Institut français du Mali : Rentrée esthétique avec l’exposition Wohou – Wohou

 

 

L’Institut Français de Bamako a procédé au vernissage de sa première exposition d’art de la nouvelle saison, le lundi 2 octobre 2017 en fin d’après-midi. A l’honneur, les artistes plasticiens rebelles de Côte d’Ivoire des années 1970, le collectif Wohou – Wohou.

Les œuvres d’art de Wohou – Wohou font partie de la collection des arts contemporains du Musée national du Mali. C’est une collection rare, qui recèle des trésors du continent. L’exposition est la première pour de la saison 2017 – 2018 de l’Institut français. « L’IFM propose cette collection d’art durant tout le mois d’octobre. L’accès est gratuit pendant les heures d’ouverture de nos locaux », a déclaré à Journal du Mali Mme Corinne Micaelli – Mulholland, Directrice déléguée de l’IFM.

« Wohou -Wohou est un mouvement d’artistes plasticiens rebelles de Côte d’Ivoire né dans les années 1970. Ces plasticiens étaient à l’époque désœuvrés, parce qu’il avait la crise et qu’ils n’avaient pas de matériel. Ces rebelles avaient aussi envie de se renouveler et, du coup, ils ont créé ce mouvement. Ces créations sont essentiellement des objets de récupération, écorces d’arbres, tissus, sable, charbons Wohou – Wohou, en langue locale, veut dire m’importe quoi. Ils évoluaient dans la récupération pour faire des œuvres d’art, parce que pour eux l’art c’est toute la vie. Il est présent dans chaque étape de la vie humaine » expliquera la Directrice de l’IFM.

« Ils ont été dans la brousse et dans les rues pour voir et créer. Ils ont travaillé avec des objets et des matériels qui viennent de chez nous. Pour n’importe quelle forme d’art, si tu veux travailler, regarde autour de toi et développe », estime le professeur béninois Ludovic Fadairo, un artiste peintre sculpteur. « Je pense que l’on doit élargir un tout petit peu cette exposition, pour les visiteurs ou les observateurs, afin qu’ils soient plus nombreux et pour permettre à la jeunesse de voir le travail des ainés », souhaite Mamadou Camara, artiste peintre infographiste, professeur d’art au lycée Ba Aminata Diallo. « L’institut Français au Mali va également présenter au mois de novembre une exposition de photos pour commémorer pour le 31e anniversaire du décès du grand photographe Maurice Bechar », nous a appris la directrice de l’IFM en conclusion.

 

100000 photographies maliennes archivées sur internet

La valorisation du patrimoine photographique malien, patrimoine fragile, exposé aux aléas tant climatiques, politiques comme économique et désormais préservé. Les clichés de photographe comme Malick Sidibé, qui ont pris une place certaine dans les collections occidentales d’art africain, sont maintenant numérisées et accessibles via un site internet assurant la pérennité de ce patrimoine mémoriel photographique.

L’ambassadeur des Etats-Unis au Mali et la ministre malienne de la Culture ont procédé, le 11 mai dernier au Musée National, au lancement officiel d’un site internet sur la mémoire photographique malienne issue des archives de cinq photographes professionnels du Mali : Malick SIDIBE, Adama Kouyate, Tidiani Sitou, Abdourahmane Sakaly et Mamadou Cisse.

Photo : E.D.Bakary

Ce projet d’archives de la photographie malienne a été rendu possible par un financement provenant du National Endowment for the Humanities (NEH) , l’Université de l’’Etat du Michigan a numérisé, archivé et catalogué près de 100 000 images rares de ces cinq photographes professionnels maliens de l’époque coloniale. Les équipes du Centre des arts et des lettres et des sciences sociales en Ligne (MATRIX) ont collaboré avec la Maison Africaine de la Photographie au Mali pour permettre la préservation de ce pan du patrimoine culturel malien.

Photo : E.D.Bakary

Le vernissage d’une l’exposition présentant des images sur les pratiques traditionnelles, culturelles et religieuses, les festivals ruraux, les impacts coloniaux et les processus de modernisation des villes comme Ségou, Mopti et Bamako, se tient jusqu’au 31 mai au musée nationale.

Photographie : « 15 regards sur Bamako »

Une promenade à travers Bamako, la ville aux trois caïmans, c’est ce que propose cette exposition, fruit de la collaboration entre la coopération suisse, la Galerie Médina et le Musée national du Mali.

En réunissant des photos prises par 15 jeunes photographes, dont 4 femmes, cette exposition est l’occasion de présenter Bamako à travers des points de vue différents, sous ses différentes facettes : son architecture ou ses artisans entre autres. La capitale de la photographie africaine sera donc la star de cette exposition photo baptisée « 15 regards sur Bamako » et qui débute ce jeudi 16 février 2016 au Musée national.

À chacun son regard Sélectionnés à la suite d’un atelier organisé par la coopération suisse, la Galerie Médina et le Musée national, les jeunes exposants venus de divers horizons du Mali ont un point commun : la photographie comme mode d’expression. Si certains en ont hérité, d’autres ont été formés dans des écoles. Pour Seydou Camara, « la photographie est un repère. Sans elle, la vie est sombre ». La facette de Bamako choisie par ce trentenaire est « la tolérance religieuse » à travers des portraits de guides religieux soufis dans leurs mosquées en compagnie de leurs disciples et lors de leurs méditations. «  C’est pour moi une manière de montrer que l’islam c’est la joie, le pardon et la maîtrise de soi », explique-t-il.

Oumou Diarra, quant à elle, veut, à travers ses œuvres, « exprimer la bravoure des jeunes Bamakois qui pratiquent la teinture du bazin », malgré leurs diplômes. « L’objectif est de montrer le talent des maçons maliens dans la construction », explique laconiquement Hamdia Traoré, un autre exposant. Le photographe veut dénoncer le mauvais procès qui est fait aux ouvriers maliens du bâtiment, réputés moins bons que les étrangers. Quant à Mahalmadane Ahmed Maouloud, natif de Tombouctou, c’est avec curiosité qu’il a photographié les tisserands à l’œuvre en plein cœur de la capitale.

Pour découvrir ces regards à la fois intimes et professionnels sur Bamako, rendez-vous ce jeudi au Musée national !

 

Les groupes scolaires maintiennent en vie le musée

Depuis 2012, la fréquentation du musée national a été divisée par trois. Aujourd’hui, les groupes scolaires constituent l’essentiel des visiteurs.  

Dans la cour, le gazouillement des oiseaux dans les arbres se mêle aux discussions de deux manœuvres assis sous un arbre. Des arbres alignés donnent aux allées en forme de serpent une particularité à la fois moderne et traditionnelle. Les bâtiments en pierre brut, abritent quatre salles d’exposition, une administration et un espace réservé à la technique. Malgré cela, le musée Nationale n’est plus aussi fréquenté que par le passé. Selon Salia Mallé, Directeur Général Adjoint du musée, les visites ont connu une baisse importante depuis la crise du nord en 2012.

Une sotrama immobile, pleine de marionnettes, se dresse à côté de l’unique restaurant du musée. Sur le gazon soigneusement entretenu, un groupe de lycéens espiègles immortalise l’instant.

De 30 000 à 40 000 visiteurs par an avant la crise, le musée national compte aujourd’hui environ 19 000 visiteurs, ces chiffres pourraient être revus à la baisse pour l’année 2016.

Les enfants déambulent dans le musée où sont exposés de façon épuré et moderne, les oeuvres. Ils courent le long du couloir sous l’œil vigilant des encadreurs. Les masques exposés dans des vitrines en effraient certains. La majorité, plus désinvolte jette un oeil aux pièces exposées sans broncher.

Une fois dehors, libres, ils chahutent entre eux avant de regagner les portes de sortie. D’autres groupes, se préparent à vivre la visite.  « Le partenariat avec les établissements scolaires est ce qui sauve un peu le musée », reconnaît le responsable des salles d’exposition, « mais le compte n’y est pas  » conclut-il.