André Bourgeot sur le Nord : « Il faut créer les conditions de la négociation sans faire de compromissions ».

André Bourgeot, chercheur au CNRS (Centre National pour la recherche scientifique), connaà®t le Sahel comme sa main, mais aussi le Mali et particulièrement les régions Nord, o๠règnent en rebelles, des groupes armés comme le MNLA, le MAA ou encore le Mujao. Régulièrement consulté, cet anthropologue a parcouru cette zone dangereuse o๠sévissent de nombreux trafics et autres poches de combattants djihadistes. De passage à  Bamako, il a répondu à  nos questions. Journaldumali.com : André Bourgeot, vous êtes anthropologue et spécialiste du Sahel : Quelle lecture faà®tes des dernières attaques à  Tombouctou et Gao ? André Bourgeot : Ce n’est pas surprenant. J’avais déjà  mentionné que la guerre éclair qu’a été l’opération Serval allait assez rapidement se transformer en guérilla. Ce court laps de temps entre la guerre et la guérilla a permis aux rebelles de se réorganiser et il faut savoir qu’il y avait encore des dépôts d’armes très importants qui n’ont pas été découverts par l’opération Serval. Tout comme certains éléments ennemis se sont repliés et d’autres fondus dans la ville. A Gao, ce qui est marquant, c’est qu’ils ont utilisé des roquettes pour la première fois et pas artisanales. D’après mes informations, ce sont des roquettes classiques, un armement moderne qui montre que le trafic d’armes est toujours présent dans la région. On se rend également compte que malgré la présence d’environ 5500 soldats de la Minusma et 2000 de la force Serval, les rebelles peuvent faire ce qu’ils veulent et commettre des attentats kamikazes à  n’importe quel moment. Journaldumali. com : La France va maintenir 2000 hommes au Mali, en prévision des élections législatives, cela suffit-il à  sécuriser le Nord, et malgré le fait que François Hollande se soit maintes fois félicité du succès de l’opération serval ? André Bourgeot : Peut-on sécuriser une telle zone qu’avec une présence quantitative de soldats ? Vous pouvez mettre 15000 ou 20000 soldats, mais lorsqu’ils auront décidé de faire des attentats, rien ne pourra les en empêcher. Il y a toujours des complicités locales, qui ne peuvent pas être contrôlées facilement. C’est là  la difficulté. Journaldumali.com : L’une des forces et faiblesses de l’armée malienne, c’est le renseignement et l’incapacité à  prévenir les attaques ? Pourquoi ? André Bourgeot : Je suppose qu’il y a des services de renseignements au Mali. Mais le problème que vous posez, en définitive, c’est la circulation des renseignements au niveau de la sous région et qui fait défaut. La CEMOC avait été crée pour cela mais elle est restée une coquille vide. Journaldumali.com : Le gouvernement a récemment levé des sanctions contre d’anciens chefs rebelles et libéré des combattants du MNLA ? Est-ce une bonne politique pour la suite des négociations ? André Bouregeot : En tout cas, sauf erreur de ma part, je ne me souviens pas avoir lu dans les Accords de négociation, qu’il y avait une clause qui permettait de lever les mandats d’arrêts internationaux qui avaient été délivrés par la justice malienne auprès de certains éléments du MNLA. Je pense à  Assaleh, Hamed Ag Bibi, Algabass Intalla et je sens une désaprobation du peuple malien, qui croit qu’il y a une continuité dans l’impunité. Est-ce que la légitimation faite par le Premier ministre a été suffisamment convaincante ? C’est à  voir. Journaldumali.com : Disons que le ministre malien de la justice a parlé de mesures de confiance ? Est-ce qu’on ne fait pas trop de compromis aux groupes armés, et faudrait-il arrêter de négocier pour passer par la voie forte ? André Bourgeot : Je ne dirai pas cela, mais il est clair qu’il faut arrêter d’exécuter les quatre volontés du MNLA; La négociation peut mener à  la paix, et compte tenu de l’inconstance dans la position du MNLA, on peut se demander s’ils ne cherchent pas l’affrontement direct, ce qui permettrait de légitimer tout leur discours tenu depuis le début : génocide, victimisation, et là  dessus il faut être extrêmement vigilant pour créer les conditions de la négociation sans passer par des compromissions. Ou des formes d’exigences difficilement acceptables quant elles sont émises par le MNLA. Journaldumali.com : Justement, il existe aujourd’hui des dissensions au sein des groupes armés du Nord ? Quelle influence cela peut-il avoir sur les négociations ? André Bourgeot : Parmi les groupes armés, il n’y a pas que le MNLA, mais aussi Ganda Iso, Ganda KOY, le front patriotique pour la résistance, et qui peuvent inverser le rapport de force au moment des négociations. Mais de manière générale, je ne comprends pas pourquoi, on focalise sur le MNLA. Si je prends l’exemple du MAA, le Mouvement Arabe pour l’Azawad, lorsqu’il se réclame de l’Azawad, leur Azawad n’est pas du tout le même que celui du MNLA; il se situe entre la partie arabe comprise entre Tombouctou et Arawane. Il y a même eu des positions d’antagonisme voire d’affrontements entre le MNLA et le MAA donc ce sont des alliances conjoncturelles qui peuvent être amenées à  évoluer. Il faut faire avec, mais pas aller dans la compromission, la marge de manœuvre des autorités maliennes est assez faible, et même sur le fil du rasoir, or dans les négociations, il faudra avoir sur des positions claires qui respectent les décisions de justice, c’est ça la séparation des pouvoirs ( exécutif, judiciaire et législatif). Ou alors, on restera dans une situation de flou et le peuple malien criera à  l’impunité. Journaldumali.com : Le président IBK avait pourtant parlé de fermeté et été clair sur l’intégrité du territoire malien, pourquoi une telle posture aujourd’hui ? André Bourgeot : Justement, c’est au président qu’il faut poser la question. Journaldumali.com : Est-ce qu’on peut imaginer que les groupes armés souhaitent un échec des négociations ? André Bourgeot : C’est en tout cas la position du MNLA, qui fait de la surenchère et joue comme dernière carte, celle de la nuisance, en créant les conditions d’un obstacle généralisé, ce qui leur fait dire qu’on ne peut pas tenir les élections dans le délai prévu, pour diverses raisons, des arguments fallacieux en somme. Ensuite, il appartient aux négociateurs maliens de prendre en compte ces positions. Il y a eu une élection présidentielle, un retour à  l’ordre constitutionnel et l’autorité de l’état désormais enclenchés, qui devrait être corroboré par les législatives. Mais, il existe à  l’heure actuelle, une espèce de flottement qui dérange. Journaldumali.com : Ce flottement pourrait venir du fait que certains, disent que parmi les adversaires, il y a des Maliens et qu’il faut faire le tri dans tout ça ? André Bourgeot : Oui mais la justice ne prend pas en compte les critères de nationalité et ne se base pas sur les critères dont vous parlez. La justice elle doit trancher sur des faits; et cela renvoie à  la loi, et la loi est porteuse de sanctions. Journaldumali.com : Développer ce nord selon l’ambition du président, achever la décentralisation, est-ce finalement la seule solution pour mettre fin à  ces rébellions une bonne fois pour toutes ? André Bourgeot : Non je ne crois pas que ce soit la seule solution. Il faut faire une analyse plus globale de l’ensemble du territoire malien, puisque même dans le sud du pays, il y a des poches de sous développement bien plus importantes que dans les régions nord. Il faut faire attention à  l’instrumentalisation politique de ce nord. Il y a quand même eu des efforts faits pour le nord, des projets de développements, certaines facilités. Donc, il y’a aujourd’hui, une politique pour rééquilibrer par rapport aux années 90 ou les revendications étaient plus légitimes, et analyser tout cela plus globalement.

Bert Koenders :  » La libération des prisonniers MNLA est un pas en avant »

Pour le représentant de la Minusma, Bert Koenders qui assistait à  la cérémonie de libération des 23 prisonniers militants du MNLA, cet acte permettra de rétablir la confiance et poursuivre le dialogue avec les groupes armés du Nord. Boert Koenders, Représentant spécial de la Misnusma au Mali : « J’espère que les groupes vont se parler et continuer le dialogue. Maintenant, avec cette libération, il y a un début de confiance qui est posé. Il s’agit de beaucoup de choses, le cantonnement, le déploiement des troupes et bien d’autres choses qui sont en jeu. Je crois que cet acte est un pas en avant. Les mesures de confiance sont importants dans la résolution des Nations Unies et dans les Accords de Ouagadougou et sont de nature à  favoriser le dialogue. Du côté du MNLA, il y a aussi eu des libérations. Rappelons que le Mali est souverain et notre rôle à  la Minusma, c’est aussi d’accompagner le président dans son œuvre de paix. » Mohamed Ag Erlaf, représentant de la société civile du nord : « Cette libération participe du renforcement des mesures de confiance liées aux accords de Ouagadougou, cela permettra de négocier sereinement et en toute confiance. Je ne crois pas que le fil du dialogue soit interrompu. La situation au nord comme au sud est calme désormais. Nous, société civile, nous avons une autre flèche à  notre arc pour obtenir gain de cause. Je suis surtout facilitateur pour qu’un accord raisonnable ait lieu, sans porter atteinte à  l’intégrité nationale ni à  l’unité nationale du Mali ». Le Ministre de la justice, Mohamed Aly Bathily C’est un engagement pris par le gouvernement à  Ouagadougou et qui est aujourd’hui respecté. Il s’agit de la crédibilité du gouvernement malien qui est en jeu. Et surtout pour la suite des négociations. Tout ce que le gouvernement pose comme acte relève de sa responsabilité de rechercher la paix. Cette paix se construit mais ne se décrète pas et le Mali est disposé à  continuer ce dialogue par tous les moyens.

Vers un bras de fer au sommet ?

La tension monte au Nord du Mali. On vient d’apprendre ce matin, de source militaire, qu’un membre armée du groupe armé MNLA a été abattu par les habitants d’Aguel’hoc, localité célèbre pour avoir été le théâtre d’un massacre sans précédents de l’armée malienne, l’an dernier après l’éclatement de la rébellion. Environ 70 militaires maliens avaient alors trouvé la mort dans des conditions inhumaines à  Aguel’hoc. Des images avaient fait le tour du WEB, et crée la panique. Les incidents se multiplient ces derniers jours. Un attentat suicide à  Tombouctou. Des heurts entre les rebelles et l’armée malienne, relayée par la force Serval et la Minusma, pour parer aux dégâts. Et contenir la situation explosive au Nord, particulièrement à  Kidal. Lors de son passage à  Paris, le président IBK, interrogé par la télévision nationale, a lui déclaré que » c’était la fin de la récréation et que ceux qui ne l’ont pas encore compris le comprendront très vite. ». Allusion faite à  la brouille entre militaires de Kati ? Ou aux assaillants du Nord. « Il s’agit plutôt de la situation au Nord, et cela commence à  irriter les autorités en haut lieu », confie un membre du protocole. Faut-il y voir un message clair de fermeté aux groupes armés du Nord quand sur le terrain, la réalité est autre : « Beaucoup de citoyens de Tombouctou, de Kidal en ont marre de ces regains de tension, ils veulent la paix, rien que la paix surtout en cette période de rentrée scolaire », précise un enseignant de la ville sainte. Côté malien, on se veut prudent, même si la voix du dialogue a été privilégiée jusqu’ici, on envisage peut être l’action désormais.  » La situation ne peut perdurer, et l’armée va s’assumer », déclarait Soumeylou Boubèye Maiga lors d’une interview avec la presse locale. Si le Président IBK est rentré de Paris mardi en fin de journée, le conseil des ministres de ce mercredi, nous édifiera peut être sur les décisions à  venir.

Accord de Ouaga: libération de 23 militants MNLA/HCUA

La cérémonie de remise en liberté a eu lieu ce mercredi 2 octobre 2013 à  l’hôtel Al Farouk de Bamako en présence du ministre de la justice, garde des sceaux Mohamed Ali Bathily, du ministre de la réconciliation nationale et du développement des régions du nord, Cheick Oumar Diarrah, du Chef de la Minusma, Albert Koenders et des représentants des institutions régionales et internationales. Cette libération s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de Ouagadougou entre le gouvernement du Mali et les groupes armés. « Nous vous informons de la libération des prisonniers dans le cadre de la réconciliation », a déclaré le représentant de la Minusma. Et le ministre de la justice Mohamed Bathily de préciser que parmi les prisonniers libérés, deux ont bénéficié de la grâce présidentielle, deux sont placés sous contrôle judiciaire et deux autres sont décédés en prison. Satisfaction du coté de la société civile de Kidal représentée par Mohamed Ag Intalla et Zeà¯d Ag Hamzatta . « Je remercie tous ceux qui se sont impliqués dans la libération des prisonniers. Tout le monde sait que cette libération contribue à  la réconciliation et à  la paix. Nous voulons témoigner qu’un pas vient d’être franchi dans le cadre de la réconciliation », a déclaré Mohamed Intallah. Même réaction du côté des prisonniers libérés. El Hadj Mohamed Maà¯ga, prisonnier arrêté à  Kidal a remercié les autorités pour ce geste en leur faveur. « Je suis très heureux d’être libéré, je salue tous ceux qui se sont impliqués dans notre libération. Je ne souhaite plus qu’un tel évènement douloureux se produise dans notre pays », a-t-il dit.

Mali: que veulent les groupes armés?

La veille du discours du président IBK, le jeudi 26 septembre, trois mouvements rebelles (MNLA, le HCUA, le MAA) ont annoncé qu’elles suspendaient leur participation au processus de négociations avec l’Etat malien. Ils ont évoqué des « difficultés de mise en œuvre de l’accord de Ouagadougou, causées notamment par le non respect par la partie gouvernementale malienne de ses engagements ». Quelques jours plutôt, ces groupes armés réunis à  Bamako, s’étaient dits « soucieux de préserver l’unité nationale et l’intégrité territoriale de la République du Mali » et « à  ne pas utiliser la violence comme moyen d’expression ». Par rapport à  la suspension des négociations par les groupes armés, le gouvernement dans communiqué rendu public le vendredi 27 septembre à  apporter des précisions sur les tâches accomplies dans le cadre de l’accord de Ouaga. Il s’agit entre autres de la libération de personnes détenues, la préparation des Assises nationales et des à‰tats généraux de la décentralisation. Etats Généraux de la décentralisation du 21 au 23 octobre 2013 « Des Etats généraux de la décentralisation seront convoqués en vue de créer les conditions nécessaires à  un transfert effectif de compétences et de ressources aux collectivités territoriales, sur l’ensemble du territoire. Par la suite, le Gouvernement tiendra les Assises nationales du Nord » a déclaré le président IBK lors de son discours à  la tribune des Nations Unies. Mais sur le terrain, la tension monte ces derniers jours. Deux militaires maliens qui gardaient une banque ont été blessés vendredi dernier dans un attentat à  la grenade à  Kidal. Dimanche 29 septembre, des hommes armés ont lancé une attaque en fin de journée contre l’armée malienne dans le centre de la ville de Kidal. Les échanges de tirs avaient été précédés, dans l’après-midi, d’une explosion provoquée par un kamikaze ayant accidentellement manipulé sa ceinture explosive, se tuant sans faire de blessé. Une autre annonce faite par le Président IBK est la reconversion de la Commission dialogue et réconciliation en « Commission dialogue vérité et réconciliation ». Comme l’a dit le président, il s’agira « de panser les plaies encore béantes de la société malienne ». Mais peut-on panser les plaies rien que par le dialogue, la recherche de la vérité et la réconciliation sans la justice ? Afin de prévenir une ré-émergence de ces conflits, éviter l’impunité et soutenir le rétablissement de l’à‰tat de droit, il faut que justice soit faite.

Mali: réaction du gouvernement suite à la déclaration des groupes armés

Suite à  la déclaration des groupes armés (le MNLA, le HCUA et le MAA), dans la presse le jeudi 26 Septembre 2013, faisant état du non-respect par le gouvernement malien des engagements pris dans l’Accord de Ouagadougou, le Gouvernement de la République du Mali tient à  apporter les précisions suivantes : Après sa mise en place, le 08 septembre 2013, sous la haute Autorité du Président Ibrahim Boubacar Keita, le Gouvernement a accompli les tâches suivantes : Premièrement : l’Adoption de Mesures de confiance, à  travers la libération des personnes détenues A ce jour, 32 personnes ont été libérées. D’autres dossiers sont en cours de traitement, notamment, celui des députés qui sont sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Deuxièmement : l’Organisation des Forums de sensibilisation En application de l’article 20 de l’Accord préliminaire à  l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix signé à  Ouagadougou le 18 juin 2013, le gouvernement a organisé, les 15 et 16 septembre 2013, des forums de sensibilisation dans les trois régions du Nord en se rendant successivement à  Tombouctou, Kidal et Gao. D’autres missions conduites par les gouverneurs et les préfets ont effectué la même démarche dans le même objectif. Troisièmement : Le 17 septembre 2013, le Président de la République a rencontré les groupes armés (MNLA, HCUA, MAA et FPR) Lors de cette rencontre, le Président de la République a fixé le cadre des futures négociations, tout en rappelant le principe suivant :  »Tout peut être discuté sauf l’intégrité territoriale et l’unité nationale ». Le lendemain 18 septembre 2013, le Gouvernement a participé à  la réunion du Comité de suivi de l’Accord de Ouagadougou, à  l’issue de laquelle il a officiellement remis à  la MINUSMA et à  la Croix Rouge 12 personnes qui ont fait l’objet de mesures de libération. Quatrièmement : Les à‰tats généraux de la décentralisation sont convoqués du 21 au 23 octobre 2013 Déjà , les groupes de travail sont à  pied d’œuvre pour préparer cette grande réunion qui permettra de faire le bilan de l’expérience malienne en matière de décentralisation mais surtout de déterminer les mécanismes institutionnels permettant de donner plus de pouvoirs aux collectivités décentralisées. Cinquièmement : Le cantonnement Le gouvernement a informé la MINUSMA et les autres partenaires extérieurs qu’il était disposé à  prendre en charge une partie du financement de l’opération de cantonnement dès qu’un accord interviendrait sur les critères. Sixièmement : Un Programme d’urgence pour la relance du développement dans les régions du Nord a été finalisé le 26 septembre 2013 En outre, le Plan de développement accéléré des régions du Nord est en cours de préparation. Septièmement : Le gouvernement prépare activement les Assises nationales du Nord Elles se tiendront avant l’expiration des 60 jours prévus pour le démarrage des discussions avec les groupes armés, conformément aux engagements contenus dans l’Accord de Ouagadougou.

Accord de Ouaga : les rebelles annoncent la suspension des négociations

Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA) déclarent informer « l’opinion nationale et internationale que suite aux multiples difficultés de mise en œuvre de l’accord de Ouagadougou, causées notamment par le non respect par la partie gouvernementale malienne de ses engagements », la coordination qui rassemble ces trois groupes « a décidé de suspendre sa participation aux structures de mise en œuvre du dit accord. » Dans leur communiqué signé par Mossa Ag Attaher pour le MNLA, Ahmada Ag Bibi pour le HCUA et Boubacar Taleb pour le MAA, les trois mouvements rebelles précisent que « cette suspension est intervenue depuis le 18 septembre 2013 à  l’occasion de la deuxième réunion du Comité de suivi et d’évaluation du dit accord. » Le même jour, le MNLA, le HCUA, le MAA et la coordination des mouvements et fronts patriotiques de résistance (CMFPR, qui regroupe des milices Ganda Koy et Ganda Izo,) s’étaient pourtant engagés, dans une déclaration commune, à  unir leurs efforts pour une solution « définitive de la crise dite du nord du Mali ». Des propos contradictoires Après trois jours de réunion à  Bamako, ces groupes s’étaient également dits « soucieux de préserver l’unité nationale et l’intégrité territoriale de la République du Mali » et « à  ne pas utiliser la violence comme moyen d’expression ». Quelques heures plus tard, le MNLA, par l’intermédiaire de son vice-président, Mahamadou Djeri Maà¯ga, affirmait à  l’AFP que son mouvement « ne négocierait rien [d’autre] que l’autonomie de l’Azawad », « ou il n’y [aurait] pas de négociations avec les autorités maliennes ». Dans le même temps, le président Ibrahim Boubacar Keà¯ta (IBK) assurait qu’il ne « (négocierait) jamais l’intégrité territoriale du Mali ainsi que l’unité nationale ». Toutefois, les insurgés annoncent avoir envoyé « une correspondance à  la Médiation pour la tenue, à  Ouagadougou, dans l’urgence, d’une réunion extraordinaire de toutes les parties impliquées dans l’accompagnement de l’accord de Ouagadougou en vue d’évaluer la mise en œuvre de cet accord. »

Regain de tension dans le septentrion malien

Un calme précaire régnait au nord du Mali. Mais mercredi, l’accrochage entre un bataillon de l’armée malienne et des touaregs armés qui a eu lieu à  Léré, dans le nord-ouest, près de la frontière mauritanienne fait peser une menace de déstabilisation dans la zone. Cet incident intervient au moment o๠les forces françaises opèrent un nouveau retrait de leur dispositif jusque là  déployé à  Kidal et Tessalit, deux villes o๠ils ont combattu des éléments djihadistes pendant de long mois. Le délai prévoyait qu’un millier de soldats français soient encore présents au Mali à  la fin de l’année. La menace est-elle pour autant circonscrite ? Cet incident est-il un avertissement aux nouvelles autorités, puisqu’il intervient à  une semaine de la cérémonie prévue à  Bamako, le 19 septembre, en présence de nombreux chefs d’à‰tat, pour marquer l’élection d’Ibrahim Boubacar Keà¯ta, dit IBK, comme président. Dans la capitale malienne, deux responsables de l’armée ont expliqué que des patrouilles de sécurisation avaient été lancées dans le Nord depuis quelques jours pour faire face à  la recrudescence de vols de bétail et autres actes de banditisme. D’après l’armée, c’est l’une de ces patrouilles de sécurisation qui est tombée mercredi sur « des bandits », vers Léré, conduisant à  l’accrochage. Le bilan, selon l’armée malienne fait état de trois blessés légers dans leurs rangs et trois « bandits » tués, et une dizaine arrêtés. De son côté, le MNLA, accuse l’armée de les avoir attaqué. Une posture qui n’est pas nouvelle du côté du groupe rebelle qui a plusieurs indexé les militaires maliens de procéder à  une revanche ethnique. « Nous avions demandé aux combattants qui ont des armes de poing de se regrouper pour un cantonnement. L’armée en a profité pour les attaquer et, selon nos informations, d’autres attaques se préparent », a expliqué Mahamadou Djeri Maà¯ga, vice-président de la rébellion touarègue Dynamite à  Gao L’armée a également réagi aux propos du MNLA par la voie du lieutenant colonel Souleymane Maiga de la DIRPA : « Nous n’avons pas eu en face des combattants du MNLA. Nous avons eu en face des bandits armés qui empêchaient les populations de vivre ». Pour rappel, un accord a été signé le 18 juin à  Ouagadougou entre le MNLA, le Haut conseil de l’unité de l’Azawad (HCUA) et le gouvernement de transition du Mali avec des dispositions prévoyant le cantonnement à  Kidal (nord-est) des hommes du MNLA. Mais l’arrivée début juillet de soldats maliens, puis de l’Administration dans cette ville, dont le MNLA a pris le contrôle en février 2013, avait aussi suscité des incidents et affrontements entre rebelles et populations locales. Malgré tout, le MNLA se défend d’avoir violé les termes de cet accord : « Nous, nous sommes dans la logique de cet accord. Nous ne voulons pas nous lancer dans un conflit parce que nous voulons respecter notre parole. (…) Si les attaques se poursuivent, nous prendrons tous les risques sur les positions de l’armée », a prévenu Mahamadou Djeri Maà¯ga. Jeudi, à  Paris, l’état-major de l’armée française a par ailleurs indiqué que lors d’une opération de contrôle, les soldats français avaient découvert « un véhicule qui pouvait servir d’engin explosif » dans une localité entre Gao (nord-est) et Kidal. Le véhicule contenait près d’une tonne d’explosifs et a été détruit par les Français.

Accord de Ouaga: reprise des discussions, 60 jours après la formation du gouvernement

La signature de l’accord préliminaire de Ouaga le 18 juin dernier a ouvert la voie à  la tenue des deux tours de l’élection présidentielle le 28 juillet et le 11 août sur l’ensemble du territoire malien. Le document comprenant 25 articles décrit le « processus post électoral » qui devra permettre, après la formation du nouveau gouvernement l’établissement d’une « paix globale et définitive ». L’accord prévoit la reprise des négociations 60 jours après la nomination d’un nouveau gouvernement. « La réconciliation nationale demeure la priorité la plus pressante. (…) Je veux réconcilier les C’œurs et les esprits, rétablir une vraie fraternité entre nous afin que chacun dans sa différence, puisse jouer harmonieusement sa partition dans la symphonie nationale. (… ) A cet effet, en tant que Président de la République, je m’attellerai sans relâche à  restaurer l’autorité de l’Etat. Nul ne sera au-dessus de la loi. » a déclaré le président IBK dans son discours d’investiture le 4 septembre dernier. Méfiance des mouvements touaregs Avant l’ouverture du dialogue, les mouvements du nord Mali se préparent, font monter les enchères et maintiennent la pression. Lors de l’investiture du Président IBK, le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) avait appelé la population du nord à  manifester. Pour Mossa Ag Attaher, chargé de communication du MNLA, il s’agissait d’interpeller le nouveau président dès son entrée en fonction. « C’’est pour dire au président qui vient d’être investi que derrière les mouvements de l’Azawad, il y a une population qui est en attente, une population qui n’est plus disposé à  partir avec une tête bricolée… Pour l’instant, IBK a été vague dans le discours même s’il a parlé de justice, de réconciliation, C’’est des choses très importantes. Cependant, il faut qu’il soit précis.» a-t-il déclaré sur une radio internationale. De son côté, Sidi Brahim Ould Sidatt, Secrétaire général adjoint du Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA) et représentant du mouvement auprès de la commission de suivi et d’évaluation des accords de Ouagadougou affirme que « le Mali de lui-même ne va pas régler le problème ». « s’il n’y a pas une réelle force d’opinion internationale pour faire pression sur le Mali, il n’y aura pas de solution définitive pour ce problème. Nous attendons à  ce que le président fasse ses preuves. On a beaucoup fait confiance, on a finalement rien trouvé donc nous allons continuer notre mouvement armé, nos revendications jusqu’à  ce que les choses soient appliquées comme c’est écrit dans l’accord. » a-t-il poursuivi. Les débats s’annoncent compliqués et l’issue des discussions sera décisive. Les questions du désarmement des rebelles, de leur intégration ou réinsertion et du statut des régions du Nord doivent être tranchées. « Nous enclencherons les actions appropriées pour forger des solutions robustes en vue d’une paix durable afin que nous sortions définitivement de la répétition cyclique des crises dans le Nord du pays.. » a indiqué le président IBK lors de son discours.

Manifestation pro-MNLA à Kidal

Le fief de la rébellion touareg du MNLA a été le théâtre ce mardi 06 août d’une nouvelle démonstration de leurs partisans. Une centaine de partisans du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), ont manifesté dans les rues de Kidal pour exiger la libération de combattants du MNLA détenus à  Bamako. « Nous marchons aujourd’hui pour demander que le Mali libère les combattants touareg du MNLA emprisonnés à  Bamako. Les accords de Ouagadougou prévoient ces libérations », a déclaré à  l’AFP, Moussa Ag Mohamed, un jeune habitant de Kidal. L’accord de Ouagadougou signé le 18 juin entre le gouvernement malien de transition et la rébellion touareg a permis le cantonnement de combattants du MNLA dans la ville et le retour début juillet de soldats maliens à  Kidal, occupée depuis février par les rebelles. Il prévoit aussi des « mesures de confiance », dont la libération de personnes « détenues du fait du conflit ». Les manifestants ont également réclamé le départ de la ville des hommes du colonel El Hadj Ag Gamou, officier touareg de l’armée malienne. Lui et les soldats de son unité sont considérés comme « des traà®tres » par le MNLA. Parmi les manifestants, certains criaient « Vive l’Azawad! » (nom donné par les Touareg au nord du Mali) , d’autres scandaient « El Hadj Gamou, dehors » ou bien « Libérez nos prisonniers politiques », selon des témoins. Le drapeau de l’Azawad était également visible parmi les manifestants, selon une source africaine de la mission de l’ONU au Mali (Minusma), présente à  Kidal aux côtés de l’armée malienne et de soldats français de l’opération Serval.

Accord de Ouaga: le comité de suivi appelle à l’apaisement

Les discussions ont duré toute la journée du lundi 22 juillet. Et comme le souligne le communiqué final, les arrangements sécuritaires, la mise en œuvre de l’accord et notamment les mesures de confiance entre gouvernement et touaregs, la réconciliation, la justice et la mobilisation financière et technique ont également été abordés. Le comité a lancé un appel à  l’apaisement et à  la retenue, en s’abstenant à  des actes ou de propos de nature à  inciter à  la violence, à  la haine ou à  toute confrontation inter communautaire. Il demande aux parties concernées d’accélérer l’application de l’accord de Ouagadougou et de respecter les engagements pris. Difficulté dans la mise en application de l’accord La mise en application de l’accord, se heurte à  des difficultés, notamment ce qu’on appelle les mesures de confiance entre le gouvernement malien et la rébellion touarègue. Les retards dans l’application de l’accord, et la présence de nombreux hommes armés non cantonnés font planer quelques réserves sur la stabilité de la zone. Il est à  noter qu’en fin de semaine dernière, des incidents ont eu lieu à  Kidal et Tessalit dans le Nord du Mali, le fief du MNLA. Des heurts entre populations touaregues et populations noires ont fait quatre morts, et des agents électoraux ont été enlevés puis relâchés. Le MNLA nie toute implication dans ces événements. Mais il est clair que la tension est toujours présente à  Kidal, à  l’approche du scrutin. l’administration n’est à  ce jour que partiellement retournée dans la ville, et la campagne électorale y est presque inexistante. Ont pris part à  la rencontre, des représentants du gouvernement malien, du MNLA , du haut conseil pour l’unité de l’Azawad, ainsi que de toutes les parties médiatrices, entre autres les Nations Unies, l’Union Européenne, les pays voisins du Mali, ou encore la CEDEAO.

Présidentielle J- 7, Kidal sous haute tension

L’attaque a eu lieu samedi dans les secteur de Tessalit. Des hommes armés ont surgi et enlevé 5 agents électoraux de nationalité malienne et l’adjoint au maire de Tessalit et les ont acheminé vers la frontière algérienne. Une attaque qui survient après les violences de cette semaine entre sympathisants du MNLA et communautés noires. Des actes qui ont conduit à  la mort de quatre personnes et fait plusieurs blessés. Alors que la campagne électorale, bat son plein et entre dans sa dernière semaine, des velléités identitaires resurgissent. Du côté des autorités, c’est d’abord un officiel de l’administration qui a pointé du doigt le MNLA de tout faire pour empêcher le scrutin du 28 juillet. Cheick Bouaré, a déclaré sur RFI : « Je confirme l’enlèvement de certains membres des équipes de diffusion des cartes Nina (Numéro d’identification nationale, NDLR). Les membres des équipes se sentaient menacés depuis trois jours, et passaient donc la nuit au camp militaire d’Amachach. Et ce matin, quand ils sont arrivés en ville, ils ont été appréhendés par des éléments armés du MNLA à  Tessalit. Le MNLA est contre l’élection présidentielle à  Tessalit. Ils ont rencontré la population et ils l’ont menacée de représailles. Ils s’en sont pris aux membres de la commission, parce que sans distribution des cartes Nina, il n’y aura pas d’élection. » En réponse, le MNLA, par la voix de son porte parole, Mahamadou Djéri Maiga, interrogé sur RFI, nie avoir perpétré cet acte. Le groupe séparatiste accuse même les autorités et certains candidats qui n’auraient aucune chance, de vouloir saboter l’élection du 28 juillet à  leur dépends. L’accord préliminaire du 18 juin signé à  Ouagadougou prévoyait le  » cantonnement » des hommes du MNLA et l’arrivée de quelques 200 militaires maliens, à  Kidal, pour permettre un retour de l’administration et bonne tenue du vote. Malgré la récente visite du gouverneur Kamissoko, le 10 juillet, la tension persiste au nord du Mali. Un candidat Tiébilé Dramé, s’est lui désisté cette semaine, et retiré sa candidature en mentionnant les lacunes du processus électoral à  Kidal. Il souligne par ailleurs, la violation des termes de l’Accord de Ouagadougou, qui était censé permettre l’élection sur tout le territoire malien. L’enlèvement des agents électoraux en charge de la distribution des cartes NINA à  Tessalit et environs, risque de perturber les derniers jours avant le scrutin du 28 juillet. Il est à  craindre une nouvelle montée de tension, malgré la présence des soldats de la Misma sur place.

L’armée malienne accuse la rébellion touareg de « violer » l’accord de Ouaga

« Depuis samedi, le MNLA a mobilisé femmes et enfants à  Kidal, pour jeter des pierres sur les populations noires, sur les militaires africains et maliens. C’est une grave violation de l’accord de paix » de Ouagadougou signé le 18 juin entre rebelles touareg et le gouvernement de transition du Mali, a déclaré dimanche soir à  l’AFP, le lieutenant-colonel Diarran Koné, de l’armée malienne. Trois militaires de la Minusma blessés Il a affirmé que depuis l’arrivée vendredi 5juillet des soldats maliens à  Kidal, en parallèle au cantonnement des combattants du MNLA et conformément à  cet accord, « les manifestants, manipulés par le MNLA, ont blessé trois militaires africains de la Minusma (mission de stabilisation de l’ONU) et caillassé trois véhicules de l’armée malienne dont une ambulance ». « C’est une grave violation de l’accord de Ouagadougou, et nous demandons aux forces impartiales (armées française et de l’ONU présentes à  Kidal) de le dire publiquement », a ajouté le lieutenant-colonel Koné. Une source militaire africaine, contactée par téléphone à  Kidal par l’AFP, a de son côté affirmé que plusieurs dizaines de civils maliens s’étaient « réfugiés » dans un camp militaire de la ville o๠se trouvent les soldats maliens, français et africains. Ces habitants « subissent des représailles de la part de groupes touareg armés » pour avoir manifesté leur joie à  l’arrivée de quelque 150 soldats maliens dans la ville qui étaient occupée par la rébellion touareg depuis février. Il s’est inquiété du « climat de tension » à  Kidal au moment o๠débute dans tout le reste du pays la campagne pour le premier tour de la présidentielle du 28 juillet qui, grâce à  l’accord de Ouagadougou, doit théoriquement se dérouler aussi à  Kidal. Depuis vendredi, manifestations pour et contre la présence de l’armée malienne se succèdent à  Kidal, selon des témoins.

Kidal : les militaires maliens se déploient progressivement

Des sources militaires concordantes indiquent que les officiers maliens et certains gendarmes et policiers sont déjà  à  Kidal pour baliser le terrain aux militaires maliens. Les accords préliminaires prévoient en effet en son article 10le déploiement progressif de l’armée malienne à  Kidal. Idem pour le retour de l’administration malienne à  Kidal. Le dimanche dernier une mission constituée majoritaire de responsables militaires maliens et de la MINUSMA s’est rendue à  Kidal pour définir les modalités de retour des forces armées et de sécurité maliennes dans la 8 eme région administrative. Une autre vague des militaires maliens est arrivée à  Gao en début de cette semaine en transit pour Kidal. Selon des sources militaires à  Gao, ces militaires sont des éléments qui constitueront la force de securité mixte avec les militaires de la force internationale. La même source indique que ces militaires ont pris la route le mercredi 26 juin pour grossir le rang d’un groupe présent dans le cadre de la mission de la MINUSMA pour baliser le terrain. Par ailleurs, de Kidal on apprend que dans les rangs des rebelles, tout le monde ne partage pas l’accord de Ouaga. Ainsi, certains rebelles touaregs armés seraient dans la logique d’en rendre difficile la matérialisation en procédant au recrutement des jeunes dans leur rangs. D’autres refusent le cantonnement et prétendent aller vivre avec leur parents aux villages. Et cela sans remettre leurs armes, alors que le désarmement était également une clause de l’accord. Les exactions auraient également repris à  l’endroit des populations « noires ».

A Ouagadougou, accouchement difficile pour un accord crucial

Lancées le 8 juin, les négociations devaient être bouclées en trois jours en vue de permettre la tenue dans la ville de Kidal de la présidentielle prévue le 28 juillet dans tout le Mali, élection cruciale selon la communauté internationale. Mais elles ont traà®né en longueur entre le centre de conférences de Ouaga 2000, quartier huppé de la capitale burkinabè, et un grand hôtel à  300 mètres de là , o๠les débats font rage du matin jusque tard dans la nuit. Le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé est patient. Eternelles lunettes et voix posée, celui qui a déjà  joué plusieurs fois les « facilitateurs » pour le compte de son président Blaise Compaoré (déjà  médiateur durant la longue crise ivoirienne, notamment) enchaà®ne conciliabules, réunions et points de situation devant des journalistes sans se départir de son style pondéré. « Il a le sens de l’écoute », dit à  l’AFP l’un des diplomates (ONU, Union africaine, Union européenne, France, entre autres) qui l’appuient dans ses efforts. De l’écoute, il en faut pour rapprocher les positions des émissaires de Bamako et de la délégation conjointe touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA). Chef de la délégation de Bamako, Tiébilé Dramé, conseiller spécial du président malien Dioncounda Traoré, a montré qu’il pouvait se montrer rugueux: le régime malien a obligé en début de semaine à  renégocier un premier projet d’accord qui avait été accepté par les rebelles. « Nous sommes pour la paix, mais une paix qui défende les intérêts du Mali », lance l’ancien ministre. Cependant, parmi les négociateurs internationaux, beaucoup s’interrogent sur son « agenda ». Car l’émissaire du pouvoir malien de transition est aussi candidat à  la prochaine présidentielle. Bamako « sous la pression de l’opinion Certains n’hésitent pas à  y voir l’explication de sa fermeté dans les discussions: l’opinion malienne est peu encline aux concessions, tant elle est remontée contre les rebelles touareg qui ont ouvert en 2012 les portes du nord du Mali aux groupes islamistes armés liés à  Al-Qaà¯da. l’expression revient d’ailleurs en boucle: les représentants de Bamako se disent « sous la pression de l’opinion ». En pleins débats à  Ouagadougou, Tiébilé Dramé prend même le temps d’intervenir lui-même sur des forums de sites internet maliens pour livrer sa vision d’une solution. Il sait prononcer les mots qui vont droit au coeur de nombre de ses compatriotes : « bientôt le drapeau malien flottera sur Kidal », promettait-il samedi, à  la veille d’une importante réunion sur un nouveau projet d’accord. Les représentants touareg donnent nettement moins de la voix. Emmenés par Mahamadou Djeri Maà¯ga (MNLA) et Algabass Ag Intalla (HCUA), un transfuge du groupe islamiste Ansar Dine, ils sollicitent plutôt sans cesse le ministre burkinabè des Affaires étrangères et les diplomates qui l’épaulent. Les concertations en interne se succèdent parmi la pléthore de négociateurs (une bonne trentaine) du bloc MNLA-HCUA. Des cadres touareg réfugiés depuis des mois à  Ouagadougou les rejoignent pour discuter, analyser, décortiquer propositions et contre-propositions. Les dà®ners souvent s’éternisent. Les mouvements touareg l’assurent sans relâche: ils ne seront pas « un obstacle pour les élections ». Mais la volonté de Bamako de désarmer leurs combattants sitôt les soldats maliens revenus à  Kidal les hérisse. Cantonnement d’accord, mais en gardant les armes à  portée de main: la méfiance règne, et chaque camp ramène l’autre à  ses exactions des derniers mois. Les mouvements armés touareg se sont installés fin janvier à  Kidal, à  la faveur de l’opération militaire française dans le nord du Mali qui a délogé les groupes jihadistes, dont le MNLA fut un temps l’allié avant d’être balayé par eux. Depuis lors, la question de Kidal est devenue de plus en plus centrale, jusqu’à  conditionner la tenue de la présidentielle. Dans un climat si tendu, la solidarité existe quand même. Un collaborateur de Tiébilé Dramé et deux représentants de la médiation ont accompagné samedi à  Kidal, pour un rapide aller-retour à  bord d’un avion militaire français, un négociateur des groupes touareg qui venait de perdre sa mère.

Les négociations concernant Kidal continuent ce week-end

Le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé, accompagné de diplomates qui l’assistent au nom de la communauté internationale, a réuni à  deux reprises les représentants de Bamako, emmenés par l’ex-ministre Tiébilé Dramé, et la délégation conjointe touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), a constaté l’AFP. Les discussions butent depuis plusieurs jours sur les exigences de Bamako, obligeant à  renégocier le projet d’accord qui avait été accepté par les rebelles touareg. M. Bassolé a toutefois affirmé que les discussions avançaient en vue du cantonnement et du désarmement des combattants touareg, l’une des pommes de discorde. «Ce qui est important, C’’est qu’immédiatement après la signature de l’accord le processus de cantonnement, qui est préalable au désarmement, puisse commencer», a-t-il souligné, sans toutefois donner le calendrier précis du désarmement qui doit suivre. Les officiers maliens présents dans la délégation de Bamako planchent actuellement sur les modalités de ces processus avec des responsables de l’opération française Serval, de la force africaine déployée au Mali (Misma) et de la mission onusienne (Minusma) qui doit absorber cette dernière à  partir de juillet, a-t-il détaillé. «Les choses se déroulent plutôt bien», a assuré le ministre burkinabè. Selon lui, «il ne sert à  rien de se précipiter pour signer un accord qui sera violé le lendemain ou qui ne sera pas convenablement appliqué». Il a cependant reconnu que les poursuites judiciaires engagées contre des chefs rebelles par la justice malienne restaient l’autre point le plus litigieux. Bamako refuse de les lever, comme cela était proposé. «Le gouvernement est réticent à  s’immiscer dans les affaires de la justice» mais les protagonistes doivent prendre toutes les mesures «nécessaires à  la décrispation de l’atmosphère», a insisté M. Bassolé. «Je suis optimiste sur la suite, il y aura un accord», a déclaré vendredi 14 juin, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Présents à  Ouagadougou depuis le début des négociations, le Mouvement arabe de l’Azawad et la Coordination des forces patriotiques de résistance seront reçus une deuxième fois par le médiateur de la Cédéao. Officiellement, les deux groupes ne participent pas aux négociations, mais de l’avis du chef de la diplomatie burkinabè, ces deux mouvements intégreront le processus à  l’heure du désarmement des groupes armés du nord du Mali, une fois l’accord conclu.

Nouveau round de tractations pour lever les derniers obstacles à un accord

Les rebelles restent fidèles à  leur position des derniers jours et sont donc toujours prêts à  signer l’accord dès que possible dans sa version actuelle. « Cet accord fait la part belle à  Bamako, nous l’acceptons surtout pour l’intérêt de la paix », estime un cadre du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Du côté des autorités maliennes, l’émissaire Tiébilé Dramé est revenu de Bamako jeudi soir en compagnie de trois officiers supérieurs de l’armée. Cette présence des officiers « n’a rien de belliqueux », a assuré M. Dramé, précisant qu’ils devraient participer à  la définition des « modalités concrètes du déploiement de l’armée malienne à  Kidal » en cas de conclusion d’un accord. Les représentants de Bamako espèrent un compromis « avant le weekend, ou au plus tard pendant le weekend », a indiqué une source proche de cette délégation. Selon des participants, les négociations bloquent surtout, du côté du pouvoir malien, sur le calendrier du cantonnement et du désarmement des combattants touareg, et sur les poursuites judiciaires engagées contre des chefs rebelles, dont Bamako refuse la suspension prévue dans le projet d’accord. Bamako rejette aussi l’usage du terme « Azawad », par lequel le MNLA désigne la région septentrionale du Mali. Lancées le 8 juin par le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur régional, les négociations de Ouagadougou ont pour objectif de permettre un retour de l’armée malienne dans la ville de Kidal, dans la perspective de l’élection présidentielle prévue le 28 juillet dans tout le Mali.

Bamako refuse de signer l’accord accecpté par le MNLA et le HCUA

Finalement, il n’y aura pas d’accord entre le gouvernement malien et les rebelles touaregs qui occupent Kidal, dans la partie nord du pays. Du moins, la signature ne se fera pas cette semaine comme l’espérait la médiation burkinabè. Même les diplomates et partenaires internationaux (ONU, Afrique de l’Ouest, Union européenne, France, entre autres) qui se sont dépêchés, le 12 juin, à  Bamako n’ont pas réussi à  convaincre le président malien de la transition, Dioncounda Traoré. « Nous avons l’espoir d’aboutir dans quelques jours à  un accord », a tenté de rassurer Pierre Buyoya, chef de la force africaine déployée au Mali (Misma), à  la sortie d’une longue discussion de six heures avec le chef de l’à‰tat malien. Cet accord doit permettre un retour de l’armée malienne dans la ville de Kidal (nord-est), auparavant refusé par les mouvements armés touaregs, dans la perspective de la présidentielle prévue le 28 juillet dans tout le Mali, une élection jugée cruciale par la communauté internationale. Le chef de la diplomatie burkinabè, Djibrill Bassolé, et ses soutiens avaient fait cette visite impromptue, mercredi, dans la capitale malienne pour tenter d’arracher le feu vert de Bamako au compromis conclu avec les rebelles touaregs, issu des négociations menées avec des émissaires des deux camps depuis le weekend dernier à  Ouagadougou. La signature de l’accord entre la délégation des autorités maliennes, conduite par l’ex-ministre Tiébilé Dramé, et la délégation conjointe touarègue du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), était initialement attendue mardi dans la capitale du Burkina Faso. « Dès [jeudi], nous allons poursuivre les négociations à  Ouagadougou », a indiqué le chef de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma). Selon lui, l’entretien mené avec le président Traoré n’avait « pas du tout pour but de signer un document » le jour même. Pourtant beaucoup, y compris le chef de la diplomatie française Laurent Fabius – qui soutenait le « bon texte » mis au point – espéraient bel et bien l’épilogue pour ce mercredi. « Toutes les parties ont décidé de faire un effort pour aboutir à  une paix globale », a ajouté l’ancien président burundais. Blocage Selon des participants, si des avancées ont pu être enregistrées, les négociations bloquent toujours en particulier, du côté des autorités maliennes, sur le cantonnement et le désarmement des rebelles. Les groupes touaregs désarmer leurs éléments seulement une fois un accord final signé avec les autorités maliennes légitimes installées après la présidentielle, et conférant un « statut particulier » à  l’Azawad, terme par lequel les autonomistes désignent la région septentrionale du Mali. Mais, les autorités maliennes considèrent que le désarmement doit se faire dans la foulée du regroupement des combattants. Les discussions achoppent également sur la question des mandats d’arrêt lancés par la justice malienne contre des chefs du MNLA : ce mouvement en réclame la levée, mais Bamako y tient au nom de la lutte contre l’impunité. « On ne peut pas passer sous silence tous les crimes commis par les groupes armés », a expliqué un officiel malien.

Ouaga-Bamako: des négociations en cours sur le sol malien

Accorder les violons pour arriver dans les prochains jours à  un accord entre le Mali et le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA). Telle est la mission de l’escouade de diplomates qui est arrivée à  Bamako ces dernières vingt-quatre heures. On attendait pour lundi un aboutissement des discussions, il semble que les choses soient un peu plus compliqué. Rien de grave, en tout cas, a laissé entendre le Général Pierre Buyoya qui s’est exprimé dans la soirée du mercredi au nom de la médiation. S’exprimant au nom de cette médiation, le Général Pierre BUYOYA a laissé entendre qu’elle était en consultation auprès du Président de la République par intérim et du Gouvernement malien. Il a affirmé qu’il n’y a pas, à  vrai dire, de points d’achoppement à  propos du pré-rapport de Ouagadougou et que, de toute façon, la négociation se poursuivrait. Le chef de la MINUSMA a conclu son entretien avec la presse par une note positive et disant sa foi en le succès des négociations de Ougadougou. Les entretiens de cet après-midi entre le Pr. Dioncounda TRAORE et la médiation internationale ont duré près de sept heures d’horloge.

Négociations sur le Mali: réponse attendue de Bamako et des rebelles touareg au projet d’accord

La délégation de Bamako, conduite par l’ancien ministre Tiébilé Dramé, et la délégation conjointe touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) « ont demandé quelques heures pour retourner faire un compte-rendu à  leur base et à  leurs mandants afin de pouvoir revenir ce mardi 11 juin pour l’adoption finale de ce document », a indiqué Djibrill Bassolé, chef de la diplomatie burkinabè. L’enjeu des négociations est de permettre la tenue à  Kidal de la présidentielle prévue le 28 juillet dans tout le Mali, élection destinée à  aider le pays à  sortir de l’ornière. Le MNLA et le HCUA ont ces derniers mois refusé la présence de l’armée et de l’administration maliennes à  Kidal, exigeant la sécurisation du scrutin par la future force onusienne, la Minusma, attendue en juillet au Mali et qui absorbera la force panafricaine (Misma) déjà  sur place. Appuyée par des diplomates (ONU, Union africaine et Union européenne) représentant la communauté internationale, la médiation, qui espérait un accord dès lundi, a travaillé « en particulier » sur la question du déploiement des forces armées maliennes dans la région de Kidal, a souligné M. Bassolé. « Nous avons obtenu un accord sur le principe » pour « un retour pacifique, réussi » des forces maliennes « en même temps que de l’administration d’Etat et des services sociaux de base au Nord-Mali », a-t-il poursuivi. « Rien ne bloque », a-t-il insisté. « Toutes les dispositions sont prises dans l’accord pour qu’il n’y ait aucun incident, aucun désagrément qui puisse rompre la confiance » et compromettre la tenue de l’élection à  la date prévue, a assuré le ministre burkinabè. « Déterminer les modalités de retour de l’armée malienne » à  Kidal Le projet d’accord prévoit de créer « une commission mixte de sécurité » réunissant les deux camps pour « déterminer les modalités de retour de l’armée et surtout pour créer le bon esprit », a-t-il ajouté, sans préciser ces modalités ni le calendrier. Selon une source proche des discussions, la médiation a proposé un « retour graduel » des forces armées maliennes à  Kidal et un « cantonnement » des éléments des groupes armés touareg. Pour rassurer les mouvements touareg qui « n’ont pas confiance en l’armée malienne », craignant « des massacres », les forces armées maliennes devraient être « encadrées » par l’armée française, présente à  l’aéroport de Kidal, et la Minusma, a précisé une source diplomatique. Plus tôt, M. Bassolé avait reconnu que la « méfiance » persistait entre les deux camps, « en particulier après les derniers événements d’Anefis », une ville située à  une centaine de kilomètres au sud de Kidal, que l’armée malienne a reprise le 5 juin aux groupes touareg après des combats.

Un « accord intérimaire » au centre des négociations de Ouagadougou

Les négociations entre le pouvoir malien et les rebelles touareg occupant Kidal, dans le nord-est du Mali, ont commencé samedi sous l’égide de la médiation burkinabè, qui a appelé à  une cessation des hostilités en vue de la présidentielle en juillet. Devant les délégations des deux parties réunies à  Ouagadougou, le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, médiateur pour l’Afrique de l’Ouest, a jugé qu’une cessation des hostilités créerait « les conditions de sécurité indispensables à  la tenue d’élections libres et transparentes ». Le scrutin présidentiel, dont le premier tour est fixé au 28 juillet, est réclamé avec insistance par les partenaires du Mali, France en tête, pour sortir le pays de l’ornière. Sur le terrain, les hostilités ont brièvement repris cette semaine quand l’armée malienne a délogé mercredi, après des combats meurtriers, les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) de la localité d’Anefis, à  une centaine de kilomètres au sud de Kidal. Elle partait ainsi à  l’offensive quelques jours après des arrestations à  Kidal de membres des communautés noires par le MNLA, actions qualifiées d' »épuration raciale » par le régime malien. Cependant, les alliés de Bamako faisant pression pour une solution négociée, l’armée n’a pas continué sa marche vers Kidal. Redéploiement Il s’agit à  Ouagadougou de s’entendre sur « le redéploiement de l’administration générale, des services sociaux de base, des forces de défense et de sécurité au nord du Mali et en particulier à  Kidal, selon des modalités pacifiques qui seront à  négocier », a souligné M. Compaoré, sans s’avancer sur ces modalités ni le calendrier. Le MNLA et un autre groupe touareg, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), ont refusé jusqu’à  présent à  l’armée et à  l’administration maliennes d’entrer dans Kidal. Ils exigent la sécurisation du scrutin par la Minusma, la force de l’ONU qui doit prendre à  partir de juillet le relais de la mission panafricaine déployée au Mali (Misma). Selon le chef de l’Etat burkinabè, les pourparlers se poursuivront une fois les nouvelles autorités légitimes installées à  l’issue de la présidentielle, « en vue de l’établissement d’une paix définitive et d’un développement durable et inclusif dans le nord du Mali », région irrédentiste depuis des décennies. Les mouvements touareg armés se sont installés fin janvier à  Kidal, berceau de leur minorité ethnique, à  la faveur de l’intervention militaire française contre les groupes islamistes armés liés à  Al-Qaà¯da, qui occupaient tout le Nord malien depuis 2012 et auxquels les rebelles avaient été un temps alliés. Projet d’accord Les discussions de Ouagadougou dureront tout le week-end, a indiqué le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé, afin de parvenir lundi à  un « document » qui scellerait un accord intérimaire. Le président Compaoré a reçu samedi tour à  tour la délégation de Bamako, conduite par l’ancien ministre Tiébilé Dramé, et la délégation conjointe MNLA-HCUA. Il leur a remis un projet d’accord devant servir de base aux discussions. Une rencontre directe entre les parties adverses n’est pas programmée pour l’heure. Le médiateur régional a reçu ensuite un regroupement de mouvements « patriotiques », dont la milice d’autodéfense loyaliste Ganda Koy, puis le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA). C’est un geste en direction de M. Dramé: l’émissaire des autorités maliennes avait fait reporter le lancement des négociations, initialement prévu vendredi, en réclamant à  la dernière minute que le MAA et Ganda Koy prennent part aux discussions. Discussions « inclusives » Selon la médiation, il n’est toutefois pas question que ces deux groupes, qui n’ont pas d’ancrage à  Kidal, soient directement impliqués dans les négociations. Pourtant, devant la presse, le chef de la délégation de Bamako a assuré que les discussions seraient « inclusives » et concerneraient « tous les groupes armés du nord du Mali ». La situation créée par les mouvements touareg à  Kidal, o๠environ 200 soldats français sont en outre stationnés à  l’aéroport de la ville, suscite une exaspération croissante au sein de l’opinion et de la classe politique maliennes. Une coalition de partis et d’organisations politiques avait d’ailleurs appelé à  une marche samedi à  Bamako pour réclamer la « libération de Kidal ». Mais le rassemblement a été annulé. D’importantes forces de sécurité étaient présentes sur le site prévu dans le centre de la capitale, mais pas de manifestants. L’état d’urgence en vigueur au Mali interdit toute manifestation pouvant troubler l’ordre public.

Début des négociations entre l’Etat et les mouvements indépendantistes touareg

C’est un marathon qui débute ce 07 juin à  Ouagadougou. Les élections de juillet en ligne de mire, les discussions entre l’à‰tat du Mali et les mouvements armés touareg doivent trouver une solution pour mettre un terme au conflit armé qui a débuté en janvier 2012 et réunifier le territoire malien. Cette rencontre survient alors que des combats opposent depuis mercredi les forces maliennes aux Touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) à  Anefis, à  100 km de Kidal, leur dernier bastion du nord-est du Mali. Décidées le 27 mai, ces discussions sont placées sous la médiation du président burkinabé Blaise Compaoré. Le point essentiel des échanges sera la « libération » de la ville de Kidal. Les Touareg refusent le retour de l’armée et de l’administration malienne dans la ville. L’armée de Bamako a quant à  elle promis de reprendre d’ici l’élection présidentielle du 28 juillet la ville de Kidal, dont les hommes du MNLA s’étaient emparés début février après la fuite des djihadistes face à  l’avancée des forces françaises. Un accord pour le 10 juin Tiébilé Dramé, émissaire de Bamako pour le nord du Mali, et la délégation conjointe du MNLA et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), autre groupe armé touareg occupant Kidal participent aux négociations. Le président burkinabè « va rencontrer les différentes parties et par la suite il y aura les pourparlers directs », a précisé une source proche de la médiation initiée par la CEDEAO. Selon des acteurs de ces discussions, l’objectif est de trouver un compromis d’ici le lundi 10 juin. Tiébilé Dramé s’est dit confiant quant aux résultats de ces négociations. « Je sens qu’un consensus est en train de voir le jour et je suis optimiste sur la signature d’un accord le 10 juin à  Ouagadougou », a-t-il affirmé. Pour l’heure, le MNLA continue de rejeter les appels du gouvernement et de Paris à  déposer les armes et d’affirmer qu’il résisterait à  toute tentative de reconquête de sa place forte de Kidal. Les séparatistes touaregs se disent toutefois prêts à  des négociations à  condition que soit reconnu le droit à  l’autodétermination du nord du Mali, que le MNLA appelle l’Azawad (« le pays des pâturages », en langue tamachek).

Kidal: à quoi jouons-nous?

D’aucuns affirment que la grande muette est déjà  présente à  Kidal, d’autres disent qu’elle n’est qu’à  quelques encablures de la ville. D’après le capitaine Modibo Traoré, l’un des porte-parole de l’armée malienne, « l’armée fait désormais la reconnaissance de la zone s’étendant entre Kidal et Anefis. Un petit groupe de militaires peut aller jusqu’à  35 km de Kidal et revenir en arrière. L’armée ne serait pas en mesure d’attaquer Kidal aujourd’hui, car il faut que la zone d’Anefis soit d’abord sécurisée». Le Chef de la diplomatie malienne avait déclaré lors d’une conférence de presse qu’«il est hors de question que les groupes armés continuent d’exister. Nous serons disposés à  discuter avec ceux qui déposeront les armes. Dans le cas contraire, nous serons obligés d’utiliser d’autres moyens que nous jugerons utiles pour reconquérir Kidal». A la veille des négociations officielles entre le gouvernement malien et le MNLA, qu’est-ce qui a pu motiver l’exécutif à  aller à  l’offensive ? Est-ce les récents évènements survenus à  Kidal o๠le MNLA affirme détenir des officiers du service de renseignement ? Est-ce les exactions commises par les rebelles et l’expulsion des jeunes à  « peau noire »? Est-ce une planification de longue date ? La promptitude avec laquelle la France a réagit face à  l’avancée des islamistes en janvier dernier a été saluée par tous. Pour que François Hollande mérite totalement le prix de l’Unesco pour la paix qui lui a été décerné, il devrait faire autant à  Kidal. Lors de la remise de ce prix, il a appelé au désarmement des groupes armés. La présence de l’armée française à  Kidal devrait en principe aider au désarmement de ces groupes. Pourquoi n’était-elle pas intervenue lors des exactions commises par le MNLA le weekend dernier contre de paisibles citoyens? Aujourd’hui C’’est comme si la France fait face à  un dilemme et joue à  la prudence pour des questions d’intérêts certainement. Qu’en sera-t-il du dialogue qui débute entre le gouvernement et le MNLA ce vendredi 7 juin à  Ouagadougou ? Wait and see !

L’armée malienne aux portes de Kidal

Anefis, 100 km au sud de Kidal. La localité est tombée ce mercredi 5 juin aux mains de l’armée malienne après des combats qui l’ont opposée depuis 5h30 GMT aux combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). « Nos troupes ont eu des accrochages dans la zone d’Anefis, face à  des bandits armés qui ont subi beaucoup de pertes en véhicules et en hommes », a déclaré le porte-parole de l’armée malienne Souleymane Maà¯ga. L’information a été confirmée par le MNLA. « L’armée malienne a attaqué nos positions ce matin à  Anefis, elle a décidé ce matin de régler la situation par la guerre et le gouvernement malien assumera toutes les conséquences », a déclaré à  l’AFP Mahamadou Djeri Maà¯ga, vice-président du MNLA qui se trouve à  Ouagadougou pour des négociations avec Tiébilé Dramé, émissaire du régime de transition malien, sous l’égide de la médiation burkinabè. Les français toujours à  Kidal « Nous n’avons jamais voulu régler la situation par la guerre mais, comme c’est ainsi, nous allons nous défendre jusqu’au bout », a également déclaré Mahamadou Djeri Maà¯ga qui a demandé « une fois de plus au médiateur d’amener les autorités de Bamako à  la raison ». La France a lancé ce mercredi un appel aux « groupes armés » du nord du Mali, les invitanrt à  « déposer les armes ». Paris dont les soldats ont libérer les villes sous occupation islamiste aux côtés des troupes maliennes, réaffirme son soutien aux « efforts des autorités maliennes pour réinstaller leur administration au nord du pays ». « Il ne peut et ne doit y avoir au Mali qu’une seule armée » qui a « vocation à  se déployer sur l’ensemble du territoire », assure le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Philippe Lalliot. Ce « redéploiement » doit s’effectuer « de manière pacifique » et « c’est pourquoi nous appelons les groupes armés à  déposer les armes et à  poursuivre les discussions avec les autorités maliennes », ajoute-t-il. Le MNLA, qui occupe Kidal depuis le départ des islamistes armés chassés fin janvier par l’intervention militaire française au Mali, refuse, depuis, la présence de l’armée et de l’administration maliennes dans la ville, compromettant la tenue dans tout le pays du premier tour de l’élection présidentielle du 28 juillet. Des informations avaient annoncé le retrait des soldats français et tchadiens de la ville. Selon des sources militaires, les militaires français, dont l’intervention a permis le retour de la rébellion touareg avec laquelle ils collaborent, restent basés à  l’aéroport de Kidal.

MNLA : jusqu’où?

Le Mnla fait encore parler de lui. Après avoir bu le calice jusqu’à  la lie suite à  la chasse dont il a fait l’objet, en juin 2012, par ceux-là  mêmes avec qui il avait pactisé contre le Mali (le Mujao), le groupe indépendantiste se remet en selle. Et ce, en faisant de Kidal sa base privée, disons sa chasse gardée. En effet avant l’intervention française, le groupe n’était que l’ombre de lui-même. Seuls les groupes islamistes Ançar dine et Mujao dictaient leur loi au nord du Mali. Curieusement après la déroute de ces groupes, le Mnla s’est retrouvé maà®tre de Kidal. Et Comment ? La question vaut la peine d’être posée et mérite une réponse sans ambigà¼ité. « Il y a anguille sous roche » Le retour en grâce du Mnla n’est pas sans intriguer les Maliens qui se demandent pourquoi un groupe de bandits, loin d’être représentatifs des Touarègues, peut se payer le luxe d’occuper une partie du pays et avoir l’outrecuidance d’interdire son accès aux militaires. Et se perdre en élucubrations sur fond de propagandes sur les chaà®nes internationales dont RFI surtout et France 24. Il n’y a pas de fumée sans feu, dit-on. Quel est donc ce feu qui a donné la fumée Mnla ? Sans hésiter, beaucoup de Maliens désignent la France qui a bloqué les militaires maliens aux portes de Kidal après les succès de Tombouctou et de Gao. l’absence d’une position claire française et sa volonté de sécuriser les élections par des militaires français le cas échant, ont fini de convaincre les Maliens sur une espèce de duplicité du pays de François Hollande. En plus d’interdire l’accès de Kidal aux militaires maliens, le Mnla a le toupet de commettre, depuis quelques jours, des exactions à  l’encontre d’autres Maliens. Comble de l’audace, ils ont arrêté des Maliens sur leur propre territoire sous prétexte qu’ils sont des espions à  la solde du Mali. Une attitude pour le moins révoltante et provocatrice. Mais curieusement qui laisse de marbre une certaine opinion internationale prompte à  pousser des cris d’orfraies pour dénoncer de prétendues exactions des militaires maliens. A tirer sur la queue de l’âne, il y a des limites. Trouver vite une réponse à  cette question éviterait d’ouvrir la boà®te de Pandore. Les amis, soutiens et autres parrains du Mnla sont avertis !

La situaton se dégrade à Kidal

La tension régnait depuis plusieurs jours dans la capitale de la huitième région du Mali, occupée depuis plus d’un an par des groupes armés. Les éléments du MNLA qui ont repris le contrôle de la ville depuis l’intervention militaire française du début d’année redoutent un assaut des troupes maliennes, tenues à  l’écart par le groupe indépendantiste. Les prochaines élections ont renforcé l’enjeu de la libération de la ville et du retour de l’administration malienne. Des officiers maliens arrêtés Selon plusieurs sources, la situation s’est largement détériorée ces dernières heures. Plusieurs personnes ont été accusées par le MNLA d’être des « espions » à  la solde de Bamako. Elles auraient été arrêtées dont des militaires. Le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) a revendiqué l’arrestation d’au moins huit capitaines de l’armée malienne à  Kidal. « Plusieurs dizaines de personnes » ont été interpellées, les enquêtes à  leur sujet continuent. « Les militaires maliens et les personnes liées aux services de renseignements maliens seront considérés comme des prisonniers, annonce un représentant du mouvement indépendantiste touareg. Ils sont détenus à  la gendarmerie du MNLA de Kidal. Les autres seront libérés », assure cette source. Dans le même temps, la population noire de la ville se sent de plus en plus menacée. Plusieurs témoignages font état du pillage de deux commerçants Songhaà¯, de peau noire, ce samedi, par des hommes du MNLA. « C’’est faux, aucune boutique ni aucune maison n’a été pillée», affirme le MNLA, qui ajoute que le mouvement ne remettra « en aucun cas en cause notre légitimité avec ce type d’actes irresponsables ». La population « noire » se terre Le groupe armé rappelle qu’il entend éviter tout affrontement entre les populations et qu’il compte assurer la sécurité des personnes de teint noir. Reste que selon plusieurs témoignages, de Songha௠mais aussi de Touaregs noirs, nombreux sont ceux qui se sentent menacés et n’osent plus sortir de chez eux. RFI a joint un doyen de la communauté songhaà¯. Il est caché avec ses proches, la peur au ventre, dans sa maison. Il témoigne que « depuis 6h30 du matin, des groupes du MNLA ont envahi tous les quartiers de Kidal, en ramassant toutes les peaux noires, en leur disant qu’ils soutiennent le gouvernement de Bamako, donc ils vont les enfermer tous et ils vont les rapatrier sur Gao». Il ajoute que cette situation dure depuis trois jours et que « actuellement, tout le monde est caché dans les maisons ». Les membres du groupe dissident, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), ont offert leur protection. Selon le témoin de RFI, ils sont venus armés jusqu’aux dents et ont laissé un numéro de téléphone o๠les joindre en cas de problème.

Les groupes touaregs refusent toujours l’armée malienne à Kidal

A l’issue de discussions engagées mardi au Burkina Faso, pays médiateur dans la crise malienne, des délégations du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) ont scellé le rapprochement de leurs organisations et adopté une position commune sur la présidentielle. « L’armée malienne n’a pas de rôle à  jouer dans le système électoral et dans les élections présidentielles », a déclaré devant la presse Mossa Ag Attaher, porte-parole du MNLA, qui s’exprimait au nom des deux groupes. Ces élections « doivent être sécurisées par les forces de la Minusma », la force onusienne de maintien de la paix censée se déployer en juillet, a-t-il poursuivi, affirmant que « les exactions continuent tous les jours contre les populations touareg et arabes dans les zones contrôlées par l’armée malienne ». « Nous pensons que nous pouvons, avec la communauté internationale, avec la médiation, avec la Minusma, organiser l’élection présidentielle sans que l’armée malienne soit à  Kidal », a insisté M. Attaher. La Minusma doit se déployer à  partir du 1er juillet et absorber la Misma, la force africaine mise en place après l’intervention lancée par la France, en soutien à  l’armée malienne, et qui a permis depuis janvier de reprendre le nord du Mali aux islamistes liés à  Al-Qaà¯da qui occupaient la région depuis 2012. Grâce à  cette intervention, les autorités maliennes ont rétabli leur souveraineté sur le Nord, à  l’exception de Kidal, o๠domine le MNLA, rébellion touareg autonomiste et laà¯que, qui fut l’an dernier alliée aux islamistes dans la région avant qu’ils ne l’en évincent. « Conditions favorables » Le gouvernement de transition de Bamako, fixant cette semaine au 28 juillet le premier tour de la présidentielle, a souligné que le scrutin devait se dérouler sur tout le territoire national, alors que l’occupation de Kidal suscite la colère d’une bonne partie de l’opinion et de la classe politique maliennes. Le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé, s’est réjoui du rapprochement entre le MNLA et le HCUA, auquel poussait Ouagadougou. Les prochaines négociations entre les mouvements touareg et Bamako « vont bientôt aboutir à  une normalisation et à  la création des conditions favorables à  la tenue des élections », a-t-il estimé, saluant une « bonne volonté de part et d’autre ». « Il faut bien sûr régler les modalités pratiques, en particulier la question relative au retour de l’armée à  Kidal », a-t-il toutefois admis, sans se prononcer sur un calendrier. Dans l' »accord-cadre » sur lequel ils se sont entendus, le MNLA et le HCUA, qui se rendront dorénavant « à  la table des négociations comme un seul mouvement » selon M. Attaher, sont allés au-delà  de la question de Kidal et de l’élection. Ils ont en effet appelé à  un « cessez-le-feu » avec Bamako sous l’égide de la communauté internationale. Ils ont aussi réclamé une résolution de l’ONU leur garantissant le « retrait de l’armée malienne du territoire de l’Azawad » (nom qu’ils donnent à  tout le Nord malien) et la reconnaissance d’un « statut juridique spécifique » à  cette région. Ils plaident à  terme pour le « droit à  l’autodétermination du peuple de l’Azawad », sans évoquer l’indépendance, revendication à  laquelle avait renoncé il y a plusieurs mois le MNLA, qui en était le fer de lance. Les deux mouvements ont enfin souhaité la libération de « tous les +Azawadiens+ détenus par les autorités maliennes ». Médiateur au nom de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le président burkinabè Blaise Compaoré avait engagé lundi des discussions avec les autorités maliennes et les mouvements touareg, qui doivent déboucher prochainement sur un « dialogue direct » intermalien sous ses auspices.

La question de Kidal toujours en suspens

C’est presque un ouf de soulagement général qui a traversé les acteurs de la crise au Mali, à  l’annonce officielle par les autorités maliennes de la tenue du premier tour de l’élection présidentielle le 28 juillet. La confirmation de ce scrutin, sur lequel repose de nombreux espoirs de normalisation de la situation, répond notamment à  la demande pressante de Paris, qui s’était dit « intraitable » sur le calendrier électoral. Pour François Hollande, le Mali doit se doter d’un président légitime, qui ait autorité pour entreprendre la transition. Cependant de nombreux observateurs regrettent la précipitation de ce scrutin : les problèmes logistiques restent importants, la situation sécuritaire n’est pas stabilisée, les tensions communautaires ne sont pas éteintes et surtout, la situation de Kidal n’est pas réglée. Le nom de cette ville du Nord du Mali est sur toutes les lèvres depuis des mois. Les rebelles touaregs du MNLA (Mouvement de libération nationale de l’Azawad) et du MIA (Mouvement islamique de l’Azawad, une dissidence des islamistes d’Ansar Dine), qui tiennent la ville, refusent que l’armée et l’administration malienne y pénètre. Difficile du coup d’y organiser un vote… Or l’élection doit se tenir sur l’ensemble du territoire, pour éviter tout risque d’aggravation de la situation. Laurent Fabius, qui s’est rendu à  Bamako dans la soirée du mardi 29 mai, a réaffirmé que « pour la France, il est évident qu’il ne peut y avoir deux pays dans un même pays. Les dispositions seront prises pour qu’à  Kidal, on puisse voter comme partout ailleurs ». Pour résoudre ce problème principalement, des discussions ont été entamées depuis lundi à  Ouagadougou avec le médiateur et président burkinabé Blaise Compaoré. Pression de Bamako Comment donc parvenir à  un accord ? Compaoré est à  pied d’œuvre, avec les autorités maliennes et les Touaregs. L’opération devrait se dérouler par étapes. Selon une source à  l’AFP, il y aura des consultations séparées, puis des discussions avec les partenaires (France, ONU et Union africaine) et enfin un dialogue direct. Le MNLA a envoyé le chef Bilal Ag Cherif, Bamako sera représenté par Tiébilé Dramé et le MIA par son secrétaire général, Algabass Ag Intalla, au nom du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), organisation qui veut fédérer tous les groupes armés encore installés dans le Nord. Cette dernière a indiqué qu’elle ne s’opposerait pas à  la tenue d’élections, afin qu’un « pouvoir légitime » puisse être installé, ainsi qu’un « président élu », avec qui « il y aura des négociations sur l’avenir de l’Azawad ». Le MNLA de son côté avait indiqué se tenir prêt à  permettre la tenue du scrutin mais a réclamé qu’il soit sécurisé par l’ONU et non par l’armée malienne. L’entrée des militaires semblaient donc, voici quelques jours, une option encore écartée. Sauf que lundi, le chef de l’Etat malien par intérim, Dioucounda Traoré, de passage à  Paris, s’est voulu plus ferme et a assuré que « l’armée malienne doit être à  Kidal avant le premier tour […] Nous sommes déjà  engagés dans un processus de dialogue. Kidal sera libérée ». Réelle intransigeance ou simple coup de pression avant le début des négociations ? Cette déclaration a en tout cas froissé quelque peu les Touaregs à  qui a été proposé que seule l’administration malienne pénètre dans la zone, provisoirement. Un compromis possible L’enjeu à  Ouagadougou doit, a priori, se concentrer sur un accord intérimaire. « Cela peut-être une solution transitoire, le temps du scrutin », admet une source diplomatique française. « Il y a une urgence, ce sont les élections. Cela implique une administration civile qui puisse fonctionner sans avoir la peur au ventre. Ensuite on pourra avoir quelque chose de plus complet… », explique la même source. Et de reconnaà®tre : « Il n’y aura certainement pas un transfert général de compétences du jour au lendemain entre le MNLA qui exerce réellement sur la zone et le retour plein à  la souveraineté malienne dans toutes ses formes ». Paris, impatient de voir reprendre les négociations, se dit enfin « relativement optimiste » depuis que le médiateur est entré dans les discussions. Selon une autre source proche de l’Elysée, « les autorités maliennes ont donné des signes forts de vouloir pousser le dialogue et la réconciliation avec des groupes comme le MNLA ». Avant d’ajouter : « il y a aussi une compréhension du côté du MNLA qu’il faut que leurs revendications soient raisonnables ». Le rôle de la France Reste à  savoir quel sera le rôle de la France dans l’organisation de ces élections. Toujours en première ligne, même sur le plan politique, elle devrait jouer un rôle de supervision, bien qu’elle se défende de toute implication dans les affaires maliennes. « Dans certaines régions compliquées, l’administration malienne doit être transportée et aidée. Le mandat des Nations unis n’est pas un mandat de supervision des élections, mais la sécurisation sera le fait de la Minusma installée », explique une source diplomatique avant de préciser : « On aidera si nécessaire ». Si les Maliens restent reconnaissants envers François Hollande pour son intervention, la France supporte quelques critiques sur son indulgence envers le MNLA, désigné par les populations comme les principaux responsables de la crise. La France a en effet toujours ménagé un acteur encombrant mais précieux. Fins connaisseurs de la région, les Touaregs ont proposé leur aide pour aider la France à  débusquer les djihadistes, voire pour retrouver les otages français. De nombreux membres du MNLA séjournent souvent en France, alors même que des mandats d’arrêt ont été lancés contre eux par Bamako. Paris a toujours démenti tout traitement particulier. « Les discussions à  Ouagadougou vont permettre à  d’autres groupes que le MNLA de s’exprimer. Tous ont vocation à  participer au dialogue ». Reste un problème non résolu pour la France : le désarmement des groupes touaregs. Au quai d’Orsay, on indiquait qu’il était nécessaire que le MNLA dépose les armes et pourquoi pas, que le mouvement devienne un parti politique. Cette hypothèse n’a pour l’instant pas été reprise et des mesures de cantonnement ne sont pas l’ordre du jour. « La ligne des Touaregs fluctue, mais il est certain que nous ne pouvons pas souhaiter un parti armé », indique un responsable diplomatique. « Nous souhaitons que toutes les forces qui se disent politiques soient désarmées pour qu’elles puissent entrer dans un cadre démocratique. Si le MNLA devenait un parti politique, ce serait positif ». Si un accord n’est pas trouvé à  Ouagadougou, le calendrier électoral pourrait être chamboulé.

Objectif Kidal pour l’armée malienne. Tout pour déplaire au MNLA et au MIA

Officiellement, il s’agit de permettre au nouveau gouverneur de prendre ses fonctions. Il s’agit du colonel Adama Kamissoko, nommé gouverneur de la région de Kidal le 2 mai en conseil des ministres. Mais ni le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), une dissidence du groupe Ansar Dine d’Iyad Ag Ghali, ni le Mouvement national de Libération de l’Azawad (MNLA) ne sont prêts à  accepter l’arrivée d’un gouverneur et surtout pas de troupes gouvernementales. Les FAMA (forces armées maliennes) peuvent-elles compter sur la Misma? Non, si l’on en croit le président Alpha Condé (Guinée). « La Misma n’est pas mandatée pour aller désarmer le MNLA », a également précisé le porte-parole de la force africaine. Sur le Tchad? Les forces tchadiennes ont quitté Kidal pour se repositionner à  Tessalit. Et sur la France? Jean-Yves Le Drian a déclaré, lors de son dernier passage au Mali qu’il ne pouvait « pas y avoir deux armées maliennes ». Rien ne laisse toutefois penser que les forces françaises pourraient être engagées dans une opération de rétablissement de l’ordre républicain. A Kidal, il ne reste plus d’ailleurs qu’un petit contingent du GTIA2 (et parfois des éléments du dispositif Sabre). Quant au tout nouveau Haut conseil de l’Azawad (HCA) qui vient de voir le jour à  Kidal, il se veut catégorique sur trois points: pas question de revendiquer l’indépendance d’une partie du Mali, pas question de prendre ou de reprendre les armes, et enfin pas question de faire une alliance avec les islamistes. Des prises de position qui ne vont guère dans le sens du MIA et du MNLA.

Haut conseil de l’Azawad : pour la paix des braves ?

Nouvelle instance pour amorcer le dialogue national, le Haut Conseil de l’Azawad, un territoire imaginaire qui en a fait couler du sang . Certains de ses membres étaients pro MNLA aux heures sombres de Janvier 2012, d’autres se réclamaient de l’identité touareg seule et des chefferies traditionnelles de la zone. Puis ce fut la débandade et la partition fut consommée au Nord. Il faut désormais reconstruire l’unité nationale du Mali. Du reste, si les revendications identitaires touareg perdurent alimentées par des mouvements plus ou moins armés au Nord, les cartes ont changé de mains. De la rébellion vindicative de Janvier 2012 à  Ménaka, l’on est passé à  la phase Paix, échanges de bons procédés, tentative pas inutile de se poser en interlocuteur, encore une fois privilégié de la crise malienne. Face à  la Commission Dialogue et Réconciliation, qui remporte un tapage médiatique étincelant, le Haut conseil de l’Azawad fait sa sortie. A sa tête, Mohamed Ag Intalla, élu de Kidal, d’une grande famille et qui affirme vouloir couper tout lien avec la mouvance islamiste, éparpillée depuis le début de l’opération Serval et fédérer tous les groupes d’origine touareg. Pour la bonne cause ? Et face au refus de désarmer du MNLA, qui revendique la possession de Kidal, o๠l’armée malienne et l’administration sont cruellement absentes, l’élu propose une alternative de Paix. Faut-il y voir une réelle prise de conscience ou une autre stratégie de rester dans le jeu politique, de gagner du temps, quand les autorités de transition, appellent urgemment aux élections, que ne souhaite pas une grande partie des ressortissants du nord, déplacés dans les camps de réfugiés voisins ou à  Bamako ? La Paix avec le Sud, ce sud qui a une urgence électorale pour plaire à  la communauté internationale et répondre aux volontés de la France, ce sud donc aurait déjà  tendu une oreille à  ce Haut Conseil de l’Azawad, qui pourrait peut être convaincre le MNLA et autres mouvements armés de la région de Kidal, à  laisser les armes une fois pour toutes ? l’on assisterait alors à  la Paix des… braves ?