multidimensionnelle des nations unies pour le Mali, (Minusma) à  partir du 1er juillet 2013. » Pas de réintégration mais une réinsertion socio-économique Pour ce qui concerne le cantonnement des groupes armés, le Colonel Baby a expliqué que pour des questions de neutralité et comme il est dit dans l’accord préliminaire, les aspects du cantonnement sont sous la supervision de la Misma et très prochainement de la Minusma ainsi que de l’Opération serval qui va apporter son concours dans cette phase initiale étant donné que les forces françaises sont présentes sur le terrain. « Ce n’est pas comme dans le passé o๠nous avons eu à  gérer des aspects de cantonnement et faire des réintégrations. Cette fois ci C’’est un cas particulier. Nulle part, il n’est dit qu’il y aura la réintégration d’éléments des groupes armés.Il est prévu que certains des ex combattants bénéficient d’une réinsertion socio-économique. » a souligné le colonel. A quand la présence des forces armées maliennes à  Kidal? l’accord a prévu que cela devait se faire dès la signature. Quel va être le volume, la composition ? « Je ne peux pas le dire actuellement, les travaux sont en cours, il y a des concertations pour voir la formule qui convient le mieux pour que nous soyons bien dans l’esprit de ce qui est établit et que nous puissions parachever la volonté politique au niveau de la mise en œuvre. On s’est engagé à  travailler avec des partenaires (Misma, Opération serval, Minusma) qui vont gérer certains aspects de cantonnement dans les délais les plus courts pour qu’on se déploie. Le comité technique s’apprête à  descendre sur le terrain pour voir dans quelles mesures l’armée malienne pourra revenir à  Kidal sans heurts.. » a affirmé le conseiller technique. A propos des informations sur des mines qui seraient posées par certains groupes armés, le colonel a répondu en ces termes: « Nous ne pouvons pas affirmer que tel groupe armé signataire soit en train de poser des actes contraires à  cet accord. Aujourd’hui, je n’ai pas d’élément pour dire que telle partie se serait livrée à  des pratiques qui seraient contre l’esprit de ce qui a été signé. Si jamais par une éventualité, il apparaà®trait qu’une partie n’aurait pas respecté des engagements, je pense qu’il y a des mécanismes pour poser le problème. Dans le document il est prévu qu’en cas de litige, il y a des procédures pour voir comment trouver la solution, jusqu’à  remonter au médiateur. » « Cet accord du 18 juin offre la flexibilité à  l’armée pour concrétiser son retour sur toute l’étendue du territoire. C’’est vrai que tout ne relève pas de l’armée malienne. Nous croyons que chacun va apporter sa pierre de façon diligente pour que nous puissions atteindre les objectifs dans les délais impartis. » a ajouté le colonel Baby.

Belgique: l’envoi de militaires belges au Mali suscite un désaccord au sein de la majorité

Selon des sources concordantes, le sujet, qui figurait vendredi à  l’agenda du kern avant une approbation attendue en conseil des ministres, a donné lieu à  des divergences entre partenaires de la majorité. Face à  ces blocages, le dossier a finalement été renvoyé en groupe de travail, avant une nouvelle discussion la semaine prochaine en comité ministériel restreint. De source gouvernementale, on précisait que ce délai supplémentaire servirait à  évaluer l’envoi de soldats belges au Mali dans le « cadre global des prévisions d’engagements opérationnels ailleurs qu’au Mali afin d’avoir une vue complète de la situation ». En mars dernier, la majorité papillon était déjà  tombée d’accord sur l’envoi d’une cinquantaine de militaires belges pour assurer, dès ce mois de juin théoriquement, la protection des instructeurs de la mission de formation et de conseil à  l’armée malienne (EUTM). Mais le ministre de la défense Pieter De Crem a depuis lors proposé de relever le contingent belge de 50 à  70 militaires, une augmentation qui devait elle aussi être approuvée par la majorité. Mais sans succès toutefois ce vendredi. L’effort budgétaire lié à  l’envoi de 50 soldats au Mali pour une période de 4 mois renouvelable avait été évalué en mars dernier à  de 2,2 millions d’euros par période d’engagement.

8 Mars: les épouses de militaires n’ont pas le cœur à la fête

Depuis ce lundi 4 mars, Journaldumali.com consacre une série d’articles aux femmes issues de différentes catégories sociales de la population dans le cadre de la journée internationale de la femme. Comme à  l’accoutumée, beaucoup d’activités, notamment des séminaires, des causeries-débats, des séances de sensibilisation sur les droits de la femme, etc. sont organisées, à  l’occasion de cette journée par des structures étatiques ou non. Cette année les femmes se réunissent autour du thème « Une promesse est une promesse : il est temps de passer à  l’action pour mettre fin à  la violence à  l’égard des femmes». Au Mali, la journée du 8 mars sera autrement célébrée par les épouses de militaires. La situation que traverse le pays ne leur permet pas de fêter dans la gaieté. Beaucoup de ces femmes ont leur mari sur les théâtres d’opérations, d’autres sont au chevet des leurs à  l’hôpital et certaines sont en deuil. Au « camp para », le moral est en berne Au 33ème régiment des commandos parachutistes communément appelé Camp Para, les femmes des bérets rouges affirment être délaissées cette année à  cause de la situation qui prévaut au sein du corps de leurs maris. Assises sous un arbre entrain de prendre du thé au camp, les femmes rencontrées, après hésitation, ont souhaité dire quelques mots à  Journaldumali.com. «Nous vivons dans la peur à  cause des nouveaux occupants du camp» lance Awa, tresseuse. Elles indiquent qu’autrefois, cette journée était bien organisée et elles participaient pleinement aux activités et même que les partis politiques leur remettaient des pagnes. Beaucoup disent n’avoir pas l’esprit tranquille pour pouvoir fêter cette édition et qu’en plus, aucune association n’a pensé à  elles. Fanta ajoute qu’elle craint qu’on leur interdise même des regroupements pour célébrer cette fête. A la question de savoir comment elles vivent au quotidien, elles répondent qu’elles passent leur temps à  parler de leur situation car leurs activités sont en bernes. Leur grosse inquiétude est du côté de leurs enfants car ils sont également affectés par la situation de leurs parents. Il leur encore plus difficile de se concentrer sur les études si la confiance et l’entente ne renaissent pas dans la grande muette. Pour rappel, fin avril 2012, les Bérets rouges avaient tenté de reprendre le pouvoir après le coup d’Etat du 21 mars ayant renversé le président Toumani Touré, mené par les hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo, membres d’un autre corps d’armée, les Bérets verts. Malgré la récente médiation du Premier ministre Diango Cissoko pour résoudre la crise entre ces corps, la situation n’est pas totalement apaisée, selon ces femmes.

Les soldats au front révoltés par les avantages accordés au Capitaine Sanogo

Dans un document déposé à  la rédaction du Républicain, le message est clair : la décision a créé une révolte dans les rangs des combattants. Un ultimatum de deux semaines est lancé par ces soldats au front qui demandent « des explications claires et nettes » au Président de la République. « Monsieur le Président, nous avons appris, pendant que nous mourons, nous, dans le grand désert, que le Capitaine Sanogo, pour avoir fait un coup d’Etat, et mis le pays dans la situation que nous connaissons, doit bénéficier d’un salaire de quatre millions. Et les autres de son groupe, C’’est-à -dire son clan, qui refusent de venir combattre, bénéficient également des mêmes traitements », peut-on lire dans la lettre ouverte au Président de la République et signée par le Capitaine Touré (dont nous taisons le prénom). Ces soldats de l’armée malienne déclarent leur incompréhension et exigent du Président du République « des explications claires et nettes ». Ils veulent savoir s’il faut faire un coup d’Etat pour être récompensé et reconnu comme bon soldat, chose qu’ils affirment ne jamais accepter. Et « si cette décision n’était pas annulée avant dans les deux semaines suivantes, nous cesserons, nous, C’’est-à -dire moi et mes éléments, de combattre et nous sommes prêts à  en subir toutes les conséquences », soutiennent les auteurs de la lettre ouverte. Le Décret n 2013-043 /P-Rm du 22 janvier 2013 fixe les avantages accordés aux membres et au Secrétaire général du Comité militaire de suivi de la Réforme des forces de défenses et de sécurité. Son président, le Capitaine Amadou Aya Sanogo, bénéficie d’un traitement de 2 500 000 Fcfa et d’autres avantages comme l’indemnité de responsabilité et la prime de sujétion pour risque qui sont de 300 000 et 250 000 Fcfa, une indemnité de logement de 500 000 Fcfa, une indemnité forfaitaire d’entretien au titre de la consommation d’eau, d’électricité et de téléphone de 400 000 Fcfa, une Prime d’installation de 2 500 000 Fcfa, un véhicule de fonction, la gratuité des soins et examens médicaux, une Assurance couvrant les accidents de transport par voie aérienne ou de surface. La lettre ouverte au Président de la République Monsieur le Président, Nous avons appris, pendant que nous mourons, nous, dans le grand désert, que le Capitaine Sanogo, pour avoir fait un coup d’Etat, et mis le pays dans la situation que nous connaissons, doit bénéficier d’un salaire de quatre millions. Et les autres de son groupe, C’’est-à -dire son clan, qui refusent de venir combattre, bénéficient également des mêmes traitements. Nous ne comprenons pas cela et nous exigeons de vous, nous autres soldats de l’armée malienne des explications claires et nettes. Nous voulons savoir s’il faire un coup d’Etat pour être récompensé et reconnu comme bon soldat ? Nous n’accepterons jamais cela. Si cette décisions n’était pas annulée avant dans les deux semaines suivantes, nous cesserons, nous, C’’est-à -dire moi et mes éléments, de combattre et nous sommes prêts à  en subir toutes les conséquences. Fait à  Gao, le 1er mars 2013 Le Capitaine TOURE

Mali : les femmes des Bérets rouges entrent dans la bataille

Les épouses des soldats emprisonnés depuis la tentative de contre-coup d’Etat du 30 avril 2012 n’en peuvent plus. Voilà  trois mois que certaines sont sans nouvelles de leurs maris et que le flou persiste sur le sort de 21 à  22 soldats qui manquent à  l’appel et pourraient avoir été exécutés. Trois mois que les soldes des prisonniers n’ont pas été versées, et que leurs familles ont du mal à  joindre les deux bouts. Le 1er février 2012 déjà , d’autres femmes de soldats avaient manifesté, plongeant les grandes villes du pays dans des émeutes. Pillages, agressions… Une chasse aux Touaregs s’était déclarée, contre une communauté perçue en bloc comme les rebelles auxquels le massacre d’Aguelhok était imputé. Des femmes aussi téméraires que leurs époux A l’époque, C’’étaient les femmes de 70 soldats exécutés le 24 janvier sur leur base éloignée du Nord, à  Aguelhok, qui demandaient des comptes. Leurs maris avaient été froidement abattus, certains égorgés et éventrés, sans munitions pour se défendre ni renforts pour les aider. Le pouvoir, lui, minimisait le drame —un crime de guerre imputé aux islamistes d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Signe avant-coureur du délitement de l’Etat malien: ces femmes de soldats avaient forcé les portes du palais présidentiel de Koulouba et invectivé le président Amadou Toumani Touré (ATT). Cinq mois plus tard, ce sont 300 femmes de militaires qui sont descendues dans la rue, le 16 juillet 2012 à  Bamako. Foulards rouges noués autour de la tête, elles défendent les droits de leurs maris, des Bérets rouges, membres de l’ancienne garde présidentielle. Certains, loyalistes à  l’égard du régime déchu d’ATT, avaient fait une tentative de contre-coup d’Etat le 30 avril, pour renverser la junte des putschistes du 22 mars. Ils avaient cherché à  prendre le contrôle de l’aéroport de Bamako, de la télévision nationale et du camp militaire de Kati. Les combats s’étaient soldés par un échec des Bérets rouges et une vague d’arrestations. Une centaine de militaires —47 au moins selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR)— ont été mis au cachot dans le camp militaire de Kati, à  15 km de Bamako, la capitale. Aucun chef d’inculpation n’a été délivré contre eux pendant plusieurs semaines. Ils n’avaient pas non plus le droit de recevoir de visites. Certains ont été mis au régime d’isolement, confinés dans le noir 24 heures sur 24. Les moins gradés auraient été torturés et entassés dans des cellules o๠la température avoisinait les 45 degrés…. Lire la suite sur Slate Afrique : http://www.slateafrique.com/91477/les-femmes-berets-rouges-menacent-de-defiler-nues-pendant-le-ramadan#reaction

Radiation des militaires déserteurs : était-ce bien nécessaire ?

A priori, la décision peut ne pas émouvoir outre mesure. C’’est la logique militaire pourrait-on même dire. Surtout quand la décision de radiation porte la signature d’un certain colonel-major, Yamoussa Camara, ministre de la Défense et des Anciens combattants, reconnu par sa fermeté et sa rigueur disciplinaire. A posteriori, le moment ou encore le contexte de cette radiation est sujet à  commentaires. En effet la décision intervient à  un moment o๠le gouvernement actuel est à  mille lieues de convaincre bon nombre de Maliens sur sa gestion de la crise qui frappe le Mali depuis le coup d’état du 22 Mars. Par une position hésitante entre volonté de négocier avec des ennemis surarmés et l’option militaire, freinée par une armée en pleine reconstruction, les détracteurs auront encore du grain à  moudre et continueront à  tirer encore à  boulets rouges sur l’équipe de Cheick Modibo Diarra. Cette décision de radiation intervient surtout au moment o๠le peuple malien, mû par une bonne dose de nationalisme et de chauvinisme, a les yeux rivés sur son armée pour aller laver l’affront des groupes salafistes et autres terroristes installés au nord du pays. Alors que la vague feuille de route annoncée par le Premier ministre convainc à  peine les Maliens sur la sortie de crise au Mali, et donne l’impression d’un gouvernement qui ne sait pas très o๠aller. Cette entreprise de radiation ne serait t’elle pas une gageure avec une armée déjà  fortement ébranlée et mise à  mal par les événements du 22 mars dernier ? Beaucoup de gens n’hésiteront pas à  répondre par l’affirmative tant le contexte actuel doit privilégier l’union des C’œurs et des esprits. Seul gage aujourd’hui pour se relever et avancer.

Nord Mali : les militaires libérés rejoignent leurs familles

Plus de 150 prisonniers militaires jusqu’alors détenus dans le nord du Mali par Ansar Dine ont rejoint leurs familles le 17 avril au cours d’une cérémonie organisée au camp du Génie militaire. Un événement auquel assistaient le président de la République par intérim Dioncounda Traoré, des membres du CNRDRE ainsi que Mahmoud Dicko et Jean Zerbo, respectivement président du Haut conseil islamique (HCI) et Archevêque de Bamako. « Nos chefs nous ont trahis  » Tous vêtus de leur tenue militaire, les prisonniers – des soldats de rang pour la plupart – avaient l’air peu à  l’aise devant leurs familles présentes dans la cour. « Ces militaires sont ceux des garnisons des régions du nord qui sont tombées une à  une aux mains des ennemis. Nous avons été victimes de la trahison de nos supérieurs » a déclaré le commandant Amara Doumbia, représentant des militaires libérés. La libération de ces prisonniers a été possible grâce à  la médiation du HCI. Ce dernier a envoyé deux émissaires auprès d’Iyad Ag Ghali, chef d’Ansar Dine. Selon Mahamoud Dicko la négociation avait commencé dès le 2 février. « Nous avions exprimé notre préoccupation à  l’ancien président Amadou Toumani Touré concernant la situation du Nord. Il nous avait chargé de cette médiation. Un émissaire qui priait dans la même mosquée qu’Iyad Ag Ghali C’est ainsi que Mohas Haidara, imam de la mosquée de Banankabougou, et Yacoub Siby, chargé des affaires sociales du HCI ont été envoyés dans le Nord. « La médiation a été facile entre Iyad Ag Ghali et nos émissaires car Mohas Haidara priait avec lui dans la même mosquée à  Banankabougou. Le dialogue a finalement permis de faire libérer les prisonniers militaires qui sont devant vous ce soir » a expliqué Mahamoud Dicko. Les militaires libérés ont remercié le HCI pour leur a permis de revoir leurs femmes familles . « Vous avez sauvé beaucoup de foyers, donné de l’espoir à  nos enfants et à  nos parents, nous manquons des mots pour vous remercier. Seul Dieu peut vous récompenser de vos efforts», a remercié avec émotion Amara Doumbia. « Rien n’est perdu » « Vous avez accepté de risquer votre vie pour de défendre la nation. Elle vous compte désormais parmis ses fils les plus dignes », leur a répondu le chef d’Etat major Ibrahim Tairou Dembélé, en ajoutant que « rien n’est perdu, on va reconquérir les territoires occupés ». Exceptionnellement les journalistes présents à  la cérémonie n’ont pas été autorisés à  prendre en photo les militaires libérés.

Coup d’Etat : récit de la folle journée du 21 mars

Dans la matinée du mercredi 21 Mars, au camp militaire de Kati, une rencontre a lieu entre le Ministre de la défense, Sadio Gassama e et les militaires du camp garnison o๠vivent de nombreuses familles La rencontre, apprend t’on, se solde par une joute verbale puis des échanges de tirs en l’air, rapportent des témoins, des militaires en colère contre le pouvoir. D’autres affirment qu’au même moment, des manifestations ont lieu dans la ville garnison de Kati, elle située à  15km de Bamako. Lundi 19 mars, des jeunes avaient tenté de marcher sur Koulouba ( palais présidentiel ) avec des pancartes affichant les messages suivants : «Â Libérez les otages de Tessalit ! ». Manifestation très vite contrôlée par les forces de l’ordre. 11h : Mécontents, le militaires cassent le magasin d’armes de Kati pour exprimer leur ras-le bol face à  la situation qui prévaut au nord. Selon une source sur place, ils auraient réclamé aux autorités plus d’armes pour se battre au nord… Rappelons que de nombreux militaires maliens sont déployés au nord du territoire, contre les rebelles du MNLA, qui ont lancé un offensive contre l’armée malienne depuis le 17 janvier. La dernière offensive à  Tessalit, a vu la prise du camp d’Amanach par les rebelles, au détriment de l’armée malienne qui a du se replier. 15h, en milieu d’après midi, les militaires commencent à  descendre sur Bamako, en direction du palais présidentiel. Selon l’agence Reuters, des soldats sont postés un peu partout, autour du palais par mesure de sécurité. Des rumeurs commencent à  agiter la ville, alors que beaucoup quittent le centre-ville de Bamako par peur des casses. Sur injonction, de l’ambassade de France, les écoles, lycées et établissements à  caractère public ont fermé depuis le matin. 16h, le 2è de pont de Bamako est en sens unique et voit défiler une longue file de véhicules qui quittent le centre ville. En quelques heures, le centre-ville s’est complètement vidé. 16h30 : Plus spectaculaire, les locaux de la télévision nationale sont pris d’assaut par les militaires, qui font évacuer le personnel à  l’extérieur,… Quelques minutes plus tard, le signal est coupé sur la chaà®ne nationale. La chaà®ne privée panafricaine Africable n’émet plus également ses programmes. 18h : Sur la colline de Koulouba aux abords du palais présidentiel, des militaires continuent de tirer en l’air, d’après des témoins. Mais aucune information ne filtre de la présidence, laissant place aux rumeurs de coups d’états… Ce qui est certain, C’’est qu’en fin de journée, les militaires, dont le nombre reste incertain, sont déployés un peu partout dans Bamako et font monter la tension… 22h : Le signal de l’ORTM est toujours coupé dans la soirée de mercredi. Par ailleurs, des témoins affirment que des pick-up circulent dans le centre-ville de Bamako, et continuent de tirer en l’air. 23h, les militaires auraient visé les locaux de la chaà®ne panafricaine Africable, toujours en tirant des coups de feu en l’air, après avoir traversée la Tour de l’Afrique, près du quartier Faladjè. Tard dans la soirée de mercredi, la situation reste très confuse, alors qu’un témoin affirme qu’au camp militaire de Djicoroni Para, près du centre ville de Bamako, les militaires seraient en balade… Absence de communication, folles rumeurs de coup d’état, avec la télévision nationale suspendue, l’on avait pour seul écho, le bruit des détonations qui ont plu sur Bamako toute la journée du mercredi 21 mars au matin. Le militaires ne s’en prennent toutefois pas aux civils… Peu avant minuit, la télévision nationale émet de nouveau, avec un message annonçant une déclaration des Militaires… Déclaration qui passe à  4h du matin… A 6h du matin, le couvre feu est décrété à  Bamako. Et l’aéroport fermé. –

La colère des militaires de Kati

Ce mercredi, il semble que Kati, la ville garnison située à  15km de Bamako, soit encore le siège de contestations face à  la situation de déroute de l’armée malienne au Nord. Lundi matin, on apprenait que des jeunes de la ville, avaient tenté de marcher sur le palais présidentiel de Koulouba. Mais ils ont vite été dissuadés par les forces de l’ordre pour éviter le scénario de février, lorsque les femmes en colère, avaient pris d’assaut les grilles du palais présidentiel et lancé des injonctions à  ATT sur le sort de leurs époux soldats tués au nord. Selon les jeunes, l’objectif de cette marche était d’adresser un message au président malien Amadou Toumani Touré pour exprimer « leur mécontentement ». Sur les pancartes de certains marcheurs, on pouvait lire « Libérer le camp de Tessalit! « , « Libérez les otages de Tessalit ! ». Mutinerie On apprend ce mercredi que des échanges de tirs auraient eu lieu entre militaires. Ce mercredi matin, une rencontre entre quatre ministres et les militaires de la garnison de Kati, dont le but aurait été de calmer les soldats suites aux différentes manifestations vécues par la ville, s’est terminée par un tir de semonce du garde de corps d’un des ministres présents. Selon nos sources, parmi les quatre ministres, il y avait le ministre de la défense et des anciens combattants et celui de l’Administration territoriale et des collectivités locales. La situation aurait dégénéré à  l’issue d’une joute oratoire opposant les ministres aux militaires. Afin de ramener le calme, selon plusieurs témoignages de katois, le garde du corps d’un des ministres aurait été amené à  tirer en l’air pour dissuader ces confrères d’intenter toute action contre les ministres en compagnie desquels il aurait quitté les lieux très vite. Une fois les visiteurs partis, les militaires se seraient dirigés vers les dépôts de munitions et se seraient emparés des armes. Des tirs auraient été entendus au-delà  des murs de la garnison, toujours selon les habitants. Cette démonstration de force serait leur marinière de montrer leur mécontentement vis-à -vis de la guerre qui persiste dans le septentrion du pays. Rappelons que le 2 février dernier, les femmes et les jeunes de la même ville avaient marché sur le palais présidentiel, toujours au sujet de la crise au nord du Mali pour réclamer la vérité sur la situation des soldats morts lors des attaques d’Aguel’hoc en Janvier. Cette fois, C’’est la prise de Tessalit, par les rebelles qui semblent être le moteur de cette nouvelle contestation. Quant les rebelles affirment détenir de prisonniers maliens, on peut comprendre l’inquiétude des populations de Kati sur le sort de leurs proches. Par ailleurs, l’Ambassade de France lance une alerte de sécurité à  la population. Ce qui laisse présager d’une situation tendue à  Kati. Mais atteindra-t-elle Bamako ? Nous y reviendrons.

Ménaka : le bilan des attaques

On en sait un peu plus sur le bilan des affrontements meurtriers intervenus ce mardi 17 janvier au Nord du Mali, précisément dans le cercle de Ménaka, région de Gao. Si on ignore encore l’identité réelle des assaillants, tout porte à  croire qu’il s’agit de rebelles Touaregs armés, les premiers depuis le retour de centaines d’entre eux, qui avaient été accueillis par le leader libyen Mouammar Kadhafi et avaient combattu à  ses côtés avant sa chute. Au ministre de la défense et des anciens combattants, on ne se fait pas de doute. Il s’agit «Â des militaires rentrés de Libye, auxquels se sont joints d’autres éléments se faisant connaà®tre sous l’appellation de Mouvement National de Libération de l’Azawad ». Un militaire malien tombe dans les combats Pour repousser les rebelles, l’armée malienne a du déployer de gros moyens, et les combats de ce mardi ont duré plusieurs heures. Selon le Bureau de l’Information et des Relations Publiques des Armées, dirigé par le colonel d’Aviation Idrissa TRAORE, la riposte des forces armées et de sécurité, soutenue par un escadron d’hélicoptères de combat et l’aviation légère d’appui, a enregistré le bilan ci-après : du côté des assaillants, au total six véhicules ont été détruits, faisant de nombreux morts et blessés. Aussi, nous apprend-on de sources militaires, des assaillants ont été faits prisonniers par l’armée régulière. Du côté des forces armées et de sécurité, on déplore un mort, selon un communiqué du ministre de la défense et des anciens combattants, Nathié Pléah. «Â Tous les aéronefs engagés dans les combats ont rejoint leur base » précise le ministère de la défense. Qui rassure les populations que des dispositions sécuritaires et de défense ont été déployées pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Les attaques de Ménaka interviennent au moment o๠la question de la sécurité dans la bande sahélo-saharienne fait l’objet de toutes les préoccupations. Si la volonté politique des Etats concernés par cette zone peine à  se mettre en place, au Mali le gouvernement tente de prendre le taureau par les cornes depuis le discours du chef de l’Etat à  Dioà¯la au lendemain de la prise d’otage des deux Français à  Hombori et de trois autres Européens dans leur hôtel à  Tombouctou. Si l’armée malienne a pu circonscrire l’attaque des rebelles, C’’est dû, sans doute, au renforcement du dispositif de sécurité depuis la semaine dernière. Dans ce contexte, les interrogations se multiplient déjà  quant à  la possibilité d’organisation des élections en avril prochain. Attendons de voir.

La Coalition sahélienne est né : 75.000 militaires mobilisés dans 18 mois

Placée sous le thème «Sécurité et développement», la rencontre de Bamako, la capitale malienne, qui a réuni, vendredi dernier, les ministres des Affaires étrangères des quatre pays du Sahel, (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) aura surtout permis aux participants de faire le point sur la situation et les risques sécuritaires qui menacent toute cette zone. Sur le plan chronologique, elle intervient au moment o๠le chaos libyen tend à  se propager dangereusement au-delà  des frontières de la Jamahiriya. A cet égard, même si elle s’inscrit dans le cadre d’un calendrier adopté par les pays concernés, elle n’a cependant rien d’une réunion o๠sont généralement débattues les affaires courantes. Sur le plan stratégique, elle reflète une prise de conscience collective face aux nouvelles menaces exprimées par Al Qaà®da, notamment après l’annonce de la neutralisation de son chef «charismatique». De ce fait, la réunion de Bamako devrait constituer une étape très importante dans la construction de l’édifice sécuritaire sahélien dans lequel l’Algérie joue un rôle prépondérant sur les plans opérationnel et économique. Selon des sources sécuritaires, le Mali, trop longtemps réticent par rapport à  un règlement politique de l’épineuse question des Touareg, serait sur le point d’adopter les mêmes démarches que celles de l’Algérie. Les exigences sécuritaires imposées par un contexte régional menaçant ont apparemment réussi à  mettre tout le monde sur la même longueur d’onde. En plus des Algériens, Maliens, Nigériens et Mauritaniens expriment aujourd’hui, à  l’unanimité, la nécessité absolue de consolider la présence des dizaines de tribus touarègue en leur assurant un soutien économique conséquent. l’aide de 10 millions de dollars accordée par l’Algérie au Mali devrait en principe, estiment nos sources, permettre de relancer certains projets infrastructurels au profit d’une population qui ne doit en aucun cas, être abandonnée au chantage et aux pressions exercées par les groupes terroristes et les clans mafieux qui ont plongé cette région dans l’insécurité pendant de nombreuses années. Ayant constitué le ventre mou dans la lutte antiterroriste, le Mali est en train de revenir aux Accords d’Alger concernant les rapports entre le pouvoir central et l’opposition touarègue qui a toujours revendiqué une participation effective dans la gestion des affaires du pays. En un mot, le Mali est en train de revoir sa copie afin de se donner une consistance réelle et un rôle efficace dans la sécurisation de la région. Le tout-sécuritaire n’étant qu’un élément quoique fondamental, C’’est par le biais d’une prise en charge économique et sociale de l’ensemble des préoccupations exprimées par les populations de cette zone que les pays du Sahel entendent redémarrer leur coopération. Dans ce contexte, les 75.000 militaires qui seront mobilisés dans les prochains 18 mois, selon un plan antiterroriste adopté par les quatre pays, ne seront que mieux confortés dans leur mission. C’’est à  ce prix et uniquement à  ce prix que les pays du Sahel vont pouvoir convaincre les puissances occidentales particulièrement de l’inutilité et l’inopportunité d’une intervention militaire étrangère. Forte de son expérience, l’Algérie aura les commandes des opérations militaires dans la région des forces de la coalition antiterroriste, tout en prenant en compte les différents programmes de réinsertion économique et sociale sans lesquels l’effort militaire n’aura aucune efficacité. En effet, le seul moyen efficace pour neutraliser Al Qaà®da au Maghreb islamique, qui dispose aujourd’hui d’un trésor de guerre inestimable composé d’armes subtilisées en Libye et de moyens financiers provenant des multiples trafics et rançons, réside dans la capacité des pays concernés à  répondre aux aspirations légitimes des populations de la région.

Que se passe-t-il au Burkina Faso ?

La nuit a été relativement calme à  Ouagadougou dont les habitants reprennent leurs activités. La ville est sous couvre-feu de 19heures à  6heures du matin. Une mesure prise par les autorités après avoir tenté en vain de désamorcer les troubles qui ont éclaté le jeudi dernier dans la capitale et qui s’étendent à  présent dans plusieurs autres villes. Après Ouagadougou, ce fut le tour de Pô et Tenkodogo, et aujourd’hui Kaya de suivre le mouvement. Des soldats et des gendarmes sont sortis, dimanche soir, dans les rues de Kaya, ville située à  une centaine de kilomètres au nord-est de Ouagadougou, et ont tiré en l’air dans les rues jusqu’à  6 heures, ce lundi. Pour la première fois, des gendarmes participaient à  la mutinerie, depuis le début du mouvement. Ils ont incendié le domicile du chef du corps du régiment de commandement d’appui et de soutien (CAS) et saccagé celui du commandant de la première région militaire, celle de Kaya. Le mouvement de contestation était parti jeudi soir de la propre garde présidentielle du chef de l’Etat, Blaise Compaoré, puis s’est, les jours suivants, étendu à  d’autres garnisons de la capitale, et des trois autres villes. Pour tenter de contenir cette révolte, Compaoré, arrivé au pouvoir par Des dizaines de soldats étaient descendus dans les rues de Ouagadougou la semaine dernière. Des magasins ont été pillés, une radio saccagée et des résidences d’officiers incendiées. Cette mutinerie a entraà®né la dissolution du gouvernement burkinabé et le limogeage du chef d‘état-major des armées. Militaires toujours fâchés Ces agitations constituent l’une des plus graves crises qu’ait connue le régime du président Compaoré. En fait, les troubles actuels semblent être la continuité d’autres mouvements d’humeur des militaires. Dans la nuit du 22 au 23 mars, dans capitale à  Ouagadougou, des militaires étaient sortis de leurs casernes, avaient tiré en l’air dans les rues et pillé des boutiques en réaction à  la condamnation de cinq des leurs dans une affaire de moeurs et de viol. Le 24 mars, ils étaient libérés par les autorités. Le 28 mars, les villes de Koupéla, Tenkodogo, et à  nouveau Ouagadougou étaient touchées par la grogne des militaires. Dans la capitale, des militaires appartenant au 32e régiment d’infanterie commando (RIC) étaient allés libérer à  la prison civile un autre soldat, enfermé pour le viol d’une jeune fille. Après ces incidents, le président Compaoré a rencontré, le 31 mars, toutes les composantes de l’armée, des simples soldats aux généraux. Outre la contestation du jugement de six de leurs camarades, les soldats burkinabés protestaient contre leurs mauvaises « conditions de vie », ou encore « des problèmes avec la hiérarchie ». On croyait alors la page tournée jusqu’au jeudi dernier o๠la garde présidentielle déclenche une mutinerie. Du mal à  gérer la crise Des discussions étaient pourtant en cours entre la hiérarchie et les mutins. Selon un officier de ce régiment présidentiel ayant requis l’anonymat, il s’agit d’un mouvement de colère de militaires pour protester désormais contre le non-versement d’une indemnité de logement et alimentaire qui leur avait été promise. Parallèlement, les professionnels de la justice ont suspendu depuis le 23 mars leurs activités, pour exiger la réincarcération de cinq militaires condamnés pour des affaires de mœurs et de viol, et libérés par les autorités. En guise de réponse à  la demande des magistrats, une roquette fût tirée le 29 mars par des militaires sur le palais de justice de la ville de Fada N’Gourma, dans l’est du pays. Les étudiants aussi sont fâchés Des manifestations étudiantes sont aussi organisées, depuis le 22 février, pour dénoncer la mort de six personnes lors d’une marche fin février dans la région du Centre-Ouest. A l’origine, les étudiants demandaient le « respect des franchises scolaires et universitaires » et « exigeaient » le « départ » des forces de police qui stationnent sur les campus. Malgré des mesures prises par le gouvernement pour ramener le calme, les violences se sont étendues à  travers le pays. Le 9 mars, le gouvernement a ordonné pour la deuxième fois en dix jours la fermeture des établissements scolaires « jusqu’à  nouvel ordre ». Nouvelle déclaration de Blaise Compaoré le 10 mars: « En cassant on ne peut pas faire durer le progrès dans notre pays. » Rien n’y fait. Le 12 mars, des heurts ont opposé des manifestants de l’Université de Ouagadougou aux forces de l’ordre, après l’échec d’une nouvelle marche « pacifique » pour réclamer justice pour leurs camarades tués. Bilan: neuf blessés et cinq interpellations. Depuis, la contestation continue: des lycéens de Tenkodogo, ville située à  près de 200 km au sud-est de Ouagadougou, ont manifesté le 31 mars, en soutien aux étudiants. Et il y a une semaine, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans la capitale et dans plusieurs villes de l’intérieur du pays contre le régime de Compaoré. Le Burkina Faso est-il en train de devenir le pays des hommes fâchés ?