Le Mali n’est plus ce qu’en ont voulu ses pères fondateurs

Le vendredi 21 septembre était classé journée à  risque au Mali. Comme dans une vingtaine d’autres pays, le ministère français des Affaires étrangères avait décidé d’y fermer consulat, institut culturel et écoles par crainte de manifestations ou de violences à  la suite de la publication par l’hebdomadaire satyrique français Charlie Hebdo de caricatures du prophète de l’islam. Finalement, rien. «On n’en a même pas parlé à  la grande prière», raconte un habitué d’une mosquée de Badalabougou, sur la rive droite du fleuve Niger. «l’ambassade a fermé pour répondre à  la demande de Paris. C’’était loin d’être la panique. On n’a même pas envoyé de SMS aux Français», comme C’’est souvent le cas lors de situations tendues, témoigne un des agents de la représentation diplomatique. Les jours précédents, les religieux du Mali avaient condamné les caricatures et le film anti-musulmans, tout en appelant au calme et en invitant à  ne pas réagir à  la provocation dans le contexte difficile que traverse le Mali. Qu’à  cela ne tienne, C’’est dans la morosité que les Maliens célèbrent le 52e anniversaire de l’indépendance de leur pays, acquise le 22 septembre 1960. Les nouvelles sont plus que jamais mauvaises Le Mali a perdu pour une durée indéterminée ses trois régions du nord, tombées aux mains des djihadistes, et compte des centaines de milliers de réfugiés et de déplacés. Sur une route de la capitale, le slogan de la fête de 2010, «Le cinquantenaire, C’’est pour nous», donne envie de rire… ou de pleurer. Ceci d’autant plus qu’un récent rapport de l’ONG Amnesty International n’augure rien de bon pour le pays. Le rapport revient sur les atrocités commises par les djihadistes dans le Nord-Mali. Le 8 août 2012, sur la place publique d’Ansongo (région de Gao), Alhader Ag Almahmoud, un éleveur de bétail, a été amputé de la main droite avec un couteau de boucher, une chambre à  air de vélo en guise de garrot et sans anesthésie. Il a ensuite été enfermé pendant huit jours avant d’être autorisé à  recevoir la visite d’un «aide-soignant». l’application de la justice divine, selon l’interprétation du Mouvement unicité et djihad en Afrique de l’Ouest qui l’accusait de vol de bêtes. Il a raconté à  Amnesty International qu’«après l’amputation, le propriétaire du bétail volé est venu déclarer que les bêtes avaient été retrouvées». Depuis leur conquête des principales villes des trois régions du nord, début avril, les djihadistes ont amputé sept personnes, en ont fouetté d’autres et ont lapidé à  mort un couple non-marié ayant eu un enfant. Alhader Ag Almahmoud répond d’une voix presque inaudible aux questions des journalistes. Gêné, l’un d’entre-deux lui demande après mille excuses s’il n’a pas été puni en raison de son appartenance supposée au Mouvement national de l’Azawad (MNLA), le mouvement indépendantiste touareg chassé par les islamistes après avoir été son allié de circonstance. «Je n’ai jamais fait partie d’aucun groupe armé», traduit-on pour lui. Dans son nouveau rapport, Amnesty International réitère ses accusations contre le MNLA, qui aurait violé des «femmes et des jeunes filles» lors de son entrée dans les principales villes du nord. Des accusations réfutées par Moussa Ag Assarid, membre de l’aile politique du MNLA, selon qui «Amnesty n’a jamais enquêté sur le terrain». Le pas de deux du MNLA Le MNLA revendique toujours le contrôle de plusieurs villes et affirmant «être le seul à  avoir la volonté et la capacité de lutter contre les terroristes». Nul ne sait pour le moment si ce mouvement se battra un jour contre les djihadistes ou contre les forces pro-gouvernementales, accusées toutes les deux de recruter des enfants soldats. l’ONG dénonce notamment l’enrôlement et la formation militaires «d’enfants» dans plusieurs camps d’entraà®nement de la région de Mopti, avec l’accord et le soutien des autorités». Le gouvernement avait pourtant officiellement déclaré le 30 août: «La défense de l’intégrité du territoire national est une mission régalienne de l’Etat. Par conséquent, aucune autre initiative parallèle de substitution aux forces armées et de sécurité ne saurait être tolérée.» Comme preuve l’ONG publie une photo d’un passage d’un registre du camp militaire du Front de libération du nord (FLN). On y voit les noms, les professions, les photos, les numéros de téléphone et les dates de naissance de plusieurs recrues. La plus jeune a 16 ans. La plupart des recrues sont des noirs, comme les militaires maliens qui ont tué dans la nuit du 8 au 9 septembre, à  Diabali (région de Ségou) seize Maliens et Mauritaniens arabes qui se rendaient à  Bamako pour la réunion annuelle du mouvement Dawa. Selon un témoignage recueilli par Amnesty International les militaires les ont pris pour des islamistes. Ils les ont amenés dans un camp avant de leur tirer dessus quand ils remontaient dans leur véhicule. Sans ce drame les Maliens auraient appris tardivement qu’allait se tenir dans leur capitale, et avec le consentement des autorités, un important rassemblement de prédicateurs, du 14 au 21 septembre. «Les membres de la Dawa vont à  la rencontre des gens pour leur dire comment pratiquer l’islam, en leur disant “ça C’’est bien, ça non”, avec pour objectif de convertir au salafisme», explique Mathieu Guidère, spécialiste de l’islam. La réunion a finalement été annulée. Mais Amnesty International révèle que la Dawa, qui a sa base dans un quartier de la rive sud du fleuve Niger, faisait l’objet d’une surveillance de la part des autorités. Dans un pays musulman à  95%, les autorités maliennes redoutent donc désormais une contagion islamiste au sein même de la capitale.

La rébellion du MNLA à l’ombre de la Suisse

Désormais éparpillés dans la nature, les responsables du MNLA, orphelins de leur supposé état de l’Azawad, se sont refugiés en Mauritanie et au Burkina Faso. Sur cette terre du Moro Nâaba, les rebelles touaregs vivent sans crainte avec le soutien de la Suisse et ont mis en place leur bureau provisoire comme pour se donner une seconde vie. Une information révélée par un journal Helvétique, Le Temps. Selon le journal Suisse, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) aurait participé à  l’organisation et au financement d’une réunion politique des rebelles touaregs indépendantistes du mouvement national de libération de l’Azawad, les 25, 26 et 27 juillet à  Ouagadougou. Organisée dans le cadre de la médiation de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), cette rencontre, à  en croire Le Temps, devait permettre au bureau politique du MNLA de clarifier ses revendications en vue d’un règlement politique de la crise dans le nord du Mali. Pour André Bourgeot, spécialiste de la zone sahélo-saharienne et des populations touaregs, et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à  Paris, la Suisse tient une position ambigue : « Le MNLA revendique, comme objectif principal, une partition territoriale non reconnue internationalement et qu’une immense majorité des populations du septentrion malien ne veut pas. Il dit avoir tenu ces discussions afin d’y parvenir. Je suis surpris par l’implication politique du DFAE, les autorités suisses étant officiellement neutres » Que cache ce double jeu de la Suisse qui entretient avec le Mali de bonnes relations diplomatiques ? Côté malien, on s’interroge et certains vont jusqu’à  mentionner qu’ il est temps pour le Mali de choisir ses vrais amis et rompre avec ceux qui le trahissent. Le collectif des ressortissants du nord Mali (COREN) « condamne avec la dernière rigueur cette tentative de remettre en selle un mouvement armé qui a été défait sur le terrain et visiblement rejeté par les populations ». Il affirme connaà®tre « l’intérêt général que la Confédération suisse porte à  la crise du Nord-Mali » et évoque, sans plus de précisions, « des relations particulières pour ne pas dire intimes existant entre certains responsables du DFAE et des leaders du MNLA ».

MNLA, tout ça pour ça ?

Le 17 janvier restera dans l’histoire du Mali comme une date funeste. Elle a été suivie de beaucoup d’autres, le 22 mars, le 30 mars, le 21 mai, le 1er juillet. Toutes correspondent à  des événements dont l’éventualité, il y a à  peine un an, n’aura pas effleurer l’esprit de la majorité des maliens. En se lançant dans la guerre « pour l’indépendance de l’Azawad », les touareg, qui se sont régulièrement révoltés contre l’autorité de Bamako, ont franchi un cap supplémentaire. Cette fois-ci, ils sont arrivés armés, avec dans leurs bagages des amis forts encombrants. Des alliés multi-azimuts, avec un seul point commun, l’extrémisme religieux. Leur armement abondant et sophistiqué a permis une véritable blitzkrieg (guerre éclair), provoquant la débandade dans les rangs de l’armée et le désarroi des populations. 100 jours après, plus de MNLA! Si au départ, la convergence des intérêts avait semblé unir le Mouvement National de Libération de l’Azawad et ses alliés, très vite le ménage à  plusieurs n’a plus été possible. Les exactions auxquelles se livraient les indépendantistes, leur combat médiatique et le soutien évident des puissances occidentales, n’étaient pas du gout de leurs amis circonstanciels. Ceux-ci ont tôt fait, dès le mois d’avril de se démarquer et de préciser qu’ils reconnaissaient bel et bien le Mali uni mais entreprenaient d’y faire régner la charia. A quoi pensait le MNLA en ce moment là  ? A sa survie, très certainement, puisqu’il n’a pas cessé de faire des appels du pied aux islamistes au point d’annoncer une fusion entre tous les groupes armés en présence au Nord. Mais voilà , après plus de trois mois d’occupation des régions du nord, les massacres, les pillages et les viols, les assassinats et la répression des jeunes… Après tout cela, le MNLA a, à  son tour, effectué, « un repli stratégique ». Depuis ce mercredi 11 juillet, ils n’ont plus le contrôle d’aucun hameau de leur territoire de l’ «Azawad». Qui tue par l’épée, périt par l’épée…Même s’ils crient qu’ils sont toujours dans la course, il est clair aujourd’hui que Kidal, Gao et Tombouctou ont changé de maà®tres. Le cheval de Troie Tout ça pour ça ? C’’est bien la question qu’il faudrait leur poser. A quoi cela aura alors servi de venir mettre leurs frères maliens, avec qui ils auront vécu, difficilement peut-être, mais tout de même, pendant des siècles ? Pourquoi avoir permis que l’histoire retienne leurs noms, Iyag Ag Ali et consorts, comme les fossoyeurs du Grand Mali ? Ces interrogations leur ouvriront peut-être les yeux. Pour qu’ils comprennent que rentrer par la petite porte dans l’histoire est tout aussi négatif que d’en sortir par la fenêtre. A cause d’eux, aujourd’hui 2/3 du Mali est en proie à  des hommes qui ne vont pas s’y limiter. Ils l’ont dit et ils en ont les moyens. Surtout qu’à  Bamako, C’’est le gouvernement d’union nationale qui intéresse plus qu’autre chose. Les amis du MNLA, vous avez mis vos frères dans la situation la plus difficile de leur histoire. Vos frères touareg, parce que quand la haine s’élance, il est difficile de l’arrêter et aujourd’hui les maliens ne sont pas fous d’amour pour eux. Vos frères maliens qui, mis face à  leur responsabilité, n’oublieront certainement pas la votre. Maintenant, posez-vous cette question ? Pourquoi vous ont-ils aidé, si C’’est pour vous jeter dehors à  la première occasion ? Avez-vous compris qu’ils se sont servis de vous ? Que vous avez été leur « cheval de Troie » ?

L’ONU appelle à sanctionner les rebelles liés à Al-Qaida

La résolution « appelle les Etats membres à  soumettre (..) les noms des individus, groupes et entités qui sont associés à  Al-Qaida, y compris dans la région du Sahel et en particulier dans le nord du Mali » afin qu’ils fassent l’objet des sanctions prévues par l’ONU contre ceux qui soutiennent Al-Qaida. Elle « demande instamment aux groupes rebelles au Mali de s’abstenir de toute forme d’association avec Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et de lutter contre la menace représentée par des groupes terroristes au Mali ». PAS DE MANDAT POUR UNE INTERVENTION MILITAIRE La résolution « soutient pleinement » les efforts des organisations régionales, dont la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union africaine, pour régler la crise au Mali. Mais elle ne leur donne pas encore de mandat de l’ONU pour déployer une force africaine contre les rebelles du Nord. La résolution, présentée notamment par la France, « prend note de la demande de la Cédéao et de l’Union africaine d’un mandat du Conseil de sécurité autorisant le déploiement de la force ». Le Conseil se contente « de se déclarer prêt à  examiner plus avant cette requête une fois que des informations supplémentaires auront été fournies en ce qui concerne les objectifs, les moyens et les modalités du déploiement envisagé ». La Cédéao prépare depuis plusieurs semaines l’envoi éventuel d’une force au Mali, dont l’effectif est actuellement fixé à  environ trois mille trois cents hommes. Ses dirigeants avaient appelé vendredi dernier le Conseil de sécurité à  « accélérer » l’adoption d’une « résolution autorisant le déploiement » de ses troupes contre les groupes armés qui contrôlent le nord du Mali. CONDAMNATIONS DES DESTRUCTIONS DU PATRIMOINE La résolution adoptée jeudi avertit aussi les islamistes qui ont détruit des mausolées musulmans à  Tombouctou qu’ils pourraient être traà®nés devant la Cour pénale internationale (CPI). Le texte souligne que de telles attaques contre le patrimoine culturel ou religieux « peuvent constituer des violations des lois internationales », aux termes du statut de Rome, qui a créé la CPI, ainsi que des conventions de Genève. Le document appelle ainsi « toutes les parties au Mali à  prendre toutes les mesures appropriées pour assurer la préservation » des sites qui appartiennent au Patrimoine mondial.

Mali : une nouvelle donne régionale après l’échec de la rébellion touarègue du MNLA

Né fin 2011, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) était pourtant considéré comme le grand bénéficiaire du coup d’Etat militaire du 22 mars contre le régime d’Amadou Toumani Touré. Il se présentait lui-même comme un « rempart » contre Al-Qaà¯da au Maghreb (Aqmi), cherchant à  s’attirer les sympathies d’un Occident inquiet face à  la menace terroriste. Comment ce mouvement d’enfants du pays, héritiers d’une longue tradition de luttes indépendantistes, a-t-il pu être chassé de ses terres en quelques mois, jusqu’à  la déroute cinglante de jeudi avec la chute de son quartier général de Gao Le chercheur Pierre Boilley, directeur du Centre d’études des mondes africains (Cémaf) à  Paris, avance plusieurs explications, dont « l’existence de courants antagonistes au sein du MNLA » et l’incapacité des touareg à  fédérer « l’ensemble des populations du nord, notamment les arabes et les songha௠». « La crise en Libye, qui a fourni hommes et armes aux factions armées du Nord-Mali (MNLA comme islamistes), a précipité le déclenchement de la rébellion sans que le projet du MNLA pour un Etat indépendant au Nord soit très abouti », ajoute-t-il. Pour l’islamologue Mathieu Guidère, les combattants du MNLA « se sont démobilisés après la prise des grandes villes » alors que les islamistes locaux d’Ansar Dine, commandés par le charismatique leader touareg Iyad Ag Ghaly, « ont labouré le terrain, restauré l’ordre dans les villes, rassuré les commerçants ». Et Ansar Dine, relèvent les chercheurs, a continué « à  revevoir un soutien logistique et financier », notamment de personnalités en Arabie Saoudite et en Algérie, alors que le MNLA s’isolait par sa déclaration unilatérale d’indépendance de l’Azawad. « Les islamistes du Nord-Mali ont reconnu Iyad Ag Ghaly comme le maà®tre du territoire » La situation est aujourd’hui « plus claire au nord qu’au sud du Mali. Le Nord est clairement contrôlé par des islamistes, avec un groupe dominant qui est Ansar Dine », affirme Mathieu Guidère. « Avec Aqmi et Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, groupe dissident d’Aqmi), ils se sont mis d’accord il y a deux mois sur une plateforme commune, pour l’instauration d’un Etat islamique au Nord-Mali », dit-il. L’islamologue explique que les liens hierarchiques entre eux sont très codifiés: « les islamistes du Nord-Mali ont reconnu Iyad Ag Ghaly comme le maà®tre du territoire. Ce qui signifie que les responsables d’Aqmi comme Mokhtar Belmokhtar ou Abou Zeid ont fait allégeance à  Ghaly ». Pour le spécialiste des mouvements islamistes Dominique Thomas, de l’Ecole pratique des hautes études en sciences sociales (EHESS), « Aqmi a effectivement trouvé un sanctuaire dans la zone controlée par Ansar Dine ». Mais il souligne que les membres d’Aqmi « sont eux-mêmes implantés depuis des années, ont noué des liens avec les habitants à  travers leurs trafics et des mariages ». Nouvelle donne Face à  cette « nouvelle donne », la communauté internationale est hésitante. Réunis vendredi à  Yamoussoukro, les dirigeants d’Afrique de l’Ouest ont à  nouveau exhorté le conseil de sécurité de l’ONU à  autoriser l’envoi d’une force au Mali. Mais ils ont aussi réitéré leur préférence pour la négociation. Les Etats-Unis, qui emboitent généralement le pas à  la France sur ce dossier, ont aussitôt mis en garde contre une « entreprise très lourde ». A Paris, on attend des Etats africains qu’ils définissent clairement le cadre et les objectifs d’une telle intervention. Les experts relèvent aussi les divisions régionales, l’Algérie étant tradionnellement très hostile à  toute intervention, contrairement au Nigeria ou à  la Côte d’Ivoire, et jugent qu’une intervention militaire est très risquée. Elle serait vécue au Nord « comme une occupation par des troupes étrangères » et au Sud comme « une sorte de mise sous tutelle », relève Mathieu Guidère. « Si Ansar Dine est vaincu, les islamistes vont rejoindre Aqmi. Cela ne fera que gonfler les rangs d’Aqmi de façon terrifiante », estime-t-il. Reste aussi « une inconnue », pour Pierre Boilley: « la capacité ou pas du MNLA de préparer une contre-offensive ».

A Tombouctou, les islamistes détruisent les mausolées musulmans

Des islamistes d’Ansar Dine, un des groupes armés contrôlant le nord du Mali, ont démoli samedi 30 juin plusieurs mausolées de saints musulmans à  Tombouctou, en représailles à  la récente décision de l’Unesco de classer cette ville mythique patrimoine mondial en péril. L’objectif affiché par Sanda Ould Boumama, porte-parole d’Ansar Dine à  Tombouctou, est de détruire tous les mausolées de la ville, « sans exception ». Samedi, au moins trois mausolées avaient d’ores et déjà  été détruits à  coups de pioches, de houes et de burins, aux cris de « Allah akbar ! » (« Dieu est grand! »), ont rapporté des témoins. Le premier sanctuaire visé a été celui de Sidi Mahmoud, dans le nord de la ville, qui avait déjà  été profané début mai par des membres d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), un allié d’Ansar Dine, ont raconté des habitants joints depuis la capitale, certains sous le choc. « Aujourd’hui, au moment o๠je vous parle, les islamistes d’Ansar Dine ont fini de détruire le mausolée du saint Sidi Mahmoud. Ils ont cassé (et) fait tomber le mur » de clôture du site, « c’est très grave », a déclaré en pleurant un des témoins. Les islamistes se ont ensuite attaqué tour-à -tour aux mausolées de Sidi Moctar, dans l’est de la ville, puis celui d’Alpha Moya, qui ont tous deux été détruits. « NOUS, NOUS SOMMES MUSULMANS. L’UNESCO, C’EST QUOI ? » Ce projet de destruction totale des mausolées est une réponse à  la décision de l’Unesco, annoncée jeudi, de placer Tombouctou, depuis 1988 au patrimoine mondial de l’humanité, sur la liste du patrimoine en péril, d’après le porte-parole d’Ansar Dine. « Dieu, il est unique. Tout ça, c’est ‘haram’ (interdit en islam). Nous, nous sommes musulmans. L’Unesco, c’est quoi ? », a-t-il dit, ajoutant que Ansar Dine réagissait « au nom de Dieu ». Selon le site Internet de l’Unesco, Tombouctou compte « 16 cimetières et mausolées qui étaient des composantes essentielles du système religieux dans la mesure oà¹, selon la croyance populaire, ils étaient le rempart qui protégeait la ville de tous les dangers ». Fondée entre le XIe et le XIIe siècles par des tribus touareg, et surnommée notamment « la cité des 333 saints », elle a été un grand centre intellectuel de l’islam et une ancienne cité marchande prospère des caravanes. Tombouctou est également célèbre pour ses dizaines de milliers de manuscrits, dont certains remontent au XIIe siècle, et d’autres de l’ère pré-islamique. Ils sont pour la plupart détenus comme des trésors par les grandes familles de la ville. Environ de 30 000 de ces manuscrits qui étaient conservés dans un institut gouvernemental ont été déplacés et « sécurisés » ailleurs, après le saccage de lieux par des islamistes en avril, d’après des bibliothécaires. En annonçant jeudi sa décision de placer la cité sur la liste du patrimoine mondial en péril, de même qu’un site historique de Gao (nord-est), l’Unesco avait alerté la communauté internationale sur les dangers qui pèsent sur la cité. « Nous venons juste d’apprendre la nouvelle tragique des dégâts sans raison causés au mausolée de Sidi Mahmoud, dans le nord du Mali », a déclaré Alissandra Cummins, présidente de l’Unesco, dans un communiqué, appelant toutes les parties impliquées dans le conflit à  Tombouctou à  « exercer leurs responsabilités ». En plus de Tombouctou (nord-ouest), Gao et Kidal (nord-est), les trois régions formant le Nord, sont sous le contrôle des islamistes divers groupes armés qui ont profité de la confusion créée à  Bamako par un d’Etat militaire le 22 mars. La démolition des mausolées de Tombouctou par les islamistes rappelle le sort d’autres ouvrages du patrimoine mondial, dont les Bouddhas de Bamyan, dans le centre de l’Afghanistan, détruits en mars 2001 par les talibans et leurs alliés d’Al-Qaà¯da. En Afrique de l’Est, les islamistes somaliens shebab ont détruit de nombreux mausolées de mystiques soufis dont la mémoire était vénérée par les populations locales. TERGIVERSATIONS SUR L’ENVOI D’UNE FORCE Rà‰GIONALE L’Afrique de l’Ouest a appelé vendredi le Conseil de sécurité de l’ONU à  « accélérer » en vue de l’adoption d’une résolution autorisant l’envoi d’une force régionale au Mali contre les groupes armés, surtout islamistes, qui contrôlent le Nord. La Cédéao prépare depuis plusieurs semaines l’envoi éventuel d’une force dans le pays, dont l’effectif est actuellement fixé à  quelque 3 300 hommes. Mais elle a besoin, avec l’Union africaine (UA), d’un soutien international à  une telle opération, et d’un appui notamment logistique des Etats-Unis et de la France. Un premier projet a été jugé beaucoup trop imprécis au Conseil de sécurité de l’ONU, et la Cédéao revoit sa copie. Les Etats-Unis ont d’ailleurs adressé vendredi une mise en garde contre une « entreprise très lourde pour la Cédéao », qui devrait être « préparée très soigneusement et disposer de ressources en conséquence ». Les chefs d’Etat de la Cédéao ont réaffirmé leur préférence pour la négociation – confiée au président burkinabè et médiateur Blaise Compaoré – mais réitéré leur choix d’une intervention armée si nécessaire.

90 jours d’occupation du Nord, c’en est assez!

Malgré la pluie qui a arrosé la capitale malienne toute la journée, des militants et sympathisants de cette association ont fait le déplacement pour soutenir les organisateurs. « Aujourd’hui 28 juin 2012, jour pour jour, cela fait 90 jours que les populations du Nord sont sous occupation. A l’heure o๠nous vous lisons cette déclaration, la situation sécuritaire au nord du Mali, particulièrement dans la ville de Gao, est tombée dans une situation dramatique sans précédent », souligne le collectif dans une déclaration signée de son président, Almahady Moustapha Cissé. Pour lui, cette action a été aussi initiée en réaction aux événements dont Gao a été le théâtre du 25 au 27 juin. Il s’agit notamment de l’assassinat d’un élu local (Idrissa Omorou), la répression dans le sang d’une marche pacifique de protestation des jeunes de la Cité des Askia, et les combats meurtriers entre le MUJAO et le MNLA chassé de Gao. « Déjà  frappées par deux années de pénurie alimentaire, les populations du nord subissent un double traumatisme psychologique et moral, réduites aux pires privations d’eau, de médicaments, d’électricité, d’aliments de subsistance, les populations sont au bord du gouffre et chaque heure qui passe asphyxie davantage », déplore M. Cissé. Ce collectif a été la première association à  envoyer une caravane humanitaire dans les régions occupées. « l’inertie et l’inaction du gouvernement de la République du Mali, l’attitude de la communauté internationale et le comportement ambigà¼e de certains pays voisins qui continuent à  servir de bases arrières aux mouvements armés », indique le Collectif. Il invite le gouvernement à  prendre les mesures urgentes pour mettre fin à  l’occupation et réitère son soutien aux populations du nord du Mali. « Nous souhaitons la libération sans délai des régions occupées, la poursuite et l’arrestation des auteurs et complices de ces atrocités et assassinats ainsi que leur traduction devant les institutions judiciaires compétentes, la prise en charge des victimes et leurs ayants droits », exige le collectif dans la déclaration remise aux participants du sit-in et à  la presse. Pour sortir le Mali de cette impasse politique et sécuritaire, le Collectif Cri de Coeur et ses partenaires appellent les Maliens à  « la cohésion et la solidarité ».

« Forum pour la paix et une transition apaisée»

Depuis le coup d’Etat militaire du 22 mars 2012, le Mali vit une situation exceptionnelle, que d’aucuns qualifient de déplorable pour sa démocratie. Compte tenu de ce qui s’y passe aujourd’hui, et avec le rôle de la presse, la Maison de la presse entend jouer tout son rôle dans la recherche de solutions à  la crise malienne. Pour sensibiliser et mobiliser autour de la lutte contre la violence et pour une transition apaisée au Mali, il a été décidé – avec l’accord des autres structures de la presse malienne, de plusieurs intellectuels et diplomates maliens – l’initiation d’une pétition qui aboutira à  la mise en place d’une plateforme. Il s’agira, autour d’une grande rencontre de trois jours, de débattre des différents thèmes et sous-thèmes s’y rapportant. Forum pour la paix dans une transition apaisée. C’’est l’intitulé des assises qui s’ouvriront ce vendredi à  la Maison de la presse du Mali à  Bamako sous la coupole des Associations Professionnelles de la Presse (Assep-Urtel-Groupe) et la Délégation de l’Union Européenne. Echanges francs Les trois ateliers thématiques porteront sur les thèmes  : «Â Rôle et responsabilité de la presse pour une transition apaisée », «Â Comment instaurer un dialogue national pour une transition réussie ? » et «Â Quelle contribution de la classe politique et de la société civile pour la libération par le dialogue des régions du nord du Mali occupées par les rebelles ? ». Différentes communications meubleront cette première journée qui sera présidée par Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale du Mali, avec pour modérateur Mamadou Konaté, avocat. Il sera question de savoir si « le débat politique doit-il être objectif ? » Les participants entendront les points des principaux tendances qui ont marqué l’après putsch. Il faut citer entre autre, le Front uni pour la démocratie et la République (F, la Copam, l’Alliance des démocrates et patriotes pour une sortie de crise (ADPS), IBK 2012 et la Coalition sauver le Mali. « La société civile dans et face au débat politique » est un autre sous thème qui sera présenté par les représentants de la société civile. Le sous thème 3 qui porte sur la « Communications et échanges spécifiques » enregistrera le point de vue des religieux et des traditionnels. Le rôle du journaliste Le second thème de la journée est d’une pertinence avérée. Il traite de la « Liberté de communiquer et limites absolues ». Il sera conduit par un autre panel conduit par Sambi Touré et Mahamane Hamèye Cissé, respectivement directeur de publication de «Â Info matin » et du journal «Â Le Scorpion ». Les journalistes, peuvent-ils tout dire ? Peuvent-ils tout montrer ? Ces professionnels de la presse écrite donneront des éclaircissements à  l’opinion par rapport à  ces questionnements. Le dernier sous thème traitera du « Respect de la loi et violations nécessaires ». s’agissant du thème 3 : « Le Mali, entre soulèvements, guerre, rébellions au Nord et crise institutionnelle au Sud : Solutions ? » il sera développé par les politiques comme Tiébilé Dramé (Président du Parena), Moussa Mara (Yelema) et Mountaga Tall. Si le premier volet de leurs intervention se penchera largement sur «Â les causes profondes de la crise », le second dégagera les voies et moyens pour une transition apaisée au Mali. Par ailleurs, les thématiques « Sommes-nous en panne de solutions ? » et «Â Quelles solutions par le dialogue ? » seront élucidées par le représentant du Collectif des ressortissants du nord, les représentants des religieux et de l’armée. l’élaboration des résolutions et recommandations clôtureront la journée du dimanche 1er juillet. Au terme des trois jours de travaux, «Â les populations doivent avoir compris les exigences liées à  la non-violence. Toutes devront s’impliquer pour une transition apaisée », indique Makan Koné, président de la Maison de la presse du Mali.

Retour du calme à Gao, les islamistes font la police

Les hommes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) ont mené des patrouilles toute la nuit de mercredi à  jeudi pour sécuriser la ville de Gao dont ils ont pris le contrôle après plusieurs heures de combats. Ces affrontements qui les ont opposés aux rebelles touareg du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) ont causé la mort d’une vingtaine de personnes, essentiellement des combattants touareg. Au cours de leur opération nocturne, ils ont procédé à  des arrestations, notamment, celles de civils armés. La débandade du MNLA C’’est un sérieux revers que vient de subir le MNLA. En perdant leur quartier général pour tout le nord du Mali installé dans le palais du gouverneur de Gao, les rebelles perdent une part importante de leur assise dans le nord, déjà  fragilisée par les islamistes qui contrôlent Tombouctou depuis le mois d’avril. Ces derniers ont également pris le camp militaire qu’ils contrôlaient près de l’aéroport. La tension entre les alliés d’hier est née dès le lendemain de la prise des trois régions du Nord, fin mars-début avril 2012. Le MNLA qui réclame l’indépendance de l’ « Azawad »(vaste zone couvrant les 2/3 du territoire malien) s’est opposé à  la volonté des islamistes d’y imposer la loi islamique. Très vite, les touareg perdent la ville symbolique de Tombouctou, o๠Ançar Dine fait régner la charia. Les autres mouvements présents dans la région ont également eu des frictions avec le MNLA. Ce sont les manifestations du 26 juin dernier réprimées dans le sang par des hommes présumés du MLNA qui ont déclenché les affrontements d’hier. Des jeunes étaient sortis massivement protester contre l’assassinat la veille d’un élu local. Les islamistes leur auraient demandé de rentrer chez eux et de les « laisser retrouver les coupables ». Et ils sont allés encore plus loin, en repoussant hors de la ville les « indépendantistes ». Possible contre-offensive du MNLA ? Des habitants de Gao ont confirmé que le calme régnait à  présent dans la ville. Mais en ce qui concerne les forces en présence, les informations restent à  confirmer. Si dans les rues de Gao, ce sont les hommes du MUJAO qui sont visibles, Moussa Salem, un combattant du MNLA a affirmé à  l’AFP qu’il était faux de dire que le camp militaire proche de l’aéroport était entièrement hors de leur contrôle. « Nous avons toujours le contrôle d’une partie du camp », a-t-il dit, n’excluant pas une contre-offensive du MNLA. C’’est surtout cette éventualité qui inquiète les habitants de la ville. Au vu de l’arsenal déployé ce mercredi lors des combats, de nouveaux affrontements feraient de nombreuses victimes, même parmi les civils auxquels se sont mêlés les hommes du MNLA en fuite. Du côté du MUJAO, on se montre rassurant. Un porte-parole du Mouvement, Abu Wali Sahraoui, a déclaré à  l’AFP que « tout est sous notre domination ». Selon lui, « le MNLA a complètement quitté Gao » et « nous les poursuivrons partout jusqu’à  la défaite finale de ce mouvement ».

Gao : le QG du MNLA aux mains des islamistes

Les habitants de la ville de Gao (nord-est du Mali) ont passé la journée terrés chez eux. Pour cause, les combats qui ont fait rage pendant plusieurs heures entre les hommes du MNLA et les islamistes. Selon l’AFP, ceux-ci ont fini par prendre le contrôle du quartier général des rebelles touareg sis au gouvernorat de la ville. Des témoins ont affirmé qu’il y a plusieurs morts dans les rangs des rebelles ainsi que des prisonniers. « Laissez nous chasser le MNLA Ce sont les hommes du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui ont mené l’attaque de ce mercredi. Ils avaient dans un premier temps demandé à  la population qui s’apprêtait à  nouveau à  manifester suite à  l’assassinat d’un élu le lundi dernier, de ne pas sortir de chez elle. « Ils nous on dit de les laisser arrêter les coupables du meurtre et chasser le MNLA » rapporte un jeune membre du Collectif « Nous Pas Bouger » joint par téléphone à  Gao. Des tirs à  l’arme lourde ont ensuite été entendus une bonne partie de la journée. Il y a quelques heures maintenant, les islamistes « sont entrés à  l’intérieur du gouvernorat et les combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad ont fui, d’autres ont été tués, d’autres arrêtés », selon le récit fait à  l’AFP par le propriétaire de la station-service qui jouxte le gouvernorat. Des témoins ont affirmé qu’après avoir pris QG du MNLA, les « moudjahidines » se sont dirigés vers un camp militaire tenu par le MNLA situé près de l’aéroport de Gao. Gao sous la coupe des islamistes « Le Mujao contrôle actuellement le terrain » affirme un témoin selon qui la tension est encore très vive dans la ville. « Les gens sont terrés chez eux. Même pendant les combats entre le MNLA et l’armée malienne en mars, on n’avait pas vu ça » ajoute-t-il. Si la prise de la ville de Gao se confirme, ce sera la deuxième ville a échappé au MNLA après Tombouctou qui est sous contrôle d’Ançar Dine et ses alliés depuis le mois d’avril. Les islamistes avaient combattu aux côtés des rebelles touareg pour la conquête des principales villes du nord Mali, fin mars-début avril. Mais depuis, ils s’opposent sur les objectifs de leur action. Le MNLA ayant des ambitions indépendantistes mais laà¯ques, les islamistes instaurant la charia, la loi islamique, dans les localités qu’ils contrôlent.

Le gouvernorat de Gao, QG des rebelles touareg, a été pris par les islamistes

Le gouvernorat de la ville de Gao (nord-est du Mali) qui servait de quartier-général à  la rébellion touareg, a été pris mercredi par les islamistes après plusieurs heures de combats qui ont fait des victimes parmi les combattants touareg, ont rapporté des témoins à  l’AFP. Les islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) « sont entrés à  l’intérieur du gouvernorat. Les combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) ont fui, d’autres ont été tués, d’autres arrêtés », selon le propriétaire de la station-service qui jouxte le gouvernorat. « Je suis devant le gouvernorat, les moujahidine sont entrés à  l’intérieur, ils contrôlent le gouvernorat et les environs », a affirmé un autre témoin, Issa Fané, membre de l’asssociation des ressortissants de Gao. Selon lui, il y a « des blessés, des morts, des prisonniers » dans les rangs du MNLA. Ces témoins ont affirmé qu’après avoir pris le contrôle du gouvernorat, les combattants du Mujao se dirigeaient mercredi après-midi vers un camp militaire tenu par le MNLA situé près de l’aéroport de Gao. Un ancien policier malien en poste à  Gao, qui ne travaille plus depuis la prise de la ville par différents groupes armés il y a trois mois, a affirmé que « plusieurs prisonniers du MNLA sont actuellement au commissariat » central. « Le Mujao contrôle actuellement le terrain. Des prisonniers du MNLA sont au commissariat, d’autres ont fui la ville, d’autres sont morts ou blessés. mais c’est la débandade » dans les rangs du mouvement rebelle touareg, a-t-il dit.

Jeunes du COREN : « Nous sommes prêts à libérer nos frères»

Après la mort d’un élu local à  Gao, les populations ont battu le pavé à  Gao hier mardi pour dire leur colère au MNLA, accusé d’avoir tiré sur les manifestants. Le bilan est lourd, un mort et une douzaine de blessés. Pour manifester leur solidarité avec leurs familles victimes de l’occupation du nord et protester contre l’incident de ce 26 juin, les jeunes du Collectif des Ressortissants du Nord organisent un sit-in à  Bamako. Vive colère Ils pointent du doigt la lenteur du gouvernement Docteur Cheick Modibo Diarra qui réchigne à  libérer le nord Mali des mains des rebelles. Ils étaient plus d’une cinquantaine à  se regrouper sous le monument de la Paix pour exprimer leur mécontentement. « Libérer le nord », « libérer nos frères et nos parents des envahisseurs » tels sont leurs slogans que scandent les jeunes manifestants. Sur les banderoles qu’ils brandissent on pouvait lire les noms des victimes à  Gao: « Mandé Kanté, bléssé, il a 21 ans domicilié au 4ème quartier à  Gao, Idrissa Oumarou, tué par Balle, élu local, domicilié au 8ème quartier » etc. Selon leur porte-parole, Mamadou Diouara, l’objectif principal du sit-in est d’interpeller le gouvernement du Mali afin qu’il envoie l’armée libérer leurs parents. « Nous sommes indignés de la lenteur de l’armée malienne à  récupérer les trois régions du Mali. Nos parents n’ont plus le droit de s’exprimer, de revendiquer sans se voir arroser par les balles des rebelles. Si l’armée est incapable d’y aller, elle n’a qu’à  nous donner les moyens, nous les jeunes sommes prêts à  libérer nos frères au prix de notre sang » dit-t-il. Boubacar Maiga, un manifestant s’indigne que le gouvernement malien ait oublié le nord pour s’intéresser à  d’autres problèmes inutiles. «Nous avons été délaissés par le gouvernement du Mali et nos militaires n’ont même pas la volonté d’aller se battre » se lamente –t-il. Pour montrer leur attachement au Mali est UN et Indivisible, les jeunes manifestants ont bloqué les deux voies aller et retour et ont exécuté l’hymne national du Mali. Avant l’organisation de ce sit-in, les jeunes avaient marché déjà  hier mardi.

Manifestation à Gao, le MNLA tire sur la foule (témoins)

Idrissa Oumarou , enseignant de profession et élu de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma) a été tué lundi tard dans la nuit par des hommes armés non identifiés. Selon les membres de sa famille, il est sorti à  moto de chez lui pour se rendre à  « un rendez-vous après avoir reçu un appel téléphonique ». « C’est en route que des hommes armés ont abattu notre parent », ajouté ce membre de la famille, qui s’est identifié comme Djibril. A l’hopital de Gao, on confirme avoir reçu la dépouille de l’élu. Un infirmier indique que l’homme a été tué par balles. « Ce sont des islamistes armés jouant le rôle de police la nuit qui ont amené le corps à  l’hôpital en disant qu’ils l’ont trouvé à  terre », a-t-il expliqué. Le MNLA, responsable ? A Gao depuis ce matin, il y a foule dans les rues pour dire «assez ». La manifestation, initiée par le Collectif « Nous Pas Bouger » qui refuse la partition du territoire, a mobilisé jeunes, femmes et enfants dans les rues de la ville. Les marcheurs ont occupé tous les coins de Gao en chantant à  tue-tête l’hymne national du Mali. Si aucne information officielle n’a été donné sur ce crime, pour les membres de « Nous Pas Bouger » les coupables sont connus. « C’’est le MNLA qui a tué M. Oumarou, nous déclare un membre du Collectif sous couvert de l’anonymat. Il a toujours été contre leur présence et contre la partition du Mali. C’’est pour ça qu’ils l’ont tué, parce qu’il n’était pas d’accord avec eux ». Toujours selon notre interlocuteur, les hommes du MNLA, acculés à  leu Quartier Général, auraient commencé à  tirer sur la foule des manifestants. Il y aurait eu au moins un mort et plusieurs blessés. Cette information n’a pas encore été confirmée, tous les appels vers la ville de Gao ne passant pas. « Nous ne voulons plus des gens du MNLA, ni du Mujao chez nous à  Gao. Il faut que l’armée malienne vienne rapidement pour nous aider à  chasser les bandits armés », a déclaré Moustapha Maà¯ga, un élu d’une localité proche de Gao à  l’AFP. C’est dans cette ville qu’en mai avait déjà  eu lieu la première manifestation de colère contre l’occupation de la ville par les groupes armés, en particulier islamistes. Des hommes armés avaient empêché des jeunes de jouer au football et de regarder la télévision, ce qui avait provoqué de violentes manifestations anti-islamistes, qui avaient été réprimées, faisant au moins cinq blessés.

Que pensent les Maliens d’une intervention étrangère au nord ?

« Nous voulons retrouver notre dignité, notre honneur et notre souveraineté. Personne ne doit faire la guerre à  notre place. Nous avons des troupes capables de chasser les envahisseurs au nord. Seuls les armements nous manquent », témoigne Ousmane Dicko, médecin à  Bamako. «Â Le premier ministre a vite compris que la résolution de ce problème passe par le dialogue et non par les armes ». «Â s’opposer à  l’intervention au nord, C’’est être l’ennemi du Mali » Yacouba Maiga, ressortissant du nord estime lui que «Â toute personne qui s’oppose à  l’intervention de la force étrangère au Mali pour libérer les régions du nord est l’ennemi du Mali : « Je suis venu de Gao il y’a deux semaines, mes frères qui sont là -bas ne veulent plus de condamnations mais qu’on libère le nord des mains des envahisseurs qui tuent, violent et pillent. D’autres sont plus virulents sur l’absence de réaction du gouvernement :  » Cheick Modibo Diarra constitue le véritable blocage pour l’intervention de la force internationale. Parce qu’il agit sous les ordres du capitaine Amadou Haya Sanogo qui rejette toute intervention militaire de la CEDEAO. Ils veulent cacher l’incapacité de nos militaires à  faire face à  l’ennemi » tempête Boucary Diarisso, professeur de français « Les maliens doivent avaler leur fierté et laisser la communauté internationale nous aider. On n’a pas besoin d’en faire la demande. Les Maliens sont humiliés au nord et l’intervention doit être immédiate. Nos militaires ont peur de se battre contre les rebelles », renchérit Mohamed Sangaré, huissier. Pour Nouhoum Coulibaly, garagiste à  la zone industrielle : « La guerre demande des moyens. Si nos militaires doivent aller au front, on peut se passer de la force internationale ». « La CEDEAO bluffe » Pour Djibril Sacko, informaticien , l’intervention de la CEDEAO tarde à  se matérialiser : « Je ne crois plus en l’action de la CEDEAO. On nous a tympanisé avec alors qu’aucun signal n’est visible. D’ailleurs, pourquoi mettre cette intervention entre les mains du gouvernement ? Le dialogue a assez duré ! » Enfin de compte, il faut agir et vite, estime Ramata Keita, historienne « Aujourd’hui, le Mali n’a plus de choix, l’intervention de la CEDEAO s’impose car le problème dépasse les frontières maliennes avec l’implantation des islamistes dans la région. Le Mali n’est qu’un maillon dans ce conflit qui implique les voisins directs que sont le Niger, la Mauritanie et l’Algérie.

En perte de vitesse, le MNLA annonce la création d’un Conseil transitoire de l’Etat de l’Azawad

Après la fusion ratée avec le groupe islamiste Ansar Dine, les hauts responsables du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont annoncé le 7 juin via un communiqué la création d’un Conseil transitoire de l’Etat de l’Azawad (CTEA) doté de 28 membres. On retrouve dans ce gouvernement avant l’heure les principales figures du mouvement rebelle, comme Bilal Ag Cherif, nommé président. A la Défense, le colonel Mohamed Ag Najim, qui a mené les offensives depuis le début de l’offensive de la rébellion le 17 janvier à  Ménaka. Têtes d’affiche Aux relations extérieures et à  la coopération internationale, Hama Ag Mahmoud, qui a rapporté les affrontements entre le Mnla et Ansar Dine, le 6 juin. Ecrivain habitué des médias français, Moussa Ag Assarid devient chargé de l’Information. Quant à  la femme d’affaires et l’ex-maire élu de Kidal, Nina Wallet Intallou, membre du bureau politique du MNLA à  Nouakchott, elle hérite de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille. Selon le communiqué du MNLA le CTEA « affirme vouloir mettre en œuvre la politique générale de l’Etat de l’Azawad en matière de développement, de la défense, de la sécurité, de la politique extérieure, de l’éducation, de la cohésion sociale et de la gestion du territoire ». Mais cette nouvelle instance, tout comme la proclamation, le 6 avril 2012, de l’Etat de l’Azawad, n’a pas été officiellement reconnue. Le MNLA en perte de vitesse l’annonce de la création du CTEA intervient au moment o๠tout indique que le MNLA est en perte de vitesse. « Il est clair que depuis un moment, ils ont perdu du terrain. D’abord politiquement, car leurs alliés mauritanien, français et algérien sont en train de les lâcher un à  un. Par ailleurs, Ansar Dine a une nette prédominance sur le terrain. La scission entre les deux groupes est claire », explique l’avocat Mamadou Konaté. Eparpillée entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest, la nébuleuse du MNLA se dote également via le CTEA d’une structure officielle facilitant d’éventuelles négociations. Un « interlocuteur de l’Etat de l’Azawad tant au plan national qu’international », lit-on dans le communiqué. « A la limite, cette instance, peut prendre des décisions, mais la marge de manœuvre du MNLA est aujourd’hui très réduite », ajoute l’avocat. Tout nouveau «Â Chargé des Azawadi de l’Extérieur, des Droits de l’Homme et de l’Action Humanitaire », au sein du CTEA, Ibrahim Mohamed Ag Assaleck a affirmé au médiateur de la Cédéao Blaise Compaoré sa préférence pour la négociation, lors de sa visite à  Ouagadougou. Par ailleurs, la saisine du Conseil de sécurité des Nations Unies par les instances de l’Union Africaine et de la Cédéao ne laissent plus dgrand choix au MNLA de revendiquer quoi que ce soit. Le rapport de force international est clairement en faveur de Bamako. Reste pour le gouvernement de transition à  actionner les bons boutons.

MNLA vs Ansar Dine : duel entre frères ennemis

Après l’alliance ratée entre le groupe rebelle indépendantiste et le mouvement islamiste Ansar Dine, des affrontements ont opposé les deux factions qui se disputent le nord avec une nette prédominance d’Ansar Dine dirigé Iyad Ag Ghaly. Tous issus du nord, les leaders de ces groupes armés peinent à  s’entendre désormais empruntant la voie des armes, et au risque d’installer une guerre tribale dans le nord du Mali. « Affrontements nourris » « Les combattants du MNLA et ceux d’Ansar Eddine se sont affrontés dans la nuit de jeudi à  vendredi dans la périphérie de Kidal », a déclaré un fonctionnaire de la ville, joint par téléphone depuis Bamako. « Le calme est revenu à  l’aube », a-t-il ajouté, tout en précisant avoir «constaté que les quelques drapeaux du MNLA qui flottaient dans la ville ont été enlevés ». « à‡a a vraiment tiré. Ansar Eddine était au nord de Kidal, un groupe du MNLA au sud », a déclaré un autre civil. Les deux témoins ont dit ne pas avoir d’informations sur d’éventuelles victimes, selon l’AFP. Désormais, l’un de ces groupes veut avoir le contrôle exclusif du nord. Si Ansar Dine n’a pas réussi à  absorber le MNLA, avec l’instauration d’une République Islamique de l’Azawad, le recours à  la force montre les intentions du groupe islamiste de diriger la zone. A Kidal, dans l’Adrar des Ifoghas, région dont est originaire Iyad Ag Ghaly, le MNLA en parti soutenu par les habitants n’entend pas se laisser écarter. Par ailleurs, les islamistes accusent les rebelles d’avoir manipulé les femmes de Kidal contre eux, en les incitant à  la marche du 6 juin dans les rues de la ville. Vers une guerre des clans ? La division s’installe désormais entre les deux groupes armés, qui ont combattu côte à  côte pour la prise des villes du nord, début Avril au moment o๠Bamako vivait le putsch du 22 Mars. Si Ansar Dine a prêté main forte au MNLA pour la prise de villes comme Tessalit ou Aguel’hoc en fin janvier, le MNLA se voit exclu des zones de contrôle, qu’il a longtemps convoitées. L’alliance ratée a ensuite sonné le glas de relations impossibles entre deux mouvements qui poursuivent des objectifs différents. Après l’échec du dialogue, l’affrontement a fini par avoir lieu :  » Que ces deux groupes s’affrontent ne profitent à  personne. Ni au pouvoir de Bamako, qui aura affaire à  plusieurs ennemis. Mais surtout, il y a un véritable danger pour les populations qui vivent sous l’emprise de ces groupes armés », estime l’avocat Mamadou Konaté, observateur de la crise du nord. Jeudi 7 juin, l’Union Africaine, au terme de la réunion d’Abidjan, a appelé à  une saisine du Conseil de sécurité des Nations Unies pour une intervention militaire au nord. Le temps presse désormais.

Nord Mali : l’imminence d’une offensive malienne…

La visite du Premier ministre, aux militaires de Ségou, le 1er juin, précède t’elle une offensive de l’armée malienne vers le nord. Les deux tiers du territoire, de Tessalit à  Douentza, sont contrôlés, depuis le début du mois d’Avril, par les rebelles du MNLA et divers groupes armés ou djihadistes comme Ansar Dine et Aqmi. A Sévaré, un militaire nous informe que les troupes se préparent. Là , à  600km, sont rassemblés quelques milliers de soldats maliens. « Ils préparent des MIG, des chars de combats, peaufinent les stratégies ».  » Pas un centimètre carré de territoire ne sera cédé  » L’offensive viserait à  libérer Douentza, à  800km de Bamako et dernier rempart contre les occupants, un point stratégique pour ensuite progresser vers le nord. « Il n’est pas question de renoncer à  un seul centimètre carré de notre territoire », avait déclaré Cheick Modibo Diarra aux soldats à  Ségou. Pour motiver davantage, les troupes, une « prime d’opération », serait prévue pour ceux déployés au front.Démoralisée, décapitée de son commandement aux premières heures de l’attaque de la rébellion, et surtout traumatisée par l’attaque d’Aguelhok, fin janvier, l’armée malienne a certainement besoin d’être galvanisée pour retourner au front. » Avoir le matériel oui, mais pas les hommes, n’aident pas une guerre! », analyse un éditorialiste malien. Du côté de Bamako, au ministère de la Défense, on ne laisse rien filtrer. « C’est le matériel qui est entrain d’être préparé, on rassemble, mais ce sont les militaires qui manquent à  l’appel », témoigne, un ancien de la Sécurité d’Etat. La première sortie du Premier ministre à  Ségou était nécessaire, témoigne un officier en poste à  Bamako. « Discrétion totale » Des soldats ont été déployés à  Sévaré (base du commandement opérationnel pour le nord depuis la prise de Gao en avril dernier) à  partir des camps de Ségou, Sikasso et Kayes pour étoffer l’effectif. Et pour mener ces hommes au combat, deux hommes, les généraux Mahamadou Maà¯ga (gouverneur de Kayes) et Minkoro Kané qui sont réputés dans l’art de la guerre et respectés par les troupes et la hiérarchie militaires. La stratégie de reconquête du nord, inclut par ailleurs, des éléments de renforts comme les milices sonrhais du nord (Ganda Izo et Ghanda Koy). En attendant l’appui des forces d’intervention étrangères comme celles de la CEDEAO ou la communauté internationale, l’armée malienne, dont le rôle premier est la défense de l’intégrité territoriale du Mali, semble reprendre du galon. Si cette offensive s’avérait un succès, elle conforterait la position du gouvernement, en vue des négotiations avec les occupants du nord, notamment un certain Iyad Ag Ghaly…

Le MNLA rejette la fusion avec les islamistes d’Ansar Dine

La fusion entre les rebelles touaregs du MNLA et les islamistes d’Ansar Dine n’est plus d’actualité. Dans un communiqué du bureau politique et du bureau exécutif, le MNLA rejette catégoriquement l’accord signé le 26 mai avec Ansar Dine à  Gao. Le texte élaboré par les deux mouvements faisait mention d’un Etat islamiste de l’Azawad indépendant régi par la loi islamique. Le MNLA dénonce ce texte jugé trop radical, contraire à  ses valeurs. Depuis dimanche de nombreuses voix se sont élevées à  Gao, Tombouctou, mais aussi dans les diasporas tamacheks pour dénoncer un accord jugé inacceptable. Selon des cadres du MNLA présents à  Gao, ce texte est incompatible avec les valeurs du MNLA, Mouvement national de libération de l’Azawad : il y est question d’Etat islamique entièrement fondé sur le Coran, et sur la sunna. « Un accord mort-né  »  » Aujourd’hui, nous mettons fin totalement à  cet accord. Ansar Dine veut absolument appliquer la charia, et nous nous sommes un mouvement laà¯que. Il n’a jamais été question de mouvement intégriste (…) Cette rupture peut coûter cher au MNLA. Mais nous sommes les seuls à  pouvoir combattre les islamistes dans cette région. Nous savons le faire. » Au MNLA, on se défend d’avoir cru à  cet accord « en se rapprochant d’Ansar Dine ,on voulait éviter à  des jeunes de chez nous d’aller se perdre chez Aqmi, mais finalement», reconnait ce cadre de Gao « nous avons été floués ». Certains accusent l’intransigeance d’Ansar Dine sur la question de la charia mais accusent aussi des responsables du MNLA qui ont joué depuis le début, un double jeu vis-à -vis du groupe de Iyad Ag Ghali : ce rejet unilatéral va faire tomber les masques et clarifier les positions mais le MNLA joue gros. Parmi les dirigeants, on ne cache pas l’inquiétude de voir partir des combattants vers Ansar Dine, plus riche et plus fort. Mais, on se dit prêt à  prendre ce risque pour démontrer à  la communauté internationale que le MNLA peut être un partenaire crédible pour lutter contre les terroristes d’Aqmi, Al-Qaà¯da au Maghreb islamique.

Etat Islamique de l’Azawad : un mariage sous l’épée

Après avoir annoncé leur projet de fusion, le MNLA et le groupe islamiste Ansar Dine ne s’entendent déjà  plus sur les bases de la création de l’Etat Islamique de l’Azawad. Si Ansar dine reste inflexible sur l’application pure et dure de la charia, le MNLA penche pour l’instauration d’une charia modérée afin de rester dans les bonnes grâces de la communauté internationale. Cette partie du communiqué final, constitue la pomme de discorde entre les deux groupes armés occupants le nord du Mali. «Â Alliance dangereuse » Il y’a tout juste une semaine, précisément le 22 mai, le parlement européen a invité une délégation du MNLA composé de Hama Aga Sidi Mahmoud, ancien ministre de Moussa Traoré (et chef de la délégation), Zakiatou Walatt Halatine, ex ministre d’Alpha Oumar Konaré et Moussa Ag Assarid, jeune écrivain et porte-parole du MNLA en France. Cette rencontre avait été initiée en faveur du MNLA par l’Eurodéputé corse François Alfonsi, président du groupe d’amitié «Â Euro Amazigh » au parlement européen. Mais avec l’alliance conclue avec les islamistes, la position des rebelles et leur volonté d’autonomisation géographique et politique n’est plus défendable aujourd’hui. D’emblée, l’alliance a été unanimement rejetée. «Â Avec Iyad ou contre Iyad » Sur l’application de la charia, le MNLA, réfute le protocole d’accord initial entendu avec le groupe Ansar Dine : «Â  Nous avons refusé d’approuver le communiqué final, parce qu’il est différent du protocole d’accord que nous avons signé », a déclaré Ibrahim Assaley, élu du Nord malien et membre du MNLA. « Dans le communiqué écrit par Ansar Eddine, on parle d’application de la charia « pure et dure », on parle aussi d’interdire le Nord aux organisations humanitaires non-musulmanes : ce n’était pas précisé dans le protocole d’accord », a poursuivi l‘élu. De son côté, Ansar Dine garde une position de fermeté. Sans attendre d’être en parfaite harmonie avec le MNLA, le mouvement a déjà  consolidé ses bases avec AQMI, lors d’une rencontre tenue le lundi à  Tombouctou entre chefs djihadistes. « La rencontre est terminée. Ils ont consolidé leurs relations », a déclaré à  l’AFP l’entourage d’un imam de la grande ville. Le MNLA ne serait alors qu’un recrutement massif d’hommes et de logistique pour Ansar Dine dont l‘idéologie dépasse les frontières de l‘état de l‘Azawad. Une alliance de forme, qui dans le fond, servirait davantage AQMI dont les objectifs sont en parfaite corrélation avec ceux d’Iyad Ag Ghaly. Dans ce cas précis, le MNLA, s’il veut survivre dans la toile d’araignée du nord, devra revoir sa stratégie pour défendre l’irrédentisme touareg longtemps recherché. Au même moment, une nouvelle mouvance, dite du Front de libération du Nord Mali(FLNM) a fait irruption sur la scène.

Le MNLA sous l’aile d’Ansar Dine

Après la République autoproclamée de l’Azawad, la République islamique de l’Azawad. Les rebelles indépendantistes du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) ont fini par se plier à  la loi du plus fort, à  savoir Ansar Dine et sa charia. Plus question d’un Etat laà¯c indépendant pour le MNLA, qui répétait depuis des mois sa volonté d’instaurer un Etat libre et démocratique dans le Nord du Mali et de combattre Al Qaà¯da au Maghreb Islamique (Aqmi). Ansar Dine en position de force Les voilà  désormais main dans la main avec les islamistes d’Ansar Dine, menés par l’ancien rebelle touareg Iyad Ag Ghaly. Dès la conquête des principales villes du Nord début avril, ils ont cantonné le MNLA aux périphéries et ont descendu le drapeau de l’Azawad pour le remplacer par le drapeau noir islamiste. La preuve de leur puissance. Mieux équipés, plus nombreux que le MNLA, ils sont les principaux artisants des défaites de l’armée malienne dans plusieurs villes du Nord. Ils avaient tenu à  le faire savoir dans un vidéo diffusée sur internet. On y voyait les combattants d’Ansar Dine attaquer Aguel’Hoc, o๠plusieurs dizaines de soldats maliens ont été tués et exécutés. de transition Se prémunir d’une contre-offensive de l’armée malienne A la différence du MNLA, qui souhaite un Etat indépendant limité aux régions du Nord, Ansar Dine prône l’imposition de la charia à  l’ensemble. De quoi faire craindre une « afghanisation » de la région. D’autant qu’en l’absence de réaction militaire du Mali et de la communauté internationale les nouveaux alliés ont tout le temps de grossir leur rang de jeunes désœuvrés. Composé de 1500 hommes au début de la rébellion, le MNLA aurait atteint plus de 5000 combattants aujourd‘hui, selon l’hebdomaire Jeune Afrique. Beaucoup ont fait défection pour rejoindre les rangs d’Ansar Dine. Cette alliance de circonstance semble pour eux un moyen de ne pas perdre la face. Des négociations facilitées ?  » C’’est une alliance de forme, au cas o๠ce groupe armé aurait affaire à  une attaque de l’armée malienne, a témoigné Zeidane Sid Alamine, ancienne figure de la rébellion des années 90, sur les ondes de RFI. Ils sont plus proches d’Ansar Dine que d’AQMI », pense-t-il. Côté malien, on rejette cette alliance. Côté Cédéao, on préfère penser qu’avoir à  faire à  une seule organisation pourrait faciliter la négociation, option préférée par le gouvernement de transition

Forum sur le nord : Les élus à coeur ouvert

L’on retiendra une salle pleine à  craquer à  l’ouverture du Forum sur le nord, organisé le 17 Mai, par le parti pour la Renaissance Nationale (Parena) et chapeauté par son président Tiébilé Dramé : «Â Notre réunion se tient dans un contexte d’impasse politique et institutionnelle particulièrement grave ». Pour l’ancien médiateur de la crise Malgache, les interrogations sont nombreuses mais l’heure est aux solutions : «Â Nous avons le devoir de conjuguer nos efforts, de créer les synergies nécessaires, de nous unir autour de cette grave question. C’’est à  cette question que nous pourrons apporter une contribution efficace à  la résolution de la crise qui nous a fait perdre plus de 2/3 du territoire », a précisé Tiébilé Dramé.  » Retour sur les accords de paix » Face à  Tiébilé Dramé, modérateur du forum, de nombreuses personnalités ont fait le déplacement à  l’hôtel Nord Sud de Bamako, des élus du nord, d’anciens ministres du régime AT, des diplomates et représentants de l’Union Européenne. Face à  lui, de nombreuses personnalités ont fait le déplacement à  l’hôtel Nord Sud de Bamako, des élus du nord, d’anciens ministres du régime AT ou des diplomates ou représentants de l’Union Européenne. Après les thématiques, sur les différents accords de paix, le Pacte National, les Accords d’Alger, les revendications des mouvements armés comme le MNLA et Ancar Dine, et l’implication de la communauté, la deuxième partie du forum a permis aux uns et aux autres de s’exprimer librement, l’occasion pour chacun de dire ses vérités sur ce qui a conduit à  la partition du territoire malien : « Catharsis » «Â Dans le Nord, il n’y avait plus d’état. On n’avait pas l’impression de faire partie du Mali », a décrié Mahamane Touré, le maire de Bourem, en évoquent l’abandon des régions du nord, devenues des zones de non droit o๠tous les trafics ont fleuri au fil des ans. Sans compter la présence d’Aqmi, le réseau terroriste spécialiste des enlèvements d’occidentaux… «Â Le Nord est un problème national de premier ordre. Les Maliens doivent se parler », estime Mamadou Diagouraga, ancien commissaire au Nord. Et de faire un bilan critique de la mise en œuvre du Pacte National de 1992. Pour Zeidane Ag Sidalamine, ex Secrétaire général du Mouvement des Fronts Unifiés de l’Azawad (MFUA) : «Â Les pistes de réponse à  cette crise du nord, se trouvent dans ce même Pacte National ». l’ancien rebelle va plus en loin en pointant la responsabilité du nord : «Â Le nord doit s’auto-accuser et s’auto-flageller ! ». « Décentralisation et démilitarisation » Auto flagellation ? l’on n’y était avec des interventions dynamiques ou patriotiques appelant à  l’unité nationale ou décriant l’absence de volonté politique aussi bien du côté du pouvoir central que des élites du nord. «Â Le processus de décentralisation n’a pas été mené comme il le faut !», ajoute Sidalamine. Plus dramatique, précise Tiébilé Dramé : « l’allégement progressif des forces armées, n’a-t-il pas crée l’insécurité au nord ? A partir de 2006, les Accords d’Alger n’ont-il pas définitivement levé la sécurité au nord ? » «Â  Va t-en guerre ? » Quant à  la reconquête des territoires du nord, là  encore, les avis divergent. Pour Mohamed Ag Erlaf, ancien ministre : «Â Il est impossible de faire la guerre avec l’armée actuelle. Il y’a plutôt lieu de se demander quel type d’armée ou quel type de militaire il nous faut au nord ? ». Une solution à  la nigériane est-elle possible ?  » Au nord du Nigéria, il y a des régions qui s’auogouvernent en appliquant la charia. Une telle configuration est-elle envisageable au Mali pour suavegarder l’intégrité territoriale du Mali, avec la présence d’Ansar Dine ? », se demande Tiébilé Dramé. Pour Richard Zink, Ambassadeur de l’Union Européenne, la déclaration de la Haute représentant de l’UE, Cathetine Ashton fait écho: «Â Il appartient au gouvernement intérimaire de décider quel appui, y compris militaire, il souhaite des partenaires extérieurs, et de qui ?  » Pour Awa Assadana, vice présidente de l‘assocation Temedt, l’inquiétude demeure sur le risque de guerre civile au nord avec la révolte des habitants de Gao le 14 Mai. Malgré tout, elle est contre une intervention de la CEDEAO : «La CEDEAO ne peut pas intervenir au nord Mali. Sur quelle base la CEDEAO va-t-elle nous libérer ? Peut-on faire confiance à  ces «Â mercenaires » qui ont violé, tué et pillé sur d’autres terrains d’intervention et propagé le Sida ? ». «Â Si quelqu’un a une meilleure idée que l’intervention de la CEDEAO, qu’il le dise », a lancé de son côté El Hadj Baba Haidara, un député de Tombouctou. «Il y a ici, des pro et des anti-putschistes, C’’est bien la preuve que l’on peut encore se parler », a conclu Tiébilé Dramé, après une longue journée d’échanges. Les conclusions du Forum seront-elles portées à  la connaissance du grand public –

La CEDEAO doit-elle intervenir rapidement au Mali ?

Les 3 régions du nord Mali s’enlisent davantage après leurs annexions fin mars par différents groupes rebelles. La population elle hausse le ton et manifeste contre les envahisseurs. En témoigne la descente lundi 14 Mai, de jeunes de Gao dans la rue pour dénoncer l’invasion des rebelles depuis maintenant 40 jours. «Â Tout le monde en a marre des groupes armés », déclare Ousmane Telly, un fonctionnaire à  Gao. A Kidal, d’autres se sont levés pour soutenir le MNLA, en rejetant le mouvement Ancar Dine qui impose la charia. Une pratique incompatible avec les réalités des habitants du nord. Face à  une telle situation, la question d’une intervention militaire de la CEDEAO fait débat. «Â  Le bras de fer CNRDRE/CEDEAO » Le CNRDRE, suivi par une bonne partie de la classe politique et même de la société civile ont affiché leur opposition au déploiement à  Bamako pour dit-on «Â sécuriser les organes de la transition ». Pour eux, l’urgence demeure le nord. «Â Nous ne voulons pas d’une force étrangère à  Bamako. s’ils veulent nous aider, qu’il descendent au nord », disait le leader du CNRDRE, Amadou Haya Sanogo, dans l’une de ses déclarations. La rencontre des Chefs d’Etats de la CEDEAO, le 3 mai dernier à  Dakar, avait instruit à  la commission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de préparer la force en attente de la CEDEAO en vue de son déploiement immédiat dès que le Mali en ferait la demande. Tout serait déjà  prêt militairement coté CEDEAO pour appuyer le Mali. La CEDEAO prête à  intervenir » Dans sa dernière déclaration, faite à  Abuja, sur la situation au Mali, les chefs d’Etats Majors de la CEDEAO ont réitéré leur engagement ferme pour le rétablissement rapide de l’unité et de l’intégrité territoriale du Mali. «Â A cet égard, la Commission est prête, dès qu’une demande formelle sera faite par le Gouvernement, pour déployer la Force en Attente de la CEDEAO afin de protéger les couloirs humanitaires et d’apporter une assistance aux efforts de rétablissement de l’intégrité territoriale de la nation », indique le communiqué. C’’est dire que la balle est dans le cas du Gouvernement malien. Mais, assurément, l’avènement des forces Ouest africaines n’est pas pour l’immédiat. Vu que leur présence n’est sollicitée qu’au nord. Le Gouvernement de la transition s’attelle plutôt à  adopter un plan de dialogue avec les différents groupes rebelles au nord, en prélude à  toute initiative militaire. Concernant la crise au Nord, l’émissaire Djibrill Bassolé a indiqué que des contacts sont en cours en vue d’un dialogue entre gouvernement malien et mouvements armés. «Â Je pense que très bientôt nous aurons les premiers entretiens, », a t’il dit, sans autre précision.

Révolte et indignation à Gao

Depuis qu’Ansar Dine s’est érigé en maà®tre dans la cité des Askia, la population n’en finit plus de subir interdictions et contraintes. Le mouvement d’Iyad Ag Ghaly y a banni toutes les activités comme le foot, la projection de vidéos ou encore les rassemblements de jeunes. « Trop, c’est trop ! » Pour ceux qui sont restés sur place, C’’est l’enfer. Les autres ont quitté la ville depuis le début de la prise de Gao par les rebelles le 31 Mars. Les occupants auraient même tenté de profaner les tombeaux des fondateurs de la ville. «Â Les civils ont organisé une ceinture de protection. La tension est montée », a ajouté ce responsable municipal. Après la profanation d’un Mausolée à  Tombouctou, les rebelles qui ont auto-proclameé l’indépendance de l’Azawad semblent n’avoir aucun respect pour les vestiges culturels qui font la valeur des villes du nord Mali. Et pour dire non à  l’application de la charia , des jeunes, des femmes sont descendus dans rue ce lundi dans la rue. Selon des témoins, dans un des quartiers, des manifestants ont arraché les drapeaux d’Ansar Dine et du MNLA et ont hissé à  la place le drapeau national malien. « Les femmes, les enfants, les jeunes… tout le monde était dehors et demandait le départ de groupes armés. Nous n’avons plus peur. Trop, c’est trop », a affirmé Abdoulaye Diré, animateur d’une radio locale, selon l’AFP. « Riposte des groupes armés « A Gao, la situation empire de jour en jour. Viols, exactions sommaires, manque de nourriture et de soins de santé, les organisations humanitaires comme Human Right Watch (HWR) ont plusieurs fois tiré la sonnette d‘alarme. Certains témoignages font état de pratiques qui vont à  l’encontre du respect des droits de l’homme et de la liberté d’expression. Le respect de la personne humaine est lui constamment bafoué. En riposte à  la manifestation, un témoin a affirmé que les hommes du MNLA et d’Ansar Eddine tiraient en l’aire pour effrayer la foule. Les rebelles contrôlent les entrées et sorties de la ville et se promènent continuellement à  bord de jeeps, armés jusqu’aux dents, pour créer un climat de psychose à  Gao. Alors qu’un premier bilan de l’affrontement fait état de 5 blessés selon une source hospitalière, cette révolte populaire à  Gao, montre bien que tous les ressortissants du nord ne partagent les revendications indépendantistes et idéologiques du MNLA ou du groupe Ansar Dine. Du reste, Gao, qui s’est levé ce lundi 14 Mai, pour dire non, pourrait être à  l’avant du combat ultime contre l’occupation du Nord.

La République autoproclamée de l’Azawad tient son premier congrès

Pendant que la transition malienne était en discussion à  Abidjan, au dernier sommet des chefs d’états de la CEDEAO, une rencontre pour le moins unilatérale se tenait à  Gao. Azawadiens et Azawadiennes s’y rencontraient malgré les condamnations de la communauté internationale à  l’encontre de la république de autoproclamée par le MNLA un 6 Avril 2012. Alors que des contacts dits « positifs » avaient été établis à  Nouakchott dernièrement, le mouvement rebelle prend les devants et entend imposer son idéologie en prenant acte de sa déclaration d’indépendance. Face à  l’envoi des forces de la CEDEAO au Mali, le porte parole du MNLA, Mossa Ag Attaher est virulent :  » Le MNLA suit de près cette intrusion et a déjà  mis en garde contre les conséquences désastreuses de toute action militaire d’une telle force sur le territoire de l’Azawad…La CEDEAO de l’Azawad est prête pour toute éventualité ». « Organiser la république de l’Azawad » L’objectif de la rencontre de Gao, qui aurait réuni près de 1000 personnes à  Gao, était en premier lieu de mettre en place des structures ayant acquis l’adhésion des Azawadiennes et Azawadiens, car jusque-là  le MNLA était dirigé par un Bureau exécutif constitué dans l’urgence suite au déclenchement des hostilités avec l’armée malienne. Face à  la situation d’insécurité qui prévaut au nord du Mali, la démarche irrite : « Ils veulent prendre les devants et saboter la négotiation », commente cet observateur. Mais ils ne sont en aucun légitimes dans leur démarche. Ils ne peuvent à  cause d’un petit regroupement prétendre parler au nom de toutes les communautés du nord » Ces mêmes communautés réfugiées et déplacées suite à  l’occupation du terrain par divers groupes islamistes et rebelles. Désormais, c’est le FNLA, le front national de libération qui contrôlerait une partie de Tombouctou selon les dernières informations. , »Se démarquer des groupes islamistes » Si à  Gao, Aqmi avait une main mise, c’est pourtant là , dans cette capitale du nord, que les délégués de l’Azawad ont élu conclave pour convaincre du bien fondé de leur revendications. Selon Mossa ag Attaher, porte parole du MNLA en Europe, le congrès du MNLA et de la société civile de l’Azawad sortira avec des dispositions claires et fermes concernant l’attitude à  adopter quant aux groupes islamistes qui sont entrain d’agir dans l’Azawad et qui tentent d’y semer terreur et violence. Le MNLA aura à  mettre en place une stratégie pour combattre ces groupes et neutraliser leur nuisance dans le pays. Sur le terrain, les choses se compliquent davantage. Avec les sécessionnistes d’une part, les idéologues d’un islam radical d’autre part, vient s’ajouter une troisième mouvance qui ne se situe ni d’un côté ou de l’autre. Le nord Mali est-il devenu un vaste terrain de jeu o๠chacun vient chercher, disputer une certaine influence?

La photo du jour

L’affiche trône un peu partout dans Bamako. Sur cette carte du Mali, on voit deux yeux en larmes. Et un point d »interrogation. Difficile de ne pas faire le lien avec la situation au nord. A visée sociale, l’affiche lance appel au peuple malien pour s’engager en faveur du nord Mali, occupé par les rebelles et les mouvements islamistes. En voyant cette photo, c’est notre fibre patriotique qui est directement touchée. L’initiative vient elle du groupement des agences de communication du Mali. Sur le front social, les initiatives se multiplient ; celle du Collectif « Cri du coeur » qui a lancé une caravane humanitaire en direction des populations du nord Mali. Ou encore l’envoi de vivres et de médicaments par diverses associations sensibles au sort de leurs compatriotes du nord. La Croix Malienne elle vient d’acheminer cinq tonnes de vivres et des médicaments à  Tombouctou menacée d’une crise humanitaire.

L’Azawad est né

Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), principal organisation des rebelles touaregs, a déclaré ce vendredi l’indépendance du Nord-Mali. NOUS, PEUPLE DE l’AZAWAD, Par la voix du Mouvement National de Libération de l’Azawad après concertation avec : Le Comité Exécutif, Le Conseil Révolutionnaire, Le Conseil Consultatif, l’Etat-Major de l’Armée de Libération, Les bureaux régionaux Rappelant les principes du droit international et les principaux instruments juridiques internationaux régissant le droit des Peuples à  disposer d’eux-mêmes, notamment, la charte des Nations Unies en ses articles 1 et 55, les dispositions pertinentes de la déclaration internationale des droits des peuples autochtones ; Considérant, la volonté explicitement exprimée dans la lettre datée du 30 mai 1958 adressée au président français par les notables, guides spirituels de toutes les composantes de l’AZAWAD ; Considérant qu’en 1960, à  l’occasion de l’octroi de l’Indépendance aux peuples Ouest-Africains, la France a rattaché sans son consentement l’AZAWAD à  l’Etat malien qu’elle vient de créer ; Rappelant les massacres, les exactions et humiliations, spoliations et génocides de 1963, 1990, 2006, 2010 et 2012, qui ont visé exclusivement le peuple de l’AZAWAD jusqu’au 1er avril 2012 ; Rappelant, le comportement inhumain du Mali qui a utilisé les différentes sécheresses (1967, 1973, 1984, 2010….) pour faire disparaitre notre peuple par anéantissement alors même qu’il a sollicité et obtenu une aide humanitaire généreuse ; Considérant l’accumulation de plus de 50 ans de mal gouvernance, de corruption et de collusion militaro politico financière, mettant en danger l’existence du peuple de l’AZAWAD et en péril la stabilité sous-régionale et la paix internationale ; Considérant, la libération complète du territoire de l’AZAWAD ; Proclamons irrévocablement, l’ETAT INDEPENDANT de l’AZAWAD à  compter de ce jour Vendredi 06 Avril 2012. DECLARONS : La reconnaissance des frontières en vigueur avec les états limitrophes et leur inviolabilité ; l’adhésion totale à  la charte des Nations Unies ; l’engagement ferme du MNLA à  créer les conditions de paix durable, à  initier les fondements institutionnels de l’Etat basés sur une Constitution démocratique de l’Azawad indépendant. Le Comité Exécutif du MNLA invite l’ensemble de la Communauté Internationale dans un élan de justice et de paix à  reconnaitre sans délais l’Etat de l’AZAWAD Indépendant. Le Comité Exécutif du MNLA jusqu’à  la mise en place de l’Autorité du Territoire de l’AZAWAD continuera à  assurer la gestion de l’ensemble du territoire. GAO – 06/04/2012 SECRETAIRE GENERAL-MNLA BILLAL AG ACHERIF

Gao meurtrie

Profitant du putsch de Bamako, rebelles touareg et groupes islamistes, parmi lesquels des éléments d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) ont pris en fin de semaine le contrôle des trois principales villes du nord du Mali, Kidal, Gao et Tombouctou, sans rencontrer de résistance de la part d’une armée malienne sous-équipée et désorganisée, coupant de fait le pays en deux. La prise de la ville de Gao (classée comme la 2ème région militaire du Mali), dans la nuit du 31 mars au 01er avril dernier, a surpris plus d’un. Pis, elle a été et continue d’être le théâtre de toutes les exactions ; à  savoir vol, pillage, pillage, meurtre… , obligeant la population à  s’exiler. Le triste scénario qu’offre ainsi Gao interpelle à  plus d’un titre. En effet, outre la paralysie de l’activité économique, l’administration publique se trouve inopérante. Les hôpitaux et aires de santé ne fonctionnent plus. Conséquences : des centaines de personnes ont vidé les lieux accourant vers des cieux plus cléments. Après une brève interruption par les bandits armés, le trafic s’est quelque peu rétabli. Du coup C’’est la ruée sur Bamako ou autre localité. Certains sont partis vers Ansongo, Ménaka, à  la frontière nigérienne. Pris au piège Tout de même, ne sachant o๠donner de la tête, certains ont tout de même décidé de rester. «Â Je ne sais o๠aller. J’avais centré tous mes efforts sur ici en y mettant tous mes biens immobiliers », s’indigne Malamine Sylla fonctionnaire à  l’Office de protection des végétaux à  Gao. Et ce médecin ayant trouvé refuge à  Bamako d’ajouter, « J’ai construit une maison à  Gao. Mes deux véhicules ont été emportés. C’’est triste de tout perdre et me retrouver bredouille » Selon une source habitant la ville de Gao, la cité des Askias n’est plus viable. Les habitants ayant choisi de rester sont privés d’eau. La seule centrale thermique qui alimentait la ville ne fonctionne plus à  cause du manque de carburant. «Â Il n’ya plus de carburant, les boutiques sont fermés, l’activité économique est paralysée ». A cela, il faut ajouter des milliers de d’habitants de Gao ont quitté la ville. «Â Nous préférons braver les intempéries que de rester, sous les balles, dans une ville qui ne vit plus ». Les chrétiens chassés des lieux Selon une source chrétienne, des hommes armés ont détruit la mission et l’église des Pères blancs. Du coup, la peur a gagné la communauté chrétienne de Bamako. «Â La chasse aux chrétiens de Gao est ouverte depuis que la ville est tombée entre les mains de la rébellion, samedi. Les Pères blancs de la ville ont échappé de peu à  la mort »,  alerte une source informée à  Bamako. Dès la chute de la ville, ils ont été informés qu’ils étaient «Â sous la menace de “barbus” »  et ont décidé de quitter la ville le lendemain. Quelques heures plus tard,  poursuit-elle, des hommes armés sont arrivés. Ils ont forcé la porte, exigé du gardien qu’on leur livre les prêtres pour les égorger et fouillé la maison. Furieux de les avoir ratés, ils ont brûlé l’église, brisé les statues et les ornements religieux. Tous les témoignages que J’ai recueillis vont dans le même sens : des islamistes s’en prennent aux chrétiens dans le nord du pays ». Comme quoi, Gao va vraiment mal. Le capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte malienne, a appelé les Occidentaux à  intervenir militairement dans le nord du Mali, contre les groupes islamistes armés, dans un entretien publié jeudi dans les quotidiens français Libération et le Monde. Sera-t-il entendu ?

Terreur et désolation au nord du Mali

« Nous manquons de tout ! Pas question de traà®ner dehors, à  partir de 16 heures tout le monde est chez soi. Histoire de ne pas attirer l’attention et éviter de se faire agresser ». C’’est le témoignage d’un habitant de la ville de Gao dont nous préserverons l’anonymat. La prise des villes du nord du Mali la semaine dernière s’est accompagnée de pillages et d’exactions, en particulier à  Gao et Tombouctou. Mais dans les trois localités majeures du nord de notre pays, C’’est surtout la situation humanitaire qui est préoccupante. Amnesty International et plusieurs autres ONG ont tiré la sonnette d’alarme et appellent à  ce qu’un corridor soit rapidement mis en place pour venir en aide aux « sinistrés ». Car C’’est véritablement un « désastre humanitaire majeur » qui menace le Nord-Mali, selon l’organisation de défense des droits de l’homme demande aux forces en présence de permettre aux les agences humanitaires d’avoir immédiatement accès à  cette région pour éviter de nouvelles victimes au sein de la population civile. Aujourd’hui, on ne dispose d’aucun bilan, ni humain, ni matériel des combats et des pillages qui les ont suivis la semaine dernière. Depuis, C’’est au quotidien que les habitants de ces villes se battent contre le manque d’eau, d’électricité, de nourriture, de médicament et de soins de santé, toutes les infrastructures de service ayant été systématiquement pillées. «C’’est le chaos» Enlèvements de jeunes filles par des hommes armés, vol systématique de véhicules, saccages des locaux de l’administration, actes de vandalisme multiples…Voilà  le triste tableau qu’offre la vie dans les villes du Nord du Mali. Plusieurs cas de viols ont également été signalés dans les villes de Tombouctou, Gao et Menaka. Un témoin de Gao a confié à  Amnesty International : « Le 2 avril, trois jeunes filles ont été enlevées par des hommes armés dans le 8e quartier appelé Boulgoundié et ont été emmenées dans des véhicules. Elles ont été ramenées le lendemain. Elles étaient trop traumatisées pour raconter ce qu’elles avaient subi ». Minty Ben Barka témoigne aussi : Il y a des viols sur les femmes, surtout la nuit. Deux jeunes filles ont été enlevés par les rebelles et maintenant dans la ville, il n’y a que des hommes parce que tout le monde cherche à  partir. La violence règne ici à  Tombouctou ». Minty attend le lendemain pour quitter la ville. Les femmes et les enfants sont les plus vulnérables face à  cette situation, car ils ont moins les moyens de se débrouiller alors que les choses deviennent de plus en plus difficiles. « C’’est le chaos», nous raconte un habitant de Gao qui a pu quitter la ville. La population fuit en effet, par tous les moyens, ces différentes localités. Peu de bus assurent le transport interurbain et peu de gens ont les moyens d’en payer les frais. C’’est donc à  moto, à  pied ou à  dos d’âne que des familles entières essaient de sortir de l’enfer qu’elles vivent. Depuis le début des attaques du MNLA et de ses alliés au Nord, plus de 200 000 personnes ont quitté la zone dont quelques 100 000 ont trouvé refuge dans les pays voisins (Mauritanie, Niger, Algérie et Burkina Faso). Ce jeudi 06 avril, le Forum des ONG Internationales au Mali (FONGIM), a publié un communiqué révélant que les acteurs humanitaires et les ONG nationales et internationales ont subi ces derniers jours des agressions et pillages notamment à  Kidal, Gao et Tombouctou, qui les empêche de remplir leurs missions d’assistance aux personnes déplacées et aux populations en situation de vulnérabilité. Le FONGIM appelle toutes les parties prenantes à  «défendre l’intérêt des populations» et à  «garantir la protection de couches les plus vulnérables».

Modibo Sidibé :  » Le Mali peut tanguer, mais le Mali ne coulera pas »

 » Jamais notre pays ne s’est trouvé dans un tel état de confusion. Jamais, dans notre histoire collective, conjonction de facteurs n’a fait planer autant de menaces sur notre Nation. Je lance un appel pressant à  l’ensemble de la classe politique dont la responsabilité est encore plus grande en ces heures décisives. Depuis le 17 janvier 2012, notre pays, le Mali, est l’objet d’une agression caractérisée de forces composites se réclamant du MNLA et de Ançar Dine, épaulées par d’autres forces djihadistes étrangères. Le développement de la crise dans le Septentrion a abouti aux affrontements sanglants connus de tous, et, récemment, à  la prise du contrôle par les forces du MNLA et de Ançar Dine et de leurs alliés, des villes de Kidal, Gao et Tombouctou ainsi que de plusieurs autres localités du Nord Mali. En m’inclinant de nouveau devant la mémoire de nos soldats tombés sur le champ de l’honneur, je voudrais exprimer toute ma solidarité avec nos populations qui subissent au quotidien les violences dans les zones occupées. Jamais notre pays ne s’est trouvé dans un tel état de confusion. Jamais, dans notre histoire collective, conjonction de facteurs n’a fait planer autant de menaces sur notre Nation. Aujourd’hui, ce sont nos valeurs fondamentales qui sont sous le coup d’un risque majeur de délitement. Aujourd’hui, il faut bien le dire, plus que jamais la République est menacée dans son essence même. Devant autant de menaces, devons nous rester impuissants ? Parce qu’il ne faut pas que nous nous le cachions, il s’agit bien désormais de notre survie collective, en tant que Nation. Oui, notre Nation est en danger. De cela, chacun d’entre nous, quelle que soit sa position sociale, et quelles que soient ses convictions politiques, religieuses ou autres, doit s’en convaincre et en prendre la pleine conscience. Dans un tel contexte, le temps des calculs personnels est révolu. Le Mali, J’en ai la ferme conviction, traversera cette crise aussi. Il le fera en puisant au plus profond de ses valeurs sociales, républicaines et démocratiques. Mais il ne le réussira que si tous les enfants du pays, sans calcul et sans hypocrisie, se donnaient la main, pour se dresser face à  l’adversité. C’’est cet appel que je lance aujourd’hui aux patriotes, aux républicains et aux démocrates pour un sursaut collectif à  la hauteur du défi qui s’impose à  nous. Je lance un appel pressant à  l’ensemble de la classe politique dont la responsabilité est encore plus grande en ces heures décisives. Cet appel au sursaut national, je le lance également à  toute la société civile pour moins de division et davantage de cohésion d’action. Arrêtons les procès d’intention. Arrêtons les manœuvres d’exclusion et de division, pour nous retrouver autour de l’essentiel qui, aujourd’hui, n’a qu’un seul nom : le Mali. Les enseignements de notre passé récent doivent fonder aujourd’hui notre détermination, et nous ouvrir la voie vers le redressement de notre Etat. C’’est à  la source de ces enseignements qu’il nous faut tremper et raffermir notre volonté commune de ne pas céder à  la peur, au défaitisme et à  la démoralisation, pour au contraire nous ressaisir, convaincus que nous sommes que notre victoire sur l’adversité passera par une véritable coalition nationale autour de l’essentiel, C’’est-à -dire la défense de la patrie et des principes et valeurs démocratiques. Je soutiens fermement tous les efforts en cours pour le retour à  l’ordre constitutionnel dans les plus brefs délais et demande la libération immédiate de toutes les personnalités appréhendées pendant les événements. La grave crise que nous vivons a révélé à  tous les dysfonctionnements de l’Etat et les faiblesses de la conscience civique dont les casses et les actes de vandalisme ont montré l’ampleur. Aussi, nous appelons à  un dialogue franc et constructif avec les organisations sous-régionales, avec l’UEMOA, avec la CEDEAO et avec l’UA, ainsi qu’avec les Nations Unies, pour baliser les voies de sortie de crise pour un retour à  la normale. C’’est en nous appuyant sur l’accompagnement concerté de notre Armée Nationale par des forces amies, notamment celles de la CEDEAO avec le soutien des vrais amis du Mali, qu’il nous sera possible de recouvrer la pleine intégrité territoriale. Contre les forces hostiles et leurs soutiens, le Mali en appelle à  la solidarité entre les pays de la sous-région, convaincu que le danger ne menace pas que le Mali, mais bien l’ensemble des pays de la bande sahélo-saharienne. Il nous faut surmonter les méfiances et les visées hégémoniques qui, hier, ont paralysé notre action commune et ouvert la voie à  l’ennemi commun. «Â Le Mali peut tanguer, mais le Mali ne coulera pas ». Les filles et les fils du Mali, forts de cette vérité première, sont plus que jamais décidés à  se ressaisir pour que le Mali demeure cette Nation débout, qui a fait la fierté de générations et de générations de patriotes. Pour ma part, je voudrais ici réaffirmer ma disponibilité totale et entière, et la disponibilité et l’engagement de toutes les composantes des Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence (FARE), pour une feuille de route de sortie de crise privilégiant le respect de la légalité républicaine, le rétablissement des institutions républicaines, le respect et la protection des personnes et de leurs biens, le respect de nos engagements auprès de la communauté sous-régionale et internationale. Aujourd’hui plus que par le passé, la République doit retrouver tout son sens, et notre devise républicaine, Un Peuple –Un But –Une Foi, toute sa portée. Ma conviction profonde est que chaque fois, y compris pendant les heures les plus critiques de notre histoire, nous avons su trouver le ressort nécessaire et le Mali a vaincu et surmonté l’épreuve. C’’est le principal enseignement de notre  accession à  l’indépendance en 1960. C’’est aussi la principale leçon de la révolution démocratique de mars 1991. Je suis convaincu que notre communauté nationale dispose d’immenses ressources humaines. Cette grave épreuve doit aboutir à  une prise de conscience citoyenne et un sursaut national qui permettront de donner à  notre démocratie l’Etat fort, juste et efficace dont elle a besoin pour résister à  l’adversité. A vous tous qui m’avez soutenu et avez eu souci de mon intégrité physique durant ma détention récente, je voudrais vous remercier de m’avoir accompagné en ces moments difficiles qui, bien sûr, ne sont rien devant l’effondrement dont notre Nation est menacée. Je vous appelle, donc, tous, à  mettre toute votre énergie au service du seul objectif qui compte aujourd’hui : le redressement rapide de la Nation. Le Mali retrouvera, de gré ou de force l’ensemble de son territoire. Nous ne serons pas les spectateurs de l’horreur de notre Nation piétinée. Nous mettrons tout en œuvre pour que notre pays choisisse, selon une formule désormais célèbre, «Â l’espoir plutôt que la peur », l’unité plutôt que la division, le partage plutôt que l’exclusion. Tous ensemble et à  ces conditions, nous pourrons ne faire qu’une Nation, qu’un Peuple car, au fond de nous-mêmes, nous en avons les ressources. Pour le Mali uni et démocratique, an ka wuli ! »