Transition : une opposition se dessine

Le report sine die de la présidentielle de février 2024 semble être celui de trop. Soulevant une vague d’indignation et de refus au sein de la classe politique et de la société civile depuis son annonce le 25 septembre dernier, il pourrait être le déclencheur d’un nouveau train « d’opposants » à la Transition.

C’est loin d’être une surprise. Le report de l’élection présidentielle continue de faire des remous et de donner un regain nouveau à plusieurs entités politiques et de la société civile. En réaction à l’annonce du report de la présidentielle, le 25 septembre dernier, une « décision unilatérale des autorités de la Transition qui renvoie de facto à une autre prorogation de la Transition », qu’elle a condamnée, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS), avait décidé de « mobiliser tous ses militants, sympathisants et autres pour organiser dans les meilleurs délais la tenue d’actions patriotiques pour exiger la mise en place d’une transition civile, seule voie pour sauver la République »

Pour Youssouf Daba Diawara, Coordinateur général de la CMAS, selon des propos relayés par l’AFP, « cela fait plus de trois ans que la gestion de la Transition est confiée à des autorités militaires. Hélas, les raisons pour lesquelles le peuple malien est sorti pour combattre le régime de Ibrahim Boubacar Keïta n’ont pas pu être atteintes. Pour la CMAS, la faute incombe aux tenants du pouvoir ».

La CMAS a annoncé dans la foulée la tenue d’une marche le 13 octobre 2023 pour demander la mise en place d’une transition civile. L’annonce de cette marche a suscité de nombreuses réactions. En réponse, le Collectif pour la défense des militaires (CDM), soutien affiché des autorités de la Transition, a rendu publique l’organisation d’un meeting à la même heure et avec presque le même itinéraire. Face au risque de confrontation et suite à une mission de « bons offices » menée par le Président du Haut Conseil Islamique, Ousmane Madani Haidara, Mahmoud Dicko a finalement demandé à ses partisans d’annuler leur manifestation. Selon nos informations, le gouverneur n’a pas donné son autorisation pour la tenue de ces deux manifestations.

D’après des analystes, même avec l’annulation, l’Imam Mahmoud Dicko a réussi son pari en captant pendant plusieurs jours l’attention des autorités et des Maliens. Les relations de l’Imam ne sont plus au beau fixe avec les autorités de la Transition depuis la prise de pouvoir du Colonel Assimi Goïta. L’ex « autorité morale », qui était très influente lors des premières heures de la Transition, a été écarté. Une mise à l’écart qui lui a laissé un goût amer. Même s’il s’astreint à un certain silence, il arrive à l’Imam Dicko de lancer des piques, comme lors du forum de Bamako en 2022 ou encore deux jours avant la tenue du scrutin référendaire, lorsqu’il a harangué des partisans du non. Un analyste politique qui a requis l’anonymat ajoute : « le fait que les autorités de transition aient discuté avec la CMAS et obtenu l’annulation de la manifestation démontre qu’elles ne minimisent pas la capacité de mobilisation des partisans de l’Imam Dicko, même si cela ne peut plus atteindre les proportions d’il y a quelques années contre le régime d’IBK ».

À en croire Jean-François Marie Camara, enseignant – chercheur à la Faculté des Sciences administratives et politiques (FSAP) de l’Université des Sciences juridiques et politiques de Bamako (USJPB), la posture actuelle de la CMAS n’est pas surprenante.

« Lorsqu’une transition dure trop, cela crée un sentiment de monotonie qui peut entrainer des frustrations. Et quand les élections sont toujours repoussées, il est normal d’aboutir à de tels mouvements. Il revient aux autorités de la Transition de revoir leur copie », affirme-t-il.

Bloc « anti-prolongation » ?

Si jusque-là la Transition n’a pas fait face à une véritable opposition, cette nouvelle prolongation va changer la donne. À la marche de la CMAS étaient attendus des membres de l’Appel du 20 février, dont les principaux responsables, les magistrats Cheick Chérif Koné et Dramane Diarra, ont été récemment radiés de la magistrature. Cette nouvelle opposition germe alors que les tensions se cristallisent autour de la situation sécuritaire, du report de la présidentielle, de la vie chère et des nombreuses arrestations.

« Le Parena est dans la dynamique de constitution d’un bloc contre le report et pour la non candidature des tenants de la Transition », confie Diguiba Keita dit PPR, Secrétaire général de la formation politique de l’ancien chef de la diplomatie malienne Tiébilé Dramé.

« Il est fort probable qu’un bloc puisse se former contre les autorités de la Transition. Si elles ne parviennent pas à créer un climat de dialogue avec l’ensemble des forces vives de la Nation ou à organiser une table-ronde avec la classe politique et la société civile, cela peut créer d’autres tensions pouvant aboutir à des manifestations », met en garde pour sa part Jean-François Marie Camara.

Mais, selon certains observateurs, une opposition à la Transition aujourd’hui aurait du mal à peser contre les autorités actuelles, engagées dans la « reconquête » de tout le territoire national. Un objectif dans « lequel beaucoup de Maliens se retrouvent ». D’ailleurs, le Cadre d’échanges des partis et regroupements de partis politiques pour un retour à l’ordre constitutionnel, qui était considéré comme un « opposition » à la Transition, n’a jamais réussi à faire tourner le rapport de forces à sa faveur. Il s’est par la suite effrité. La Coordination des organisations de l’Appel du 20 février pour sauver le Mali a semblé un moment prendre le relais, sans grand impact non plus.

Si un éventuel nouveau front d’opposition à la prolongation de la Transition pourrait réunir tous les partis politiques ou organisations de la société civile qui se sont prononcés contre le report de la présidentielle, il pourrait dès le départ être confronté à un manque d’unanimité autour des exigences vis-à-vis de la Transition.

En effet, au moment où certains prônent la tenue pure et simple des élections selon le chronogramme initial, d’autres optent plutôt pour la mise en place d’abord d’une transition civile qui organisera plus tard les élections.

« Le Parena ne maîtrisant pas le contenu de la transition civile, se limite à une demande, voire une exigence de respect du calendrier annoncé et s’oppose à un report des élections », clarifie le Secrétaire général du parti du Bélier blanc.

Positions tranchées

La CMAS a été jusque-là la seule à vouloir organiser des manifestations contre la prolongation de la Transition, en demandant la mise en place d’une transition civile. Mais plusieurs autres partis ou regroupements de partis politiques et organisations de la société civile se sont eux aussi érigés contre le report de la présidentielle, initialement prévue en février 2024.

Dans un communiqué au ton particulièrement virulent en date du 25 septembre, le parti Yelema a mis les gouvernants en garde sur « les risques qu’ils font peser sur notre pays dans leur approche solitaire, non consensuelle, non inclusive, pour des objectifs inavoués ». Pour le parti de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, cette nouvelle prolongation, en plus de violer la Charte de la Transition, « n’a fait l’objet d’aucune discussion interne entre les forces vives et ne saurait être une décision consensuelle ». Beaucoup de partis craignent que léger report ne devienne finalement « indéfini », alors que la Transition s’achemine déjà vers ses quatre ans, et que cette énième prorogation n’isole encore plus le Mali.

La Ligue démocratique pour le changement, de son côté, tout en désapprouvant et en condamnant sans équivoque cette « tentative de prise en otage de la démocratie malienne », a invité le gouvernement à renoncer à son projet et à « organiser l’élection présidentielle au mois de février 2024 comme déjà proposé aux Maliens et convenu avec la communauté internationale ». « Face à l’enlisement évident de la Transition, la Ligue démocratique pour le changement fait appel à tous les Maliens, en particulier les acteurs politiques, à œuvrer pour l’organisation de l’élection présidentielle comme prévu, pour un retour à l’ordre constitutionnel », a écrit le parti de l’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Moussa Sinko Coulibaly, dans un communiqué, le 26 septembre.

La Coordination des organisations de l’Appel du 20 février 2023 pour sauver le Mali plaide elle aussi pour la mise en place d’une transition civile. Lors d’une conférence de presse, le 30 septembre, elle a invité « les démocrates et républicains de tout bord et de tout horizon à rester mobilisés et debout comme un seul homme au secours du Mali en détresse jusqu’à l’installation d’une transition civile plus responsable, consciente de ses missions ».

Le M5-RFP Mali Kura, pour sa part, après avoir dénoncé cette décision « unilatérale », a rappelé « l’impérieuse exigence de respecter les engagements dans la mise en œuvre du chronogramme devant aboutir au retour à l’ordre constitutionnel ». Le ton est un peu plus mesuré au Rassemblement pour le Mali (RPM), qui a exprimé sa « profonde inquiétude et son étonnement de voir que le cadre de concertation mis en place pour un dialogue entre le gouvernement et les partis politiques n’ait pas été impliqué dans le processus de cette importante décision ».

Mali- Politique : quelle opposition face à la transition ?

Alors même que la nouvelle Constitution qu’elles veulent faire adopter est contestée par une frange de la classe politique et de la société civile, les autorités de la Transition du Mali, surtout depuis la prise totale du pouvoir par le Colonel Assimi Goïta, ne semblent faire face à aucune opposition majeure. Ni politique, ni sociale et encore moins parlementaire.

Le référendum à venir a mis en exergue plusieurs réalités. Une première étant une « remise sur pied » d’une vieille garde politique qui conteste le projet de nouvelle Constitution. Rassemblée au sein d’un mouvement lancé le 11 juin dernier et qui comprend également des associations hétéroclites (voir Page 3), elle dénonce le référendum. Même si ce mouvement entend mener des actions, rien n’est encore acté, et la contestation dans la rue dans le style Antè A Bana en 2017 ne semble pas être une option. Une deuxième réalité est que le processus lié à la Constitution a suffi à fractionner le Cadre des partis pour un retour à l’ordre constitutionnel, l’un des rares rassemblement qui était présenté comme menant une « Opposition » à la Transition, même s’il a toujours lui-même réfuté ce mot. Déjà fragilisé par l’ADEMA, qui s’est rangée du côté de la transition depuis le changement au niveau de son directoire et les positions à contre-courant de Moussa Mara, il vit sonner son hallali lorsqu’en février les noms d’Amadou Koïta et d’Amadou Haya sont apparus sur la liste des membres de la Commission de finalisation. Koïta et plusieurs autres membres du Cadre ont par la suite appelés à voter Oui. Bien que le M5 Malikura soit opposé à la Constitution et aux « actions » des autorités la Transition, il s’approprie tout de même le terme. « Étant donné que les militaires qui ont pris le pouvoir en août 2020 disent qu’ils sont venus parachever l’œuvre du M5-RFP, nous considérons que c’est donc nous la Transition. C’est nous qui l’avons souhaitée en sollicitant le départ d’IBK », explique Bréhima Sidibé, Secrétaire Général du parti FARE An Ka Wuli et membre de la coalition politique. Selon unanalyste qui a requis l’anonymat, les affaires judiciaires visant des politiques et les ayant poussés à l’exil, le décès en détention de Soumeylou Boubeye Maiga ou encore la grande popularité du Colonel Assimi Goïta contraignent les politiques à la prudence. Sur ce dernier point, il assure que ceux-ci ont leur part de responsabilité. « Des politiques n’ont jamais cessé de critiquer les autorités. Mais les critiques se sont concentrés sur le Premier ministre Choguel Maïga, en ignorant soigneusement les militaires au pouvoir, qui sont pourtant  qui dirigent ».

Pour le Pr Abdoul Sogodogo, Vice-Doyen de la Faculté des Sciences administratives et politiques de Bamako (FSAP), lorsqu’un pays traverse une crise politique comme celle que connaît le Mali, l’opposition politique peut jouer un rôle important dans la résolution de la crise ou, au contraire, l’aggraver en alimentant la polarisation et la violence.

« L’opposition politique peut jouer un rôle essentiel dans la restauration de la démocratie et de l’État de droit. En s’opposant aux auteurs du coup d’État et en exigeant un retour à l’ordre constitutionnel, à l’instar du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR) en 2012. L’opposition peut également aider à garantir que les droits civils et politiques des citoyens soient protégés et défendus ».

Outre les politiques, le pouvoir législatif, le Conseil national de transition (CNT), ne fait non plus pas office de contre-pouvoir à l’Exécutif. Des observateurs regrettent que ses membres n’interpellent pas les autorités de la Transition sur des questions importantes, notamment liées à l’électricité ou la sécurité. Certains conseillers nationaux, comme Adama Ben Diarra ou encore le Dr Amadou Albert Maïga, affichent même clairement leur soutien aux autorités. Finalement, le plus grand bras de fer que mènent les autorités de la transition est contre les groupes armés signataires de l’Accord pour la paix. Les coups de chaud se sont multipliés ces dernières semaines et la médiation internationale semble prêcher dans le désert.  Certains de ces groupes, qui ne se reconnaissent pas dans le projet de nouvelle Constitution, menacent même la tenue du référendum dans les zones sous leur contrôle.

Sénégal : la manifestation de l’opposition dégénère

Au Sénégal, l’opposition passe à l’action malgré l’interdiction de manifester du préfet de Dakar, en date du 15 juin 2022, tablant sur les  « menaces de troubles à l’ordre public ».  Pourtant, ce 17 juin date retenue par Ousmane Sonko, l’un des visages de l’opposition, des Sénégalais ont mis en application l’appel du leader à manifester malgré l’interdiction des autorités. Certaines artères de Dakar pour éviter les débordements sont surveillées par la police et la gendarmerie, des manifestants ont été dispersés par endroit avec des bombes lacrymogènes ce vendredi sur la VDN Sacré – Coeur, à Colobane les débordements ont fait au moins un mort et une dizaine de blessés (Dakar et Ziguinchor) selon les premières informations, sans compter les dégâts matériels. Jusqu’à plus de 21h, il n’y avait pas encore de bilan officiel et les manifestants occupaient toujours certaines artères de la capitale et de Bignona.

Pourtant, pour éviter des débordements, les banques ont fermé à 13h GMT ce vendredi, certaines institutions et entreprises un peu plutôt à 12h.

A l’origine de ces manifestations de l’opposition qui commencent à ce multiplier à Dakar et même à Ziguinchor, l’invalidation par le Conseil constitutionnel d’une liste nationale de candidats de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi. Mais l’opposition refuse de se cantonner à cette décision. Elle dénonce une volonté manifeste de la présidence de vouloir écarter ses adversaires de la course vers les législatives prévues le 31 juillet 2022.

Khalifa Sall, un des chefs de l’opposition en solidarité à Ousmane Sonko a dit devant la presse que la manifestation sera maintenue car,  « il y a aucune base légale fondant la décision du préfet ».

Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et candidat déclaré à celle de 2024 avec d’autres leaders sont décidés à empêcher la tenue des élections législatives si Yewwi Askan Wi n’y participe pas. Il faut dire que Ousmane Sonko n’a pas pu prendre part à la manifestation car assigné à résidence.

Les législatives au Sénégal, c’est renouveler 165 députés de l’Assemblée nationale, aujourd’hui largement dominée par la coalition présidentielle.

Il y a une peu plus d’une semaine, le préfet de Dakar avait autorisé une manifestation de l’opposition contre le rejet de sa liste nationale aux prochaines législatives et contre le pouvoir.

Idelette BISSUU

 

Me Mountaga Tall : « C’est la peur de désigner les responsables qui amène à parler de responsabilité collective »

Le 25 mai 2019, le Congrès national d’initiative démocratique (CNID Faso Yiriwa Ton) a commémoré ses 28 années d’existence. Si quelques fois il a participé à l’exercice du pouvoir, il est le parti qui est resté le plus longtemps dans l’opposition depuis l’avènement de la démocratie, en 1991. Son Président, Me Mountaga Tall, plusieurs fois ministre, revient sur son combat.

Quel bilan faites-vous de ces années d’engagement à la tête du parti ?

Le CNID, c’est historiquement la lutte pour l’instauration de la démocratie au Mali. C’est aussi un engagement pour sa consolidation. La démocratie, c’est comme l’air que l’on respire, mais elle ne se mange ni ne se boit. Elle est comme un arbre que l’on plante et qu’il faut constamment arroser. Ce qui veut dire qu’il y a une action à mener au quotidien et à différents niveaux. Cette action a une prise directe sur les affaires quand on est au gouvernement. Nous y avons été quelques fois, non pas en tant que parti exerçant le pouvoir, mais comme parti associé.  Nous avons aussi servi notre pays dans l’opposition politique. Nous sommes le parti au Mali qui est resté le plus longtemps dans cette posture, en l’assumant dans la dignité et avec les contraintes qui y sont liées. Nous avons notre part dans les grandes avancées de la démocratie au Mali en tant que parti d’opposition à l’Assemblée nationale.  C’est ainsi le CNID, dans l’opposition, qui a été le premier parti à initier une proposition de loi, une question d’actualité, une interpellation au gouvernement, une motion de censure, à instaurer le débat sur la légalisation des mariages religieux, à introduire une proposition de loi sur le statut de l’opposition, etc. Mais dans la majorité aussi, dans les missions qui nous ont été confiées, nous avons allié résultat et intégrité.

N’êtes-vous pas de ce fait comptable de la situation actuelle du pays ?

Moi, j’assume pleinement mes responsabilités, toutes, mais rien que les miennes. Nous n’avons jamais été Président de la République, ni Premier ministre, ni chef d’institution dans ce pays. On nous a confié des ministères, nous y avons fait ce que nous pouvions et nous l’assumons. Cela ne peut pas faire de nous un coresponsable de la gestion du pays. Ce qui n’est pas notre part ne nous incombe pas.

Pour certains observateurs, c’est la faillite de l’élite politique qui a abouti à l’effondrement du pays…

Ce ne sont pas des observateurs, mais des populistes. Il n’y a pas un seul pays que l’on peut gouverner en dehors des politiques et de la politique. À ces conditions, tout ce qui existe, en bien ou en mal, dans un pays ne peut pas être imputé aux politiques. Il y a des partis et des personnes de la société civile qui ont pris part à la gestion de l’État. Que chacun assume sa part de responsabilité. Quand vous dites que c’est la classe politique qui est responsable, que dire de ceux qui n’ont jamais passé un jour au gouvernement ? Sont-ils aussi responsables ? C’est la peur de désigner les responsables qui amène ceux qui n’ont pas beaucoup de courage à parler de responsabilité collective. Que chacun dise : de telle année à telle année, il y a eu telle chose, sous le magistère de telle ou telle personne. Cela est plus objectif.

Que pensez-vous de la mise en place de  gouvernement de mission ?

Je souhaite le meilleur pour mon pays et qu’un gouvernement, quel qu’il soit, réussisse. Dans mon appréciation, on reconnait le maçon au pied du mur. Mais j’ai été très fortement impliqué dans le processus qui a mené à la conclusion de l’Accord politique de gouvernance. À la mise en place du gouvernement, les choses ne se sont pas déroulées comme  initialement entendu et le produit final à peu à voir avec l’idée initiale. C’est pour cela que nous-mêmes, en tant que parti et mouvement politique, n’avons pas estimé devoir signer cet accord, à plus forte raison figurer dans le gouvernement.

Qu’est ce qui était initialement prévu ?

L’histoire le dira. Mais il est clair qu’il y a eu beaucoup d’échanges de documents. Le premier et le dernier n’ont pas beaucoup des choses en commun.

Ballan Diakité : « Ce n’est pas un simple dialogue qu’il faut, mais un débat national »

La semaine dernière, le Président de la République a reçu le chef de file de l’opposition, l’Honorable Soumaila Cissé, son challenger lors des deux dernières présidentielles. Un geste pour décrisper le climat politique. Mais que vaut cette rencontre ? Ballan Diakité, analyste politique au CRAPES, la décode.

Quel sens peut-on donner à cette rencontre ?

Donner un sens à cette rencontre c’est voir si elle peut nous fournir des éléments de réponse à la crise sociopolitique. On a assisté à un simple jeu de langage entre un ainé et son cadet. La rencontre devait réunir un Président de la République et le chef de file de l’opposition. Elle ne répond pas au problème de légitimité du Président IBK, longtemps contesté par Soumaila Cissé. Dire j’ai été reçu par mon ainé, n’est-ce pas une manière de refuser de dire j’ai été reçu par le Président ?  Ce fut un coup de communication politique, car, depuis la dernière élection présidentielle, Ibrahim Boubacar Keita et Soumaila Cissé semblent être en perte de vitesse en termes de la visibilité. L’omniprésence de Soumeylou Boubeye Maiga « efface » IBK. Et Soumaila aussi l’est depuis quelque temps. C’est une manière d’affirmer leur existence aux yeux d’autres acteurs, notamment le Premier ministre et les religieux, qui ne cessent d’influencer le jeu politique.

Que va-t-elle changer ?

Elle ne changera rien. Les enjeux sont ailleurs. Ce n’est pas d’un salon présidentiel qu’on va résoudre les problèmes cruciaux de ce pays, d’un tour de magie. Il faut aller sur le terrain. Il y a une crise de démocratie, les opinions des populations ne sont jamais prises en compte. Il faut leur donner la possibilité de parler, de dire ce qu’elles pensent. Ce qu’il faut, ce n’est pas un simple dialogue, mais un débat national. Que la parole soit donnée à un vendeur de couscous, à un chauffeur de Sotrama, à un chef de village dans un coin reculé. En France, le Président Macron fait un débat national. Pourquoi notre Président ne ferait-il pas de même ? 

IBK prévoit aussi de rencontrer « ses autres frères ». Pourquoi maintenant ?

Parce qu’actuellement ce qui fait débat c’est la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. IBK en est à son deuxième mandat et n’a pas l’ambition d’en briguer  un  autre. Ce qui lui donne  quelque audace pour aller à la rencontre d’autres personnalités.

Est-ce que l’opposition pourrait être intéressée à entrer au gouvernement ?

Je ne saurais répondre. Mais au regard des propos de Soumaila Cissé ou Tiebilé Dramé, ils demandent un dialogue national, une politique de consensus. Cela peut sous-entendre un gouvernement de consensus.

Retraite : Le CNJ s’oppose au relèvement de l’âge

Point d’accord entre le gouvernement, le Conseil national du patronat du Mali et l’Union nationale des travailleurs du Mali lors d’une assise de conciliation fin janvier, la prorogation de l’âge du départ à la retraite n’est pas bien accueillie par le Conseil national de la jeunesse. Entre contestation et multiplication des démarches auprès des institutions, le CNJ entend user de tous les voies et moyens pour empêcher la mise en application effective de la mesure.

« Le gouvernement donne son accord pour un relèvement de 3 ans par catégorie des âges de départ à la retraite. Il est applicable pour compter du 31 décembre 2019. En termes précis, les travailleurs en activité en 2019 n’iront pas à la retraite le 31 décembre 2019 ». Voilà, pour le compte du secteur public, ce qu’indique le procès-verbal ayant sanctionné la rencontre tripartite, le 29 janvier dernier.

Pour le secteur privé, il est convenu que les travailleurs de la catégorie A ont la possibilité de prolonger jusqu’à 62 ans, tandis que ceux des catégories B, C, D et E peuvent continuer à travailler jusqu’à 60 ans.

Toutefois, précise le document, pour le secteur public, la faculté est donnée aux agents de pouvoir faire valoir, d’accord parties, leur droit à la retraite à partir des âges en vigueur selon les catégories, c’est-à-dire 62 ans, 59 ans, 58 ans et 55 ans respectivement pour les catégories A, B2, B1 et C.

Mesure contestée

Mais ce qui satisfait les syndicalistes de l’UNTM et a d’ailleurs conduit à la levée de leur dernier mot d’ordre de grève, passe mal chez les jeunes du Conseil national de la jeunesse. « Si  le départ à la retraite est bloqué, cela veut dire que la chance ne sera pas donnée aux jeunes, alors qu’aujourd’hui le gouvernement doit prioriser l’emploi des jeunes et surtout leur recrutement au niveau de l’administration publique », affirme Souleymane Satigui Sidibé, Président du CNJ.

Déterminé à ne pas ne pas rester sans réaction face à cette décision, le CNJ a entamé des rencontres avec notamment la Cour constitutionnelle, le Médiateur de la République et le ministre de l’Emploi. De ces rencontres sont sorties des « garanties » qui ont permis de surseoir pour l’instant aux autres actions envisagées par l’organisation faîtière de la jeunesse malienne.

Pour le Président du Conseil national de la jeunesse, il ne s’agit pas d’un combat de génération, encore moins contre l’UNTM. « C’est un combat pour rassurer la jeunesse, pour qu’elle puisse avoir la place qui lui revient ».

Opposition: En ordre de marche…dans la divergence

Le 8 décembre, les forces de l’ordre dispersaient à coup de gaz lacrymogènes une énième marche de l’opposition dans les rues de Bamako. Depuis la réélection du Président IBK en août, l’opposition ne cesse de contester. Certains de ses leaders, réunis au sein du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) ne reconnaissent pas la légitimité du président, contrairement à la Coalition des forces patriotiques (CoFoP), avec laquelle ils sont alliés pour dénoncer « la mauvaise gestion du pays ».

« L’objectif final  de toutes ces marches n’est pas de créer des problèmes au pays, mais qu’il y ait un cadre de dialogue pour traiter toutes les préoccupations en cours, par ce qu’il est illusoire aujourd’hui d’organiser des  élections sur la base de l’élection présidentielle, avec toutes ses failles ». C’est ainsi que l’Honorable Mody N’diaye, Président du groupe Vigilance républicaine démocratique (VRD) résume le combat que mène l’opposition. Depuis le début du nouveau mandat du Président Ibrahim Boubacar Keita, les différentes composantes de l’opposition, au sein du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) ou de la Coalition des forces patriotiques (CoFoP), se font entendre. « L’élection présidentielle a été émaillée de beaucoup d’irrégularités et la façon la plus appropriée pour les dénoncer ce sont les marches. Celles qui ont suivi sont dues à la crise sécuritaire, à laquelle s’ajoute la crise sociale,  économique et politique », poursuit le député de l’Union pour la République et la Démocratie (URD). Les différentes actions s’inscrivent dans cette démarche. « Depuis les premiers résultats, qu’elle avait rejetés, l’opposition s’inscrit dans une logique de contestation de la légitimité d’IBK. Ses différentes manifestations démontrent qu’elle est restée sur sa position, par ce qu’elle estime que l’élection a été émaillée de fraudes et d’irrégularités », analyse Ballan Diakité, politologue et chercheur  au Centre de recherche et d’analyses politiques, économiques et sociales (CRAPES). Mais le Président de la République a prêté serment le 4 septembre, avec la reconnaissance de la communauté internationale. Pour Jeamille Bittar, Président  du Mouvement citoyen ATT (MC-ATT), membre de la majorité, « on ne change pas les règles du jeu en plein match. Il faut être des bons perdants », dit-il, s’adressant à l’opposition. « On ne met pas le feu à la case qu’on veut habiter plus tard ».

Une opposition hétérogène

Dans leur annonce de la marche du 8 décembre, le FSD et la CoFoP, ainsi que l’Adema association, devaient battre le pavé contre la « mauvaise gestion du pays ». Si les regroupements partagent cette conviction, ils divergent sur plusieurs points. Le FSD est considéré comme la branche radicale qui s’oppose depuis 2013 à IBK et qui s’obstine à ne pas le reconnaitre alors que tout est terminé et la CoFoP compte en son sein des anciens ministres du premier mandat d’IBK, comme Housseini Amion Guido ou Moussa Mara. Elle a pris acte de la réélection du président et se démarque de tout projet contraire. Dans une interview accordée il y a plus d’un mois à Journal du Mali, Housseini Amion Guindo précisait  que leur combat était différent de celui du FSD. « Nous nous associerons avec tous ceux qui sentent leur avenir menacé. Mais nous ne nous engagerons pas dans un combat qui mettra en cause l’élection du président de la République ou sa légitimité. C’est la ligne rouge à ne pas franchir », disait-il. Certains observateurs qualifient même cette alliance « d’incestueuse » et sans lendemain.  

Sur la prorogation du mandat des députés, aucun des élus de l’opposition  n’a voté contre alors que certains la désapprouvaient publiquement. « Cela peut être interprété comme une inconstance pour quelqu’un qui n’est pas initié en politique, mais toujours est-il que cette opposition  a une coalition parlementaire assez grande. Cela montre aussi une certaine connivence entre les grands partis au sein de la Nation », explique Ballan Diakité. Cette prise de position a en effet étonné ceux qui avaient foi en l’opposition. « Je me suis abstenu et ceux qui l’ont  votée ont estimé qu’en n’allant pas dans ce sens ils risquaient de se faire exclure », se défend l’Honorable Mody N’diaye, notant que « le processus est contraire à la Constitution dans tous les cas ».

Des mesures drastiques

Un nouvel arrêté du gouverneur du district de Bamako en date du 4 décembre scelle toutes grandes artères et places publiques de Bamako. Une manière de contrer toute protestation dans la capitale. En réaction, une cinquantaine d’organisations de défense des droits humains ont dans un communiqué conjoint dénoncé « une violation de la Constitution et un acte de nature à mettre en péril la démocratie malienne ». Pour le politologue Ballan Diakité, le gouverneur « n’a aucune légitimité pour interdire à des partis politiques de marcher », car « le droit de manifester fait partie des droits fondamentaux dans une démocratie ». Il s’inquiète du durcissement des mesures du gouvernement.  « Plus les jours passent, plus le régime d’IBK s’assimile à un régime autoritaire plutôt qu’à un régime démocratique. À un moment donné, il faut revenir aux textes ». Alors que le Comité pour la défense de la République (CDR)  prévoyait lui aussi une marche le 10 décembre, un dispositif policier a été installé tôt le matin au niveau des points stratégiques. Ces mesures,  qui, selon les autorités, s’inscrivent dans le cadre de l’état d’urgence, risquent d’accroitre le mécontentement.

Quelle issue ?

Dans le souci de calmer la situation politique, des leaders religieux et chefs des familles traditionnelles de Bamako ont rencontré le 5 décembre les ténors de l’opposition. Il s’agissait d’asseoir les bases d’un dialogue entre les deux parties. Même si l’initiative a son sens, elle n’a pas produit de résultats concrets, car la protestation prévue pour le samedi 8 décembre a été maintenue. Pour Ballan Diakité, un dialogue entre les deux tendances est « inopportun ». « Il n’y pas de  crise au plan interne entre les partis politiques qui nécessite un certain dialogue entre le gouvernement et l’opposition. L’opposition est dans son plein droit en marchant », justifie-t-il. Il va même plus loin. « La crise que connait le Mali, c’est celle du nord. La laisser de côté et perdre du temps sur ces questions n’est pas respectueux vis-à-vis des citoyens maliens, et surtout vis-à-vis de ceux qui sont au nord et qui souffrent de  l’insécurité depuis 2012 », ajoute-t-il.

Les défis du moment et les réformes à venir nécessitent une convergence des acteurs. Sur la question du consensus, Jeamille Bittar estime que le pouvoir a mené des tentatives. « Le président a tendu la main, mais comment comprendre qu’un Premier ministre se déplace pour une prise de contact avec des formations politiques et que les uns et les autres essayent de fermer leur porte ? », s’étonne-t-il. Il ajoute : « tout le monde veut le dialogue, mais on n’arrive pas à y aller ». De l’autre côté, on affirme aussi la même chose. Et la surenchère de l’opposition a sa finalité. « Nous avons fait une retraite au cours de laquelle nous avons traité de toutes les questions institutionnelles, des réformes administratives en cours et des perspectives de la loi électorale. Le document sera adopté ce 15 décembre par notre conférence nationale et, dans le cadre d’un dialogue constructif, nous pouvons le partager avec la majorité », révèle l’Honorable Mody N’diaye, président du groupe parlementaire VRD à l’Assemblée nationale. Déjà, le Rassemblement pour le Mali (RPM) a tenu une rencontre similaire. Le député conclut sur une note d’espoir d’un dépassement des uns et des autres pour le Mali. « Nous sommes ouverts au dialogue, nous voulons seulement qu’on ne fasse pas l’impasse sur les réformes majeures à venir et sur les propositions de toutes les parties prenantes, partis politiques comme société civile. C’est en allant dans ce sens que le pays va gagner et il qu’il y aura la paix », dit-il, convaincu.

Pouvoir – opposition : La solution par le dialogue?

Depuis la réélection du Président Ibrahim Boubacar Keita, l’opposition ne cesse de manifester son mécontentement. Certains de ses leaders mettent en cause sa légalité et sa légitimité, en dépit du verdict sans appel de la Cour Constitutionnelle. Le 8 décembre, une nouvelle contestation est prévue sur tout le territoire. Le dialogue est- il la solution ?  

« Les concepts pouvoir et opposition ne me paraissent pas être en phase aujourd’hui dans un pays aussi vulnérable et fragile que le Mali. Je parlerai plutôt du duo démocratie et bonne gouvernance », recadre Dr Abdoulaye Sall, Président du Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie au Mali (CRI 2002). Le climat entre l’opposition et le pouvoir depuis la présidentielle n’est pas à la camaraderie. La formation de nouvelles coalitions et les manifestations organisées illustrent les divergences entre acteurs de l’opposition et gouvernement. Certains d’entre eux, dont l’Honorable Oumar Mariko de Sadi, ne reconnaissent pas le pouvoir actuel. À cela s’ajoutent les dénonciations du projet de loi sur le découpage territorial et la prorogation du mandat des députés, que l’opposition a d’ailleurs largement votée. « Les différentes marches ne sont que les conséquences d’un déficit de communication. Théoriquement, le Président IBK a tendu la main, mais nous n’avons pas vu d’initiatives réelles visant à calmer la situation », souligne le Dr Brema Ely Dicko, chef du département sociologie – anthropologie de l’Université des Lettres et des sciences humaines de Bamako. Une réelle crise de confiance s’est installée entre ces deux catalyseurs de la démocratie. « Qu’ils comprennent que le Mali est dans une situation de fragilité territoriale et de vulnérabilité économique, sociale et culturelle. Il faut qu’ils s’entendent », estime Dr Abdoulaye Sall.

Premier pas

De plus en plus, une solution par le dialogue est prônée. « Si le Président IBK lui-même se rend compte qu’il n’est pas seulement Président de la République mais  aussi chef de l’État, et en tant que tel chef du pouvoir politique, il ne doit pas seulement tendre la main, mais la donner », estime Dr Abdoulaye Sall. «  La solution, c’est le dialogue, mais entre eux ils savent faire monter les enchères. C’est la même chose depuis 30 ans », affirme Dr Brema Ely Dicko. Mais qui pour la médiation ? « Malheureusement,  la société civile, qui devrait l’organiser, est politisée et les leaders religieux aussi. Peut-être faut-il voir avec la CEDEAO? », note le politologue Salia Samaké. « À part l’archevêque de Bamako, tous les religieux sont connotés », ajoute Dr Brema Ely Dicko.

Amadou Thiam : « Pour l’instant, nous sommes toujours dans l’opposition »

En pleine consultation pour la formation d’une coalition en vue des prochaines législatives, le Président du parti ADP – Maliba, Amadou Thiam, est très confiant dans l’issue du prochain rendez-vous électoral. A la tête du parti arrivé troisième à la dernière présidentielle, il affirme que ces législatives seront une confirmation de l’implantation de sa mouvance politique.

Vous aviez fait preuve de mutisme depuis la présidentielle. Était-ce pour mieux préparer les législatives ?

Oui, nous préparons les législatives. Nous ne sommes pas dans la logique d’un boycott quelconque. Nous prônons l’ouverture à d’éventuelles alliances. Ce sera comme toujours en fonction des réalités sur le terrain. Nous tablons sur le maximum de députés à l’Hémicycle, donc les alliances qui seront en mesure de nous donner cette garantie seront les bienvenues.

Ces législatives sont très importantes pour votre parti, après votre troisième place à la présidentielle…

Ces législatives seront une confirmation. Déjà, avec les alliances qui s’annoncent et les scores que nous avons fait par endroits, on nous donne favoris pour les législatives. Cela ne pourra être qu’une confirmation des scores que nous avons obtenus durant les dernières élections.

L’opposition vous accuse de ne pas l’avoir soutenue. Quel positionnement adopterez-vous à l’issue des législatives ?

Cette décision sera prise après les législatives. Pour l’instant, nous sommes toujours dans l’opposition politique. Ce n’est qu’après les législatives que nous pourrons parler d’opposition et de majorité. C’est à ce moment que cela va se dessiner. L’Assemblée nationale sera le lieu du débat et du positionnement majorité – opposition et dans deux mois il y aura certainement une reconfiguration de la scène politique malienne, même si cela dépendra aussi du nombre de députés que nous aurons. Quant au chef de file de l’opposition, ce sera le leader du groupe qui aura le maximum de députés au sortir des urnes.

Quelle analyse faites-vous du report des législatives ?

Plutôt du non report. Nous étions dans une logique d’un report de neuf mois. C’est ce que le Premier ministre avait dit à l’époque, c’était sa première proposition. Le temps selon lui, de faire les réformes et de créer des circonscriptions électorales dans les régions du nord. La Cour Constitutionnelle a débouté le Cadre de concertation des partis politiques en disant que les élections devaient se tenir avant fin décembre. Cela a eu pour effet de déconcentrer un peu les partis, qui avaient déjà renvoyé les élections à plus tard. Mais là nous n’avons pas le choix. Nous devons nous y mettre et consolider les acquis que nous avons pu asseoir lors de l’élection présidentielle.

Arrestation de Paul Ismaël Boro : La coalition « Restaurons l’espoir » s’indigne

Tiébilé Dramé, Directeur de campagne du candidat Soumaila Cissé a tenu  pour le compte de la coalition « Restaurons l’Espoir » ,lundi 27 août , un point de presse au Quartier Général de l’URD, consacré à « l’enlèvement » de Paul Ismaël Boro, vice-président du mouvement Mali Kanu  dont il exige la libération sans délai.

Interpelé dans la nuit du 26 au 27 août 2018 dans sa demeure à Koulouba, sur la route de Kati, Paul Ismaël Boro a été conduit par des hommes armés vers une destination inconnue, dans une prison secrète en dehors de Bamako,  à en croire Tiébilé Dramé. « Menotté, les yeux bandés  mis à genou dans son salon, toutes les chambres de sa maison ont été fouillés, à la recherche de soi-disant armes de guerre », révèle le « porte-parole du jour » de la coalition tout en précisant que le vice-président du Mouvement Mali Kanu est accusé d’avoir armé des manifestants lors de la marche de la coalition du samedi 25 août.

Qualifiant l’accusation de « ridicule » Tiébilé Dramé s’insurge contre ce qu’il désigne comme un « détournement de la sécurité d’Etat » devenu une « police politique » au service du pouvoir en place et affirme que ni la famille ni les amis du « disparu », encore moins le procureur anti-terroriste de la commune III ne savent ce qu’est devenu Paul Ismaël Boro                          

Tiébilé Dramé, après avoir rappelé d’autres cas antérieurs  d’ « enlèvements »  récents, notamment ceux des travailleurs de  Smart Media et du technicien monteur Abel Konan Kouassi, plaide pour une libération immédiate de Boro. « Nous ne laisserons pas fouler au pied nos libertés fondamentales conquises dans le sang » rappelle celui qui prend à témoin l’opinion nationale et internationale ainsi que les organisations de défense des droits Humains au Mali et en dehors.

Appel à une nouvelle mobilisation

La coalition ayant soutenu le candidat Soumaila Cissé ne compte pas baisser les bras devant les  « intimidations pour abandonner le seul combat qui vaille aujourd’hui, celui contre le détournement du vote des Maliens ». C’est pourquoi, elle appelle l’ensemble des Maliens à une nouvelle mobilisation nationale  le 1er septembre, à Bamako, à l’intérieur mais aussi à l’extérieur du pays. « Nous allons exercer une pression populaire, démocratique, pacifique et non violente sur les fraudeurs d’Etat, sur ceux qui se sont amusés à vouloir détourner le vote du peuple malien » prévient M. Dramé.

IBK veut placer la jeunesse au cœur de son second mandat

Réélu à la tête du pays pour un second mandat de cinq ans, IBK entend placer la jeunesse au cœur de son nouveau quinquennat. S’exprimant devant ses soutiens, après confirmation sans surprise de sa victoire par la Cour Constitutionnelle, le président a assuré prendre l’engagement de faire de son prochain mandat celui de la jeunesse. « Je sais ce que je vous dois. Je sais ce que ma génération vous doit. Je sais ce que ce pays vous doit » a-t-il martelé à plusieurs reprises. « Je consacrerai le principal de notre effort à votre épanouissement, en vous dotant des moyens nécessaires à votre formation, à votre émancipation, à votre réussite » ajoute-t-il. Affirmant avoir tiré de nombreux enseignements durant la présidentielle, il a appelé les acteurs politiques et la société civile à mener une réflexion profonde sur l’évolution des institutions pour améliorer le système démocratique. « Cette réflexion devra être conduite de manière large et inclusive, j’en serai le garant ».Dans cette toute première déclaration après sa réélection, le président s’est dit préoccupé par le problème écologique du pays, notamment la préservation du fleuve Niger, ce grand patrimoine en péril.

Main tendue                      

Alternant fermeté et message de paix durant son intervention, IBK s’est posé en rassembleur. Il a tendu la main au chef de file de l’opposition Soumaila Cissé, candidat malheureux à la présidentielle qui rejette les résultats de l’élection dénonçant une fraude. Ses partisans ont manifesté samedi dernier contre la réélection du président Keita. De nouvelles manifestations sont prévues après la fête de Tabaski. « Après la bataille électorale, il y a les retrouvailles » a tempéré IBK. « Pour bâtir un avenir de tous les possibles, le Mali doit pouvoir compter sur toutes ces filles et tous ces fils. Chacun aura sa place » assure-t-il.

 

Baba Dakono : « Les prémices d’une crise n’indiquent pas forcément sa matérialisation »

Alors que l’élection présidentielle approche, les tensions entre l’opposition et le gouvernement vont croissant. L’interdiction de la marche de la Coalition pour l’alternance et le changement et la volonté de l’État de faire respecter l’état d’urgence semble être les principaux points de discorde. Baba Dakono, chercheur à  l’antenne de Bamako de l’Institut d’étude de sécurité, analyse les risques de crise post-électorale.

Que pensez-vous des préparatifs de l’élection présidentielle du 29 juillet ?  

Le scrutin présidentiel de 2018 est envisagé dans un contexte particulier. Trois points méritent une attention particulière. D’abord la présence des agents électoraux et du matériel de vote sur l’ensemble du territoire n’est pas garantie. Les nouvelles cartes d’électeurs ne seront disponibles qu’en juin, laissant seulement quelques semaines au gouvernement pour leur distribution. Sans oublier qu’avec les premières pluies les routes sont impraticables dans de nombreuses localités, créant ainsi un défi logistique supplémentaire.

Ensuite, vu contexte sécuritaire, la présence effective des représentants de l’administration (préfets et sous-préfets), qui doivent organiser les opérations de vote, n’est pas assurée dans de nombreuses localités du nord et du centre. Ce qui va entraver le déroulement du scrutin. Il faut également ajouter qu’avec la relecture de la Loi électorale le gouvernement envisage de produire de nouvelles cartes biométriques pour remplacer les cartes Nina (numéro d’identification nationale), utilisées depuis 2013. Les nouvelles dispositions permettent, en cas de force majeure, l’utilisation de la carte Nina quand les nouvelles sont indisponibles. Si cette mesure tend à prévenir des difficultés logistiques, elle rappelle tout le défi opérationnel lié au scrutin du 29 juillet.

Enfin, le calendrier de cette élection correspond à une période où de nombreux électeurs, notamment en milieu rural, sont préoccupés par les activités agricoles et accordent peu d’importance à une élection. Ainsi, en plus des menaces sécuritaires, la mobilisation pourrait être très réduite.

C’est toute la difficulté d’organiser la présidentielle du 29 juillet qui soulève des inquiétudes sur la capacité des acteurs du processus électoral à surmonter les difficultés. Sans visibilité sur les actions menées et celles envisagées pour une élection acceptable par les parties prenantes, il est difficile d’éluder les hypothèques sur ce scrutin.

On entend parler de plus en plus de possibilité de crise post-électorale.  L’atmosphère tendue ne l’annonce-t-elle  pas déjà ?

Une crise électorale naît du concours de certaines circonstances, dont la méfiance entre les acteurs et l’instrumentalisation du contexte. Les violences liées aux élections peuvent intervenir avant, pendant ou après elles. L’inquiétude ne doit pas porter uniquement sur la période post-électorale, mais sur toutes les étapes du processus.

C’est dire que les prémices d’une telle crise existent depuis les débats autour de la révision constitutionnelle avortée de juin 2017, dans un contexte de tensions et d’escalade verbale. Actuellement, les clivages entre partisans du Président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, et opposants cristallisent l’attention, dans une atmosphère tendue. Les opposants sont convaincus que les attentes déçues des Maliens par l’actuel président offrent un terrain politique favorable à l’alternance. A contrario, le camp de l’actuel président, jugeant son bilan positif, estime pouvoir remporter l’élection en dépit de la situation décrite par l’opposition. Les récentes déclarations  de l’opposition, comme celles de la majorité, sur la probabilité d’une victoire dès le premier tour attestent du sentiment que chaque  camp entretient. Les récentes manifestations de l’opposition visent d’ailleurs à démontrer l’impopularité de l’actuel président.

Dans un contexte post électoral, si, en 2013, les résultats ont été acceptés sans heurts, il n’est pas évident que ce soit le cas cette année, tant certains candidats sont convaincus de leur victoire et déterminés à la faire accepter. Toutefois, les prémices d’une crise n’indiquent pas forcément sa matérialisation. Il est donc urgent de créer les conditions pour l’acceptation d’un scrutin imparfait et des résultats qui y découleront.

Est-ce que l’emploi par un grand nombre d’acteurs, nationaux comme internationaux  du terme de crise post-électorale, n’est pas un facteur de conditionnement du peuple malien ?

C’est possible, mais cela ne doit pas occulter les risques, qui sont réels. Nous sommes dans un contexte de fragilité et les conséquences d’une crise politique au Mali peuvent être désastreuses pour le pays et pour toute la région sahélienne.

Quelles sont les solutions  aujourd’hui pour éviter les risques ?

Le plus important est de pouvoir identifier tous les risques liés à ce processus électoral. Quand ils sont connus, il est plus facile de les contenir. Ensuite, il est utile de rappeler la nécessité d’un cadre de dialogue inclusif sur les conditions d’organisation du scrutin. Il existe un cadre de concertation gouvernement – partis politiques, mais cela fait deux mois que ce comité ne s’est pas réuni. La majorité et l’opposition s’en rejettent la faute. Il est important, voire primordial, qu’aujourd’hui ce cadre se réunisse et que le dialogue s’ouvre aux autres parties prenantes, comme la société civile et les groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation.

La certification des résultats de l’élection par l’ONU, demandée par l’opposition, n’est-elle pas aussi une  option pour éviter les contestations et les violences ?

Je pense que les Nations unies ont mis fin à ce débat en estimant que la situation ne s’y prêtait pas. 

La marche interdite de l’opposition violemment dispersée

La marche de l’opposition a été violemment dispersée ce samedi matin. Les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques afin  d’empêcher tout rassemblement.

En dépit de l’interdiction par le gouvernement, au motif de l’état d’urgence, l’opposition avait décidé de maintenir sa marche. Mais, les marcheurs n’ont pu se rendre sur l’itinéraire initialement prévu, à savoir de la place de la liberté à la bourse du travail. Le lieu de départ et le point de chute de la marche étaient quadrillés par un imposant dispositif de sécurité. Le moindre début d’attroupement était instamment dispersé. Les manifestants ont donc essayé de rejoindre le siège du parti ADP-Maliba, où s’étaient regroupés les leaders de l’opposition. Les nombreux tirs de gaz et les colonnes de fumées s’élevant au loin illustrent de la rudesse de l’offensive. Mais en dépit, de petites poches de résistance se sont formées. Installant eux aussi leurs barrières, des jeunes ont tenté de restreindre les mouvements des forces de l’ordre, en bloquant certaines artères. Elle n’aura que peu duré. Ayant subi l’offensive de la police, ils ont été contraint de fuir. Frustré, Ismaël, l’un des jeunes qualifie le régime du président IBK de « dictatorial ».

Ne s’en laissant pas compter pour autant, il a pu, comme certaines « fortes têtes » regagner les locaux de l’ADP-Maliba. Ils étaient une centaine, la plupart visiblement très éprouvés à attendre une déclaration des leaders de l’opposition. Soumaila Cissé, chef de l’opposition s’est dit outré par l’action du gouvernement, assurant à ses partisans une défaite du président IBK lors de la prochaine présidentielle. « C’est triste lorsque l’on va attaquer des gens jusqu’à chez eux, mais je suis fier de vous soyez tous là, en dépit de ce qui se passe, votre détermination est notre force, nous sommes prêts à donner nos vies pour le Mali » a t­-il affirmé, avant, avec d’autres chefs de partis, de prendre la direction de l’hôpital Gabriel Touré pour aller visiter des blessés, qui seraient une douzaine selon un bilan officieux.

Opposition malienne : Vers une candidature unique ?

Dans l’objectif d’une alternance en 2018, certains responsables des partis politiques de l’opposition annoncent une possible candidature commune lors du scrutin présidentiel à venir. Se coaliser pour déminer le chemin menant à Koulouba s’avère, même pour ces caciques de la scène politique, la seule alternative. Mais un tel pari aura-t-il raison des divergences de visions des acteurs concernés ?

Rupture, alternance, changement. Le vocabulaire est en vogue. Des personnalités, au sein de l’opposition, s’expriment à plaider pour une alliance autour d’une candidature commune contre le Président de la République actuel en 2018. Le 23 octobre, à l’occasion d’une conférence de presse, le chef de file de l’opposition avait annoncé que les partis politiques « se coaliseront en 2018 pour faire barrage à IBK ». L’honorable Soumaila Cissé croit à l’initiative, estimant que, pour la survie du Mali, l’alternance est une nécessité. Face au « gâchis immense » de l’élection d’IBK en 2013, le Président du Parena, dans un récent entretien accordé à RFI, réitère l’appel. « Je suggère le plus large rassemblement possible de toutes les forces du pays autour d’un projet », a affirmé Tiébilé Dramé. Le projet trouve aussi écho auprès du Président de l’ADP – Maliba, l’honorable Amadou Thiam. Ce jeune, en pleine ascension politique, plaide aussi pour une union sacrée des « formations politiques contre IBK ». Le Président d’honneur de son parti, Aliou Boubacar Diallo, s’y était déclaré lui aussi favorable. Pour le Président du groupe Vigilance Républicaine Démocratique (VRD) au Parlement, Mody N’Diaye, au-delà de l’opposition actuelle, il y a nombre de mouvements qui souhaitent l’alternance. « L’idéal serait de porter ensemble une candidature unique », espère-t-il, soulignant que la dynamique existe en marche. Avec 13 partis, l’opposition mise surtout sur les « déçus de la gouvernance », sans sous-estimer les 64 partis membres de la Coalition de la majorité présidentielle.

Des raisons de douter ?

« Une chose est claire, nous ne sommes pas d’accord avec IBK », précise l’honorable Oumar Mariko, Président de SADI. Si les leaders de l’opposition et d’autres s’accordent sur l’alternance, ils sont divisés dans leurs visions. Qui fera l’unanimité autour de lui pour porter cette candidature ? Si Mody N’Diaye de l’URD « ne le sait pas » pour l’heure, Oumar Mariko estime que « SADI est le seul capable de mener une politique alternative aujourd’hui », au vu de sa trajectoire. De même, rien n’indique que l’ex général Moussa Sinko Coulibaly, les CDR de Ras Bath ou les FARE Anka-Wili de Modibo Sidibé s’aligneraient derrière « un homme providentiel ».

 Chef de file de l’opposition : et maintenant la démonstration ?

Deux ans après l’adoption de la loi portant statut du chef de file de l’opposition par une écrasante majorité des députés, Soumaïla Cissé est entré en possession des moyens nécessaires à sa charge. Dans ses nouveaux locaux, entouré d’une équipe composée par ses soins, le patron de l’opposition a désormais la tâche de convaincre par l’action les Maliens qui s’interrogent encore sur le contenu de cette fonction inédite. Avec des avantages identiques à ceux du premier vice-président de l’Assemblée nationale, nombreux sont ceux qui pensent en effet que le « pactole » alloué à l’honorable Cissé est un cadeau empoisonné. Le chef de file, et l’opposition avec lui, va-t-il avoir les coudées franches pour jouer son rôle de critique et de contre-proposition au pouvoir ?

C’est au Quartier Mali à environ 50 mètres du siège national de son parti, l’Union pour la république et la démocratie (URD), que Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition, a installé le personnel de son cabinet dans un immeuble flambant neuf de trois étages, au bord du goudron. Composé de plusieurs bureaux, l’immeuble a été équipé de matériels et infrastructures dernier cri afin de permettre au personnel de travailler dans les meilleures conditions. Le tout financé par le budget de fonctionnement alloué par le gouvernement, conformément à la loi portant statut du chef de file de l’opposition. Ses quinze collaborateurs sont issus de différentes formations politiques, telles que le PARENA, le PDES ou encore PRVM Fassoko.

Ce statut officiel date déjà de deux ans, et le fait bénéficier des mêmes avantages et prérogatives que le premier vice-président de l’Assemblée nationale. Une première au Mali qui, logiquement, devrait permettre à Soumaïla Cissé, désigné en mars 2015 par son parti, principale formation de l’opposition, d’animer cette dernière et de faire en sorte qu’elle puisse suivre l’action gouvernementale et par-là aider à asseoir la démocratie dans tous ses fondements. « Nous avons besoin d’une opposition forte et responsable (…) », déclarait Soumaïla Cissé à Journal du Mali, lors d’une interview en avril dernier. Investi d’une véritable mission de service public, il est donc depuis 2015 en charge d’animer la vie politique du pays et d’être le porte-parole de l’opposition face à la majorité au pouvoir menée par le Rassemblement pour le Mali, parti du président Ibrahim Boubacar Keïta. Et ce jusqu’à la tenue de l’élection présidentielle en 2018. « On ne l’a pas beaucoup vu ni entendu depuis, et à chaque fois qu’on le critiquait pour cela, il arguait de l’absence de moyens pour accomplir sa mission. À présent, nous attendons de le voir à l’œuvre », assure Abdoulaye, juriste.

Casquette à double tranchant. « Je n’accepterai pas d’être muselé parce qu’il y a un décret qui dit qu’il va nous donner des avantages », assurait encore Soumaïla Cissé dans nos colonnes. Financé à hauteur de 500 millions de francs CFA sur le budget national, le cabinet du chef de file de l’opposition est en effet attendu au tournant par  les pourfendeurs de cette « innovation démocratique ». Au nombre desquels, certains chefs de partis, notamment d’opposition. C’est le cas d’Oumar Mariko du parti SADI, et député élu à Kolondièba. Il estime que le budget est alloué à la personne du chef de l’opposition et non à « l’opposition elle-même ». Et d’ajouter que c’est « un partage de gâteau entre Soumaïla Cissé et son excellence Ibrahim Boubacar Keïta, dans le seul but de le faire taire ». Souleymane Tiéfolo Koné, premier vice-président des FARE Anka Wuli (Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence) est encore plus radical, puisqu’il conteste l’existence même du statut de chef de file de l’opposition qui est pour lui « une plaisanterie ».

Doter de ses pouvoirs et de ses moyens par l’État, Soumaïla Cissé pourra-t-il travailler de manière indépendante ? L’opposition n’est-elle pas tombée dans un piège visant à mieux la contrôler, voire la museler ? Autant de questions qu’Ibrahima Ndiaye, dit « Iba », ancien ministre et actuellement directeur de cabinet du chef de fil de l’opposition, qualifie de normales. « C’est une première au Mali et nous comprenons ces réactions. Les partis politiques et la presse sont financés chaque année par l’État. Cela n’empêche pourtant pas ces entités d’être libres », assure-t-il.  Moussa MARA, président du parti Yelema, se veut lui aussi clair : « l’aide au chef de l’opposition n’est pas destinée à l’acheter mais à lui donner les moyens de s’opposer justement avec plus d’informations, plus de forces, plus de moyens et plus de capacités ».

Soumaïla Cissé est donc désormais considéré comme l’interlocuteur privilégié du pouvoir exécutif, et lui qui s’est régulièrement plaint d’être ostracisé par l’ORTM, est censé avoir un accès libre et équitable aux médias d’État et peut profiter d’avantages spécifiques. Il peut aussi demander à être reçu ou convoqué par le président de la République et le Premier ministre, qui pourront également le consulter sur les actions et décisions engageant l’État. L’élu de Niafunké ne pourra pas non plus être poursuivi en raison d’opinions qu’il sera amené à exprimer dans le cadre de ses fonctions. Pour Hamadou Maïga, membre de la société civile, l’instauration d’un statut de chef de file de l’opposition est un gain pour la démocratie malienne. Il est bien l’un des rares acteurs de la société civile malienne, censée contrôler l’action politique, à s’exprimer sur le sujet. Elle semble, pour le moment du  moins, plutôt atone sur cette question.

La crainte du « consensus ». Le cabinet du chef de l’opposition n’a pas encore défini un plan d’action pour les mois à venir. C’est du moins ce qu’explique son directeur. « Nous venons d’emménager. L’équipe va se concentrer incessamment sur la question ». Ne connaissant pas encore les axes de travail de la « maison opposition », les supputations vont bon train. Et en particulier celle qui annonce des tractations pour un partage de pouvoir entre majorité et opposition, voire la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Scénario qui donnerait raison à ceux qui parlent de partage de gâteau et appréhendent un « consensus à la malienne », comme ce fut le cas sous Amadou Toumani Touré (ATT), ancien président de la République. « Cela ne relève pas du cabinet », explique Djigui Diabaté, chargé de mission au cabinet. Et pour Madani Traoré, secrétaire général de l’Union pour la république et la démocratie (URD), la question n’a « jamais été évoquée au sein du parti ». Du côté du PARENA, autre parti de l’opposition, le propos est le même, « ce n’est pas à l’ordre du jour. Pour l’instant ce n’est que pure spéculation », affirme Djiguiba Keïta dit PPR, lui aussi secrétaire général de son mouvement. Sur cette question, les partis de l’opposition semblent parler pour l’instant d’une même voix. Est-ce pour autant que l’on doive exclure cette éventualité ? Non, répondent des observateurs de la scène politique malienne, que confortent les réunions de plus en plus fréquentes entre leaders de la majorité et de l’opposition. Moussa Mara, dont le parti appartient à la majorité, estime quand à lui que le statut actuel du chef de file de l’opposition « n’a rien à voir avec un gouvernement d’union nationale, qui obéit à une logique politique de partage de pouvoir ».

Quoiqu’il en soit, les Maliens ont le regard fixé sur le chef de file qui possède désormais les moyens si longtemps attendus. Après avoir perdu deux années depuis sa désignation pour ce poste, c’est à présent le temps de la démonstration par l’action, et surtout le temps de confondre les sceptiques qui ne croient pas encore en cette innovation dans la démocratie malienne.

 

 

 

Echiquier politique : un front électoral est né

Le Mali s’achemine allègrement vers les élections de 2018. Dans les états-majors politiques, l’on affûte les armes. Les alliances naissent de toutes parts. C’est ainsi qu’on a assisté, le lundi 27 février, à la Maison des Ainés, à la formation d’un nouveau pôle politique de gauche au sein de l’opposition malienne, qui s’annonce comme un levier électoral au service de Modibo Sidibé.

Ils sont cinq formations politiques dont les responsables avaient disparus des radars, à se retrouver pour signer l’acte de naissance d’un nouveau regroupement politique dénommé Nouveau pôle politique de la gauche républicaine et démocratique (NPP), cela, après plus de deux ans de discussions entre les partis concernés. Amadou Tiéman SANGARE a apposé sa signature au nom de l’UPD, Daba Diawara pour le Parti de l’indépendance, de la démocratie et de la solidarité (PIDS), Modibo Sidibé junior pour le PRDDM, Moussa Sissoko pour le Front Uni pour l’Alternance et le Changement (FUAC) et enfin Modibo SIDIBE pour les FARE-Anka-Wuli.

La principale raison de la naissance de ce nouveau groupement politique est selon ses initiateurs de défendre les idéologies des pères fondateurs de la nation malienne qui ont toujours voulu que le Mali soit un pays indépendant et souverain. « Notre objectif est de faire de notre un véritable exemple de démocratie avec des vraies élections et où l’État de Droit et la justice s’applique à tous », explique Daba Diawara, Président du parti de l’Indépendance de la Démocratie et de la Solidarité (PIDS). Pour les leaders du NPP, il faut harmoniser les positions politiques des partis politiques, mouvances, regroupements, et associations signataires sur toutes les questions touchant la vie de la nation et dégager ensemble des positions communes face aux défis se présentant au niveau sous régional, africain et mondial.

Mais au-delà de cette profession de foi de ces leaders, beaucoup voient dans ce regroupement une récupération politique de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, président des FARE AN KA Wuli, de plus en plus isolé au sein de l’opposition républicaine dirigée par Soumaila Cissé. «Le leader des FARE, est dans la perspective de l’élection présidentielle de 2018. Comme le courant ne passe pas beaucoup entre son parti et les autres formations de l’opposition, il cherche à occuper le terrain », explique Dr Harouna Diallo, analyste politique.

Le nouveau regroupement aura-t-il les moyens de sa politique ? Pourra-t-il se rassembler autour d’une candidature unique pour barrer la route à IBK en 2018 ?  Seuls, Modibo Sidibé et ses camarades du NPP sont à mesure de répondre à ces questionnements. Pour l’instant, ce front ne semble pas constituer une véritable menace pour la mouvance présidentielle car ses composantes ne font pas trop le poids face à la convention de la majorité présidentielle.

RDC : Kabila ne bouge pas

En RDC, c’est le temps des incertitudes. Personne ne sait ce qu’il adviendra demain. Malgré la fin de son mandat, Kabila, au pouvoir depuis 2001, s’accroche à son siège. La frange de l’opposition dirigée par Etienne Tshisekedi, appelle le peuple à ne plus le reconnaître. La RDC, ce n’est rien de le dire, commence à partir à la dérive.

En RDC, voilà deux jours que le mandat de Joseph Kabila a pris fin du moins théoriquement. Mais il reste en poste sur la base d’un accord politique conclu avec une frange de l’opposition. Dans la capitale Kinshasa, la situation reste critique. Dans la nuit du lundi 19 décembre, il a annoncé un nouveau gouvernement alors, que les négociations engagées par l’église épiscopale entre la majorité présidentielle et la frange de l’opposition ayant boycotté le dialogue politique, se poursuit. D’ailleurs, le nouveau Premier ministre, Samy Badibanga, est un transfuge de l’UDPS, fer de lance de la coalition anti-Kabila, le Rassemblement démocratique dirigé par l’opposant historique Etienne Tshisekedi.

A 84 ans, celui que l’on surnomme « Monsieur Non », Etienne Tshisekedi, a appelé, dans une vidéo postée sur YouTube le lundi dans la nuit, le peuple congolais à ne plus reconnaître Kabila comme président de la RDC. « Je lance un appel solennel d’abord au peuple congolais à ne pas reconnaître l’autorité qui reste illégale et illégitime de Joseph Kabila et à résister pacifiquement au coup d’État qui est ainsi accompli avec la bénédiction de la Cour constitutionnelle », a-t-il déclaré. Il a aussi demandé « aux partenaires extérieurs ainsi qu’à l’ensemble de la communauté internationale, à ne plus traiter avec Joseph Kabila au nom de la RDC ». Ce mardi matin, des tirs ont été entendus à Lubumbashi, fief de l’opposant Moïse Katumbi. Selon l’ONU, hier mardi 20 décembre, 20 civils auraient été tués dans la capitale, Kinshasa, dans les accrochages entre les manifestants et les forces de l’ordre. Mais le bilan du gouvernement fait état de neuf morts dont un policier.

La formation d’un gouvernement pendant que les négociations se poursuivent avec le Rassemblement de l’opposition, est pour beaucoup d’observateurs, le signe que Kabila veut passer en force. Etant donné que la position du camp de Tshisekedi est « tout sauf Kabila », tout en exigeant l’organisation des élections en 2017 et non en 2018 comme le prévoit l’accord issu du dialogue politique national inclusif. « Comme je l’ai dit, il faut organiser une élection en 2017. Là, je suis d’accord avec l’UDPS. Mais de manière générale, je ne suis pas sur la même ligne, l’UDPS a oublié quel était l’objectif d’un parti politique en général. Elle s’est enfermée dans une espèce d’opposition ontologique…Le but du parti n’est plus de conquérir le pouvoir, mais de faire opposition et je trouve cela contre-productif.

Pourquoi avoir boycotté les élections en 2006 quand ils avaient vraiment une chance, et avoir accepté d’y participer en 2011 quand en réalité pour ces dernières, le jeu était pour le coup vraiment biaisé ? On peut se poser ces questions sur la stratégie de l’UDPS… », expliquait au Journal du Mali, il y a une semaine, Serge Katembera, chercheur en sociologie politique et doctorant à l’Université de Paraïba (Brésil).  Encore plus important, l’analyste politique congolais estime, sur sa page Facebook, qu’il n’y a aucune « cohérence à réclamer le départ de Kabila aujourd’hui (2016) quand en 2011, on (l’opposition) a accepté son élection de manière anticonstitutionnelle. » En effet, en 2011, Joseph Kabila a remportée les élections émaillées de fraudes massives et de violences qui ont fait de nombreux morts.

 

La liste des ministres et vice-ministres d’Etat du gouvernement de Samy Badibanga

Vice-premiers ministres :

1.Affaires Etrangères et Intégration régionale : She Okitundu

2.Intérieur : Emmanuel Ramazani Shadari

3.Transport et Voies de communication : José Makila

Ministres d’Etat

1.Justice et Garde des sceaux : Alexis Thambwe Mwamba :

2.Budget : Kangudia Mbayi Pierre

3.Economie nationale : Bahati Lukwebo :

4.Plan : Jean Lucien Bussa

5.Emploi, Travail et prévoyance sociale : Lambert Matuku

6.Décentralisation et Réforme institutionnelle : Azarias Rubrewa

7.Fonction publique : Michel Bongongo Ikoli

Ministres

1.Défense nationale, anciens combattant et Réinsertion : Crispin Atama Tabe

2.Finances : Henri Yav Mulang

3.Communication et médias : Lambert Mende

4.Postes, télécommunication et NTIC : Ami Ambatombe Nyongolo

5.Portefeuille : Non communiqué

6.Relation avec le Parlement : Non communiqué

7.Affaires foncières : Non communiqué

8.Infrastructures, Travaux publics et reconstruction : Non communiqué

9.Urbanisme et Habitat : Non communiqué

10.Mines : Martin Kabwelulu

11.Hydrocarbures : Aimé Ngoy Mukena

12.Industrie : Marcel Ilunga Lehu

13.Energie et ressources hydrauliques : Pierre Anatole Matusila

14.Tourisme : André Moke Sanza

15.Petites et moyennes entreprises : Eugène Serufuli Ngayabaseka

16.Coopération au développement : Clément Kanku Bukasa

17.Commerce extérieur : Boji Sangara Bamanyirue Aimé

18.Agriculture: Patrick Mayombe Mumbioko

19.EPSP: Gaston Musemena

20.Genre, enfant et famille : Marie Louise Mwange

21.Affaire sociales, solidarité et action humanitaires : Paluku Kisaka Yereyere

22.Sports : Willy Bakonga

23.Environnement et développement durable : Atis Kabongo Kalonji

24.Enseignement supérieur universitaire : Steves Mbikayi Mabuluki

25.Formation professionnelle, métiers et Artisanats : Guy Mikulu Pombo

26.Recherche scientifique : Bamboka Lobendi

27.Développement Rural : Martine Ntumba Bukasa

28.Droits Humains : Marie Ange Mushobueka

29.Santé : Holly Ilunga Kalonga

30.Jeunesse et Initiation à la nouvelle citoyenneté : Maguy Kiala Bolenga

31.Pêche et élevage : Jean Marie Bulambo Kilosho

32.Affaires coutumières : Venant Tshipasa Vangi

33.Cultures et Arts : Sylvain Maurice Masheke

34.Ministre Délégué auprès du Premier ministre : Fidèle Ntingu Bayi.

Vice-ministres :

1.Affaires Étrangères : Yves kisombe

2.Congolais de l’étranger : Emmanuel Ilunga Kasongo

3.Intérieur : Basile Olongo

4.Transports et voies de communication : Samy Adubango.

5.Justice: Kiove kola Edouard

6.Budget: Willy Ngoposs Sunzel

7.Environnement : Agée Matembo

8.Plan : Franck Mwedi Apenela

9.Travail et prévoyance sociale : Arthur Sedea

10.Décentralisation et réforme institutionnelle : Montana Mpuku Autaine

11.Défense nationale : Corneille Maswaswa.

12.Finances : Tharcisse Loseke Nembalemba

13.Télécommunications et Nouvelles technologies de l’Information et de la communication : Isidore Omari Kampene

14.Portefeuille : Omer Egbake Yangembe

15.Infrastructures : Papy Matenzolo

16.Urbanisme : Zachée Rugabisha

17.Énergie et ressources hydrauliques : Willy Mishiki

18.Coopération au développement : John Kwete

19.Commerce extérieur: Nathalie Mbul

20.Agriculture : Noël Botakile

21.Économie : Bishumu Akupendayi

22.Enseignement Supérieur et universitaire : Christophe Mboso Nkodia

23.Santé : Maguy Rwakabuba.

RDC, les négociations de la dernière chance

L’église épiscopale a réuni le pouvoir et une frange de l’opposition anti-Kabila autour de la table des négociations pour trouver un accord sur le maintien du président Kabila dont le mandat prend fin le 20 décembre prochain, mais qui a réussi faire glisser cet échéance. L’église doit trouver un accord d’ici mardi 14 décembre entre les deux camps antagonistes, sous peine de voir la République démocratique du Congo replonger dans la violence

Hier, jeudi 8 décembre, des négociations ont démarré en République démocratique du Congo, entre majorité présidentielle et une partie de l’opposition qui n’a pas adhéré à l’accord politique permettant un « glissement » du mandat du Président Joseph Kabila. Ayant échoué à modifier la Constitution qui lui interdit de briguer un nouveau mandat, Kabila a toutefois réussi à « faire glisser » son mandat à l’issue du « dialogue national politique inclusif » avec une frange de l’opposition. Auparavant, la Cour constitutionnelle avait rendu un arrêt, en mai dernier, stipulant qu’il pourra rester en fonction jusqu’à la prestation de serment d’un nouveau président.

Mais c’était sans compter le Rassemblement de l’opposition, un regroupement politique rangé derrière Etienne Tshisekedi. Ces derniers mois, les deux camps se regardaient en chiens de faïence. Ainsi, le 19 septembre dernier, la manifestation de l’opposition, pour réclamer le départ de Joseph Kabila  à la fin de son mandat, a mal tourné. Elle a été dispersée par la police, donnant ainsi lieu à des affrontements violents dans les quartiers de Kinshasa. Ce qui a amené les autorités kinoises à interdire tout rassemblement.

Les négociations de la dernière chance qui ont démarré hier soir pour trouver une sortie de crise, sont une sorte de processus de rapprochement enclenché par l’Eglise épiscopale. Dans son discours, le président de l’église, Mgr Utembi, a estimé que «les exigences rigides devront céder à la concession et au compromis ». Il reste que la tâche s’avère ardue, d’autant que pour la majorité présidentielle, il s’agira d’amener l’opposition à adhérer à l’accord qui prévoit le maintien de Joseph Kabila jusqu’aux élections prochaines. Alors que le Rassemblement anti-Kabila réunit autour de l’opposant historique Etienne Tshissekedi, privilégie l’instauration d’un « régime spécial » après le 20 décembre, date à laquelle prend officiellement fin le mandat de Joseph Kabila. Tshissekedi est ses alliés exigent la tenue des élections fin 2017. L’ église parviendra-t-elle à trouver un accord d’ici le 14 décembre ? Cette question reste pour le moment sans réponse, même si l’urgence de parvenir à un consensus avant la fin du mandat de Kabila, le 19 décembre, s’impose.

Mali : l’opposition a battu le pavé contre la gouvernance actuelle

Des milliers de manifestants ont envahi la rue de Bamako pour dire non aux dérives du gouvernement et à la mauvaise gouvernance.

Annoncée en grande pompe, la marche de l’opposition a mobilisé des milliers de manifestants de la Place de la Liberté au Boulevard de l’indépendance, samedi 21 mai 2016. Ils étaient 50 000 Maliens à battre le pavé selon les organisateurs et seulement un millier selon les sources gouvernementale. La manifestation a démarré vers 09 heures sous la direction des chefs de file de l’opposition : l’honorable Soumaila Cissé, de l’URD, Tiebilé Dramé du PARENA, Sadou Diallo du PDES, Daba Diawara du PIDS et Djibril Tangara du FCD.

Cette marche était renforcée par la participation de centaines d’associations comme ‘’Ras-le-bol’’, ‘’An Ta Yafa’’, ‘’An Toro la’’, pas moins de 300 associations avaient répondu à l’appel. Les marcheurs ont quitté la Place de la liberté, en passant par la place de l’OHVN pour rallier le Boulevard de l’indépendance. Tout au long de leur itinéraire, ils ont dénoncé les maux qui minent le quotidien des Maliens, comme « la vie chère », « la corruption généralisée », « la mauvaise gouvernance», « la pénurie d’eau et les coupures d’électricité », « les surfacturations », « l’insécurité », etc. Sur les banderoles, on pouvait aussi lire « Halte à la dilapidation des ressources publiques, non aux autorités intérimaires ».

Au cours de la marche, nombre de manifestants exprimaient leur désaveu de la gouvernance actuelle, « le Mali est devenu la boîte privée du Président IBK et de sa famille avec la bénédiction de certains partis dits de la majorité ». « Ça suffit. Nous marchons pour dénoncer ces malversations financières », ont martelé certains opposants marcheurs.

Un jeune du mouvement « Ras-le-bol », enchaînait : « On en a marre d’un régime qui a montré ses limites dans la gestion du pouvoir ». Au bout d’une vingtaine de minutes de marche, Tiebilé Dramé, Président du PARENA a pris la parole pour dénoncer les dérives du pouvoir : « Cette marche n’est pas une marche de l’opposition, mais une marche du Mali. C’est une marche pour le retour du Président Amadou Toumani Touré. Les 33 mois de pouvoir d’IBK sont émaillés de scandales. C’est cet immobilisme qui a conduit l’opposition à la marche ».

Sur le haut de la tribune du Boulevard de l’indépendance, en face des milliers de marcheurs, le chef de file de l’opposition a pris à témoin les Maliens. « Nous sommes là parce que ça ne va pas ! Et pourtant nous avons alerté ! Sans cesse alerté ! Oui nous avons toujours dénoncé toutes les dérives qui caractérisent la gouvernance de notre pays ! Et pour toute réponse nous avons eu le mépris des autorités et la diffamation publique. Nous avons été traités d’apatrides, de « hassidi » ! Or, notre peuple n’aspire qu’à la paix, à la quiétude dans la solidarité et le partage », a tancé Soumaila Cissé.

Poursuivant son intervention, le chef de l’URD a déclaré que cette marche était la réaction du peuple malien face aux souffrances et au désespoir : « Le cri du peuple est notre cri à tous et c’est ensemble que nous devons désormais nous engager au chevet de notre pays pour le bien-être des populations, au-delà de tous les clivages politiques. Le temps est venu de sortir de l’immobilisme actuel et redonner espoir à nos populations. Les Maliens attendent un État fort, un État solide, stable et juste, un État stratège, capable de donner une direction au pays…»

Et l’honorable Soumaila Cissé d’inviter le public à « Dire non à la mauvaise gestion de la question du Nord, à la mauvaise gouvernance, à la corruption généralisée, à la dilapidation de nos maigres ressources, à l’arrogance et au mépris, à l’absence de dialogue social…».

Cette démonstration de force de l’opposition, visant le régime actuel, à assis, par cette mobilisation populaire, la légitimité réelle des opposants à la gouvernance actuelle, et permettra d’en apprécier l’ampleur et l’éfficacité lors des prochaines échéances électorales.

21 mai : Une date, deux évènements

Bamako sera éminemment politique le samedi 21 mai prochain. Deux grandes manifestations sont en effet prévues ce jour-là. Avec des questionnements sur cette « coïncidence » de calendrier…

Décidée à crier son rejet de la politique menée par le pouvoir, l’opposition sera finalement dans la rue ce 21 mai. Elle avait dû reporter la manifestation, initialement prévue le 23 avril, suite à la maladie du président de la République. Quelques heures plus tard, ce même 21 mai, aura lieu le meeting pour la paix et la réconciliation, organisé par la société civile et certains partis politiques. Les deux commissions d’organisation sont à pied d’œuvre, malgré le fait que ces évènements soient au cœur d’une polémique qui n’en finit pas d’enfler.

Évènements contradictoires ? C’est en tout cas ce que prétendent les pourfendeurs de l’opposition, à l’image du député RPM Yacouba Traoré, qui affirmait le week-end dernier que « la marche n’est pas l’action indiquée ». Un argument que les organisateurs de l’opposition balaient en rappelant que le Mali est un pays où chacun a le droit de faire entendre sa voix. Même si certains, à l’image des partis PS Yelen Coura et PRVM Fasoko se sont déjà désolidarisés de la marche de protestation, pas question donc de faire marche arrière.

Or, parmi les organisateurs du meeting de l’après-midi se retrouvent certains acteurs de la manifestation de protestation. Faudra-t-il choisir ? Oui, assurent certains militants de l’opposition pour qui le meeting est organisé à la même date pour tuer la marche de l’opposition. « Nous ne renoncerons pas à cette marche, même si la majorité ramène Amadou Toumani Touré. Nous marcherons pour dénoncer les dérives du pouvoir et non pour faire plaisir à quelqu’un », déclare une jeune leader de l’opposition. Pour le PDES, rien n’empêche de prendre part aux deux activités. « Le retour d’ATT c’est notre priorité. Nous participerons à la marche, car nous sommes un parti de l’opposition. Je pense que nous aurons des retombés politiques de ces deux événements», affirme Nouhoun Togo, chargé de la communication du PDES.

À quelques heures des deux manifestations, les rumeurs vont bon train et augmentent la tension  entre les deux « camps ». On évoque même une troisième manifestation, qui aurait lieu au même moment que la marche de protestation, cette fois-ci dans le but avoué d’y faire barrage. Toute chose qui pousse à s’inquiéter d’éventuels débordements samedi prochain. Du côté de l’URD, tête de file de la contestation, on se veut rassurant : « toutes les mesures sont prises pour faire face ». Des centaines de jeunes devraient être déployés en plus du dispositif policier habituel…

Autorités intérimaires : où est le piège ?

Mais pour le gouvernement et les groupes signataires de l’accord de paix, il s’agit d’une avancée dans la mise en œuvre de celui-ci. Malgré le battage médiatique autour de la question, peu de Maliens reconnaissent avoir compris les enjeux de cette nouvelle mesure. « Je ne comprend rien à  cette histoire. Il y a tellement d’informations que l’on s’y perd ! » Fousseyni Sidibé, employé de bureau, résume le point de vue de nombre de Maliens sur la question des autorités intérimaires. « Pourtant C’’est très simple », rétorque le secrétaire général du ministère de la Décentralisation et de la Réforme de l’à‰tat (MDRE), département principalement en charge du dossier. « l’Accord de paix prévoit d’améliorer la gouvernance des collectivités et de permettre, en attendant que des autorités légales ne soient installées, la mise en place d’autorités intérimaires, en charge, avec le représentant de l’à‰tat dans la zone concernée, de relancer le fonctionnement administratif, la fourniture des services sociaux aux populations, mais aussi de préparer de nouvelles élections », explique Adama Sissouma. La controverse provient, selon lui, d’un déficit d’information et de communication afin que l’opinion publique comprennne mieux la chose. « Auparavant, il y avait des délégations spéciales. Mais elles étaient limitées, tant par leur composition que par leur mandat. La modification du texte permet de corriger cela », poursuit-il. Arguments contre arguments l’opposition, unanime dans son refus d’accepter le nouveau texte, a tenu avant son passage à  l’Assemblé nationale, à  alerter l’opinion sur les risques qu’il fait courir, selon elle, à  l’intégrité territoriale du Mali. Djiguiba Kéà¯ta, dit PPR, secrétaire général du PARENA, s’insurgeait au lendemain du vote de la loi le 31 mars, contre « le manque de lucidité de la majorité suiviste qui veut nous amener à  la partition du pays ». En gros, comme le résume le chef de file de l’opposition, Soumaà¯la Cissé, « on va enlever les élus de certaines localités pour les remplacer par les gens désignés par la CMA », situation qui pourrait amener des tensions, voire une reprise des hostilités dans les localités concernées o๠l’à‰tat est absent depuis plus de quatre ans. C’’est justement ce dernier argument que le ministre de la Décentralisation, Mohamed Ag Erlaf, a utilisé lors d’une interview accordée à  l’Essor, pour expliquer le bien-fondé de cette mesure. « l’autorité intérimaire aura les attributions du conseil dans tous les domaines, sauf celui de contracter des emprunts, de recruter de nouveaux personnels et de prendre des engagements financiers qui ne sont pas inscrits dans le budget de la commune », explique le ministre pour qui, en plus d’entrer dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord d’Alger, les nouvelles dispositions confortent le processus de décentralisation dans lequel le Mali s’est lancé depuis 20 ans et qui fait actuellement l’objet de réformes. Il assure que les préoccupations de l’opposition ont bel et bien été prises en compte puisque contrairement à  sa première mouture, le texte adopté a élargi la possibilité d’installation d’autorités intérimaires à  toutes les collectivités du Mali, et non plus uniquement à  celles des régions du Nord. Les groupes armés ont affirmé leur adhésion et les tractations sont en cours pour l’effectivité de cette mesure, qui a été saluée ce 5 avril par Hervé Ladsous, secrétaire général adjoint de l’ONU en charge des opérations de maintien de la paix, lors de la présentation à  l’Assemblée générale des Nations unies du rapport de Ban Ki-Moon sur la situation au Mali. Lire entre les lignes ? On est donc tenté de se demander pourquoi cette polémique, qui traduit une certaine inquiétude, ne s’estompe pas malgré toutes les explications. Pour le sociologue et spécialiste du nord du Mali, Naffet Kéà¯ta, « l’annexe 1 de l’Accord de paix, qui porte sur les réformes institutionnelles et politiques, n’indique pas que ces autorités intérimaires doivent jouer le rôle des conseils communaux », ajoutant qu’il est plutôt question d’associer les différentes composantes des communautés à  la gestion, en les incluant par exemple dans un conseil existant. « Leur donner prérogatives de Conseil, C’’est sortir de l’accord », conclut-il. « Au sein de la CMA comme de la Plateforme, la guerre de positionnement a déjà  commencé. Des noms circulent et chaque mouvement entend bien s’assurer une présence confortable au sein de ces instances qui devront diriger les collectivités de Kidal », explique un habitant de la ville. « Même les chefs traditionnels, les religieux, tout le monde est en ébullition ici » poursuit-il. Le Forum, qui s’y est déroulé du 28 au 31 mars devait d’ailleurs sceller les ententes autour du partage du pouvoir de l’accord d’Anéfis. Mais le fait que la CMA s’y soit finalement retrouvée seule, et qu’elle discute désormais avec Bamako pour la mise en place des autorités, n’est pas un bon présage, selon l’analyse de Naffet Kéà¯ta, qui estime que « s’ils ne se sentent plus liés par l’accord d’Anéfis, ce n’est pas une bonne chose pour le processus de paix ». La CMA a en effet posé comme condition à  la tenue d’un nouveau forum avec la Plateforme et le gouvernement, l’installation des autorités intérimaires. On se demande donc comment va se faire la désignation des membres de ces instances, et surtout comment va se passer la cohabitation entre les différentes composantes… Existe-t-il un risque de voir les groupes armés, finalement mettre en œuvre l’accord d’Anéfis et exercer un pouvoir exclusif sur les collectivités concernées, mettant en minorité les représentants de l’à‰tat ? Cette inquiétude est elle aussi balayée par le ministère de la Décentralisation, o๠on estime que « l’accord de paix et le code modifié encadrent bien les prérogatives et que l’objectif de la mise en place de ces collèges transitoires est justement de réinstaller, de manière durable et participative, l’à‰tat dans les zones o๠il est absent ». La durée extensible du mandat de ces autorités est également sujet à  questions, le texte stipulant que le collège intérimaire « restera en place tant que les circonstances l’exigent, jusqu’à  l’installation des nouveaux conseillers »Â… Dès lors qu’ils se partageront le pouvoir local, les groupes armés auront-ils intérêt à  favoriser l’organisation d’élections ? l’opposition n’entend pas en rester là  et demande que le gouvernement ouvre les discussions sur ces mesures, voire retourne à  l’Assemblée pour un réexamen du texte. à€ défaut, « si les conditions de saisine de la Cour constitutionnelle sont réunies, nous allons la saisir. […] La résistance à  cette loi devient un devoir pour tout patriote, tant l’injustice qu’elle crée, la place exorbitante qu’elle donne à  la CMA et à  la Plateforme est inacceptable ». « l’opposition est dans son rôle de critique de l’action gouvernementale. Mais nous devons avancer. Nous avons proposé une formule qui nous permet de le faire et l’Assemblée nous a suivi, C’’est cela l’essentiel », répond encore le secrétaire général du MDRE, qui assure que la détermination des collectivités concernées est en cours. Il s’agira de dresser le constat de la présence effective ou non d’un Conseil de collectivité, et de définir s’il y a lieu de le remplacer par une autorité intérimaire ou pas. « Tout est mis en œuvre pour que cette étape soit franchie dans les plus bref délais », conclut-il.

Accord de paix : une opposition qui joue sur du velours

l’accord de paix doit être signé ce vendredi 15 mai par le gouvernement malien et les groupes armés, même si la présence de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) reste incertaine à  ce jour. Pourtant, cet accord est loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique malienne, avec une opposition qui n’a cessé d’exprimer ses réserves sur le document paraphé le 1er mars. Tiébilé Dramé, le Président du Parti pour la renaissance (Parena), a exprimé ses inquiétudes lors de sa dernière sortie médiatique le 11 mai sur RFI : « La mise en œuvre de cet accord sera extrêmement difficile, dans la mesure o๠de nombreuses dispositions sont interprétées par bien des Maliens comme contenant des germes de la division du pays.» Même son de cloche chez Soumaila Cissé, président de l’Union pour la république et la démocratie (URD) et chef de file de l’opposition : « si l’on signe un document comme ça sans condition, je crois que nous aurons des lendemains difficiles ». Même s’ils critiquent l’accord, et notamment les difficultés de sa mise en œuvre, les leaders de l’opposition ne vont toutefois pas jusqu’à  s’y opposer. Pourquoi ? Tout d’abord, « il est difficile pour eux de le faire compte tenu de l’implication et de tout le poids que la communauté internationale, Nations Unies, CEDEAO, Union européenne, Union africaine, France et Algérie, a mis dans ce processus », indique un diplomate de la place. Il y a plusieurs mois, certains d’entre eux ont d’ailleurs été « amicalement approchés », pour ne pas compliquer un processus déjà  assez chaotique. Seconde raison, l’opposition doit se différencier du pouvoir, mais « elle ne peut aller jusqu’à  se couper d’une opinion publique en majorité favorable à  l’Accord, car désireuse d’en finir avec une situation qui prévaut depuis 2012 et grève le développement économique et social », explique un responsable de la majorité. Enfin, l’opposition a t’elle un Plan B ? Pas si sûr, car aucune proposition véritablement différente ne se dégage des discours. Dans un document publié par Tiébilé Dramé, l’organisation de concertations nationales inter maliennes est préconisée, tout comme l’Accord, qui parle d’une Conférence nationale d’entente. Côté majorité présidentielle, les rangs demeurent serrés autour du gouvernement pour signer un accord, qui sonnera comme un nouveau départ pour la paix. « Il vaut mieux avoir un accord même imparfait, que pas d’accord du tout », a maintes fois répété Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères, conscient que l’agenda international échappe bel et bien aux considérations de l’opposition malienne. Reste à  savoir si Dramé et Cissé participeront à  la cérémonie du 15 mai, à  laquelle les chefs de partis ont été invités.

« Cet accord n’est pas un bon accord pour le Mali », dixit l’opposition

Une fois de plus, l’opposition malienne est montée au créneau pour dénoncer ce qu’elle appelle, un  » accord qui porte en lui les germes d’une désintégration rampante du pays que nous avons connu ». Une citation issue de la déclaration, produite par l’opposition, par la voie de Modibo Sidibé, porte-parole, après sa rencontre du jeudi 19 Mars avec le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationales, Abdoulaye DIOP. Une réunion qui regroupait les principaux partis d’opposition que sont l’URD, l’ADEMA, le FARE Ankawuli ainsi que les partis de la majorité présidentielle. Face à  un contexte sécuritaire inquiétant au Mali en raison des derniers évènements, l’opposition malienne dans sa déclaration estime que : « L’accord qui a été paraphé par le gouvernement, le 1er mars 2015 après plusieurs mois de réunions ne résout en rien les questions fondamentales relatives à  la stabilité du pays, à  l’intégrité du territoire, à  l’unité nationale et à  la réconciliation nationale ». En filigrane, l’opposition regrette que de véritables concertations nationales n’aient eu lieu et incluant les forces vives de la nation pour résoudre la question du nord. Pourtant, elle semble oublier les Assises du nord, les Etats Généraux de la Décentralisation, qui selon les autorités ont servi de base de travail à  la médiation internationale, pour accoucher d’un texte qui puisse concilier toutes les parties à  la négociation. Les germes du séparatisme Sur la question tant controversée de l’Azawad, les élites de la République, en ont à  une formulation, définie comme « une réalité socio- culturelle, mémorielle et symbolique… », qui selon eux, constitue une véritable imposture politique et est porteuse de germes réels de séparatisme qu’aucun malien ne doit sous estimer ». Le séparatisme, pourtant vient des mouvements politico-armés comme le MNLA, qui ne se satisfont toujours pas du document paraphé à  Alger le 1er mars par une partie des négociants. En oubliant de faire référence à  la « Constitution du 25 février 1992 », le document, à  en croire l’opposition démocratique républicaine, conduit le Mali vers une nouvelle forme d’autonomie et de régionalisme, qui ne disent pas leur noms, et de citer, « l’élection au suffrage universel direct du président de l’Assemblée régionale qui cumule les fonctions de chef de l’exécutif et chef de l’administration de la région ». Autre point de critiques, l’armée malienne en pleine restructuration et qui ne saurait se faire, avec  » des considérations d’appartenance régionale, ethnique ou communautaire ». En guise de conclusion, l’opposition s’étonne que le gouvernement ait pu parapher un tel accord, dont le chronogramme rend l’application très difficile et qui serait source de frustration pour le futur. Aussi en appelle t’elle à  un véritable dialogue inter-malien, en somme à  prendre tout le temps qu’il faut pour ancrer le processus de paix au Mali. Abdoulaye DIOP répond Pour le ministre des Affaires étrangères. La réponse est claire. Cet accord est le fruit d’un long processus et un autre round de négociations ne saurait s’ouvrir à  la discussion. « Le temps des négociations est terminé ». Mais, pour DIOP, le dialogue inter malien se poursuit, à  travers la mise en œuvre de cet accord. Le diplomate n’a pas manqué de saluer l’opposition, sur laquelle il compte pour coopérer à  la mise en œuvre de cet accord. Et face au refus des mouvements de la coordination de l’Azawad (CMA) de parapher le document, Abdoulaye DIOP, a fustigé le rôle que joue la presse internationale, en faisant trop souvent le lit des revendications séparatistes de certains mouvements rebelles armés au lieu de tendre vers un consensus largement soutenu par la communauté internationale. Un processus a été engagé et la médiation, comme les autorités maliennes aimeraient le voir suivre son cours. En rencontrant l’opposition, les autorités poursuivent leur campagne de restitution, de communication et de sensibilisation au texte paraphé le 1er mars 2015 et qui se veut l’accord final à  signer à  Bamako. Malgré les refus, les négations de certaines parties ou encore les critiques de l’opposition, l’agenda tracé ne saurait être modifié…

Le statut de l’opposition adopté

Le chef de file de l’opposition sera désormais élevé au rang de ministre au plan protocolaire avec tous les avantages. Cette loi a pour objet de conférer à  l’opposition politique un statut juridique dans un cadre démocratique et pluraliste aux fins de contenir le débat politique dans les limites de la légalité. Dans ce projet de loi, il est indiqué que l’opposition politique est représentée par un porte-parole qui prend le titre de chef de l’opposition politique. « Le parti politique déclaré dans l’opposition, ayant obtenu le plus grand nombre de députés à  l’Assemblée nationale au cours des dernières élections législatives, désigne en son sein le Chef de l’opposition politique » indique le texte. Aujourd’hui, c’est l’URD qui compte le plus grand nombre de députés de l’opposition (17 sur 21 de l’opposition). Un débat houleux Le chef de l’opposition politique est assimilé au Premier vice-président de l’Assemblée nationale. Il a un cabinet dont la composition, les modalités d’organisation, de fonctionnement et les avantages sont ceux du cabinet du Premier vice-président de l’Assemblée nationale. Les crédits nécessaires à  la prise en charge du chef de l’opposition politique et de son cabinet sont inscrits au budget d’Etat. Le Président de la République ou le Premier ministre peut consulter le Chef de l’opposition sur des questions d’intérêt national ou de politique étrangère. Avant le vote de ce projet de loi, le débat a été houleux entre les députés sur certains points notamment le choix du chef de file de l’opposition, les avantages qui lui sont accordés. Pour l’honorable Oumar Mariko du parti SADI, cette loi exclut les petits partis qui ont leurs propres idéologies. « Les partis politiques peuvent être dans l’opposition sans avoir la même idéologie ». Par contre Mody N’diaye, le président du groupe parlementaire de l’opposition Vigilance républicaine et démocratique (VRD), pense que cette loi permettra de mieux organiser l’opposition dans son rôle régalien. « Avec le statut de l’opposition, C’’est le Mali qui a fait une avancée démocratique. Dans certains pays de la sous-région, le problème de leadership au sein de l’opposition n’a pas permis même de faire un projet de loi sur le statut de l’opposition » a-t-il déclaré. Dans le rang de la majorité présidentielle, on estime que C’’est le président Ibrahim Boubacar Keita qui mérite d’être salué pour avoir donné un coup de pouce à  la démocratie malienne en adoptant cette loi.

L’opposition malienne se rend à Gao ce lundi

Après la visite de courte durée du président de la République, Ibrahim Boubacar Keà¯ta à  Gao jeudi 29 janvier, l’opposition malienne se rendra ce lundi 2 février à  Gao pour témoigner son soutien et son accompagnement à  la population. Cette visite hautement souhaitée s’inscrit dans le cadre de la mort tragique de trois manifestants qui demandaient que justice soit faite. Outre les évènements violents de Gao, Soumaila Cissé en a profité pour faire ses traditionnels vœux à  la nation à  la maison de la presse. En tant que président de l’URD (l’Union pour le rassemblement et la démocratie) et chef de l’opposition malienne, l’homme a tenu féliciter la presse malienne pour le dur travail abattu en 2014 avant d’insister sur le soutien indéfectible de son parti à  accompagner les journalistes dans ce qu’il a appelé « la tâche quotidienne ». Et pour illustrer son propos, il a remis au nouveau président de la maison de la presse un vidéo projecteur, témoin de son engagement. La mauvaise gouvernance, la lutte contre la maladie Ebola, la performance des Aigles du Mali lors de la Can 2015 et les récents évènements de Gao sont d’autres sujets sur lesquels le président de l’URD s’est penché face à  la presse.

Lazarevic libre : l’opposition interpelle IBK

Dans un communiqué en date du 10 décembre, les partis politiques de l’opposition demandent au président de la République Ibrahim Boubacar Keita, de s’expliquer sur les tenants de l’opération qui a permis de libérer Serge Lazarevic, le dernier otage français, détenu par Al Qaeda au Mali. Au même moment, un triste prisionnier, Mohamed Ali Ag Wadoussène est libéré. Alors la corrélation est très vite faite entre les deux libérations. Dans l’opinion publique, beaucoup estiment désormais qu’il y a eu échange entre Serge Lazarevitch et le terroriste, Mohamed Ali Ag Wadoussene, jusqu’alors détenu à  Bamako avec trois autres complices. Les partis d’opposition à  savoir le FARE, PARENA, PDES, PIDS, PS, PSP, PVRM et URD….) ont eux pris note du communiqué du Président de la République relatif à  « la part prise » par le Gouvernement dans la libération de l’otage français Serge Lazarevitch. Se réjouissant de la libération du ressortissant d’un pays ami, arbitrairement détenu sur notre territoire, les partis de l’opposition ont cependant souligné les points suivants :

Pourparlers d’Alger : l’opposition rejette le document

Les négociations avec les groupes armés étaient au C’œur de la déclaration du chef de file de l’opposition. Le parti, par la voix de Soumaila Cissé, considère que le document présenté par la médiation comporte des faiblesses et n’est pas bon. Les quatre points formulés dans ledit document de « préaccord » sont à  revoir à  savoir : la notion de « zone de développement des régions du nord » et celle de «régions intégrées », la représentation des communautés du Nord au niveau national, la répartition des pouvoirs entre l’Etat et les régions, et la gestion de la sécurité après signature de l’accord. Remplacement des cadres compétents Fidèle à  son engagement à  mettre le problème du nord au dessus des querelles politiciennes, Soumaila Cissé, depuis l’élection du président Ibrahim Boubacar Keita, constate que l’administration malienne subit un véritable choc, qui se traduit par le remplacement systématique des cadres les plus compétents par des militants RPM, au mépris du professionnalisme et de la compétence, et donc au détriment de l’intérêt national et des usagers du service public. « Les cadres de l’opposition sont systématiquement relevés de leur fonction en violation flagrante de la moi n°00-047 AN / RM du 13 juillet 2000 portant statut des partis politiques de l’opposition et des critères de rigueur, de compétence, d’expérience, et d’honnêteté » déclare t-il. Pour Cissé , les cadres sont relevés parce qu’ils ne sont du RPM ou de la majorité présidentielle, ce qu’il appelle les journalistes à  dénoncer. La sécurité mal maà®trisée Evoquant la sécurité mal maà®trisée, l’honorable Soumaila Cissé pense que ‘l’insécurité généralisée et grandissante. Notamment les mines qui font des morts, les attaques terroristes, les vols de bétail, les agressions physiques, affectent dangereusement la paix sociale et annihile tout effort de développement. C’‘est ainsi qu’il accuse le Président de la République de tergiverser et d’incapacité à  prendre des dispositions fermes et suivies, afin que soit préservée la sécurité des personnes et des biens. « C’’est pourquoi la restructuration rapide et effective des forces armées et de sécurité s’impose, doit être accélérée. l’URD rappelle la nécessité impérieuse de bâtir une armée forte professionnelle et républicaine, capable de garantir de manière durable la sécurité et l’intégrité du territoire national. La construction d’une armée passe par un changement radical dans les méthodes de recrutement et de nomination. l’URD demande au président de la république l’adoption de la loi de programmation militaire toujours attendue. De plus, la mauvaise gouvernance et la corruption au C’œur de l’Etat, l’économie malienne en mauvaise posture, l’école malienne, le RAVEC au rabais ont aussi été évoqués lors de cette conférence de presse.

Blaise et le glaive…

l’histoire sait jouer des tours à  qui refuse de bien la lire. Le grand médiateur, le gendarme de la sous-région bousculé et obligé de se terrer pour ne prendre la parole que la nuit tombée, qui l’eut cru ! l’officier formé à  Pau en France a réussi à  désintégrer le pays des hommes intègres et la jeunesse africaine d’hier et d’aujourd’hui, ne lui pardonnera jamais la mort de Sankara qui invitait les jeunes à  assumer leur responsabilité. Pourtant, un coup d’œil dans le rétroviseur aurait permis à  Monsieur Blaise le médiateur de savoir que la jeunesse africaine a cessé depuis belle lurette de regarder les matchs des politiques depuis la tribune. Cette jeunesse réclame sa partition et tient à  la jouer. Malheureusement, nos Etats sont dirigés par des hommes souvent en décalage avec les préoccupations et aspirations de leur peuple. Un jeune désireux de parvenir, de se réaliser et point d’emprunter des pirogues pour rejoindre l’eldorado occidental au péril de sa vie, ne reculera pas devant des baà¯onnettes et des fusils. Nos chefs d’Etat gagneraient à  savoir que l’Afrique a fait sa mue. l’Afrique des timoniers et dinosaures qui se fossilisent au pouvoir est derrière nous. l’Afrique des dynasties des révolue. Tout chef d’Etat qui désormais excédé une décennie au pouvoir est exposé à  la vindicte populaire. Le glaive ou la mort Cette vindicte populaire est le glaive qui risque d’emporter Blaise mais le peuple burkinabé ne doit pas être naà¯f. Tel son nom de famille, le tombeur de Sankara sait utiliser ses compas pour faire le grand écart et se maintenir au pouvoir. Un glaive reste suspendu sur la tête des manifestants, des leaders de l’opposition et des militaires sortis des rangs. Si Compaoré réussit la prouesse de rester au pouvoir, les jours à  venir seront sanglants puisque Blaise n’est ni un enfant de C’œur ni un plaisantin. Il aime le pouvoir et n’hésitera jamais à  utiliser la manière forte pour se défaire des trouble-fêtes. Ce qui a emporté Sankara et Zongo Norbert n’épargnera pas les ténors de l’actuelle opposition burkinabé. Au pays des hommes intègres, celui qui croit en la parole de Blaise se leurre car pour avoir éliminé « son ami » à  qui il n’a pas daigné offrir de sépulture décente, est tout sauf intègre alors pourquoi lui tendre la perche ? Les hommes intègres du Burkina tiennent la chance de leur vie qu’aucune médiation ne doit compromettre.

Face à face Majorité-Opposition…au foot !

Ce rendez-vous politico-sportif sera joué sur le terrain du stade Mamadou Konaté le dimanche 12 octobre prochain. Les jeunes et les femmes des deux camps s’activent pour la réussite de cette manifestation alors que règne un climat politique très tendu entre la majorité et l’opposition. Une occasion aussi et une première dans l’histoire politique malienne de montrer un exemple de solidarité entre les jeunes, fer de lance de développement, quels que soient leurs opinions et bord politique. l’initiative du réseau des jeunes des partis politiques a été très bien accueillie dans les deux camps politiques. Selon Bengaly Guindo, président du réseau, ce match rentre dans le cadre du mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion. Il explique également que cette rencontre entre l’opposition et la majorité prouvera à  suffisance la maturité démocratique au Mali, un pays o๠le vivre-ensemble reste une valeur cardinale. Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, les députés de la majorité et de l’opposition apprécient tous cette initiative. Selon Idrissa Maiga, cadre de l’Union pour la République et de la Démocratie (URD, opposition) « C’’est un bel exemple de la démocratie des jeunes des partis politiques ». Même son de cloche pour le parti majoritaire, le Rassemblement Pour le Mali (RPM) qui donne déjà  le score de ce match. « Nous allons cartonner l’opposition encore. à‡a sera comme au deuxième tour des élections présidentielles de l’année dernière » affirme avec humour Issouf Diallo, un jeune du RPM.