Abdramane Niama Togora : « L’arrêt n’a pas beaucoup impacté le monde humanitaire »

Il y a maintenant plus de six mois que l’aide publique française au développement a été suspendue au Mali. Cela a-t-il eu un impact sur le monde humanitaire ? Abdramane Niama Togora, Coordinateur national des sites de déplacés internes à la Direction nationale du Développement social répond à nos questions.                                                   

Quel est votre constat sur le fonctionnement des ONG humanitaires qui bénéficiaient de l’appui de la France depuis l’arrêt des financements de l’AFD au Mali ?

Suite à l’arrêt des activités des ONG qui opéraient sur financement français, nous avons tout de suite fait une évaluation et il s’est avéré qu’il y en avait à l’époque une vingtaine. Mais très peu opéraient dans le monde humanitaire, dans lequel nous évoluons. Il y avait des programmes dont les sources de financement étaient variées, donc, du coup nous n’avons pas constaté d’arrêt d’ONG qui avaient un financement français. D’autres partenaires financiers se sont proposés pour soutenir celles qui opéraient dans le monde humanitaire.

Quelle a été votre stratégie pour éviter tout impact ?

Après la décision, on a tenu une réunion rapidement avec OCHA, le Bureau de  coordination des affaires humanitaires des Nations unies au Mali pour évaluer l’impact que cela pouvait avoir. Il s’est trouvé qu’il y avait très peu d’impact. Nous évoluons dans un système de clusters, c’est-à-dire si un acteur se trouve dans l’incapacité de soutenir une population malgré ses engagements, un autre acteur  peut se positionner pour combler le vide. C’est avec ce système qu’on a vraiment pu soutenir les populations qui étaient dans le besoin suite à l’arrêt des financements français.

Quelles sont les ONG qui bénéficiaient de ces financements ?

Les financements étaient surtout orientés vers des ONG qui étaient là généralement pour soutenir les collectivités dans les actions de développement, comme la réalisation d’infrastructures communautaires ou des activités sociales.

Quel sont les rapports actuels entre l’État et les ONG ?

Ces ONG continuent d’évoluer. Récemment, on a une réunion de coordination autour des sites de Bamako, où il y a beaucoup d’ONG qui ont des staffs français et qui ont leur siège social en France. Mais ce n’est pas un problème, parce que les ONG sont là pour soutenir le gouvernement dans la protection générale de sa population. Il n’y a pas de rapport ambigu. Ces ONG continuent d’évoluer normalement, même si certaines ont quand même dû libérer un certain nombre de personnes parce qu’à leur niveau le recrutement est lié à des financements.

Situation humanitaire : une vulnérabilité croissante

La multiplication des affrontements cette année a provoqué de nouveaux déplacements de populations dans les parties centrale et nord du Mali. Ajoutant au nombre de déplacés internes, qui a dépassé les 420 000 personnes. En plus des conflits, les effets du changement climatique et la difficulté pour les populations des zones de conflit d’exercer leurs activités compliquent davantage une situation humanitaire critique qui touche 7,5 millions de personnes.

Estimé à 685,7 millions de dollars, le besoin de financement en 2022 a été couvert à hauteur de 258 millions. Par ailleurs 1,8 million de personnes était déjà en insécurité alimentaire aiguë entre juin et août 2022, avec plus de 370 000 déplacés internes dont 9 000 nouveaux ménages (54 000 personnes) dans la seule région de Ménaka, selon un rapport d’Ocha.

Selon un document de la Commission européenne datant du mois d’octobre, le nombre de déplacés internes a atteint 440 000 personnes. Pour la même source, depuis le début du conflit, en 2012, 1,3 million de personnes ont quitté leurs foyers, 696 000 les ont retrouvés et 85 000 sont revenues de l’étranger. Mais 181 000 continuent de vivre dans trois pays voisins. Des personnes devenues vulnérables.

Nécessaire réorganisation

Le 21 novembre 2022, le gouvernement de Transition malien a annoncé l’interdiction d’opérer pour les organisations bénéficiant d’un financement français, y compris celles agissant dans le domaine humanitaire. Dans un contexte tendu où la situation sur le terrain n’est guère reluisante. Outre l’insuffisance des moyens mobilisés, les acteurs humanitaires déplorent une implication insuffisante des autorités et une confusion entre interventions des gardiens de la paix et des acteurs humanitaires. Le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Colonel Abdoulaye Maiga a rencontré les représentants de ces associations et organisations pour leur présenter les nouvelles conditions. Tout appui financier ou subvention accordée à une association ou fondation étrangère doit désormais requérir un avis de non objection du ministère chargé de l’Administration territoriale. En plus, elles doivent fournir tous les mois au ministre chargé de l’Administration territoriale, la situation de leurs comptes en banque au plus tard le 10 du mois suivant. Et ont également l’obligation de préciser l’origine des fonds lorsque leurs comptes sont crédités.      

Dans un rapport datant de fin 2019, Refugees International attirait déjà l’attention sur une inadéquate coordination civilo-militaire. Une coordination indispensable non seulement pour faire la distinction entre les actions civiles et militaires, mais aussi pour « protéger et promouvoir les principes humanitaires, minimiser les incohérences et, le cas échéant, poursuivre des objectifs communs ».

À l’heure du bilan, le plan de réponse humanitaire compte un niveau de couverture des besoins de financement d’environ 30%. Une situation qui laisse plusieurs programmes, comme l’appui à la mise en œuvre du Nexus Humanitaire-développement dans les régions de Mopti et Ségou ou le soutien en informations à la coordination humanitaire pour une meilleure planification, sans financement.

Il est donc urgent pour les autorités de trouver une stratégie adéquate pour gérer la présence « pléthorique d’ONGs et de militaires internationaux » afin que l’État puisse assumer pleinement son rôle de protection et d’assistance aux populations.

Interdiction des ONG aux financements français : une décision aux grandes conséquences

Déjà fragilisées par l’insécurité depuis 2012, les ONG au Mali doivent désormais exercer sans financement français. Une décision du gouvernement malien en riposte à l’annonce par la France d’arrêter son Aide publique au développement (APD) à destination du Mali.

Expulsion de l’ambassadeur de France, départ de Barkhane, plainte à l’ONU… Les relations entre le Mali et la France sont très compliquées depuis plusieurs mois. Ce que certains estimaient être une brouille passagère, qui ne conduirait pas au divorce, s’étend désormais aux ONG bénéficiant de financement français, y compris humanitaires. Le 16 novembre, Paris a annoncé arrêter son Aide publique au développement au Mali, estimant que les conditions n’étaient plus réunies pour la poursuite des projets. Les autorités françaises avaient maintenu cependant l’aide d’urgence et l’action humanitaire.

La réaction des autorités maliennes n’a pas tardé. Dans un communiqué daté du 21 novembre, le gouvernement de la transition a interdit, « avec effet immédiat », toutes les activités menées sur son sol par des ONG opérant sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France, y compris dans l’humanitaire.

« La décision de la France, prise depuis février 2022, ne suscite aucun regret, d’autant plus qu’elle contribue à la restauration de notre dignité bafouée par une junte française spécialisée, d’une part, par l’octroi d’aide déshumanisante pour notre peuple et utilisée comme moyen de chantage des gouvernements et, d’autre part, dans le soutien actif aux groupes terroristes opérant sur le terrain malien », fustige-t-on dans le communiqué signé par le Premier ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye Maïga. D’après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Mali a reçu 121 millions de dollars américains, soit environ 77 milliards de francs CFA d’aide publique au développement de la part de la France en 2020. Selon des données de l’ambassade de France non actualisées, entre janvier 2013 et septembre 2017 le montant des octrois de la France au Mali, au travers de l’Agence française de développement (AFD), s’est élevé à 310 milliards de francs CFA.

Conséquences

Avant même les annonces officielles, Coordination Sud, un collectif d’une trentaine d’ONG françaises de solidarité internationale, avait fait part de son inquiétude quant aux conséquences qu’aurait l’arrêt des financements pour la population, les organisations de la société civile malienne, ainsi que ses propres organisations, dans une lettre du 15 novembre adressée aux autorités françaises.

« Alors que 7,5 millions de personnes ont besoin d’assistance, soit plus de 35% de la population malienne, et que le Mali est en 184ème position sur l’Indice de développement humain, la suppression de ces financements entrainera l’arrêt d’activités essentielles, voire vitales, menées par les organisations de la société civile malienne et internationale au profit de populations en situation de grande fragilité ou de pauvreté. Ces populations se retrouvent ainsi encore plus vulnérables à la violence et à l’influence des parties en conflit », indique-t-on dans la lettre. Selon une source française, l’aide humanitaire de la France s’élève à 9 millions d’euros, soit un peu plus de 5 milliards de francs CFA. En mai dernier, la France a paraphé une aide de 2, 625 milliards de francs CFA destinée aux populations vulnérables du Mali. Un financement alloué à trois projets. Le premier sera porté par le Programme alimentaire Mondial, pour un montant de près de 1,640 milliards de francs CFA, le deuxième par l’ONG Première Urgence internationale et le troisième par l’ONG Solidarités internationales.

« Il y aura quelques impacts à court terme, c’est sûr. Si on prend par exemple le Conseil régional de la région de Mopti, c’est une institution qui fonctionne à peu près à 70% sur financement de l’AFD. Ça veut dire que les activités de ce Conseil régional vont s’arrêter à un niveau très élevé. Plusieurs projets qu’ils ont initiés seront stoppés. Il en sera de même dans la région de Kayes, où beaucoup d’associations et de petites ONG nationales sont financées par des fonds français. Cela aura pour conséquences de mettre certains jeunes au chômage », analyse Adama Diongo, Porte-parole du Collectif des associations des jeunes de la région de Mopti.

Amadou Touré, juriste et collaborateur du cabinet FSD Conseils, va plus loin, expliquant que dans une grande partie du territoire, où « l’État malien brille par son absence », seules les actions d’ONG permettent aux populations d’avoir accès à un certain nombre de services sociaux de base, notamment la santé, en assurant la continuité du service des quelques centres de santé existants.

« En outre, les ONG viennent en aide à ces populations par des activités de micro finance, afin de leur permettre d’avoir une autonomie financière, singulièrement les femmes. En filigrane, les ONG œuvrent aussi pour le retour de la paix, de la cohésion sociale et de la prévention des conflits communautaires, tout ce qui peut aider l’État du Mali dans sa politique sectorielle de réconciliation, d’où plusieurs conséquences à prévoir si la décision est appliquée avec rigueur », craint-il.

Arrêts

Certaines organisations non gouvernementales ont déjà annoncé arrêter leurs activités  pour se conformer à la décision du gouvernement malien. Il s’agit par exemple de l’ONG Santé Diabète et de son Centre Médico-Social, ainsi que de d’’AVSF (Agronomes et Vétérinaires sans frontières). Cette dernière, présente au Mali depuis 1983, soutient les éleveurs transhumants, les agropasteurs sédentaires, les familles paysannes et leurs organisations pour sécuriser l’accès à l’alimentation et créer des revenus dans des régions difficiles et dans les zones rurales.

Avec « Trois Frontières », l’un des projets qu’elle exécute au Mali et qui couvre également le Burkina Faso et le Niger, l’ONG appuie depuis 2018 des organisations paysannes en leur donnant des équipements, de l’aliment bétail, des poissons, etc. Le projet appuie également des investissements communaux sur la base du PDSEC (Eau, santé, éducation, formation).

« Dans les régions du Nord du Mali (Tombouctou, Taoudéni et Gao), environ 35 000 personnes ont eu accès à la santé humaine et animale au travers de la mise en place d’équipes mobiles de santé mixtes. Ainsi, 24 000 personnes ont accès à l’eau pour leurs ménages et leurs élevages et environ 50 000 personnes ont pu développer leurs activités agricoles (productions végétales et animales) », estime un agent de l’ONG basé dans la région de Gao.

Selon ce dernier, l’un des rares humanitaires qui a accepté de répondre à nos questions sous anonymat, leurs activités sont totalement suspendues du fait que le projet est à 100% financé par l’AFD. « Je suis impacté par l’arrêt, de même que les organisations paysannes que nous appuyons, ainsi les investissements dédiés aux collectivités. Le projet couvre 6 cercles frontaliers : Gao et Ansongo pour la région de Gao, Gourma Rharouss pour Tombouctou et Koro, Bankass et Douentza pour Mopti. Dans chacun des cercles d’intervention toutes les communes sont bénéficiaires », explique-t-il.

Partagé entre inquiétudes pour les populations bénéficiaires du projet et esprit de patriotisme, il ajoute : « personnellement, malgré que cela me mette au chômage, je soutiens la décision du gouvernement malien. La France fait du chantage et il ne faut pas céder à ce chantage ».

Les autorités de la Transition ont conforté leur décision en adoptant lors du Conseil des ministre du 23 novembre un projet de décret pour interdire « avec effet immédiat » toutes les activités menées par les associations, les Organisations non gouvernementales et assimilées opérant sur le territoire malien sur financement, ou avec l’appui matériel ou technique, de la France. Une mesure qui concerne aussi bien les associations nationales ordinaires et les associations signataires d’accords-cadres avec l’État que les associations étrangères et les fondations.

« Le Gouvernement s’engage à évaluer au niveau interministériel et au niveau des Gouverneurs de Région et du District de Bamako les effets de la décision sur les populations, afin de prendre les dispositions nécessaires pour les accompagner », promet-on dans le communiqué du Conseil des ministres.

Résilience

Redouté par les agents des ONG soucieux de leurs emplois, la question de l’impact sur les populations se pose également. « Pour le cas spécifique du pays dogon, l’insécurité a fait que les ONG ont quitté la zone il y a plus de 5 ans. Donc la population s’est déjà adapté à l’absence d’ONG et de projets financés par tous les pays. En tant que ressortissant de la zone, ce dont je suis au courant c’est que le financement français en pays dogon est en bonne partie un financement privé. Des ONG françaises financées par des fonds publics y sont, mais ce sont surtout les initiatives privées d’associations françaises qui sont les plus nombreuses. Je pense que cette décision de l’État ne concerne pas ces financements privés », explique Adama Diongo.

De même que lui, Djibrilla Abdoulaye, acteur de la société civile de Gao, estime que depuis 2012 « les gens du Nord ont adopté une résilience face à la souffrance. Ce sont les autres qui crient toujours devant le moindre effet. J’ai vu récemment les Bamakois se plaindre du prix du carburant, qui avait atteint 800 francs. Au même moment, on l’achetait à 1000 francs ici à Gao sans faire trop de bruit », dit-il.

Ces propos sont appuyés par l’agent de l’AVSF qui insinue, en outre, que la suspension de l’aide française aura plus d’impact sur les acteurs politiques et humanitaires que sur les plus vulnérables. Et pour cause : « une grande partie des actions destinées aux plus vulnérables sont détournées par certains acteurs humanitaires. Malheureusement, ce sont des miettes qui arrivent à ces pauvres. À regarder le mode de vie richissime de certains de nos amis humanitaires, on voit bien cette dimension de détournements. Dans ce lot, on a malheureusement aussi certains élus, des notables et l’administration », assure-t-il.

Un autre aspect tendant à minimiser l’impact de l’arrêt de l’aide française est que plusieurs ONG bénéficiant de l’appui de fonds publics français disposent d’autres sources de financements. Ce qui leur permettra de continuer à exercer sur le sol malien. Comme c’est le cas de l’ONG Médecins du Monde Belgique, qui, après avoir suspendu ses activités le 22 novembre, « par mesure conservatoire vu qu’elle était bénéficiaire d’un financement français », a annoncé, via une lettre au Gouverneur de la région de Gao le 24 novembre, vouloir reprendre ses activités dans la région sans financement français.

« Les vrais perdants seront nous, les Maliens qui évoluent dans les ONG 100% financées par l’AFD et qui nous retrouverons sans doute très prochainement au chômage. Reste à voir comment le gouvernement compte compenser cela », se questionne l’agent de l’AVSF.

Ségou: Un projet de paix pour inciter au changement

Le 31 janvier, le « Projet de paix ascendant » s’est tenu à SÉGOU Pelengana, dans le centre d’animation pour enfants. Plus de 200 personnes, dont des enfants de cette région et le maire de SÉGOU, ont participé à l’événement organisé par IPYG (International Peace Youth Group) et par Peace One Day Mali.

Le « Projet de paix ascendant » signifie que les citoyens mènent le changement au Mali en exhortant le gouvernement malien à faire la paix. Compte tenu des caractéristiques du Mali qui a souffert de guerres civiles, des groupes de citoyens maliens ont introduit un suivi psychologique pour les enfants des régions dévastées par la guerre. En tant que principaux protagonistes de notre génération future, environ 200 enfants de cette région ont pris le temps de faire des dessins et d’en parler avec un souhait de paix au Mali.

Les participants à l’événement ont vu la nécessité d’organiser beaucoup plus d’événements pour la paix au Mali. M. Boubacar Issa Traoré, l’organisateur de cet événement et le président exécutif de « Peace One Day Mali » a déclaré que « chaque enfant se sentait très heureux et s’attendait à ce que de nombreux autres événements soient organisés. Tous ont répondu que l’événement était intéressant et ont revendiqué des activités pour donner la parole aux enfants pour la paix dans la région de SÉGOU ». Dembele Brehima, le président exécutif de l’Association des jeunes pour le développement et la prospérité de Koutiala (AJDPK) qui a participé à l’événement a déclaré : « Personnellement, j’étais très heureux car l’idée d’une éducation sur le thème de la paix était appréciée de tous. Je pense que le projet doit être étendu partout au Mali car les réfugiés sont un peu partout au Mali aujourd’hui ».

L’organisation hôte, IPYG, va planifier des programmes pour éduquer la jeunesse malienne et chercher également à coopérer avec le gouvernement pour le rétablissement de la paix au Mali.

IPYG est une organisation affiliée à HWPL, une ONG internationale pour la paix ayant un statut consultatif auprès de l’ECOSOC des Nations unies. IPYG encourage les jeunes de tous les coins du monde à travailler pour la paix et la cessation de la guerre pour construire un monde de paix tous ensemble.

Cet événement a été organisé dans le cadre de la campagne « Légiférer pour la paix » (LP) visant à créer une culture de paix ainsi qu’à établir un cadre juridique conforme aux principes de la Déclaration pour la paix et la cessation des guerres (DPCG). La DPCG, un document complet qui clarifie le rôle des membres de la société internationale dans la prévention et la résolution des conflits, est en cours de présentation aux Nations unies sous forme de projet de résolution.

Centre du Mali : Les ONG à pied d’œuvre

La situation humanitaire au centre du Mali n’a cessé de se détériorer depuis quelques années. L’insécurité qui y règne occasionne non seulement des déplacements massifs mais aussi de sérieux problèmes de famine, de malnutrition des enfants et d’accès aux soins de santé. Face à ce sombre tableau, les ONG multiplient les actions pour venir en aide aux populations les plus touchées par la crise.

Présente dans la région de Mopti, à Tenenkou, depuis 2016, « Médecins Sans Frontières » (MSF)  a élaboré un programme d’accès aux soins de santé primaire et secondaire avec des stratégies mobiles pour les endroits difficiles d’accès, touchant ainsi 90% des populations du cercle de Tenenkou qui n’avaient pas accès aux soins.

« En 2018, nous avons étendu nos activités communautaires à Douentza, dans les communes de Boni, Hombori et Mondoro, qui sont considérées comme les zones les plus touchées par la crise et nos équipes continuent d’apporter de l’assistance  médicale et humanitaire aux populations », affirme Boulama Elhadji Gori, Chef de mission MSF Mali.

À côté des structures médicales qu’elle appuie, MSF a également intensifié depuis mai 2018 ses activités ponctuelles de réponses aux urgences, soit par la fourniture des premiers soins aux victimes, soit par la distribution de kits non-alimentaires aux déplacés de conflits. « À travers le système de surveillance existant, appuyé par MSF, nous suivons la situation au quotidien, pour détecter, investiguer et répondre aux besoins médicaux-humanitaires au cas par cas », précise M. Gori.

Assistance humanitaire accrue

« Islamic Relief » intervient pour sa part dans la région de Mopti depuis les évènements de 2012, où l’organisation s’est repliée sur Sévaré, devenant active  dans les cercles de Mopti, Djéné, Koro et Bankass. « Au niveau de Douentza, suite à une récente alerte de déplacés, nous avons assisté 193 ménages en matériels d’abris et en vivres », relève Amadou Issa, Coordinateur de projet.

L’ONG est actuellement en train de préparer une opération « Tabaski » qui consistera à distribuer de la viande à des milliers de déplacés. « Cela va couvrir la commune de Douentza pour 1 800 bénéficiaires et deux autres pour 360 personnes chacune, en plus de celle de Mopti, pour environ 3 600 bénéficiaires », assure M. Issa.

Première Urgence Internationale a également entamé récemment une intervention dans le centre du Mali, où elle apporte son soutien à la fonctionnalité de 14 centres de santé et à un renforcement des capacités de leurs agents. « La plupart de nos activités n’ont pas encore réellement démarré, mais en ce moment nous avons des consultations réalisées par des cliniques mobiles dans l’aire centrale de Bankass », confie Coralie Fremion, la Cheffe de mission.

Dialogue : Les ONG à l’œuvre

Récurrents ces dernières années, les différends entre ethnies à l’intérieur du pays rappellent à suffisance que le climat socio-sécuritaire reste fragile. Pour la résolution des conflits et l’instauration d’une entente durable entre les communautés, différentes ONG œuvrent en permanence. Leurs  actions sont centrées prioritairement autour du dialogue.

Search for Common Ground, organisation de peacebuilding dont la vision est celle d’un monde sans violence, est présente au Mali depuis 2014. Avec des outils et activités qui visent le renforcement de la confiance entre les parties prenantes aux conflits, elle s’emploie  à créer des cadres de recevabilité et de dialogue entre les populations et les autorités, à assurer le partage et la diffusion d’informations fiables et de qualité et à soutenir les initiatives communautaires d’inclusion, de rapprochement, de solidarité, de vivre ensemble et de paix.

Entre formations expérientielles en transformation des conflits, sensibilité aux conflits et leadership inclusif, facilitation des cadres de dialogue communautaire inclusifs et d’actions, appui aux initiatives locales de paix menées par les jeunes et les femmes, formation de journalistes et appui technique et matériel aux radios communautaires, ou enfin élaboration d’approches nouvelles et innovantes pour la transformation des conflits et la réduction de la violence, les actions de l’organisation sont diverses et toujours adaptées au contexte et aux résultats escomptés.

Démarches conciliatrices

« Nos dialogues se tiennent au niveau des communes. Ils sont inclusifs et contribuent à réduire les préjugés entre groupes et à les aider à surpasser les stéréotypes. Nous nous focalisons plus sur le processus que sur le contenu », souligne Vianney Bisimwa, Directeur pays de Search for Common Ground Mali. « Grâce aux sessions de dialogue, des groupes se reparlent et réapprennent à se faire confiance et à imaginer collectivement les réponses aux problèmes pour préparer des actions conjointes et inclusives », ajoute t-il.

Par ailleurs, Humanitarian Dialogue (HD), une ONG internationale suisse de médiation pour la paix, a initié également depuis 2014 au Mali un dialogue intra-religieux à Gao, Tombouctou, Ménaka, Taoudéni et Mopti, avec l’objectif d’apaiser non seulement les tensions entre les différentes branches de l’Islam mais aussi de prévenir et de gérer les conflits locaux, qu’ils soient de nature communautaire ou religieuse.

L’organisation a déjà facilité en novembre 2018 la médiation d’un accord de paix entre les communautés Idourfane et Ibogolitane des régions de Gao et de Ménaka. Un autre accord entre éleveurs et agriculteurs du cercle de Djenné  a été également signé durant la même période. HD appuie en outre les parties signataires de l’Accord pour la paix dans sa mise en œuvre, à travers la facilitation de négociations sur les points de mésentente.

Mamadou Bah : « il faut absolument que l’autorité appuie les activités de ce genre dans les communes »

Débutés officiellement le 13 août 2018 et prévus pour s’étaler sur cinq semaines, les cours de vacances gratuits qu’organise le Conseil local de la jeunesse du quartier d’Hamdallaye à Bamako sont à leur cinquième édition. Mamadou Bah, le président du conseil revient ici pour Journal du Mali, sur les contours de cette activité désormais de référence pour des « vacances utiles » aux élèves de la capitale.

Présentez-vous et dites nous pourquoi vous organisez ces cours ?

Je me nomme Mamadou Bah. Je suis le président du conseil local de la jeunesse d’ Hamdallaye, en commune IV du district de Bamako. Cela fait cinq éditions, depuis 2014 que nous organisons des cours de vacances gratuits à l’intention des élèves de la 5ème année à la 9ème. C’est non seulement pour venir en aide aux enfants du quartier mais aussi pour les former afin de faire face aux classes supérieures et également être recyclés, que le Conseil des Jeunes a initié cette activité. Comme vous le savez nous sommes dans un quartier où rares sont les parents d’élèves qui peuvent envoyer leurs enfants dans les cours privés payants. Cette année, nous avons lancé les activités solennellement le 8 août mais les cours ont effectivement débuté le 13.

Comment se déroule les cours ?

Les cours se font dans la cour de l’école Sory Diakité à Hamdallaye. Ils ont été initiés pour les enfants de Hamdallaye mais pratiquement la majorité des enfants des autres quartiers de la commune IV y participent. A la descente nous voyons des parents qui nous disent qu’ils viennent de Lafiabougou, de Djicoroni et autres. Il y a également  beaucoup d’enfants de Badialan, en commune III, qui participent à ces cours, vu la proximité avec Hamdallaye. Les cours de déroulent de 8h à 10h30. Au second cycle, de la 7ème à la 9ème, nous dispensons les cours dans cinq matières à savoir le français, les maths, la physique, la chimie et l’anglais. En 5ème et en 6ème année, ce sont les généralités. A la fin, nous organisons une cérémonie de clôture au cours de laquelle les meilleurs élèves, notamment les cinq premiers de chaque classe, reçoivent des kits scolaires, grâce à nos partenaires.

Comment gérer vous les enseignants qui interviennent, vu que les cours sont gratuits ?

Les cours sont gratuits pour les élèves. Mais nous payons les enseignants. D’abord par le bureau. Nous puisons dans notre caisse pour les payer. Mais, à priori, nous prenons d’abord les enseignants qui sont membres du bureau, vu que nous en avons beaucoup. Nous lançons  aussi un appel pour le recrutement d’autres enseignants mais nous privilégions les nôtres. Nous avons  également des partenaires, à l’instar de la mairie de la commune IV, qui nous vient en aide depuis la première édition jusqu’à nos jours,  d’une ONG turque  du nom de « Temps d’aide » œuvrant dans l’humanitaire et nous  bénéficions aussi de l’appui de certaines  personnes ressources dans le quartier telles que le chef du quartier et le président d’honneur de notre bureau. Beaucoup d’autres nous aident parce qu’ils ont compris que ce que nous faisons relève d’une tâche de citoyenneté.

L’édition de cette année, a-t-elle une particularité?

Cette année, nous avons enregistré beaucoup d’élèves qui suivent ces cours, qui ne viennent pas de Bamako mais plutôt des régions. Nous avons constaté que  ces enfants sont majoritaires pour cette édition. Ce sont en général des élèves en vacances chez des parents à Bamako. Par ailleurs, une autre chose à signaler, et cela a toujours été comme cela, depuis la première édition, il y a toujours eu une participation massive des élèves filles par rapports aux élèves garçons.

 

Avez-vous un système de suivi de la progression des élèves après la fin des cours et tout au long de l’année scolaire ?

Chaque année, nous recensons tous les élèves  et leurs écoles respectives. Nous incluons également la collaboration avec les parents d’élèves. Je peux vous dire qu’aujourd’hui toute la commune IV, voire tout Bamako est au courant de cette activité. Vu le calendrier électoral de notre pays cette année, nous avions voulu dans un premier temps remettre cette édition au lendemain de l’élection présidentielle. Mais les parents d’élèves nous ont motivé à maintenir la date habituelle. Cela montre à suffisance que ces cours apportent beaucoup d’avantages vis-à-vis de leurs enfants. A la fin de chaque édition, nous recevons des témoignages de parents qui vont dans ce sens.

Un appel à lancer aux autorités pour un meilleur accompagnement ?

Qu’elles nous aident non seulement à pérenniser l’activité mais à la refaire aussi dans d’autres quartiers. Les enfants en ont vraiment besoin. Nous avons commencé en 2014. Actuellement en commune IV, il ya Lafiabougou qui le fait également. D’autres quartiers nous emboitent aussi le pas. Mais il faut absolument que l’autorité appuie les activités de ce genre dans les communes. C’est vrai qu’elles n’ont pas toutes les mêmes réalités et chez nous,  en commune IV , nous reconnaissons que nous sommes accompagnés. Mais nous demandons un redoublement d’efforts de la part des autorités pour mieux soulager les enseignants qui se sacrifient pour la bonne cause.

L’ONG Mali-Folkecenter Nyètaa célèbre les femmes

Dans le cadre de la célébration de la journée internationale de la femme, l’ONG Mali-Folkecenter Nyètaa a organisé le 10 mars 2018 dans le village de Bougoula, à 60km de Bamako, une cérémonie de distinction dont les lauréates sont en majorité des femmes ayant fait preuve d’innovation dans le cadre de leurs actions en faveur du développement durable et de la protection de l’environnement.


L’objectif visé est non seulement la reconnaissance de l’effort de ces femmes et hommes dans la préservation de l’environnement pour un développement économique local, mais aussi et surtout la promotion de la femme comme pilier central du développement.
Au total, vingt personnes dont 16 femmes et 4 hommes ont reçu des attestations de reconnaissance et des prix symboliques. Elles font toutes parties d’une coopérative de femmes dénommée « Sinsibéré » née à partir d’un projet de l’ONG Mali-Folkecenter Nyètaa en 2007 et qui compte aujourd’hui plus de 300 femmes venant de 15 villages dans la commune de Bougoula.
Le choix de Bougoula pour la première édition de cette cérémonie de distinction n’est pas anodin. « Notre première activité envers les femmes, deux ans après notre création a été le programme « Sinsibéré », appuyé les femmes afin qu’elles puissent se prendre en charge elle-même et être le moteur de l’économie local. Ici dans cette commune qui est la seule dans l’ex arrondissement de Sanankoroba où les populations ont décidé de ne pas couper le bois. C’est symbolique, il fallait encourager ces femmes. » A expliqué Dr Ibrahim Togola, Président de Mali-Folkecenter Nyètaa.
La cérémonie a réuni plusieurs officiels de la commune notamment le maire de Bougoula, M. Zoumana Coulibaly et le chef du village Hamidou Coulibaly qui se sont dits réjouis par l’intérêt porté par l’ONG à leur localité. Nahawa Doumbia, la chanteuse a rehaussé l’éclat de l’événement par une prestation à la fois chaude et ambiancée.
La coopérative « Sinsibéré » a produit en 2017, plus de 6 tonnes de Beurre de karité amélioré. Trois ans plutôt, son beurre a été désigné meilleur à Abidjan lors du Global Share, conférence globale du beurre de karité. Elle produit aussi le savon, organise les formations pour les autres femmes opérant dans le même domaine et dans la construction des foyers améliorés et sensibilise la population par rapport à des aspects environnementaux.
Pour Mme Coulibaly Aminata Barry, chargée du genre et du développement à Mali-Folkecenter Nyètaa, ces braves dames méritent encore mieux. « Elles travaillent pendant toute la journée. Pendant toute l’année, elles sont là au four et au moulin. Si aujourd’hui, on leur donne un trophée, vraiment elles le méritent. » A-t-elle indiqué à la fin de la cérémonie.
Cette première cérémonie de distinction ne sera pas la dernière, à en croire Dr Ibrahim Togola. « Je suis fier de Mali-Folkecenter qui a pu organiser cela et moi en tant que président du conseil d’administration, je ferai toujours tout pour l’accompagner, pour que cela soit institutionnalisé et que l’année prochaines d’autres institutions puissent se joindre à nous » conclut-il.

ONG : Au-delà de l’humanitaire

Les organisations non gouvernementales, contrairement à ce qui à priori peut venir à l’esprit quand on les évoque, n’opèrent pas que dans l’humanitaire. Leurs domaines d’intervention sont aussi nombreux que diversifiés. Petit tour auprès de quelques-unes, présentes sur le territoire malien, qui, hors côté « traditionnel », ont choisi de servir dans d’autres secteurs. 

Climate Mali, qui est une représentation locale de l’ONG Climate International, basée en France, est une association de jeunes qui œuvrent dans la recherche de solutions pour lutter contre le changement climatique. Lancée depuis 2014, elle reçoit son récépissé officiellement en 2015 auprès du gouvernement malien.

Montrer leur rôle dans les prises de décisions internationales et pour toute politique en rapport avec les changements climatiques et informer l’ensemble de la population malienne sur ces derniers, tels sont certains des objectifs que poursuit l’association. « Notre différence réside dans notre dynamisme et notre détermination, nous sommes tout le temps dans les activités, même avec peu de ressources. Ce que nous faisons est à la portée de nos populations, nous le faisons ensemble, avec les personnes visées », explique Safiatou Traoré, Directrice de Climate Mali.

L’ONG a contribué à changer la mentalité de beaucoup de jeunes sur les questions de changement climatique. « Les informations que nous véhiculons sont bien reçues parce que, à chaque fois que nous repassons voir les populations, nous remarquons l’impact positif », déclare Safiatou Traoré.

Autre organisation, le National Democratic Institute (NDI), une ONG non partisane et à but non lucratif qui soutient les institutions et les pratiques démocratiques dans toutes les régions du monde depuis plus de trois décennies. Œuvrant depuis 1996 au Mali, elle a fourni une assistance technique à ses partenaires pour améliorer l’éducation des électeurs, l’observation des élections nationales, la surveillance législative, les processus électoraux, politiques, institutionnels et de réformes, ainsi que le dialogue entre les partis et la participation politique des femmes.

S’appuyer sur les campagnes et les plaidoyers pour lutter contre l’extrême pauvreté et les maladies évitables en Afrique en suscitant la prise de conscience du grand public et en faisant pression sur les dirigeants politiques pour qu’ils soutiennent des programmes efficaces d’aide, telle est, pour sa part, la mission principale de l’ONG ONE Campaign, dont la représentation au Mali est effective depuis 2015.

Que ce soit sur le plan humanitaire, environnemental, social ou économique, entre autres, l’apport positif de ces ONG fait l’unanimité auprès des bénéficiaires.

     

ONG au Mali : Continuer malgré tout

Alors que sous d’autres cieux certaines ONG sont épinglées dans des scandales, celles qui opèrent au Mali, s’efforcent d’apporter assistance et espoir à des populations très éprouvées par le conflit et l’insécurité qui prévaut. Habitués aux zones de guerre et aux situations complexes, ces organisations doivent composer avec une criminalité qui ne cesse de croître, des zones très enclavées et une population nomade.

Le 24 avril 2017, les locaux de la sous-délégation du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) à Kidal ont été cambriolés par des inconnus armés. « Le deuxième cambriolage en moins de trois mois », affirmera l’organisme dans un communiqué publié dans la foulée. Le vol de trop. Excédée, l’ONG décide d’une suspension temporaire et partielle (les urgences étaient assurées) de ses activités dans cette région. Deux mois plus tard (juin 2017) Médecins Sans Frontières est à son tour victime d’actes de banditisme dans la même région. Elle suspendra également ses activités après ce qu’elle qualifiera de troisième cambriolage de son complexe en un peu plus d’un mois. Des décisions qui ont eu des répercussions quasi immédiates sur la situation déjà peu enviable des populations. Après plusieurs consultations, estimant avoir reçu des « garanties sécuritaires », les deux organisations reprennent leurs activités d’assistance aux populations.  « Il nous a été très difficile de suspendre nos actions, mais, au-delà de nous, ce sont les populations, déjà très démunies, qui sont affectées » affirme Jamal Mrrouch, chef de mission de Médecins Sans Frontières au Mali. « La situation humanitaire au Mali continue de se détériorer. L’insécurité, qui s’est propagée des régions du Nord vers la région centrale de Mopti et jusqu’à certaines zones de Ségou (Macina et Niono), affecte la mobilité des populations et perturbe leurs moyens de subsistance et accès aux services de base, tels que l’eau potable, la santé et l’éducation. Les affrontements entre groupes armés et les violences intercommunautaires continuent de provoquer des déplacements de populations, qui requièrent une assistance humanitaire et des services de protection », peut-on lire sur les premières pages du  Plan de réponse humanitaire publié en février 2018. Le document du Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) met en exergue les difficultés des organisations à mener à bien leurs activités.

Pris pour cible

Selon un autre rapport d’OCHA rendu public en septembre 2017, 100 cas de contraintes d’accès humanitaire ont été recensés au Mali. Un chiffre jamais égalé depuis 2013, au plus fort de la crise. En dépit de la signature de l’Accord de Paix en 2015, le pays s’enlise et l’insécurité chronique ne cesse de s’accroître. « Nous avons l’ensemble des garanties de sécurité de la part des parties prenantes au conflit, nous ne demandons pas plus que cela. Ce que nous craignons le plus en tant qu’humanitaires, ce sont les bandits de grand chemin », assure Jean Nicolas Marti, chef de délégation du CICR au Mali. L’ONG a notamment pâti il y a peu des conséquences de cette situation sécuritaire très volatile. Au début du mois de février, l’un de ses collaborateurs a été abattu dans la région de Gao par des bandits armés.  « Tout le monde a une arme à Gao. Dans certaines localités, des jeunes n’hésitent pas à vous lancer qu’une personne qui a un fusil ne saurait mourir de faim et ces personnes bénéficient d’une totale impunité. Elles ne se privent donc pas de commettre des actes répréhensibles », explique Mohamed Touré, coordinateur du Groupe de recherche pour l’amélioration des initiatives de la population, une ONG qui opère dans la région de Gao depuis 1995. Œuvrant pour la paix et la cohésion sociale, l’organisation de ce natif de la région éprouve néanmoins d’énormes difficultés. « Le banditisme a pris le pas sur tout ici. Nous ne pouvons pas nous déplacer sans craindre d’attaques, même dans les pinasses nous sommes pris pour cible », regrette-t-il. En plus des vols de véhicules et de matériels, les ONG sont victimes d’attaque sur les routes. En raison de l’enclavement de certaines zones, elles sont difficilement praticables et dangereuses. MSF en a fait les frais. L’organisation, qui opère au Mali depuis 1985 en offrant des soins et une assistance médicale à la population, a vue l’un de ses camions (loué) se faire attaquer dans la région de Mopti.  Transportant des vaccins destinés à une campagne dans la région de Kidal, il a été victime d’un carjacking dans le Centre, causant au passage la blessure du chauffeur.

Nombreux défis

Les observateurs l’assurent, 2018 sera une année de grands défis pour les humanitaires. La montée en puissance annoncée du G5 Sahel et le rapprochement effectué par certains groupes radicaux devraient donner lieu à des confrontations très violentes. « Nous en constatons déjà les prémices. Les conséquences humanitaires de ces combats-là seront plus importantes que tous ce que nous avons connu jusqu’ici dans le Nord du Mali », prédit Marti. « Le CICR a renforcé ses équipes à Mopti et sa capacité de réponse », ajoute-t-il.  Et ce n’est pas non plus la décision du Chef d’Etat-major Général des Armées (CEMGA) d’interdire la circulation des motos et pick-up dans les régions de Ségou, Mopti et Tombouctou qui fait des heureux. Pour certaines de ces organisations, qui avaient déjà du mal à acheminer leurs aides, la pilule passe mal. « Nous avons des patients qui viennent dans les centres de soins à moto. Il y a des zones qui sont inaccessibles avec un véhicule. Nous respectons certes la décision, mais cela va compliquer notre travail » se plaint le chef de mission de MSF. Au-delà de l’aspect sécuritaire, les effets du changement climatique devraient aussi bientôt se faire sentir. « La tendance est de conjuguer la situation humanitaire du Mali avec l’insécurité qui règne dans le pays, mais les changements climatiques causeront d’énormes besoins », souligne OCHA dans son rapport. La faible pluviométrie de l’année 2017 fait craindre à l’organisme onusien une crise alimentaire grave. « En juin 2018, lorsque la période de soudure débutera, 4,1 millions de personnes, soit plus d’un Malien sur cinq, seront en situation d’insécurité alimentaire et auront besoin d’assistance humanitaire, y compris 795 000 personnes ayant besoin d’assistance immédiate », affirme OCHA. Sur les 262 millions de dollars que le bureau souhaite mobiliser dans le cadre du Plan de réponse humanitaire pour l’année 2018, 91 seront destinés au Programme alimentaire mondial (PAM).

Actions de grâce

Les besoins sont grands, immenses même. L’urgence est donc d’anticiper pour y répondre efficacement. Mais la meilleure volonté du monde ne suffit pas sans les moyens. Et la tendance actuelle, selon Jamal Mrrouch, est à une diminution des financements destinés aux ONG. Une tendance qui, si elle se confirmait, ferait dangereusement planer le spectre d’une catastrophe humanitaire. « Notre budget est en augmentation par rapport à l’année dernière. Nous faisons le plaidoyer nécessaire pour obtenir de nos supports le plus d’actif possible, afin que le Mali ne devienne pas un conflit oublié » plaide notre interlocuteur du CICR. Avec plus d’un siècle et demi d’existence, l’organisation humanitaire a été sur plusieurs théâtres de guerre. Au Mali elle est présente depuis les années 1990, avec une longévité et des méthodes de travail, qui prônent notamment une totale impartialité, qui lui ont permis de gagner la confiance des parties signataires et non-signataires de l’Accord de Paix. Ce qui la fait bénéficier d’un dôme pour exercer ses activités. Une présence qui prend des allures de véritable bouée de sauvetage pour des populations très démunies. Dans des régions où l’autorité de l’État est absente, ces organisations apparaissent comme une lueur dans une obscurité infinie. « Dans une zone de guerre, il y a toujours un sentiment ambivalent, des populations qui nous remercient et apprécient nos actions, mais ces populations en même temps sont démunies de tout, donc elles aimeraient que le CICR en fasse plus qu’il ne le fait parfois », analyse Marti. Le Centre de Santé de Référence de Kidal fonctionne grâce au CICR, qui prend en charge les salaires mensuels d’une cinquantaine d’agents, assure la gratuité des soins dans certains cas et fournit l’eau potable. Il est difficile de quantifier les personnes qui ont bénéficié d’assistance, mais elles pourraient se chiffrer à des centaines de milliers, voire atteindre le million au Nord du Mali.

 

La CAFO se déchire

Constituée d’une cinquantaine de démembrements à travers le Mali et de près de 4 000 associations membres, la Coordination des Associations et ONG féminines du Mali (CAFO) semble traverser une crise existentielle. Elle a été créée en 1994, mais au moins deux tendances réclament aujourd’hui la présidence de la structure.

Samedi 30 décembre 2017. Une assemblée générale de la CAFO se tient à Bamako et met en place un bureau de 23 membres, avec comme Présidente Madame Dembélé Ouleymatou Sow, ancienne Secrétaire générale, suspendue de ses fonctions en 2010 par le bureau de l’époque. Quelques jours plus tard, le bureau intérimaire, dirigée par Madame Kéita Fatoumata Cissoko, déclare nul et non avenu ce bureau. L’assemblée générale ayant élu Madame Dembélé n’a aucune légitimité, soutient la Présidente par intérim, car elle n’a pas respecté pas les règles de l’organisation qui prévoient au moins 2/3 des membres pour convoquer une assemblée générale. Or, selon elle, seuls 5 membres sur 23 ont adhéré à cette assemblée.

Cette crise au sein de la CAFO n’était-elle pas prévisible, après le départ de sa Présidente, Madame Traoré Oumou Touré, nommée ministre de la Promotion de la femme en avril 2017 ? Si elle refuse de parler de crise, la Présidente par intérim assure que si un bureau n’a pu être mis en place depuis c’est en raison de la situation sécuritaire du pays. « Mais les instances au niveau local sont en train d’être renouvelées. D’ici fin janvier, nous pourrons élire le nouveau bureau », promet-elle. Mais l’image de la CAFO en aura pris un coup et ceci est regrettable, selon certains acteurs.

Même si elle n’est pas membre de la CAFO, cela inquiète Madame Bouaré Bintou Founé Samaké, Présidente de Wildaf Mali et de la Convergence des Femmes du Mali, une structure qui gère un projet avec la CAFO. « Parce que, suite à la crise, le partenaire a souhaité cela ». Tout comme la CAFO a été capable de désigner des membres pour ce projet, les deux tendances peuvent et doivent s’entendre pour mettre en place une instance consensuelle, estime Madame Bouaré. Car, « si la CAFO ne marche pas, c’est une perte pour toutes les femmes du Mali. Pour résoudre la crise, il faut revenir aux textes et c’est aux structures membres de le faire ». Mais, malheureusement, « lorsque les femmes adhèrent à une association, elles ne s’informent pas des droits et devoirs. Quand il y a crise, celles qui veulent se prononcer se rendent souvent compte qu’elles ont perdu leurs droits de membre », constate Madame Boiré.

Les femmes, socles de la Paix

Présent au Mali depuis juin 2011, le Centre pour le Dialogue Humanitaire (HD)dont la mission est de prévenir les conflits armés, œuvre depuis quatre ans au Mali pour la reconstruction d’un Mali un et indivisible. Durant les quelques mois qui ont précédé la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, le HD a organisé maintes activités en collaboration avec le gouvernement du Mali afin de faciliter la compréhension uniforme du contenu de cet accord. Ce mois de décembre 2015, le Hd revient à  la charge à  travers la mise en place d’un atelier de formation de la presse nationale venue de toutes les régions du Mali sur la bonne compréhension de l’accord pour la Paix et la réconciliation. Cet atelier qui a duré trois jours a pris fin mercredi 16 décembre à  la maison de la presse de Bamako. Par ailleurs, le ministre de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Sangaré Oumou Bah a présidé hier à  l’école de maintient de la Paix, l’ouverture de l’atelier de deux jours dénommé, inclusion des femmes dans le processus de paix au Mali. Pour Sidibe Abdel Kader, représentant du Hd, son ONG a essentiellement focalisé ses actions sur la facilitation du dialogue inter-communautaire, alors que le nord du Mali était encore sous occupation. Du 16 au 17 décembre, les participantes devront réfléchir sur le rôle et la place des femmes maliennes dans la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation. Ce sera également l’occasion de proposer des actions concrètes visant à  favoriser la réconciliation nationale car dira une participante la femme est le socle de la Paix et de la cohésion nationale. Le ministre rappellera que la situation des femmes en période de crise mérite qu’on y prête beaucoup d’attention avant de remercier les unes et les autres d’avoir accepté de prendre part à  cet atelier. Au Mali, les femmes ont considérablement avancées dans les fonctions électives. Un aspect à  ne surtout pas minimiser.

Mohamed Lamine Coulibaly : «Gao est une zone d’actions prioritaires!»

Journaldumali l’hebdo : Quel est l’objectif du Forum régional de Gao organisé par Oxfam Mali ? Mohamed Lamine Coulibaly : Ce forum rentre dans le cadre du « Projet de promotion des initiatives communautaires pour la réconciliation, la paix et la cohésion sociale dans la région de Gao. Un projet financé par OSIWA. Il vise surtout à  faire valoir les préoccupations des populations de base sur le processus de réconciliation dans trois communes du cercle de Gao à  Gabéro, Ntilit et Tilemsi. Le forum régional de Gao est la synthèse d’une série de rencontres communautaires, neuf au total, soit trois dans chacune de ces communes. Pourquoi ces trois communes de la région de Gao et pas Tombouctou ou Kidal ? Nous aurions aimé faire ce forum partout au Mali. Vous savez, Oxfam a une longue histoire avec la région de Gao, o๠nous intervenons depuis une trentaine d’années sur les questions humanitaires de gouvernance, d’éducation et de pastoralisme , et une relation de partenariat avec des organisations locales et avec les leaders communautaires. Lorsqu’il est agi de travailler sur les questions de paix, nous avons tout naturellement pensé à  Gao comme région pilote du projet et en tant que zone d’actions prioritaires. Comment évaluer la situation socio-économique à  Gao, trois ans après la crise, en termes de retour à  la stabilité, de reconstruction du tissu social et de relance économique ? Gao est une ville qui a beaucoup souffert de la crise. C’’est une région frontière entre le grand Sahara et le sud du pays, un carrefour pour les opportunités économiques, une ville d’échanges commerciales depuis des siècles. Avec la crise l’accès aux services essentiels de base, a été rendu difficile, notamment l’eau potable, à  cause de puits qui n’ont pas été réhabilités ou de forages inexistants . Sur le plan économique, les populations manquent d’opportunités économiques réelles pour réaliser des projets générateurs de revenus. C’’est d’ailleurs l’un des objectifs du Forum, avoir un plan de développement qui a une composante appui aux activités génératrices de revenus surtout pour les femmes.. Les besoins sont immenses. Qui participera à  ce forum ? Ce forum doit regrouper les populations elles mêmes des trois communes concernées. Mais aussi les leaders communautaires. Nous avons aussi mis en place des comités locaux de paix pour témoigner des mécanismes endogènes de résolution des conflits. Sont invités entre autres les autorités locales, les préfets, la mairie de Gao, les autorités administratives. Ce forum vise surtout à  jeter les bases d’un dialogue, et à  faire remonter les perceptions et préoccupations des populations par rapport au processus de réconciliation nationale tel que voulu par l’Accord de Paix et de réconciliation. Et avec cela, nous pourrons réaliser un plaidoyer vibrant.

IADM : faire des jeunes le vecteur du développement

En avril 2008, des jeunes diplômés décident de ne pas céder au fatalisme devant le chômage rampant. Sans vouloir tout attendre de l’Etat, ils décident d’unir leurs forces pour assurer eux-mêmes leur insertion socio- professionnelle. Ainsi naquit en avril 2008, l’idée de la création de l’association dénommée : Initiative d’appui au développement du Mali (IADM). A l’origine : Mandé Diallo qui prend du coup la tête de l’association. Ce jeune titulaire d’une maà®trise en gestion d’entreprise obtenue à  la Faculté des sciences juridiques et économiques de l’Université de Bamako en 2004, mettait ainsi à  profit ses connaissances et son expérience auprès des Organisations non gouvernementales (ONG). l’association mettra d’abord l’accent sur la formation des jeunes dans les domaines comme la comptabilité, la création et la gestion d’entreprise. Une manière, assure-t-on, de corriger non seulement les lacunes mais aussi de pallier le manque d’expérience dont sont très souvent victimes les jeunes diplômés. Mandé Diallo note cependant avec regret le manque d’assistance financière pour certains projets élaborés par l’association. Les difficultés rencontrées ne décourageront guère les jeunes. Au contraire ils résisteront en sortant de leurs poches de l’argent pour soutenir les charges de l’association. Mieux ils décideront de changer de cap, c’est-à -dire créer une Organisation non gouvernementale (ONG). Les démarches menées dans ce sens aboutiront le 6 juin 2014 avec l’obtention de l’accord cadre avec l’Etat malien. Ce qui consacre du coup le passage de l’association Initiative pour le développement du Mali (IADM) à  une ONG du même nom. Ce passage à  une autre étape supérieure, informe le président de la nouvelle ONG, Mandé Diallo, de la volonté d’aller plus loin en élargissant les domaines d’intervention ainsi que les partenariats. Pour l’année 2015 qui commence, l’IADM ménage sa monture pour aller loin. Des partenariats sont en train d’être scellés avec des institutions, des organisations privées et autres départements ministériels. Selon le président Mandé Diallo, l’ONG va focaliser ses interventions sur plusieurs secteurs mais en mettant un accent particulier sur l’environnement et l’agriculture. Ainsi pour le compte de cette année, le président de l’IADM entend mettre en place des projets relatifs à  l’environnement de façon générale et de l’assainissement de façon particulière dans la région de Mopti. En plus de l’environnement, l’agriculture sera intégrée dans d’autres projets qui seront initiés dans la région de Sikasso. Un vaste chantier que l’ONG entend réaliser grâce à  l’engagement de ses membres et au soutien capital des partenaires.

Mali: retour progressif des ONG au Nord

Depuis le conflit au nord du Mali en 2012, l’instabilité sur le plan sécuritaire a fortement perturbé les services sociaux de base et a entraà®né une dégradation importante de la situation humanitaire. Les organisations humanitaires intervenant dans ces localités étaient obligées de réduire leurs activités. « La crise, tout d’abord, a provoqué la fuite du personnel médical qui commence seulement à  revenir. l’autre grand problème concerne la qualité des soins qui est très limitée, due à  l’inorganisation des structures de santé, aux manques chroniques de médicaments et de personnel médical. » affirme Johanne Sekkenes, chef de mission à  Médecins Sans Frontières (MSF). Après la reconquête des régions nord du Mali qui étaient sous l’emprise des djihadistes, le retour de l’administration et des ONG se fait progressivement. « Aujourd’hui, MSF n’envisage pas de diminuer son dispositif d’aide au Mali car les besoins sont là . De manière générale, la priorité pour MSF aujourd’hui est de permettre l’accès aux soins aux populations qui sont en périphérie et qui ont du mal à  se faire soigner. Nous espérons que, dans le nord, avec le retour progressif du personnel médical, une meilleure prise en charge des patients sera possible avec des soins de meilleure qualité. Mais beaucoup reste à  faire » a poursuivi Johanne Sekkenes. Les besoins sont énormes et la plupart des offres d’emploi de ces organisations non gouverenementales concernent les localités comme Tombouctou, Gao, Konna, Ansongo, Diabaly, Douetntza, Ménaka, Mopti, etc. Sur la base des besoins identifiés, ces organisations ont redémarré leur intervention humanitaire pour apporter une aide d’urgence alimentaire et matérielle aux personnes affectées par le conflit, dans le domaine de l’eau, l’hygiène et l’assainissement, l’éducation, la promotion de la santé, etc. Il s’agit donc de fournir un soutien essentiel pour soulager la souffrance et améliorer le bien-être des personnes déplacées et des personnes touchées par le conflit. D’autres ONG participent au renforcement des institutions et à  la promotion de la cohésion sociale à  travers divers programmes conçus à  cet effet.

« Où sont-ils? La situation des enfants dans le conflit armé au Mali »

Rendu public le 19 juin dernier, ce rapport est le fruit d’une enquête de plusieurs mois menée par Watchlist, un réseau d’organisations non gouvernementales international spécialisé dans la protection des droits des enfants. Selon le rapport, des centaines d’enfants voire beaucoup plus ont été recrutés au Mali dans les rangs d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), d’Ansar Dine, du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). « Des garçons de 7 ans aux uniformes pendouillants sont si petits et frêles qu’ils doivent traà®ner derrière eux des fusils trop lourds à  porter », a constaté Mme Layal Sarrouh, chercheuse à  « Watchlist » et auteure du rapport, qui a reconnu la difficulté d’évaluer l’ampleur du phénomène en raison d’un manque de données précises. « Le Mali avait atteint l’Objectif du Millénaire pour le développement relatif à  l’éducation, il y a six ans déjà , et maintenant tous les efforts sont annihilés », a déploré l’auteure du rapport, qui intervenait aux côtés du représentant de l’Union européenne et d’un des membres de l’ONG « World Vision International ». l’auteure a prévenu que la question de l’endoctrinement est un défi de taille pour la réintégration des enfants soldats au sein de leurs familles et communautés. De nombreuses familles racontent déjà  que plusieurs enfants rapatriés considèrent la musique comme un interdit et croit que tuer un non-musulman est un visa pour le paradis. « Les fillettes ne sont pas épargnées » «Quelle sera la place de tous ces enfants dans la société malienne? », voilà  la question fondamentale à  laquelle il faut répondre pour assurer la stabilité du Mali, a averti l’auteure du rapport qui a tenu à  souligner que dans ce conflit, les fillettes ne sont pas épargnées, contraintes qu’elles sont de se marier avec des hommes beaucoup plus âgés et de porter leurs enfants, à  un âge précoce. Mme Layal Sarrouh a insisté sur la « nécessité absolue » de bien former les troupes de la Mission de l’ONU et d’établir dès maintenant des procédures opérationnelles permanentes traitant de la situation des enfants dans le conflit. « Pour l’instant, a-t-elle enchainé, l’Union européenne consacre une heure de temps par bataillon à  la question des enfants en situation de conflit armé. C’’est un pas dans la bonne direction, mais il faut beaucoup plus permettre aux troupes de réellement s’acquitter de leur rôle. » Mais la responsabilité ne devrait pas seulement reposer sur les épaules de la communauté internationale, les autorités maliennes doivent faire leur part, a estimé M. Ioannis Vrailas, de l’Union européenne, principale donatrice humanitaire au Mali. Outre ses programmes de formation aux droits de l’homme, l’Union européenne, a-t-il indiqué, s’est engagée à  financer des spécialistes des droits de l’homme de l’Union africaine et de la société civile. Elle a également signé un accord sur un projet de deux ans avec la Fédération internationale des droits de l’homme et l’Association malienne des droits de l’homme. La publication de ces rapports intervient alors que le Conseil de sécurité s’apprête à  valider, mardi 25 juin, le déploiement de casques bleus au Mali. L’ONU assure que ses soldats seront « sensibilisés à  la protection des enfants et accompagnés par des conseillers spécialisés de l’ONU ».

Le Mali, leader de la lutte contre la pauvreté en Afrique?

Un peu d’espoir. D’après le rapport DATA 2013 de l’ONG One publié cette semaine, seize pays africains seraient sur le point réduire considérablement l’extrême pauvreté avant 2015 et se conformerait ainsi aux objectifs du Millénaire. En 2000, l’ONU s’était fixé huit objectifs à  remplir à  horizon 2015 pour diviser par deux la pauvreté, mesurée grâce à  des critères portant sur la santé, l’assainissement et l’eau potable, la réduction de la mortalité infantile, l’éducation, et bien sûr la faim. Le Mali en tête du palmarès Le Mali est en tête des pays qui s’investit le plus dans le cadre de la réduction de la pauvreté. One lui décerne six étoiles dans son indice de progrès vers l’objectif de développement. Cette reconnaissance est remarquable pour un pays pourtant en proie à  une grave crise politique qui s’est transformé en conflit armé. Il est suivi par le Rwanda. Au second rang, avec cinq étoiles et demi, on retrouve l’Ethiopie, le Ghana, le Malawi, l’Ouganda. Mais c’est le Burkina Faso qui remporte la palme des pays qui consacre le plus important effort financier à  la santé, l’agriculture et l’éducation avec 51,6% du PIB. En tout, l’ONG a établi un palmarès o๠figurent 16 pays africains en voie de respecter cet objectif dont le Burkina Faso, la Gambie, le Bénin, le Niger, le Sénégal, la Guinée, le Mozambique, la Namibie, le Cameroun, le Libéria, le Togo et la Zambie. Le Gabon à  la traine L’association recense également quelques mauvaises performances comme le Congo, le Zimbabwe, ou encore le Gabon pourtant bien loti en termes de ressources d’hydrocarbures. Dans son rapport, One constate en effet que « la croissance économique n’est pas autant corrélée avec la réduction de la pauvreté qu’elle le pourrait ».

Aide au Développement : les ONG tirent la sonnette d’alarme !

La crise financière dans la zone euro a conduit les pouvoirs publics à  réduire les aides destinées aux pays en voie de développement. Cette réduction qui affecte durement ces pays comme le Mali, inquiète l’ONG Oxfam. 4% de moins en 2012 Pour la seconde année consécutive, l’Aide Publique au Développement internationale recule et s’éloigne un peu plus de ses objectifs internationaux. On note un recul de 4 % en valeur réelle en 2012, après une baisse de 2 % en 2011. l’aide de la France par exemple a reculé en 2012 à  12,78 milliards de dollars, soit 0,45% du revenu national brut (RNB), alors qu’en 2010, elle représentait 13,74 milliards de dollars (0,5% du RNB). Pour Oxfam, l’abandon par la France de son engagement à  consacrer 0,7% de son RNB à  la solidarité internationale pourrait avoir « des conséquences immédiates sur la lutte contre la pauvreté ». Oxfam France s’interroge ainsi sur la réalité de l’aide au développement destinée au Mali et l’annonce de 150 millions d’euros pour le pays. Un constat qui contraste avec les déclarations de François Hollande à  Bamako, au début du mois de février, lorsque le président français a déclaré : « l’autre phase qui s’engage dès aujourd’hui au Mali est celle de l’aide au développement ». « Dans le cas du Mali, cette démission contraint la France à  ne pas avoir les moyens financiers de participer à  la reconstruction et au développement du pays », estime l’ONG. Difficultés sur le terrain Selon Christian Reboul, d’Oxfam France, « l’APD française se retrouve en deçà  même des prévisions données par le ministère de l’économie en septembre dernier. (…) La France ne se donne pas les moyens de ses ambitions en matière de développement dans les pays pauvres, y compris au Sahel et au Mali.» Oxfam France souligne également que l’appel d’urgence des Nations unies pour l’aide humanitaire au Mali n’est financé aujourd’hui qu’à  hauteur d’un peu plus de 82 millions de dollars sur un montant total de 409,5 millions, soit seulement 20%. Autre inquiétude de ONE, une ONG américaine, C’’est est le retard pris dans l’atteinte des objectifs millénaires du développement (OMD). Dans un communiqué, elle souligne qu’il ne reste plus que 1000 jours pour atteindre les OMD. Malgré les progrès pour l’atteinte de certains OMD, notamment en ce qui concerne l’extrême pauvreté, la mortalité infantile ou l’accès à  l’eau potable, sont notables, d’autres objectifs, notamment l’accès à  l’éducation primaire et la santé maternelle, accusent un retard « considérable ». « à€ ce jour, 26 pays ne pourront atteindre qu’un seul, voire aucun de ces huit objectifs du millénaire pour le développement d’ici à  2015, alerte Guillaume Grosso, directeur de ONE France.

10 ONG lancent un S.O.S pour les populations du nord Mali

Elles sont une dizaine d’ONG à  avoir apposé leur signature au bas d’un document pour signifier leur mise en garde. Toutes sont convaincues qu’une offensive militaire au Nord du Mali aurait de graves conséquences humanitaires et nécessite la mise en place de solides garde-fous. Il s’agit de CARE International, Christian Aid, Handicap International, Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC), International Rescue Committee, Oxfam, Norwegian Refugee Council, Refugees International, Tearfund, Vision Mondiale Internationale. Bien avant l’adoption hier d’une résolution de l’ONU, les 10 ONG ont demandé au Conseil de sécurité d’accorder une priorité élevée à  la recherche d’une solution pacifique au Mali, de façon à  permettre la stabilité à  long terme dans le pays. Pour les organisations, il est également essentiel que toute action militaire s’accompagne de mesures fortes pour réduire les risques encourus par les civils. Dommages collatéraux « Le déploiement d’une opération militaire pourrait avoir d’importantes conséquences humanitaires, alors que beaucoup de familles sont déjà  très affectées par l’insécurité et par la grave crise alimentaire. Nous craignons que toute intensification de la violence ait des répercussions sur les civils, et engendre par conséquent une augmentation des besoins humanitaires et des déplacements de populations supplémentaires. Tout au long du processus de décision, le Conseil de sécurité doit s’assurer que toute planification militaire prenne en considération les aspects humanitaires afin de limiter les maux infligés aux populations civiles, et ce à  toutes les étapes de l’intervention», explique Michael Quinn d’Oxfam au Mali. Le Directeur national de Vision mondiale Mali, Chance Briggs d’ajouter que « les femmes et les enfants comptent parmi les groupes les plus vulnérables lorsque des opérations militaires sont lancées. Nous recevons des informations inquiétantes à  propos de violences sexuelles à  l’encontre des femmes et des filles dans certaines zones du Mali. Nous devons protéger les droits des personnes, en particulier des femmes, des enfants, des personnes en situation de handicap et des personnes âgées, qui sont les plus vulnérables», Plus de 400 000 déplacés et réfugiés maliens Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 412 000 personnes ont déjà  été contraintes de fuir leurs foyers. Ce chiffre comprend les quelques 208 000 réfugiés actuellement disséminés entre l’Algérie, le Burkina Faso, la Guinée, la Mauritanie, le Niger et le Togo. s’ajoutent à  ces réfugiés les 204 000 Maliens qui sont déplacés à  l’intérieur du pays. Ces déplacés vivent dans des conditions difficiles et dépendent de l’aide humanitaire ainsi que de la solidarité des communautés d’accueil. Mise en garde Toutefois, les dix organisations appellent le Conseil de Sécurité de l’ONU à  accorder une priorité élevée à  la négociation d’une solution pacifique à  la crise, et lier toute autorisation de déploiement d’une force armée à  une stratégie de long terme, claire et réalisable, visant à  la construction de la cohésion sociale et d’un système de gouvernance incluant toutes les communautés du Mali. Aussi elles exigent que toute force militaire autorisée par le Conseil de sécurité reçoive une formation portant sur le droit international humanitaire. Les 10 ONG appellent les pays donateurs à  accroà®tre leur soutien en matière d’aide humanitaire afin de répondre aux besoins urgents déjà  identifiés, estimés à  hauteur de 214 millions de dollars, et se prépare à  fournir une aide supplémentaire selon l’évolution des besoins. Les 10 ONG, qui demandent à  l’ONU beaucoup de prudence, sont toutes des organisations humanitaires travaillant au Mali.

Human Right Watch met en garde contre les tensions ethniques au Mali

, prévient Human Right Watch, dans un communiqué publié à  l’intention de la presse, le 20 décembre à  Nairobi (Kenya). C’est surtout la publication d’une liste de personnes répertoriés par des citoyens et passibles de poursuites ou de représailles, par les autorités, qui inquiète l’ONG. Les stigmatisations identitaires ont plus fois été mentionnées dans les rapports de l’ONG depuis le début de la crise malienne et l’occupation du nord par les groupes islamistes armés. Un milicien aurait ainsi déclaré à  Human Rights Watch : « Certains noms sur [la liste] ne font aucun doute parce qu’ils ont pris les armes et pillé tout ce que nous avons acquis si difficilement, ou parce qu’ils battaient les personnes qui fumaient ou les femmes qui ne se couvraient pas la tête qu’ils rencontraient sur leur chemin. Les autres ont collaboré, en cuisinant, en encourageant nos enfants à  s’enrôler. Pensent-ils que nous ne savons pas qui ils sont ? » Un autre milicien : « Nous savons qui est qui. Nous savons qui a montré au MNLA et au MUJAO o๠nous cachions nos voitures, nos motos et nos ordinateurs. Nous savons qui a volé nos générateurs, les a peints et les a installés dans leurs maisons. Nous savons qui a violé nos femmes. » Un jeune de Niafounké à  Tombouctou qui a suggéré des noms pour la liste a expliqué : « Nous regardions [les combattants] alors qu’ils chargeaient nos affaires dans des camions en direction de la Mauritanie, pas seulement nos affaires personnelles mais aussi des choses prises de l’hôpital… Ils ont emporté des millions de francs CFA sous la forme de médicaments, de motos et d’une ambulance. Pour ceux qui ont trahi la nation, il y aura des règlements de compte. » Appel au govuernement Cissoko Par ailleurs, HWR appelle le nouveau Premier ministre et son gouvernement à  prendre des mesures adéquates, pour empêcher, ce qu’elle appelle :  » une aggravation du climat politique, déjà  tendu à  Bamako » : « Le nouveau Premier ministre du Mali doit s’attaquer à  un grand nombre de problèmes de droits humains, mais les abus commis par l’armée et l’escalade des tensions ethniques dans le pays doivent être en tête de liste », a déclaré Corinne Dufka, chercheuse senior sur l’Afrique de l’Ouest à  Human Rights Watch. « s’ils ne sont pas traités, ces abus viendront contrecarrer sérieusement l’organisation des élections nationales et aggraveront les conditions dans le Nord. » Situation des Droits Humains La situation des droits humains au Mali s’est dramatiquement détériorée en 2012 suite à  la rébellion séparatiste touareg, à  l’occupation islamiste du nord du pays et aux bouleversements politiques engendrés par le coup d’à‰tat militaire du mois de mars, a expliqué Human Rights Watch. Les recherches de Human Rights Watch conduites au Mali depuis avril ont permis de constater que les forces de sécurité loyales au leader du coup d’à‰tat, le capitaine Amadou Sanogo, ont été impliquées dans de nombreux abus graves, notamment des actes de torture, des disparitions forcées et des actes d’intimidation des voix de l’opposition. En dehors de la capitale, l’armée malienne a arbitrairement arrêté et exécuté des hommes essentiellement touaregs et arabes pour leurs liens présumés avec les groupes rebelles dans le Nord. Les séparatistes touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et les groupes armés islamistes qui ont pris le contrôle du nord du Mali depuis le début de l’année 2012 ont aussi été impliqués dans de nombreux abus graves. Les groupes islamistes ont commis des exécutions, des flagellations et des amputations en guise de châtiments, ont recruté des enfants au sein de leurs forces et ont détruit des sanctuaires religieux et des sites culturels. Des personnes de différents groupes ethniques ont aussi raconté à  Human Rights Watch qu’elles étaient préoccupées par le fait que les tensions ethniques étaient alimentées par la manipulation politique de l’ethnicité par certains dirigeants politiques et militaires. Ces personnes craignaient d’assister à  des incidents de punitions collectives et de violences ethniques meurtrières si les tensions n’étaient pas prises en main. Un aà®né songha௠ayant eu connaissance des listes de représailles a raconté à  Human Rights Watch : « Les milices comme les résidents locaux ont fait des listes de ceux qui devront payer… Qu’il s’agisse de rebelles, d’islamistes, de trafiquants de drogue ou de ceux qui ont profité personnellement de la souffrance des résidents, ils sont dessus. »

Les Pays Bas allouent 6,7 milliards FCFA aux ONG maliennes pour les services sociaux de base

Avec les événements du 22 mars qui ont précipité la chute du régime d’Amadou Toumani Touré, les partenaires techniques et financiers du Mali, ont pour la plupart suspendu leur aide au développement au Mali. Pour entraà®ner le retour des bailleurs, l’organisation des élections libres et transparentes afin d‘instaurer une démocratie stable et une légitimité institutionnelle sont les conditions sine qua none. La suspension de l’aide des bailleurs concerne surtout les secteurs de l’éducation et de la santé. A titre d’exemple, les ressources alloués ont baissé de 17% pour le secteur de l’éducation et de 35% pour la santé, toutes choses qui ont arrêté les nombreux programmes menés par les ONG basées à  Bamako. Avec l’installation d’un gouvernement de transition pour gérer la crise, les bailleurs reviennent progressivement. Le royaume des Pays-Bas a donné l’exemple en signant une convention portant sur un montant de 6,7 milliards de francs, avec 4 ONG que sont Plan Mali, Icco, CARE et le Groupe Pivot santé et éducation, pour appuyer les services sociaux de base. Gérer la crise alimentaire et sanitaire Une convention, qui selon les Pays-Bas vise à  renforcer le secteur de l’éducation et de la santé avec des programmes de développement économique et culturel dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti et Bamako. Pour l’ambassadeur Maarten Adriaan Brouwer, ces ONG bénéficiaires de la convention, pourront aider à  résoudre dans un premier temps, la crise alimentaire et sanitaire résultant des déplacements de populations consécutifs à  la crise au Nord du Mali. Ainsi, les ONG choisies devront poursuivre leur efforts dans la réalisation de ces objectifs qui touchent à  la vie des populations déplacées, tout en essayant de préserver les acquis. Pour Denis Dougnon, représentant du ministère de l’éducation et de l’alphabétisation, cette aide est un signal fort dans un contexte de crise mais surtout, C’’est la coopération Mali-Pays -Bas qui est renforcée à  travers cet appui financier de taille.

Crise malienne : les ONG dans la tourmente

Après le coup d’Etat de fin mars 2012, la plupart des partenaires techniques et financiers occidentaux ont arrêté leur coopération avec le Mali. Or, ce sont eux qui financent, à  travers l’Etat malien, la plupart des activités des Organisations Non Gouvernementales(ONG). Aujourd’hui, celles-ci se retrouvent, dans leur grande majorité, en situation de cessation d’activité. Presque plus d’activités de terrain Les ONG participent de manière indéniable au développement socio économique du Mali, en particulier des populations à  la base. Dans leurs domaines d’intervention respectifs, micro finance, entreprises, santé, élevage, agriculture, éducation, radios communautaires, paix sociale, consolidation de la démocratie et de la décentralisation etc., elles apportent énormément aux communautés. Au Mali, il en existerait1261, selon la cellule d’appui au développement à  la base(CADB), dûment recensées et signataires d’accord cadre avec l’Etat. Cette structure est chargée du suivi des ONG pour la gestion des fonds de leur fonds sur le terrain. Selon le directeur fraà®chement nommé Karim Togola, la crise a durement frappé le secteur des ONGs dans son ensemble. Pour les avoir rencontrées, il y a à  peine quelques semaines, M. Togola peut aujourd’hui affirmer que ces organisations ont de sérieux problèmes. Particulièrement, en ce qui concerne leurs activités sur le terrain et leur fonctionnement interne, à  cause de l’arrêt des financements. En effet, il est que pour agir, elles dépendent fortement de l’appui extérieur. Licenciement oucoupes dans les salaires, les recettes pour la survie La plupart d’entres elles tentent de survivre en prenant des mesures drastiques, telles que la réduction du personnel, ou encore la coupe dans les salaires. Certaines ont même tout simplement mis la clé sous la porte. Sory Ibrahima Coulibaly a perdu son emploi le mois de juin dernier. « Nous évoluons dans le domaine de la bonne gouvernance. Avec la crise, l’ONG est momentanément arrêtée. Nos bailleurs ont plié bagage après le coup d’Etat » témoigne –t-il. Les coalitions Alternative pour le Développement (CAD), CAFO soufflent toutes dans la même trompette. Au niveau même de la CADB, les choses ne sont pas roses. La structure elle-même est sérieusement touchée par la crise car son fonctionnement est entravé par l’insuffisance budgétaire. « Nous avons un seul véhicule pour la visite des ONG sur le terrain, malheureusement on n’a pas le fond nécessaire pour remplir cette tache normalement », confie le Directeur Togola. Une situation qui impacte fortement les populations bénéficiaires qui sont ainsi frappées dans leurs activités quotidiennes, par manque d’un soutien qui était le bienvenu. Des fortunes diverses Au niveau des ONG internationales, la situation est différente. Bien que les aides soient suspendues, elles arrivent tout de même à  tourner grâce à  des fonds d’urgence débloqués pour les actions humanitaires sur le terrain. Action contre la faim (ACF), Oxfam, Save the Children et World Vision fournissent de l’aide d’urgence à  près de 6 millions de personnes dans la région, mais affirment n’avoir pour le moment réussi à  mobiliser qu’un tiers des besoins de financement pour poursuivre cet important travail dans les prochains mois. On estime les besoins financiers des quatre organisations à  près de 250 millions de dollars américains, mais uniquement 52 millions de dollars ont été jusqu’ici récoltés. Enfin, pour quelques unes, en particulier, celles œuvrant dans l’humanitaire, elles sont plus sollicitées que jamais. La Croix rouge ou encore Islamique Relier sont ainsi à  pied d’œuvre pour voler au secours des populations du nord Mali, occupé par les groupes islamistes et en proie à  une crise alimentaire et sanitaire sans précédent.

Réfugiés maliens : et les enfants dans tout ça ?

Près de 300 000 personnes ont fui le nord Mali depuis le début de la rébellion le 17 janvier 2012. Dans les déplacements massifs de populations vers d’autres zones, les enfants constituent une large frange. Au Burkina Faso, o๠25 000 enfants ont trouvé refuge, les conditions d’accueil laissent à  désirer et l’ONG Terre des Hommes, vient de tirer la sonnette d’alarme sur la scolarisation interrompue de ces enfants. Si rien est fait, ces enfants risquent de se retrouver à  la rue. En cause, la capacité d’accueil des écoles et des familles aussi : « Les gens sont tellement dépassés par ce qui s’est passé ! Et en plus, les écoles burkinabés sont saturées aussi », estime Fadimata Walett Oumar, représentante des femmes réfugiées maliennes à  Ouagadougou, interrogé par RFI. « 1,7 millions pour scolariser les réfugiés  » Avec l’ONG Terre des Hommes, l’Unicef se dit concerné par le sort de ces enfants réfugiés. A Bamako, on assure que des efforts sont faits pour trouver des alternatives. « Nous sommes en train de multiplier le matériel éducatif du Mali, pour permettre à  ces enfants maliens de suivre un enseignement adapté. Et nous recherchons les enseignants, et ces enseignants-là , on les recherche à  l’intérieur des réfugiés eux-mêmes », témoigne Sylvana Nzirorera, représentante résidente adjointe de l’Unicef au Burkina Faso. Thierry Agagliate, délégué de Terre des hommes, appelle lui l’ensemble des acteurs concernés à  se mobiliser, pour rassembler les 1,7 millions de dollars nécessaires à  leur scolarisation. « Dans la zone du Sahel, par exemple à  Ferrerio, o๠nous envisageons de démarrer des activités, là  il y a clairement des besoins. Il y a vraiment une insuffisance aussi, de capacité des écoles actuelles à  recevoir ces enfants. Donc, il y a effectivement besoin de développer des classes supplémentaires dans les écoles existantes, et aussi d’ouvrir ce que l’on appelle les classes paillotes, directement sur le site, notamment pour les plus jeunes », a -il expliqué.

Excision : réadapter les messages au grand public

Si la sensibilisation sur le terrain continue au Mali, abandonner complètement la pratique de l’excision, dans un pays o๠presque 85% des femmes sont excisées, relève du parcours du combattant. Ils sont pourtant nombreux à  s’insurger contre ce fléau, venu du fond des âges. Joséphine Keita, que nous avons interviewé, est la directrice nationale du Programme National de lutte contre l’excision(PNLE), qui coordonne l’action des ONG sur le terrain . «Â l’excision, est souvent mise en corrélation avec la religion, et assimilé à  une maà®trise de la sexualité féminine, mais nulle part, vous n’en trouverez mention dans les écritures saintes ». Sur le terrain, les animateurs ont du travail. Lorsqu’ils rencontrent les chefs de villages o๠l’on pratique l’excision, il faut user de tact, expliquer les méfaits de la chose, les conséquences sur la santé de la femme, celle de la reproduction, la vie conjugale…D’un point de vue psychologique, il faut cibler le grand public. Au moyen de messages et support variés. Choix de messages et supports pour l‘abandon de l‘excision Pour le centre Djoliba, l’une des premières ONG à  travailler sur la question au Mali, on utilise des matériaux «Â GRAAP » ou groupes de recherche et d’appui à  l’auto promotion des populations. Qui comportent des images types qui montrent l’appareil génital féminin, les complications de l’excision et de l’accouchement. Autre moyen, les supports audiovisuels et des films célèbres comme «Â Niani », «Â Ni tou ya don », «Â Duperie », qui fustigent l’excision. Et aussi des sketchs et des poèmes à  l’intention des enfants ou du grand public. A l‘ANCD, l‘agence nationale pour la communication et le développement, Awa Coulibaly est réalisatrice de documentaires sur la question. Pour elle, le rôle des images est capital et frappe davantage la conscience collective. l’ong GAAS Mali, élabore plutôt des scripts et symboles dessinés pour parler de l’excision. «Â Ca passe mieux. Dans le travail avec les groupes cibles, on représente l’excision par un couteau,», explique Marie, une animatrice. s’y ajoute les visites à  domiciles ou les causeries débats. Dans le Kit «Â CIP » du Programme national de lutte contre l’excision, C’’est le plaidoyer national, et la formation des animateurs de terrain et autres communicateurs traditionnels sur la question, qui est mis en avant. Parler de l’excision sans choquer A la télévision, la réalité est complexe, «Â il faut arriver à  parler de l’excision, à  travers des magazines ou des documentaires sans choquer le grand publiC’ », explique Yaya Konaté, rédacteur en chef. Mais cela passe avant tout par un changement de mentalité. l’ORTM préfère donc accompagner des acteurs comme Plan Mali dans ses stratégies de lutte. A Plan Mali, on a mis le projet MGF en avant. l’objectif sur cinq ans ( 2010-2015) est de réduire, le taux de mutilations génitales féminines, et de faire abandonner la pratique de l’excision dans près de 60 nouveaux villages sur une base de 180. En outre, l’adoption d’une loi sur l’excision est un projet souhaité par l’ensemble des partenaires engagés pour la cause. D’ici 2014. l’objectif de l’atelier de Plan Mali, en partenariat avec les ONG comme Adico, ERAD, le Centre Djoliba, le PNLE, l’ORTM et beaucoup d‘autres, était surtout d’améliorer ces messages et choix de supports pour l’abandon de la pratique de l’excision.

Plan Mali joue sa partition malgré la crise au nord

Au Mali, Plan International est devenue une ONG référence en matière de développement et de bien-être des enfants. Elle œuvre au Mali depuis 36 ans dans plusieurs secteurs couvrant la santé de la mère, de l’enfant, l’éducation des jeunes filles, la lutte contre l’excision ou encore la promotion socio-économique des femmes, à  travers des programmes de micro-finance. «Â Pour mieux élargir ses activités et renforcer son rôle, Plan Mali a aujourd’hui besoin de communiquer, de porter à  la connaissance du grand public, ce qu’elle fait », explique Tiékoro Coulibaly, chargé des relations publiques et de la communication. Plan Intervient essentiellement dans 4 cercles : Kangaba, Kita, Barouéli et Kati situés dans les régions de Koulikoro, Ségou et Kayes. Là , elle coordonne des programmes variés, mais aussi des campagnes de sensibilisation. Pour cela, les partenariats sont nécessaires, sur un plan local mais aussi national. « Des kits pour les enfants déplacés » Dans cette optique, l’ONG vient de renouveler sa confiance à  9 de ses ONG partenaires, œuvrant au Mali. D’un montant de 502 millions de francs, le nouveau partenariat couvre une période allant du 1er Mai 2012 au 31 Mars 2013. En raison du contexte politique agité, Plan Mali avait dû annuler un premier accord de partenariat signé en Janvier 2012. Selon Michelet William, son Directeur Général, l’apaisement revenu, Plan vise à  accompagner le Mali dans la quête d’un avenir meilleur.  » Ce que nous faisons, nous le faisons par devoir et pour les droits des populations en difficulté. s’ils nous disent merci, tant mieux, s’ils ne le font, nous continuerons notre tâche », a précisé Mr William. D’ailleurs, grâce à  l’aide de la Direction nationale de la protection civile, Plan a acheminé des vivres et des médicaments le 26 Avril à  près de 4000 personnes déplacées dans les camps à  Mopti. Par ailleurs, l’ONG a prévu de faire acheminer des kits scolaires pour les enfants déplacés. « Statistiques et droits de l’enfant » Pour mieux évaluer ses programmes, Plan a également signé un partenariat d’un montant de 80 millions avec l’Institut National de la Statistique (INSTAT) sur une période de 12 mois. l’insuffisance relevée dans l’analyse situationnelle des droits de l’enfant au Mali, explique ce partenariat : « La signature de la présente convention permettra l’accessibilité à  de statistiques pertinentes et nécessaire pour la gestion économique, sociale et environnementale de la société », rappelle Michelet William. «Â Education » Plan ne pouvait faire l’impasse sur le secteur de l’éducation. Dans son Plan Stratégique Nationale 2012-2016, l’ONG met l’accent sur 4 programmes : «Â l’enfant en apprentissage, l’enfant protégé, l’enfant en bonne santé et la résilience des communautés ». Pour cette année 2012, Plan vise un partenariat solide avec le Ministère de l’Education, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales, (MEAPLN) pour améliorer l’accès des enfants du Mali à  une éducation de qualité. Vaste programme lorsqu’on constate les difficultés auxquelles font face ce secteur. «Â Si vous éduquez les enfants, vous éduquez une nation toute entière », paraphrase un collaborateur de l’ONG plutôt motivé. Pour accompagner le ministère, Plan s’est donc engagé à  lui verser une première contribution de 25 millions CFA, qui touchera à  l’éducation préscolaire et non formelle. Plus la fourniture de 1000 kits scolaires d’une valeur de 20 millions de francs. Une convention qui a été signée le 11 Mai dans les locaux du ministère, en présence du nouveau ministre, Adama Ouane. Education sectorielle, statistiques nationales, aide aux enfants en difficulté, Plan Mali s’est engagé à  soutenir les acteurs locaux ou nationaux qui font de l’avenir des enfants, leur leitmotiv quotidien.

Crises humanitaires au nord : les ONG s’engagent

Selon Oxfam, la crise dans les pays du sahel est provoquée par la combinaison de nombreux facteurs dont la sécheresse, des prix alimentaires très élevés, une pauvreté endémique et des conflits régionaux. Et la crise au nord du Mali a accentué le phénomène alimentaire dans cette zone du Mali. Au nombre des ONG œuvrant dans le cadre de l’assistance humanitaire au nord du Mali, figure en bonne place, Action contre la faim (ACF) et Oxfam. Toutes sont convaincues que prévenir la malnutrition est beaucoup moins couteux que de la traiter. Les alertes d’Oxfam Le constat d’Oxfam est clair : « En 2012, de nombreux pays de la région du Sahel sont confrontés, à  une grave crise alimentaire qui menace la vie et les moyens d’existence de 12 millions de personnes. Pour elle, sans une action rapide et efficace, elle pourrait s’avérer aussi coûteuse que les précédentes crises alimentaires de 2005, 2008 et 2010 ». D’o๠l’ONG a lancé un appel d’aide d’urgence de 37 millions de dollars pour venir en aide à  plus d’un million de personnes vulnérables. ACF contre la faim Le positionnement d’ACF face à  la crise se traduit par le fait qu’elle pose des actions qui consistent à  prévenir ou empêcher une très forte dégradation de la situation alimentaire. En effet, ACF pose des actions à  Gao, dans le cercle d’Ansongo notamment. «Â Il s’agit de réaliser des activités d’Argent Contre Travail ou d’Argent contre Travaux. Les communautés les plus vulnérables suivent des formations ou réalisent des travaux », indique David Kerespars Directeur Pays – ACF-Mali. Par ailleurs, ajoute-il, durant la période de soudure (avril-octobre) «Â nous allons intensifier nos actions dans le cercle d’Ansongo et Gao ainsi que les cercles de Ménaka et Youwarou si les conditions sécuritaires le permettent ». Pendant cette période, les actions d’ACF consisteront principalement à  «Â réaliser des transferts ciblés vers les ménages les plus vulnérablesÂ à  travers la dotation en nourriture, en argent, en bons alimentaires ou en intrants… Aussi, dans les cercles de Gao et d’Ansongo, ACF mène des actions spécifiques en direction des ménages affectés par le conflit en cours au Mali (Personnes déplacées internes) à  travers «Â des transferts (argent et travail) pour permettre aux personnes déplacées de subvenir à  leurs besoins ». Conscient que les enfants sont les premières victimes en temps de crise alimentaire, ACF œuvre également à  appuyer et renforcer les structures de santé dans la prise en charge de la malnutrition aigà¼e. Dans un premier temps, l’Ong dépiste les enfants et assure la prise en charge des enfants malnutris dans les structures socio-sanitaires. Outre le Mali, le taux de malnutrition dans certains pays comme le Tchad, le Burkina-Faso, la Mauritanie, le Niger et au nord du Sénégal, oscillent entre 10 et 15 pour cent, et dépassent même le seuil d’urgence de 15 pour cent dans certaines régions.

L’avenir des OSC et ONG du Mali au cœur du débat

La rencontre est organisée par le CENAFOD (centre national d’appui et de formation pour le développement des ressources humaines), l’USAID, l’AKDN-Mali et MSI, l’entité d’évaluation. Il existe une centaine d’organisations de la société civile (OSC) et d’organisations non gouvernementales (ONG) au Mali. La question de l’appréciation de la performance et de la pérennisation de ces entités se pose. Une vingtaine d’ONG et d’OSC prend part à  l’atelier de deux jours (16 et 17 septembre 2011) sur ce thème à  la maison du partenariat Bamako-Angers dans la capitale Bamako. Il s’agit d’un exercice annuel dans 23 pays qui a pour finalité de dégager l’indice de pérennisation des ONG en Afrique appelé NGOSI. Ceci constitue une évaluation de la société civile financée par l’USAID et Aga Khan Foundation (AKF). l’exercice a débuté au Mali en 2009 avec une évaluation de base. Plusieurs lois existent dans les procédures pour l’inscription et la reconnaissance des OSC. Cependant, de nombreux blocages existent dans la pratique. Selon Mohamed Alassane Diarra, Directeur du centre de ressources de l’association des municipalités du Mali, « Ces lois ne sont pas favorables à  l’inscription des ONG. » « Souvent on nous demande de l’argent pour avoir possession des récépissés. Cela n’est pas normal », souligne le représentant de l’association des organisations paysannes professionnelles (AOPP). D’autres expériences prouvent une bonne pratique des procédures légales mises en place ; « je crée des associations depuis 20 ans et je n’ai jamais eu de problèmes » témoigne un participant. l’Etat a mis en place des structures de suivi et de contrôle des ONG et OSC signataires de l’Accord-cadre. Ces structures manquent souvent de moyens pour aller au bout de ces contrôles. Une réelle insuffisance d’application de ces dispositions se pose. D’autre part, la pérennisation des ONG est entravée par certaines pratiques politiques. A titre d’exemple, les participants sont unanimes que la liberté d’exercice et de participation des OSC dans le développement national est insuffisante. Les OSC demandent aujourd’hui une exonération de taxes et d’impôts sur leurs activités entre autres revendications. Pour l’instant, cet état de fait n’existe pas encore au Mali. La viabilité financière des organisations, le plaidoyer et l’image publique sont d’autres points importants de la rencontre. A l’issue de cette étude, les résultats serviront à  comprendre les étapes de pérennisation des OSC dans les 23 pays.

Groupe Pivot Santé et Population : la paralysie !

Le scandale du fonds mondial au Mali continue de faire des malheureux. Certaines sources proche du Ministère de la Santé, affirment qu’il affectera la pyramide socio-sanitaire du pays, et se soldera par la fermeture de nombreuses structures. Au nombre de celles-ci, le Groupe Pivot Santé Population (GP/SP). Ici, le quotidien des travailleurs est partagé entre stress et inquiétudes. Si certains se soucient de la survie de la structure, d’autres ont peur pour leurs salaires. Toute chose qui fait qu’aujourd’hui, la structure n’arrive plus à  faire face à  ses objectifs. A savoir, impulser le leadership des ONG et associations dans le domaine de la santé et de la population aux niveaux international, sous-régional, national et local, promouvoir un partenariat institutionnel et opérationnel fécond entre les ONG et associations intervenant dans le domaine de la santé et de la population et les institutions, organismes et structures impliqués dans le domaine aux niveaux international, sous-régional, national et local. C’est la pérennisation organisationnelle du GP-SP qui est mise à  rude épreuve. Le groupe Pivot et Santé en difficulté Crée en janvier 1992, le GP/SP est la coordination des ONG qui interviennent dans la santé au Mali. Au moment de sa création, seulement 5 ONG nationales intervenaient dans le domaine de la santé. En 2006, le GP/SP comptait plus de 166 ONG membres. Organisation faà®tière, il a largement contribué au renforcement et à  la professionnalisation des ONG et associations intervenant dans le domaine de la santé et de la population. Cette capitalisation a réussi à  influencer bien des politiques et, du coup, le développement durable. A travers ses différentes interventions, le Groupe Pivot Santé Population couvrait toute l’étendue du territoire national. Avec la touche d’un personnel technique compétent, il a capitalisé une forte expérience dans la passation et la gestion des contrats avec les organisations de la société civile. Selon une source œuvrant dans la structure, le GP-SP arrive difficilement à  renforcer les compétences et capacités des ONG et associations à  assurer leur pérennité organisationnelle et la pérennité de leurs interventions dans le domaine de la santé et de la population. Au point que même les stratégies et mécanismes de mobilisation des ressources externes, internes et propres pour le financement d’actions et activités socio-sanitaires. Que faire ? Assurément, le Mali n’a aucun intérêt à  voir cette structure mourir, vu la pertinence de sa mission. En effet, depuis 1994, le Groupe Pivot a largement travaillé sur la réduction de la transmission des IST/VIH/SIDA et l’augmentation du taux de prévalence contraceptive au Mali. Le groupe a également travaillé sur le changement de comportement dans les domaines de la maternité sans risque, de la Planification Familiale, de la Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant. Et depuis 2001 la structure assure également le secrétariat du Programme Concerté santé Mali (PCSM). Ce Programme est l’aboutissement des travaux menés en 1998 et 1999 par les Organisations de Solidarité Internationale (OSI) et les collectivités territoriales françaises en concertation avec leurs partenaires maliens dans le cadre de la santé. Si la structure venait à  perdurer dans la paralysie qu’elle vit en ces moments, force est de signaler que le Programme décennal de la santé (PRODESS) dont le terme est fixé à  2013, prendra un sérieux coup.

Plan Mali responsabilise les acteurs locaux

Depuis 1976, Plan International intervient au Mali. Présente dans 68 pays à  travers le monde, l’organisation à  but non lucratif œuvre pour assurer une vie meilleure et digne aux enfants. Dans notre pays, elle est présente pour l’instant dans les régions de Kayes, Ségou et Koulikoro mais entend augmenter son champ d’action dans de brefs délais. Les conventions de partenariat signées ce matin à  l’Hôtel Laà¯co Amitié de Bamako visent à  créer un cadre de collaboration étroite entre Plan Mali et les ONG nationales. Ces dernières ont été sélectionnées après études de dossiers, selon le Directeur National de Plan Mali, le Dr Amadou Bocoum. Sur 90 propositions reçues, 48 ont réussi au premier niveau de classement puis au final quinze ont été définitivement retenues. Pendant les trois prochaines années, les parties signataires vont travailler main dans la main dans cinq programmes à  savoir, l’éducation, l’alphabétisation, la lutte contre les violences faites aux femmes, la santé maternelle et infantile et les micro-crédits. Au total ce sont 1288 villages des régions de Kayes, Ségou, Koulikoro et Sikasso qui sont concernés par ce programme. 2628 groupements féminins recevront un support dans le cadre de la microfinance, 97 centres de développement de la petite enfance seront créés. 54 centres de santé communautaire et 369 établissements du 1er cycle seront également supportés. Toutes ces actions dont le cout global s’élève à  1 075 764 378 (un milliard soixante-quinze millions sept cent quatre mille trois cent soixante-dix-huit) FCFA devront être mis en œuvre sur une période de 12 mois. Après évaluation, la phase 2 suivra avec un montant égal au premier. Le Ministre du Développement Social de la Solidarité et des Personnes Agées qui a présidé la cérémonie a tenu à  saluer l’approche de Plan Mali. Pour lui, il s’agit de renforcer les capacités des organisations locales en les responsabilisant. Le « faire faire » aura selon lui des résultats probants car « permet de garantir que les véritables destinataires bénéficieront des cations posées ». Il a pour finir féliciter Plan Mali pour cette initiative et émis le vœu de la voir pérennisée et surtout dupliquée par d’autres acteurs. Signalons que le Ministre de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et des Langues Nationales, le Pr Salikou Sanogo a également pris part à  la cérémonie.

Construction du Monument du cinquantenaire : l’ouvrage qui « agresse » le Fleuve Niger

Le clou d’une controverse Depuis un certain temps, le fleuve Niger ne cesse d’attirer l’attention des maliens. Et pour cause, les autorités maliennes ont décidé de construire, le monument devant symboliser le cinquantenaire, dans le lit du fleuve Niger. Comme l’on pouvait s’y attendre, cette décision n’a pas eu droit de cité, chez les amoureux de l’environnement, et autres écologistes. L’acte peut être qualifié comme une atteinte à  l’intégrité du fleuve Niger. En effet, depuis le demarrage des travaux de construction du monument du cinquantenaire, des voix ne cessent de s’éléver pour denoncer le coté pernicieux du projet. Certes symboliser le cinquantenaire à  travers un monument est une bonne chose, mais faudrait-t-il, cela soit fait dans les règles de l’art sans aucune entorse à  l’environnement ? Aujourd’hui, nul besoin de signifier que la vie de milliers d’humains se trouve liée à  l’existence de ce fleuve qui prend sa source au Fouta Djallon (Guinée) pour traverser plus de 3 pays de la sous région ouest africaine. Du coup, il est incontestablement l’un des plus grands tresor naturels qui nous reste. Se situant dans le lit meme du Fleuve Niger, le futur monument dit du cinquantenaire est un véritable objet de polémique. Selon ces environnementalistes, membres de l’Ong Oxfam, le projet est vu comme un vrai affront à  la nature. « Mais pourquoi diable, un momument dans le lit du fleuve niger. Au nom du cinquantenaire de l’indépendance ? Ou encore d’une hyphotétique embellissement de la ville de Bamako…?  » Le faux-fuyant des autorités En effet, ce sont les autorités maliennes eux mêmes qui sont à  la base cet acte préjudiciable au fleuve Niger. Selon le président de la Commission d’organisation du cinquantenaire, Oumar Hamadoun Dicko, ce projet s’inscrit en droite ligne du programme d’aménagement des berges du fleuve Niger. « Il est en parfaite adéquation avec le schémas directeur d’aménagement de Bamako », dit-il pour amuser la galerie. Par contre, les organisations de la société civile elles, pensent que le choix de ce site est irréfléchi, d’autant plus qu’il constitue un danger pour la survie même du fleuve Niger. La Direction générale de l’Agence du Bassin du Fleuve Niger (ABFN) a, quant à  elle, laissé entendre que la construction du monument du cinquantenaire est fortement préjudiciable pour le fleuve Niger et pour lequel l’ABFN ne cesse de se battre dépuis des années. Le fleuve menacé Aujourd’hui, ce monument n’est pas le seul préjudiciable au fleuve. Tout comme la douzaine d’établissements qui donne dans le lit du fleuve Niger, le site du monument du cinquantenaire est entrain de délier les langues. Les travaux se font sans un système d’épuration des eaux usées. L’Hotel Mariétou Palace qui se trouve également en chantier sera la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Tout le long du fleuve, le fleuve souffre d’une agression extérieure.