Ambassade de l’Etat de l’Azawad : rien d’officiel, juste une initiative privée

Une ambassade de l’Etat de l’Azawad serait en instance d’ouvrir ce mardi 09 septembre en Hollande, et il n’en fallait pas plus pour alerter tous ceux qui tous ceux qui ne veulent pas entendre parler d’indépendance de l’Azawad, nom trouvé par les rebellions MNLA, HCUA, MAA pour désigner les trois régions du nord du Mali. « Alors que ses promoteurs prétendent discuter paix à  Alger – « l’Etat de l’ Azawad » ouvre ce mardi 9 septembre son ambassade en Hollande – D’autres ambassades sont attendues en Suisse et en Russie », a titré le quotidien l’indépendant dans sa parution de ce mardi, o๠il est écrit que le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), bien que signataire de l’accord préliminaire de paix du 18 juin 2013 (Ouagadougou) et présent à  aux pourparlers inter-maliens à  Alger, est à  cent lieues de faire une croix sur son projet d’indépendance de l’Azawad- ce qui n’en demeure pas moins un paradoxe. Rien d’officiel, plutôt une initiative privée La réaction de l’Ambassade des Pays Bas au Mali ne s’est pas fait attendre. « Suite aux interpellations publiques en réaction aux photos du ‘New World Embassy Azawad’ à  Utrecht qui circulent sur les réseaux sociaux, les Pays-Bas tiennent à  préciser qu’il s’agit d’une initiative politico-culturelle privée, et non d’une ambassade officielle et accréditée. Les Pays-Bas souscrivent à  l’unité nationale et à  l’intégrité territoriale du Mali, dont les relations extérieures avec les Pays-Bas sont dûment représentées par son Ambassade à  Bruxelles. », peut-on lire dans le communiqué, ce qui est loin d’effacer les doutes et les soupçons que cette affaire a éveillés dans l’opinion publique nationale. Buzz et jeu de Com « Il ne faut pas entrer dans le jeu de communication de Moussa ag Assarid. Ce n’est pas une ambassade! Ils utilisent ce terme pour faire le buzz, c’est réussi! Ce New World Summit est un groupement d’indépendantistes du monde entier. C’’est une action qui n’a rien à  voir avec un positionnement quelconque d’un pays », tempère la chroniqueuse Françoise Wasservogel. En effet, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) est l’un des intervenants du New World Summit, une organisation artistique et politique regroupant « des mouvements politiques apatrides privées de leur droit à  l’autodétermination.» Et l’organisation tiendra sa quatrième édition le vendredi 21 septembre prochain, à  Bruxelles, et à  laquelle prendront part vingt organisations politiques apatrides. Il apparaà®t donc clairement que cette affaire d’ambassade de l’Etat de l’Azawad n’a rien d’officiel. Il s’agirait plutôt d’une exposition, une initiative politico-culturelle. Et dans le monde démocratique o๠nous sommes, n’importe oà¹, une association a le pouvoir de se créer, d’organiser ses réunions à  la condition que cela reste dans un cadre juridique. Mais, pour autant, ajoute Wasservogel, « il est inadmissible que Moussa ag Assarid, se mette en vedette justement maintenant, en parlant au nom du MNLA, dans ce cadre indépendantiste, alors que le MNLA prétend au même moment à  Alger ne pas négocier l’indépendance!». Il faut relever que cette annonce, qui a été bien menée, concentre aujourd’hui toutes les interrogations au Mali, même s’il reste à  souligner qu’aucun soutien officiel ne s’est manifesté.

Alger II: ça démarre difficilement

Depuis l’ouverture le lundi dernier, 1er septembre 2014 à  Alger, les pourparlers inclusifs inter maliens peinent à  entrer dans le vif du sujet. Après les reports du mardi et mercredi, des doutes subsistent toujours quant à  la reprise ce jeudi 4 septembre 2014. Certains sont optimistes pour la reprise des travaux aujourd’hui en raison de la présence de beaucoup d’absents des 2 premiers jours, d’autres tablent sur la semaine prochaine en raison des absences constatées encore dans la nuit d’hier. « On ne peut rien préciser pour le moment, on est obligé pour l’instant de suivre tous les jours pour pouvoir déterminer le programme car il y a toujours des absences. Mais nous espérons le reste des délégations sera à  Alger très tôt ce matin pour reprendre les travaux », a déclaré une source proche du ministère des Affaires étrangères du Mali. Des membres du Mouvement national de libération de l’Azawad(MNLA) n’étaient en effet toujours présents dans la capitale Algérienne dans la journée d’hier. Ce, pour des problèmes, selon les responsables du mouvement, liés à  la disponibilité du transport. Nonobstant la présence dans la matinée du mardi dernier de son secrétaire, le MNLA, qui a boudé un tant soit peu la cérémonie d’ouverture avant de se raviser, souhaite la présence de tous les membres de sa délégation pour participer aux travaux. Le coordinateur de la commission des droits de l’homme du MNLA, Attaye Ag Mohamed, a tenu à  écarter toute idée de manœuvres dilatoires de la part de son mouvement, et espère que ce jeudi 4 septembre 2014, tout le reste de la délégation sera présent grâce à  l’implication active de l’Algérie et de la Minusma. La journée d’hier a été marquée par des rencontres à  huis clos et restreints aussi bien du côté du gouvernement malien, du côté des mouvements armés ainsi du côté de la médiation algérienne et les autres partenaires. Si rien n’a filtré de ses rencontres, tout porte à  croire elles visaient la reprise rapide des travaux après un break de 2 jours.

C’est parti pour Alger II

C’’est hier, lundi 1er septembre, que la seconde phase des pourparlers inclusifs inter maliens a commencé à  Alger, la capitale algérienne. Ces pourparlers réunissent autour d’une même table l’Etat malien et les groupuscules armés du nord du Mali, et doivent aboutir à  un accord définitif et global qui permettra au Mali de tourner la page de la crise l’ayant fortement ébranlé. Aussi interviennent-ils après la signature le 24 juillet dernier d’une feuille de route entre les parties concernées. A quelques jours de l’ouverture de cette seconde phase des négociations, les groupuscules armés se sont rencontrés à  Ouagadougou, oà¹, dans une déclaration finale datée du 29 août, ils ont uni leur voix pour demander qu’il soit conféré à  ce qu’ils appellent « l’Azawadord Mali », « un statut spécifique conforme à  ses réalités géographiques, économiques, sécuritaires, sociales et culturelles; ». Une demande qu’ils posent en lieu et place des revendications d’autonomie et d’indépendance, lesquelles avaient suscité une poussée de réactions négatives, surtout au sein de l’opinion publique nationale. Tandis que du côté des autorités maliennes, la tendance était plutôt à  la communication, à  la sensibilisation à  destination du peuple. A l’ouverture de ces négociations, hier à  Alger, le ministre malien des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine et de la Coopération Internationale, Abdoulaye Diop, a exprimé sa satisfaction de « la nouvelle dynamique imprimée à  l’élan unitaire des mouvements du Nord du Mali à  Ouagadougou. ». « Je vois là , devant moi, certains leaders qui n’étaient pas avec nous à  la phase initiale et qui ont courageusement décidé de nous rejoindre, ici à  Alger, pour sortir notre pays de l’ornière. Je les en félicite chaleureusement. », a dit le ministre. Pour le ministre Abdoulaye Diop, la sécurité et le développement du Mali sont une affaire que les Maliens eux-mêmes doivent prendre en main ; même s’il n’a pas aussi manqué de reconnaitre l’insuffisance des efforts consentis dans ce sens. A cela, selon le ministre, « il n’y a pas que la volonté des autorités qui soit en cause, il y a une responsabilité partagée dans la gouvernance passée qui nous oblige aujourd’hui à  nous nourrir de l’expérience du passé pour construire un avenir radieux. » Cela appelle, à  l’en croire, une réflexion, globale et intégrée, sur la formule institutionnelle favorisant le bien être des communautés, « réflexion sur les politiques institutionnelles actuelles en vue d’en tirer le meilleur dénominateur commun qui préserve l’intérêt suprême de notre Nation » A ses dires, les nouveaux schémas institutionnelles et sécuritaires qui seront issues de ses réflexions seront renforcés par des projets et programmes qui créent de « créent de la richesse et de l’emploi dans les terroirs, stimulent la croissance nationale et permettent un développement économique, social et culturel harmonieux de nos régions et de notre pays. » Il faut relever que l’enthousiasme qui anime le ministre Abdoulaye Diop n’est pas partagé par beaucoup dans l’opinion publique. Voire même dans la presse. Certains commentateurs disent même que ce n’est loin d’être une discussion profonde sur le Nord du Mali, car pour eux il y a un problème de légitimité qui se pose du côté des groupuscules armés. Ainsi pour le journaliste et écrivain Intagrist El Ansari, «ce que je peux dire sur les négociations, c’est qu’on ne peut pas prétendre discuter d’un problème, qui concerne des populations dans leur globalité, en excluant leurs plus légitimes représentants ! Donc pour, moi, de fait, le gouvernement, en excluant les notabilités traditionnelles et anciennes, assimile systématiquement « Tous les Touaregs » aux groupes armés, ce qui est un non sens, puisqu’il (l’état) a toujours mis en avant l’argument selon lequel les rebelles ne représentent pas tous les Touaregs ».

Edito : A quelques jours d’Alger

Qui a dit que le Burkina était hors du jeu ? Pour les groupes armés du Nord, la capitale burkinabè est toujours d’actualité. Afin de se mettre d’accord face à  l’appel de certains groupes d’autodéfense comme le Gatia, qui demande à  participer aux négociations, les principaux groupes rebelles à  savoir le MNLA, le MAA ou encore le HCUA font le point à  Ouagadougou. De manière générale, on récuse la formation de ces groupes basés uniquement sur l’aspect tribal. Cela pourrait compliquer des négociations déjà  sensibles, quant des tensions peuvent subvenir à  tout moment, comme ce fut le cas lors du premier round d’Alger. Cette fois, on cherche à  mettre les bonnes cartouches de côté. Si le Gatia qui signifie « groupe auto-défense touareg Imghad et alliés » et se déclare contre l’autonomie, n’a pour le moment suscité aucun réaction chez les autorités maliennes, chez certains observateurs, il suscite méfiance et prudence : , déclare le chroniqueur, Isselmou Moustapha Salihi spécialiste du Mali pour l’hebdomadaire mauritanien Tahalil. D’un autre côté, la situation sur le terrain, oblige les parties à  accorder leurs violons afin de s’assurer toutes les chances de parvenir à  un accord durable. C’est sans doute l’objet de la rencontre de Ouagadougou entre factions rebelles, qui s’y sentent à  l’aise, pour évoquer tous leurs points de dissenssion. Leur objectif commun est une forme d’autonomie à  défaut de l’indépendance de l’Azawad et ce n’est pas le Gatia qui viendra y mettre son grain de sel. Et comme l’a signifié l’Algérie, qui a provoqué le report des négociations, initialement prévues pour le 17 Août à  début septembre, il s’agit pour chacun de venir à  la table des négociations, dans un climat de sérénité.

Alger : 100 jours pour un accord ?

Déjà  une dizaine de jours à  Alger pour la délégation malienne, négociateurs et facilitateurs ensemble pour un premier round qui s’achève ce 24 juillet. Logés dans un même hôtel de la capitale blanche, les parties se sont d’abord appréhendées par réunions séparées, puis en huit-clos, avant de confronter leurs feuilles de route respectives. Le tout sous l’œil avisé des facilitateurs (Union Africaine, UE, CEDEAO Minusma et OCI entre autres). Un accompagnement nécessaire pour pousser les parties à  trouver un terrain d’entente avant le deuxième round des négociations prévu pour Août, et qui devrait abriter des discussions plus engagées. 100 jours suffisent-ils pour un accord durable ? Combien de temps vont prendre ces négociations inter-maliennes ? Nul ne peut le dire avec précision, mais si l’on s’en tient aux propos du ministre algérien des affaires étrangères Ramtane Lamamra, dans une interview accordée à  Jeune Afrique, il faudra 100 jours au minimum à  compter du 24 juillet, puisque le diplomate espère que la signature de l’Accord définitif coà¯ncide le 24 octobre prochain : « Un calendrier définitif étant prématuré à  ce stade des discussions, notre souhait est que l’accord soit solennellement signé le 24 octobre, une date qui coà¯ncide avec la Journée des Nations unies, donc de la paix », a donc déclaré Lamamra à  l’hebdomadaire panafricain. Soit trois mois donc. 100 jours pour être précis. Un timing raisonnable ? « Tout dépendra de la capacité des parties à  ne pas buter sur des obstacles et considérations partisanes et à  aller au-delà  de leurs intérêts personnels », estime un expert. A Alger, difficile de savoir ce qui se dit exactement dans les couloirs, pas grand-chose ne filtre, mais l’on sait que le MNLA a d’abord montré sa désapprobation à  négocier avec d’autres groupes armés à  la même table. On n’ignore pas non plus que ces mêmes groupes s’affrontent sur le terrain et menacent le processus de paix. A supposer qu’un accord soit trouvé à  la date évoquée par Ramtane Lamamra, qu’est-ce qui garantit son application concrète sur le terrain ? Bonnes ou mauvaises volontés Les accords de Ouagadougou du 18 juin 2013, ont montré la mauvaise volonté manifeste de groupes armés comme le MNLA à  désarmer et à  cantonner et malgré la bonne volonté des médiateurs de la CEDEAO. Faut-il alors prendre tout le temps nécessaire pour parvenir à  un texte qui satisfasse toutes les parties : « l’histoire nous enseigne que chaque fois que des dirigeants politiques ont accepté un mauvais accord de paix à  la va-vite pour éviter une « bonne guerre », ils ont fini par avoir les deux : le mauvais accord et la guerre », écrivait à  l’époque Feu le professeur Dialla Konaté. Tout comme des associations et ONG avaient dénoncé le fait « que subsistait un risque d’effritement de l’autorité de l’à‰tat, que ces accords d’Alger constituaient un moyen de déplacer le problème dans le temps et non une solution durable comme préconisée dans le préambule ». Et le RPM, le parti de l’actuel chef d’Etat avait de son côté, critiqué le fait que l’accord ne respectait le principe de l’unité nationale. Si ensuite, l’instabilité au nord s’est tue, la rébellion du 17 janvier 2012, a plongé le Mali dans la plus grave crise institutionnelle et politique de son histoire. Sans être pessimiste, on peut aussi voir dans les évènements du 21 Mai 2014 à  Kidal, une défiance claire des groupes armés, qui le doigt sur la gâchette et aidés par les mouvances terroristes, ont infligé à  l’armée malienne une cuisante défaite, en reprenant leurs positions à  Kidal. La médiation algérienne donnera t’elle cette fois plus de résultats qu’en 2006 ? Puisqu’au final, C’’est à  Bamako que devra être signé cet accord historique et qui redonnera aux populations éprouvées du nord du Mali, l’espoir de la paix tant voulue. Inch’Allah…

Pourparlers d’Alger : la partie malienne reste confiante

« Nous n’avons pas beaucoup de temps », C’’est l’aveu d’Abdoulaye DIOP, le ministre malien des affaires étrangères, qui dirige la délégation présente à  Alger depuis le 15 juillet afin de trouver un terrain d’entente avec les groupes armés du Nord Mali préposés au dialogue. Si les débuts des pourparlers ont plutôt été tendus, avec un léger désaccord entre ces mêmes groupes armés et sur qui doit négocier, il y a désormais moins de tensions, confie un membre de la délégation présente à  Alger: « Nous sommes tous ensemble ici pour trouver un bon compromis. Il s’agit d’établir rapidement un terrain d’entente, une feuille de route du dialogue, entre les parties, afin d’entamer le deuxième round en vue de parvenir à  un accord de paix définitif et qui sera signé en terre malienne ». «Les enjeux sont cruciaux, et concernent l’avenir du problème du nord et qui n’a que trop duré », estime un autre expert. Si le Mali a toujours réaffirmé les lignes rouges à  ne pas franchir, certains groupes armés tablent désormais sur une autonomie après avoir longtemps rêvé de l’indépendance du territoire qu’ils appellent Azawad. Avec ces éléments, les négociateurs devront trouver un consensus, même si la marge de manœuvre du gouvernement malien s’est vue réduite après la défaite de l’armée à  Kidal en Mai dernier. En outre, au moment o๠se tiennent ces pourparlers, des affrontements ont eu lieu entre factions rivales, notamment le MNLA et le HCUA dans les environs de Bourem, Tabancort et près d’Anéfis dans la journée du samedi 19 juillet. Malgré tout le Mali reste confiant. Si le temps presse, il faudra aux négociateurs, mais aussi aux facilitateurs tout leur art pour concilier les parties et calmer les velléités indépendantistes des groupes armés, en particulier le MNLA, qu’ils aient combattu ou pas sur le terrain. Selon Ramtane Lamamra, ministre algérien des affaires étrangères et dont le pays abrite ces négociations : « la concertation a d’ores et déjà  abouti à  « un accord de principe concernant la méthodologie et les questions à  négocier en priorité » en août prochain. Enfin, si une partie de la société civile malienne n’est pas présente à  Alger, un officiel laisse entendre que la «chose est trop sérieuse » pour donner de la voix à  tous. « Il s’agit ici d’un dialogue politique de haut niveau. Tous n’ont pas la légitimité à  venir s’exprimer à  Alger».

Edito : dialogue malien, ne pas perdre le fil d’Ariane

Il s’en est fallu de peu pour que l’option du dialogue avec les groupes armés au Nord du Mali, ne tourne à  la bérézina complète pour le Mali après les tragiques évènements de Kidal et qui ont coûté la vie à  huit fonctionnaires maliens. Après la démission de Soumeylou Boubèye Maiga, ex ministre de la défense, qui demande l’ouverture d’une enquête parlementaire et cette autre démission du chef d’Etat Major des Armées, Mahamane Touré, les responsabilités sont partiellement assumées, mais pas totalement ; Le dialogue tant prôné par le Mali est désormais la seule voie officielle. Si les autorités s’activent pour faire passer le message aux quatre coins du monde(en témoigne la tournée européenne et américaine du ministre malien de la communication à  Paris, Bruxelles, New York et Washington) la semaine dernière et le passage d’Ibrahim Boubacar Keita vendredi au sommet de la CEDEAO à  Accra, il ne faut surtout pas perdre le fil du dialogue. Rétablir la confiance Modibo Keita, médiateur est donc celui qui tient le bout du fil. Et C’’est dans un labyrinthe pavé de bonnes intentions, qu’il s’engage. De retour de Ouagadougou, il y a rencontré certains groupes armés sous l’égide de Djibril Bassolé au moment o๠des voix autorisées s’élèvent pour clamer que ces négociations doivent se dérouler en sol malien. « Le processus de dialogue et de pourparlers inclusifs aura lieu, dans sa phase décisive, sur notre territoire au Mali. Nous souhaitons que l’administration puisse revenir à  Kidal le plus rapidement possible, dans un cadre à  convenir avec les groupes armés, avec la facilitation de la Minusma. Nous souhaitons évidemment que tous les prisonniers de l’armée malienne qui sont encore aujourd’hui aux mains de ces groupes armés puissent être libérés. C’est une mesure là  aussi de confiance. Nous sommes optimistes», a ainsi déclaré le Premier ministre Moussa Mara, dont le voyage a Kidal, le 17 Mai dernier n’aura pas été de tout repos ; Mais l’enjeu de ce dialogue est d’abord de réinstaurer la confiance entre les deux parties. C’’est donc toute la tâche qui revient au médiateur, qui envisage aussi d’autres voyages dans la sous-région. Sans doute en Algérie, qui avait proposé d’accueillir les négociations o๠en Mauritanie, o๠s’était tenue la réunion de lancement du G5 du Sahel. Une organisation destinée à  coordonner et à  mettre en synergie les efforts pour la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Autant dire que la tâche de Modibo Keita requiert patience et de subtilité. Du reste, le Maroc , un temps courtisé par les responsables du MNLA pourrait aussi faire partie du jeu. Un diplomate de l’Union Africaine, confiait, que plus il y avait de voix au dialogue, mieux ce serait. Soit, il faut pourtant donner à  chacun ses prérogatives, instaurer la confiance entre Bamako et les groupes armés rebelles. C’’est là  tout l’enjeu de cette reprise timide du dialogue, à  condition ne pas perdre le fil d’Ariane…

Cessez-le feu : Un accord, des inquiétudes

Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz a réussi l’exploit, vendredi dernier d’obtenir un cessez- le feu entre le Mali et les groupes armées que sont le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA). Pour la circonstance il était accompagné par Bert Koenders, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU. Ce cessez-le-feu permettra dans l’immédiat de mettre un terme aux hostilités et dégage désormais la voie au dialogue et aux négociations. Une option prônée par les autorités maliennes. Et C’’est à  juste titre que le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita a trouvé les mots justes pour dire tout le bien qu’il pense de son homologue mauritanien pour son haut fait d’arme. Cessez-le-feu, oui mais… Si le cessez-le feu a pu faire taire les coups de feu, il suscite cependant des interrogations. Le président du Burkina Blaise Compaoré a-t-il définitivement perdu la main dans la médiation de la crise malienne ? Sans donner une réponse claire à  cette question, le cessez-le feu consacre du coup l’entrée triomphale du président Mohamed Abdel Aziz dans la médiation de la crise malienne. En plus du Burkina Faso de Blaise Compaoré et de l’Algérie de Bouteflika, il faut désormais compter avec la Mauritanie d’Abdel Aziz à  compter de ce vendredi 23 mai 2014. Ce cessez-le feu arraché au bout de quelques heures par le président en exercice de l’Union africaine est d’autant plus surprenant que l’homme n’était pas en odeur de sainteté avec le Mali il y a peu. En effet, en plus des relations exécrables entre le président mauritanien et l’ancien président malien, Amadou Toumani Touré, la Mauritanie a souvent été critiquée pour avoir hébergé des responsables du MNLA. Ould Abdel Aziz a-t-il exploité de son influence et de sa proximité avec ceux-ci pour arracher ce cessez-le feu en un temps record ? Et cela en se rendant à  Kidal lorsqu’on sait les conditions de sécurité sur place ? Le cessez-le feu du week-end dernier aboutira t-il au respect de l’intégrité territoriale du Mali, donc la libération par les groupes armés des zones sous leur contrôle ? C’’est en tout cas le seul avantage qui puisse en découler pour les autorités maliennes. Pour le moment C’’est loin d’être l’avis des groupes armés. Du moins si l’on en croit les propos d’un de leurs responsables sur les ondes d’une radio internationale, affirmant que le cessez-le feu ne signifie nullement la libération des zones conquises. Chaque partie ajoutait-il même, devait conserver ses positions. Ce qui serait une entorse aux Accords de Ouagadougou qui reconnaissent l’intégrité territoriale du Mali. Faut-il croire à  ce cessez-le feu qui n’a enregistré la présence d’aucun officiel malien ? Beaucoup en doutent au regard des multiples revirements antérieurs des groupes armés qui ont du mal à  se soumettre à  l’autorité malienne.

Adama Bagayogo, ex-otage du MNLA à Kidal raconte son calvaire

Journaldumali.com : O๠étiez vous avant qu’on ne vous prenne en otage? Adama Bagayogo: J’étais à  Kidal dans le cadre de la surveillance épidémiologique plus précisément pour la campagne nationale de vaccination contre la poliomyélite. Nous étions logés dans le périmètre de la cité administrative pas loin du gouvernorat de Kidal. Le samedi matin on a été réveillé par des coups de feu. Après avoir pris le petit déjeuner vers 8 h 30, nous sommes rendus au gouvernorat pour la rencontre avec le Premier ministre. M. Mara et sa délégation sont arrivés au gouvernorat sous les coups de feu aux environs de 16h. Dans la salle, on pouvait constater les va et vient du général Gamou préoccupé par la situation sécuritaire. Juste après la réunion, le Premier ministre accompagné du gouverneur Adama Kamissoko sont partis au camp. Nous, les cinq médecins avons rejoint notre logement pour regarder un match de foot. A peine arrivé, nous avons reçu la visite désagréable de trois jeunes armés qui nous ont demandé de les suivre. Ils devaient avoir entre 17 et 18 ans. Ils nous ont fait marcher sur 50 m environ avant de rejoindre les autres à  bord de leur véhicule pick-up. Moi je ne portais qu’un petit t-shirt parce que J’avais enlevé mon boubou avant de suivre le match. Ceux qui sont restés au gouvernorat pour un débriefing ont été arrosés de balles. Parmi les victimes J’avais un ami sous-préfet qui m’appelait son ami lointain. Dans quelle condition étiez-vous détenus ? En cours de route, ces jeunes sans pitié, nous donnaient des coups de crosse jusqu’à  blesser un nos médecins à  la tête qui saignait. Ils nous ont amené dans une maison en banco o๠nous avons dormi à  même le sol, la nuit. C’’est là  o๠nous étions soumis à  une fouille corporelle. Nous étions dépossédés de nos téléphones et argents. Les ravisseurs cherchaient à  savoir s’il y a des militaires parmi nous. Ils ne cessaient de nous demander ce que nous sommes venus faire chez eux dans l’Azawad. Le dimanche, ils nous ont transféré dans une maison cette fois ci en dur. C’’est là  tous les otages ont décliné leur identité. Pour les ravisseurs, tous les médecins envoyés au nord sont des médecins militaires. Ils nous ont demandé de faire le diagnostic des 5 blessés parmi nous. Le lendemain, nous avons reçu des médicaments pour les soins. Il faut reconnaitre qu’à  ce niveau, nous avons mangé à  notre faim et pris du thé. Même ceux qui fument la cigarette ont reçu leur dose. Croyant que l’heure est arrivée pour notre libération, ce fut le début de notre calvaire. Nous sommes amenés dans un lieu, o๠il n’y a pas d’air. C’’était le dimanche à  22 heures. D’abord, ils nous ont bandé les yeux, puis nous ont transféré dans des chambres hermétiquement fermées. Il était interdit de parler pour éviter le bruit. On suait à  grosses gouttes et on était obligé de simuler un asthmatique. Notre geôlier ouvre la porte pour voir ce qui se passe et on profite pour respirer un peu. « Je m’en fous s’il meurt. il y a un marabout à  côté qui va prier sur son corps et C’’est fini » lance le fougueux gardien. Puis il ferme la porte encore jusqu’à  lundi. La situation était insoutenable. Quand est-ce qu’on vous a annoncé que vous êtes libre ? C’’est le lundi 19 mai vers 17 heures que nos ravisseurs sont venus nous chercher. Ils nous ont encore bandé les yeux et nous ont demandé de nous coucher derrière les véhicules sous la couverture. C’’est ainsi que nous nous sommes retrouvés au camp II de la Minusma. A notre arrivée nous avons vu Moussa Assarid, un des responsables du MNLA. Celui-ci nous a fait savoir qu’ils n’ont rien contre nous mais que leur revendication est légitime. Nous avons été remis à  la Minusma en présence de la croix rouge. Nous avons passé la nuit au camp II ou le contingent sénégalais s’est vraiment occupé de nous. Le mardi nous sommes parti à  Gao à  bord de l’hélicoptère des nations unies. C’’est à  Gao qu’un avion cargo de l’ONU nous a amené à  Bamako vers 18 heures o๠nous avons a été accueillis en grande pompe. Il faut signaler que J’ai été ému lorsqu’ils nous ont annoncé notre liberté.

Edito : Une bataille perdue, mais pas la guerre!

La journée a été très longue pour nos braves soldats, qui dès la matinée du mercredi 21 Mai, tentent une pénétration dans la ville de Kidal, par l’ouest. Le moral galvanisé sans doute par la visite du Premier ministre le 17 Mai, ils se disent : allons-y pour l’honneur du Mali ! Sachant l’ennemi qu’ils avaient en face et conscients du danger, ils se lancent à  l’assaut de la souveraineté bafouée du Mali, et en dépit des appels au cessez-le-feu de la communauté internationale. Et du regard en coin de Serval. Du reste, les troupes de Serval n’ont pas été sollicités, encore moins celles de la Minusma, habitués à  observer les évènements quelque soit leur gravité. Mais la question qui se pose est celle du Timing, que beaucoup mettent en exergue. Etais-ce le bon moment ? Ne fallait-il pas attendre avant d’agir ? Soumeylou Boubèye Maiga, le ministre de la Défense l’a maintes fois répété, que l’armée n’était pas encore prête, ni opérationnelle avec une chaà®ne de renseignement digne de ce nom. D’o๠ces propos du ministre porte parole, dans sa déclaration du 21 Mai : « Après quelques heures de combat qui ont permis aux FAMA de reprendre un temps le Gouvernorat de Kidal, nos forces de défense, affaiblies par des problèmes de coordination, de renseignement, ont du se replier sous le feu nourri des groupes rebelles appuyés par les terroristes d’AQMI et les narcotrafiquants.Des enquêtes en cours permettront de fixer les responsabilités et d’en tirer toutes les conséquences » Au moins, la vérité a été confessée par les autorités. Que s’est-il passé ensuite, lorsque de nombreux médias internationaux, ont annoncé que Kidal était sous le contrôle des groupes armés, qui ont bénéficié du renfort de mouvances terroristes. On parle d’Aqmi, d’Ansar Dine, des pickups venus du désert proche, de l’Algérie, avec tous ceux qui étaient tapis, et se sont mêlés à  la danse, faisant un carnage parmi nos FAMA. La Minusma, jointe, évoque alors, un bilan lourd. « On les a envoyé se faire tuer », confie une source au sein de la mission onusienne. Soit, qu’en est-il du courage de nos hommes, sachant la force stratégique de l’ennemi en face. Que faire, lorsqu’ensuite, les communications sont brouillées et que nos hommes n’arrivent plus à  communiquer entre eux et que C’’est alors la débandade, la fuite pour certains, le repli forcé en quelque sorte. s’en suivent des nouvelles alarmantes. Les rebelles poursuivent leur offensive. Ménaka, l’autre ville située à  l’est, siège de la rébellion de Janvier 2012, est alors prise. Là  encore, des témoins affirment que l’armée a déserté le camp, pour se réfugier au camp de la Minusma. Imaginez ces hommes, en désordre, qui cherchent à  se loger, là  o๠ils peuvent. D’un autre côté, ils se battent, font face au feu près de 7h durant. Et l’opinion est atterrée. On clame que le drapeau du MNLA flotte sur le camp 1 à  Kidal o๠encore que des scènes de liesse ont lieu dans les rues de Kidal, jihadistes en tête, on se croirait presque en 2012, et il y a de quoi être défait. Anderamboukane, Ménaka, Aguelhoc, Tessalit, Anéfis, les rebelles y annoncent leur suprématie… Mais certains optimistes sur les réseaux sociaux évoquent « une bataille perdue, mais pas la guerre ». On salue la bravoure des FAMA. Bref, en fin de soirée, ce communiqué du gouvernement tombe enfin, qui appelle au calme, reconnaà®t la défaite de l’armée malienne, qui aurait perdu ses positions antérieures. Cessez-le-feu immédiat, assurance de la poursuite du dialogue, refus de la stigmatisation, de l’amalgame… etC’… Il faut garder son calme. Car si une bataille a été perdue, la guerre est loin d’être terminée…

Une très longue nuit à Kidal… pour Mara

C’’est à  la mi journée que l’hélicoptère du PM s’est posé à  Kidal, samedi 17 mai. La visite du Premier ministre malien dans le fief des rebelles touaregs avait été annoncée. Elle marquera certainement un tournant dans la balance entre les autorités maliennes et les groupes armés Nord qui occupent Kidal et ses environs et empêchent depuis plusieurs mois, le retour complet de l’administration dans cette zone. Que Serval et la Minusma y patrouillent n’a rien changé à  une situation de non droit à  Kidal, devenue le dernier bastion de la libération totale du Mali. « Mais l’armée opère une réelle montée en puissance dans la zone et montre de plus en plus son efficacité sur le terrain », déclarait ainsi un diplomate récemment. La veille, des heurts avaient opposé des manifestants hostiles à  sa visite, aux forces onusiennes et maliennes, des adolescents, des enfants une nouvelle fois = instrumentalisés par le MNLA sur le tarmac de l’aéroport de Kidal ; Bilan provisoire, une dizaine de blessés, une femme atteinte. La Minusma aurait tenté de s’interposer. Mais la force onusienne reste contestée. En dépit de cela, Mara est déterminé à  fouler ce sol aride, cet Adrar hostile des Ifoghas, « fief » des rebelles Touaregs et Azawad rêvé des autres groupes armés qui ont pris Kidal en otage, depuis les débuts de la rébellion de 2012 ; Kidal, C’’est le nœud de la souveraineté bafouée du Mali. Des troupes Minusma et serval y patrouillent, mais à  bonne distance. Le rôle trouble de la France y a été maintes fois décrié. Le Mali doit donc agir. Entrer dans la danse. Et gagner la bataille ultime. « Affronter Kidal » Samedi. 12h30. Arrivés à  bord d’un hélicoptère, le PM Mara et sa délégation composée d’une dizaine de ministres et accompagnée de journalistes se rendront au camp 1 base des FAMA o๠ils rencontreront les soldats maliens, tandis que d’autres sont aux prises avec les ennemis pour sécuriser cette visite très forte en symboles. « Je suis au Camp 1 en réunion avec les militaires maliens », peut-on lire sur le compte Twitter du PM. Aussitôt, la déclaration est reprise partout, sur les médias nationaux comme étrangers. l’euphorie est grande. Après l’échec de Tatam Ly en Novembre dernier, ce sont des cris de victoire ! On salue le courage du Premier ministre Mara. On crie à  la libération de Kidal ; On fustige les groupes armés et notamment le MNLA : «Maintenant, la communauté internationale devra être convaincue que ce groupe armé n’est animé d’aucune bonne intention », écrit Abdou sur sa page facebook. Puis direction le gouvernorat pour une séance de travail perturbée par des tirs au dehors. Repli au camp 1 dans la soirée. Les affrontements entre armée malienne et groupes armés se poursuivent et notamment autour du gouvernorat de Kidal: « Ils sont nombreux. Ils viennent de partout. Tous ceux qui étaient cachés sont sortis », confie un soldat de Serval. « Il est impressionnant d’entendre ces tirs alors qu’on se trouve à  l’intérieur du camp militaire », témoigne un journaliste français, qui suit la délégation du PM. Bilan temporaire dans la soirée, un morts et de nombreux blessés… l’attitude passive de la Minusma irrite aussi certains officiels : « Beaucoup ici sont énervés par cette attitude », informe notre source sur place. Depuis Bamako, difficile de réaliser la gravité de la situation, mais remarquable est la sérénité du PM, qui appelle les Maliens au calme sur les ondes de l’ORTM par deux fois. A 16h30 et à  20h. La délégation doit ensuite repartir, quitter Kidal assiégée, direction Gao en fin de soirée. Il n’en sera rien, puisqu’une tempête de sable, les contraint à  rester au Camp 1, tandis que le gouvernorat de Kidal continue d’essuyer des tirs. « Il est pris» ! l’édifice, il faut le préciser avait été complètement rénové, pour accueillir Adama Kamissoko, le gouverneur. A quoi ressemblera t-il lundi matin ? Du côté de Bamako, on a peur pour la délégation bloquée pour la nuit à  Kidal. Joint par téléphone, l’un de nos contacts déclare : « La délégation est prise en otage au Camp 1 ». « Exagéré, réplique un officiel, nous sommes protégés et le PM reste serein ». La Minusma aurait ensuite tenté de l’exfiltrer pour protéger sa vie. Mara refuse et préfère rester avec la délégation. La nuit sera donc très longue. « On entend les tirs au dehors, et cela est assez bizarre », témoigne notre source sur place, vers minuit. Mais on ne peut pas dire que l’armée malienne a repris le contrôle de Kidal », ajoute t-il. Après que la rumeur se soit étendue à  la toile. «Libérez Kidal!» Après le journal de 20h, l’ORTM diffuse un communiqué qui informe que « le gouvernement a pris acte de ce qu’il considère comme une déclaration de guerre, et y donnera une réponse appropriée » par la voix de son porte-parole Mahamane Baby. Dans les rues de Bamako, la fronde naà®t. Des manifestants, des jeunes déterminés à  se faire entendre, envahissent le boulevard de l’indépendance ; « Libérez Kidal ! », lit-on sur des pancartes. D’autres saluent la bravoure du PM et veulent la fin de la suprématie du MNLA à  Kidal. Ensuite, ces mêmes manifestants se dirigent vers 23h à  la télévision nationale et réclament la vérité sur Kidal. Négociations avec le DG, et finalement, vers 00h, ils quittent le siège de Bozola. Il faudra attendre la suite des évènements. Une fois de plus, les Maliens retiennent leur souffle. Qu’en sera-t-il du statut de Kidal. La visite de Mara marque t’elle le début de la fin des rebelles ? On veut y croire : « Nous vivons des heures cruciales à  Kidal. Minusma, Serval, oui, à  présent, l’armée malienne fait face à  un seul défi, celui de défendre son territoire », écrit Maria une internaute. Tous veulent y croire. Que la visite risquée de Mara à  Kidal sonne le glas de l’impunité des groupes armés au Nord reste relatif. Mais il n’en demeure pas moins que l’armée malienne a joué un grand rôle dans sa sécurité en affrontant les rebelles et autres djihadistes sortis de leur tanière. En outre, pour couronner le tout, les séparatistes Touaregs ont enlevé une trentaine de fonctionnaires : « Nos forces ont repris le contrôle de tous les bâtiments administratifs à  l’exception pour le moment du Gouvernorat o๠le MNLA et les terroristes détiennent une trentaine de fonctionnaires en otages », informe ainsi le Ministère de la défense. Vers 5h du matin. Le calme est de retour et la délégation se dirige vers le camp de la Minusma pour décoller vers Gao. A 6h passés, ils sont dans le ciel. Et la cité des Askias les a accueilli sains et saufs dans la matinée ! Côté bilan, après les affrontements de Kidal, il y aurait pour l’heure une vingtaine de blessés et 8 morts côté malien, toujours selon le communiqué du ministère de la défense. Mara doit faire une déclaration dans l’après midi à  Gao…

Mali: des combats auraient opposé le MNLA au Mujao dans le Nord

Selon diverses sources au sein du MNLA, le groupe rebelle touareg, ces combats se seraient en fait déroulés en deux temps. Avant-hier, voire un peu avant, et hier, jusqu’à  midi environ. Tout aurait commencé lorsqu’une patrouille du MNLA serait tombée, par hasard, sur un convoi du Mujao. Les combats auraient alors commencé. Bilan final donné par le MNLA : deux à  quatre morts et trois blessés du côté des rebelles touaregs ; six ou sept morts et au moins neuf prisonniers du côté des islamistes. L’armée malienne dit n’avoir aucun détail Ces prisonniers, détenus donc par le MNLA, seraient de nationalité malienne, « des Arabes et des Touaregs de l’Azawad », selon les termes du MNLA, mais aussi de nationalité algérienne. l’armée malienne assure n’avoir aucun détail. Du côté de la force française Serval et de la Minusma, la mission des Nations unies au Mali, on affirme disposer d’informations similaires, mais sans être en mesure de les confirmer. Des casques bleus pourraient être rapidement déployés sur le terrain. Trafiquants de drogue Plus étrange : plusieurs sources onusiennes, civiles à  Bamako mais aussi militaires, des haut-gradés en poste dans la région de Gao, affirment que d’autres affrontements ont également eu lieu sur un autre théâtre très éloigné. Ces combats auraient cette fois eu lieu dans la région de Kidal, plus précisément du côté de Tessalit. Les sources militaires de la Minusma parlent ici de l’implication de trafiquants de drogue. Des données qui circulent déjà  en tous sens, mais que personne n’est en mesure de confirmer. Personne du côté du MNLA n’évoque d’ailleurs ce second théâtre. Autant dire qu’il s’agit pour le moment davantage de rumeurs insistantes que d’informations recoupées, les heures qui viennent devraient permettre d’y voir plus clair.

IBK : « La paix sera imposée au MNLA inch’allah… »

Les relations entre le président Ibrahim Boubacar Kéita et son homologue sénégalais Macky Sall ne souffrent d’aucun problème. l’assurance été donnée par le premier lors d’un entretien qu’il a accordé à  la Radiodiffusion télévision sénégalaise(RTS) en marge de sa visite au Sénégal du 13 au 15 avril 2014. Le président malien n’a pas caché son étonnement face à  cette rumeur créée de toutes pièces : « Je n’ai jamais compris ce débat. D’o๠il est sorti et comment il a été nourri ? », s’est interrogé IBK. Et de qualifier ses relations avec Macky : « Mes relations avec Macky Sall ont toujours été des plus cordiales et fructueuses. Simplement, je crois qu’on m’a vu allant et venant ici et là  et on en a tiré des conclusions hâtives, C’’est fâcheux. La réalité de nos relations est ce qu’il a été donné aux uns et aux autres de voir ces jours-ci : grande cordialité, grande fraternité, grande confiance ». Allusion faite sans doute à  l’accueil triomphal et chaleureux réservé par le peuple sénégalais qui a étalé les multiples facettes de sa Téranga. Le cas ATT Répondant à  une question sur l’ancien président Amadou Toumani Touré, Ibrahim Boubacar Kéita a indiqué que C’’est une affaire qui se trouve devant la Haute Cour de justice du Mali. Et par conséquent s’est gardé de tout commentaire. Pour lever toute équivoque, il a tenu à  préciser que le cas ATT n’a jamais été un souci entre le président sénégalais et lui, ni un souci dans les relations bilatérales Mali-Sénégal. Le numéro 1 malien n’a pas apprécié le traitement réservé au dossier par la presse sénégalaise et il l’a fait savoir : « Je ne suis pas un avocat général pour demander la tête de quelqu’un et me faire joie de l’avoir obtenue. Certains titres m’ont choqué, je m’attendais à  un traitement médiatique idoine au pays de Senghor », a t-il affirmé. Revenant sur ses propos devant les députés sénégalais relatifs au voyage du MNLA en Russie, IBK a tenu à  faire des précisions. Selon lui, son intention n’a jamais été de critiquer la Russie comme pensent certains : « Je n’ai jamais voulu fustiger l’attitude russe, au contraire admirable, qui a été le rejet des prétentions du MNLA. » Justement par rapport aux éléments du MNLA, le président de la République du Mali se veut on ne peut clair : «Ce sont des éléments qui veulent entretenir une situation de conflit permanent. Pour quel intérêt ? Ce qui s’est passé à  Moscou est assez éloquent pour qu’on comprenne qu’ils ne veulent pas la paix mais elle leur sera imposée In’challah ».

Il n’y aura pas d’embouteillage en Azawad…

Un week-end en Azawad à  Paris les 05 et 06 avril 2014 pour célébrer le 3è anniversaire de la soi-disante déclaration d’indépendance de l’Azawad. C’’est le dernier coup de bluff de Moussa Ag Assarid, qui a l’art de se rallier aux analyses partiales d’un historien comme Pierre Boiley, lequel confierait à  quiconque voudra l’écouter, qu’il faut une autonomie pour l’Azawad. On se souvient que le 16 février 2013, une manifestation a eu lieu à  Paris, avec la présence des députés européens François Alphonsi et Jean Jacob Bicep tous tenus par Moussa Ag Assarid, en soutien au MNLA et «aux peuples de l’Azawad ». Il n’y aura pas d’embouteillage ce week-end là  Moussa Ag Assarid, est le porte-parole pour l’Europe du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA). Visé par un mandat d’arrêt international émis par le procureur général de la république du Mali d’alors, Daniel Tessougué, avec 25 autres chefs de la rébellion touarègue, on le sait impliqué, avec un discours insolent sur l’Etat malien, qu’il accuse à  tort d’avoir maintenu ce qu’il appelle « Azawad » dans le sous-développement. On sait aussi que C’’est Alphonsi, corse d’origine, membre de Corsica Libera (Parti indépendantiste corse), eurodéputé, qui ouvrira les portes de l’Union Européenne au MNLA au nom de l’autodétermination des peuples. On sait aussi que l’historien Pierre Boiley a toujours eu un discours ambigu sur la crise malienne, si bien que d’aucuns n’ont pas hésité à  déceler dans ses analyses des traces de sympathie pour le MNLA et se sont laissés aller à  dire qu’il est l’antithèse d’André Bourgeot, anthropologue et spécialiste des questions du nord. Ce faisant, il n’y a rien d’étonnant à  ce que le trio ait été choisi comme conférenciers. Scission au MNLA Ce qui ne surprend plus, C’’est qu’à  Bamako le MNLA est divisé à  cause du départ de Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, ex chargé des relations extérieures, et qui avait annoncé la création de son mouvement dissident, la Coalition des Peuples pour l’Azawad (CPA). Tandis qu’à  Paris, la communication infernale se poursuit pour remettre la question de l’autonomie de l’Azawad à  l’ordre du jour, laquelle fut le point de discorde entre Bilal Ag Chérif et Assaleh. Si l’Accord de Ougadougou, signé le 18 juin 2013, consacre le respect de l’intégrité territoriale du Mali, peut-on faire l’économie de ces questions : une autonomie pour quoi faire ? Ce sont là  des questions que les algériens connaissent bien, car elles ont été déterminantes en 2001 lorsque la Kabylie s’était révoltée après l’assassinat le 19 avril 2001 d’un jeune kabyle, Massinissa Guermah, dans les locaux de la gendarmerie et que le Mouvement Armée Kabyle (M.A.K) a demandé l’indépendance de la Kabylie, allant jusqu’à  internationaliser le conflit en saisissant l’ONU que l’on sait toujours favorable à  la cause des minorités ( le cas des Kurdes…), et en gagnant le soutien de quelques intellectuels occidentaux. Comme cela a été le cas au Mali avec les Calixthe Beyala, Hubert Védrine, Pierre Boiley et consorts. C’’est vrai, la question du Nord Mali est d’une complexité troublante. C’’est vrai, le pouvoir central a été toujours faible dans cette zone et n’y a pas mené plus qu’une politique de démission. C’’est vrai, la solution à  la rébellion est politique et C’’est ce que le gouvernement malien a compris en acceptant d’aller à  la table des négociations avec les rebelles armés… Mais, il faut dire que ce « week-end Azawad à  Paris » est la preuve que la stratégie du rouleau compresseur est en marche. Au-delà  de tout cela, cette persistance de Moussa Ag Assarid à  faire admettre l’indépendance de l’Azawad est la preuve du discrédit de la rébellion. Parce qu’il est bizarre de remarquer que pendant que certains acceptent de négocier, d’autres sont cependant en train de chercher à  maintenir le statu quo.

MNLA : Ibrahim Ag Mohamed Assaleh claque la porte

Au fil des évènements qui ont émaillé le nord du Mali, après l’attaque de Ménaka le 17 janvier 2012, par les rebelles touaregs, des dissensions sont apparues très vite au sein du MNLA partagé entre sa branche radicale armée et sa branche diplomatique qu’incarnait Ibrahim Ag Mohamed Assaleh sur le futur statut de l’Azawad. Si le MNLA a depuis le début, joué un jeu trouble et servi d’instrument pour la France à  Kidal en nouant des alliances douteuses avec les mouvements djihadistes du Nord du Mali, il vient de perdre l’une de ses têtes. Ibrahim Ag Mohamed Assaleh claque la porte du MNLA et pour l’ancien chargé des relations extérieures, C’’est une nouvelle page qui s’ouvre puisqu’il compte lancer sa propre organisation, soutenu par une majorité des cadres du MNLA. Guerre froide Le fond de la divergence entre Bilal Ag Cherif leader du MNLA et Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, est sous tendue par des vues opposées sur les négociations avec le gouvernement malien. Si Bilal Ag Cherif, a récemment sollicité la médiation marocaine, en rencontrant le roi Mohamed VI à  Rabat le 31 janvier dernier, Assaleh, se rapproche plutôt d’Alger o๠il compte annoncer le lancement de son mouvement : , a confé Ibrahim Ag Mohamed Assaleh à  l’hebdomadaire Jeune Afrique. En outre, Assaleh juge qu’Alger est un partenaire incontournable dans la résolution de la crise et l’explique en ces termes : Ce futur mouvement politi-co militaire devrait compter près de 8000 combattants et serait d’ores et déjà  soutenu par autorités algériennes. Pour Ibrahim Mohamed Ag Assaled, l’accord de paix signé à  Ouagadougou avec le gouvernement malien doit aboutir. l’ex responsable du MNLA ne déroge pas aux principes de l’intégrité territoriale clairement défendue par Bamako et parle plutôt : . A suivre…

Nord Mali : nouvelle rencontre entre les belligérants en Algérie

Alors que le Maroc a décidé de s’investir dans la quête d’une solution durable à  la crise au nord du Mali, l’Algérie n’entend pas se retrouver hors du processus. Les différents mouvements en conflit dans la zone depuis 2012 vont s’y retrouver autour d’une même table dans une tentative de parvenir à  une solution durable à  la crise qui secoue ce pays du Sahel. Selon une source algérienne, il s’agit du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), coté rebelles et du mouvement Ganda Koi (maà®tres de la terre), coté pro-gouvernemental. Moulay Ben Ammar al-Hassani, un notable et médiateur issu de la région d’Adrar (1.430 km au sud d’Alger), a précisé que ce round des négociations aura lieu dans la ville de Bordj Badji Mokhtar, dans l’extrême sud algérien, en attendant d’entamer un nouveau cycle de négociations de paix dans la capitale algérienne. L’Algérie qui est considérée par la communauté internationale comme étant un élément clé dans la résolution du conflit malien a par le passé accueilli les différentes factions et tenter de trouver une solution à  la crise politique de son voisin du sud. Pour une solution satisfaisante pour toutes les parties, Moulay Ben Ammar al-Hassani a révélé que l’Algérie proposera aux différents antagonistes, dont le gouvernement malien, l’installation de camps pour protéger les combattants des mouvements armés, la proclamation d’une amnistie par le gouvernement au profit des combattants touaregs, ainsi que l’organisation d’un référendum dans la région Azawad pour l’autonomie de la région du Nord Mali.

IBK :  » La communauté internationale oblige le Mali à négocier avec un groupe armé »

Vous êtes en France pour participer au sommet de l’Elysée sur l’Afrique, les 6 et 7 décembre. Tenir un tel sommet, à  Paris en 2013, n’est-ce pas du néocolonialisme ? Ibrahim Boubacar Keà¯ta : Si c’était le cas, je ne serai pas là . Je ne crois pas non plus que cela soit l’intention de François Hollande que je connais depuis une trentaine d’années. Il y a des problèmes de sécurité en Afrique qui interpellent l’ensemble de la communauté internationale. La France agit en conformité avec sa vocation, sans aucune forme de paternalisme inacceptable, ni de néocolonialisme qui n’auraient aucune chance de prospérer aujourd’hui. Voyez-vous une différence entre la politique africaine de François Hollande et celle de ses prédécesseurs ? Je ne me lancerai pas dans des comparaisons, je n’ai pas connu ses prédécesseurs, sauf François Mitterrand. Mais je connais François Hollande et nous avons une relation amicale, fondée sur des valeurs. Tout le monde s’accorde à  dire que les décisions qui ont été prises vont dans le bon sens. Il y a du respect et de l’écoute, j’y suis très sensible. En venant au sommet de l’Elysée, je n’ai pas l’impression de répondre à  un oukase. L’écoute respectueuse n’était pas là  avant ? Je ne sais pas, je n’étais pas là . Je note juste que je suis écouté avec respect et considération, nous pouvons échanger de tout, c’est important. La France est intervenue au Mali et s’apprête à  le faire en Centrafrique. Est-elle condamnée à  jouer le rôle de gendarme de l’Afrique ? Sûrement pas, mais la France a, hélas, des devoirs historiques. Quand on a fait un chemin ensemble, aussi douloureux qu’il ait pu être parfois, il en reste toujours quelque chose. La France, vis-à -vis de l’Afrique francophone, se sent un devoir qui est d’abord un devoir de solidarité. Nous sommes condamnés à  cheminer ensemble. A quoi va servir ce sommet de l’Elysée sur l’Afrique ? D’abord, il a le mérite de se tenir, de rappeler que sans la paix et la sécurité, tout le reste est vain. Nous avons de vastes problèmes de développement, il faut presque tout reprendre de zéro. Nous devons d’abord stabiliser nos pays et résoudre la question de l’Etat-nation. Aujourd’hui, ce vivre-ensemble est remis en cause de façon brutale au Mali. Même si nous avons été préparés par des crises cycliques d’irrédentisme, nous ne comprenons pas l’acuité qu’elles ont prise, avec cette revendication d’indépendance qui n’est assumée que par une infime minorité de la communauté en question . Considérez-vous que le Mali est un pays sous tutelle internationale et jusqu’à  quand les forces étrangères ont-elles vocation à  rester sur le territoire malien ? Le Mali ne sera jamais un pays sous tutelle et je ne serai jamais un président fantoche. Ces troupes ont vocation à  aider le Mali à  recouvrer son intégrité territoriale et sa souveraineté. Nous assistons, hélas, à  une situation o๠la présence de ces troupes a empêché le Mali de rétablir l’autorité de l’Etat à  Kidal, alors qu’il l’a fait à  Gao et à  Tombouctou. Pour quel motif ? Nous ne sommes pas naà¯fs, la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) est retournée à  Kidal dans le sillage des troupes qui sont venues nous libérer. La libération s’est faite de manière conjointe jusqu’aux abords de Kidal, o๠là , on a bloqué les Maliens. Pourquoi ? Serions-nous des barbares d’une autre époque qui, une fois à  Kidal, se mettraient à  massacrer tout le monde ? L’armée malienne n’est pas une armée de soudards, surtout cette armée qui est aujourd’hui en refondation. Je ne comprends pas que Kidal ait été une exception. Pour un ami de la France comme moi, j’assiste avec beaucoup de dépit à  un reflux de l’enthousiasme envers la France dans la population malienne qui avait applaudi l’intervention française au début de l’année. Aujourd’hui, les Maliens s’interrogent. Pensez-vous que la France a commis une erreur en nouant des contacts avec le MNLA ? Ce sont plus que des contacts, je suis très bien informé. Je ne peux imputer cette doctrine à  François Hollande car je note avec bonheur que ce comportement est en train de changer de manière drastique. Nous ne comprendrions pas qu’il en soit autrement. L’armée malienne, cantonnée dans un fortin, ne pouvait pas circuler dans Kidal, o๠il y a eu une épuration ethnique. Tous ceux avec la peau noire ont été priés de quitter la ville. Cela, on ne le dit pas. Selon vous, la France n’a plus de contacts avec le MNLA ? Je n’ai pas dit cela. Nous-mêmes avons des contacts avec le MNLA. Mais la tragédie de l’assassinat des deux journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le 2 novembre, qui m’a révolté et ému au plus profond de mon être, nous amène à  nous interroger. Claude et Ghislaine sortaient d’un entretien avec le maà®tre de Kidal, Ambeiry ag-Ghissa. Leurs ravisseurs ont franchi quatre barrages et sont repartis en retraversant les mêmes barrages, on se pose forcément des questions. Si l’armée malienne avait été là , libre de ses mouvements, je pense qu’il en aurait été autrement. Laisser croire qu’un soutien au MNLA peut conduire à  résoudre des prises d’otages est d’une naà¯veté déconcertante. La communauté internationale nous oblige à  négocier sur notre sol avec des gens qui ont pris des armes contre l’Etat. Je rappelle que nous sommes un pays indépendant. L’Etat malien est contraint de négocier avec un groupe armé qui s’en vante, dans quelle comedia dell’arte sommes-nous ? O๠en est l’enquête sur la mort des envoyés spéciaux de RFI ? Nous sommes presque certains que l’homme qui a été désigné comme le grand ordonnateur de l’événement est bien le responsable de cette tragédie. Tantôt on le dit ancien de tel ou tel mouvement, tantôt on le dit membre d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). L’enquête l’établira. Vous avez été élu, sur la promesse d’une rupture avec l’ère de votre prédécesseur « ATT ». Or vous-même et plusieurs de vos ministres étaient déjà  présents lors de la période antérieure. O๠est la rupture ? Elle est dans la façon de faire, les Maliens ne m’auraient jamais porté au pouvoir si j’avais eu la réputation de traà®ner des casseroles. Pendant la campagne, j’ai dit que certains auraient pu ouvrir une quincaillerie ! J’ai autour de moi des hommes et des femmes dont je connais l’intégrité et auxquels j’ai dit : aucune faille ne sera tolérée.

100 jours d’IBK : Un premier round difficile…

La difficulté de gouverner survient lorsqu’on cristallise les espoirs d’un peuple entier. Un peu à  l’image d’un Barack Obama qu’un deuxième mandat a fini de blanchir les cheveux. Pour Ibrahim Boubacar Keita, élu avec 77, 62% des voix le 11 Août dernier face à  son rival Soumaila Cissé, fini le temps des slogans de campagne, des tournées à  l’intérieur du pays, nous sommes dans le présent o๠l’exécutif doit primer. Alors qu’approche la fin d’un processus électoral, présidentielle et législative couplées, pour restaurer l’ordre constitutionnel au Mali, le plus dur reste de prendre les bonnes décisions dans le feu des critiques. IBK semble l’avoir compris face à  un peuple particulièrement difficile à  gouverner. Les attentes sont nombreuses et portent d’abord sur la sécurité toujours fragile au nord, la réforme d’une armée en pleine reconstruction, la relance de la machine administrative et économique sans oublier les autres chantiers comme l’éducation, la santé ou l’assainissement. Si un seul homme ne peut tout faire, le temps est une donnée précieuse pour évaluer, critiquer et tirer le bilan d’une gouvernance post-crise bien difficile. Sécurité et souveraineté à  Kidal Sur la gestion de Kidal, le président IBK essuie déjà  les critiques, et nos concitoyens acceptent mal que le sauveur d’hier soit devenu le gendarme du Mali. La France de Hollande a son mot à  dire, parce qu’elle a encore 3000 hommes Serval au Mali, même si elle avait annoncé un retrait progressif pour atteindre 1000 soldats fin décembre 2013. Mais les attaques rebelles, les attentats suicide à  répétition, dont le dernier à  Ménaka, ainsi que l’assassinat de deux journalistes français au Nord risquent de changer la donne.  » Il faut qu’on se le dise et qu’on le reconnaisse, le Mali ne s’appartient plus à  l’heure actuelle », confie un diplomate. De son côté, le président Keita essaie tant bien que mal d’incarner cette « autorité d’Etat », que la souveraineté confisquée du Mali écorne volontiers. Face au voisin nigérien qui a orchestré avec brio la libération des quatre otages d’Arlit, le Mali d’IBK apparaà®t affaibli… Le rôle de la Minusma au Mali Avec une force de près de 5600 hommes déployés au Nord du Mali et un personnel administratif concentré à  Bamako .sous l’autorité de Bert Koenders, on discerne encore mal l’efficacité de cette mission intégrée, multidimensionnelle des Nations Unies au Mali) et l’utilité de ces énormes pick-ups estampillés UN qui parcourent la capitale. La récente visite de Ban Ki Moon au Mali n’a au fond servi qu’à  souligner « le manque criard de moyens et d’argent ? » de cette force, plus préoccupée à  sécuriser son personnel que les Maliens du Nord ou des ministres en visite à  Kidal accablés de jets de pierre. Oumar Tatam Ly, le discret Premier ministre en a fait les frais, sans pouvoir atterrir à  Kidal récemment. La Minusma n’a pas non plus empêché le kidnapping de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, sauvagement assassinés le 2 novembre à  Kidal. Malgré tout, cette force onusienne reste désirée au Mali, selon un ministre.  » Tant que la menace djihadiste persistera, les forces armées maliennes (FAMA) devront coopérer avec les forces étrangères », admet t-il. La réforme des FAMA et le cas Sanogo Après 100 jours d’exercice, l’autre grosse épine dans le pied d’IBK, c’est le cas Sanogo, que le pouvoir a commencé à  « évacuer ». Après la mutinerie du 30 septembre, l’opération « Saniya », a permis de nettoyer Kati, de mutins revanchards et déterminés à  en découdre avec le capitaine promu général sous la transition. « Que la hiérarchie prévale ! Que les chefs militaires s’assument », aura déclaré IBK, au terme d’un discours fortement applaudi. Mais l’arrestation récente du Général, convoqué à  trois reprises par le juge d’instruction Yaya Karembé irrite certains partisans de l’ex junte. La procédure judiciaire divise même les Maliens, qui voient là  un risque de déstabilisation des forces armées en pleine reconstruction. Des irréductibles pensent même que dans l’armée, l’on craint encore Sanogo et qu’IBK doit son pouvoir au Général déchu, mais c’est oublier le plébiscite du peuple, qui a accordé plus de 77% du suffrage au candidat IBK, au 2è tour de la présidentielle du 11 Août. Et omettre que deux républiques, l’une à  Koulouba, l’autre à  Kati ne peuvent cohabiter désormais. Mais surtout, la leçon à  retenir de l’arrestation de Sanogo est que l’histoire ne répéte plus le syndrome du Coup d’Etat militaire… Du reste, la réforme de l’armée a déjà  débuté. D’abord par la Mission de l’Union européenne qui a déjà  formé 2 bataillons  » Elou » et « Waraba » et en forme un 3è. Du côté de Koulouba, on a nommé de nouvelles têtes aux postes de commandements de l’armée, peu à  peu débarrassée des hommes du Général en réhabilitant des figures comme Didier Dackouo ou El Hadj Gamou, héros de la libération du Mali. Et d’après, le ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maiga, cette reconstruction de l’armée passe aussi par le renforcement des capacités opérationnelle des FAMA, le statut des militaires, leur carrière, leur formation et enfin l’implication de cette armée dans la sécurité régionale au Sahel notamment… Le développement du Nord, la réconciliation nationale, et le… MNLA Les déclarations de guerre du MNLA, dont la dernière, émise depuis Ouagadougou ne font plus mouche et n’ébranlent pas la ferme volonté du gouvernement d’IBK de privilégier l’option dialogue. Mais jusqu’o๠? Si la levée des mandats d’arrêts contre d’anciens chefs rebelles a irrité une bonne partie de l’opinion, le pouvoir actuel est accusé de compromissions, en trop cédant aux exigences du groupe rebelle, qui contrôle un pan de Kidal. Entre la France et les rebelles du MNLA, l’équation reste complexe pour IBK et son gouvernement qui avance prudemment et assume ce qu’il appelle des mesures de « confiance ». La création d’un ministère de la réconciliation nationale semble avoir plu à  l’opinion, même si les fréquentes montées de tension à  Kidal, Ménaka, Tombouctou et ailleurs dans le nord, menacent le processus de dialogue et de réconciliation entamé lors des Assises du Nord, les 1er et 2 novembre dernier. Si certains chefs rebelles jugent encore illégitime ce gouvernement, d’autres prônent des concertations régionales avant les grandes messes à  Bamako, pour s’entendre entre nordistes. La Commission « Dialogue et Vérité » doit s’atteler à  ce chantier. Entretemps, le nord fait toujours face à  son développement, tiraillé entre les revendications sécessionnistes d’une part et les groupes djihadistes qui opèrent dans le désert, en planifiant attaques et kidnapping d’étrangers. L’armée malienne devra s’opérationnaliser très vite et de manière efficiente pour agir à  Kidal à  défaut de la Minusma ou de Serval qui n’ont pas vocation à  rester indéfiniment dans notre pays. Trouver l’argent pour relancer la machine économique et convaincre les bailleurs de décaisser IBK voyage t-il trop ? Cette question est revenue plusieurs fois. Mais les voyages du président participent aussi de la restauration de l’image d’un pays, fortement entamé par la crise du Nord et les attaques rebelles ou islamistes, plaide un officiel. Il faut rassurer les partenaires, chercher les bailleurs pour relancer la machine économique. La conférence de Suivi de la Réunion des donateurs de Bruxelles à  Bamako, a permis de faire le point sur les promesses de dons exprimés il y a un an. Sur les 3 milliards et quelques promis au Mali, il faudra échelonner, justifier, décaisser au rythme des bailleurs. « Ce qu’il faut comprendre, c’est que tout l’argent ne peut être décaissé de suite, il faut des projets, des conventions et des signatures », explique cette chargée d’affaires à  l’Ambassade d’Allemagne, dont la coopération avec le Mali, reste l’une des plus stables à  ce jour. L’Education, la santé, l’assainissement et la décentralisation En dehors des principaux chantiers évoqués plus hauts, d’autres secteurs restent à  promouvoir, l’éducation, la santé, la promotion des femmes, mais aussi l’environnement et les changements climatiques. Le Mali vient de recevoir un peu plus de 2 milliards de francs pour son démarrer son Fonds Climat et s’adapter aux effets négatifs du changement climatique. Un bon point. Pour le nouveau président, la tâche reste herculéenne, et il faudra parfaire le processus de décentralisation pour lequel des Etats Généraux ont eu lieu en octobre 2013, et envisager autrement le développement local en donnant plus de moyens et de compétences aux collectivités territoriales dans les 8 régions du Mali. On note cependant un petit changement dans la communication gouvernementale, un aspect qui gagnerait à  être poursuivi, car après tout, la gouvernance, c’est aussi cette relation qu’entretient jour après jour, le chef de l’Etat avec son peuple qui l’a élu au suffrage universel direct. Un deuxième round commence !

Pourquoi tout le monde lâche le MNLA

«Ne nous ne méprenons pas : les discours d’Ibrahim Boubacar Keà¯ta (IBK) depuis son élection n’ont rien changé à  la situation désastreuse qui prévaut à  Kidal, déclare un haut gradé malien du ministère de la Défense. IBK collabore étroitement avec la France, comme à  l’époque d’ATT. Aujourd’hui, le MNLA a été déchu par la France. Paniqué par l’exécution des deux journalistes français, il était prévisible dans un premier temps que le MNLA quitte Kidal. On peut espérer un désarmement par la suite. Un processus logique, qui ne signifie pas dissolution du mouvement rebelle». Le 10 novembre dernier, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) informait, dans un communiqué officiel, «l’opinion nationale et internationale qu’il s’est engagé à  quitter le gouvernorat et la Radio de Kidal le 14 novembre 2013, selon les termes de l’accord-cadre signé, sous l’égide de la communauté internationale, par le MNLA en juin 2013 à  Ouagadougou». Cet engagement entre dans le cadre de «l’accord préliminaire à  l’élection présidentielle et aux négociations de paix de Ouagadougou». La débandade chez les indépendantistes Une décision qui a bouleversé les partisans et certains décideurs du MNLA. «A Kidal, cette nouvelle a troublé la population. Certains habitants veulent quitter la région puisqu’ils craignent des représailles de la part de l’armée malienne quand elle sera sur place, à  la place du MNLA, affirme un vétéran du mouvement. l’épisode de juin dernier, qui nous a obligés à  interpeller des habitants noirs de Kidal, a marqué tout le monde. Depuis que le MNLA a annoncé le retrait de Kidal, une vague d’indignation s’est abattue sur nous, comme si la décision nous appartenait». Ce témoignage rejoint l’étonnante déclaration d’un haut cadre du MNLA et ancien membre du gouvernement malien qui nous avait confié, il y a quelques mois, que le projet du MNLA devra attendre quelques années : «l’Azawad devra patienter. Ce n’est pas encore le jour de gloire de notre cause, ceci ne veut pas dire que nous sommes des traà®tres. Nos différentes alliances et divisions au sein du groupe nous ont fragilisés et décrédibilisés auprès de notre jeune nation. Nous patienterons encore pour que l’Azawad se libère.»

Kidal: le MNLA évacue deux bâtiments publics

« Les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), conformément à  leurs engagements, ont libéré ce jeudi le gouvernorat et la radio de Kidal », a déclaré à  l’AFP Abdoulaye Bathily, numéro deux de la mission de l’ONU au Mali (Minusma). D’après lui, ces bâtiments ont été évacués après discussion avec des partisans du MNLA, qui protestaient contre cette décision et ont saccagé une partie du gouvernorat et d’autres édifices publics proches. Ce matin encore, des femmes et des jeunes se sont rassemblés devant le quartier administratif de Kidal. Des tentes ont été dressées dans la rue, en face du gouvernorat. Ces militants du MNLA sont en rupture avec leurs leaders politiques, ils refusent que leur mouvement libère ces bâtiments publics. « Des documents administratifs anciens ont été brûlés, des tables, des chaises ont été volées ou détruites, il n’y a pas eu de destructions graves », a indiqué à  RFI, un responsable d’ONG qui était sur place. A la mi-journée, « les lieux ont été évacués par des éléments armés du MNLA », affirme un habitant. « La colère des populations est légitime, affirme un cadre du MNLA. Notre mouvement multiplie depuis des mois les concessions mais l’Etat malien ne bouge toujours pas. Nous avons expliqué aux habitants de Kidal qu’il fallait quitter les lieux, ce qu’ils ont fait ». Une longue réunion s’est ensuite tenue en début d’après-midi sur la base française Serval pour tenter de trouver une solution. Signe que le dossier est sensible, le chef militaire de la Minusma, le rwandais Jean Bosco Kazura, et le numéro deux de l’organisation onusienne, le sénégalais Abdulaye Bathily, ont fait le déplacement depuis Bamako à  Kidal pour discuter directement avec le MNLA Selon la radio mondiale, les leaders du mouvement ont remis gouvernorat mais en échange ils souhaitent des compromis sur la sécurisation de Kidal. Quant à  la radio, outil capital pour informer et passer des messages, le MNLA exige de pouvoir diffuser ses messages dès qu’il le souhaite.

Kidal : le Mnla finira t-il par tenir ses promesses ?

Les locaux du Gouvernorat et de la Radio nationale de Kidal sont toujours occupés par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Et cela, en violation de l’accord préliminaire de Ouagadougou, signé le 18 juin 2013. Il y a peu, une délégation restreinte du Comité de Suivi et d’Evaluation de l’Accord préliminaire de Ouagadougou a rencontré la coordination politique du MNLA, du HCUA et du MAA, à  Ouagadougou le 8 novembre 2013. De cette concertation, le MNLA a promis de libérer les 2 structures, le 14 novembre prochain. Le groupe armé tiendra t-il ses promesses ? Depuis la signature de l’accord préliminaire de Ouagadougou, le 18 juin 2013. Le constat est clair, le MNLA viole les termes de l’accord : tout d’abord, il occupe les deux lieux stratégiques du pouvoir : le gouvernorat et les locaux de la radio télévision nationale. Alors que la résolution 2.100 du conseil de sécurité des Nations-Unies et l’accord préliminaire interdisent à  un groupe armé d’occuper les locaux d’un Etat souverain. Cantonnement ineffectif Ensuite, dans l’accord préliminaire les groupes armés doivent être cantonnés. Mais, le MNLA règne en maitre absolu à  Kidal (leur drapeau flotte sur toute la ville), et coupe la route aux bergers et emportent le bétail. La semaine dernière seulement, les rebelles ont attaqué, à  Ménaka, une position des forces armées du Mali.  De leur côté, les autorités maliennes ne croient plus aux annonces du groupe armé et préfèrent voir des actes : «Â Comment voulez-vous négocier avec un gouvernement que vous humiliez en tenant les lieux de pouvoir », explique Cheick Oumar Diarra, ministre de la réconciliation nationale, qui «Â prend acte » de la décision annoncée par le MNLA. «Â Ils disent qu’ils s’exécuteront le 14. Nous attendons le 14 pour voir que la décision a été exécutée », prévient-il cependant. Pour Cheick Oumar Diarra, «Â si la décision est exécutée, ce sera une étape vers le lancement d’un dialogue constructif ». Si cette décision était respectée, cela permettrait aux autorités administratives de mener à  bien leur mission et s’impliquer dans le processus de la réconciliation nationale. Parce que l’autorité de l’Etat doit s’exercer sur toute l’étendue du territoire, y compris à  Kidal. La pression de la communauté internationale pourrait-elle pousser le MNLA à  libérer le Gouvernorat et la télévision nationale ?

Mali: l’armée française au secours des FAMA

Des tirs avaient été échangés, entre les rebelles touaregs du MNLA, d’un côté, et les forces malienne, française et onusienne de l’autre. Mais les versions divergeaient entre l’armée malienne et le MNLA. Aujourd’hui, les militaires français sortent du silence qu’ils s’étaient jusqu’ici imposés sur l’affaire. Les rebelles touaregs du MNLA accusent l’armée malienne d’avoir attaqué la première et d’avoir ensuite exécuté sommairement trois prisonniers, ce que l’armée malienne dément, accusant les combattants du MNLA d’avoir d’abord ouvert le feu. Les casques bleus de la Minusma et les militaires français de la force Serval étaient sur place. Mais ils assurent qu’ils étaient dans le village à  ce moment précis et non à  la sortie, là  o๠l’accrochage a débuté d’o๠une réserve dans un premier temps. Accusations non fondées Une réserve dont sort désormais le général Marc Foucault, qui commande la force Serval. Il balaie les accusations du MNLA : « Ces accusations ne sont pas fondées. Nous sommes actuellement en train de faire une enquête. Mais d’après les premiers éléments, il n’y a pas lieu de parler d’exécutions sommaires ». A la question qui a tiré le premier, le chef de la force Serval « pense très clairement ce sont les forces armées maliennes qui ont été prises à  partie ». La mission des Nations unies au Mali, elle aussi, estime que les soldats maliens ont répliqué aux tirs des rebelles touaregs.

Kidal : quelle marge de manoeuvre pour IBK ?

Deux mois à  peine après son investiture, le 4 septembre, le président Ibrahim Boubacar Keita, élu pour sa fermeté ou pour l’autorité qu’il est censé incarner aux yeux des Maliens, fait déjà  l’objet de toutes les critiques. L’assassinat des deux reporters de RFI, ont provoqué des larmes chez « Kankelentigui », à  tort ou à  raison, un fait qui irrite certains et n’étonne pas d’autres. « Nous n’avons pas élu IBK pour qu’il pleure sur les antennes de RFI », clame ce journaliste local. Du côté de la présidence, on s’en défend. « Nous étions dans le registre de l’émotionnel, il faut comprendre et vous allez voir que très vite, après cet incident malheureux, les lignes vont bouger à  Kidal », commente ce membre du protocole. Kidal, o๠justement, les lignes semblent vouloir bouger, depuis l’incursion de l’armée malienne, ce vendredi dans la nuit. Une colonne parmi laquelle figure le Gal Gamou. Est-ce un début de réponse du Mali aux rebelles du MNLA, qui ont un contrôle évident sur Kidal ? Il faut dire que les dernières décisions des autorités n’étaient pas de nature à  rassurer les Maliens et montrent que les Accords de Ouagadougou du 18 juin ne trouvent toujours pas leur application. L’administration absente à  Kidal, le refus des groupes armés de se cantonner, et la récente levée des mandats d’arrêts contre d’anciens chefs rebelles, soupçonnés d’accointance avec Ancar Dine ou Aqmi, a crée l’incompréhension chez beaucoup. « C’est une décision de justice et la justice est à  la base de tout. Si le gouvernement malien lui même va à  l’encontre de cette justice et lève des mandats qu’il a lui même pris, cela relève de la compromission avec des groupes armés aux intentions multiples », souligne André Bourgeot, anthropologue et spécialiste du Sahel. Souveraineté en jeu Du coté des autorités, on assume ce qu’on appelle des mesures de confiance, pour dit-on, mener à  bien les négociations futures avec le MNLA, le HCUA ou encore le MAA, des mouvements plus ou moins radicaux, selon les évolutions de l’actualité. « N’oubliez pas que le Mali subit également la pression de la France et a été libéré grâce à  l’opération Serval. Se défaire de cette tutelle n’est pas chose aisée », commente un diplomate de la Minusma. « Il faut d’autant plus œuvrer dans le sens du dialogue et avec hauteur », poursuit notre interlocuteur. Du reste, Mohamed Aly Bathily, le ministre malien de la justice, a affirmé haut et fort que « si cela s’avérait nécessaire, d’autres prisonniers seraient libérés », en marge de la réunion de suivi sur la situation au Mali le 2 novembre. Une déclaration qui en rajoute à  l’inquiétude populaire. IBK serait-il acculé face aux derniers évènements au point d’en arriver aux larmes ? « Je m’étonne qu’IBK pleure pour deux journalistes de RFI et pas pour les naufragés de Konna, est-cela le patriotisme ? », témoigne Ousmane étudiant. « Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est la réponse que les autorités doivent donner aux agissement du MNLA et de ses alliés sur le terrain. Tout reste à  prouver, même une éventuelle complicité du MNLA dans l’assassinat des deux journalistes », commente cet éditorialiste. » Or le président IBK n’accumule pas les bons points ces jours-ci. On rappelle volontiers que Zahabi Ould Sidi Mohamed, son ministre des affaires étrangères, est certes un ancien fonctionnaire international mais aussi un ancien rebelle. Tout comme trois ressortissants du Nord, ex chefs rebelles, sont désormais candidats aux législatives, sous les couleurs du RPM, et accusés de chercher une impunité. En outre, les assises du nord qui se sont tenues à  Bamako les 1er, 2 et 3 novembre, estiment beaucoup, auraient du avoir lieu au Nord d’abord entre communautés locales et non entre « bourgeois de Bamako » pour paraphraser un confrère. S’il existe un fossé évident entre les revendications des membres du MNLA et les principes de Bamako, il y a trop de compromissions de la part du pouvoir malien. On apprécie malgré tout la manière dont IBK a géré l’après mutinerie de Kati, même si les conditions actuelles de résidence du Gal Sanogo, font encore les choux gras de la presse. Sans tomber dans la surenchère ou céder à  la stigmatisation des communautés du nord, la situation reste très tendue à  Kidal o๠des affrontements ont opposé l’armée malienne et le MNLA depuis ce vendredi. Jusqu’o๠ira cette nouvelle montée de tension ? Et quelle réponse donnera le pouvoir malien pour rassurer le peuple ?

L’armée malienne à l’assaut de Kidal

Dans la nuit du jeudi au vendredi, des centaines de militaires maliens sont arrivés dans la ville de Kidal. Parmi eux, le fameux général Gamou, que les chefs du MNLA ne voulaient pas voir dans la ville. Sur les réseaux sociaux, beaucoup de témoins font état de combats entre les forces armées maliennes et les éléments du MNLA. Ainsi, aux environs de 14h, Mountaga Touré publie sur Twitter « accrochage à  l’instant, à  70 kms de Menaka, entre armée malienne et le MNLA qui parle d’embuscade ». Informations aussitôt relayée par de nombreuses personnes et des journalistes locaux. « Ca chauffe à  Menaka »,écrit Abdou Diarra, toujours sur Twitter. Nombreux sont les Maliens à  avoir réclamé une réaction ferme des autorités maliennes après l’assassinat de deux journalistes français, le 2 novembre dernierà  Kidal. La ville échappe toujours au contrôle de l’armée malienne qui n’y a que quelques dizaines d’hommes cantonnés dans un camp. L’administration a également beaucoup de mal à  s’y redéployer, le gouverneur n’a toujours pas pu récupérer ses locaux, occupés par des hommes du MNLA. Impuissance ou complicité des forces étrangères? L’armée française, à  travers la force Serval et les contingents de la MINUSMA y assurent la sécurité et officiellement « empêchent la situation de dégénérer ». Mais pour de nombreux observateurs, il s’agissait surtout de maintenir un statut quo au profit des rebelles touareg qui restent les vrais maà®tres sur le terrain. En témoigne leur dernier coup d’éclat, une attaque à  la grenade de l’agence de la Banque Malienne de Solidarité(BMS). Avec le drapeau de l’Azawad, la république qu’ils souhaitent implanter au nord du Mali, première raison du déclenchement de la crise politico-sécuritaire qui a plongé le Mali dans des troubles et contraint des centaines de milliers de personnes à  quitter leur maison et se réfugier plus au sud ou hors du pays. Les lignes sont-elles en train de bouger au Nord? C’est l’interrogation de tous en ce vendredi, tant l’attente est grande au sein de l’opinion publique malienne. Le fait que des hommes armés aient pu venir en plein Kidal, enlever deux personnes et les exécuter sans qu’aucune des forces en présence ne puisse les en empêcher a sans doute pousser les autorités à  l’action. Reste maintenant à  savoir si le monde va à  nouveau se laisser distraire par les cris d’orfraie du MNLA.

Comment Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont croisé la mort à Kidal

Lorsque Claude Verlon et Ghislaine Dupont arrivent à  Bamako le vendredi 25 octobre, ils sont heureux à  l’idée de faire des sujets sur la réconciliation nationale dans le cadre de la grande opération spéciale que préparait RFI les 7 et 8 novembre à  Bamako.  » On a tellement bossé dessus, on voulait montrer que les populations du Nord Mali sont pour la paix et l’unité », confie leur collègue Christine Muratet lors de la cérémonie funèbre organisée avant le rapatriement de leurs corps à  Paris. Ghislaine Dupont et Claude Verlon n’en sont pas à  leur premier coup d’essai. Habitués de l’Afrique, des terrains sensibles comme le Congo Kinshasa d’o๠Ghislaine fut expulsée en 2006 ou encore la Côte d’Ivoire pendant la crise politique, ils ont souvent travaillé ensemble. Les deux reporters en étaient à  leur deuxième voyage au Mali, après l’élection présidentielle de Juillet o๠ils avaient couvert le vote à  Kidal. « J’ai voyagé avec eux, j’ai beaucoup discuté avec Ghislaine et Claude dans l’avion « , témoigne Ousmane Ndiaye, l’un des correspondants de TV5 Monde à  Bamako. Ce dernier reste très ému par leur mort et n’a pas souhaité en dire plus. Direction Kidal Sur place, Ghislaine Dupont et Claude Verlon entament rapidement les démarches pour se rendre à  Kidal le vite possible. Samedi 26 octobre, le lendemain de leur arrivée, on les verra au Parc National de Bamako, à  la journée des Nations Unies. Ils y étaient pour prendre contact et rencontrer la Minusma, et organiser leur voyage à  Kidal :  » Ils ont demandé à  ce que nous les transportions jusqu’ à  Kidal, confie cette chargée de l’information. Nous avons accepté et leur avons fait signé un document nous désengageant, car une fois à  Kidal, ils seraient responsables de leur propre sécurité. J’avais encore ces documents sur la table, samedi, lorsqu’on m’a appelé pour m’informer de leur enlèvement », poursuit-elle, émue. Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient-ils trop pressés d’arriver à  Kidal ? C’est l’avis d’un journaliste malien, qui les connaissait : » Lorsqu’elle arrive à  Bamako, Ghislaine Dupont prend du temps pour se reposer, voir des amis, mais cette fois, elle avait hâte d’aller au nord ». Confiante en la mission, elle avait depuis Paris, contacté des responsables du MNLA. Quelques jours plus tard, les deux reporters sont à  Kidal. Ils y sont à  l’aise et testent leur matériel devant foules et témoins, rencontrent les autorités et des responsables locaux. Sur place, la présence des deux français est vite repérée.  » S’ils se sentaient en confiance », confie en sourdine Mme Chekchik, l’épouse d’un membre influent de la communauté touareg, c’est que le MNLA a du leur dire, venez, nous contrôlons Kidal, et vous n’avez rien à  craindre. Et turbans sur la tête ou pas, à  Kidal, chacun sait qui est qui… ». Affirmation osée, mais qui va dans le sens de tous ceux qui accusent le groupe rebelle d’être complice de l’enlèvement des deux journalistes français. Du reste, qu’Ambéry Ag Ghissa déclare avoir été sommé de  » rentrer » au moment o๠les deux français sont enlevés, continue d’étonner. Et l’autre thèse qui évoque l’arrivée imprévue des deux reporters, chez Ambéry Ag Ghissa, est plus qu’improbable… Flou autour de l’enlèvement Comment Ghislaine Dupont sont -ils arrivés au domicile d’Ambéry Ag Ghissa sans escorte ? Comment ont-ils pu sortir de la maison du responsable du MNLA et se faire enlever sans qu’aucune intervention n’ait eu lieu. Ambéry Ag Ghissa, haut responsable politique du MNLA vit-il sans garde rapprochée ? Autant de zones d’ombres qui laissent penser que les deux français étaient suivis, épiés et attendus. Mais l’alerte sera vite donnée après leur enlèvement. « Une patrouille au sol et deux hélicoptères Serval, qui ont décollé de Tessalit, ont entrepris de prendre en chasse les ravisseurs », précise l’état major français. « Kidal est une petite ville et il n’y a pas mille et un chemins pour sortir de la ville.  » Lorsque les Français disent qu’ils n’ont pas établi de contact visuel, cela laisse place au doute », affirme un militaire de la Minusma en poste à  Bamako. Ghislaine Dupont et Claude Verlon, selon une première thèse, ont été tués par balle puis abandonnés à  quelques mètres du véhicule des ravisseurs à  12km au nord de Kidal. L’enquête avance, et la katibat, qui aurait organisé le coup étant identifiée comme celle d’Abdelkrim El Targui, réputé sanguinaire, laisse penser qu’ils « auraient été égorgés ». Sont-ils morts à  cause de la panne du véhicule ou parce que les ravisseurs s’estimant poursuivis , ont préféré les exécuter froidement ?  » C’est en général la technique d’AQMI et chaque fois qu’il y a une opération visant à  libérer les otages, et qu’elle tourne mal, AQMI exécute les otages », précise cet expert du Sahel. Victimes collatérales La mort de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon aurait-elle pu être évitée ? Les questions demeurent mais toujours d’après cet expert du Sahel, les ravisseurs auraient pu vouloir prendre les deux français comme monnaie d’échange. On sait désormais qu’Iyad Ag Ghali, l’ex chef d’Ancar Dine, a été un médiateur dans la libération des 4 otages d’AREVA. On l’accuse d’avoir fui avec l’intégralité du butin et Targui son cousin, chef de la katibat « El Ansar », d’avoir voulu prendre les deux français comme monnaie d’échange potentielles pour calmer les ardeurs de tous ceux qui ont été impliqués dans la libération des otages d’Areva. Leur mort résulterait alors du mécontentement de certains bandits qui n’auraient pas eu leur part du butin. En outre, un autre suspect, Bayes Ag Bakabo, serait impliqué dans l’enlèvement des deux journalistes puisque c’est son véhicule, une totoya pick up beige, dans laquelle des preuves auraient été retrouvées, qui aurait servi à  l’opération, puis été abandonné à  quelques kilomètres du corps de Ghislaine Dupont et Claude Verlon.L’enquête elle se poursuit et plusieurs suspects ont été appréhendés. Mais qu’en est-il de l’interview que les deux journalistes ont réalisé avec Ambéry Ag Ghissa ? Que se sont-ils dit ? La direction de RFI a t-elle pu récupérer ces enregistrements ? De ces éléments, on ne sait rien pour le moment… Sauf que leur contenu pourrait apporter de nouveaux éclaircissements dans l’affaire…

Crimes de Kidal : le pont du verlan

Ils sont venus au Mali pour juste informer. Ils en sont repartis sans vie. Ghislaine est devenue le PONT de deux mondes antagonistes. Claude confirme pour sa part que ces deux mondes parlent un VERLAN différent. Triste sort. Tragique sort que cette mort par balle de deux journalistes courageux et professionnels jusqu’au dernier soupir. Ils n’ont jamais voulu faire du journalisme au chéquier en se contentant d’interviewer des autorités confortablement installées dans les salons douillés de Bamako et prêtes à  pérorer sur ce qui se passe dans le septentrion malien. Ghislaine tissait sa laine pour verrouiller l’information recueillie à  la source. Claude l’épaulait pour refuser la fin décrétée de cette guerre lâche qui n’en est qu’à  son aube dans le nord du Mali. Ces écrits ne sont pas une ode pour Claude et Ghislaine. Non, ils tirent la sonnette d’alarme d’autant que rien ne justifie cette tuerie barbare. Un stylo, un micro et une caméra ne peuvent s’opposer à  un fusil. Les auteurs de ce double crime le savent mais que valent nos écrits et notre indignation devant ces criminels froids obnubilés par le fric et les fesses et agissant sous le coup de la foi ? Nos mots sont du Verlan pour ces criminels sinon ils auraient compris que Ghislaine constituait un Pont entre leurs revendications et la communauté internationale. Dommage, ils ne pouvaient pas comprendre, ils ne comprennent pas. Ils ne connaissent que le langage des armes et la politique du bas de ceinture. Un fait demeure : les confrères sont partis, nous perdons en eux deux professionnels chevronnés, deux êtres charmants et attachés à  un journalisme de qualité. Une exigence s’impose : tous doivent accepter que la crise malienne est loin de connaitre son épilogue, autrement dit les djihadistes ne lâcheront rien et utiliseront tous les interdits pour se faire entendre. Il faut oser le dire : la pacification du septentrion malien ne se fera pas sans la France et ses partenaires Onusiens obligés de ne plus ménager le MNLA et ses phalanges. La vérité est une pilule amère qui confrontée à  la réalité indexe une race couvée et des mouvements à  décapiter faute de quoi d’autres Ponts s’effondreront et des «Â Ver » plus longs seront déclamés pour pleurer d’autres Ghislaine et Claude dans cet enfer des caà¯ds connus de KIDAL. Que dalle ! Comme le dit si bien Patrick BRUEL «Â je casse ma plume » devant ces crimes infâmes le temps de voir la France prendre la main pour sauver un Mali qui n’a pas encore pris la pleine mesure de la détermination des tueurs du camp adverse. DIOP Makhtar

Incontrôlable Kidal…

C’est tout le contraire qui semble se profiler avec la récente levée des mandats d’arrêts contre des chefs rebelles, les accointances avec les maà®tres du nord qui prévalent dans le jeu du rapport de force entre Bamako et les représentants du Nord. Certains parlent même d’un modèle à  la « ATT » qui perdurerait et risquerait de saper définitivement l’autorité de l’Etat. Si les forces françaises et onusiennes sont sous représentées à  Kidal, l’armée malienne l’est encore plus. La question qui est sur toutes les lèvres est bien sûr celle du contrôle de Kidal o๠courent de nombreux groupes armés et mouvements touareg, d’obédience plus ou moins extrême. Si les uns optent pour le jeu politique, d’autres nouent des alliances contre nature avec AQMI, au risque de saper le dialogue entamé. Plus rien n’étonne du MNLA, qui équivaudrait pour beaucoup à  Ançar Dine ou à  AQMI, ou au MUJAO. Les cartes sont bel et bien brouillées. Kidal demeure donc l’inconnue, ce désert aride o๠seuls les hommes bleus savent se repérer et fuir. Fuir avec deux otages français, sur environ 12 km, même poursuivis, traqués jusqu’à  les tuer et les abandonner en plein sable. La capitale de l’Adrar des Ifoghas fait partie de ces villes sur liste rouge. Kidal, l’incomprise, reste encore sous le contrôle d’éléments armés, tandis que la Minusma, l’armée malienne et Serval y sont en sous effectifs. Et tentent de sécuriser le coin. Des rues poussiéreuses, un horizon incertain, des hommes enturbannés. Parmi lesquels il est difficile d’identifier qui est qui. Détail esthétique, mais qui a son importance, lors d’une prise d’otages rapide, et qui empêche de distinguer l’agresseur. Kidal, « C’’est la seule zone, o๠la souveraineté de l’à‰tat n’est pas effective. Les troupes de l’armée malienne ne patrouillent pas à  Kidal », confesse le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Soumeylou Boubèye Maà¯ga, au lendemain de l’assassinat tragique de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, qui y préparaient une opération spéciale RFI. Et ces derniers s’y sentaient en confiance, à  tel point qu’ils se sont rendus au domicile d’un membre du MNLA, sans peur et sans imaginer qu’ils puissent être des cibles potentielles. Kidal, ils la connaissaient, la percevaient d’une certaine façon. Erreur de jugement ? Observés ? Suivis ? Ils l’étaient certainement. Attendus, épiés, puisque dès qu’ils sont sortis du domicile d’Ambéry Ag Ghissa, ils ont été tout de suite cueillis et emmenés. Le reste est connu. Cibles de choix, cibles traquées, beaucoup pointent du doigt le MNLA. Qui sait si Ambéry Ag Ghissa ne les a pas vendu ?, affirment certains. Etaient-ils détenteurs d’une information pouvant mettre à  mal le MNLA ? O๠ont-ils été utilisés comme des martyrs par une mouvance terroriste, afin de toucher la France en plein C’œur. AQMI, on le sait mène une guerre sans merci à  la France depuis l’opération Serval. L’exécution rapide de Ghislaine Dupont et Claude Verlon sonne t-elle comme une nouvelle bataille engagée par les ennemis de la France, sur le sol malien ? Que les forces en présence n’aient pas pu intercepter le véhicule est une chose, mais que des otages soient pris dans cette vaste zone désertique n’est pas nouveau. Plus que jamais, la vigilance ne saurait être baissée même lorsque des otages ont été libérés. Une guerre sans merci oppose désormais la France aux puissances du mal dans le Sahel, celle médiatique contre celle de la terreur. Laquelle est la plus nocive ?

Laurent Fabius :  » La sécurité va être accrue à Kidal »

Au lendemain de l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes de RFI, à  Kidal, le président Hollande a réuni pendant un heure le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius et celui de la Justice, Christiane Taubira ainsi que Bernard Bajolet, le patron de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), afin de commencer à  Â“établir précisément, en lien avec les autorités maliennes et les forces de l’ONU, les conditions” de ce drame. A l’issue de cette réunion, M. Fabius a déclaré que les responsables de l’assassinat des deux journalistes – qu’il a qualifié de “crime contre la liberté d’informer et d’être informé” – étaient “ceux que nous combattons, C’’est-à -dire les groupes terroristes qui refusent la démocratie et qui refusent les élections. Le ministre a précisé que les reporters avaient été tués avec une arme à  feu. “l’un a reçu deux balles,l’autre trois balles”, a-t-il indiqué. Par ailleurs, le chef du Quai d’Orsay a indiqué que “la sécurisation de l’ensemble de la zone et des zones voisines, va bien sûr être accrue”, en parlant de Kidal. Les autorités maliennes n’ont que peu – voire pas aucune – prise sur ce bastion historique de la rébellion touareg, tenu par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et o๠sont établis d’ancien djihadistes du groupe Ansar Dine ou encore des militants du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest Mujao). Il y a également des rivalités entre groupes touareg, basés parfois sur des origines tribales. Et C’’est sans compter sur le narcotrafic ou encore sur les tensions ethniques, notamment entre touareg et arabes. Libérée de l’emprise des groupes djihadistes à  la fin janvier par les forces françaises de l’opération Serval, la ville de Kidal a été plusieurs fois le théâtre d’attentats suicide et d’affrontements armés. Récemment, l’armée malienne y avait d’ailleurs été prise à  parti. Actuellement, 200 militaires français sont déployés à  l’aéroport de Kidal. Et la force Serval comptait, au 31 octobre, moins de 3.000 hommes, dont certains sont engagés dans l’opération Hydre, de part et d’autre de la boucle du Niger. Pour le moment, les détails de la décision visant à  accroà®tre la sécurité dans le secteur de Kidal ne sont pas connus. Alors que la MINUSMA, la mission des Nations unies au Mali, peine à  déployer les 12.500 hommes prévus, il est probable que les autorités françaises soient obligées de revoir le calendrier de retrait de la Force Serval, dont les effectifs, en principe, doivent être ramenés à  1.000 personnels à  la fin janvier 2014.

Mort de Ghislaine Dupont et Claude Verlon : la presse indignée

Amélie Niard, ex pigiste à  RFI « J’ai beau ne plus être à  RFI depuis plus d’un an, ça me touche et j’ai mal pour le Mali, aussi. Je ne connaissais Ghislaine que de vue mais Claude un peu plus, je l’aimais beaucoup. C’était un grand homme, et c’est horrible, en plus la manière dont cela s’est passé, tués comme des chiens au bord d’une route. C’est une infamie et encore une fois, je suis triste pour le Mali, qui va en souffrir malheureusement ». Birama Konara, Binthily Communication Je suis horrifié par ces assassinats cruels. Les disparitions tragiques de Ghislaine et de Claude constituent une perte irréparable. RFI est une famille. Les voix et les analyses de ses journalistes meublent notre quotidien. Mes condoléances vont donc aux collaborateurs de RFI, à  ses auditeurs et aux familles des deux victimes. Plus que jamais, nous devons nous mobiliser pour le respect des libertés et la défense de la sacralité de la vie Tiégoum Maiga, La nouvelle République « Je ressens de la tristesse, de la colère. Ces deux journalistes sont morts pour leur passion, celle d’être au plus près des hommes et des faites. Le MNLA doit livrer les assassins de nos confrères ». Serge Daniel, correspondant de RFI à  Bamako « Tant que tous les groupes armés ne seront pas désarmés à  Kidal il y aura ces cas. On ne kidnappe pas à  Gao. Il existe une passerelle entre MNLA, Ançardine, AQMI, MUJAO, etc. Et c’est connu de tous ! » Reporters sans frontières « Nous condamnons avec la dernière énergie ce double assassinat qui montre malheureusement l’Etat de non droit qui règne encore dans le nord du Mali. Cet assassinat est non seulement un acte criminel mais un acte terroriste, destiné à  intimider les regards extérieurs ». Salif Sanogo, journaliste à  l’ORTM « La première fois que J’ai rencontré Ghislaine Dupont, C’’était un jour de juillet 1999. Je venais de finir mes études à  l’ESJ de Lille et je démarrais un stage de quelques mois à  RFI, à  Paris. Avec Chantal Lauraux et Carine Frenk, J’avais trouvé de grandes professionnelles qui ont bien veillé sur moi. Professionnellement, elle m’a beaucoup appris. Humainement, sa chaleur était indiscutable. Elle aimait bien rire ». Noel Tadegnon, Journaliste indépendant, Médiatogo.info Je suis sous le choc. Je n’ai pas dormi après l’annonce de leur mort. Je n’arrive pas à  imaginer qu’on puisse tirer sur des journalistes aux mains nues qui ne cherchent qu’à  informer les autres ». Nous journalistes sommes insultés, battus, menacés, kidnappés, assassinés, mais nous ne seront jamais découragés. Nous sommes encore forts et plus que déterminés à  informer le monde avec courage et professionnalisme.

IBK à propos de Kidal en marge du sommet de la CEDEAO

A l’issue du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA et celui de la CEDEAO auxquels il a pris part dans la capitale sénégalaise, le président de la République, Son Excellence Ibrahim Boubacar Kéita, a accordé vendredi 25 octobre un entretien à  la presse malienne (ORTM, Africable, AMAP) au cours duquel, il a salué l’intervention de la CEDEAO au Mali qui a contribué à  mettre fin au calvaire du peuple malien. Au cours du même entretien, le chef de l’Etat s’est dit heureux de l’engagement renouvelé de la CEDEAO aux côtés de notre pays dans sa lutte contre le terrorisme dans la partie nord. IBK a aussi évoqué le renforcement de l’effectif de la MINUSMA dans notre pays, estimé à  aujourd’hui environ 6000 hommes. Sur la situation sécuritaire au Nord et singulièrement celle de Kidal: «Â J’en ai profité aussi pour remercier aussi l’UEMOA que la CEDEAO, particulièrement la CEDEAO pour la part prise dans le salut du Mali. Vous savez que dès l’abord la CEDEAO s’est engagé à  soutenir le Mali par des décisions qui au regard de l’histoire peuvent être réputées avoir été heureuses ; en tout cas dont l’aboutissement a été la fin du calvaire du peuple malien. Dans les termes que vous savez : l’appel à  l’intervention Serval, laquelle intervention a été presque conjointe avec celle des forces des troupes de la CEDEAO au sein de la Misma, plus tard érigée en Mimusma. De tout cela, je pense qu’il il était de bon ton que reconnaissance soit faite à  l’entité Communautaire pour son engagement ; je ce que fais de bien bonne grâce. Je pense également le sommet a été l’occasion aussi pour le président Faure Gnassimbé de passer le relais à  notre frère Thomas Yayi Boni du Bénin pour ce qui concerne la présidence de l’Uemoa ; pour l’instant, la CEDEAO, elle continue sous l’égide du frère Alassane Ouattara. Au total C’’est donc une grande satisfaction que je tire de cette première participation à  deux sommets importants de qualité économique : l’Uemoa et la CEDEAO. J’en ai en même temps également profité pour dire combien je suis désolé d’avoir concentré tous les efforts de la CEDEAO, et également presque de l’Uemoa, sur les questions sécuritaires, en raison de ce qui avait lieu chez nous : la tragédie que notre peuple a vécu a concentré tous les efforts de la CEDEAO pendant presque plus u an. C’’est donc la reprise de la vocation économiques de ces deux entités qui a été conduite de fort belle façon. Voilà  ce que nous avions eu à  C’œur de réussir ici à  Dakar. Dans le communiqué, il est appelé un renforcement de la Minusma par la Communauté internationale. Un commentaire ? Un commentaire heureux. Cela pose simplement la constance de l’engagement de la CEDEAO auprès du Mali. Chacun le sait maintenant surtout depuis l’intervention du coordinateur du système des Nations unies au Mali qu’il souhaité le personnel de la Misma au Mali soit renforcé d’environ six milliers d’hommes. C’’est une information qui est dans le public, depuis au moins une semaine, ce n’est pas nouveau. Chacun sent que le mouvement Jihadiste veut reprendre du poil de la bête. On a signalé des regroupements au sud libyen qui n’augure rien de bon pour nos Etats, aussi bien le Mali que nos Etats frères du Niger et les autres. On sait le projet jihadiste. Les documents retrouvés à  Tombouctou au niveau de la Radio ont édifié le monde sur la réalité dans ce domaine, les vrais et les faux nés. J’ai profité pour informer mes homologues à  fond sur ce qui est de la situation dans le nord du pays, singulièrement à  Kidal que je trouve inadmissible, insoutenable, intolérable ; et qui ne saurait prospérer, très clairement.  » Je souhaite désormais que ces différents mouvements soient considérés comme des mouvements des groupes armés », a déclaré le chef de l’Etat. Par rapport aux élections législatives dont le premier tour est prévu pour le 24 novembre, le président de la République estime qu’il n’y a pas de problème à  ce niveau. « Le communiqué issu du sommet de la CEDEAO s’est surtout félicité de la bonne tenue de l’élection présidentielle au Mali qui incarne désormais la dignité malienne retrouvée. Nous avons pris une place qui est la nôtre au sein de la communauté internationale. C’est le retour du Mali au sein de la communauté internationale d’une manière décisive et ferme », a-t-il dit.