Fekola : B2 Gold annonce une baisse de ses prévisions de production

La production totale d’or au troisième trimestre 2022 a été de 227 016 onces d’or, en baisse de 27% par rapport au troisième trimestre 2021, et moins que les prévisions, en raison de nombreux défis.

La difficile saison des pluies a notamment rendu difficile l’accès au minerai à haute teneur de la phase 6 de Fekola, ont expliqué les responsables de la société. La mine a donc produit seulement129 933 onces d’or au troisième trimestre 2022.

La société a en outre annoncé une baisse de sa production dans la mine d’Otjikoto, en Namibie, 35 068 onces au troisième trimestre 2022. Mais la production devrait augmenter au quatrième trimestre, a-t-elle ajouté. B2 Gold a également indiqué un maintien de ses prévisions de production d’or 2022 dans sa mine des Philippines. Celle-ci a produit 49 902 onces au troisième trimestre.

Ce qui fait que, au plan global, la production d’or totale de la société reste estimée entre 990 000 et 1 050 000 onces d’or en 2022. En plus de ses mines dans ces différents pays, B2 Gold, fondée en 2007, dispose de projets d’exploration et de développement en Colombie, au Burkina Faso, en Finlande, en Ouzbékistan et au Mali.

Acquise en 2014, la plus grande mine de la société, sa cinquième acquisition, a démarré en 2015 et le traitement du minerai en 2017, avec la fin de la construction de l’usine.

Sécurité : explosion d’un bus à son passage sur une mine, plusieurs morts civils

Hier jeudi 13 octobre 2022, sur l’axe Sevaré Bandiagara le Bus d’une compagnie de transport nommée DC a été victime d’une attaque à l’engin explosif improvisé EEI.

Le bus a sauté sur un engin explosif improvisé sur l’axe Sévaré-Bandiagara-Bankass-Koro, surnommée la route du poisson. Une route très prisée par tous les transporteurs car elle constitue l’unique voie goudronnée qui mène au pays Dogon. Selon Président du collectif des associations des jeunes du pays Dogon Adama Diongo, il s’agit de la route la plus meurtrière du Mali à cause notamment d’actes terroristes.

Le bilan au lendemain de l’attaque fait état de 10 morts et de nombreux blessés qui ont été évacués sur Bandiagara et Koro selon le collectif des jeunes du pays Dogon. D’après un rapport d’OCHA publié le 14 septembre et couvrant la période de janvier à août 2022, plus de 230 civils ont été victimes d’engins explosifs improvisés au Mali. Parmi les victimes, « tous des civils », 72 ont trouvé la mort et 167 ont été blessés. La région de Mopti est la plus affectée avec 36% d’incidents liés aux EEI.

Mali – Mine d’or de Syama : Bientôt une centrale solaire hybride de 40 MW

Située à 30 km de la frontière ivoirienne, à 300 km au sud-est de Bamako, la mine de Syama est détenue par Société des mines de Syama S.A. (SOMISY). L’Australien Resolute y a une participation de 80% et le Mali les 20% restants. Depuis 2019, Resolute et Aggreko, entreprise britannique spécialisée dans la location de groupes électrogènes, mûrissent un projet de centrale solaire hybride pour réduire les coûts de production énergétiques de 40%.  La mise en service du système de batteries et de moteurs devrait être achevée en mars 2021.

La centrale solaire hybride de Syama combinera des technologies thermique et solaire et sera livrée en deux phases. La première est l’installation de trois nouveaux générateurs de blocs modulaires d’énergie thermique de 30 MW et d’un système de stockage par batteries de 10 MW. La seconde phase, initialement prévue pour 2023, verra la construction d’un panneau solaire de 20 MW. « La construction de la nouvelle centrale solaire modulaire hybride s’est poursuivie au cours du dernier trimestre 2020, en partenariat avec Aggreko. Les principales étapes franchies comprennent les travaux de génie civil, la mise en place des moteurs de production et l’achèvement de la première étape de stockage de batteries HFO, maintenant prêtes pour la mise en service », explique une porte-parole de Resolute.

Retards La première phase devrait prendre fin en 2020, mais les travaux ont duré plus que prévu. « Certains retards dans la construction du projet ont été enregistrés en raison de perturbations logistiques et de personnel, dues à la Covid-19 et au coup d’État », explique la porte-parole.

Une fois opérationnelle, « la nouvelle centrale fournira une énergie rentable, respectueuse de l’environnement, économe en capital et permettra des économies d’électricité à long terme, jusqu’à 40%, en réduisant les émissions de carbone d’environ 20% ».

La centrale permettra de rentabiliser l’exploitation avec une économie de plus d’un milliard de francs CFA par mois sur le coût actuel de l’énergie. Cela aura des répercussions sur le coût de production de l’or.

Resolute et Aggreko ont également convenu de financer conjointement des investissements dans l’énergie communautaire afin de fournir les villages qui ont actuellement « un accès limité à une électricité fiable ».

Opérationnelle depuis 2018, la mine souterraine est l’une des plus avancées techniquement au monde. En 2019, elle a produit 243 000 onces d’or sur une réserve de 3,3 millions. Sa durée de vie est de 14 ans.

Yanfolila : Affrontements autour d’une mine

Un groupe de personnes vivant dans la localité de Yanfolila a tenté hier d’empêcher la société minière « Hummingbird Resources » d’effectuer des travaux de préparation du site pour étendre ses opérations minières dans la zone, occasionnant un affrontement avec les gendarmes. Face à cette violence, les travailleurs miniers ont abandonné le travail et réclament leur salaire.

Les villageois ne sont pas d’accord avec l’occupation de leur terre au profit de l’exploitation minier. En dépit d’un accord qui avait été trouvé avec le gouvernement, la résistance ne faiblit pas. « Nous avons entendu des coups de feu dans le village de Bougoudalé et la situation était vraiment préoccupante » indique un employé de la société. Cette dernière déplore les incidents qui ont survenu hier mardi et ont couté la vie à quelques personnes. « Malheureusement, nous avons été informés que ces affrontements ont entrainé la perte d’au moins trois vies  dont deux ne seraient pas des ressortissants maliens » a déploré la compagnie minière Hummingbird Ressources.

Suite à cet incident, plusieurs employés de la société African Mining Service (AMS) fournissant des services miniers à la société mère ont rejoint Bamako, fuyant l’insécurité sur place à Yanfolila. Arrivés dans la capitale hier dans la nuit, ils réclament leur salaire et des frais de transport pour rallier leurs différentes familles jusqu’à l’apaisement de la situation.

Ce matin dans les locaux de la Société africaine d’études et de réalisations (SAER-EMPLOI), ils étaient nombreux à faire la queue pour pouvoir être payés. Ils affirment avoir passé toute la nuit dehors en espérant obtenir satisfaction aujourd’hui. « Nous sommes dans la galère, nous n’avons rien. Nous avons tout laissé là-bas. Nous voulons qu’on nous paye ce matin parce qu’on ne sait pas quand le travail va reprendre » confie un travailleur sur place. « L’AMS nous a confié à la SAER. Nous avons notre argent avec eux et nous voulons le prendre avant de partir chez nous » ajoute un autre.

La situation commençait par se décanter avec le payement effectif de certains employés, même s’ils ont déploré le manque des frais de transport comme promis par la société. « Ils ont commencé à nous payer et si possible on sera tous servi. Le travail n’est pas fini, si la tension baisse sur le terrain nos supérieurs vont nous rappeler pour la reprise » espère un employé.

Camara Marie Anne Dabo, présidente de l’association des femmes minières du Mali : « La femme est incontournable dans le secteur minier »

Le Premier ministre a donné le coup d’envoi ce matin des 7e journées minières et pétrolières du Mali, à l’hôtel Laïco de l’amitié. En présence d’une dizaine de ministres de son gouvernement, il a souhaité que l’or puisse briller pour tous les Maliens. En attendant que ce souhait devienne réalité, des femmes se sont organisées en association pour exploiter les pierres précieuses et semi-précieuses au Mali. La présidente de l’association des femmes minières du Mali, Camara Marie Anne Dabo, s’est épanchée pour le Journal du Mali sur les spécificités de cette association.

Journal du Mali : Vous êtes la présidente l’association des femmes minières du Mali (AFEMINE), dites-nous en plus sur cette association ?

Camara Marie Anne Dabo : L’association a été créée en 2002, et depuis nous avons fait du chemin. Nous sommes là pour montrer qu’il y a d’autres ressources au Mali autre que l’or, la bauxite, le pétrole. Il y a d’autres substances qui génèrent de la richesse. Il y a par exemple les pierres précieuses, nous nous sommes donc organisés pour faire de l’exploitation, la transformation, la valorisation des pierres du Mali.

Quelles sont les pierres que vous exploitez ?

Nous sommes spécialisées dans les prehnites (pierres semi-précieuses). Des prehnites verts et bleus. Quand elles sont bien travaillées, elles ont une bonne valeur marchande, et peuvent même côtoyer les pierres précieuses.

Selon vous, quelle place occupe la femme dans le secteur minier au Mali ?

Bien que le genre soit marginalisé, dans certaines filières, j’avoue que de 1995 à ce jour, le secteur minier à beaucoup progressé. Nous observons, actuellement, qu’il y a des femmes détentrices de permis, des femmes propriétaires d’exploitation minière, des femmes directrices des sociétés minières, je pense donc qu’il y a eu un progrès, mais toute fois elle est minoritaire. Nous luttons pour avoir la place que nous méritions dans ce secteur. La femme est incontournable dans ce secteur, nous représentons 45 à 51% dans cette activité, que ce soit d’une manière artisanale ou d’une exploitation minière. Quand il s’agit des partages de postes et de biens, les femmes sont marginalisées. C’est pour cela, que nous voulons nous accaparer des pierres, faire de ceux-là un métier féminin, pour que la femme malienne puisse briller non pas seulement par l’or, mais par les pierres également.

Combien de femmes travaillent sur le projet ?

Des femmes de 18 villages travaillent sur les pierres. Elles sont aux nombres de 2000 femmes autour de ce projet. Lorsque nous avons fait le projet, nous avons bénéficié d’un financement de la banque mondiale, mais nous nous sommes rendu compte que le projet était un peu mince pour combler toutes ces femmes et cela, dans des zones où l’immigration est très présente. Dans ces villages, on ne voit que les femmes, les bras valides sont très souvent absents. Nous avons donc agrandi le projet, des sociétés nous accompagne désormais sur ce projet, et ONU Femmes nous appui dans nos démarches.

Après l’exploitation et la vente des pierres, comment se fait la répartition des bénéfices ?

Nous sommes tous égaux. Nous, nous faisons partie du bureau national, et ce bureau a plusieurs branches. Nous avons des femmes collectrices d’Or, des femmes dans d’autres domaines, et très souvent quand nous faisons des projets pour un groupement, il y va de soi que les bénéfices soient du gagnant-gagnant.

Quelle importance revêt pour vous ces journées minières et pétrolières ?

Les partenaires sont un peu réticents à venir au Mali. Ces journées nous offre un cadre pour montrer non seulement aux Maliens et aux restes du monde qu’il y’a des ressources qui sont là, et qui sont dans des zones sécurisées, et qu’ils sont avec des personnes qui ont besoin de partenaires, pour développer ces ressources. Que ce soit la diaspora malienne, que ce soit les partenaires techniques qui sont à l’extérieur, nous en avons besoin.

De la transparence

 

Qu’elles soient aurifères ou qu’elles exploitent des sources d’eau minérale, les industries minières du Mali sont un acteur très important de l’économie nationale. Avec une contribution de 6% au PIB, les activités extractives sont particulièrement rentables pour l’Etat qui perçoit des dividendes et autres taxes sur l’exploitation de ses gisements. Mais, comme pour la plupart des pays dont le potentiel dans ce domaine est élevé et où les populations voient les richesses circuler sans avoir « leur part du gâteau », la question de la transparence de la collecte, puis de la gestion des revenus, se pose.

On en parle beaucoup dans l’actualité de ces derniers jours. Le Niger, pays aux richesses minérales importantes, en particulier l’uranium dont il est le premier producteur mondial, s’est retiré de l’ITIE. L’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) est une norme internationale qui prône la transparence dans la gestion des ressources pétrolières, gazières et minières d’un pays.

Mise en œuvre par une coalition composée de gouvernements, de sociétés minières et de la société civile, cette norme a pour objectif principal le renforcement de la gouvernance et de redevabilité dans le secteur extractif. A travers la collecte et l’étude des informations liées au flux de capitaux entre les miniers, les sous-secteurs qui leur sont liés et l’Etat, l’ITIE œuvre à la transparence de cette industrie sensible. Elle publie ainsi chaque année des rapports ITIE exhaustifs, incluant la divulgation complète des revenus de l’État issus des industries extractives, ainsi que la divulgation de tous les paiements significatifs versés au gouvernement par les entreprises pétrolières, gazières et minières. C’est pour avoir manqué d’esprit de collaboration lors de l’élaboration dudit rapport que le Niger a été suspendu de l’Initiative, avant de prendre la décision, ce mois de novembre 2017 d’en quitter les rangs.

La menace d’une suspension avait également pesé quelques mois sur le Mali avant que les choses ne rentrent dans l’ordre. « Une affaire de gouvernance interne », comme l’énonce ce journaliste, avait assombri les relations au sein de l’instance au niveau du pays. Mais si l’on en croit la secrétaire permanente de ITIE Mali, Fatoumata Traoré, le risque de suspension d’un pays est plutôt lié à « un processus complexe de contre-performance auquel le Mali a échappé suite à sa validation par le Conseil d’administration du Secrétariat international de l’ITIE le 24 mai 2017 ». Membre de l’ITIE depuis 2007 et déclaré « pays conforme » en août 2011, le Mali fait donc des efforts pour respecter les normes de l’organisation. Constitué institutionnellement d’un Comité de supervision, d’un Comité de pilotage et d’un Secrétariat permanent, ITIE Mali, dans lequel sont représentés tous les acteurs publics comme privés, a déjà publié huit rapports portant sur les exercices 2006, 2007 et 2008 cumulés, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013 et 2014. Le dernier en date, émis en novembre 2017, couvre la période s’étalant du 1er janvier au 31 décembre 2015, et constitue le neuvième rapport ITIE du Mali depuis son adhésion à l’ITIE. Ces publications des informations sur le secteur permettent aux citoyens d’apprécier la manière dont les revenus sont gouvernés et éventuellement de demander des comptes.

Contrôle accru des déclarations

Comment mieux gérer les revenus miniers au Mali afin d’augmenter la contribution du secteur dans le budget national? En février 2017, la «Conférence gestion des revenus miniers au Mali», se tenait au Grand Hôtel de Bamako. Au cours de cette rencontre où la question de la gouvernance et de la transparence était à l’ordre du jour, les participants ont pu mesurer l’étendue de l’apport des industries extractives à l’économie du Mali. 1500 milliards de francs CFA, c’est la somme que le budget national malien a perçue comme revenus tirés de la gestion des mines sur une période de cinq années, allant de 2011 à 2016. Ce montant, ensuite dispatché, sert à plusieurs emplois (voir tableau en page 16) dont, entre autres le financement des collectivités, à différents fonds (Fonds d’appui à la formation professionnelle, Fonds d’informatisation de la Douane), mais aussi à des redevances reversées à l’Union économique ouest-africaine (UEMOA) et à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Pour l’année 2015, plus de 135 milliards de francs CFA ont ainsi été redistribués.

Quid des populations ?

Ces dernières, riveraines des sites d’extraction et les moins bien loties dans l’accès aux ressources provenant de leur exploitation, réclament régulièrement une répartition « plus équitable » de ces ressources. De Morila à Kalana en passant par Diago, les revendications récurrentes sont rapportées aux pouvoirs publics, aux dirigeants des mines afin qu’ils « n’oublient pas que c’est sur nos terres qu’ils sont en train de travailler », explique un habitant de la localité, employé de la mine de Kalana. « Les collectivités locales auxquelles les mines versent impôts et taxes ont le devoir de les utiliser pour améliorer les conditions de vie des populations », explique cet opérateur minier. Qui ajoute que de nombreuses actions sont faites en faveur des populations mais que le rôle de la mine « n’est pas de développer, nous venons seulement en ajout aux initiatives locales ».

« Personne ne peut vous dire ce qui sort réellement de cette mine ». Cette phrase, souvent prononcée en particulier par les acteurs locaux de la société civile illustre le « peu de connaissance du système de fonctionnement » des miniers, explique notre acteur du secteur, qui requiert l’anonymat. « Les miniers communiquent beaucoup, nous donnons nos chiffres, ceux de notre production, ceux des exportations, les revenus reversés au budget de l’Etat et à celui des collectivités, nos actions humanitaires, etc. On ne peut pas nous targuer de manque de transparence », ajoute-t-il. Boubacar Dienta, ancien secrétaire permanent de l’ITIE Mali, affirmait que le gouvernement doit renforcer la transparence dans la gestion des revenus à travers une vérification plus pointue des paiements qui sont effectués par les entreprises et les revenus qui sont perçus par les régies de l’État. Il s’agit également de procéder à une comparaison des chiffres.

Comme pour illustrer ses propos, le dernier rapport de l’ITIE fait ressortir, après rapprochements des chiffres fournis par les industries extractives retenues et ceux de l’Etat, un écart équivalent à plus de 7 %. « L’écart résiduel global non concilié s’élève à 13 265 millions de francs CFA soit 7,09% du total des recettes déclarées par l’Etat après ajustements », peut-on lire dans ledit rapport. Il faut noter que sont retenues dans le périmètre de conciliation défini par le Comité de pilotage de l’ITIE pour l’année 2015 toutes les sociétés minières dont le total des recettes déclarées par les régies financières est supérieur à 50 millions de francs CFA. 

Rationaliser la collecte

C’est pour le ministre de l’Economie et des Finances, l’une des priorités pour améliorer la gouvernance de la gestion des revenus des industries extractives. Rationaliser les différentes structures de l’Etat qui interviennent dans le secteur est indispensable, « nous n’avons pas moins de 4 à 5 structures d’au moins 3 ministères différents qui interviennent dans l’organisation institutionnelle de la collecte de ces revenus », expliquait-il lors de la rencontre de février sur la gestion des revenus miniers. La relecture en cours du cadre réglementaire et juridique, jugé trop complexe et l’élaboration en cours d’un code unique pour le secteur devraient permettre de simplifier et de rendre plus efficace le système. Au ministère des Mines, on est fermement convaincu que «si la richesse minière du pays est judicieusement gérée, elle peut contribuer au développement économique et à la réduction de la pauvreté», comme le déclare le chef de département, le Pr Tiémoko Sangaré.

Hommage aux trois soldats français morts au Mali

Une cérémonie d’hommage aux trois soldats français morts au Nord Mali, la semaine dernière dans la cadre de l’opération Barkhane, s’est tenu à  Paris, dans la cour d’honneur des Invalides en présence du président de la République Ibrahim Boubakar Keà¯ta, du président de la République française François Hollande, du Premier ministre Manuel Valls et du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Les trois militaires tués, le soldat Mickaà«l Poo-Sing, 19 ans, le maréchal-des-logis Damien Noblet, 31 ans, le brigadier Michael Chauwin, 20 ans, faisaient partis du 511e régiment du train d’Auxonne (dans le département de la Côte-d’Or). Le président Hollande a remis, aux trois militaires, la légion d’honneur à  titre posthume. Depuis le lancement de l’opération Barkhane, qui mobilise 3500 militaires français déployés sur 5 pays du Sahel, sept militaires français ont été tués et plus d’une centaines de djihadistes ont été arrêtés. Le nord du Mali est tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes qui ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée à  l’initiative de la France en janvier 2013 et qui se poursuit actuellement.

Nord Mali: mort d’un sous-officier français

Un sous-officier français a été tué la nuit dernière lors d’une opération dans le nord du Mali. C’est la Présidence française qui a annoncé la nouvelle en disant, « toute la tristesse du Président Hollande » face à  cette huitième perte dans les rangs de la Force Serval, déployée au mali depuis le 11 janvier 2013. Le militaire appartenait au 2e régiment étranger de parachutistes de Calvi. L’information a été confirmée par le ministre de la Défense. «Un soldat français de la Légion étrangère est mort cette nuit au Mali», a affirmé Jean-Yves Le Drian. Il a été victime d’«un engin explosif improvisé», a-t-il précisé. François Hollande a, «en ce jour de commémoration de la victoire du 8 mai 1945», renouvelé sa «totale confiance» aux forces françaises engagées dans la lutte «contre les groupes armés terroristes». Fin prochaine de l’opération Serval Le ministre de la Défense français a indiqué ce matin à  des journalistes que la « phase de guerre frontale contre les groupes jihadistes » touchait à  sa fin. « Nous sommes en train de nous réorganiser pour avoir une conception régionale du contre-terrorisme », a expliqué Jean-Yves Le Drian, précisant que 1 000 soldats français allaient être concentrés près de la ville de Gao et 3 000 autres sur la « bande sahélo-saharienne ». Selon le ministre, « il restait au Nord la volonté d’un certain nombre de groupes de jihadistes de se reconstituer. Ils sont beaucoup moins nombreux mais ils n’ont rien à  perdre, ils laissent leur vie et donc il faut lutter de manière extrêmement précise contre toute forme de regroupement, de recrudescence des groupes jihadistes dans cette partie du Mali ». Désormais, « les forces des Nations unies sont là  et l’armée malienne se reconstitue », a-t-il souligné, précisant : « Notre rôle à  nous est de poursuivre le contre-terrorisme au Nord-Mali, au nord du Niger, au Tchad. » « Nous sommes en train de réorganiser notre dispositif pour que 3 000 militaires française soient dans cette zone », a dit le ministre, évoquant le Nord du Mali, qui est selon lui « une zone de danger, de trafics en tout genre et là , nous resterons le temps qu’il faudra, il n’y a pas de date limite. »

Fermeture de la mine de Yatéla: plus de 400 licenciements

A Yatela dans la commune rurale de Sadiola dans le cercle de Kayes, cette nouvelle bouleverse la population. Cette dernière s’inquiète des conséquences économiques de la fermeture de cette mine. Ils sont nombreux, les ouvriers à  chercher d’autres moyens pour pouvoir survivre. Quand certains envisagent de se lancer dans l’exploitation artisanale des mines, d’autres comptent se lancer dans le commerce. « On ne sait plus o๠donner la tête. Si nous rentrerons dans nos droits, nous allons tenter nos chances ailleurs, soit faire le commerce ou créer d’autres activités génératrices de revenus » nous confie un chauffeur de la mine. Quant à  l’ouvrier Tidiane Diarra, il compte se lancer dans l’exploitation artisanale des mines. « On n’a pas d’autres choix que d’aller au « dama » » c’est-à -dire l’orpaillage traditionnel. Les autorités locales sont également inquiètes. « La fermeture de cette mine laissera un vide dans notre mairie. Leur soutien à  nos activités est immense » déclare un conseiller municipal de Yatela. « Qu’est-ce que nous deviendrons quant cette mine fermera? » s’interroge Amadou Mariko, un commerçant de la localité. Les raisons de la fermeture Ouverte en 2000, la mine d’or de Yatéla devrait fermer en 2005. Suite à  des négociations, la fermeture a été repoussée jusqu’à  2010. Et pourtant, ce n’est pas l’arrêt total à  Yatéla. Des sources concordantes indiquent que la société s’est donnée le temps de constituer d’importants stock de minerais. Le traitement des dépôts de ces minerais se poursuivra jusqu’en 2016. Le plan de fermeture de la mine prévoit d’autres activités génératrices de revenus comme le maraà®chage, etC’…. D’autres sources affirment que les raisons évoquées par les Sud-africains pour justifier la fermeture de cette mine importante sont entre autres, les problèmes de sécurisation du puits, la baisse du cours actuel de l’or sur le marché mondial et la diminution de la marge de profitabilité. La combinaison de ces facteurs a entraà®né la suspension de certaines activités dans la mine, notamment l’excavation minière. Il revient au nouveau gouvernement de veiller à  ce que les licenciés rentrent dans leurs droits et les accompagner dans la reconversion afin d’éviter le cas amer des travailleurs licenciés de l’Huicoma sous le régime d’Amadou Toumani Touré. Il faut rappeler que la Société d’exploitation des mines d’or de Yatela SA est une joint-venture entre les compagnies AngloGold Ashanti et IAM GOLD qui détiennent chacune 40% du capital et l’Etat du Mali qui en détient 20%.

Wassoulor SA, une idée originale d’Aliou Boubacar Diallo

Avec une production de 5 tonnes en 2007, Wassoulor SA, dont Aliou Diallo est le président Directeur général, exploite un gisement situé près du village de Kodieran dans la région de Sikasso, et qui peut rivaliser avec les grands groupes miniers étrangers, présents au Mali. Son originalité réside dans le fait qu’elle est le fruit d’un partenariat entre des investisseurs maliens, emmenés par Aliou Boubacar Diallo, et le fonds Mansa Moussa Gold Fund. Le fonds Mansa Moussa Gold Fund Ce fonds canadien dont l’actif principal est Wassoulor porte le nom d’un illustre empereur malien, qui s’est fait connaà®tre pendant l’apogée de l’Empire du Mali au 14ème siècle pour avoir organisé un pèlerinage à  la Mecque, accompagné de plus de dix mille personnes, et durant lequel il distribua plusieurs tonnes d’or issues des mines maliennes. Ce nom n’a pas été choisi par hasard, puisque les gisements aujourd’hui exploités par Wassoulor se trouvent justement sur les sites des anciennes mines de Kankou Moussa. Le groupement d’investisseurs canadiens et maliens détient 80% des parts de Wassoulor SA, alors que l’Etat du Mali possède les 20% restants. Fortement encouragée par le gouvernement, cette initiative n’en est pas moins inédite, car l’exploitation industrielle de l’or malien était jusqu’ici exclusivement dominée par les acteurs étrangers. Géologue de formation, Aliou Boubacar Diallo est originaire de la région de Kayes. Selon lui, la mine d’or de Wassoulor doit avant tout « bénéficier aux communautés à  travers la mise en place de projets sociaux ». Wassoulor, une société à  caractère social En effet, avant même de couler son premier lingot, Wassoulor SA avait déjà  réalisé une digue, une école et un pont dans le village voisin de Faboula, de même que la réhabilitation de la route Yanfolila-Kalana. Pour se hisser parmi les grands producteurs du pays, la société a investi plus de 25 milliards de CFA dans la construction de deux usines et dans l’achat d’équipements nécessaires au traitement de 11.000 tonnes de minerais par jour. En attendant que cette initiative ne fasse des émules parmi les entrepreneurs maliens, la production de Wassoulor, qui devrait augmenter dans les prochaines années, contribuera en partie à  limiter le déclin de la ressource aurifère au Mali.

La mine d’or de Loulo attaquée par des jeunes sans emploi

Les premières attaquent ont eu lieu à  la mine d’or de Loulo, dans la région de Kayes. Les jeunes chômeurs du village réclamaient depuis plus d’un mois le départ des employés de la société sud-africaine Anglogold Ashanti, qui exploite le site, exigeants d’être engagés à  la place de ceux-ci. Les responsables de la mine leurs ont fait savoir que les travailleurs devaient avoir un certain nombre de connaissances fondamentales pour l’exécution d’un travail minier. Or, il s’avère qu’aucun des protagonistes n’a été à  l’école… Impossible donc de les embaucher. C’’est donc suite au refus des responsables de la mine que les jeunes se sont révoltés. Au nombre d’une trentaine, munis de gourdins et d’armes blanches, ils attaquèrent le jeudi 9 juillet la mine de Morila, et le lendemain d’autres celle de Tabakoto et de Loulo (région de Kayes). Les autorités ont du déployer des gendarmes pour une intervention musclée, ce qui a permis d’épargner les installations minières. Au total, C’’est plus de 4 villages de la région de Kayes : Loulouni, Dindjon, Tabakoto et Kéniéba, qui ont participé aux affrontements, Tabakoto étant le village qui a connu les plus gros dégâts, et dont les révoltés sont pour la plupart des travailleurs de la mine licenciés. « Ces jeunes gens ont été licenciés suite à  la négligence qu’ils accordaient au travail. Les retards quotidiens, la consommation d’alcool et d’excitants illicites. Ils n’avaient pas non plus les compétences requises. Nous avons même voulu les former sur les différentes techniques de gestion, mais cela n’a pas aboutit car ils ne savaient ni lire, ni écrire », explique un responsable de la mine. Sept villas incendiées par les assaillants Quatre jours après les événements, la tension est toujours vive entre les habitants de Tabakoto et les responsables de la mine. Des conseillers du ministère de tutelle sont actuellement en pourparler avec les villageois afin de trouver très rapidement une solution. Selon l’officier de gendarmerie Bakary Diané, « nous sommes arrivés immédiatement après que les responsables de la mine nous aient appelés, nous avons donc eu le temps d’empêcher les assaillants de pénétrer à  l’intérieur de la mine. Ils étaient tous armés de machettes, pierres, lances, gourdins, couteaux… Ils réclamaient le départ des ingénieurs blancs d’AngloGold Ashanti, qu’ils considèrent comme responsables de la situation de chômage dans laquelle ils se trouvent. Ils ont néanmoins réussi à  brûler un de nos véhicules de patrouille en plus de 7 villas dans lesquelles résidaient les employés de la mine. » Certains des chefs de village encouragent les jeunes dans leurs actes de barbaries. Ils estiment que les fils du village ont le droit de travailler. « Ils ont les mêmes droit que tout le monde, on ne peut pas comprendre que des étrangers viennent nous commander chez nous. Nous ne pouvons pas accepter cela», clame l’un d’eux sous couvert de l’anonymat. Les négociations entre les autorités de la région et le ministère des mines vont bon train, et chacun espère qu’elles aboutiront à  des résultats concluants. Dans le même temps, les forces de l’ordre sont toujours déployées autour des mines de Morila et Kénieba afin d’assurer la sécurité des lieux et des travailleurs.