Nord et Centre du Mali : guerre contre l’éducation ?

Pour la nouvelle année scolaire, il y aura une augmentation de 70 % du nombre d’écoles fermées par rapport à l’année scolaire 2015 – 2016. Une situation due principalement aux menaces des groupes armés et au climat d’insécurité, mais aussi à une certaine méfiance envers le système scolaire national.

Leurs enseignants ont fui sans jamais revenir. Leurs écoles ont été saccagées, incendiées, par des individus armés. Dans le Nord et le Centre du Mali, les écoles fermées sont légion et créent une génération sacrifiée de garçons et de filles déscolarisés. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), l’année 2016 – 2017 s’est terminée avec 500 écoles fermées, soit 31 % de l’ensemble du Centre et du Nord du pays, et 150 000 enfants déscolarisés. La région de Mopti, avec 248 écoles fermées, est la plus touchée. « Les djihadistes ordonnent de fermer toutes les écoles non coraniques. Ils sont hostiles à l’école de la République. Partout où ils passent, ils menacent les enseignants, qui ont tous déserté. Pour eux l’école fondamentale vient du Blanc, et ils n’aiment pas ça », explique un habitant de Youwarou. Dans les territoires enclavés de la région de Mopti, où l’État et l’armée ne sont présents que dans les grandes villes et où l’islam est fortement enraciné, on rencontre aussi une hostilité naturelle envers l’école de la république, un état de fait antérieur à la présence des djihadistes. « Chez nous, c’est une question de culture. Auparavant, il y avait même des parents qui allaient jusqu’à payer des directeurs ou des enseignants pour que leurs enfants ne soient pas recrutés. Beaucoup profitent de la situation créée par les djihadistes car ils considèrent qu’un enfant qui va à l’école française deviendra difficilement un bon musulman », souligne un enseignant du cercle de Tenenkou, où 91 établissements scolaires sont fermés depuis l’année dernière.

Cursus franco-arabe, une solution ?  « Les écoles publiques sont mal vues parce que c’est le français qu’on y enseigne et que la population, comme les djihadistes, préfère les écoles coraniques », confirme Sékou Bakaye Traoré, Président du Conseil de cercle de Youwarou. Pour lui, il y a une solution qui pourrait favoriser qui pourrait favoriser la réouverture des écoles dans la région : la mise en place d’un système où l’on pourrait conjuguer apprentissage de l’arabe et du Coran et cursus conventionnel. « Je pense que l’État doit entreprendre certaines réformes. Il faut introduire l’arabe dans nos écoles dès le primaire. Les écoles franco-arabes, la population a toujours souhaité ça. Enseigner le français ici encourage l’islamisme. Je pense que si on fait ça, il y aura des effets importants. Ce sont des décisions politiques à prendre, mais je suis convaincu que, pour rouvrir les écoles, il faut modifier un peu les programmes », affirme-t-il.

 

CMA et Plateforme s’engagent pour la paix

La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme des Mouvements du 14 juin 2014 avaient prolongé de 30 jours à partir du 06 septembre 2017, le précédent accord de trêve de 15 jours. Après 5 jours de négociations sérrées, les différentes parties ont enfin abouti à la signature, mercredi 20 septembre, d’un document intitulé : Engagements, qui marque le fin des hostilités entre les deux mouvements et pose les jalons d’une mise en oeuvre effective de l’Accord.

Les négociations entre la CMA et la Plateforme ont débuté vendredi 15 septembre dernier à l’ex-Cres de Badalabougou. C’était en présence du ministre de la Réconciliation nationale Mohamed Elmoctar, du haut représentant du président de la République Mamadou Diagouraga et du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Mahamat Saleh Annadif. La CMA était représentée par Bilal Ag Achérif et plusieurs personnalités tandis que la délégation de la plateforme était représentée par Me Harouna Touré et plusieurs leaders du mouvement. Durant cinq jours des tractations ont été menées par le ministre de la Réconciliation nationale et la médiation internationale pour concilier les points de vue divergents et aboutir à un document acceptable par tous. Lors de cette première journée, le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies a exprimé son agacement face au double jeu des protagonistes qui, depuis deux ans bloquent la mise en œuvre de l’Accord. «  Nous avions patienté. Nous avions beaucoup attendu » avait lancé le patron de la mission onusienne avant de prévenir : « notre patience a des limites ». Une impatience que le ministre de la réconciliation nationale a aussi exprimé en appelant les concernés à prendre leurs responsabilités.

C’est donc chose faite, désormais, ose-t-on croire. Le dialogue et les concertations semblent avoir fini par avoir raison sur la violence. Mercredi 20 septembre, les deux mouvements ont signé un document dit ‘’Engagements’’ lors d’une cérémonie présidée par le chef de file de la médiation internationale l’ambassadeur algérien Boualem Chebihi. A ses côtés, le ministre de la Défense Tiena Coulibaly, le représentant de la plateforme Fahad Ag Almahmoud, le représentant spécial adjoint de la MINUSMA Koen Davidse et le représentant de la CMA Bilal Ag Achérif.

Le chef de file de la médiation a salué l’exercice qui a permis « aux frères d’échanger », même de façon passionnée, mais avec un ferme engagement pour la paix et la réconciliation. Il a exprimé sa reconnaissance aux participants de ces cinq jours de travaux inlassables. Prenant la parole au nom du gouvernent, le ministre de la Défense et des anciens combattants s’est dit «  heureux » de la tenue de cette cérémonie. Pour le ministre, le gouvernement du Mali est très engagé pour la mise en œuvre de l’Accord car « les populations du Nord du Mali ont attendu très longtemps ». « La plateforme se réclame des populations, la CMA se réclame des populations et le gouvernement se réclame des populations » c’est pour cela que c’est un devoir pour chacun que la situation change a-t-il déclaré. La Minusma à travers son représentant spécial adjoint aux affaires politiques, très impliqué dans la résolution des divergences a félicité les responsables des mouvements, la communauté internationale et le gouvernement, qualifiant de « bonne nouvelle » la signature annoncée. A son tour, le représentant de la plateforme, espère qu’à la sortie de cette signature «  la coexistence pacifique et la fraternité entre des frères partageant le même espace géographique » sera une réalité. Il a assuré que la plateforme respectera tous les engagements qu’elle aura à prendre et espère qu’à l’avenir celle-ci n’aura plus à répondre à la question selon lui « extrêmement gênante », pourquoi ne faites vous pas la paix avec vos frères ?

Une commission de haut niveau verra prochainement le jour pour combler les attentes. Le représentant de la CMA quand a déclaré que cet événement est « le fruit des efforts des parties, de leurs engagements profonds à la recherche d’une stabilisation effective ». Bilal Ag Achérif a invité tous les acteurs engagés dans le processus à joindre leur effort à cet engagement pour l’atteinte des objectifs. Il a en outre appelé à condamner les criminels qu’ils soient de la CMA ou des autres rangs. « A la sortie de cette cérémonie les conditions doivent être réunies pour que les autorités intérimaires soient opérationnelles où qu’elles se trouvent, pour que les populations locales sentent la présence d’une administration qui parle en leur nom » a souhaité le représentant de la CMA.

C’est après toutes ces interventions des acteurs impliqués dans la mise en œuvre de l’Accord de paix que le document dit ‘’Engagement’’ a été signé par les parties. Le document comprend deux titres. Le premier concerne les mesures de confiance qui passent par l’organisation du retour ordonné des éléments de la Plateforme à Takalot dans un délai maximum de deux semaines à compter de la signature du présent engagement, sous l’égide de la CTS avec l’appui de la MINUSMA ; la cessation immédiate, totale et définitive de toute forme d’hostilité ; la libération des détenus ; l’engagement d’œuvrer à la clarification du sort des personnes disparues et à ne protéger aucun auteur de crime ; l’établissement d’une commission de haut niveau pour renforcer la cohésion entre les deux parties, chargée de traiter toutes problématiques qu’elles soient d’ordre politique, institutionnel, humanitaire et sécuritaire. Le second titre du document est relatif à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, il s’agit entre autres : de relancer la finalisation avec le gouvernement d’un chronogramme consensuel pour la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix, d’ici la fin du mois de septembre, avec comme priorités : l’opérationnalisation des MOC de Kidal, de Tombouctou et de Ménaka ; l’installation des combattants des mouvements signataires sur les sites de cantonnement retenus par la CTS et leur prise en charge immédiate par le gouvernement ; l’opérationnalisation immédiate de l’autorité intérimaire de Kidal à travers la passation diligente de services et parachèvement de l’installation de l’administration dans les cinq régions ; de toutes autres priorités dont les trois parties signataires conviennent. Dans le document la CMA et la Plateforme s’engagent à jouer leur partition dans la mise en œuvre diligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation et appellent le Gouvernement à en faire de même. Les deux parties prennent des mesures qu’elles jugent appropriées aux fins de sensibiliser les populations et leurs bases respectives à l’importance du respect des arguments ci-dessus.

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Recrudescence de viols au nord du Mali

 

Ils avaient été l’ombre au dessus des femmes dans les régions du nord pendant la crise et l’occupation. On les avait pensé révolus jusqu’à ces derniers mois où ils semblent devenir monnaie courante. En quelques semaines, les viols, qui sont  désormais le faits des bandits armés, ont fait de nombreuses victimes.

Pratiqué généralement lors des conflits armés, des viols sur les femmes ont été commis en 2012 lors de l’occupation du territoire par les groupes rebelles et djihadistes. Bien que diminué depuis la reconquête du territoire, des individus armés renouent avec la pratique surtout sur les principaux axes routiers menant aux régions du nord du pays. Il y a un mois, des bandits armés ont attaqué des passagers qui passaient la nuit  au bord du fleuve à Tombouctou, pour attendre la traversée par le bac au lendemain matin. Les agresseurs, après avoir dépouillé les voyageurs, se sont méthodiquement attaqué aux femmes présentes, auxquelles ils ont infligé toutes sortes de sévices. Sous le regard impuissant des autres passagers. Une semaine plus tôt, une femme avait été violée dans la même zone alors qu’elle revenait d’un point d’eau.  Le dimanche  10 septembre dernier, nouveau braquage contre un bus de Maiga Transport entre Hombori et Gossi. Aux environs de 20 heures, les bandits détroussent les passagers et agressent sexuellement  une jeune fille de 15 ans  en présence de ses parents. Un acte d’humiliation et d’atteinte à la dignité humaine qui prend de l’ampleur de plus en plus. Le dernier cas en date s’est déroulé ce week-end. Samedi 12 septembre au soir, les passagers d’une voiture personnelle venant de Tombouctou pour Sévaré tombent sur une jeune femme dans un état critique sur la route entre Bambara Maoude et  Ngouma. Elle a été violée et ses agresseurs lui ont tiré dans les fesses, selon les témoins. Malgré la diligence des bons samaritains, elle succombera lors de son transport vers l’hôpital.

Face à des tels actes barbares, les voix se lèvent pour interpeller les autorités et les organisations de droit de l’homme. L’insécurité sur les axes routiers  ne permet plus de voyager, les passagers craignant d’être dépossédés de leurs biens, voire pire. Les transporteurs n’osent plus emprunter ces routes, à l’instar d’Ansongo-Ménaka, où c’est l’arrêt total des camions de transports depuis cinq jours  à cause des attaques régulières.

 

 

 

 

 

Moussa Maïga : « L’amitié avec la France ne doit pas nous rendre aveugle »

La Plateforme « On a tout compris, Waati sera », constituée de plus d’une centaine d’associations, a été contrainte vendredi 18 août par les forces de l’ordre, d’effectuer son deuxième sit-in prévu en face de l’ambassade de France, devant la Pyramide du souvenir. Moussa Maïga, membre fondateur de Waati Sera, a expliqué au journal du Mali, les buts de cette Plateforme qui pointe du doigt le rôle «trouble» de la France au Mali et qui prend de plus en plus d’ampleur.

Pourquoi avez-vous voulu faire un nouveau sit-in devant l’ambassade de France ?

Nous l’avons fait dans l’intention de dénoncer l’ingérence française dans la gestion de la crise Malienne.

Qu’appelez vous ingérence française ?

Nous ne sommes pas d’accord avec la politique française, car la France prend parti du côté des ennemis du Mali, comme la CMA, composée de ceux qui se disent nationalistes, le MNLA et de terroristes.

Ne pensez-vous pas que dans la situation actuelle au Nord, il serait dangereux de laisser Kidal sans la présence des forces étrangères ?

Avant que la France n’arrive à Kidal, les terroristes occupaient le Nord. À l’époque il n’y avait pas d’attentat, c’était juste leur charia qu’ils appliquaient à la population. La situation s’est aggravée malgré la présence de plusieurs troupes étrangères sur le sol malien. Nous voulons connaître leur agenda, nous ne savons pas ce qu’ils font au Nord. On augmente leur mandat mais la situation ne fait qu’empirer. Même l’autre jour, Ménaka est tombée dans les mains de la CMA sous les yeux de la Minusma. Nous avons vu la libération de Gao et Tombouctou par des forces étrangères mais jusqu’à présent Kidal n’a pas été libérée, qu’attendent les forces françaises pour libérer Kidal ? Si la France avait libéré toutes les régions du nord pour combattre le terrorisme, comme ils le disent, on les soutiendrait sans problème. Qquand ils ont libéré Konna le peuple malien a applaudit, après nous avons constaté qu’au lieu de se ranger auprès du Mali ils se sont rangé au côté des terroristes.

Concrètement, demandez-vous le départ des forces étrangères ?

Ce n’est pas ça notre objectif, nous voulons leur transparence, qu’ils mettent de côté leurs intérêts pour libérer le nord du Mali d’abord. Qu’ils n’oublient pas que le peuple malien aspire à avoir la paix. Cela fait longtemps que nous sommes dans l’impasse totale et c’est la France qui est dessous tout ça.

Pour vous la France est-elle toujours une amie du Mali ?

On peut être ami mais chacun doit garder sa personnalité, l’amitié avec la France ne doit pas nous rendre aveugle. La France est toujours une amie, mais nous ne sommes pas d’accord avec ce qu’elle fait au Nord.

Selon vous, est-ce seulement la faute de la France ou aussi celle du gouvernement malien qui n’est pas suffisamment fort pour être souverain sur son territoire ?

Nous n’avons pas de gouvernement, c’est un gouvernement incompétent qui a les mains liées et qui ne peut rien faire. C’est au peuple de se défendre. Quelqu’un qui tend la main ne peut pas dénoncer celui qui lui donne à manger, notre gouvernement reste et demeure au côté du néo-colonisateur.

Peut-on vous considérer comme un mouvement anti-français ?

Nous sommes un mouvement anti politique française au mali.

Comme un mouvement nationaliste ?

Nous sommes nationalistes, nous sommes des patriotes. On aime notre pays, on ne veut pas perdre notre pays, quand on perd une chemise elle peut être remplacée pareille pour une chaussure. Mais quand on perd une nation on ne peut jamais la remplacer, nous sommes prêts à mourir pour le Mali.

Après ces deux sit-in jusqu’où comptez-vous aller ?

Nous sommes capables de révolutionner le Mali tout entier de Kayes à Kidal pour dénoncer l’ingérence des autorités étrangères. Nous avns commencer avec 30 associations et aujourd’hui il y en a plus d’une centaine et ça continue. Nous voulons la paix, que ça soit avec les autorités locales ou étrangères mais nous n’acceptons pas leur mauvaise gestion de la crise. Il faut que cette gestion soit transparente que la population sache qu’on est en train d’aller vers la paix. Connaissant les moyens logistiques dont disposent les forces étrangères qui sont au Mali, est ce que les terroristes peuvent vraiment les empêcher de libérer Kidal ? Comment la CMA peut-elle, devant la France, brandir un autre drapeau différent de celui du Mali. Ils réclament leur indépendance sous les yeux de la France et de la Minusma, sachant l’accord de paix qui a été signé. Depuis la signature de cet accord, on pensait aller vers la paix, mais c’est le contraire, nous assistons à une division du pays manigancée par la France. La France défend ses intérêts, parmi lesquels l’exploitation de nos ressources, en oubliant ceux du peuple malien.

L’ONU enquête sur de possibles fosses communes au Nord Mali

La Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a fait savoir samedi qu’elle enquêtait sur l’existence de fosses communes et sur de nombreuses accusations de violations des droits de l’homme par des groupes armés tentant de contrôler la région.

Dans un communiqué, la Minusma indique avoir été informée « d’allégations d’abus et de violations graves des droits de l’homme, imputées respectivement (aux) mouvements signataires » de l’accord de paix signé en mai-juin 2015 entre les groupes armés pro-gouvernementaux, réunis au sein de la « Plateforme », et les groupes de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg). Cet accord de paix est régulièrement violé depuis juin.
La Minusma a annoncé samedi avoir déployé « des équipes de la Division des droits de l’homme et de la protection, afin d’enquêter et de documenter ces éventuels abus et violations, notamment à Anéfis (région de Kidal, NDLR), où l’existence de charniers a été rapportée », ajoute le communiqué.
« Sur les 67 allégations, 34 ont pu être corroborées et confirmées, parmi lesquelles figurent notamment des disparitions forcées d’individus, y compris celles de mineurs, des cas d’enlèvement et de mauvais traitements, ainsi que des cas de destructions, d’incendie et de vols », rapporte la Minusma.
Les équipes de la Minusma ont « constaté sur place l’existence de tombes individuelles et de fosses communes », sans être en mesure d’établir pour le moment le nombre de personnes enterrées et les circonstances de leur décès, poursuit le communiqué, qui ajoute que les enquêtes vont se poursuivre notamment sur le sort des personnes disparues.
La Minusma s’est dite « aussi extrêmement préoccupée de la possible présence de mineurs dans les rangs des mouvements signataires, ce qui constitue de graves violations des droits de l’enfant en période de conflit armé ».
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.

Développement des régions du Nord : une stratégie à peaufiner

Le gouvernement souhaite injecter près de 2 000 milliards de francs CFA dans le cadre d’une Stratégie de développement des régions du Nord. Un ambitieux projet dont les contours doivent cependant être définis.

« Hisser les régions du Nord au même niveau que le reste du pays en termes d’indicateurs de développement et ce dans un délai n’excédant pas une période de 10 à 15 ans ». C’est en ces mots que le Dr Boubou Cissé, ministre de l’Economie et des Finances, a analysé la Stratégie de développement des régions du Nord lors de l’ouverture des travaux de l’atelier qui a planché sur la question les 17, 18 et 19 juillet. L’annonce est forte. Pour ce faire, 2 194 milliards de francs CFA devraient être mobilisés pour mener à terme cet ambitieux projet, qui va s’articuler autour de trois axes majeurs : l’amélioration de la gouvernance, l’accès aux services sociaux de base et le renforcement des infrastructures.

« C’est une bonne chose, c’est une thématique importante de l’Accord de paix. Toutes les composantes de l’Accord étaient représentées, pour que l’on soit certain de ne rien omettre » assure Ilad Ag Mohamed, porte-parole de la CMA. Le gouvernement malien s’est engagé à décaisser 100 milliards de francs CFA par an durant trois ans. Pour le reste, l’Etat mise sur l’apport des partenaires techniques et financiers.

« Il faut absolument qu’il y ait une transparence dans le financement. La question est de savoir comment seront injectés ces fonds et quelles seront les procédures. Il ne faut pas confondre les appuis budgétaires aux Etats et ceux qui seront injectés dans ce pourquoi ils ont été sollicités » prévient le Gouverneur de la région de Ménaka, Daouda Maïga.

Sur les ondes de la radio RFI, le premier Vice-Président des autorités intérimaires de Kidal, Abda Ag Kazina, a également émis certaines réserves. « Si on construit une école là où il n’y a pas d’eau… Pour la région de Kidal, transporter de l’eau, c’est un projet de 30 milliards. Ce n’est pas la mer à boire pour un pays ». Il déclare être « fatigué des petits projets de gouvernance » sans réel impact.

Ce ne sont pas les seules épines sur la route de ces projets de développement. « On ne peut mettre en œuvre ces projets sans l’implication effective des autorités locales. Il faut préalablement que les élections régionales se tiennent et que le Président du Conseil consultatif soit élu. La crise est d’abord politique, donc les populations locales doivent se sentir concernées » martèle le porte-parole de l’ex-rébellion.

Quid de l’insécurité ? Rendre effective cette Stratégie de développement du Nord dans des zones non sécurisées relève pour l’heure de l’utopie. Mais, à en croire Ilad Ag Mohamed, la problématique sécuritaire serait relative. « Aucun des acteurs de l’insécurité ne peut s’opposer au fait que de l’eau soit apportée dans les régions. Avec les moyens que nous avons, nous devons imaginer comment faire pour concilier développement et insécurité. Nous allons tout faire pour ».

Une vision partagée par le Gouverneur de Ménaka. « Si nous attendons la fin totale de l’insécurité, le point où on n’entendra plus une seule rafale, nous pouvons attendre 20 ans. Ce n’est pas souhaité » conclut-il.

 

 

Otages au Sahel : Négociation mode d’emploi

Le 1er juillet 2017, Nusrat Al Islam publiait une vidéo montrant six otages, dont l’humanitaire française de Gao, Sophie Pétronin, appelant les gouvernements des pays de ces ressortissants étrangers à œuvrer à leur libération. Si, officiellement, ces États affirment toujours ne jamais transiger avec les terroristes, des négociations secrètes, avec de nombreux intermédiaires sont souvent initiées, pour, avec du temps et beaucoup d’argent, tenter de faire libérer les captifs.

  « Ce sont des terroristes, des voyous et des assassins […]. Nous mettrons toute notre énergie à les éradiquer », assenait Emmanuel Macron le week-end dernier à Bamako, qualifiant ainsi les ravisseurs de Sophie Pétronin, l’otage française détenue avec 5 autres par AQMI et ses « associés », quelque part dans l’immensité du désert sahélien. Dans une vidéo publiée par le groupe djihadiste le 1er juillet dernier, la Française, coiffée d’un foulard vert, les traits tirés, enjoignait d’une voix monocorde le président français à faire son possible pour la faire libérer.

« Ils exhibent leurs otages pour attirer l’attention des gouvernements et de leurs populations. Les Français par exemple mettront ainsi la pression sur Macron. Pour eux, les otages, ce sont comme des produits mis aux enchères, une vitrine, un atout pour faire chanter un État et qui peut rapporter gros, environ 5 millions d’euros par tête », décrypte un officier touareg très au fait de l’activité terroriste régionale, qui considère que cette vidéo est aussi un camouflet pour les gouvernements et leurs services de renseignements, incapables après des mois voire des années de débusquer ces groupes et de retrouver leurs ressortissants.

Si cette vidéo apporte une preuve de vie des otages, elle n’éclaire en rien sur les revendications proprement dites des ravisseurs. Un homme au visage couvert fait néanmoins, dans la vidéo, référence à de précédentes libérations d’otages et prévient que d’autres dépendront de la volonté politique de leurs gouvernements respectifs. Un appel du pied à peine voilé à ces gouvernements pour prendre contact et négocier le sort des détenus, si toutefois négociations il y aura.

 Source de revenus Bâtir un réseau fiable de négociations avec les ravisseurs dépend d’un seul critère, la confiance. « Les ravisseurs vous acceptent lorsque vous êtes introduits auprès d’eux par une ou plusieurs personnes auxquelles ils font confiance. Votre origine importe peu, il faut surtout être de bonne foi, ne jamais mentir, ne jamais promettre ce que vous ne pourrez pas réaliser. De toute façon, vous gagnerez leur confiance définitivement une fois que les négociations auront abouti », explique cette source qui a déjà « facilité » la libération d’otages au Sahel. « Durant toutes les tractations, ils assurent le minimum pour que les otages restent en vie. En dehors de cela ils n’ont pas une grande considération pour leurs détenus », poursuit-elle. Les transactions peuvent concerner la libération de prisonniers ou de très importantes sommes d’argent, et les négociations peuvent durer longtemps, car les exigences des ravisseurs sont souvent difficiles, voire impossibles à satisfaire. « Les sommes versées aux ravisseurs, telles que rapportées par les médias, paraissent importantes mais ne constituent pas la partie vitale de l’entretien d’une katiba, qui est composée de plusieurs cercles. Ces groupes sont nombreux à se partager ces sommes et il ne faut pas oublier non plus que la vie dans le désert coûte très cher », ajoute la même source.

L’argent des rançons sert généralement à acheter des armes, de l’essence et de la nourriture, ainsi qu’à assurer la sécurité de ces groupes qui vivent dans la clandestinité. Une sorte de forfait d’existence prolongée pour une période indéterminée. « Les rançons, qui financent ces groupes radicaux et dangereux, c’est un moyen efficace de faire perdurer les djihadistes chez nous », lâche ce combattant du MNLA, qui voit aussi dans la lutte contre le terrorisme en Afrique une guerre par procuration de l’Europe.

Alors, négocier ou éradiquer ? La sortie du Président Macron, dimanche 2 juillet, pourrait être un élément de réponse, conforme à la règle française qui est de ne pas négocier avec les terroristes. Mais après la détermination et les coups de menton médiatiques, reste la realpolitik, où il en est souvent autrement. « Ce qui se passera, je l’ignore, mais je suppose que, soucieux de la situation pénible dans laquelle se retrouve l’une de ses citoyennes, l’État français tentera d’y trouver une solution… », conclut, sibyllin, cet ancien intermédiaire, sous anonymat.

Charia : Une réalité malienne

Le 16 mai dernier à Taghlit, entre les localités d’Aguelhoc et Tessalit, une femme et un homme auraient été lapidés par des islamistes qui leur reprochaient d’avoir violé la charia, la loi coranique, parce qu’ils vivaient en concubinage. La véracité de ce triste évènement, relayé par les médias nationaux et internationaux, reste à démontrer, certains affirmant même avoir vu quelques jours plus tard la jeune femme vivante à Aguelhoc. Pour autant, la rumeur de cette lapidation, inédite depuis les jours sombres de la crise de 2012, pose la question de la présence de ces forces djihadistes dans certaines zones du pays qui échappent toujours aux forces maliennes et étrangères, et de leur capacité à faire peser leur vision étriquée de la loi divine sur le caractère laïc du pays, s’ils parvenaient à propager leur foi rigoriste.

« Oui la charia est appliquée dans certaines zones de la région de Kidal ! », déclare sans ambages Abinaje Ag Abdallah, maire d’Aguelhoc. « Ils interdisent l’alcool, les cigarettes. Il faut s’acquitter de la zakat (l’aumône). Ils font appliquer toute la charia qui est de leur portée et on constate de plus en plus qu’ils ont le contrôle de certaines localités », ajoute-t-il. À Taghlit, Abeïbara, au nord et nord-est de la région de Kidal, dans la région de Tombouctou, Taoudéni, Ségou, Mopti, nombreux sont ceux qui attestent de la présence des islamistes dont les forces se sont redéployées et contrôleraient des zones entières qui échappent aux autorités. Dans ces zones désertées par la République, où même parfois les groupes armés ne vont pas, les djihadistes à moto font respecter leurs lois, maintenant les populations dans la crainte. « Aujourd’hui, dans la région de Kidal, de Gao ou de Tombouctou, les campagnes sont occupées par des groupes terroristes. Dans la zone de Ménaka, il y a le groupe d’Adnane Abou Walid al-Sahraoui qui se renforce jour après jour. Au nord de la région de Kidal, trois katibas appliquent la charia partout dans les brousses, même à Tinzawatène. Dans la zone de Gao à Almoustarat, il y a l’armée mais il y a aussi des djihadistes en ville qui prêchent le djihad ouvertement le soir dans la mosquée, pendant que l’armée est dans la caserne », confie ce cadre militaire du MNLA qui a eu maintes fois maille à partir avec les djihadistes.

Dans certains villages, ces groupes ont imposé leur charia aux villageois qui ne sont plus autorisés à pratiquer certaines coutumes devenues « haram ». « Il faut les écouter et faire ce qu’ils disent, ça s’est sûr ! », lâche cet employé du CICR de la région de Kidal. « Quand nous partons en mission dans ces zones, on retrousse nos pantalons au-dessus des chevilles, on ne fume pas, on se tient éloignés des femmes et on évite d’y aller avec des véhicules arborant le logo du CICR, parce que les gens considèrent la croix comme un signe chrétien. On doit se conformer, c’est automatique », poursuit-il.

 Vivre sous la charia Dans ces zones, la peur tient les populations qui redoutent de se voir infliger ces actes barbares que les islamistes considèrent comme les punitions issues de la charia : couper la main du voleur, lapider des coupables d’adultère, sanctionner par le fouet les libertins. Ces pratiques qui ont eu cours au nord du Mali durant la crise, ont normalement cessé depuis 2013 et la fin de l’occupation. « Les mains coupées pour un voleur, les coups de fouets, c’est très rare depuis 2012, parce que les gens se sont conformés à leur loi. Mais si tu commets un acte contraire à la charia, ils vont prendre les choses en main et t’envoyer un message par un intermédiaire pour te convoquer. Dans un premier temps, ce sera une mise en garde. Donc, après cet avertissement, soit tu quittes la ville, soit tu t’y conformes. Si tu continues, ils vont appliquer sur toi le châtiment de la charia. Ça se passe comme ça. Ils ont des informateurs dans tous les villages, donc les gens sont tenus dans la crainte et font ce qu’on leur dit », affirme cet habitant de Kidal.

Pour la majorité des musulmans, il est difficile de s’opposer à la charia, les thèses prônées par les islamistes ne séduisent pas les populations maliennes très attachées à la tolérance et éloignées de l’application qu’en font les salafistes. « La population ici est à 100 % musulmane. Elle ne peut pas réprouver la charia en tant que telle, mais les gens disent que ce n’est pas la méthode. La plupart des chefs djihadistes, ce sont des Algériens, des Mauritaniens, des gens qui viennent d’ailleurs. On a nos propres imams et marabouts qui nous expliquent la religion, alors pourquoi nous conformer à des gens qui amènent une doctrine venue d’ailleurs ? Avec les attaques, les attentats suicides, les gens ne sont pas avec eux mais ils sont contraints d’observer ou d’adhérer par la force », explique ce journaliste de Douentza. « Si leur but est de créer une république islamique, notre histoire et nos croyances sont trop anciennes pour que ça marche. Ils ne peuvent pas venir comme ça imposer ça chez nous ! », s’exclame-t-il.

 Frapper les fourmilières djihadistes Par leurs diktats religieux, les djihadistes, sous l’impulsion du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, tentent de tisser une toile pour le moment encore disparate. Leur mobilité et leur capacité à se fondre au sein des populations les rendent insaisissables, leur permettant de perdurer et d’imposer par la force leurs préceptes religieux. « Si l’autorité de l’État s’étendait à l’ensemble du territoire, l’État pourrait être interpellé en cas d’application de la charia. Mais c’est l’Occident qui a dit « je m’installe dans le nord ». Barkhane est là-bas, la MINUSMA est là-bas. Cette zone dans laquelle s’est produite la lapidation n’est pas sous contrôle de l’armée malienne », objecte un officiel malien. Cependant, la force française, devenue elle aussi la cible privilégiée des djihadistes, semble inefficace à pouvoir stopper cet état de fait.

« Depuis 2015, les opérations terroristes ne visent pas à faire la guerre. Ils font des opérations de récupération de matériel, ils se réorganisent et se renforcent. Ils ont récupéré, depuis fin 2016, plus de 30 pick-up, des armes et des munitions. À Taoudéni, ils ont des bases fixes, ils créent des souterrains, y mettent des groupes électrogènes, des citernes d’eau pour 2 mois ou 3 mois, tout pour vivre et tu ne vois rien. Ils attendent que l’armée malienne se remette en place, que le désarmement soit effectif après ils vont occuper les campagnes, et nous, nous restons là, à compter ce qu’ils ont récupéré », s’emporte cet officier du MNLA. « Les djihadistes ont très bien compris comment les forces françaises fonctionnent. C’est une armée conventionnelle, avec des véhicules vieillissants, peu rapide. Au moindre mouvement ils bougent à moto. À chaque fois que tu pars vers l’est, ils partent vers l’ouest et vice-versa », poursuit-il. « Il faut créer des unités d’élite contre les terroristes, former des gens en local et intervenir avec l’appui aérien français. Pour cela, il faut plus de confiance entre les différents acteurs, arrêter les hostilités, suivre l’Accord de paix, reconstituer l’armée et envoyer des militaires appuyés par des forces locales. Il n’y a pas d’autres solutions, sinon on retournera à la situation de 2012 ». Un avis partagé par cette source sécuritaire malienne, qui estime que « la lutte antiterroriste demande la complicité et l’aide des populations locales, du renseignement, puis une connaissance du terrain. Malheureusement, ni les forces étrangères ni l’armée malienne n’ont cela ».

Dans la région de Kidal, certains ont commencé à se résigner à un retour des djihadistes. « C’est Iyad le commandant de bord à Kidal. Il détient toujours la réalité du terrain. C’est pour cela que les gens ne dénoncent pas. Si tu dénonces, demain tu seras le seul perdant. Barkhane, malgré l’arrivée du nouveau président français, ne fera rien pour nous, la MINUSMA non plus. Donc on se tient à carreau », résume, philosophe, ce commerçant de la région. Seul répit provisoire mais attendu, le ramadan, période de trève où les djihadistes suspendent leur activité, pour s’adonner pleinement à la religion. Mais d’autres en redoutent déjà la fin. « Beaucoup de gens ont peur qu’après le ramadan il y ait une grande offensive. C’est très possible avec tout le matériel que les djihadistes ont obtenu dans leurs attaques à Almoustarat et ailleurs au Mali et au Niger. Ils ont à peu près les mêmes moyens qu’avant l’intervention de Serval ».

 

Crise malienne : Changeons de grille de lecture

La situation politique, sociale et sécuritaire du Mali n’est guère réjouissante. Les secteurs fondamentaux comme la santé et l’éducation connaissent des lacunes structurelles, la mise en œuvre de l’accord et la réelle sortie de crise avancent trop lentement, la jeunesse est en manque d’idéal et de perspectives professionnelles, chaque jour de nouvelles attaques dans le Nord, le Centre et parfois le Sud du pays font de nouvelles victimes militaires et civiles compromettant l’économie local. Malgré ces réalités, des solutions existent. À l’occasion du deuxième anniversaire de Journal du Mali l’hebdo, nous avons choisi de faire intervenir quelques « solutionneurs ». Ils sont chercheurs, militants associatifs, enseignants, journalistes, entrepreneurs et proposent leurs solutions pour faire émerger le Mali. Cette semaine, ce sont eux qui font l’Événement.

L’intervention militaire française de janvier 2013 imposa, en quelque sorte, une lecture de la crise malienne en mettant de l’avant les aspects dits « terroristes » et transfrontaliers des menaces sécuritaires pour la région du Sahel et au-delà. Bien que considérée comme un succès militaire à court terme, Serval et Barkhane n’ont jamais eu la prétention d’offrir une solution politique, seulement de mettre en place les conditions pour celle-ci. Autorisée en avril 2013, la MINUSMA s’est déployée pour appuyer le processus politique et effectuer des tâches timides d’ordre sécuritaire, tout en payant un lourd tribut dans les annales des opérations de maintien de paix. Toutefois, notamment avec la reconquête ratée de Kidal en 2014 par l’armée malienne, il est devenu clair pour tous les acteurs que la recherche de solutions passe par un engagement politique sur le long terme.

Depuis, le processus d’Alger s’est soldé par un compromis, l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, signé par tous les acteurs « éligibles » il y a bientôt près de 24 mois, dont la mise en œuvre souffre de soubresauts fréquents consécutifs à des scissions dans les mouvements signataires et au développement du communautarisme armé.

Dans un tel contexte, interroger la pertinence de l’importance donnée à la lutte contre le terrorisme et les effets de cette grille de lecture sur les possibilités de résolution des conflits au Mali est plus que tentant.

Le regain actuel de la conflictualité dans les régions dites du Nord et du Centre du Mali est consubstantiel, d’abord, à la problématique de la capacité de l’État à investir valablement le territoire par un maillage administratif allié à l’existence et la disponibilité des offres de services sociaux de base ; ensuite, de la légitimité de l’autorité qui représente l’État et les populations et, enfin, de la moralité des systèmes de répartition et d’accès des ressources et des pouvoirs. Or, la seule lutte contre le terrorisme ne prend pas suffisamment en compte ces dynamiques locales, et pourrait même amplifier ces enjeux.

Pour une meilleure sortie de la crise, les divers intervenants doivent prendre en considération les dynamiques politiques locales, à savoir le poids des tensions locales, notamment celles issues des tensions inter ethniques et intra ethniques, qui tournent autour de l’accès aux ressources, qui sont en partie « embrayées » précisément par le jeu identitaire. De nombreux cadets sociaux sont totalement ou partiellement exclus de l’accès aux ressources, ou encore de postes électifs locaux et nationaux, et de positions de leadership politique et/ou religieux, en raison de leur appartenance aux groupes statutaires des « anciens esclaves » ou d’autres catégories subalternes (certains groupes sociaux, les gens des castes, les femmes, les jeunes).

Il importe donc de comprendre les enjeux politiques locaux, notamment les dynamiques d’inégalités et les mécanismes d’inclusion et d’exclusion, que ce soit au niveau des institutions officielles ou des institutions informelles (autorités politiques, religieuses et traditionnelles). Paradoxalement, ces autorités locales sont, à la fois, contestées et incontournables et il serait hasardeux de se limiter aux seuls officiels. Elles peuvent être elles aussi (re)productrices de relations très inégales au sein des communautés. Un effort de représentativité requiert donc que soient aussi inclus dans toute action locale, des citoyens issus de catégories sociales marginalisées par les systèmes politiques, les arrangements socioculturels.

Tous les intervenants doivent donc chercher à bien comprendre la société malienne en lieu et place de raccourcis analytiques pour aborder ce pays, de même que des Maliens qui puisent à leur tour dans un répertoire de stéréotypes lorsqu’ils se représentent les autres régions et groupes ethnoculturels du pays. La méconnaissance de l’Autre constitue un problème réel. La construction d’un vivre-ensemble requiert donc que l’on brise les murs d’incompréhension, et qu’on use du canapé du psychologue pour apaiser les « mémoires douloureuses » en phase de transmission : la voie royale, me semble, pour déconstruire les préjugés sur l’Autre est une étape importante vers la sortie de crise.

 

 

Lancement d’une première patrouille mixte à Gao

Les soldats maliens ont organisé jeudi leur première patrouille conjointe avec des membres de groupes armés rivaux dans la ville de Gao où des militants islamistes ont tué plus de 77 personnes le mois dernier dans la plus meurtrière des attaques dans l’histoire du pays.

La patrouille tant attendue fait partie d’une initiative visant à soulager les tensions locales afin que les forces gouvernementales puissent se concentrer sur la lutte contre les militants. D’autres patrouilles de ce type sont attendues au cours des prochaines semaines dans le cadre de l’Accord de paix négocié par l’ONU en 2015.

Des centaines de soldats de l’armée malienne, l’opération Barkhane, la mission de maintien de la paix de l’ONU, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et des milices pro-gouvernementales ont pris part à ces premières patrouilles mixtes.

Ils ont traversé la ville à pied et en camionnettes, commençant vers 9h45 (heure locale) (9h45 GMT) sur une route d’environ 7 km et n’ont pas rencontré de résistance, a déclaré un témoin.

L’attentat du 18 janvier à Gao, réclamé par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), montre la difficulté rencontrée par le gouvernement et les forces de maintien de la paix internationales dans la lutte contre les groupes islamistes militants, certains avec des liens avec Al-Qaïda.

Gao est une ville de 50 000 habitants située sur les rives du fleuve Niger, où les bureaux de la mission des Nations unies (13 000 hommes) au Mali, MINUSMA, ont été écrasés par un camion-citerne en décembre.

Nord du Mali : Le nomadisme en danger

Les populations nomades, qui représentent environs 7 % de la population, se retrouvent sous le feu croisé des conflits qui agitent le Nord. Leur mode de vie itinérant est durement impacté par les crises et le manque de développement régional.

Le rapport du secrétaire général de l’ONU de décembre 2016, sur la situation au Mali, notait que le nombre de déplacés s’établissait à environ 36 700 personnes au 31 octobre et que le nombre de réfugiés maliens ayant quitté le Mali pour des pays de la sous-région était passé de 134 000 à 136 000, en raison du climat sécuritaire.

Saignée Parmi eux figurent nombre de nomades, contraints d’abandonner leur mode de vie traditionnel en raison du contexte économique et des crises sécuritaires. Les exactions commises par les groupes armés et parfois les bavures des forces de sécurité, comme en novembre 2016 où une opération de Barkhane a occasionné la mort d’un enfant de dix ans, ont contribué à mettre sur les routes des familles parties chercher refuge ailleurs. « Il y a une grande saignée des pasteurs nomades dans la région de Kidal, et un repli vers la frontière algérienne, qui est moins riche en pâturages, mais plus sécurisée », explique Mohamed, un habitant de Kidal.

Conditions difficiles Le mode de vie des nomades et leur mobilité dans le désert est confronté au manque d’accès aux services publics, même en milieu semi-sédentaire, aux aléas climatiques qui assèchent les terres, appauvrissent les nappes phréatiques, et déciment le bétail. « Les nomades ont besoin d’investissements, que les routes de pâturage soient protégées, de davantage de puits, d’un meilleur accès à l’équipement, à la médecine et à l’éducation vétérinaire », explique Sidi, employé d’une ONG dans la région de Kidal.

Le fonds pour le développement régional, promis lors de la conférence internationale pour la relance économique et le développement du Mali, tenue à Paris le 22 octobre 2015, traîne le pas. L’absence d’organisme de développement régional opérationnel et d’une présence forte des autorités publiques a ralenti le versement des contributions annoncées.

Pour ces populations qui foulent, depuis des siècles, ces territoires sans droit sur le sol ni sur les ressources, et dont l’itinérance reste un idéal de vie, l’avenir semble flou, figé, car ils ne savent plus si le futur leur permettra d’être « nomade » au sens plein du terme.

 

 

 

 

 

Il y a une grande saignée des pasteurs nomades dans la région de Kidal, et un repli vers la frontière algérienne

 

 

 

 

 

 

Achafigui Ag Bouhada : « Je m’inscris dans la logique de l’Accord d’Alger »

Achafigui Ag Bouhada est le nouveau chef militaire du HCUA. Cet ancien adjudant-chef de l’armée malienne a également été lieutenant du général Gamou.

En tant que nouveau chef d’État-major du HCUA, quels sont les changements que vous comptez apporter par rapport à votre prédécesseur Cheikh Ag Aoussa ?

J’ai remplacé Cheikh Ag Aoussa suite à sa mort tragique et je m’inscris, comme lui, dans la logique de l’Accord d’Alger. Je vais continuer les missions qui consistent à encadrer nos forces armées jusqu’à la mise en place des mécanismes de défense et de sécurité prévus par l’accord. Il n’y a pas de changement particulier prévu en perspective.

Une enquête sur la mort de votre prédécesseur est en cours. Quel est vôtre point de vue par rapport à sa disparition ?

Sa disparition est un événement tragique. Je déplore comme beaucoup de mes compatriotes la méthode utilisée pour le tuer. Je laisse le soin aux enquêteurs de la MINUSMA en collaboration avec ceux de la CMA, d’accomplir leur mission, avec, je l’espère, un aboutissement qui rende justice au défunt.

Les autorités intérimaires pour Kidal et sa région, est-ce réalisable dans le contexte actuel ?

Je reste très confiant pour la mise en place de ces autorités intérimaires. La date du 10 novembre a été repoussée au 27 novembre lors d’une réunion entre les différentes parties, en fin de semaine dernière. Un consensus responsable a été dégagé au sujet du dernier point de discorde qui concernait la distribution des postes de responsabilité civile à pourvoir, ce qui est un bon signe.

Sans la présence de l’État malien et alors qu’un conflit oppose la Plateforme et la CMA ?

Ce qui est sûr, c’est qu’avec la mise en place des autorités intérimaires, c’est aussi le retour progressif de l’administration malienne. Les deux vont ensemble. Le 17 novembre prochain, une dizaine de jours avant la mise en place des autorités intérimaires, le mécanisme du MOC sera opérationnel. Cela suppose qu’il n’y aura pas de problème parce que CMA, Plateforme et forces gouvernementales vont assurer ensemble la sécurité de tous.

La CMA et la Plateforme ont donc fait la paix pour parvenir à patrouiller ensemble ?

Disons que c’est une paix relative. La situation est actuellement calme entre ces deux mouvements sur le terrain. Toutes les parties convergent vers un retour réel de la paix, surtout pour mettre un terme à cette guerre « fratricide » qui retarde bien des échéances de normalisation. C’est grâce à cette paix relative que la mise en place du MOC sera possible.

 

 

Iyad Ag Ghaly – Mahmoud Dicko : « Un arrêt des attaques, oui, mais concernant les forces armées du Mali ».

On apprenait dimanche que Iyad Ag Ghaly, l’éminence grise du groupe djihadiste Ansar Dine, qui sévit dans le nord du Mali, avait signé un accord de cessez-le-feu sur tout le territoire avec Mahmoud Dicko, président du Haut-Conseil islamique (HCI) du Mali. Pourtant ce même dimanche en début de soirée, le camp de la Minusma à Kidal était la cible de plusieurs tirs de roquettes, mode opératoire caractéristique d’Ansar Dine, pour qui les forces étrangères sont l’ennemi à abattre. Selon nos informations, cette attaque ne trahirait pas l’accord de cessez-le-feu signé avec le président du HCI.

Ce sont plusieurs tirs de mortier qui ont visé le camp de la Minusma à Kidal, dimanche soir dernier, n’occasionnant aucune victimes mais causant des dégâts matériels dont l’ampleur réel reste encore difficile à établir. « ll y eu plusieurs déflagrations et un grande fumée noire qui sortait du camp. Les hélicos de la Minusma qui transportent les troupes, les officiels ou les gens des mouvements armés, entre Gao et Kidal, ont été touchés par les éclats d’obus, deux notamment, mais les dégâts ne seraient pas importants », explique ce résident du quartier Aliou à Kidal joint au téléphone.

Bien que cette attaque n’est pas été revendiquée, la plupart des attaques visant le camp de la Minusma le sont par Ansar Dine, dirigé par l’ex-chef rebelle Iyad ag-Ghaly, qui voue aux ‘‘mécréants’’ (les forces étrangères) une guerre sans merci.

Le camp de la Minusma a été frappé au moment ou le président du Haut Conseil islamique (HCI), Mahmoud Dicko, confirmait aux médias qu’il avait, après des mois de négociation, signé une lettre avec Iyad Ag Ghaly, dans laquelle ce dernier s’engage à accepter un cessez-le-feu « sur toute l’étendue du territoire». Cette nouvelle à surpris à Kidal où la plupart des gens s’attendaient à une intensification des attaques djihadiste après la mort de Cheikh Ag Aoussa. Le document dont «l’authenticité ne fait pas de doute », selon le porte-parole du HCI, a été annoncé comme un tournant dans la crise du Nord-Mali par certains médias, mais l’attaque du camp de la Minusma vient remettre cela en question.

Selon une source bien informée de la région, Iyad Ag Ghaly n’aurait en rien rompu cet accord de cessez-le-feu. « Le document écrit en arabe, a été mal traduit ou interprété, ce sont les forces maliennes qui sont épargnées et ne seront pas visées par Ansar Dine sur tout le territoire et non les forces étrangères comme la Minusma ou Barkhane, donc un arrêt des attaques, oui, mais concernant les forces armées du Mali. Elles ne sont quasiment pas présentent dans le Nord d’ailleurs, à part à Tessalit ou elles restent cantonnées . L’attaque d’hier soir était aussi là pour mettre l’accent sur ça. », révèle cette source.

Malgré la pression que Barkhane exerce sur les groupes djihadistes notamment à Abeibara , depuis l’installation dans la zone d’une base française provisoire, Ansar Dine ne semble pas avoir relâché son emprise sur le Nord. L’attaque du camp de la Minusma aurait été possible, d’après certains, par le relâchement notable du blocus exercé par la GATIA qui encerclait Kidal où la CMA restait cantonée.

Selon nos informations des cadres du mouvement et Iyad Ag Ghaly lui-même aurait éte aperçu plus au nord, dans la zone de Tinzawatène. une ville située à la frontière algérienne, stratégique pour le chef djihadiste car il peut ainsi franchir la frontière algérienne sans être inquiété. Dans cette zone, les populations rapportent croiser de nombreux combattants armés et à moto.

L’emprise du mouvement Ansar Dine s’étendrait même jusqu’à Ménaka et serait renforcée par une collaboration d’opportunité avec le MUJAO, soupçonné d’être derrière les attaques du camp de réfugiés de Tazalit et de la prison de haute-sécurité de Koukoutalé au Niger.

Barkhane : entre le marteau et l’enclume

L’opération Barkhane, qui compte 3 500 militaires dans le Sahel, opère notamment dans le nord du Mali, où les actions des groupes terroristes se sont intensifiées au cours de l’année. En première ligne, elle est régulièrement visée par l’ennemi, et son action parfois décriée par les populations.

 Dans son dernier rapport trimestriel sur le Mali, rendu public il y a quelques semaines, le secrétaire général de l’ONU alertait le Conseil de sécurité sur l’augmentation des attaques visant les forces maliennes, onusiennes et françaises. Les soldats de l’opération Barkhane, en première ligne, sont en contact permanent avec ces groupes terroristes multiformes et transfrontaliers. Néanmoins, la menace terroriste ne semble pas reculer et l’action des soldats français est parfois mise en cause. « L’ensemble du théâtre d’opération surveillé par la force Barkhane est à rapporter à l’étendue du territoire à contrôler. Même au vu de ce rapport, les groupes terroristes ont quand même une marge de manœuvre très limitée. Leurs attaques lâches et indirectes avec des engins explosifs prouvent globalement que notre action les gêne vraiment dans cette partie du Mali », indique le porte-parole de Barkhane, joint à l’état-major de la force à N’Djamena au Tchad.

Ligne de front Pour empêcher les groupes armés terroristes de reconquérir des zones refuges dans le nord du pays, Barkhane mène des opérations de contrôle de zone dans le triangle Kidal – Abeïbara – Tessalit. Cette année, dans le secteur d’Abeïbara, fief du chef djihadiste Iyad Ag Ghaly, plusieurs attaques ont eu lieu, dont la dernière a blessé six soldats français. « À Abeïbara, nous avons une base temporaire qui nous permet de rayonner dans la région et d’empêcher les groupes terroristes de reconstituer leur sanctuaire. Notre présence, qui n’est pas forcément toujours fixe, perturbe ces groupes armés terroristes. On n’est pas toujours là où on nous attend, c’est un inconfort pour eux. Il faut les maintenir dans cette incertitude », affirme notre interlocuteur.

L’énigme Cheick Ag Aoussa Pour autant, l’insécurité qui perdure dans la région a été rehaussée d’un cran par le conflit intercommunautaire que se livrent le GATIA et la CMA, deux mouvements signataires de l’accord. La mort récente du numéro 2 du HCUA (membre de la CMA), Cheick Ag Aoussa, dans des circonstances troubles, a été le point d’orgue d’une campagne de dénigrement de Barkhane, et l’a indexée comme principal responsable de la mort de ce chef de guerre. « Il y a de nombreuses hypothèses et des élucubrations qui ont été faites par les uns et les autres, auxquelles il ne faut pas prêter foi », rétorque-t-on du côté de Barkhane, où on estime que les répercussions directes que pourrait avoir la mort de ce faucon sont à minimiser. « Ça pouvait être un élément déclencheur d’autres incidents, mais pour l’instant ce n’est pas le cas. Sur le terrain, la situation ne s’est pas enflammée. Aucune faction n’en a profité pour prendre l’ascendant sur l’autre. Malgré tout ce qui s’est dit sur les réseaux sociaux, les appels à manifestation, la situation est restée sous contrôle », poursuit le porte-parole.

Allers retours Selon certains observateurs, la mort de Cheikh Ag Aoussa, le chef militaire du HCUA, pourrait favoriser le passage des combattants qui lui étaient fidèles dans le rang des djihadistes d’Ançar Eddine, avec lequel il était lié, pouvant accroître l’insécurité dans la région et les attaques visant les forces étrangères. « Nos interlocuteurs sont clairement les groupes armés signataires. Après, qu’il y ait des allers retours des uns et des autres en leur sein vers des groupes terroristes, on ne peut malheureusement pas le contrôler. Nous parlons à ceux qui ont signé l’Accord de paix et qui s’engagent à remettre en œuvre l’autorité de l’État malien, partout au Mali », précise-t-il. Et de prévenir, « Barkhane continuera à lutter sans relâche contre les groupes armés terroristes. Ceux qui changent de camp pour rejoindre les groupes terroristes, deviendraient de fait nos adversaires ».

 

 

 

 

Niger : une attaque contre la prison de haute sécurité de Koukoutalé repoussée

Tôt dans la matinée, des hommes armés ont attaqué la prison de haute sécurité de Koukoutalé au Niger. Dans cette prison sont détenus de nombreux djihadistes. L’attaque a été repoussée par les forces de sécurité qui gardaient l’établissement pénitentiaire, le bilan fait état de deux gardes blessés et d’un mort parmi les assaillants qui ont pris la fuite en direction de la frontière nord du Mali.

Entre 3h30 et 4 heure ce lundi matin, la prison de haute sécurité de Koukoutalé au Niger, considérée comme la plus sûr du pays, a été l’objet d’une attaque armée conduite par un nombre indéterminé d’assaillants lourdement armés.

La Garde nationale en charge de la surveillance de l’établissement pénitentiaire a essuyer le feu nourri des assaillants avant de riposter. À l’issue du combat, les assaillants ont été repoussés et ont pris la fuite.  Le bilan s’élevait à deux blessés du côté de la garde nationale et d’un mort chez les assaillants, ce dernier portait une ceinture explosive, qui selon le ministère de l’Intérieur, est une preuve du caractère terroriste de l’attaque. « Ils sont venus à motos et lourdement armés pour libérer leurs collègues qui sont incarcérés dans la prison. Koukoutalé est un établissement de haute sécurité qui détient un grand nombre d’éléments djihadistes, dont des membres du Mujao et de Boko haram arrêtés dans le cadre de la lutte anti-terroriste », explique un journaliste du quotidien Le Sahel, joint sur place. Selon lui, il ne fait aucun doute que cette attaque soit connectée au Mali, car en fuyant les assaillants ont pris la direction de la frontière malienne. « D’après les explications du gouverneur, ce serait des éléments du Mujao qui aurait perpétré cette attaque, ajoute-t-il ».

Ce n’est pas la première fois que des prisons sont visées au Niger. La prison civile de Niamey avait été visée par un commando armé en 2013 qui avait réussi à libérer 22 terroristes dont un grand criminel malien, Cheibane Ould Hama, et la prison de Ouallam avait subit une attaque en 2014. Selon certains observateurs, ce type d’attaque frappe Niger car ce pays détient beaucoup d’éléments djihadistes emprisonnés sur son territoire.

Le Gouvernement a déclaré qu’il allait renforcer la sécurité autour de la prison, et que les bandits terroristes allaient être traqués et rattrapés. Des opérations de ratissage dans la région de Tilabéri sont en cours.

Cette attaque survient après l’enlèvement par le Mujao, vendredi 14 octobre, de Jeffrey Woodke, un travailleur humanitaire américain, que ses ravisseurs ont emmené au Mali.

3 questions à Ibrahim Maïga, chercheur à l’institut ISS Africa

 

Selon vous, la mort de Cheikh Ag Aoussa est-elle un accident ou un attentat ?

La mort de Cheikh Ag Aoussa c’est un peu comme celle d’Ibrahim Ag Bahanga, ce chef rebelle touareg radical, qui est mort dans un accident de voiture. Ce genre de choses arrive difficilement par hasard. On n’a pas beaucoup d’éléments actuellement, mais la théorie de la mine me semble un peu légère comme explication. Je pense qu’il était visé, maintenant il faut attendre les conclusions de l’enquête.

Pensez-vous que cet événement puisse constituer un tournant dans la crise au Nord du Mali ?

Effectivement, cela peut être bénéfique pour le processus de paix, dans la mesure où son absence va accélérer certaines choses. Mais l’autre façon de voir, c’est qu’il maîtrisait ses troupes. Il faisait consensus autour de sa personne, et le problème avec sa disparition, c’est que la suite n’est pas très prévisible, dans la mesure où on peut assister à une fragmentation, à la multiplication des pôles de décision.

La mort d’Ag Aoussa met-elle en danger l’Accord de paix ?

Ce qui est clair c’est que le processus est dans une impasse, car le gouvernement malien n’a pas de cap. En dehors de la mort de Cheikh Ag Aoussa, les combats entre le GATIA et la CMA montrent que personne n’est près à lâcher du leste, et ça bloque la mise en œuvre de l’accord de paix. Tout dépendra de l’évolution de la situation ces prochains jours, et de la direction que compte se fixer le HCUA au cours des prochaines semaines.

 

Affrontement à Ansongo : un mort et plusieurs blessés

Un violent accrochage a opposé tôt ce matin à  quatre heures trente minutes exactement, une unité des forces armées maliennes en poste sur le pont de Tissaga dans la commune rurale de Bourra cercle d’Ansongo à  des bandits armés. Cet affrontement mettant aux prises les FAMA et les assaillants a éclaté après que des éléments circulant sur neuf motos ont tenté de forcer un check-point de l’armée assurant la garde du pont de Tissaga détruit en janvier 2013 par les terroristes. Les échanges de tirs ont duré environ trente minutes (30mn). Subissant un déluge de feu, les assaillants ont pris la fuite en laissant dernière eux, un cadavre et plusieurs blessés. Pour l’instant si l’identité des assaillants ne sont pas connue, mais nos sources confirment que l’assaillant tué était de teint clair. s’agit –il des éléments du MNLA ou d’Ansar Dine ? Actuellement, les forces armées sont entrain de ratisser les lieux. Les traces de sang visible sur une longue distance, montre que les assaillants ont enregistré plusieurs blessés dans les rangs, soulignent nos sources. Selon un élu local, cette réactivité des forces armées rassure de plus en plus les populations civiles qui sont victimes de la barbarie des bandits et dénote la détermination des FAMA d’aller jusqu’au bout afin d’éradiquer l’insécurité grandissante la zone.

Forum de Ménaka : sous le signe de la paix

Le Forum de Kidal qui fut un rendez-vous manqué à  cause de l’absence de représentant malien et de la médiation internationale semble aujourd’hui du passé. Du vendredi 29 avril au dimanche 1er mai, le Forum de Ménaka est parvenu a rassembler les communautés et les chefs traditionnels, les représentants de l’à‰tat malien dont le ministre de la réconciliation Zahabi Ould Sidi Mohamed et le gouverneur de cette nouvelle région malienne, Daouda Maiga, la Minusma et les groupes armés du Nord, sous le signe de la paix. C’est environ 5000 participants, venus pour certains de pays voisins comme le Niger, qui ont pris part au Forum pour échanger autour des préoccupations que connaà®t la région. Un des thèmes principaux abordés, l’insécurité. « Nous avons décidé que toute la population devait participer et lutter contre ce phénomène d’insécurité dû aux bandits et à  la présence de groupes terroristes, cela crée aussi des conflits entre populations. Il y aura un meilleur échange entre les circonscriptions qui partagent la même frontière avec la Niger, la constitution de patrouilles mixtes pour une sécurité plus effective, car ce sont les mêmes individus qui opèrent de part et d’autres de la frontière », déclare Bajan Ag Hamatou, député de Ménaka. Recoudre le tissus social Les problèmes intercommunautaires ont été aussi au menu des thèmes abordés et des mécanismes traditionnels de concertation et d’échange ont été discutés pour privilégier la résolution pacifique des problèmes et le vivre ensemble. Sur l’Accord de paix, il ressort que tous souhaitent une accélération de sa mise en œuvre incluant toutes les parties et communautés, «Il faut accélérer la mise en place des autorités transitoires, le cantonnement. Il faut que les populations voient qu’il y a de nouveau l’aide que le communauté internationale et l’à‰tat malien peuvent leur apporter. Que les forces de sécurité soient visibles sur le terrain », explique un résident à  Ménaka. La régionalisation est en marche et même si le calendrier n’est pas encore établi on est prêt sur place à  accueillir l’administration malienne, « Rien n’empêche l’à‰tat aujourd’hui de revenir à  l’intérieur de la région de Ménaka, les 90 % de la région peuvent recevoir les autorités, il suffit qu’il y ait un effort du côté de l’à‰tat, du côté de la communauté internationale pour que les choses évoluent le plus rapidement possible, et ça convaincra tout le monde que la paix est de retour », ajoute Bijan Ag Hamatou. Cette rencontre intercommunautaire a permis le dialogue qui favorise la réconciliation. Dans tous ces échanges constructifs les participants ont montré qu’ils avaient à  coeur de mettre en avant la paix, pour que les choses puissent enfin avancer.

L’Unicef condamne les perturbations scolaires dues aux mouvements populaires au Nord-Mali.

l’UNICEF a condamné, la réquisition de plusieurs enfants pour participer à  des rassemblements populaires, comme lors de la manifestation de Kidal, le 18 avril dernier. Fran Equiza, représentant de l’UNICEF au Mali a déclaré, « Les efforts consentis pour ramener des milliers d’enfants à  l’école dans le nord du Mali risquent d’être réduits à  néant si les enfants dont le retour est encore fragile, sont retirés des salles de classe ». Dans le Nord, on n’est pas vraiment étonné, « à€ chaque fois qu’il y a une manifestation on part chercher les élèves et certains enseignants, pour gonfler la foule », témoigne cet habitant de Kidal. Depuis 2012, la situation de l’éducation dans ce bastion du Nord est catastrophique. Une centaine d’élèves contre des milliers avant 2012, sont scolarisés dans des classes de fortunes assurées par des enseignants qui ne sont pas professionnels. « Il n’y a pas d’école sérieuse à  Kidal. Certaines personnes qui enseignent n’ont qu’un niveau de cours préparatoire. Depuis que la CMA a refusé que l’école malienne revienne il n’y a pas vraiment d’école », explique ce père de famille. il y a 3 mois un compromis entre la CMA et l’à‰tat a autorisé certains des enseignants de l’école malienne à  tenir classe, mais cela concerne le premier cycle seulement et le programme n’est pas suivi… « La situation est meilleure à  Aguel’hoc ou Tessalit car ces villes ont le soutient d’ONG locale, ici il n’y a rien. », déplore un résident. La plus plupart des chefs des différents mouvements mettent leurs enfants dans des écoles privées à  Gao, Ségou ou Bamako, ou dans des pays voisins comme l’Algérie ou le Burkina. Il n’y aurait à  Kidal que 6 classes informelles au niveau de la grande école qui se trouve au centre-ville. Une grande medersa dispense une éducation coranique à  nombre d’élèves, dont certains sont des des dignitaires des mouvements. Globalement les enfants ont quitté la voix des études depuis 4 ans et les parents préfèrent les envoyer dans ces écoles de fortunes plutôt que les laisser oisifs, dans la rue.

Hommage aux trois soldats français morts au Mali

Une cérémonie d’hommage aux trois soldats français morts au Nord Mali, la semaine dernière dans la cadre de l’opération Barkhane, s’est tenu à  Paris, dans la cour d’honneur des Invalides en présence du président de la République Ibrahim Boubakar Keà¯ta, du président de la République française François Hollande, du Premier ministre Manuel Valls et du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Les trois militaires tués, le soldat Mickaà«l Poo-Sing, 19 ans, le maréchal-des-logis Damien Noblet, 31 ans, le brigadier Michael Chauwin, 20 ans, faisaient partis du 511e régiment du train d’Auxonne (dans le département de la Côte-d’Or). Le président Hollande a remis, aux trois militaires, la légion d’honneur à  titre posthume. Depuis le lancement de l’opération Barkhane, qui mobilise 3500 militaires français déployés sur 5 pays du Sahel, sept militaires français ont été tués et plus d’une centaines de djihadistes ont été arrêtés. Le nord du Mali est tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes qui ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée à  l’initiative de la France en janvier 2013 et qui se poursuit actuellement.

Autorités transitoires : le niet des élus locaux

Dans trois correspondances datées du 25 janvier 2016 et adressées au Président de la République, Ibrahim Boubacar Keà¯ta (IBK), les élus locaux de tous les échelons sans distinction d’appartenance politique se disent très inquiets de l’élaboration d’un projet de loi portant installation d’autorités transitoires dans les collectivités des régions de Tombouctou, Gao et Kidal. Le gouvernement fait pourtant suite aux demandes répétées des mouvements signataires de l’Accord, s’appuyant sur le texte qui prévoit « la mise en place, le cas échéant et au plus tard trois mois après la signature de l’Accord, des autorités chargées de l’administration des communes, cercles et régions du Nord durant la période intérimaire, leur désignation, compétences et modalités de leur fonctionnement seront fixées de manière consensuelle par les parties. » Les élus affirment ne pas comprendre une telle démarche, dans la mesure o๠une loi vient de proroger les mandats des organes des collectivités jusqu’à  la tenue des élections communales et régionales. Dans les mêmes correspondances, ils appellent à  l’accélération du processus de cantonnement des combattants des groupes armés, mais aussi à  la tenue des élections. « Nous, les élus de la région de Gao soussignés, rejetons avec la dernière rigueur toutes mesures tendant à  mettre fin au mandat des conseils des collectivités fonctionnelles en les remplaçant par un collège transitoire ou toutes formes d’administration non prévues par la loi », peut-on lire dans la correspondance. En interpellant ainsi le Chef de l’à‰tat, les élus du Nord se démarquent des responsables des groupes armés qui se battent depuis quelques mois au sein du comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation, afin d’obtenir l’installation d’autorités transitoires. Selon un élu qui s’exprimait sous le couvert de l’anonymat, la mise en place des autorités transitoires prévue dans l’accord n’est qu’une éventualité. Un autre élu assure que l’installation de ces autorités nécessite la mobilisation de moyens financiers colossaux qui pourraient être investis dans l’organisation rapide des élections communales et régionales. « Après consultations de nos membres, souhaitons qu’il soit mis fin au processus de mise en place des collèges transitoires (…) tant que le cantonnement et le désarmement ne sont pas effectifs », déclare le collectif des pouvoirs locaux. Il semblent suivis par les populations, « car il faut être du nord pour comprendre le fonctionnement d’ici. l’à‰tat malien veut nous livrer aux rebelles. Nous ne laisserons pas faire. Aucune administration transitoire ne sera mise en place tant que nous vivons. C’’est une indépendance programmée », s’alarmait Agaichatou Maà¯ga, une habitante de Gao. Au niveau du comité de suivi de l’accord de paix, les discussions sur ce point continuent, mais cette levée de boucliers des élus hypothèque un peu plus une option déjà  très impopulaire.

Djihad au Mali : Ils sont toujours là !

Des attaques contre les installations de la Minusma à  Kidal ou Gao à  l’attentat de La Terrasse à  Bamako, la marque des islamistes est bel et bien de retour au Mali. Pour s’en convaincre, il suffit d’analyser les récents évènements sur le plan sécuritaire. 15 actes terroristes en un an Le samedi 28 Mars, une information fait le tour des médias. Des combats ont opposés des hommes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) à  des membres du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). Ces affrontements ont duré plusieurs heures et se sont déroulés à  Inazol, localité située au sud-ouest de Ménaka, selon une source de la CMA qui « déplore la mort de cinq combattants » dans ses rangs et affirme que « le MUJAO a subi une lourde perte » sans donner plus de précision. Pour rappel, la CMA regroupe le MNLA, le HCUA, le MAA, et occupe certaines zones au nord du Mali, comme Kidal. Elle n’a pas encore paraphé le projet d’accord de paix proposé par la médiation algérienne le 25 février dernier. Est-ce cette situation de ni paix ni guerre qui favorise le retour des djihadistes ? Tout porte à  le croire, même si, selon les populations et des sources sécuritaires, les membres de ces groupes n’avaient jamais vraiment quitté le nord du Mali. Depuis quelques mois, les revendications d’actes terroristes se suivent et se ressemblent. Elles émanent des engeances tels que AQMI, MUJAO, Al Mourabitoune ou encore Boko Haram… En moins d’une année, entre juin 2014 et aujourd’hui, pas moins d’une quinzaine d’actions terroristes ont été dirigées contre les forces françaises, les casques bleus de l’ONU et les forces maliennes Et récemment, la décapitation en plein marché d’un collaborateur local des troupes françaises dans une localité de la région de Tombouctou, tout comme l’attaque du camion du CICR près de la frontière nigérienne… autant d’actes qui font craindre à  Bamako une dégradation de la situation sécuritaire dans cette partie du pays, voire au-delà . Rébellion et djihadistes se coalisent à  Kidal Le ministre malien de la Justice Mahamadou Diarra l’a bien souligné, lors d’une récente visite en Europe. «Entre les bombes artisanales, les attaques de convois, les attentats sur les marchés et dans les localités, il y a comme un embrasement qui ne dit pas son nom», prévient le ministre pour qui C’’est l’illustration du travail qui reste à  faire pour ramener la paix et la stabilité dans la région. Et de montrer à  nouveau du doigt le MNLA et ses alliés, dont le refus de parapher l’accord d’Alger bloque le processus de normalisation. « Le MNLA, qui se prétendait être un mouvement laà¯que combattant pour l’indépendance, cautionne aujourd’hui la mise en place d’une police islamique qui ampute, exécute et oblige les femmes à  se voiler. Officiellement, Kidal se trouve sous le contrôle de la rébellion MNLA, mais en réalité C’’est Ansar Eddine, le mouvement djihadiste antilaà¯que, qui dirige tout», affirme Mahamadou Diarra. «On a empêché l’armée malienne d’entrer à  Kidal quand il y a eu la libération. Je pense que cette action est à  la base de la poursuite de la rébellion et du retour des mouvements djihadistes et des narcotrafiquants au Mali», déplore Mahamadou Diarra, cité par le journal suisse La Tribune de Genève. «Aujourd’hui, ces groupes disposent d’un armement ultramoderne et sophistiqué dont n’est pas dotée notre armée. Tout cela contribue à  alimenter un banditisme rampant qui prospère grâce au business des prises d’otages et des rançons», ajoute-t-il. Pour faire face à  la menace plus que présente, le Mali a encore besoin de soutien de ses partenaires. «De plus en plus, rébellion et djihadistes se confondent et le niveau de violence est décuplé chaque mois», explique Mahamadou Diarra. «Maintenant, il va falloir déconstruire les idées qu’ont propagées les islamistes», affirme-t-il.

377 millions de dollars pour l’aide humanitaire au Mali

Trois ans après le début de la crise au Nord du Mali, encore 2,6 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire au Mali. Pour résumer la situation, il reste environ 60000 personnes déplacées internes et environ 130 000 réfugiés dans les pays voisins. A peu près 400 000 personnes qui avaient fui le nord du Mali après l’invasion des djihadistes sont retournées chez elle, en dépit de l’insécurité alimentaire, de la présence des groupes armés ou encore des tensions intercommunautaires fréquentes. Défis liés à  l’aide humanitaire S’il fallait établir un bilan objectif des actions des agences onusiennes au Mali et leurs partenaires pays, on peut dire qu’au nord, la majorité des écoles ont ré-ouvertes, même si certaines restent fermées, à  Tombouctou par exemple, environ 85% des écoles ont redémarré, à  Gao, un peu plus de 75% , mais à  Kidal, aucune n’a réouvert depuis le début de la crise. Sur le plan alimentaire, près de 650 000 personnes sont menacées de soif, par absence d’accès à  l’eau potable. Quant aux enfants, la malnutrition sévère et aigà¼e est leur lot. On estime à  1 sur 10 enfants, soit 715 000 enfants de 6 à  59 mois qui souffriront de ces maux en 2015, d’o๠l’urgence de mobiliser les fonds. Le plan de réponse stratégique 2015 Le plan de réponse stratégique au Mali, vise donc à  mobiliser 377 millions de dollars pour 1, 5 millions de personnes. Il s’articule autour de 112 projets à  réaliser dans plusieurs régions. Une soixantaine de projets à  Gao et Tombouctou, 25 dans la zone de Kidal et 45 autour de Mopti et environs. Le plan va toucher des secteurs phares come l’eau, l’assainissement l’hygiène, l’éducation, la protection ou même le relèvement précoce, ou cette capacité à  sortir de la crise, par des petites activités économiques. Pour beaucoup, ces aides sont cruciales, C’’est le cas de Zeinabou, ressortissante de Gao et veuve, qui a en charge près de 14 personnes. La dame a passé deux ans à  Bamako après le conflit. Mais elle a choisi de rentrer au nord en 2014 et grâce à  l’appui des Nations Unies, Zeinabou tient un étal de vêtements usagés au marché de Gao. De quoi survivre et se relever doucement de la crise. Appel de fonds Ce sont près de 42 agences des Nations Unies et ONG qui participent à  cet appel de fond. Pour David Gressly, coordonnateur de l’Action Humanitaire au Mali, il faut noter que la mobilisation financière pour 2015 représente 200 millions de dollars de moins qu’en 2014, cela lié à  un baisse du nombre de personnes en besoin d’aide humanitaire. Gressly souligne aussi le contexte difficile : « Malgré l’espoir d’arriver à  un accord de paix, la situation sécuritaire s’est détériorée et les attaques contre la Minusma et les forces de l’ordre se sont multipliées, ce qui entraà®ne malheureusement, la suspension de certaines opérations humanitaires dans le nord ». Aussi la mobilisation des bailleurs doit se poursuivre et penser des solutions durables pour la réinsertion socio-économique des personnes touchées par la crise est primordial, estime Gressly, qui en appelle à  la stabilisation définitive du nord du Mali.

Faut-il se méfier du GATIA?

Depuis un peu plus de six mois, il ne se passe une journée sans que l’on ne parle d’eux. Sur le terrain, ils accumulent les victoires et repoussent toujours plus loin le MNLA et ses alliés de la Coordination des Mouvements de l’Azawad. Eux, C’’est le GATIA, Groupe autodéfense touareg imghad et alliés. Créé en aout 2014, ce groupe armé touareg a décidé de se battre contre les séparatistes pour restaurer l’intégrité territoriale du Mali. Mais pas seulement. « Nous venons de créer le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) pour défendre les intérêts de notre communauté dans le nord du Mali, notamment contre le MNLA », le Mouvement national de libération de l’Azawad, déclarait alors son secrétaire général Fahad Ag Almahmoud. Une sortie qui avait fait craindre des revendications à  caractère ethnique. La Plateforme des cadres et leaders touaregs, association qui regroupe les Touaregs des trois régions du nord du Mali, avait ainsi condamné la naissance du Gatia, « créé sur une base tribale ». Inquiétude injustifiée selon le journaliste Sidy Elmehdy Albarka qui rappelle qu’il y a des représentants d’autres communautés que les Imghad(tribu majoritaire au sein des Touareg, environ 500 00 personnes) dans le GATIA. « Plusieurs autres communautés de Kidal, qui avaient été chassées de la ville par le MNLA, ont pris les armes et rejoint le groupe. l’objectif commun est de rétablir l’intégrité du territoire et la stabilité ». Il s’agit de protéger les populations qui se retrouvent prises en otages, et régulièrement pillées, par les divers groupes armés opérant dans ce qui est devenu un no-man’s land : la large zone entre Gao et Kidal. « Forces patriotiques » ou « milice gouvernementale » ? De partout dans le Mali, on applaudit, en privé comme en public, la création et les succès de ces « patriotes ». Sur les réseaux sociaux la sympathie pour ces « défenseurs du Mali »s’accroit chaque jour, il suffit pour s’en rendre compte de visiter leur page facebook , o๠les commentaires de soutien se succèdent. A Tabankort, Teninkou ou Ntilit, ils reprennent du terrain aux séparatistes et vont là  o๠l’armée malienne est absente depuis 2012, voire bien avant. Avec, en ligne de mire, Kidal, dernier bastion du MNLA. Des succès militaires et un soutien à  l’armée qui leur vaut le nom de « milice pro-gouvernementale », une appellation rejetée et par Bamako, et par le GATIA. Le 29 janvier dernier, lors de sa première visite au nord du pays depuis son élection, le Président IBK salue le courage des « patriotes » restés fidèles au Mali. Une quasi-reconnaissance officielle. Qui vient « légitimer » le combat que le GATIA qui est, il convient de le rappeler, né à  l’initiative d’un haut gradé de l’armée malienne, le général El hadj Ag Gamou, héros de guerre que ses faits d’armes auréolent de gloire aux yeux de Maliens. Les succès militaires qui s’enchaà®nent n’ont cependant pas encore permis au GATIA d’atteindre l’un, sinon son objectif majeur : se faire invité, comme acteur à  part entière, à  la table de négociations. Les pourparlers inter-maliens qui en sont à  leur cinquième round ont en effet démarré avec une délégation du groupe armé. Inclus dans celle de la Plate-forme d’Alger, qui regroupe d’autres groupes « loyalistes ». Pas assez représentative de la force du GATIA sur le terrain, chuchote-t-on dans les rangs du groupe, o๠l’on espérait être traité au moins aussi bien que le MNLA. Car C’’est bien pour cela que ces hommes avaient pris les armes. «Il fallait nécessairement avoir un groupe armé, comme tous les autres, afin de participer au processus de paix », avait affirmé Fahad Ag Almahmoud. Qu’à  cela ne tienne, les représentants du GATIA sont à  Alger. Le danger de la sous-traitance sécuritaire Pourtant, dans cet élan général, des voix se font entendre pour appeler à  la prudence face à  la montée en puissance du GATIA. Déjà , lors de la création du mouvement, l’ancien Premier ministre, Ahmed Mohamed ag Hamani, président de la Plateforme des cadres et leaders touareg, s’inquiétait. Parlant de la création de « milices ethniques armées », il affirmait qu’elles risquaient« de nous conduire infailliblement, si des dispositions ne sont pas prises – c’est-à -dire leur démantèlement et leur désarmement-, vers une guerre civile dans ce pays. » Préoccupation partagée par Me Mamadou Ismaà¯la Konaté qui pense que « cette situation de sous –traitance de la sécurité d’un pays est compromettant car elle peut donner lieu à  des dérapages que l’Etat ne pourra pas maitriser ». Car comme le note à  propos le journaliste Sidy Elmehdy Albarka, « ce sont les hommes du GATIA qui meurent à  Téninkou, pas l’armée malienne ». Des dizaines de localités leur doivent aujourd’hui survie et protection, car les militaires maliens en sont absents et la MINUSMA semble ne pas parvenir à  prendre efficacement le relais sécuritaire. Un internaute se veut encore plus alarmiste : « si le gouvernement du Mali se montre faible et incapable d’assurer sa propre sécurité, le GATIA deviendra bientôt le prochain groupe armé à  abattre pour l’unité du pays» assure-t-il. Une inquiétude qui n’est pas la chose la plus partagée en ce moment mais qui existe. Les diplomates occidentaux montrent du doigt des méthodes peu compatibles avec les attentes des forces de maintien de la paix présentes dans le nord, et ce en période de négociations de cessez-le-feu. Ils ont d’ailleurs exhorté les autorités maliennes à  mieux « contrôler » le mouvement. Du côté du GATIA, on se défend d’avoir des intentions inavouées. « On n’a jamais voulu prendre les armes, on aurait préféré que tout cela prenne fin », affirmait encore récemment le secrétaire général du groupe armé. Aucune velléité de rébellion à  l’horizon… Du moins pour l’instant. Au Mali, l’histoire enseigne que les différentes insurrections sont nées de groupes renforcés à  l’issue des accords signés qui les mettaient en position de force par rapport aux autres communautés. Une autre déclaration récente du secrétaire général du GATIA a d’ailleurs ajouté de l’eau au moulin des alarmistes. « On le fait pour l’honneur, et pas pour l’unité du Mali » assure Fahad. Quid de la défense du territoire et des populations ? Pour l’instant, seules semblent compter les belles œuvres du GATIA sur le terrain. Et tous, des plus optimistes aux sceptiques, veulent continuer à  croire à  la bonne volonté du Groupe autodéfense touareg imghad et alliés.

Négociations d’Alger : les inquiétudes du COREN

Ousmane Issoufi Maiga, président d’honneur du Collectif des ressortissants du Nord (COREN) a fait d’abord fait observer une minute de silence en la mémoire des jeunes de Gao tombés pour la défense de la patrie avant d’exprimer ses inquiétudes. Très préoccupé par la situation qui prévaut au nord du pays, le Coren, a fait savoir Ousmane Issoufi Maà¯ga, souhaite une issue heureuse pour les négociations en cours à  Alger. « Nous devons rester débout et vigilants pour empêcher la partition de notre pays », a t-il lancé. Dans une déclaration de quatre pages lue par son secrétaire aux affaires juridiques, Me Maliki Ibrahim, le Coren rappelle les grandes activités qu’il a menées de 2012 à  nos jours. «Les opinions nationales et internationales se souviennent du combat d’avant-garde mené par le Coren pour mobiliser les forces vives de notre pays autour de la sacralité de l’unité et de l’indivisibilité du Mali et de la justesse d’une action de solidarité nationale pour la libération des zones occupées, la lutte contre le terrorisme et l’impunité.», a déclaré Me Maliki Ibrahim qui a dénoncé les tentatives de musellement et de mise à  l’écart du Coren du processus des pourparlers et des négociations. Mouvements d’auto-défense: patriotes en armes ! Pour le secrétaire aux affaires juridiques du Coren, un distinguo entre le Mnla, Ansardine, le Hcua, Boko Haram, le Mujao, Aqmi est une absence de vision. Il est injuste, a-t-il affirmé, d’affubler les patriotes en armes résistant à  Tabankort du terme ‘’milice ». ‘’Ces mouvements d’auto-défense ont le soutien inconditionnel du Coren et méritent la reconnaissance éternelle de la Nation Malienne toute entière », a affirmé Me Maliki Ibrahim. Le Coren a également rendu un hommage aux volontés individuelles et collectives qui ont œuvré à  atténuer les souffrances des populations des régions aux premières heures de l’occupation en 2012. « Le Coren réitère sa gratitude au secours de la France dans ce qu’il a de pur et de sincère en s’inclinant pieusement devant les mémoires de soldats français, tchadiens, nigériens, sénégalais, burkinabés, guinéens et maliens. Cependant, le Coren déplore les mutations de ces élans de secoureurs, au départ purs, en attitudes inintelligibles, illisible voire quasi-partisanes au profit des terroristes et ennemis du Mali », a expliqué Me Maliki Ibrahim. « Le Coren sonne l’alerte sur les risques certains d’une transformation de l’insécurité en vendetta pouvant déboucher sur une généralisation du conflit », a insisté Me Maliki Ibrahim. « Le Coren en appelle à  la fin de la politique du deux poids, deux mesures pratiqués à  son encontre. En effet, il est loisible pour tout observateur de constater que certains citoyens sont victimes de pratiques discriminatoires. Au moment o๠Aliou Touré( chef de la police islamique de Gao) et autres terroristes sont libérés au nom d’un Raison d’Etat qui échappe à  la compréhension des citoyens. Au moment oà¹ à  Kidal, la Minusma caresse ceux qui caillassent ses véhicules et commettent des attentats contre son personnel, à  Gao elle tire sur des manifestants aux mains nues », a fait savoir le secrétaire aux affaires juridiques du Coren. Tout en réitérant sa solidarité aux victimes de la répression aveugle, barbare et injuste du 27 janvier 2015 de la Minusma contre les paisibles et innocentes populations de Gao, le Coren appelle à  la mise en place d’une commission d’enquête incluant les communautés victimes. Appel à  une prise de conscience nationale Le COREN, enfin « recommande au gouvernement la mise en œuvre d’une véritable stratégie de gestion du problème du Nord du Mali avec l’implication des forces politiques et de la société civile malienne, ainsi que des actions adéquates d’information et de sensibilisation des citoyens maliens ». Le collectif des ressortissants du nord invite le gouvernement à  déployer sans délai tous les agents de l’Etat dans leurs postes respectifs dans les régions du nord, de même que les FAMa. Le COREN continuera à  jouer sa partition jusqu’au retour définitif de la stabilité sur l’ensemble Le Coren lance un appel pressant à  une prise de conscience nationale sur les risques évidents d’une partition pernicieuse de notre pays aujourd’hui plus qu’en 2012. La contribution du COREN au processus de paix et de réconciliation au Mali a été présentée par son président, Malick Alfousseiny. Dans ce document de trois pages, le Collectif demande entre autres la suppression et le bannissement de l’expression ‘’Azawad » de tout document d’accord, la mise en œuvre effective des recommandations du forum national sur la gestion de la crise au nord du Mali organisé par le Coren au Cicb les 27 et 28 avril 2013, la prise en compte des groupes d’auto-défense dans le processus de négociation ainsi que l’implication de la société civile notamment le Coren. « Le Coren exige la démobilisation et le désarmement immédiat de toute personne ou regroupement de personnes autres que les forces armées et de sécurité du Mali et des forces d’appui international », a souligné Malick Alfousseiny. Le Coren, pour son président, exhorte à  la réinsertion au sein des FAMa des personnes armées regroupées en mouvement armé à  l’exclusion des déserteurs et des auteurs de crimes. Les responsables de plusieurs associations invitées comme la Cafo, ALCARAMA, Cri de C’œur, le Conseil national des Bellah, Taabital Pulaku, l’Amicale des anciens ambassadeurs et consuls du Mali, le Mouvement national des femmes pour la sauvegarde de la paix et de l’unité nationale, la Plateforme des femmes leaders, les ressortissants du sahel occidental, ont fait des interventions à  la tribune de cette rencontre d’information.

Pourparlers d’Alger : l’optimisme de Ramtane Lamamra

A quand la reprise des pourparlers inter-maliens de Paix, arrêtés depuis Novembre dernier? la question demeure sans réponse claire depuis quelques semaines maintenant. Au nord du Mali, des affrontements entre rebelles séparatistes et milices pro-gouvernementales, notamment le Gatia, ont émaillé tout le mois de janvier dans les environs de Tabankort. De quoi mettre en péril le processus de paix. Si la Minusma avait tenté une médiation sur le terrain, qui avait été mal perçue, par les Maliens et conduit à  quelques ratés, si l’on se réfère aux évènements de Gao, du côté de la médiation internationale, on se veut rassurant quant à  la reprise prochaine de snégociations intermaliennes. Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères et fin connaisseur du dossier malien, affiche toujours son optimisme et estime qu’ un accord pourrait être signé d’ici six mois. Lors de la dernière réunion de l’équipe de médiation à  Alger,ce dernier avait déploré la dégradation rapide, depuis novembre,de la situation sécuritaire dans les zones du Nord et donc à  Tabankort. l’enjeu désormais est la cessation définitive des hostilités pour ramener les parties à  considérer la feuille de route comme compromis servant de base de travail. Désaccords du côté de la plateforme Les affrontements, s’ils duraient trop longtemps, estime un expert politique, pourraient gâcher tout le travail qui jusqu’ici a été fait en amont par la médiation, pour faire asseoir les uns et les autres autour de la table. D’o๠la nécessité absolue de « créer un climat de sérénité et de confiance nécessaire à  la reprise des pourparlers inter maliens en vue de faire aboutir ce processus vers un accord global et définitif», estime Mongi Hamdi, nouveau représentant spécial, en se basant sur l’injonction du Conseil de Sécurité des Nations Unies, qui a appelé les parties à  cesser les hostilités. D’après la réunion du Comité de suivi et d’évaluation de la médiation, il est apparu une volonté d’apaisement des parties à  retrouver le chemin de la paix. Mais ce lundi, les membres de la plateforme dénonçaient une volonté d’exclusion de leur mouvance par les Nations Unies. Selon Fahad Ag Almahamoud, secrétaire général du Gatia, la plateforme a fait savoir à  la médiation internationale qu’elle n’accepterait l’idée du cessez-le-feu qu’à  condition qu’il y ait des engagements qui seront pris et respectés par les groupes dits de la coordination de l’Azawad ». L’équation reste compliquée pour la sortie de crise malienne.

Combats au nord : le Gatia contrôlerait Tabrichatt

En dépit des appels au calme, C’’est à  une véritable escalade que l’on assiste au nord du Mali. Depuis ce matin, les combats ont repris entre Le Gatia et le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) à  Tabankort. Pour l’instant, aucun bilan n’est communiqué. Selon nos informations, Tabrichatt se trouve désormais sous le contrôle du Gatia, loyal au gouvernement malien. Tabrichatt est une localité située entre Tabankort et Tarkint. Une autre information faisant état d’une avancée du Gatia à  Kidal avec la prise de 4 positions du MNLA a été démentie par les responsables du groupe indépendantiste. Ces accrochages interviennent au moment o๠la Minusma, par l’entremise de son premier responsable au Mali, Mongi Hamdi,a convoqué une réunion extraordinaire les 5 et 6 février à  Alger entre le gouvernement et les groupes armés. l’objectif de cette rencontre urgente consécutive à  la brusque détérioration de la situation sécuritaire dur le terrain, est de geler les positions des groupes armés au nord du Mali. Histoire de déblayer le terrain dans la perspective de la reprise des pourparlers d’Alger. Justement cette situation délétère qui met en scène les mouvements membres de la plateforme et ceux de la coordination risque bien d’hypothéquer le prochain round des pourparlers inclusifs inter-maliens d’Alger censé qui redémarrer dans le courant de ce mois de février. Il faut rappeler que depuis les événements dramatiques du mardi 27 janvier à  Gao, le nord du Mali connaà®t depuis une recrudescence de l’insécurité. Cette situation se caractérise par une multiplication des attaques, vols et pillages. Le village de Kano a ainsi été attaqué le vendredi dernier. Au cours de cette attaque, les assaillants ont enlevé 54 personnes. Ils ont aussi emporté avec eux plus d’une dizaine de motos, une importante quantité d’essence et de gas-oil et plus de 3 millions de francs CFA. Aux dernières nouvelles 50 villageois ont été libérés. Pour l’instant, l’on est sans nouvelle des 4 autres villageois qui restent entre les mains du MNLA de Ber, localité située à  quelques 15 kilomètres de Kano.

Après les évènements de Gao, la Minusma affine sa communication

Selon Olivier Salgado, porte-parole de la Minusma, l’enquête qui doit situer les responsabilités des auteurs des violences qui ont conduit à  la mort de trois manifestants à  Gao la semaine dernière, suit son cours et ne peut être pour le moment commentée par la mission. Face à  la polémique médiatique qui a mis à  mal, la mission déjà  très critiquée au Mali, le chef de la communication affirme, que la Minusma n’a minimisé en rien, la gravité des choses : « ce que les journalistes n’ont pas assez fait, c’est de restituer le contexte de la manifestation, qui très vite est montée en ébullition ». Salgado déplore aussi que les journalistes n’appellent pas assez la mission pour avoir sa position sur les choses. Le moins que l’on puisse dire, c’est que sur le traitement médiatique de la chose, certains journalistes qui n’étaient pas sur place, ont visiblement ajouté à  la mayonnaise, en décriant fortement la mission et son rôle au Mali et en l’accusant d’agression. « Ce rôle justement est de stabiliser, de s’interposer, d’assurer la protection des populations, pas de tuer », déplore Malick, ressortissant de Gao. Pour Kader Touré, de la Radio Ania, de Gao, il est clair que les choses ont clairement échappé à  la volonté des organisateurs de ce qui devait être une marche pacifique à  l’origine. Mauvaise perception Le contexte étant de plus en tendu au nord, lorsque les tirs proviennent de la Minusma, qui était attaquée, cela prend une ampleur dévastatrice dans l’opinion. Mais lorsque la Minusma a été contrainte de riposter en détruisant le véhicule de rebelles du MNLA, souligne encore Olivier Salgado, certains ont dit « enfin la Minusma réagit ». L’un des problèmes majeurs de la mission depuis son installation au Mali, réside en la perception que les Maliens se font de sa présence et de son rôle, ce qui lui demande un effort de communication plus grand envers le peuple malien, qu’elle est supposée aider. « Les communiqués ne suffisent plus, C’’est aussi pourquoi nous avons mis en place Mikado FM, la radio des Nations Unies pour avoir un contact direct, sans filtre, ni tabous avec les Maliens », ajoute Salgado, lors d’un débat sur les évènements de Gao. La Radio elle émet déjà , sur la région de Gao.

Enlèvements et pillages dans le nord du Mali

Plus de 20 personnes ont été enlevées par des assaillants dans les localités de Bamba, Gao et Kano, dans la région de Tombouctou. C’est tout d’abord la localité de Kano qui a été attaquée à  l’heure de la prière de vendredi. Selon les populations, une personne a été tabassée et de nombreuses autres ont été enlevées. Parmi elles se trouvent un imam, un chef de village et au moins l’un de ses conseillers. Les otages ont été emmenés vers une destination inconnue. Selon une source militaire, les assaillants sont des éléments du MAA, un groupe allié du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Aucune source indépendante ne l’a confirmé. En début de soirée, c’est au tour de la localité de Bamba, dans la région de Gao, d’être attaquée. Si rien ne permet d’établir exactement l’identité des assaillants, des témoins ont indiqué que le chauffeur transportant les assaillants avait comme turban un drapeau aux couleurs du même groupe rebelle.Des magasins et boutiques de cette localité ont été pillés, selon ces témoins. Des motos et une importante somme d’argent ont été emportées. Ces deux événements seraient les plus graves, vu le nombre de personnes enlevées et l’ampleur des pillages, depuis de longs mois, dans le Nord du Mali, selon les mêmes sources.

Accord ZTS : la pomme de discorde

Déjà , dès le dimanche, la rumeur avait fait le tour de la capitale Bamako. Des rumeurs venues du nord du pays, informaient d’une entente entre la Minusma et les groupes séparatistes touareg et arabes réunis au sein de la CMA. Pour les mieux avertis, il s’agissait d’un accord avec le MNLA pour la mise en place d’une Zone Temporaire de Sécurité autour de Tabankort, localité o๠lesdits groupes subissaient des lourdes pertes depuis plusieurs jours. Le lundi, C’’est la mission onusienne qui vient en quelque sorte confirmer l’information en publiant un communiqué. Elle y accuse le MNLA d’avoir fait de « graves retouches » au dit document et joint au texte une copie de l’accord signé du 24 juin, entre un haut gradé de la Minusma et la Coordination de l’Azawad(CMA). Objectif : obtenir une zone démilitarisée pour « garantir la sécurité des populations civiles ». Quelques heures plus tard, les rues de Gao se remplissent. Jeunes, vieux, femmes et enfants viennent aux portes du QG de la Minusma demander des comptes : pourquoi à  Kidal, on ne dit rien et à  Gao, on demande aux groupes « pro-gouvernementaux » de déposer les armes ? N’est-ce pas faire le jeu du MNLA et consorts et leur donner l’opportunité de revenir dans une bataille qu’ils sont en train de perdre ? Une déclaration est remise et les manifestants attendent que la Minusma s’explique. Le lendemain, ils sont toujours là . Et les choses dégénèrent. Que s’est-il passé ? Selon la Minusma, les manifestants ont caillassé les policiers de la mission qui ont tiré des gaz lacrymogènes et fait des tirs de sommation. Du côté des manifestants, on soutient que face à  leurs mains nues « la Minusma a tiré », selon un jeune élève interrogé à  l’hôpital de Gao. Bilan : 4 morts et 17 blessés (source hospitalière). Mardi soir, la Minusma, par la voix de son Représentant adjoint en charge des affaires politiques, dément avoir « donner l’ordre de tirer ». Le Gouvernement communique aussi. C’’est le Ministre de la Défense (la coà¯ncidence est marquante !), assurant l’intérim de son homologue des Affaires Etrangères, qui lit le communiqué du Gouvernement. Il revient sur les incidents de Gao et affirme que la décision de signature d’un accord signé entre la MINUSMA et certains groupes armés « prise sur une base non inclusive, […] a été perçue comme défavorable au processus de paix et de réconciliation en cours ». En clair, l’Etat malien n’a pas été associé à  la démarche de la Minusma et s’en désolidarise. Pour preuve, le gouvernement s’est félicité de la décision des responsables de la Minusma « de retirer ledit document ». La mission de l’Onu s’est pourtant défendue : le processus n’était qu’à  sa première étape, les suivantes auraient concerné les autres acteurs. Mais, comme la démarche n’a pas été comprise, elle abandonne son projet. Une « volonté de poursuivre de manière inclusive le processus de consolidation du cessez-le-feu et de la sécurité » dont s’est réjoui le gouvernement malien. « Le mandat de la Minusma est clair, la protection des populations civiles » rappellera le ministre de l’administration territoriale, Abdoulaye Idrissa Maà¯ga, en visite à  Gao ce mercredi. « Signer un accord avec des belligérants ne rentre pas dans ce cadre. Le document et ce à  quoi il engage est nul et non avenu » affirmera-t-il ensuite au micro de l’ORTM. Pour en revenir au communiqué officiel, « le Gouvernement exhorte la MINUSMA au traitement impartial du gel des positions et l’engage à  ses côtés à  prendre les initiatives propres à  résorber la situation ainsi créée ». En outre, le ministre qui était en compagnie de son homologue de la Sécurité, le général Sada Samaké, a appelé la Minusma a tiré des enseignements de la situation et prendre ses responsabilités vis-à -vis des familles et des victimes. Le message est on ne peut plus clair ! Ce vendredi, selon des sources concordantes, Bamako devrait marcher. Avec en première ligne, des responsables politiques, de la majorité comme de l’opposition, des leaders de la société civile. Pour que « les amis du Mali restent dans leur rôle et ne jouent plus le jeu des fossoyeurs de la République », comme on l’a entendu dire par un jeune de Gao, témoin des évènements de mardi.