Kaladioula band : le groupe musical malien 100% féminin

Créé en 2012 par l’artiste auteure compositrice Nainy Diabaté, le groupe Kaladioula band œuvre pour la promotion du talent des jeunes artistes maliennes.

Au Mali, la musique prend différents visages avec Kaladioula band, de la traditionnelle à la moderne, son style relevant plutôt de la « World Music ».  Premier groupe musical 100% féminin créé dans le pays, il est composé de 7 permanentes, dont une décédée récemment.

Chanter pour dénoncer, sensibiliser, éduquer, conseiller et distraire, c’est l’engagement de ces 6 braves dames au quotidien. Après un premier lancement au Centre Culturel Français, le groupe a pu se faire remarquer à travers le monde avec l’obtention de plusieurs contrats en Europe et une première tournée en 2013. Kounani, Moussoya sont entre autres quelques titres du groupe composés par Nainy Diabaté, connue dès l’âge de 13 ans sur la scène musicale, avec ses collaboratrices Oumou Koita, Lala Diallo, Bintou Koita, Therèse Kouyaté et Awa Diallo.

Selon sa fondatrice, le groupe est plus connu à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays, d’où son combat nuit et jour avec son équipe pour faire valoir son image sur la scène nationale.

En quête de public local

« Des artistes viennent pour faire partie de mon groupe. Nous les acceptons parmi nous mais très généralement elles ne sont pas motivées. Certaines viennent pour trouver des opportunités avant de disparaître et d’autres ne font que des va-et-vient. Malgré tout, j’assume. Je reste déterminée car c’est une conviction pour moi et la réalisation d’un de mes plus grands rêves », explique Nainy Diabaté, la cinquantaine.

Pour le groupe, c’est le Mali qui compte : « nous représentons le Mali partout où nous allons et nous en sommes fières. Lors de nos tournées, même à Londres, quand on est en spectacle, on dit que c’est le Mali qui joue et non Nainy Diabaté ou d’autres ».

Malgré son aura, le groupe n’a néanmoins toujours pas eu de partenaires financiers au Mali depuis sa création en 2012. Et, lors des répétitions et évènements, « c’est moi qui paye toujours tout avec mes fonds personnels. Mais ça ne me dérange pas tant que cet engagement permet de promouvoir les talents féminins », explique la chanteuse.

Les principaux instruments traditionnels utilisés par les femmes artistes sont essentiellement la kora, le n’goni, le balafon, le tambour, le bôlon, le bondjalan, la calebasse, etc. Des instruments avec lesquels le groupe donne son maximum pour faire plaisir à la société en produisant une bonne musique dont il détient seul le secret.

Biennale artistique et culturelle : un patrimoine en péril

Grande manifestation de l’art et de la culture datant de 43 ans, la Biennale, dans sa forme initiale, est à l’arrêt depuis l’édition 2010 à Sikasso. Alors que l’organisation de l’édition spéciale de 2017 avait suscité l’espoir de sa relance, elle n’a pas été pérennisée. Faisant craindre la disparation de cet évènement qui regroupait durant 10 jours à Bamako ou dans une capitale régionale les populations du Mali.

À Sévaré, depuis 2012, avec son sourire et sa main levée en guise de salutation, la statue de la Biennale artistique et culturelle attend toujours l’organisation de l’événement qui a nécessité sa construction. Après Bamako (2003), Ségou (2005), Kayes (2008) et Sikasso (2010), le Président Amadou Toumani Touré fondait l’espoir de finir son deuxième mandat avec une Biennale en 2012 dans sa ville natale, Mopti. Tel n’a pas été le cas. « Les évènements politico-sécuritaires de 2012 ont fait que la Biennale qui devait se tenir à Mopti n’a pas pu être organisée », regrette Alamouta Dagnoko, Directeur national de l’Action culturelle, structure chargée de l’organisation de la rencontre.

En 2017, « pour promouvoir le dialogue interculturel et intercommunautaire, la cohésion sociale et l’unité nationale », le ministère de la Culture avait initié une édition spéciale qui, pour diverses raisons (dont des « politico-sécuritaires encore », regrettent les acteurs culturels), n’ont pas permis de mettre en œuvre l’initiative.

Brassage

Alors que le pays est toujours confronté à l’instabilité politique et à la crise sécuritaire, la crainte de voir disparaitre la manifestation culturelle d’envergure nationale qui permettait depuis 1979 de « favoriser le brassage et l’interpénétration des populations et de contribuer à l’émergence d’une culture de paix et de citoyenneté », s’installe.

Elle inquiète d’autant plus que, sur l’aspect contenu artistique, la Biennale était une source d’émulation des savoirs culturels maliens. Elle mettait en compétition l’ensemble des régions du pays et le District de Bamako dans une large gamme de disciplines artistiques et culturelles : danse traditionnelle, orchestre, pièce de théâtre, ballet, ensemble instrumental traditionnel, orchestre moderne, exposition d’œuvres d’art, chœur, solo de chant, etc.

Ces compétitions entre les formations artistiques, les artistes et créateurs des différentes localités du Mali ont permis la création et la promotion de plusieurs orchestres locaux et nationaux : le Kanaga de Mopti, le Super Biton de Ségou, le Diaba de Tombouctou, le Kene Star de Sikasso… En outre, l’initiative a révélé de nombreux artistes maliens qui ont ensuite acquis une renommée internationale, entre autres Ali Farka Touré, Abdoulaye Diabaté, Oumou Sangaré, Babani Koné, Tata Bambo Kouyaté, Haïra Arby ou encore Kandia Kouyaté.

Relance

L’idée de l’événement, elle même, vient, de la Semaine nationale de la jeunesse initiée en 1962 par le Président Modibo Keïta. « Deux ans après l’indépendance, le Président Modibo Keïta, ayant vu l’importance, la nécessité et le rôle du patrimoine culturel national dans la conscientisation, a créé la Semaine nationale de la jeunesse, qui a existé jusqu’en 1968, année où il a été évincé du pouvoir. C’est de l’idée de ces manifestations qu’est née celle de la Biennale, créée par un arrêté en 1979 », raconte M. Dagnoko.

Le Directeur national de l’Action culturelle, pour avoir assisté « deux fois à l’arrêt puis à la relance de la Biennale (de 1968 à 1970 et de 1990 à 2003) », est optimiste quant à une « très prochaine reprise » de l’activité. « Nous sommes dans la perspective que la Biennale sera peut-être organisée en 2023. Je ne saurais le dire aujourd’hui avec exactitude, mais nous sommes dans la posture de faire en sorte que cet évènement, qui est un bien commun, une institution nationale, reprenne le plus tôt possible », assure le Directeur.

Si elle devait se tenir, ajoute-t-il, c’est sera à Mopti qui détient aujourd’hui le témoin de la Biennale. Selon Yacouba Poudiougou, de la Jeunesse régionale de Mopti, « toute la région l’attend avec impatience et ne perd pas espoir ». Tout comme la statue de la Biennale artistique et culturelle de Sévaré qui, malgré 10 ans d’attente, ne perd pas son sourire.

Tiken Jah Fakoly : l’éternel dénonciateur

Après Alpha Blondy, il est certainement le plus grand chanteur engagé de sa génération. À 54 ans, Tiken Jah Fakoly continue de livrer une musique qui met  haut les préoccupations des peuples africains. Notamment dans son tout nouvel album, « Braquage de pouvoir », sorti le 4 novembre dernier.

Dimanche dernier, 6 novembre 2022, a été marqué par la célébration des 40 ans de pouvoir de Baul Biya. À 89 ans, le Président camerounais doit certainement penser à sa succession. Pour le remplacer est pressenti son fils, Franck Biya, qui ne désavoue pas le Mouvement citoyen des franckistes pour la paix et l’unité du Cameroun, qui souhaite le voir prendre la relève de son père.

Au Tchad, après le décès du Président Idriss Déby Itno en avril 2021, son fils Mahamat Idriss Déby a pris le pouvoir, en violation des dispositions existantes pour l’intérim en cas de vacance du poste. Le 8 octobre dernier, le Dialogue national inclusif et souverain (DNIS), qui s’est tenu à N’Djamena, a prolongé de deux ans sa transition vers des élections « libres et démocratiques ». Élections au cours desquelles les conclusions du DNIS lui ont octroyé le droit de se présenter. Au Togo, depuis 54 ans, la dynastie des Gnassingbé règne sur le pays. Tout comme au Gabon, où les Bongo sont au pouvoir depuis plus cinq décennies également.

Ce sont ces « prises de pouvoir familiales » qui ont motivé la sortie du 12ème album de Tiken Jah Fakoly. Il est intitulé « Braquage de pouvoir », « pour mettre l’accent sur ces Présidents qui, avec leur famille, ont pris le pouvoir en otage dans leurs pays », dénonce le reggaeman.

Dans « Braquage de pouvoir », album de 13 titres dans lequel on retrouve les voix des chanteurs Amadou et Mariam (Don’t Worry) ou du slameur Grand corps malade (Enfant de la rue), l’artiste met également l’accent sur les condamnations des opposants politiques en Afrique dans la chanson « Gouvernement 20 ans », inspirée selon lui de la condamnation à 20 ans de prison en décembre 2021 de l’opposante béninoise Reckya Madougou.

Comme un éternel dénonciateur dont on n’écoute pas toujours les révélations, le reggaeman revient dans « Ça va aller » et dans « Où est ce que tu vas » sur « la passivité des Africains », qui attendent un miracle pour le développement de leurs pays. L’immigration irrégulière est également une thématique déjà abordée par l’artiste dans ses chansons « Le prix du Paradis » et « Lybia ».

Nécrologie : décès de l’artiste Mah Kouyate N°2

 La culture malienne est en deuil. La griotte Mah Kouyaté n’est plus. Elle est décédée tôt ce lundi matin à l’âge de 46 ans. 

De son vrai nom Djefari Mah Kouyaté mais plus connu sous le nom Mah Kouyaté n2, elle est issue d’une famille de griots. Originaire de la Guinée Conakry, Mah Kouyaté est née en 1976 à Banankabougou. Fille cadette de Alpha Kabiné Kouyaté et de Fanta Kamissoko, son père était guitariste et sa mère chanteuse dans le genre qui était nommée à l’époque Apollo. Mah Kouyaté a d’ailleurs fait ses débuts dans ce genre musical. Mah Kouyaté débuta la musique auprès de ses parents dès l’âge de 9 ans. Son 1er album est sorti en 1996, un succès à l’époque. Mais ses plus grands succès, elle les a connus entre 2001 et 2005 à l’époque des cassettes audio avec plus de 500.000 ventes par albums.

Griotte mandingue, elle est très influencée par la musique mandingue. Dans ses chansons, Mah Kouyaté relate l’histoire du Mali à travers l’empire du Mali. En plus de l’histoire reliée à ces racines, elle prône également l’entente, la fraternité, la paix et prodigue des conseils. Cette figure emblématique de la musique malienne a plusieurs albums à son actif. Mariée et mère de 4 filles, cela fait plus de 18 ans qu’elle s’est installée au Burkina Faso, après son second mariage. Sa célèbre chanson Soumba, qui parle de la mort était à selon ses mots sa chansons favorite. Cette chanson résonne encore plus aujourd’hui après le décès de l’artiste ce lundi 07 novembre à l’âge de 46 ans. 

 

Gaspi : retour « brutal »

Après trois mois de deuil suite au décès de sa mère, le rappeur signera son grand retour dans les bacs ce samedi avec sa nouvelle chanson, Brutality. 

« Parce que le rap en a besoin, parce que le game en a besoin, parce que le Mali même en a besoin, j’arrive avec beaucoup de brutalité dans Brutality ». Ainsi a annoncé ce lundi son come-back l’artiste Gaspi, Mamadou Gassama à l’état-civil. C’est donc la fin de son deuil qui aura duré trois mois, depuis le décès de sa mère, Fanta Guindo, le 16 août dernier.

Pour marquer le coup, le rappeur de 34 ans revient avec un nouveau single Brutality. Comme à son habitude, c’est un egotrip avec « des flow barbares » dans lequel il chante ses propres louanges et met en avant sa personnalité. En outre, il y déplore le fait que les clashs, « sans quoi le rap malien tend à perdre sa valeur », aient tendance à disparaître dans le pays. Ce style de musique via lequel les rappeurs, par rimes interposées, s’attaquaient verbalement dans leurs chansons, a permis à l’ancien du groupe Ghetto Kafry et à plusieurs rappeurs de sa génération d’émerger dans le mouvement hip-hop du Mali. En effet, depuis ses débuts en 2008, et plus fortement vers 2012, où il commence à évoluer en solo, le style lui a permis d’afficher des guichets fermés au Palais de la Culture Amadou Hampâté Bah, de faire 16 fois le plein du Stade Omnisports Modibo Keïta et de réussir 2 concerts au Stade du 26 mars.

Avec Brutality il affiche comme un air de nostalgie de ce glorieux passé. « Le clash est fini, le rap est mort, plus de concurrence », entonne le rappeur, tout en taclant les artistes Buiguini Bakaga et Mariam Bah qui, selon lui « remportent à présent le buzz des clashs ». Dans son nouveau single, Gaspi « brutalise » également les prêcheurs, qui « eux aussi s’adonnent aux clashs pour le buzz », dénonce-t-il.

Dans ce contexte, qui « a mis à zéro le rap », Gaspi n’entend pas « rester bouche bée ». Déjà, dans ces anciennes chansons, notamment Karaté (2018) et Egotrip vol 2 (2021), « Wara » Gaspi insistait sur la disparition du clash dans le « Mouv ». Armé d’une batte de baseball sur l’affiche de son nouvel opus, il entend inverser la tendance. Quitte à s’attaquer à des « non rappeurs »!

Musique : Nabintou Diakité n’est plus

Le monde de la culture malienne est en deuil. L’artiste chanteuse Nabintou Diakité n’est plus. Elle est décédée hier dimanche 04 septembre 2022 des suites d’une longue maladie.

Nabintou Diakité a connu le monde artistique très jeune. Elle a fait ses débuts dans la chanson en tant que choriste aux côtés de sa cousine, Oumou Sangaré, avec qui elle a parcouru le monde. Elle s’est fait connaître par le public à travers son titre « Na diara Minyé » extrait de son 1er album sorti en 1998 qui fut un grand succès. S’est ensuivi l’album « Ma Ouéléni » sorti en 2004. Après cet album, Nabintou Diakité avait quitté la scène pendant plus d’une décennie. Des proches ont évoqué des problèmes personnels à l’époque pour expliquer cette longue absence. Elle a des relations tendues avec la diva Oumou Sangaré, mais finalement les deux se sont reconciliées quelques heures seulement avant le décès de Nabintou Diakité.  Après avoir disparu des écrans, Nabintou Diakité signe son grand retour avec l’annonce en novembre 2021 de la sortie d’un nouvel album, le 3e sur la plateforme numérique ZikMali223. Un album de 10 titres nommé Dunia » produit par son époux Berthin Coulibaly. Son chant du cygne finalement. Cette originaire du Wassoulou précisément de Madina Diassa a rendu l’âme hier dimanche 04 septembre à l’âge de 44 ans et a été enterrée ce lundi 05 septembre à Fana.

 

Ami Yèrèwolo : « On ne m’arrête pas parce que je suis têtue »

Elle domine l’univers du rap féminin au Mali depuis plus d’une décennie et est pratiquement la seule à avoir émergé du lot. C’est peu dire que les femmes ont du mal à être acceptées dans ce « monde ». Mais Ami Yèrèwolo n’en a cure et reste déterminée à défendre son art contre vents et marées. Malgré les défis, elle prépare avec sérénité la cinquième édition de son festival « Le Mali a des rappeuses ». Elle répond à nos questions.

Vous faites du rap depuis plus de 10 ans, mais on ne voit pas beaucoup de femmes émerger. Comment l’expliquer ?

Personnellement, je subis cette discrimination depuis 13 ans. D’abord, on disait que les femmes ne pouvaient faire du rap parce que c’était réservé aux délinquants. Il y avait beaucoup de préjugés. J’ai jugé nécessaire de faire ma propre expérience, parce que toutes celles qui me parlaient mal du rap ne l’avaient pas pratiqué. C’est pourquoi je me suis donné la chance de découvrir pourquoi le rap féminin ne marchait pas au Mali. Après le talent, c’est du courage qu’il fallait. Je me suis donc donné comme objectif de me battre.

J’ai aussi observé que les rappeurs hommes qui appartenaient à la même génération que moi pouvaient se permettre tout sans que cela dérange. Mais quand il s’agissait d’Ami Yèrèwolo, soit c’était mon habillement qui dérangeait, soit ma coiffure, etc. J’ai compris que l’injustice que je subissais était celle que subissaient les jeunes filles maliennes depuis toujours.

C’est-à-dire que quand on est femme, pour être tranquille il faut juste faire ce qu’on te demande de faire. Mais lorsque l’on décide de tracer sa propre voie, on fait tout pour vous décourager.

Pourtant, il y a une évolution de la société …

Oui, il y a beaucoup de nouvelles pratiques. Mais nous sommes dans une société dominée par les hommes. Ils essayent d’adopter ce qui les arrange. Nous les femmes qui sommes passionnées et qui avons juste envie de vivre et d’apporter notre contribution au développement à travers la culture, on veut nous empêcher, parce « qu’on n’en a pas le droit ».

Pourquoi je suis là depuis plus de 10 ans. Je suis la seule rappeuse à avoir fait une tournée pendant une année. Pourtant je suis l’artiste la plus boycottée de sa génération. Mais j’ai eu la chance d’aller représenter le rap malien en Europe. Donc le problème, ce n’est pas moi. Si ça marche ailleurs, pourquoi pas au Mali? C’est aux acteurs culturels et au public de donner la réponse.

Pendant 13 ans, j’ai tout donné au rap malien. J’ai créé ma propre structure de communication parce qu’on ne m’accompagnait pas pour sortir mon album. J’ai créé mon propre festival parce qu’on ne m’invitait pas sur les scènes. Ime fallait donc créer la mienne. On ne m’arrête pas parce que je suis têtue.

Est-ce que la création du festival a changé le regard des autres ou donné plus de courage aux femmes ?

Le problème, c’est qu’ici on juge en apparence, sans analyser. Certains pensent que rap rime avec délinquance ou mauvais comportements. Mais je persiste à dire que ce n’est pas faire du rap qui peut rendre mauvais. Ce n’est pas le métier qui rend bon ou mauvais, c’est la personne elle-même qui décide d’être ce qu’elle veut. On n’a pas besoin d’être rappeuse pour être « délinquante » ou autre. Le rap est juste un mode d’expression.

Le bilan du festival ne m’inquiète pas. Mon souhait c’est de faire comprendre son objectif. En tout cas, toutes celles qui sont passées par le festival continuent de créer, mais nous sommes encore peu nombreuses à créer « le buzz ».

Si vous deviez juger votre parcours…

Moi, je suis dans l’action, je donne tout ce que je peux. C’est aux autres de juger l’évolution. En tout cas, tout ce que j’ai, c’est grâce au rap. Il a fait de moi la femme que je suis, une femme entrepreneure, indépendante. Je sais où je vais. Le rap m’a instruiteQuand je vois les autres le dénigrer, je me dis que c’est parce qu’ils ne savent pas. Les gens doivent comprendre c’est à eux d’éduquer leurs enfants, pas au rap. Le jour où ils le comprendront, ils nous laisseront vaquer à nos occupations.

Vous êtes encore très révoltée…

Parce que je suis dans l’action, comme je le dis. Ce n’est même pas que le regard n’a pas évolué, je ne me pose plus la question. Je suis devenue la femme que je veux. On fait comme si je n’étais pas chez moi ici, comme si je n’avais pas le droit de faire ce que je veux. Cela m’exaspère. Je ne demande pas à toutes les femmes de devenir rappeuses. C’est un objectif de vie. Qu’on laisse juste le choix à celles qui ont choisi cette voie.

Nahawa Doumbia : l’inoxydable reine du Didadi

À 62 ans, après une dizaine d’albums et de nombreux succès, la reine du Didadi n’a pas fini de faire rêver. Après une pause de 9 ans, elle revient avec « Kanawa », littéralement « Ne pars pas » en bamanankan. Un album de 8 titres, dont un dans lequel elle appelle à trouver des solutions collectives à l’immigration clandestine.

C’est en chanson que Nahawa  Doumbia explique le contenu de « Kanawa ». Questionnant les raisons de ces départs émaillés de drames qui endeuillent des familles entières, elle interpelle les dirigeants pour aider ces « jeunes à trouver du travail » et à ne plus mourir « dans le Sahara ou la mer, qui ont tué trop de gens ».

Sorti officiellement le 28 novembre 2020, après plusieurs reports dus notamment à la pandémie de Covid-19, « Kanawa » arrive 9 ans après « Kabako ». Un véritable « miracle » que cet avant-dernier album, qui a reçu un accueil inattendu, comme son titre, qui signifie « surprenant »  ou « étonnant ». Plus d’un millier de dates et des tournées à n’en plus finir ne lui ont laissé aucun répit pour préparer un autre opus, avoue la chanteuse.

Une voix intacte

Les mystères ne sont jamais loin lorsque Nahawa évoque son parcours ou sa vie. Sa voix, qui ne porte aucune marque du temps, en fait sûrement partie.  Pourtant elle n’a aucun secret et ne « fait rien de particulier pour l’entretenir ». « Il y a différents types de voix. Je rends grâce à Dieu. Plus je chante, plus ma voix s’aiguise. Cela vient peut-être d’un don », finit-elle par avouer avec le sourire.

Si chacun a le sien, son destin était bien tracé. « On ne savait même pas si moi j’allais survivre », se rappelle celle qui a perdu sa mère une semaine après sa naissance.

Son marqueur, le « solo de chant », qui l’a faite découvrir lors des premières éditions de la Biennale, elle le préserve. Parce que c’est « une musique qui a du sens. Je veux à travers mes chansons faire passer des messages et inciter à l’action ». 

Elle partage volontiers ses expériences avec les jeunes chanteurs et se réjouit que « plusieurs s’en inspirent ». Elle ne souhaitait pas que sa fille unique chante, mais celle-ci a néanmoins choisi cette voie. « Je partage souvent des chansons avec elle, mais elle a son propre style ».

Les jeunes accomplissent sûrement d’importants efforts, mais Nahawa souhaite qu’ils n’oublient pas « les bases de notre culture ».

Yoro Diallo : une longévité à toutes épreuves

L’homme a de multiples noms : Yoro Diallo, Wassada Djinè, Tièkorobani ou encore Kônô boro Tiki. Tous pour magnifier sa persévérance et son savoir-faire. Yoro Diallo, le virtuose du kamalén n’goni, n’a pas fini de faire parler de lui. Il est originaire du Wassoulou, précisément de Wassada, un village situé dans le cercle de Yanfolila, région de Sikasso.

Disparu de la circulation depuis quelques années, parce qu‘il s’occupait de sa mère, récemment décédée à l’âge de 110 ans, et aussi à cause de son projet d’agriculture dans son village natal, Yoro Diallo compte lancer son nouvel opus très bientôt. « J’ai déjà fini mon nouvel album. J’attends la nouvelle année pour préparer son lancement », dit-il. Yoro Diallo est connu dans le monde entier grâce à un célèbre instrument de musique du Wassoulou, le kamalén n’goni. Un instrument qui servait dans le temps à accueillir les jeunes braves au début de l’hivernage. Cet instrument à 6 cordes est pour Yoro plus qu’une vocation, c’est un don qui s’est manifesté dès sa plus tendre enfance. Compositeur et interprète à la voix chaleureuse, Yoro Diallo a été le premier à rénover le kamalén n’goni, en l’accompagnant avec des instruments modernes. Cqui lui a donné toute sa célébrité actuelle. Malheureusement, le maestro regrette aujourd’hui d’assister à la disparition de son instrument favori. « Il n’y a plus personne qui joue de cet instrument actuellement, le n’goni perd son sens et commence à disparaître. La relève m’inquiète. Le kamalén n’goni est un instrument à 6 cordes, maintenant les jeunes le jouent à 7 ou 15. Pour moi, ça c’est la kora, non le n’goni. Ces deux instruments sont très différents. Lkora est instrument des griots qui vient du Mandé », déplore-t-il. Yoro explique que le kamalén n’goni a fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. « Cet instrument m’a beaucoup apporté. Je viens de perdre ma mère, il y a deux mois, et par la grâce de Dieu elle n’a manqué de rien. J’ai pu subvenir à tous ses besoins grâce au n’goni. J’étais très proche d’elle, parce que j’ai perdu mon père dans mon enfance. C’est pourquoi tu n’écouteras jamais aucune de mes chansons sans entendre son nom, Djénèba ». Yoro Diallo appelle les Maliens à la paix et à la générosité. « J’aime bien être généreux. Dans la vie, il ne sert à rien de gagner des millions si ton entourage ne peut pas en profiter ».

Instruments : Traditionnel ou moderne ?

Plutôt instruments traditionnels ou disc-jockey? Plutôt Salif Keita ou David Guetta ? Plutôt boite de nuit ou concert acoustique en plein air ? Les déclinaisons à la première interrogation sont nombreuses. On ne discute pas les goûts et les genres.

Certains sont indissociables d’un artiste. Toumani Diabaté sans sa kora serait sûrement une anomalie du décor. « La jeune génération n’est plus aussi sensible, la musique est dépouillée de son sens avec ces sonorités provenant de machines et qui te donnent envie d’une aspirine » assène Malick Kanté, sexagénaire. Se définissant comme une « fine oreille », il regrette le « virage » pris par certains jeunes artistes. Lamine Soumano, compositeur et arrangeur a lui fait son choix. Et pour lui, au final, seul le résultat compte. « On ne naît pas artiste, on le devient. La musique, c’est le sens, le message à véhiculer pour combattre ou encourager une pratique, et ce, d’une manière agréable à l’oreille » explique-t-il. Il regrette toutefois que la technologie ayant facilité l’accès à la musique, des jeunes enregistrent des « albums-corbeille ». Pas de quoi décourager pour autant les aspirants Avicii ou Dj Arafat. « La musique pour moi, c’est juste un plaisir, avec la nouvelle technologie, je fais des sons comme je veux », lance cash Sory Diakité surnommé RMAN. Plus modéré, Josié Dembélé estime que c’est l’environnement actuel qui l’oblige à faire avec le moderne.

Pourtant, certaines chansons ne sont agréablement audibles qu’avec les instruments traditionnels. Plusieurs artistes témoignent de leur attachement à ces derniers afin de sauvegarder les cultures ancestrales. « Les instruments traditionnels tels le senté, wara, dounouba, tamani ou encore le balafon sont pluridisciplinaires. Ils ont tous un sens », confie Mamou Sidibé. « Mes animations sont différentes de celles des autres, et le public suit » ajoute-t-elle. Cheicknè Sissoko, les considère comme un héritage qu’il doit ventiler partout sur le globe. « Avec mes tamas, je me vois comme un ambassadeur du Mali à travers le monde », nous apprend-il.

Mixer « Il est essentiel que les artistes s’adaptent aux nouvelles réalités et évoluent » plaide Lamine Soumano. Master Soumy a déjà pris les devants. C’est le mélange entre le moderne et le traditionnel qui fait de lui un rappeur authentique. «J’ai eu à visiter certains studios aux États Unis, qui ont beaucoup apprécié ma musique, parce qu’ils arrivent à entendre des sonorités qui n’existent pas chez eux », confie-t-il.

La Soul en peine…

La diva, reine incontestée de la soul est décédée ce jeudi 16 août. Les nouvelles alarmantes parues dans la presse américaine en début de semaine se sont donc concrétisées. C’est une icône de la culture américaine qui disparaît.

La lutte qu’elle menait contre le cancer depuis 2010 est désormais terminée. Aretha Franklin s’est éteinte à Détroit, à l’âge de 76 ans. Elle avait arrêté de se produire pour se consacrer à son traitement, et avait appelé, ces derniers jours, ses fans à prier pour elle.

75 millions de disques vendus

Figure et inspiration de la musique soul et gospel avec ses 33 albums studios, Aretha Franklin est l’artiste féminine ayant vendu le plus de disques vinyles de tous les temps. Féministe afro-américaine, elle a toujours mis sa voix, son énergie et son talent au service des causes qui lui tenaient à cœur. Née le 25 mars 1942 à Memphis, dans l’État américain du Tennessee,  Aretha a grandi dans une famille dont le père, Clarence LaVaughn était militant des droits civiques, et la mère chanteuse de gospel.

Aretha Franklin, alors qu’elle chante dans la chorale de la paroisse de son père est repérée par John H. Hammond, producteur expérimenté, qui a notamment découvert Billie Holiday, Bob Dylan, ou Bruce Springsteen. Il décèle talent brut de la jeune fille de d’à peine 15 ans et la fait signer chez Columbia Records en 1956. C’est le début d’une longue et riche carrière qui la mènera aux quatre coins du monde et la fera chanter devant les plus grands. Sa musique a habillé de nombreux succès cinématographiques.

Aretha Franklin et Martin Luther King à la fin des années 60

Icône engagée

Celle qui a gagné 18 Grammys a aussi été la première femme à intégrer le Rock and Roll Hall of Fame. Elle est aussi l’une des premières femmes noires à faire la couverture du très prestigieux magazine américain Time en juin 1968.

Son engagement en faveur de l’égalité raciale, qu’elle porte grâce à ses sonorités gospel en fait une figure du mouvement pour les droits civiques. Le 9 avril 1968, elle chanta lors des obsèques de Martin Luther King.

Aretha Franklin est un modèle de réussite pour beaucoup de femmes et demeure une icône afro américaine.

https://www.youtube.com/watch?v=PCA1X8WzC5A

Son ultime cadeau à ses fans date de novembre 2017 avec une reprise de son célèbre A Brand New Me enregistré avec  The Royal Philharmonic Orchestra. L’album célèbre le 50e anniversaire de sa signature chez Atlantic Records. Elle y interprète ses succès enregistrés chez Atlantic aux côtés du Royal Philharmonic Orchestra.

Reposes en paix, Aretha…

https://www.youtube.com/watch?v=diwF1-xJwZM

 

 

Samy l’exilé veut sensibiliser contre l’immigration clandestine

 

Samy l’exilé, c’est le nom de scène de ce passionné  de musique au parcours atypique. Après une « mésaventure » et quelques années passées en Algérie, il retourne au Mali et travaille actuellement comme livreur de pizzas. Durant ses heures libres, il écrit et compose ses chansons. Même s’il rêve de faire la musique de façon professionnelle, son objectif reste de sensibiliser les jeunes comme lui, tentés un jour par l’immigration clandestine.

« Ma contribution à la jeunesse, c’est de la conseiller de ne pas se laisser tenter par l’immigration clandestine », explique d’emblée Abdoul Salam Kéïta alias Samy l’exilé, né en Côte d’Ivoire de parents Maliens. Après des études écourtées, il décide comme de nombreux jeunes dans sa situation de « tenter l’aventure ». La Tunisie, la Libye et l’Algérie où il séjourne durant 4 ans sans papiers et sans une situation stable. «  Je suis revenu après 4 ans, ça n’allait pas. J’ai vu beaucoup de frères se faire massacrer. Le problème des Africains c’est les Africains d’abord », ajoute t-il non sans amertume.

Fan de musique, depuis son plus jeune âge. « La musique c’est un virus que j’ai attrapé depuis l’école. A Abidjan, je jouais avec un groupe. Maintenant, je joue seul », confie Samy. Avec les moyens du bord, il réussit à sortir un premier album  de 12 titres en février 2018. Avec l’afro bit comme genre, l’album connaît un accueil  plutôt mitigé. «  Sans soutien ce n’est pas évident », comment t-il.   Faire une carrière dans la musique, oui,  mais  ce qui intéresse Samy c’est surtout  sensibiliser.  Les jeunes Africains, car Samy « se sent partout chez lui en Afrique.»

Et grâce à quelques partenariats avec les ministères des Maliens de l’extérieur, de la Jeunesse et de la Culture, il participe à des tournées de sensibilisation et invite les jeunes à abandonner leur ambition d’immigration clandestine. «  C’est mieux de travailler ici. » outre ce thème, l’artiste « rend aussi hommage à la femme » et aborde les thèmes de la relation de l’Homme avec la religion, avec ses semblables. A  25 ans, Samy qui gagne sa vie pour le moment en vendant des pizzas à Bamako, entend bien se perfectionner dans la musique. « Je suis contacte les grands pour apprendre auprès d’eux.» Un de ses projets immédiats, outre les tournées avec les ministères c’est d’enregistrer une chanson collective avec environ 15 autres artistes, sur l’immigration clandestine.

M’Bouillé Koité, lauréat du prix Découvertes RFI 2017 : Du rêve à la réalité

À 27 ans seulement, il a fait une percée remarquable. Issu d’une famille de griots, le jeune artiste malien M’Bouillé Koité a remporté le 9 novembre le prix Découvertes RFI 2017. Sa voix mélodieuse et le son mélancolique de sa guitare ont pesé dans la balance. Il revit son parcours pour Journal du Mali.

Journal du Mali : Comment êtes-vous venu dans la musique ?

M’Bouillé Koïté : J’ai grandi dans la grande famille Koité, dans une atmosphère musicale, avec le frère de mon père, Habib Koité. Il jouait à la maison. J’étais d’abord footballeur au Centre Salif Keita. En 2008, je suis entré à l’Institut National des Arts et le destin m’a mis sur le chemin de la musique.

Que représente le prix Découvertes pour vous ?

Je rêve de ce prix depuis 1993, quand mon Tonton Habib Koité l’a reçu. J’étais petit mais je m’en souviens. Il y avait des journalistes pour l’interviewer et des photos de RFI partout. C’est une chance pour moi d’exposer mon savoir, de montrer mon talent et de rencontrer d’autres artistesJe suis content et fier d’avoir obtenu ce prix.

Quelles sont les opportunités qui s’offrent aujourd’hui à vous ?

Déjà, je serai connu internationalement. On saura qu’il y a un jeune artiste malien qui est le lauréat 2017. Il y aura une tournée en Afrique et un concert à Paris. RFI, ce n’est pas une petite boite. Ils m’ont fait confiance et, d’après mon père, la confiance, ça s’achète. Je ferai tout pour honorer ce prix.

Qu’est-ce qui vous a permis de l’emporter sur une dizaine d’artistes ?

Pour moi, ce n’est pas un concours. Je n’ai pas cette philosophie. Je pense que c’est le mélange entre ma voix et ma musique, tradi-moderne. J’ai une façon originale de chanter. J’ai voulu aussi montrer au monde qu’en Afrique il y avait des artistes, des jeunes, qui ont du talent. Ce n’est pas moi qui ait gagné ce prix, ni le Mali, c’est toute l’AfriqueJ’espère rencontrer d’autres artistes qui auront ce prix.

Pouvez-vous parler de votre prochain album ?

Ce sera un album live. On ira en studio et on jouera en même temps, on fera les arrangements. On aura besoin pour ce faire de nos doyens et tontons, comme Salif Keita, Cheick Tidiane Seck et Habib Koité pour nous corriger et nous orienter. Je suis jeune et je dois encore apprendre. Déjà j’ai six titres qui sont terminés. Je parle d’amour entre une mère et son fils, des guerres qui frappent ce pauvre monde. C’est vraiment pour bientôt.

La rencontre des musiques africaines et européennes

L’évènement intitulé «  À la croisée des chemins », a initié une table ronde, à l’Institut Français de Bamako, le 22 novembre 2017, intitulée « L’impact des musiques d’Afrique en France et en Europe». Cette activité avait pour but d’expliquer la présence africaine en Europe et son impact par François Bensignor, journaliste, spécialiste de la musique et Keltoun Wallet Emastagh, musicienne, poète et peintre.

C’est dans les années 80, que les artistes africains ont commencé à s’installer en France à la recherche de producteurs. Des artistes comme Salif Keïta, Papa Wemba, Angelique Kidjo, Casera Evorio et plein d’autres ont impressionné le public européen, ils ont marqué l’histoire de la musique européenne. « C’est en ce moment, il y a une ouverture d’esprit de la part des Européens en faveur des musiques africaines », a affirmé François Bensignor, Journaliste, spécialiste de la musique.   .

La rencontre des cultures

Les artistes africains ont influencé la musique européenne avec leurs façons de faire la musique. « Les Européens ont vite compris, qu’ils peuvent améliorer et adapter cette musique à leur continent », a déclaré le spécialiste de la musique. Avec la rencontre des artistes chacun donne quelque chose à l’autre tout en gardant sa propre identité culturelle pour créer une nouvelle chose. Les artistes doivent connaître d’où ils viennent avant de rencontrer l’autre. « La collaboration entre les musiciens tels que Ballakè Sissoko et Jean-François Cigale, chacun garde son identité, chacun ajoute plus d’âme et plus de cœur possible pour donner une nouvelle création », a expliqué le journaliste. La musique, elle est universelle, les artistes s’inspirent les uns des autres, et avec les voyages les hommes ramènent avec eux des souvenirs. Le rap est aussi le fruit du métissage culturel « A travers les voyages, il y aura des échanges, les artistes prennent un peu de tous pour construire ou de créer une nouvelle musique », a exprimé Keltoun Wallet Emastagh, musicienne, poète et peintre.

La compréhension mutuelle

Avec ce nouveau système de vie, les hommes doivent renforcer ce dynamisme, qui est entrain de créer une nouvelle musique mondiale. Chaque fois, qu’il y a une rencontre culturelle, il y a un échange, et tout le monde sort enrichi. Personne ne doit perdre son identité. Les artistes ont le devoir d’éveiller la conscience des uns et des autres pour construire un monde dans la diversité. « Nous avons le devoir de chercher le meilleur de nous-mêmes au lieu de s’accuser mutuellement en tant que citoyen, nous devons donner le mieux de nous-mêmes », a souligné Keltoun Wallet. Le monde a évolué parce qu’il y a eu ces rencontres et ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes, donc, elles ne peuvent pas être négatives, a-t-elle conclut.

Jacques Coulibaly

M’Bouillé Koité, Prix Découvertes RFI 2017

L’Afrique l’avait découvert sur le plateau du télécrochet « Island Africa Talent » en 2014. Ses interprétations chaleureuses de morceaux internationaux à  la sauce mandingue avaient séduit le jury et le public. C’est au tour de Singuila et de ses pairs du jury du Prix Découvertes RFI 2017 de tomber sous le charme de la voix de M’Bouillé Koité.

Artiste chanteur, musicien et compositeur, M’Bouillé chante depuis qu’il a 10 ans. Une carrière de 17 années déjà  pour le jeune bamakois qui est issu d’une famille de grands griot-musiciens. Il joue de la guitare depuis tout aussi longtemps, et c’est donc naturellement qu’il compose pour ses amis et pour lui-même des mélodies cadencées et chaleureuses. En 2008, sa participation à  la Biennale artistique et culturelle de Kayes qui le dévoile et la sortie de son premier single marquent le début de sa carrière musicale. Ses interprétations de qualité mais surtout son sérieux et sa constance dans le travail marquent tous ceux qui collaborent avec lui.

Mérite et consécration.

C’est donc un peu naturellement qu’il fait partie de la sélection de la première édition de l’émission de découverte de talents « Island Africa Talent » organisée en 2014. S’il ne la remporte pas, le diplôme de l’Institut national des arts (INA) y acquiert une reconnaissance internationale de son art et une confiance accrue en sa destinée. De retour à  Bamako, les projets s’enchainent et les morceaux proposés au public rencontrent tous le succès. De « Maman » à  « Mbifè» en passant par « Diyalé» ou le très célèbre « Mogo kan », l’artiste continue son ascension et la prochaine sortie de son album est très attendue par les fans. Ceux du Mali et désormais du monde entier, grâce au Prix Découvertes RFI 2017 qui lui a été décerné ce 09 novembre. Le chanteur devance aux points une autre artiste malienne, Ami Yerewolo qui fait du rap. Il bénéficiera d’une bourse de 10 000 euros, d’une tournée internationale et d’un concert à Paris. Bon vent, M’Bouillé !

https://www.youtube.com/watch?v=GdGxnxonEN0

 

Wari Boyz : Premier album des plus Maliens des Togolais

 

Deux jeunes artistes togolais réunis par leur amour de la musique et leurs valeurs communes ont décidé de travailler ensemble. Tous deux vivants au Mali, Gnim et Laprex forment le duo « Wari Boyz » qui vient de sortir son premier album « De Lomé à Bamako ».

Des textes rythmés et percutants, une musique qui mélange les influences de leur pays d’origine et les mélodies aimées au fil des années, des chansons en français, bambara et dialectes togolais… Voici les couleurs de l’album de ce groupe, créé il y a de cela cinq ans. C’est lors d’un atelier de hip-hop organisé par le Centre Culturel Français du Togo que les deux jeunes gens se rencontrent en 2005. La vingtaine tous les deux, Gnim Dah et Edorh Hervé, connu sous le nom de Laprex, se découvrent les mêmes visions et décident de mettre en commun leurs talents. C’est au Mali, où ils vivent depuis 2012 que ce rêve se concrétisera. « Wari Boyz » nait et leur permet de se faire connaître sur les scènes underground de la capitale. Pourquoi ce nom ? Parce que « Wari Boyz rime avec notre idéologie. Nous sommes convaincus que nous pouvons tous réaliser des grandes choses, même si nous ne pas sommes riches financièrement » explique Laprex.

La musique ne les fait pas encore vivre. Laprex est comptable et Gnim est compositeur – arrangeur.  « Grâce à mes compétences dans le domaine, Wari Boyz s’autoproduit », se réjouit-il. « De Lomé à Bamako » est leur premier album, sur lequel on retrouve douze titres, Bara, Expérience, Africa Love, Ennemis, Papa n’est pas là … et trois bonus. Autant de chansons qui sont des morceaux de vie que les artistes racontent à deux voix à leur public. « L’objectif est de transmettre un message de prise de conscience pour une Afrique unie et prospère.  Nous appelons également les jeunes africains à redoubler d’efforts, à travailler davantage », explique Gnim.

Plusieurs collaborations enrichissent cette première production. On y entend les voix de Buba Maliba, Iba One, Weii Soldat, Black Ismo, Casha et de six autres artistes du milieu rap et hip-hop du Mali. Disponible sur internet depuis le 30 septembre dernier, « De Lomé à Bamako » sera bientôt entre les mains des amateurs.  « Nous rêvons de faire vibre le monde entier au rythme des musiques africaines » … C’est le moins qu’on leur souhaite.

 

Debademba, un duo ouest-africain en accord parfait

La formule 1+1=1 employée pour qualifier une union n’a jamais eu autant de sens qu’en écoutant ce duo musical qui s’est rencontré en 2008 à Paris et qui ne se sont plus lâchés depuis.

Au début sceptique, Abdoulaye Traoré, guitariste burkinabé, a été conquis par la voix mélodieuse du griot ivoiro-malien, Mohamed Diaby. La voix de l’un et les prouesses des doigts de l’autre créent une fusion parfaite de blues, soul et jazz avec des sonorités mandingues.

Après avoir chanté dans leurs deux précédents albums l’Afrique, les valeureux guerriers africains, l’immigration, le duo nous transmet dans un nouvel album, où apparait le chanteur français Ben l’Oncle Soul, un message de paix. Aussi, le duo nous chante les valeurs de courage, d’harmonie, d’hospitalité, et prônent les femmes et une figure emblématique de l’Afrique, Mandela.

L’on ne peut s’empêcher d’être emporté par les rythmes africains divers que leur troisième album « Sanikoya » apporte. Cet album est une fusion de plusieurs rythmes ouest-africains qui donne au groupe un angle panafricain. C’est ainsi un véritable album panafricain qui réunit l’Afrique subsaharienne de l’Est à l’Ouest, et du nord au sud.

Debademba qui signifie « grande famille » en bambara c’est une ode à la vie, à la musique, à l’Afrique.

En ces temps tourmentés, ça fait bouger, ça fait du bien et on adore !

 

 

 

 

 

Diallou Damba, une étoile s’est éteinte

Diallou Damba, la griotte de Mourdiah n’est plus.  Née à Mourdiah dans le cercle de Nara dans la région de Koulikoro, il y a 54 ans, l’artiste venait d’une famille de griots et a connu la renommée internationale. Surnommée «la griotte des Sarakolés » parce que la plupart de ses chansons sont en langue soninké,  la mère de cinq enfants dont quatre filles aura marqué le monde de la musique et de la culture malienne. «  J’ai parlé avec elle mardi et on m’a appelé le soir  pour me dire qu’elle est décédée. C’était la femme de mon intime ami, une femme sans façons, toujours joviale gentille, généreuse et serviable » Modibo Kouyaté, lui aussi griot.

La nouvelle de sa mort  s’est répandue comme une traînée de poussière et sur  les réseaux sociaux les messages de condoléances se sont multipliés à l’endroit de sa famille ainsi que toute la sphère artistique malienne. Unique en son genre, avec cette voix particulière qui ne laissait personne indifférent, elle laisse derrière elle un patrimoine artistique riche.  En la raccompagnant à sa dernière demeure ce mercredi 28 décembre, ses proches et ses fans auront dans les oreilles des titres comme  « Sori », « Niamè », « Tara », « Allah de bi djon son » et bien d’autres. Dors en paix.

 

Songhoy Blues : la « ballade » des rockeurs du désert

Après une tournée autour du monde en 2015, les Songhoy Blues sont de retour et posent leurs valises au pays pour deux mois.

Leur premier album « Music in exile », conçu entre Londres et la capitale malienne en 2015, a propulsé sur la scène mondiale leurs sonorités électro-rock, nourries de musique mandingue et songhaï. « Le public occidental apprécie la musique malienne qui n’est plus à  présenter. Des grandes figures nous ont précédé, comme Ali Farka Touré, Amadou et Mariam, Tinariwen. Nous, on apporte notre touche pour que ça soit compatible avec la nouvelle génération », explique Aliou Touré, le chanteur du groupe. Cette « ballade » de 180 dates à  l’étranger a été pour eux une « exploration de l’univers musical » et leur a permis de « promouvoir la culture malienne ».

Ces garçons du désert, qui ont fui en 2012 le nord du Mali tombé sous la coupe d’islamistes opposés à toute forme d’expression musicale, sont issus de cette génération de musiciens maliens enrichis d’influences internationales. Ces « musiciens en exil » prônent une musique sans frontières : « tu prends la note do au Mali, ça te donnera do aux États-Unis, do en Inde et partout dans le monde. Chaque musique peut nous inspirer ». L’inspiration justement, il en sera question pour 2016, après une série de concerts en Europe en février, ils reviendront au Mali pour concevoir leur deuxième album, mûri sur la route et au gré des rencontres.

En attendant ce nouvel opus et durant ce break de création, des concerts au pays seraient envisageables. « Nous on attend que ça, jouer au Mali devant un grand public. Les portes de l’art sont fermées tant qu’il n’y a pas de stabilité, et si la situation actuelle du Mali le permet, pourquoi pas ! ». Pourtant, d’autres artistes, nationaux et étrangers, se produisent dans le pays, tels Akon, le 16 janvier à  Bamako.