Raffinerie d’or au Mali : pour quelle rentabilité ?

Le Mali a signé un accord avec la Russie pour la construction d’une usine de raffinage de l’or lors de la visite d’une délégation ministérielle dans ce pays ce mois-ci. D’une capacité de 200 tonnes, l’unité industrielle pourrait être la première de la sous-région. Mais le défi reste sa rentabilité, car l’or produit localement est principalement raffiné hors du continent.

Le Mali a produit 72,2 tonnes d’or en 2022, dont 66,2 tonnes dans des mines industrielles. Cet or est essentiellement raffiné hors du pays. Mené par des sociétés spécialisées, le raffinage est l’activité industrielle qui consiste à « purifier l’or pour le porter à 999,9 pour 1 000 carats ». L’or pur est destiné au marché international et, en dehors de celle implantée en Afrique du Sud, les unités de raffinage sont peu nombreuses sur le continent.

« Au Ghana, les raffineries sont devenues des éléphants blancs », explique un acteur du domaine. Parce qu’il faut une masse critique, estimée à environ 500 tonnes par an, pour les rendre rentables. Au Mali, les sociétés Marena Gold et Kankou Moussa affinent des quantités qui ne sont pas industrielles. « Elles font du service », affinent et donnent au vendeur, contrairement aux raffineries, qui vendent pour le compte des sociétés productrices.

Rentabilité

Pour atteindre ce seuil de rentabilité, le Mali pourrait compter sur l’or des sociétés qui n’ont pas de problème à vendre sur place. C’est même l’idéal, car cela diminue les risques qu’elles prennent en le transportant jusqu’à la raffinerie, ajoute notre interlocuteur. Mais il faut que la raffinerie soit d’un standard international afin de pouvoir vendre partout.

Il est possible d’avoir une raffinerie d’une capacité de 200 tonnes par an. Mais sera-t-elle rentable ? Une question essentielle, parce qu’il s’agit d’une industrie très gourmande en énergie, ce qui pourrait augmenter le coût de production de l’or et le très cher, donc peu compétitif.

Ce qui pourrait être fait est de créer un marché de consommation de l’or, en mettant  en place une industrie de bijoux pour les vendre sur le marché international. L’autre alternative est d’installer des succursales de certaines raffineries, des antennes locales qui permettront aux sociétés d’exploitation d’éviter certains problèmes. Mais tout ceci est dans l’intérêt des sociétés minières. Celui de l’État demeurant le prélèvement des droits et autres taxes.

Initiative pour la transparence des industries extractives : le Mali en quête de validation

C’est ce 1er octobre 2023 qu’a débuté pour le Mali le processus de validation à la norme ITIE 2019. D’ici environ deux mois, le pays recevra les conclusions de l’Initiative pour la transparence des industries extractives sur la mise en œuvre des 19 mesures correctives que le Mali devait prendre.

Adoptée par le Conseil d’administration de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE) en décembre 2020, la procédure de validation de la norme ITIE 2019 a été révisée en juin 2022. Parmi les amendements, la validation évaluera notamment les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’une ou de plusieurs composantes, à savoir l’engagement des parties prenantes, la transparence, les résultats et impacts.

Pour le Mali, le Comité de pilotage a envoyé différents documents, dont le rapport ITIE 2021, le fonctionnement des collèges, l’engagement de l’administration, la publication des contrats. Une commission ad hoc avait été mise en place pour la préparation des documents.

Risque de suspension ?

Le Secrétariat international de l’ITIE examine désormais en ligne les éléments de réponse. Environ 2 mois après, il enverra son rapport provisoire et après la réaction du pays la validation définitive pourra intervenir.

Si la validation ne se fait pas comme l’ITIE l’entend, le Mali pourrait être suspendu, laisse entendre un acteur. Ce qui pourrait avoir comme effet de ne pas obtenir l’aval de bailleurs de fonds comme la Banque mondiale, par exemple.

Au même moment, le Mali a entrepris plusieurs réformes et activités dans le domaine. Notamment l’audit de 15 mines industrielles, une première saluée par plusieurs acteurs, même si le processus a été jugé pas assez inclusif par d’autres. L’adoption de la Loi sur le contenu local et la relecture du Code minier sont aussi des efforts reconnus par les acteurs de la société civile. Mais les mêmes disent attendre avec impatience la publication des rapports d’audits. Il pourrait être reproché au Mali de ne pas asseoir suffisamment la transparence dans le secteur minier.

Le 29 mai 2019, le Secrétariat international avait estimé que quatre des neuf mesures correctives avaient été pleinement appliquées et que le Mali avait accompli des progrès significatifs dans la mise en œuvre de la norme Itié. Des progrès « assortis d’améliorations substantielles sur des exigences individuelles ». Mais « les lacunes restantes concernent la gouvernance du Groupe multipartite (Exigence 1.4), l’octroi des licences (Exigence 2.2), le suivi des recommandations (Exigence 7.3) et les résultats et l’impact de la mise en œuvre de l’Itié (Exigence 7.4) », avait souligné l’institution.

Nouveau code minier : quelles sont les innovations ?

Le Conseil national de transition a adopté hier mardi 8 août deux projets de loi dans le secteur minier. L’un portant Code minier au Mali et l’autre relatif au Contenu local dans le secteur minier. L’objectif de ces réformes est de corriger « les insuffisances pour une amélioration substantielle de la contribution du secteur minier à l’essor économique et social », expliquent les autorités.

Le nouveau projet de Code minier est censé apporter des innovations par rapport à celles adoptées par le Code de 2019. Tout en réaffirmant la souveraineté de l’État sur les ressources minérales du sous-sol, les changements sont relatifs à la réorganisation du régime des titres miniers et la réforme du régime fiscal et financier et entendent combler un vide juridique et résoudre des incohérences.

L’une des premières innovations concerne la mise en place de deux conventions d’établissement. Alors que le Code de 2019 prévoyait une convention unique pour la recherche et l’exploitation, d’une durée de 20 ans, la nouvelle disposition prévoit une convention d’établissement pour la phase de recherche d’une durée totale de 9 ans, y compris les 2 renouvellements, et une convention d’établissement pour la phase d’exploitation d’une durée de 12 ans, dont 2 pour la phase de construction de la mine.

Optimiser les profits

La suppression des exonérations sur les produits pétroliers en phase d’exploitation est également une innovation majeure introduite pour mieux faire profiter l’État de l’exploitation minière. En effet, pendant plus de 30 ans, il a exonéré les sociétés minières sur les achats de produits pétroliers durant la phase d’exploitation. Ce qui a coûté en moyenne 60 milliards de francs CFA par an sur les 3 dernières années, selon les rapports d’audit, alors que les sociétés minières n’ont versé que 36 milliards de dividendes à l’État au titre de sa participation sur la même période.

L’indexation de la taxe ad valorem sur le cours de l’or et des autres substances minérales est également une nouvelle disposition qui vise à permettre à l’État de bénéficier de la hausse des cours de ces produits.

Et pour mieux faire profiter l’économie nationale du potentiel de l’industrie minière, une loi sur le Contenu local a été initiée. L’innovation principale consiste à l’encadrer efficacement et à le promouvoir. Ceci permettra notamment d’augmenter la valeur ajoutée locale et la création d’emplois, de favoriser le développement d’une main-d’œuvre locale qualifiée et compétente et de contribuer ainsi à une participation plus accrue des populations à la chaîne de valeur des industries minières.

Orpaillage : agir face aux conséquences

L’orpaillage occupe une part importante de l’exploitation minière, qui est la deuxième ressource d’exportation du Mali. Mais la mauvaise organisation du secteur constitue un enjeu majeur. Outre son impact sur l’économie et la société, les acteurs attirent l’attention sur des conséquences « irréversibles », contre lesquelles il faut vite agir.

L’orpaillage occupe environ 2 millions de personnes et constitue une grande opportunité d’emplois pour les jeunes dans ses zones. Mais, pour en bénéficier et  réduire ses conséquences néfastes, il faut « savoir l’organiser et en profiter au mieux », suggère Djibril Diallo, géologue, Président de l’Association pour la promotion et la valorisation des ressources minières (APVRM-Mali Dugukolo nafa)

Selon lui, la production avoisine les 20 tonnes par an. Un manque à gagner énorme, encore mal cerné à cause notamment de l’inexistence de statistiques fiables et surtout d’un caractère informel qui empêche l’État d’avoir un contrôle et un encadrement efficaces du secteur. Une organisation qui permettrait aux populations locales de mieux bénéficier des retombées de l’activité.

Sécuriser l’activité 

L’État a entrepris depuis quelques années la fermeture des sites d’orpaillage entre juin et septembre pour permettre aux jeunes de se consacrer aux activités agricoles et minimiser les risques sécuritaires. « Le Mali est un pays à vocation agro-sylvo-pastorale. Il faut essayer de développer d’autres secteurs et former les jeunes », ajoute le Président de l’APVRM-Mali. La mécanique, la menuiserie et d’autres secteurs d’activité sont à ce titre indiqués pour réorienter ces jeunes.

Aly Diarra est membre du Groupement des professionnels des mines, créé en 2000 et constitué de plusieurs acteurs, dont ceux intervenant dans la sous-traitance.

Il estime que pour lever l’une des contraintes majeures de l’orpaillage, il faut formaliser le secteur, « passer par un système d’organisation et recentrer l’activité au niveau du ministère ». En effet, c’est le transfert de l’activité aux collectivités sans un accompagnement technique qui cause des dommages. Il faut, par exemple créer une cellule transversale de gestion.

En dehors du secteur agricole, l’activité impacte fortement l’économie.  Une étude de  2021 révèle que plus de 140 tonnes d’or ont  été reçues à Dubaï en provenance du Mali, alors que la même année le pays n’enregistrait officiellement que 22 tonnes, cite M. Diarra. « L’État perd des sommes colossales ».

Sur le plan social, il faut noter la dépravation des mœurs. La prostitution, l’alcool industriel, la drogue, des conséquences devenues banales. Et « souvent irréversibles », alerte M. Diarra.

Mines : au nord, la ruée vers l’or

Au Mali, une quinzaine de sites miniers exploitent l’or, en plus des multiples zones d’orpaillage. L’activité est fortement concentrée sur les régions du Sud. Mais depuis 2020 les chercheurs de métal jaune se ruent aussi vers la partie septentrionale du pays, où plusieurs gisements ont été découverts ces dernières années.

Almaghmor. Le nom de ce village situé à 140 km de Tombouctou revient en boucle sur les réseaux sociaux depuis fin mars. Selon plusieurs sources, des autochtones y ont découvert une mine d’or à ciel ouvert. Sur le site en plein désert que l’on peut apercevoir sur des images relayées sur Internet, des personnes s’affairent à exploiter le métal jaune. « Ils sont plusieurs chercheurs d’or à se rendre dans le village avec du matériel depuis une semaine, malgré les conditions climatiques difficiles et l’insécurité qui règne dans la zone », explique un ressortissant de la localité, qui confirme l’information de la découverte du site.

Tout comme à Almaghmor, de l’or a récemment été découvert dans plusieurs localités du septentrion malien. Notamment à Igouzar, à 50 km de Kidal. Dans la région, à 40 km au sud de Tessalit, des sites aurifères ont également été découverts en 2020.

Autre région, autre découverte. À 90 km de Gao, dans les localités de Marsi, N’Tillit nord et sud et Tinaïkorene, du métal jaune a été aussi trouvé en 2020. « L’État est au courant de ces sites d’orpaillage, mais, avec l’insécurité qui règne dans la zone, il n’arrive pas à les contrôler pour le moment. Ce qui fait que nous ne disposons pas de données spécifiques sur ces lieux d’exploitation minière. Par exemple, sur la quantité d’or qu’on y exploite », explique un agent de la Cellule de planification et de statistique du secteur Mines et énergie (CPS/SME), un service du ministère des Mines qui publie chaque année des données statistiques sur ces deux secteurs économiques. En absence de contrôle de l’État, les sites, selon de nombreuses sources, sont assujettis aux groupes armés, dont la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) et la Plateforme.

« Les groupes armés font partie des principaux acteurs de cette mini-industrie. Sur la route entre Gao et In-Tillit, les check-points anarchiques sont légion. Il n’est pas rare de voir des groupes d’hommes, qui souvent ne sont même pas armés, demander aux voyageurs de payer entre 2 000 et 2 500 francs CFA », explique le journaliste Mohamed Touré, auteur de l’article « In-tillit dans la région de Gao : l’irrésistible attraction de l’or », publié en 2021.

Secteur minier : l’État veut reprendre la main

C’est le 23 mars 2023 que les cabinets Iventus et Mazars ont présenté le « Rapport d’audit du secteur minier au Mali » au Président de la Transition.  Destiné à « fournir un diagnostic global des activités d’exploitation minière au Mali et un plan d’action » pour accompagner les ministères de l’Économie et des Mines dans les futures négociations avec les compagnies, il n’est pas encore connu du grand public. Mais il suscite déjà autant d’interrogations que de défis à relever pour le secteur.

Aussitôt présenté en Conseil des ministres, le 29 mars 2023, le rapport a fait l’objet d’une instruction du Président de la Transition demandant l’élaboration d’un plan d’actions pour mettre en œuvre les recommandations de la mission d’audit autour de quelques axes. Ces actions comprennent notamment la création de deux Commissions, l’une pour la négociation et/ou la renégociation des conventions minières et l’autre pour le recouvrement des montants éludés suivant un plan élaboré ou encore le rapatriement au Mali des produits issus de l’exportation de l’or.

Premier du genre, ce rapport d’audit est l’aboutissement d’un processus long de plusieurs mois. Le 28 novembre 2022, après avoir constaté des « manquements », le gouvernement a suspendu jusqu’à nouvel ordre l’attribution des titres miniers, alors que l’audit était déjà en cours. Au moment de la suspension décidée par les autorités, selon des données de la Direction nationale de la Géologie et des mines (DNGM), le 5 décembre 2022, 1 070 titres étaient actifs sur 2 833 attribués, 1 623 permis avaient expiré et 138 avaient été annulés.

Que peut changer le rapport ? 

Si les conclusions du rapport montrent de nombreuses anomalies dans le secteur de l’exploitation minière, irrégularités se rapportant notamment au non-respect des règles en vigueur, il faut toujours situer la responsabilité des manquements constatés. Certaines insuffisances pointées seraient notamment relatives au fait que les contrats aient été signés à des moments où le prix de l’or était très bas et que, ce prix ayant connu une augmentation, ces derniers devraient être révisés et adaptés aux nouveaux coûts, assure Dr Abdrahamane Tamboura, économiste. Le cours de l’or était de 58 000 euros le kilo de lingot en mars dernier. En janvier 2019, année de la dernière réforme du Code minier malien, il était de 37 380 euros. Le rapport donne donc aux dirigeants « le droit d’échanger avec les sociétés minières et de voir éventuellement les différentes modifications possibles ». L’État a ainsi des éléments justifiant la nécessité non seulement de réviser ces contrats, mais aussi de dédommager ou à la limite de mettre fin aux contrats. Une solution qui sera a priori difficile à mettre en œuvre, car nécessitant des recours au plan international. Une démarche peu probable, les autorités s’étant inscrites dans une logique qui se veut pour l’heure consensuelle.

Mais, en révisant les différents contrats, l’État s’offrirait la possibilité de mieux contrôler l’exploitation minière, qui doit connaître des améliorations, comme suggéré par les recommandations du rapport. C’est en tout cas l’objectif recherché dans une situation économique et financière difficile. L’État veut en effet reprendre la main sur un secteur-clé de l’économie. Troisième producteur d’or en Afrique derrière l’Afrique du Sud et le Ghana, le Mali souhaite faire de la formule trop entendue « l’or qui brille pour les Maliens » une réalité.

Négociations difficiles

Selon le Code minier en vigueur, l’État a droit à une participation de 10 à 20 % dans toutes les mines, essentiellement exploitées par des multinationales canadiennes et australiennes. Plusieurs d’entre elles, qui sont dans une certaine expectative, attendent des échanges avec le gouvernement. Les autorités ont promisune démarche participative incluant les sociétés minières dans la mise en œuvre du plan d’actions discuté en Conseil des ministres. Selon un analyste qui a requis l’anonymat, la méfiance des exploitants miniers s’est accrue depuis que le gouvernement a créé en novembre dernier une société minière nationale à capitaux 100% maliens. Les sociétés étrangères ont un avantage : leur capacité à lever des fonds. Et l’investissement continu, qui peut se chiffrer à plusieurs milliards de francs CFA, en demande beaucoup, ce qui rend difficile le développement des sociétés nationales. Pour preuve, plusieurs permis ont été accordés à des nationaux dans le but de favoriser leur participation, mais il s’est avéré que beaucoup n’ont pas réussi à les rentabiliser.  En sus, même si le sous-sol malien est très riche et que les contrats signés sont de longue durée, le Mali doit œuvrer sous la « menace » de certains voisins. Notamment la Côte d’Ivoire, dont le secteur minier se développe et qui propose des avantages fiscaux plus alléchants en termes d’investissement. Le port d’Abidjan est également un atout, pour la venue des machines indispensables à l’exploitation mais aussi pour faire sortir les productions. Les sociétés minières mettent également en avant tout ce que l’or apporte à l’économie malienne. B2 Gold, par exemple, l’un des principaux exploitants dans le pays, a assuré lors de son bilan annuel avoir versé à l’État malien 228 milliards de  francs CFA. Depuis 2016, c’est plus de 813 milliards de francs CFA qui ont été versés selon la société, qui affirmait employer à la fin de l’année 2022 2 697 Maliens.

Cette volonté des autorités d’avoir un plus grand contrôle sur le secteur minier ne peut aussi être dissociée du gain politique. L’incompréhension autour des potentialités minières du pays et des réalités des conditions de vie des Maliens alimentent souvent les débats. Et les sociétés minières ne sont pas les seules à indexer, loin de là. Selon notre observateur, le rapatriement des devises dont il est question est prévue dans le Code. Et s’il n’est pas effectué, cela dénote d’une insuffisance au niveau des mines mais aussi du côté du contrôle de l’État. Du laxisme, voire de la corruption, à plusieurs niveaux qui ne permet pas la totale transparence sur la question.

Réformes urgentes

Avec une production estimée à 72,22 tonnes en 2022, l’or reste au cœur des exportations et de l’économie malienne. Mais, pour constituer un véritable tremplin pour l’économie, le secteur doit encore s’adapter et nécessite des réformes. L’une des plus urgentes pourrait être de profiter des failles constatées pour envisager de réviser tous les contrats pour les adapter aux nouvelles donnes de l’exploitation minière. Il s’agit de faire en sorte que les réformes prennent en compte une meilleure implication de l’État. L’or fait partie des ressources naturelles, qui relèvent du domaine collectif, il faut donc que les communautés soient impliquées dans certaines prises de décision les concernant. Les réalités économiques font que le Mali doit presser le pas. L’or et le coton représentent ses deux principales ressources d’exportation. La CMDT a annoncé en février dernier que la production cotonnière record de la campagne 2021-2022, de 760 000 tonnes, ne serait pas renouvelée. Elle devrait baisser de plus de 30%. L’or, qui est le principal pourvoyeur de devises du pays, apparaît donc comme la « solution ». L’État a-t-il le pouvoir de renégocier ces contrats sans risque de réticences ? Pas sûr, et les autorités en ont conscience, selon M. Tamboura. Elles savent qu’elles ne peuvent pas remettre en cause ces contrats d’un seul coup. Mais maintenant que l’audit est fait et qu’il existe des éléments d’insuffisance, « s’il y a vraiment des manquements dans la conclusion des contrats, nous avons la possibilité de les réviser ».

Ces contrats constituent un gage pour les sociétés et les investissements y afférant, selon un responsable de société. Avant toute relecture, l’État devrait rencontrer directement les sociétés, sans intermédiaires, pour des échanges constructifs.

Même si les «  failles identifiées constituent des raisons valables pour mettre fin à ces contrats sans conséquences », il faut attendre la deuxième étape, après celle de la présentation du rapport. C’est-à-dire partager ses conclusions avec tous les acteurs en attendant de pouvoir répondre à la question essentielle : savoir si, malgré toutes ces failles, le Mali a le droit de mettre fin à ces contrats et comment le faire?

Or : la mine de Morila cherche un repreneur

Deux ans après sa reprise, la mine de Morila a perdu son principal actionnaire. La société Firefinch a annoncé au Conseil d’administration, le 2 novembre 2022, son incapacité à poursuivre le financement des activités de développement de la société des mines d’or de Morila SA. Une mauvaise nouvelle pour les travailleurs de la société, qui espèrent des mesures idoines pour la continuité des activités et la sauvegarde de leurs emplois.

Acquise auprès de Barrick Gold et Anglogold Ashanti, la mine d’or de Morila a entamé un processus de redynamisation qui n’a pu être mené à terme face à plusieurs contraintes. Les sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le Mali, la hausse du coût du carburant et d’autres éléments essentiels, comme la non prorogation de la convention d’établissement, sont les difficultés invoquées par la société. S’y ajoutent les difficultés de levée de fonds pour assurer les investissements, selon M. Seydou Séméga, Représentant pays de la filiale malienne de Firefinch.

Dans un véritable cri du cœur, les responsables de l’usine ont invité les autorités à soutenir la mine afin de préserver les 2 100 emplois. Ils demandent, entre autres, l’abandon des procédures de redressement en cours pour les années 2017, 2018 et 2019. C’est dans le sens de la poursuite des activités que s’est engagée la société, en accord avec la direction. « Le processus d’investissement nouveau se déroule bien car de nombreuses parties ont manifesté de l’intérêt et devraient formuler leurs propositions dans les semaines à venir », assure M. Séméga. Une procédure de retrait qui devra être validée par l’État.

Développer les ressources

En attendant, et pour répondre à certaines affirmations l’accusant de s’être retiré avec la quantité d’or correspondant au montant de ses investissements, M. Séméga précise que le processus d’extraction des grandes mines est sous le contrôle strict de l’État et qu’aucune société n’a la latitude d’agir de façon non conventionnelle. « Firefinch a une créance de plus de 60 milliards de francs CFA sur Morila, correspondant aux coûts d’investissement inter-compagnies. Toutefois, Firefinch s’est dite disposée à annuler cette créance dans la mesure où cela permettrait au nouveau repreneur de pleinement jouir des opportunités de développement de Morila ». M. Séméga ajoute que l’or produit les deux dernières années a juste permis un maintien du niveau minimal opérationnel, sans faire face aux dépenses opérationnelles. Ce retrait n’a aucun impact sur les activités de Firefinch, qui intervient sur d’autres segments au Mali. Elle a acquis 17% des actions de Leo lithium, investisseur avec Gafend lithium de la mine de lithium de Goulamina, en phase de développement. Le ministère des Mines n’a pas réagi à nos sollicitations.

Economie : 2023, une année « stress test » pour le Mali

Comptes de l’Etat dans le rouge, recettes fiscales en berne, montée en puissance de la dette intérieure, inflation galopante, etc. Sur le plan économique, le bilan des autorités de la transition laisse peu de place à la satisfaction. Mais malgré ce tableau, une bonne tenue des secteurs aurifère et cotonnier, principaux pourvoyeurs de devises et de revenus pour les agriculteurs, pourrait présager une année 2023 sous le signe de la résilience.

Après la levée des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA au début du mois de juillet 2022, l’économie malienne a bénéficié d’une bouffée d’oxygène à travers la réouverture des frontières et le déblocage des comptes de l’Etat du Mali à la BCEAO, ce qui a permis d’apurer les impayés de dette accumulés pendant 6 mois.

 Une économie nationale affaiblie par les crises

Ces sanctions ont contribué à affaiblir une économie déjà mise à mal par des années de crise sécuritaire, amplifiée par la pandémie et l’instabilité politique en 2020, ainsi que par l’inflation provoquée par la guerre en Ukraine depuis février 2022. Toutefois, elles n’ont pas conduit à un effondrement de l’économie nationale qui aurait pu entraîner des troubles socio-politiques, voire une déstabilisation des autorités de la transition.

 Au final, la croissance du PIB malien devrait atteindre 2% en 2022, selon la Banque africaine de développement et la Banque mondiale, contre 3,1% en 2021, ce qui place le pays largement en dessous de la moyenne de l’UEMOA, prévue à 5,9% (BCEAO).

 Sur le plan budgétaire, la contraction de l’activité économique pendant les 6 premiers mois de l’année 2022 a eu pour conséquence une diminution des ressources de l’Etat avec des recettes douanières et fiscales en deçà des objectifs et une hausse de la charge de la dette consécutive aux impayés. Par conséquent, en dehors du secteur de la sécurité, tous les budgets de fonctionnement et d’investissement prévus dans la loi de finances 2022 ont été diminués, voire annulés, représentant une baisse globale de 148 milliards de francs CFA pour un budget dépenses rectifié à 1 982 milliards, selon la loi rectificative votée le 17 août 2022.

 L’Etat à la recherche de ressources

Pour boucler les fins de mois, l’Etat a entrepris une vaste campagne de mobilisation des recettes fiscales une forte pression sur des entreprises déjà fragilisées par leurs difficultés à se faire payer les créances dues par des structures publiques. En effet, la dette intérieure a atteint des niveaux inégalés et pourrait, en 2023, dépasser la dette extérieure, soit environ 30% du PIB selon la BAD.

En l’absence d’aide extérieure majeure depuis le coup d’Etat de 2020, l’Etat malien a depuis la levée de l’embargo, multiplié les sorties sur le marché financier de l’UMOA pour lever des fonds : 277 milliards le 9 août, 207 milliards au début septembre (appel public à l’épargne) et 33 milliards le 5 octobre, et 123 milliards le 2 décembre. Le succès relatif de ces différentes opérations témoigne que la signature du Mali reste crédible aux yeux des investisseurs régionaux, même si la majorité des souscriptions proviennent des établissements financiers maliens (BMS, BDM, BNDA).

 L’or et le coton à la rescousse ?

 La capacité de l’économie du Mali à redresser la barre en 2023 pourrait dépendre de plusieurs facteurs. Tout d’abord, la bonne tenue des cours de l’or et une production nationale élevée, qui a atteint 63 tonnes en 2022. Cette tendance va probablement se confirmer en 2023, même si la récente décision de l’Etat de suspendre jusqu’à nouvel ordre l’attribution de titres miniers pourrait entraîner des difficultés à moyen terme si elle devait perdurer. Deuxième facteur, la production agricole. L’ensemble des chiffres ne sont pas encore publics, mais la CMDT a déjà annoncé que la production cotonnière record de la campagne 2021/2022 (760 000 tonnes) ne serait sans doute pas renouvelée en 2023. En cause, la difficulté d’approvisionnement en engrais du fait de l’embargo et de la hausse des prix, les fortes pluies ayant entrainé des inondations, et l’invasion d’insectes. En conséquence, malgré un prix d’achat relevé à 285 francs CFA le kilo, au lieu de 280, près de 160 000 hectares n’auront pas été cultivés. Quant à la production céréalière, elle pâtira, dans une certaine mesure, des mêmes causes.

 Même si son impact est difficile à évaluer, il est probable que la décision du gouvernement de suspendre l’activité des ONG travaillant sur financement français aura des conséquences en matière de recettes fiscales pour l’Etat, mais aussi d’attractivité de la destination Mali dans un contexte déjà incertain.

Pourtant, le salut de l’économie malienne en 2023 passera par la fin de l’isolement politique à travers un retour de la confiance entre les dirigeants de la transition et les bailleurs de fonds multilatéraux, comme bilatéraux, pourvoyeurs d’appui budgétaire et capables de mobiliser dans leur sillage la communauté d’investisseurs.

Mines : un potentiel inexploré

Outre ses 63 tonnes d’or de production en 2021 et son troisième rang en matière d’exploitation de l’or en Afrique, le Mali regorge d’énormes autres potentialités minières. Du lithium au fer en passant par le calcaire ou encore la bauxite, les ressources inexplorées sont nombreuses et leur potentiel important. Outre une politique minière à adapter, le pays doit aussi relever de nombreux défis, dont celui des ressources humaines qualifiées et celui de  l’amélioration des pratiques en matière de gestion.

Pour l’or, deuxième produit d’exportation après le coton, les recherches sont bien avancées, et cela même dans le domaine de l’orpaillage grâce au développement des technologies, explique Yacouba Traoré, Directeur de Geo Training, une société spécialisée dans la formation minière.

Mais pour des ressources comme le pétrole, par exemple, même s’il existe des indices, les recherches n’ont pu être menées à bout. En cause notamment la situation sécuritaire, qui a rendu difficile l’accès aux zones potentiellement riches.

Pour le lithium, dans la zone de Bougouni les recherches ont déjà abouti à la découverte d’un gisement, dont l’exploitation débutera avec la construction d’une usine qui devrait être effective d’ici à 2023.  Mais le problème à ce niveau est que la matière extraite sera traitée ailleurs, faute de possibilités sur place, ce qui constitue un important manque à gagner, déplore M. Traoré.

Le Mali regorge aussi de terres rares et d’énormes potentialités en calcaire. Le développement des usines de ciment et la mise en évidence d’autres ressources sont autant d’atouts dont l’exploitation pourrait rapporter davantage grâce à des études. Cependant, pour mener à bien les recherches il faut des personnes ressources qualifiées et des moyens techniques adéquats pour déterminer avec certitude le potentiel existant.

Si les indices sont les premiers pas qui permettent d’orienter, pour développer il faut rechercher en profondeur et déterminer avec précision la quantité et la valeur économique afin que les investisseurs puissent s’engager. Des travaux importants sont donc nécessaires avant d’envisager une éventuelle production.

Booster la recherche

Jusqu’à présent, concernant le pétrole, on n’a pas pu déterminer avec précision que l’on disposait de telle ou telle quantité. Les estimations sont celles faites à partir de ce qui est observé chez nos voisins. Dix conventions avaient été accordées à des sociétés pétrolières pour mener des recherches sur certains blocs dans le nord, à Taoudéni, considérée comme la plus prometteuse, à Gao également et à Nara. Mais la crise sécuritaire a entravé le développement et refroidi les ambitions des investisseurs. En 2014, le gouvernement a résilié ces contrats. Boubou Cissé, alors ministre des Mines, reprochait à ces sociétés l’absence de recherches sans motif justifié pendant un an ou encore le défaut de paiement des taxes et redevances. Outre le facteur crucial de l’insécurité, qui entrave toute velléité d’entreprise, le manque de moyens et de ressources humaines reste un problème récurrent. Même si le pays dispose de « géologues expérimentés qui peuvent mener des explorations, pour faire l’estimation de ressources, les statistiques de données et les calculs, nous sommes obligés de faire intervenir des expatriés », explique M. Traoré.

Cependant, aujourd’hui, grâce aux technologies de pointe qui servent à quantifier « nous effectuons aussi des estimations avec des niveaux de certitude », confie-t-il. Mais, en ce qui concerne également le lithium, les échantillons sont envoyés à l’extérieur pour des études.

Les recherches coûtent cher et sur le terrain les acteurs doivent toujours essayer « de revoir l’approche et la formation technique avec les nouvelles technologies », car, comme dans tous les domaines, les évolutions sont rapides et l’adaptation est indispensable.

Moderniser l’orpaillage

Mieux organisé, ce secteur pourrait être plus rentable pour la société. Confiée aux collectivités territoriales, la gestion de cette activité sur le terrain s’est avérée compliquée pour ses acteurs et menace les relations avec les investisseurs déjà installés.

Pourtant, selon la législation, les collectivités peuvent faire des demandes de « couloirs d’orpaillage ». Si, après vérification, il n’existe pas de permis sur ladite zone, un arrêté interministériel pris conjointement par le ministre en charge de l’Administration et celui des Mines accorde cette possibilité. Mais, généralement, dans la pratique les collectivités qui ont théoriquement le droit de gérer l’orpaillage accordent des espaces faisant déjà l’objet de permis, ce qui contrarie l’activité des détenteurs de droits et peut être de nature à rendre réticents les potentiels investisseurs.

Sur les 30 permis accordés pour les petites mines, « qui fonctionnent comme l’orpaillage », seules deux sont en activité. Il faut donc revoir la méthodologie. Intervenant à partir de la phase Recherche et développement, de l’exploitation jusqu’à produit fini, la société aide les opérateurs économiques à s’installer et à se développer afin d’obtenir des résultats positifs. Jusqu’à présent, 99% des recherches sont basées sur l’or, parce qu’il est le minerai le plus développé en termes de recherche et celui où le retour sur investissement est le plus rapide.

Mais à côté se développent aussi d’autres minerais, comme les matériaux de construction. Sur le plan géographique, les zones de l’ouest, comme Kayes et Kéniéba, sont les plus pourvues, comme celles du sud, Yanfolila et Kolondiéba. La zone de Kéniéba constitue une particularité, avec un accès plus facile à l’or, tandis que vers Sikasso il existe une profondeur de couches de latérite. D’où plus de zones en exploitation à Kayes que dans le sud.

Mais des zones auparavant classées comme peu favorables à l’exploitation de l’or sont en train de se révéler aussi riches en potentialités, comme Kidal, dans le nord, contrôlé par la CMA, un groupe armé signataire de l’Accord pour la paix.

Renforcer le cadre juridique

Le cadre juridique pour encourager la recherche existe mais doit être renforcé, selon les acteurs. Pour le moment, il n’existe pas de fonds spécifiques pour la recherche, mais certains partenaires initient des programmes, notamment pour la cartographie afin d’évaluer les potentialités. Un programme financé par la Banque mondiale, en cours d’exécution et  freiné par l’insécurité, doit bientôt être relancé.

En plus des projets de cogestion avec l’extérieur, selon des analystes, l’État doit mener des collaborations avec les universités pour la recherche, en leur donnant notamment des termes de référence afin qu’elles puissent travailler avec d’autres chercheurs pour avoir une idée claire du potentiel par zone, par exemple.

Le décalage entre les estimations et la production conduit souvent à des faillites pour les sociétés minières, ce qui peut conduire à des chômages techniques ou même à des licenciements. Il faut donc renforcer l’usage des technologies pour améliorer la récupération des données.

Pour assurer une participation nationale dans les sociétés d’exploitation minière qui opèrent sur le territoire, le Code prévoit une participation nationale de 5%. Mais, dans la pratique, les opérateurs n’y arrivent pas, confie un cadre du domaine. Parce qu’il faut se mettre à plusieurs, car individuellement l’importance des fonds à investir constitue un véritable frein. L’autre obstacle à une contribution locale efficiente est la mentalité, qui ne sied pas au domaine. En effet, dans la gestion des mines, il faut de la rigueur et privilégier les compétences.

Il faut aussi tenir compte du fait que « des investissements importants peuvent se révéler non rentables ». Ce qui permet de partager les risques lorsque l’on est plusieurs.  C’est ainsi que plusieurs permis ont été accordés à des nationaux dans le but de favoriser leur participation, mais il s’est avéré que beaucoup n’ont pas réussi à les rentabiliser. Or, le permis, qui n’est pas définitif, peut aussi être retiré. Selon les récents chiffres de la Direction nationale de la Géologie et des mines (DNGM) publiés le 5 décembre 2022, 1070 titres sont actifs sur 2 833 attribués, 1 623 permis sont expirés et 138 ont été annulés. L’État a en outre le 28 novembre dernier suspendu l’attribution des titres miniers afin de « mieux servir » les acteurs du secteur.

Cette suspension, de même que la création de la nouvelle société à capitaux 100% maliens sont vues comme de nouvelles opportunités afin que les ressources minières soient plus profitables aux Maliens.

Titres miniers : une suspension pour mieux agir

Dans un communiqué rendu public le 28 novembre 2022, le ministre des Mines, de l’énergie et de l’eau a annoncé la suspension de l’attribution des titres miniers. Une « pause » indispensable pour y voir clair dans un secteur stratégique caractérisé par une anarchie et une insuffisance de contrôles préjudiciables sur le plan économique et social.

« Dans le cadre des travaux entrepris pour l’amélioration de la délivrance et du suivi des titres miniers, pour mieux servir les acteurs du secteur minier, le ministre des Mines, de l’énergie et de l’eau informe la population, particulièrement les acteurs et opérateurs du secteur, que l’attribution des titres miniers est suspendue sur toute l’étendue du territoire à compter du 28 novembre 2022 », précise le communiqué.

Cette décision fait suite à un ensemble de faits, dont des audits menés par le gouvernement et une enquête récente du Conseil national de transition (CNT).

Il était donc urgent de mettre de l’ordre dans ce secteur, où règne « assez de flou », avoue M. Yacouba Traoré, consultant minier. Dans un contexte où le gouvernement « a compris qu’il ne maîtrise pas la situation sur le terrain », avec des conflits fonciers entre promoteurs, entre promoteurs et communautés et avec l’exploitation anarchique de certains opérateurs, qui ne respectent pas l’environnement, en complicité avec des responsables, le risque d’une dégradation impose une action mieux réfléchie.

Désordre et conflits latents

Il y a moins d’un mois, à Kangaba, il y a eu 2 morts. Des conflits violents aussi à Yanfolila entre communautés qui se disputent un permis délaissé par une société minière.  Des situations auxquelles il faut ajouter l’inactivité de plusieurs permis, alors que chaque trimestre de faux rapports font croire le contraire, précise un acteur. Cela engendre des manques à gagner, car lorsque le permis est en activité les promoteurs sollicitent des subventions, des exonérations. Selon les données de la Direction nationale de la Géologie et des mines (DNGM), sur 2 833 titres attribués, seuls 1 070 sont actifs. Des chiffres récents sur les gains de l’État par rapport à ces permis font état de 52 milliards contre des revenus de 1,5 milliard de francs CFA. Autant de facteurs qui poussent l’État « à réfléchir pour trouver des solutions » afin de mieux assainir le secteur. Pour un contrôle efficace, il faut une formation des agents et une lutte contre la corruption qui gangrène le secteur, suggère M. Traoré.

Fekola : B2 Gold annonce une baisse de ses prévisions de production

La production totale d’or au troisième trimestre 2022 a été de 227 016 onces d’or, en baisse de 27% par rapport au troisième trimestre 2021, et moins que les prévisions, en raison de nombreux défis.

La difficile saison des pluies a notamment rendu difficile l’accès au minerai à haute teneur de la phase 6 de Fekola, ont expliqué les responsables de la société. La mine a donc produit seulement129 933 onces d’or au troisième trimestre 2022.

La société a en outre annoncé une baisse de sa production dans la mine d’Otjikoto, en Namibie, 35 068 onces au troisième trimestre 2022. Mais la production devrait augmenter au quatrième trimestre, a-t-elle ajouté. B2 Gold a également indiqué un maintien de ses prévisions de production d’or 2022 dans sa mine des Philippines. Celle-ci a produit 49 902 onces au troisième trimestre.

Ce qui fait que, au plan global, la production d’or totale de la société reste estimée entre 990 000 et 1 050 000 onces d’or en 2022. En plus de ses mines dans ces différents pays, B2 Gold, fondée en 2007, dispose de projets d’exploration et de développement en Colombie, au Burkina Faso, en Finlande, en Ouzbékistan et au Mali.

Acquise en 2014, la plus grande mine de la société, sa cinquième acquisition, a démarré en 2015 et le traitement du minerai en 2017, avec la fin de la construction de l’usine.

Mali – Orpaillage: un renouveau attendu

Le Mali a une grande tradition d’orpaillage, une activité pratiquée depuis des siècles et « organisée » de façon coutumière. Contrairement au secteur industriel, codifié, la formalisation de  l’artisanat minier est un processus non encore abouti. Peu organisé et assez informel, il est en deçà des espoirs de ses acteurs. Mais son évolution, dû en partie au cours de l’or, a occasionné un développement exponentiel et la nécessité pour les autorités de mieux normaliser le secteur, afin que communautés locales et État en tirent plus de  bénéfices.

Défini dans le Code minier comme « l’activité consistant à récupérer l’or contenu dans les gîtes primaires, alluvionnaires et éluvionnaires », l’orpaillage peut être pratiqué sous deux formes : artisanale, « par les procédés simples (sans usage de produits chimiques) en utilisant des équipements rudimentaires », et mécanisée «  par des procédés améliorés, avec l’utilisation des machines et équipements ».

Mais, « malgré sa codification, l’activité ne respecte aucune législation en vigueur », déplore M. Lassana Guindo, Conseiller technique au ministère des Mines, de l’énergie et de l’eau. Les autorités ont donc « estimé qu’il était temps de la rendre plus formelle ». Une  forme d’organisation à l’image de tous les autres pays de la sous-région, pour mieux la structurer. L’activité devra donc désormais être soumise à une stricte autorisation.

Mais, contrairement à d’autres pays, au Mali l’activité a été transférée aux collectivités décentralisées, qui, en conséquence, devraient avoir les ressources financières et humaines nécessaires pour faire face à leurs missions. En l’absence de cela, il règne actuellement « une sorte d’anarchie dans le domaine ». Les orpailleurs n’ayant pas dans la pratique besoin de permis pour mener leurs activités, ils le font sur les territoires des permis des sociétés régulièrement installées, dans les cours d’eau et sans aucun égard pour l’environnement.

Cette situation a donc poussé les autorités à adopter une stratégie tendant à formaliser le secteur depuis environ cinq ans. Elle consiste d’abord à organiser les orpailleurs en coopératives, afin de faciliter leur identification, parce qu’ils sont caractérisés par une grande mobilité. Cette opération permettra non seulement  leur sensibilisation sur les bonnes pratiques mais facilitera également les discussions avec eux. Au-delà, l’absence de statistiques donne lieu à toute sorte de spéculations. Certaines estimations font état d’une production entre 10 tonnes et jusqu’à 60, c’est-à-dire l’équivalent de la production industrielle. Des chiffres qui se justifient par l’absence de données fiables en la matière. L’un des objectifs de cette normalisation sera donc d’avoir des estimations plus justes. Elle permettra aussi le suivi et le contrôle de la production, à travers la mise en place des registres au niveau des différents sites.  Pour  connaître le nombre d’orpailleurs, la production et la vente et ainsi assurer la traçabilité de l’or et donner l’opportunité d’augmenter les revenus de l’État dans le secteur minier.

Déconcentrer l’administration

L’une des limites de la gestion minière est sans aucun doute l’absence d’une administration compétente et efficace sur les sites. En effet, l’administration minière est jusque là très peu déconcentrée. La Direction nationale de la Géologie et des mines (DNGM), n’a par exemple que 2 représentations au niveau régional (Kayes et Sikasso). Alors que « pour atteindre ses objectifs l’administration doit être présente jusqu’au niveau local », estime M. Guindo,  afin que les collectivités soient appuyées, parce qu’elles, qui sont censées gérer le domaine, sont peu formées.

Les orpailleurs ne pouvant travailler partout, surtout sur des permis déjà attribués, la délimitation de leurs zones d’intervention est aussi l’un des défis majeurs que doivent relever les autorités.

Ils sont actuellement regroupées au sein de trois grandes associations et l’idée est de les réunir dans une confédération, afin d’avoir un interlocuteur unique légitime. Si elles n’ont pas jusqu’ici réussi à offrir une véritable amélioration des conditions de vie de leurs membres, ces organisations auront désormais pour tâche, dans cette confédération, de mener ensemble et à bien les mesures souhaitées par les autorités. Il est prévu dans cette optique la mise en place d’environ 200 coopératives dans les régions productrices, notamment celles de Kayes, de Sikasso et de Koulikoro. Une mise en place qui s’effectuera de la base au sommet. Le projet de gouvernance minière, dont l’un des volets concerne l’artisanat minier, appuie la Chambre des Mines dans le cadre de ce volet d’organisation des orpailleurs.

Développer le contenu local

Après deux décennies d’activité minière, dont les résultats n’ont pas toujours été à la hauteur des espérances, le Mali souhaite faire bénéficier davantage les acteurs locaux des ressources minières. C’est toute la problématique : comment développer le contenu local ? Il s’agit entre autres de s’interroger sur les retombées de l’activité pour le Mali en termes d’investissement, de fourniture de services ou d’autres résultats, afin qu’une partie de l’argent de cette activité reste « au pays ». Cela peut aussi se traduire en termes de formation, de sous-traitance. En somme, il faut capitaliser un certain nombre de ressources pour générer des revenus au plan local.

« Ces aspects, pris en compte par la nouvelle règlementation, sont en train d’être développés au niveau industriel », explique-t-on au ministère des Mines. Il s’agit aussi de mieux imaginer le développement local, avec de véritables projets de développement et  des communautés qui « avoisinent les mines et qui sont souvent les plus impactées négativement ». Pour ce faire, elles ont besoin d’être formées et assistées pour avoir « la capacité d’agir ». Un cadre organisationnel dont la mise en œuvre se poursuit avec les acteurs pour qu’ils en maîtrisent tous les contours.

Estimée à 70 tonnes en 2021, les autorités ambitionnent d’augmenter de 15% la production d’or grâce à une meilleure formalisation du secteur artisanal. Cette activité non fiscalisée, qui souffre surtout d’une absence de respect des règles, pourrait permettre d’optimiser les ressources de l’État si sa pratique devenait mieux structurée.

Problématique des petites mines

L’orpaillage purement traditionnel, effectué par les communautés avec une absence de mécanisation et de façon saisonnière, a tendance à laisser place à un système de « petites mines », où des acteurs un peu plus nantis s’adonnent à cette activité. Avec cette mutation, l’ancienne forme a presque disparu. Il existe une distinction nette dans la législation entre les différentes activités. Mais les limites sont peu connues et les confusions ne sont pas rares. Il faut maintenant, en plus du Code minier, un arrêté pour bien spécifier les différents domaines. On parlera alors d’orpaillage  lorsqu’il y aura un certain nombre d’équipements légers et sommaires, comme une motopompe ou un compresseur. Mais il s’agira d’une petite mine dès lors que  la quantité de minerai, l’investissement et la production journalière seront plus importants. Les précisions qui seront contenues dans l’arrêté compléteront  l’arsenal juridique.

L’existence de ces petites mines a donc changé la donne pour beaucoup d’habitants de ces zones d’extraction. Désormais, soit ils sollicitent quelques emplois comme mécaniciens ou chauffeurs quand ils en ont la qualification, soit ils se contentent de creuser avec leurs petits outils les espaces non accessibles aux machines des propriétaires de petites mines.

Sékou Sissoko est  chef de village à Sanoukhou, à 4 kilomètres de la ville de Kéniéba. Il dénombre environ 7 opérateurs sur ce territoire et dénonce l’absence d’informations sur les permis et leur validité. Membre d’une coopérative d’environ une cinquantaine de personnes installée depuis 2018, il évoque entre autres difficultés le manque d’équipements.

En outre, les petites mines qui arrivent s’installent avec leur équipement et souvent leur personnel. Pour vivre, les populations exercent le maraîchage en attendant que les détenteurs de permis ne démarrent leurs activités. Dénonçant aussi l’usage des produits nocifs pour l’environnement, M. Sissoko se dit opposé à l’arrivée de sociétés utilisant des produits prohibés exerçant dans des localités voisines.

Afin que le secteur puisse mieux profiter aux acteurs dotés d’équipements adaptés, encadrés et utilisant des produits peu dangereux pour l’environnement, les autorités envisagent l’adoption d’une stratégie et d’un plan d’action dont la mise en œuvre avec l’ensemble des acteurs devra contribuer durablement au développement des zones minières.

Fatoumata Maguiraga

Tiémoko Sangaré: « Les communautés avoisinant les mines sont une grande priorité »

Avec un apport estimé à 23% du PIB du Mali, l’or reste la principale ressource minière exploitée du pays avec une production annuelle de 50 tonnes. Le secteur doit néanmoins faire face à de nombreux défis comme celui de la diversification. A cela s’ajoute les nombreuses attentes des populations riveraines des mines quant aux retombées de l’exploitation ainsi que les questions environnementales. A toutes ces questions le ministre des Mines et du Pétrole, le Professeur Tiémoko Sangaré répond à Journal du Mali.

 

Comment se porte le secteur des mines ? Le secteur minier malien qui est focalisé sur l’or se trouve à un niveau où l’exploitation industrielle a atteint son rythme de croisière avec une production annuelle moyenne de 50 tonnes d’or. Selon les projections, cette production devrait rester stable sur les dix prochaines années.

 

Pour ce qui concerne l’artisanat malien, malgré l’inexistence de statistiques fiables, la production de l’orpaillage dépasse aujourd’hui les dix tonnes d’or selon les informations recueillies au niveau du cordon douanier.

 

Le Mali a cédé sa place de troisième producteur d’or en Afrique. A quoi est dû ce recul ?

Selon les dernières statistiques le Mali est toujours le troisième pays africain producteur d’or derrière l’Afrique du Sud et le Ghana.

 

Qu’est-ce qui a prévalu à l’adoption d’un nouveau code minier ? 

La relecture du Code minier a été motivée par :

-la prise en compte des recommandations de l’étude diagnostic de la fiscalité minière et pétrolière (FMI) dont la réduction de la période de stabilité des régimes fiscaux douaniers et économiques, la perception de la rente minière ;

-la prise en compte des recommandations de l’étude diagnostic du secteur minier dont l’objectif fondamental était l’augmentation de la contribution du secteur minier dans l’économie ;

– l’alignement de la loi minière avec les orientations de la nouvelle politique minière ;

– la prise en compte d’un certain nombre de constats soulevés par les parties prenantes (Administration minière, Sociétés minières, Organisation de la Société Civile, communautés), notamment sur la problématique du développement communautaire, le développement du contenu local, la création d’emploi

Comprenez-vous les réserves que cela suscite de la part de certains acteurs ?

La révision d’un code minier suscite toujours de nombreuses questions car c’est un exercice qui oppose différentes parties : le Gouvernement qui veut maximiser ses revenus et les sociétés minières qui veulent faire le maximum de profit.

L’objectif final d’une relecture doit être l’élaboration d’une législation qui s’inscrit dans un cadre de partenariat public – privé et dans une démarche « gagnant – gagnant », dans lesquels les intérêts de toutes les parties doivent être pris en compte et préservés tout en conservant à cette législation son double caractère incitatif et attractif.

Comment faire bénéficier davantage les communautés où sont implantées les sociétés d’exploitation minières?

Le développement des communautés avoisinant les mines est une grande priorité pour le département des Mines. Pendant la révision du Code de 1999, le développement communautaire a été pris en compte. C’est ainsi que la Loi n° 2012-015 du 27 février 2012 portant Code Minier en République du Mali dispose ce qui suit :

–       Article 150 : « … tout postulant à un permis d’exploitation ou à une autorisation d’exploitation de petite mine est tenu de fournir à l’Administration chargée des mines, en même temps que l’étude de faisabilité ou le rapport de faisabilité, un plan de développement communautaire »

 

–   Article 151 : « le plan de développement communautaire, élaboré en concertation avec les communautés et les autorités locales régionales, est produit par la société. Il est actualisé tous les deux ans….. Ce plan de développement communautaire doit être harmonisé et intégré aux PDSEC des trois niveaux de collectivités territoriales ».

Par ailleurs plusieurs actions ont été entreprises allant dans le sens du développement communautaire notamment l’organisation d’ateliers de sensibilisation dans les deux pôles miniers de Kayes et Sikasso pour une meilleure utilisation des revenus miniers versés au niveau des collectivités.

 

Qu’entendez-vous faire pour éviter les tensions comme celles qui ont éclaté à Kéniéba, entre les jeunes et les sociétés minières de leur localité?

Appliquer la loi et redynamiser les cadres de concertation entre les sociétés minières et les communautés locales. Ce cadre sera le lieu où tous les problèmes communautaires (infrastructures, santé, emplois etc.) seront discutés.

 

Quelles sont les mesures mises en œuvre pour lutter contre le dragage sur le fleuve?

Le département des Mines est conscient des impacts négatifs du dragage sur nos cours d’eau. A travers une communication verbale le Conseil des Ministres a pris la décision d’interdire cette activité. Pour la mise en œuvre de cette décision, le département des Mines a pris en compte l’interdiction du dragage en enlevant de la législation minière. Les autorisations de dragage légalement attribuées par l’administration minière seront tous annulées. D’autres actions de suivi et contrôle avec les autres départements concernés seront entreprises prochainement. En 2017, le Département a envoyé une lettre circulaire à toutes les autorités pour mettre fin à cette activité.

 

Plusieurs constats font état de l’utilisation de substances dangereuses dans l’extraction artisanale de l’or? Qu’en est-il ? Quelles sont les mesures envisagées pour lutter contre ce phénomène dangereux ?

L’utilisation de produits dangereux dans l’exploitation artisanale de l’or est une réalité aujourd’hui. Il s’agit surtout du mercure, du cyanure et des acides (sulfuriques, nitriques). Afin de trouver une solution à cette problématique le département des Mines a mené un certain nombre d’actions, notamment l’organisation du forum national sur l’orpaillage en septembre 2014 où une forte recommandation a été faite sur l’interdiction de l’utilisation des produits chimiques dangereux, l’élaboration de Guide de Bonnes Pratiques, de santé, d’Hygiène et d’Assainissement, de Sécurité au travail et de protection de l’environnement applicable sur les sites d’orpaillage, et la création d’une cellule Orpaillage pour la réorganisation et l’encadrement du secteur.

 

Le Gouvernement a entrepris la fermeture périodique des sites d’orpaillage entre juin et septembre. Cette mesure est-elle efficace ?

Cette mesure est respectée dans la région de Sikasso, une partie de la région de Koulikoro. Dans ces zones, les populations arrêtent l’orpaillage au profit de l’agriculture. Par contre dans la région de Kayes (Sadiola, Kéniéba) cette mesure reste toujours inefficace. Des réflexions sont en cours pour voir comment infléchir sur l’orpaillage dans cette localité par un changement de mentalité (introduction d’autres activités génératrices de revenus).

 

La diversification est une des mesures annoncées pour faire face à l’essoufflement du secteur. Où en est-on ?

Le département des Mines participe à toutes les conférences minières à travers le monde afin d’attirer les investisseurs sur d’autres indices de substances minérales outre que l’or mis en évidence. D’autre part la cartographie à une échelle beaucoup plus détaillée accompagnée d’inventaire est en cours. Les résultats de ces différentes actions sont aujourd’hui la réorientation de la recherche et de l’exploitation sur des substances telles que le manganèse, le fer, le lithium, le phosphate.

 

Quelles sont les stratégies mises en œuvre pour assurer le respect de l’environnement, en cours et après l’exploitation des mines ?

Les stratégies concernant le respect de l’environnement pendant et après l’exploitation minière existent dans nos législations depuis l’avènement de l’activité minière. L’ensemble des sociétés minières d’exploitation minière en activité aujourd’hui dispose de plan de gestion environnementale périodiquement actualisé et de plan de fermeture. L’administration minière et de l’environnement est chargée du suivi régulier de la mise en œuvre du contenu de ces différents documents.

L’entreprise Golden United Group (GUG) s’installe au Mali

C’est ce 26 janvier 2018 à l’hôtel Laïco Amitié qu’a eu lieu la signature de la convention d’établissement entre le gouvernement de la République du Mali et la société soudanaise Golden United Group. Bientôt, une usine de traitement de déchets issus de l’orpaillage traditionnel, verra le jour à Kéniéba. 

Avec cette signature de convention, la société soudanise déjà forte de plusieurs années d’expérience non seulement au Soudan, mais aussi au Niger, au Tchad, en Ethiopie et en Mauritanie, s’apprête à mettre son savoir-faire au service de la rentabilité dans le domaine de l’orpaillage au au Mali. Spécialisée dans la recherche et l’exploitation de substances minérales comme l’or, la société GUG implantera une usine de traitement des déchets issus de l’orpaillage traditionnel dans le cercle de Kéniéba dans la première région du Mali, au cours de cette année 2018. Inexploitée, jusque-là, la récupération de ces déchets de l’orpaillage, permettra d’accroître la rentabilité de l’or dans cette zone particulièrement riche du minerai précieux.

Meilleure rentabilité

L’installation de cette unité permettra la création de 250 emplois directs et environ un millier d’emplois indirects. Le ministre du Développement industriel Monsieur Mohamed Aly Ag Ibrahim, s’est réjouit de cette signature de convention qui intervient après une mission des cadres des différents ministères concernés, dont ceux de l’Industrie et de l’Environnement, pour s’assurer de l’utilisation d’une technologie innovante en la matière. Une mission qui a permis aux cadres de se rendre compte de la crédibilité et du sérieux des partenaires, selon le ministre en charge du développement industriel. C’est pourquoi « toutes les dispositions seront prises pour rendre effective cette unité », ajoute-t-il.
Quant aux partenaires soudanais, promoteur de l’unité industrielle, ils promettent d’agir avec « intégrité et efficacité » pour rentabiliser les déchets qui seront traités et dans le cadre du respect de l’environnement. Ce projet dont les impacts positifs sont attendus, contribuera notamment à l’augmentation des revenus des orpailleurs, la valorisation des déchets de l’orpaillage traditionnel et l’augmentation de la production aurifère du Mali, selon ses promoteurs. L’unité sera mise en place à travers une société de droit malien LANA-SA dont le siège sera à Bamako et nécessitera un investissement de 10 millions de dollars soit environ 5 500 000 000 de francs CFA.

Camara Marie Anne Dabo, présidente de l’association des femmes minières du Mali : « La femme est incontournable dans le secteur minier »

Le Premier ministre a donné le coup d’envoi ce matin des 7e journées minières et pétrolières du Mali, à l’hôtel Laïco de l’amitié. En présence d’une dizaine de ministres de son gouvernement, il a souhaité que l’or puisse briller pour tous les Maliens. En attendant que ce souhait devienne réalité, des femmes se sont organisées en association pour exploiter les pierres précieuses et semi-précieuses au Mali. La présidente de l’association des femmes minières du Mali, Camara Marie Anne Dabo, s’est épanchée pour le Journal du Mali sur les spécificités de cette association.

Journal du Mali : Vous êtes la présidente l’association des femmes minières du Mali (AFEMINE), dites-nous en plus sur cette association ?

Camara Marie Anne Dabo : L’association a été créée en 2002, et depuis nous avons fait du chemin. Nous sommes là pour montrer qu’il y a d’autres ressources au Mali autre que l’or, la bauxite, le pétrole. Il y a d’autres substances qui génèrent de la richesse. Il y a par exemple les pierres précieuses, nous nous sommes donc organisés pour faire de l’exploitation, la transformation, la valorisation des pierres du Mali.

Quelles sont les pierres que vous exploitez ?

Nous sommes spécialisées dans les prehnites (pierres semi-précieuses). Des prehnites verts et bleus. Quand elles sont bien travaillées, elles ont une bonne valeur marchande, et peuvent même côtoyer les pierres précieuses.

Selon vous, quelle place occupe la femme dans le secteur minier au Mali ?

Bien que le genre soit marginalisé, dans certaines filières, j’avoue que de 1995 à ce jour, le secteur minier à beaucoup progressé. Nous observons, actuellement, qu’il y a des femmes détentrices de permis, des femmes propriétaires d’exploitation minière, des femmes directrices des sociétés minières, je pense donc qu’il y a eu un progrès, mais toute fois elle est minoritaire. Nous luttons pour avoir la place que nous méritions dans ce secteur. La femme est incontournable dans ce secteur, nous représentons 45 à 51% dans cette activité, que ce soit d’une manière artisanale ou d’une exploitation minière. Quand il s’agit des partages de postes et de biens, les femmes sont marginalisées. C’est pour cela, que nous voulons nous accaparer des pierres, faire de ceux-là un métier féminin, pour que la femme malienne puisse briller non pas seulement par l’or, mais par les pierres également.

Combien de femmes travaillent sur le projet ?

Des femmes de 18 villages travaillent sur les pierres. Elles sont aux nombres de 2000 femmes autour de ce projet. Lorsque nous avons fait le projet, nous avons bénéficié d’un financement de la banque mondiale, mais nous nous sommes rendu compte que le projet était un peu mince pour combler toutes ces femmes et cela, dans des zones où l’immigration est très présente. Dans ces villages, on ne voit que les femmes, les bras valides sont très souvent absents. Nous avons donc agrandi le projet, des sociétés nous accompagne désormais sur ce projet, et ONU Femmes nous appui dans nos démarches.

Après l’exploitation et la vente des pierres, comment se fait la répartition des bénéfices ?

Nous sommes tous égaux. Nous, nous faisons partie du bureau national, et ce bureau a plusieurs branches. Nous avons des femmes collectrices d’Or, des femmes dans d’autres domaines, et très souvent quand nous faisons des projets pour un groupement, il y va de soi que les bénéfices soient du gagnant-gagnant.

Quelle importance revêt pour vous ces journées minières et pétrolières ?

Les partenaires sont un peu réticents à venir au Mali. Ces journées nous offre un cadre pour montrer non seulement aux Maliens et aux restes du monde qu’il y’a des ressources qui sont là, et qui sont dans des zones sécurisées, et qu’ils sont avec des personnes qui ont besoin de partenaires, pour développer ces ressources. Que ce soit la diaspora malienne, que ce soit les partenaires techniques qui sont à l’extérieur, nous en avons besoin.

De la transparence

 

Qu’elles soient aurifères ou qu’elles exploitent des sources d’eau minérale, les industries minières du Mali sont un acteur très important de l’économie nationale. Avec une contribution de 6% au PIB, les activités extractives sont particulièrement rentables pour l’Etat qui perçoit des dividendes et autres taxes sur l’exploitation de ses gisements. Mais, comme pour la plupart des pays dont le potentiel dans ce domaine est élevé et où les populations voient les richesses circuler sans avoir « leur part du gâteau », la question de la transparence de la collecte, puis de la gestion des revenus, se pose.

On en parle beaucoup dans l’actualité de ces derniers jours. Le Niger, pays aux richesses minérales importantes, en particulier l’uranium dont il est le premier producteur mondial, s’est retiré de l’ITIE. L’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) est une norme internationale qui prône la transparence dans la gestion des ressources pétrolières, gazières et minières d’un pays.

Mise en œuvre par une coalition composée de gouvernements, de sociétés minières et de la société civile, cette norme a pour objectif principal le renforcement de la gouvernance et de redevabilité dans le secteur extractif. A travers la collecte et l’étude des informations liées au flux de capitaux entre les miniers, les sous-secteurs qui leur sont liés et l’Etat, l’ITIE œuvre à la transparence de cette industrie sensible. Elle publie ainsi chaque année des rapports ITIE exhaustifs, incluant la divulgation complète des revenus de l’État issus des industries extractives, ainsi que la divulgation de tous les paiements significatifs versés au gouvernement par les entreprises pétrolières, gazières et minières. C’est pour avoir manqué d’esprit de collaboration lors de l’élaboration dudit rapport que le Niger a été suspendu de l’Initiative, avant de prendre la décision, ce mois de novembre 2017 d’en quitter les rangs.

La menace d’une suspension avait également pesé quelques mois sur le Mali avant que les choses ne rentrent dans l’ordre. « Une affaire de gouvernance interne », comme l’énonce ce journaliste, avait assombri les relations au sein de l’instance au niveau du pays. Mais si l’on en croit la secrétaire permanente de ITIE Mali, Fatoumata Traoré, le risque de suspension d’un pays est plutôt lié à « un processus complexe de contre-performance auquel le Mali a échappé suite à sa validation par le Conseil d’administration du Secrétariat international de l’ITIE le 24 mai 2017 ». Membre de l’ITIE depuis 2007 et déclaré « pays conforme » en août 2011, le Mali fait donc des efforts pour respecter les normes de l’organisation. Constitué institutionnellement d’un Comité de supervision, d’un Comité de pilotage et d’un Secrétariat permanent, ITIE Mali, dans lequel sont représentés tous les acteurs publics comme privés, a déjà publié huit rapports portant sur les exercices 2006, 2007 et 2008 cumulés, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013 et 2014. Le dernier en date, émis en novembre 2017, couvre la période s’étalant du 1er janvier au 31 décembre 2015, et constitue le neuvième rapport ITIE du Mali depuis son adhésion à l’ITIE. Ces publications des informations sur le secteur permettent aux citoyens d’apprécier la manière dont les revenus sont gouvernés et éventuellement de demander des comptes.

Contrôle accru des déclarations

Comment mieux gérer les revenus miniers au Mali afin d’augmenter la contribution du secteur dans le budget national? En février 2017, la «Conférence gestion des revenus miniers au Mali», se tenait au Grand Hôtel de Bamako. Au cours de cette rencontre où la question de la gouvernance et de la transparence était à l’ordre du jour, les participants ont pu mesurer l’étendue de l’apport des industries extractives à l’économie du Mali. 1500 milliards de francs CFA, c’est la somme que le budget national malien a perçue comme revenus tirés de la gestion des mines sur une période de cinq années, allant de 2011 à 2016. Ce montant, ensuite dispatché, sert à plusieurs emplois (voir tableau en page 16) dont, entre autres le financement des collectivités, à différents fonds (Fonds d’appui à la formation professionnelle, Fonds d’informatisation de la Douane), mais aussi à des redevances reversées à l’Union économique ouest-africaine (UEMOA) et à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Pour l’année 2015, plus de 135 milliards de francs CFA ont ainsi été redistribués.

Quid des populations ?

Ces dernières, riveraines des sites d’extraction et les moins bien loties dans l’accès aux ressources provenant de leur exploitation, réclament régulièrement une répartition « plus équitable » de ces ressources. De Morila à Kalana en passant par Diago, les revendications récurrentes sont rapportées aux pouvoirs publics, aux dirigeants des mines afin qu’ils « n’oublient pas que c’est sur nos terres qu’ils sont en train de travailler », explique un habitant de la localité, employé de la mine de Kalana. « Les collectivités locales auxquelles les mines versent impôts et taxes ont le devoir de les utiliser pour améliorer les conditions de vie des populations », explique cet opérateur minier. Qui ajoute que de nombreuses actions sont faites en faveur des populations mais que le rôle de la mine « n’est pas de développer, nous venons seulement en ajout aux initiatives locales ».

« Personne ne peut vous dire ce qui sort réellement de cette mine ». Cette phrase, souvent prononcée en particulier par les acteurs locaux de la société civile illustre le « peu de connaissance du système de fonctionnement » des miniers, explique notre acteur du secteur, qui requiert l’anonymat. « Les miniers communiquent beaucoup, nous donnons nos chiffres, ceux de notre production, ceux des exportations, les revenus reversés au budget de l’Etat et à celui des collectivités, nos actions humanitaires, etc. On ne peut pas nous targuer de manque de transparence », ajoute-t-il. Boubacar Dienta, ancien secrétaire permanent de l’ITIE Mali, affirmait que le gouvernement doit renforcer la transparence dans la gestion des revenus à travers une vérification plus pointue des paiements qui sont effectués par les entreprises et les revenus qui sont perçus par les régies de l’État. Il s’agit également de procéder à une comparaison des chiffres.

Comme pour illustrer ses propos, le dernier rapport de l’ITIE fait ressortir, après rapprochements des chiffres fournis par les industries extractives retenues et ceux de l’Etat, un écart équivalent à plus de 7 %. « L’écart résiduel global non concilié s’élève à 13 265 millions de francs CFA soit 7,09% du total des recettes déclarées par l’Etat après ajustements », peut-on lire dans ledit rapport. Il faut noter que sont retenues dans le périmètre de conciliation défini par le Comité de pilotage de l’ITIE pour l’année 2015 toutes les sociétés minières dont le total des recettes déclarées par les régies financières est supérieur à 50 millions de francs CFA. 

Rationaliser la collecte

C’est pour le ministre de l’Economie et des Finances, l’une des priorités pour améliorer la gouvernance de la gestion des revenus des industries extractives. Rationaliser les différentes structures de l’Etat qui interviennent dans le secteur est indispensable, « nous n’avons pas moins de 4 à 5 structures d’au moins 3 ministères différents qui interviennent dans l’organisation institutionnelle de la collecte de ces revenus », expliquait-il lors de la rencontre de février sur la gestion des revenus miniers. La relecture en cours du cadre réglementaire et juridique, jugé trop complexe et l’élaboration en cours d’un code unique pour le secteur devraient permettre de simplifier et de rendre plus efficace le système. Au ministère des Mines, on est fermement convaincu que «si la richesse minière du pays est judicieusement gérée, elle peut contribuer au développement économique et à la réduction de la pauvreté», comme le déclare le chef de département, le Pr Tiémoko Sangaré.

Quand l’or chute…

L’or est l’une des principales richesses du Mali, qui est le troisième producteur africain après l’Afrique du Sud et le Ghana. L’exploitation de ce minerai génère des ressources non négligeables pour le budget de l’à‰tat, en moyenne 250 milliards de francs CFA de recettes fiscales, pour une production d’environ 50 tonnes. Mais cette industrie est quelque peu menacée par la chute continue sur les marchés mondiaux des cours des matières premières, à  commencer par l’or. Depuis le deuxième semestre 2015, le métal jaune a perdu 10,7% de sa valeur, avec une chute sous la barre symbolique de 1 000 dollars américains l’once (entre 24 et 33 grammes d’or selon les pays, ndlr) en fin d’année. En ce début février 2016, il s’échange autour de 1 060 dollars l’once, un niveau qu’il n’avait pas atteint depuis 2010. Sa faible performance sur les marchés entraà®ne, de fait, un ralentissement de l’industrie minière, notamment des nouveaux projets d’exploration. Cette situation, qui pourrait cependant s’inverser dans les mois à  venir selon les experts, suscite des inquiétudes auprès des miniers maliens. Les opérateurs du secteur emploient chacun des dizaines de sous-traitants, à  leur tour pourvoyeurs de centaines d’emplois, et qui pâtissent au premier chef de cette chute des cours. « Les activités risquent de ralentir et les miniers vont vouloir eux aussi freiner. Il y a même un risque de plans sociaux, de licenciements pour raison économique, afin de minimiser les charges en attendant des jours meilleurs », explique un opérateur malien. Autre incidence de ce ralentissement de l’activité minière, la baisse des ressources que l’à‰tat perçoit, à  travers les impôts et taxes, alors que le budget 2016 table sur un record de 2 000 milliards de francs CFA. L’or étant moins cher, on pourrait penser que les consommateurs maliens seraient pris d’une fièvre « jaune ». « Ce n’est pas du tout le cas », explique pourtant Mohamed Sow dit Mambé, bijoutier à  l’Artisanat. « Les gens n’ont pas d’argent et bien que le prix de l’or baisse, nous ne vendons presque rien. Fin 2015, nous avons même cassé les prix pour doper les ventes mais sans trop de résultats », poursuit-il. Selon Malamine Diarra, également bijoutier, l’or se vend aujourd’hui un peu plus cher qu’en fin 2015, 19 000 francs CFA le gramme de 18 carats travaillé, contre 18 500 en décembre dernier. « La baisse ne dépasse jamais 1 000 francs CFA, alors que l’argent ne coûte que 900 francs CFA le gramme. La crise a donc fini de détourner les clients de l’or », ajoute-t-il. Mais pour Fousseyni Diakité, consultant, il ne faut pas être pessimiste. Alors que la Banque mondiale prévoit un recul des prix des métaux précieux de 8 % en 2016, l’expert estime que l’on peut espérer une légère mais constante remontée du cours de l’or. Selon lui, les facteurs essentiels de cette tendance à  la hausse seront le taux d’intérêt de la FED, la banque centrale américaine, mais surtout une demande plus accrue de métal jaune.

Grand débat économique: le Prof Niang attaque Boubou Cisse

Le cinquième numéro du grand débat économique s’est tenu ce samedi à  la Chambre de Commerce d’Industrie du Mali (CCIM) animé par Dr Boubou Cissé, ministre des mines et Prof. Abdoulaye Niang, Directeur du Centre de Recherche et d’études stratégique « Sènè » sur le thème: la place de l’or dans l’Economie du Mali. D’entrée de jeu, Boubou Cissé indiquera qu’il existe dix mines d’or en activité au Mali dont deux qui fermeront probablement dans quelques mois. Pour le professeur, la place qu’occupe le Mali en Afrique et dans le monde dans la production de l’or n’est pas ressentie dans le panier de la ménagère, « l’or brille peut être au Mali mais il est évident que le Mali est dans le noirceur du développement humain », a relativisé le professeur Niang. Rappelant le doyen à  rester dans l’aspect économique du débat sur le métal précieux, le ministre dira que l’analyse du professeur Niang n’est basée sur aucun fondement mais plutôt des clichés avant d’inviter la presse et le professeur Niang de s’imprégner des chiffres au niveau de son département. Sans aller avec le dos de la cuillère, le professeur Niang taxera les sociétés industrielles étrangères telle que RandGold d’être l’objet des souffrances de la population qui ne bénéficie toujours pas des avantages de l’or. « Le problème ne se situe pas au niveau central car le gouvernement malien évolue dans la transparence et dans la responsabilité totale, a répondu le ministre. D’accusation de par chaque partie à  ne point finir, la deuxième édition du forum économique s’est clôturée avec encore des arguments dans la gorge des battants.

Mali, la nouvelle ruée vers l’or

à€ la force des bras, Hamidou remonte lentement de la profonde tranchée qu’il vient de creuser pendant des heures. Les gestes sont lents. Le poids de la fatigue, toujours plus lourd. Sur son visage couvert de poussière, les traits sont tirés. Les muscles de ses mains sont presque tétanisés. Dans la fournaise, par une température de plus de 45 °C, de 7 heures à  18 heures, il aura foré la terre sans presque s’arrêter, comme possédé par la fièvre de l’or. Comme lui, des milliers de mineurs venus de tout le pays transforment chaque jour la région aurifère de Kéniéba, à  environ 400 kilomètres de Bamako, dans le sud-ouest du Mali, non loin de la frontière avec le Sénégal, en une gigantesque termitière à  ciel ouvert. à€ perte de vue s’étend un enchevêtrement de galeries compliquées, qui sont autant de saignées dans la terre aride. Au fond de ces mines, les hommes triment sans relâche, l’espoir au coeur. L’or est partout. Ils le savent, ils le sentent. C’est plus fort qu’eux. Cette fois, c’est certain. Le filon est là , juste sous leurs pieds. Il les attend et fera d’eux des hommes riches. Immensément riches. Adieu la misère des faubourgs de Bamako, les dangers du nord du pays et la guerre civile contre les islamistes qui les a jetés sur les routes. Dans la ville minière, on refait le monde et l’on oublie la misère Le regard un peu perdu, ébloui par le lourd soleil de cette fin de journée, Hamidou lui aussi veut y croire. à€ quelques mètres à  peine de sa mine, un jeune, presque un enfant, venu du Burkina Faso voisin a eu de la chance le mois dernier. Il a trouvé de la poussière d’or. Une vingtaine de grammes dans la journée. Une fortune! Demain, c’est sûr, ce sera son tour. En attendant, il va rejoindre ses camarades dans un des campements de fortune de Kéniéba pour se reposer un peu et se rafraà®chir. Formé de quelques cases construites en toile, en bois et en tôle ondulée récupérés ici ou là , son logement n’est situé qu’à  quelques centaines de mètres de la mine. Il va y dormir quelques heures avant d’aller boire une bière dans un des nombreux «maquis» de la ville minière. Un bar crasseux oà¹, sous les néons, dans le fracas du R’n’B, les hommes s’oublient dans l’ivresse et, parfois, dans les bras des prostituées nigérianes qui trustent ici le marché de l’amour facile. à€ peine majeurs, ils ont arrêté leurs études Accoudé à  la table, un couvercle de bidon d’essence soudé à  une bielle hors d’usage, il a retrouvé ses amis, Abdou, Moussa, Oumar et Ousmane. Tous ont quitté leur famille pour venir ici tenter leur chance. Cela fait sept mois qu’ils creusent. Leur parcours est le même que la plupart des mineurs. Arrivés en bus depuis Bamako, ils ont mutualisé les frais. à€ peine majeurs, ils ont arrêté leurs études et ont préféré rejoindre la mine «pour aider leurs proches». Moussa, lui, travaillait avec les touristes. Mais les événements du Nord et le récit des exactions des islamistes ont fait fuir les étrangers. Sans travail, il est devenu mineur. La guerre et la peur de voir le Mali s’enfoncer dans la violence plombent l’atmosphère du camp. Mais, comme chaque soir, les cinq amis vont refaire le monde et se raconter la même histoire qui se raconte partout, de Bamako à  Mopti en passant par les routes qui mènent à  Kéniéba. Celle de cet homme de la banlieue de la capitale arrivé en bus à  la mine et reparti le soir même avec 2 kilos d’or. Une fable bien sûr, mais qui leur donne encore et toujours de l’espoir. Dans cette ville née de la folie des hommes pour l’or, les rôles sont bien définis. Et derrière l’apparent chaos, le travail minier est parfaitement organisé et le circuit de l’or strictement balisé. Au milieu des campements des mineurs, les boutiques de «quincaillerie et divers» poussent comme des champignons. Autour de la rue principale, des ruelles partent à  droite et à  gauche. Partout, une activité intense règne. Cette zone d’orpaillage est connue depuis des siècles, mais c’est la première fois qu’elle est exploitée industriellement. Si les emplacements de certains filons se transmettent de bouche à  oreille, les mineurs utilisent désormais des détecteurs de métaux achetés à  Bamako ou loués à  un tiers contre un pourcentage de l’or découvert. Dès que le détecteur sonne, le prospecteur commence à  creuser. Puis il repasse avec l’engin au-dessus de la cavité. S’il sonne encore, on creusera de nouveau. Sinon, on ira voir plus loin. Du mercure qui empoisonne l’eau de Kéniéba Dans tous les cas, la fine poussière sera mélangée à  de l’eau, puis tamisée. Pour suivre un filon, les mineurs peuvent forer la terre jusqu’à  plus de 20 mètres de profondeur, se glissant entre des parois mal étayées qui, parfois, ne font pas plus de 40 centimètres de large. Au risque d’être ensevelis sous des gravats et de mourir écrasés dans ce piège mortel. Chaque jour, ce sont des centaines de kilos de terre qui sont remontés et transportés à  dos d’homme dans des sacs de toile vers la zone de concassage. Pour chaque sac, les mineurs reçoivent 500 francs CFA, soit 0,76 euro. Ceux qui creusent sont ceux qui portent les sacs. Ici, c’est la règle. Certains ont acheté leur terrain, d’autres, plus pauvres, louent leurs bras. Au concassage, la terre est lavée, puis tamisée en quête de la moindre poussière brillante. L’eau est puisée dans la rivière à  l’aide de pompes hydrauliques. Tout autour de la zone de concassage, les femmes manient le tamis avec dextérité. Dans l’eau boueuse, en plein soleil, elles rincent l’argile et les cailloux broyés par la concasseuse, leur dernier-né sur le dos. Tout le monde est mobilisé. L’or commande. Le minerai est broyé puis filtré jusqu’à  obtenir une poudre aussi fine que de la farine. Elle passe ensuite sur une sorte de toboggan dont les paliers de bois sont souvent recouverts de morceaux de moquette. L’or, encore mélangé à  une terre boueuse, s’y colle. Placée dans des batées coniques, cette soupe épaisse est l’ultime étape avant la séparation définitive de l’or. Celui ou celle qui manipule la batée fait tournoyer l’eau et le minerai qu’elle contient, tout en laissant échapper, par le bord supérieur, la part la plus légère. Soudain, de minuscules paillettes jaunes apparaissent. Certains déposent une goutte de mercure, ce métal toxique qui amalgame l’or, mais qui empoisonne l’eau de Kéniéba, pour permettre sa récupération finale. L’or est revendu à  des acheteurs d’Europe ou du Moyen-Orient Quand un mineur, heureux, découvre de l’or, il le revend sur place à  des petits négociants qui fournissent des intermédiaires ou rentre à  Bamako pour le proposer à  un acheteur des maisons de négoce de la ville, qui rachètent l’or en fonction des variations quotidiennes du prix du marché international (actuellement, un gramme d’or 18 carats, ce qui correspond à  environ 75 % d’or pur, peut s’échanger jusqu’à  40 euros). Dans les ateliers, la poussière et les pépites sont ensuite fondues en fines plaquettes, puis revendues à  des acheteurs étrangers venus principalement d’Europe ou du Moyen-Orient. Mais une importante quantité de métal précieux alimente aussi le marché de la bijouterie locale. En fin de journée, il n’est pas rare de trouver l’équivalent de 20.000 euros en plaquettes sur le bureau d’un de ces nouveaux barons de l’or. Protégés par des gardes du corps – dont certains font partie de l’armée malienne -, ils profitent de la flambée mondiale des cours et de la crise politique que traverse le Mali pour s’enrichir. 20.000 enfants travailleraient actuellement Les autorités du pays semblent en outre dépassées par l’ampleur de la ruée anarchique des populations vers les sites d’orpaillage.Selon l’ONG Human Rights Watch, au moins 20.000 enfants travailleraient actuellement «dans des conditions extrêmement dures et dangereuses» dans les mines d’or artisanales du pays. «Ces enfants mettent littéralement leur vie en péril, assure l’ONG. Ils portent des charges plus lourdes qu’eux, descendent dans des puits instables, touchent et inhalent du mercure, l’une des substances les plus toxiques». Pourtant, la législation malienne interdit le travail dans les mines et l’utilisation du mercure à  toute personne âgée de moins de 18 ans. Mais l’or a changé la donne… Selon les chiffres obtenus par Human Rights Watch auprès du ministère malien des Mines, la quantité d’or artisanal exportée chaque année s’élève à  environ 4 tonnes, soit une valeur approximative de 168 millions d’euros. Une manne qui attire toutes les convoitises dans un pays au bord de l’implosion et devenu en quelques années le troisième plus grand producteur d’or d’Afrique, derrière l’Afrique du Sud et le Ghana…

La production d’or malien a augmenté en 2012

Malgré la décision récente du minier AngloGold Ashanti de mettre en pause son plan d’expansion de 500 millions de dollars de la mine de Sadiola, le secteur aurifère confirme sa bonne résistance à  la crise pur 2012. « La production en 2012 a dépassé nos attentes. La production industrielle a atteint 46 tonnes d’or tandis que la production artisanale a atteint 4 tonnes, pour un total de 50 tonnes », a déclaré à  Reuters Djibouroula Togola, conseiller technique en charge de la production au ministère des mines malien. « En 2013, nous prévoyons une production industrielle de 53 tonnes, et une production artisanale de 4 tonnes, soit 57 tonnes d’or » a-t-il ajouté. Concessions dans le sud Cette hausse intervient alors que le pays – 3ème producteur d’or africain, derrière l’Afrique du Sud et le Ghana – a connu un coup d’à‰tat en mars et que les forces maliennes, françaises et sous-régionales combattent les islamistes dans le nord du pays. Mais, la production d’or étant concentrée dans le sud – à  Loulo, Sadiola ou Morila – les compagnies ayant des concessions minières au Mali – parmi lesquelles le canadien Avion Gold et le sud-africain AngloGold Ashanti – n’avaient cessé de minimiser l’impact de la crise sur la production et le transport. Enfin, les troubles auraient aussi épargné le secteur cotonnier, second pilier de l’économie.

L’industrie aurifère résiste à la crise… pour l’instant

Alors que la guerre dans le Nord-Mali bat son plein, le secteur minier se porte bien. « La production aurifère n’a pratiquement pas été affectée », affirme Abdoulaye Pona, président de la Chambre des mines du Mali. Selon le ministère des Mines, 43,5 tonnes d’or brut ont été produites en 2011. En 2012, sur les onze premiers mois de l’année, ce sont 41,3 tonnes d’or qui ont été extraites. « Les zones aurifères sont à  des milliers de kilomètres du Nord-Mali, dans le sud et dans l’extrême ouest du pays », explique Alassane Diarra, directeur général de MCS Consulting, un cabinet de courtage malien spécialisé dans l’or. Et le putsch de mars 2012 n’a pas remis en question les contrats d’exploitation. « Les autorités ont toujours été présentes et assurent notre sécurité. L’option rapatriement n’a pas été mise sur la table, mais c’est une très bonne chose que l’armée française ait réagi aussi vite », indique Mark Bristow, directeur général de Randgold Resources. « Néanmoins, la crise a eu un impact négatif sur la prospection, relativise Alassane Diarra. Des investisseurs se sont montrés plus frileux, et quelques acteurs se sont retirés », effrayés par la perspective d’enlèvements, même dans des zones censées être épargnées. Une perspective ravivée par le rapt d’un Français fin novembre à  Diéma, dans l’ouest du pays. Malgré tout, la production devrait encore progresser en 2013. Portées par un cours de l’once qui atteint des records (1 270 euros début janvier), les annonces d’ouverture ou de prolongation d’exploitation de mines d’or se multiplient. Ainsi, le sud-africain AngloGold Ashanti a été autorisé à  prolonger d’une douzaine d’années l’exploitation de sa mine de Sadiola, et l’australien Resolute Mining va investir 185 millions d’euros dans celle de Syama pour l’exploiter quinze années de plus. [Aubaine] En plus des sept mines déjà  ouvertes, deux nouveaux sites ont été inaugurés en 2012 : Wassoul’or (par la société malienne éponyme) et Gounkoto (par Randgold Resources). « Le complexe de Loulo-Gounkoto, actuellement en cours d’expansion, forme l’une des plus grandes mines d’or d’Afrique, se réjouit Mark Bristow. En 2011, 346 000 onces ont été extraites de ces deux mines, 500 000 en 2012, et la production devrait dépasser les 600 000 dès 2014, avec une durée de vie de plus de vingt ans. » D’autres projets sont prêts à  se concrétiser, à  l’image du gisement de Nampala, dont la concession a été confiée au canadien Robex. « Et treize autres sites sont en cours de prospection, s’enthousiasme Abdoulaye Pona. Les perspectives sont vraiment excellentes. Le Mali pourrait devenir le deuxième producteur aurifère du continent. » Une aubaine pour l’à‰tat, qui, ainsi que le prévoit le code minier, détient 20 % des parts des sociétés d’exploitation.

L’homme le plus riche de l’Histoire est malien

Miroir mon beau miroir, dis-moi qui est l’homme le plus riche de tous les temps ? Surprise, ce ne sont ni les Américains Warren Buffet et Bill Gates, ni le Français Bernard Arnault qui sont les heureux vainqueurs… mais un Africain. Et pas n’importe lequel, celui qui tient la dragée haute à  tous ses concurrents milliardaires n’est autre que Mansa Moussa Ier (ou Kanga Moussa), roi de l’Empire du Mali au XIVe siècle. Il possèderait aujourd’hui une fortune estimée à  plus de 400 milliards de dollars (soit 305 milliards d’euros). Ainsi, le souverain qui était au pouvoir de 1312 à  1337, a été désigné l’homme le plus riche de tous les temps, par le site sur les fortunes des célébérités Net Worth Celebrity. Comment cette classification qui réunit 25 noms publiée le 13 octobre 2012 a-t-elle été réalisée? Le site a pris en compte l’inflation au cours des siècles. Ainsi toute personne qui détenait un patrimoine d’environ 100 millions de dollars, il y a 100 ans, serait aujourd’hui à  la tête d’une fortune d’environ 2,3 milliards de dollars (soit 1,75 milliard d’euros). Le roi des rois malien tenait sa prospérité des mines d’or et de cuivre comme du commerce à  travers le Sahara. Du sel en particulier, rappelle le site suisse Le Matin. Sa richesse était déjà  légendaire à  l’époque. Son pèlerinage à  la Mecque en 1324 le rendit célèbre en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Sa suite comprenait 60.000 hommes, 12.000 esclaves et 80 chameaux qui transportaient chacun 150 kg d’or, énumère le site suisse 20 minutes Online. Dans cette liste de 25 milliardaires les plus riches de l’histoire figure un deuxième africain, Mouammar Kadhafi, classé au 8e rang.

De la poudre d’or aux yeux des Maliens

Cette neuvième exploitation suscite beaucoup d’espoir à  l’échelle locale et nationale. Mais à  y regarder de près, ce n’est que de la poudre aux yeux de nos pauvres populations. Une fois distribués les quels billets décrochés par les populations, la part de l’Etat et la part versée au gros bonnets – le plus souvent en liquide et dans le plus grand secret – les plus gros bénéfices reviennent aux investisseurs sud-africains ( AngloGold Ashanti et RandGold Ressource), propriétaires des mines. Du temps de nos anciens, qu’il pleuve ou qu’il neige, les femmes s’arrangeaient toujours pour offrir au moins un gramme d’or à  leurs filles qui se mariaient. C’’est aujourd’hui impensable, avec un cours du métal variant entre 25 000 et 30 000 FCFA le gramme. « Objectif : se faire de l’argent, quitte à  sacrifier la vie des populations et leur bétail vivant sur les sites miniers » Cette évolution est à  l’image du rapport entre nos Etats pauvres et les multinationales. Ce nouvel ordre mondial est le nouveau visage caché de la relation qui relie le Sud, rendu pauvre par le système, au Nord, qui continue d’user et d’abuser des ressources des anciennes colonies. Dans ce nouvel ordre installé depuis le début des années 90, les multinationales, les grandes entreprises de dimension mondiale, incarnent désormais le visage et les intérêts de leurs Etats respectifs. Ces nouveaux interlocuteurs sans foi ni loi exigent de nos Etats de nouveaux objectifs de développement, non plus globaux, mais centrés sur leurs propres intérêts. Or la seule préoccupation de ces entreprises est la rentabilité. Pour atteindre leurs objectifs, elles n’hésitent pas à  utiliser des moyens de pression. La plupart des guerres sur notre continent sont provoquées et alimentées par des réseaux d’influence créés et entretenus par elles au sein des appareils d’Etats. Les formes peuvent varier mais l’objectif est le même : se faire de l’argent, quitte à  sacrifier la vie des populations et leur bétail vivant sur les sites miniers. Notre pays n’échappe pas à  ce destin tragique. l’or du Mali est l’un des principaux produits d’exportation de notre pays. A ce titre, il constitue certes une richesse dont on peut s’en glorifier, mais aussi un instrument d’asservissement de nos populations entre les mains des investisseurs sud-africains et certains de nos fonctionnaires corrompus. Ce qu’ignorent nos compatriotes, C’’est qu’AngloGold Ashanti et RandGold Ressource sont dirigées par nos cadres nationaux. La politique de tropicalisation des entreprises est une méthode intelligente d’exploitation des forces productives. Car, dit-on, on n’est jamais mieux trahi que par les siens. Diviser pour mieux régner La stratégie est basée sur la vieille méthode des colons : « diviser pour mieux régner ». Elle met les ouvriers noirs et leurs patrons noirs dos-à -dos et se lave les mains de toutes les questions sociales. Ces bardés de diplômes ne sont en fait que des fusibles du système. Ils reçoivent de belles primes pour mieux réprimer leurs frères noirs qui seraient tentés de se révolter. AngloGold Ashanti et RandGold Ressource, qui ont accumulé de solides expériences dans la gestion des ressources humaines en Afrique du Sud, ont réussi à  briser la capacité de résistance de tous les syndicats nationaux. La méthode ne date pas d’hier. Elle remonte à  l’époque de l’apartheid, quand les noirs luttaient pour améliorer les conditions de vie et de travail des ouvriers des townships. Depuis l’arrivée des deux géants sud-africains dans la deuxième moitié des années 90, ils semblent jouer la carte de la complémentarité pour barrer la route à  d’autres investisseurs privés étrangers. Ils règnent dans des conditions assimilables à  de quasi-monopoles. Les coûts d’investissements étant très salés, peu de nationaux s’aventurent dans le secteur. Seul Aliou Diallo, promoteur de Wassoul’ Or, a réussi à  monter une unité industrielle d’extraction et de traitement d’or digne de ce nom au Mali.

Vive le Messi !

Il a 24 ans et la planète football lui appartient ! Lionel Messi (55 buts marqués en 2011) vient d’être désigné meilleur footballeur de l’année par la Fédération Internationale de Football (FIFA). C’’est le deuxième joueur de l’histoire à  recevoir ce trophée trois fois consécutivement après Michel Platini, aujourd’hui président de la fédération européenne (UEFA), qui a reçu le Ballon d’Or en 1983, 1984 et 1985. « Le gagner trois fois de suite est un très grand honneur. Je veux le partager avec les gens qui m’ont aidé, mes coéquipiers et mon entraà®neur. C’est très spécial et je veux le partager avec mon coéquipier Xavi », a dit Messi en recevant sa récompense. Avec 47,88% des voix, Lionel Messi a largement devancé le Portugais Cristiano Ronaldo, qui évolue au Real Madrid (21,6%) et son coéquipier du Barça Xavi (9,23%). Déjà  le samedi dernier, Messi avait été désigné « Champion des champions monde » de l’année 2011 par le groupe L’Equipe, devant le numéro un mondial du tennis Novak Djokovic et le pilote de Formule Un Sebastian Vettel. « Leo » Messi a vécu une année fantastique avec son club du FC Barcelone en glanant pas moins de cinq trophées: championnat espagnol, Ligue des champions, Supercoupe d’Espagne, Supercoupe d’Europe et Mondial des clubs. Egalement distingué, le meilleur entraà®neur de l’année. Et C’’est le coach du FC Barcelone, Pep Guardiola qui a été sacré devant Alex Ferguson (Manchester United) et José Mourinho (Real Madrid). « Je voudrais partager cette récompense avec Mourinho et Ferguson et tous les entraà®neurs du monde qui aiment ce sport. Je remercie également les milliers de gens qui depuis plus de 100 ans ont travaillé pour le football à  Barcelone pour en faire l’un des plus grands clubs du monde », a-t-il déclaré.

Journées minières et pétrolières (JMP) : l’édition de toutes les innovations

l’idée d’initier des journées minières et pétrolières (JMP) découle de la volonté des autorités d’atteindre les objectifs de promotion de l’industrie minière. La 4ème édition a ouvert ses portes ce mardi au Centre international de conférences de Bamako (Cicb). Représentants de compagnies minières, Acteurs, sous traitants, partenaires…, ils ont tous répondu présents à  ce grand rendez-vous des JMP perçues désormais comme la fête de l’or. Les participants échangeront sur les défis auxquels le Mali est confronté ainsi que les perspectives de valorisation et de diversification des immenses potentialités en ressources minière et pétrolière. Dans son mot de bienvenu, le maire de la Commune III de Bamako, Kader Sidibé, a beaucoup mis l’accent sur la dimension développement communautaire des sites d’exploitation et la prise en compte de la dimension environnementale. En effet, jusque là , les communautés ont de tout temps formulé le vœu de voir certains aspects du développement pris en charge par les mines qu’ils abritent. Ensuite, il est revenu au représentant de la Holding Ben

Bambadala : La nouvelle mine d’or à Sikasso

Medou Mining Corporation, puisque C’’est d’elle qu’il s’agit, appartient à  un jeune expatrié malien résidant aux USA d’Amérique et Gold Tang PLC, une société créée au Royaume Uni et cotée à  la bourse de Franck fort(Allemagne) qui vient de se lancer dans la production minière. Gold Tang PLC dispose d’un bureau à  Hong Kong. La société investit ainsi pour la première fois en Afrique avec comme première destination le Mali. Elle vient donc concurrencer au Mali d’autres grandes compagnies minières comme Rand gold, IAMGOLD, ANGLOGOLD Ashanti, entre autres. Selon Amadou Konaré, juriste consultant du nouveau groupe minier, «cette nouvelle société minière va procéder à  de gros investissements sur la mine d’or de Bambadala». Selon lui, les deux sociétés, à  savoir Medou Mining Corporation en joint venture avec Gold Tang PLC, vont procéder à  la levée des fonds miniers (Funds Raising) à  la bourse. l’investissement va se porter sur le site de Bambadala dans la région de Sikasso, un site de 123m2. Medou Mining Corporation, en joint venture avec Gold Tang PLC, prévoit, pour la première phase de cet ambitieux projet, une enveloppe financière de 15 millions d’euros, soit à  peu près 9,840 milliards de FCFA. Selon le consultant géologue du groupe minier, avec cette enveloppe financière consistante, cette phase de recherche peut même amener à  l’exploitation de l’or et à  l’achat des machines. Et de rappeler qu’en vertu du code minier malien, les autorisations qui sont attribuées aux compagnies minières, se basent sur l’ensemble des substances minérales premières et, ensuite, sur les métaux substances minières de groupe 2. C’’est dire que Medou Mining Corporation, en joint venture avec Gold Tang PLC, comptent exploiter à  fond tous les avantages que peuvent leur offrir cette zone qui a aujourd’hui une position stratégique au Mali. Cette partie sud du Mali regorge en effet d’or. Après les mines de Morila, Syama, Kalana et Kodièran, la nouvelle mine d’or de Bambadala viendra renforcer le taux et le rang des mines dans la région de Sikasso. Avec l’intervention de Medou Mining corporation, en joint venture avec Gold Tang PLC, on peut dire que C’’est la fin du calvaire pour les populations locales. Elle sonne, à  n’en pas douter, la fin de l’anarchie créée par les orpailleurs traditionnels. Cette nouvelle compagnie minière propose de se lancer dans le développement social. Ce sont en effet plus de 500 à  1000 emplois qui seront créés. Déjà , 300 emplois ont été créés dans sa phase de recherche. Medou Mining Corporation, en joint venture avec Gold Tang PLC, s’est aussi engagée à  investir dans la réhabilitation de l’environnement, la construction d’écoles et des centres de santés de référence ainsi que des routes. Toutes choses qui auront un impact direct sur le quotidien des populations. Cette nouvelle mine de Bambadala qui sera exploitée à  partir de fin octobre 2011 par Medou Mining corporation, en joint venture avec Gold Tang PLC, une société cotée en bourse, va renforcer la position du Mali dans l’exploitation d’or. Selon les anciennes données existantes dans cette zone, les estimations vont à  3 millions d’once par an.

Tamani d’Or : 8ème édition des trophées de la Musique au Mali

Tous les invités de ce grand rendez-vous culturel étaient là  pour cette cérémonie d’ouverture avec l’animation de « Le Bembeya Jazz national » de la Guinée Conakry. Le célèbre ivoirien Decauthey de la série télévisée « Ma Famille » était également là . C’est d’ailleurs lui qui doit animer la soirée gala de la remise des trophées dénommée « La Nuit des Tamani » prévue ce soir à  l’hôtel Laà¯co El Farouk(ex-Kimpinski). Au cours de cette soirée, une trentaine de Tamani seront décernés aux hommes et femmes qui se sont distingués au cours des 50 dernières années. Ainsi, une vingtaine de Tamani iront aux musiciens et instrumentalistes. Tandis qu’une dizaine de trophées seront décernés aux hommes de la culture et aux journalistes. Six Tamani d’hommage seront également distribués. Pour agrémenter cette soirée, les organisateurs ont fait appel à  plusieurs vedettes de la musique africaine : Bembeya Jazz national de la Guinée, le Super Biton de Ségou, le Kanaga de Mopti, le groupe Yelen du Burkina Faso. Le célèbre chanteur ivoirien, Meiway est aussi attendu pour faire le show ce soir. Au cours de la nuit du Tamani, prévue le vendredi 18 février, à  l’hôtel Laà¯co Amitié, les meilleurs artistes qui ont marqué les cinquante ans de la musique malienne et africaine seront récompensés à  travers leurs œuvres. Sans oublier le Tamani d’Or du cinquantenaire décerné au meilleur artiste de l’année 2010. On se rappelle que l’édition 2009 du Tamani d’Or a été remportée par Nahawa Doumbia. Aux dires du délégué général des Tamani, Fousseyni Traoré, cette présente édition est dédiée à  la musique malienne et africaine de 1960 à  2010. Il s’agit de rendre un vibrant hommage aux pionniers de cette musique pour l’ensemble de leurs œuvres et le travail bien fait. Ce festival international de la musique permettra de faire connaitre et promouvoir ces pionniers et récompenser les hommes de la culture tant au Mali qu’en Afrique. Une occasion pour sensibiliser les populations contre les MST et VIH-Sida.

Médaille en or d’ATT : Elle ira au musée

Une initiative controversée Elle aura fait parler d’elle cette médaille ! Depuis plusieurs semaines, la presse nationale a fait choux gras de cette initiative des présidents de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali, de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali et de l’Assemblée Permanente des Chambres des Métiers du mali. Respectivement Jeamille Bittar, Bakary Togola et Mamadou Minkoro Traoré. Dans une conférence de presse organise la semaine dernière, les trois personnalités avaient expliqué vouloir marquer d’une pierre blanche l’engagement du chef de l’Etat aux côtés du secteur privé. Nombreux sont ceux qui se demandaient si ATT irait chercher cette distinction composée d’un trophée et d’une médaille, le tout fabriqué par des artisans locaux avec un kilo d’or. Eh bien, C’’est devant un stade Omnisports Modibo Kéita rempli comme un œuf qu’ATT a reçu son présent. C’’est après un spectacle haut en couleurs que la cérémonie de remise a eu lieu. Les organisateurs n’ont pas lésiné sur les moyens. Des grandes stars de la musique et un défilé de toutes les structures membres de l’union ont égayé les 40 000 spectateurs présents au nombre desquels la Première Dame, le Premier Ministre, les présidents des institutions, les représentants du corps diplomatique, plusieurs membres du gouvernement et de nombreuses autres personnalités. [Un présent transmis à  la postérité] Tout au long de la cérémonie, les initiateurs de la « médaille du cinquantenaire » ont tous abondé dans le même sens : « ATT merci de faire le secteur privé un secteur de développement, un secteur pourvoyeur d’emploi. Vous méritez cette médaille pour avoir fait du secteur privé, la clé du développement ». Pour Bakary Togola, qui s’est exprimé en langue bamanan, cette distinction a pour but de récompenser l’homme pour ses immenses efforts à  l’endroit du monde paysan. « ATT, vous ne devez rien au peuple malien, mais C’’est le peuple malien qui vous doit » a-t-il déclaré. Pour Mamadou Minkoro Traoré, ATT a fait la promotion de l’artisanat, en faisant un secteur pourvoyeurs d’emploi et générateur de revenus. Les preuves en sont la création du ministère de l’artisanat et du tourisme et la construction de maison des artisans à  Ségou etC’… Quant à  Jeamille Bittar, il estime que l’arrivée d’ATT au pouvoir a été positive pour le secteur économique dans tous les sens, des industries en passant par les services, les transports jusqu’au commerce. « Cette médaille vous appartient, nous ne cesserons jamais à  témoigner vos engagements dans le développement du secteur privé ». Puis C’’est un ATT visiblement ému, accompagné de son épouse Lobbo Traoré qui est monté sur l’estrade. Il a reçu des mains de Jeamille Bittar Bakary Togola et Minkoro Traoré un trophée représentant le Mali et une médaille. Le récipiendaire a dédié son trophée aux enfants, ses « amis les tout-petits » qui sont la relève et qui doivent perpétuer les acquis du présent. Il a annoncé que cette distinction irait dès ce lundi au musée national du Mali pour qu’elle puisse y être vue et servir de repère aux générations à  venir. Afin qu’elles veuillent surpasser leurs pères au service du Mali.

Exploitation aurifère : Le Mali profite t-il de son or ?

Le Mali n’échappe pas à  cette frénésie o๠son nouveau code minier réduit presque à  néant les frais de douanes, de taxes et d’impôts pour les entreprises. Le seul maitre mot est d’attirer de nombreuses multinationales (principalement canadiennes, américaines et sud-africaines) sur son territoire. Malheureusement, le pillage du sous-sol malien a de dramatiques conséquences sur la population et l’environnement. Pollution des cours d’eau au cyanure, au mercure et au plomb, celle de l’air, destruction des forêts vierges, expropriation de populaces, recrudescence du VIH/Sida et de maladies respiratoires, non-respect des droits humains fondamentaux, travail des enfants figurent au sombre tableau de l’exploitation aurifère sauvage du Mali… 178è au rang mondial Malgré une production record, le Mali se classe au 178è rang sur 182 pays selon le PNUD. Le secteur des mines d’or a très peu de retombées positives pour l’économie malienne. Le métal jaune représente plus de 75% des exportations totales du Mali, mais paradoxalement il ne représente que 8% du PIB du pays. Similarly, royalties, profit taxes and dividends accounted for only 17% of total government revenue in 2008 despite the very high prices of gold. De même, les redevances, impôts sur les bénéfices et les dividendes ne représentaient que 17% des recettes totales du gouvernement en 2008, malgré le prix très élevé de l’or. Malgré tout la valeur ajoutée de l’exploitation aurifère demeure très faible pour plusieurs raisons. Il s’agit entre autre d’une réglementation attrayante mais très peu profitable à  notre économie, de l’absence coupable de l’Etat dans la régulation et le contrôle des activités des entreprises minières, de la dérive et de l’influence des sociétés minières internationales et du pillage systématique sur fond de pollution de nos ressources naturelles. La pression des bailleurs de fonds Quoi qu’elles disent, les plus hautes autorités demeurent sous la coupole des bailleurs de fonds. La réglementation malienne élaborée sous la férule des bailleurs de fonds internationaux, contraint le gouvernement à  un écart permanent et neutralise sa capacité à  défendre les intérêts du peuple. Cette dualité a été officiellement dénoncée dans un rapport de la Direction générale de la géologie et des mines de 2004. « La Commission constate que le contrôle effectué au niveau des sociétés par ses structures (les Ministères) a toujours été fait dans le cadre de l’Etat partenaire au détriment de l’Etat puissance publique », note le rapport. Dans des cas de conflit du travail ou de pollution environnementale, l’Etat malien a ainsi pris le parti des entreprises ou ignoré les violations dont elles étaient responsables. Faute de pouvoir ou de vouloir, l’Etat ne remplit donc pas son rôle régalienne de régulation et de contrôle de l’activité des entreprises ni de répartition des revenus nationaux au bénéfice de la population. Les entreprises minières, quant à  elles, sous la pression des organisations de la société civile malienne et de la communauté internationale adoptent souvent des mesures visant à  répondre aux critiques dont elles sont la cible. Notamment, en mettant en place des fonds de développement communautaire qui sont pourtant loin de constituer une panacée. Ils ne sont pas toujours participatifs, ne s’inscrivent pas dans le long terme et servent trop souvent à  camoufler certains manquements des entreprises à  leurs obligations légales. Quinze ans après le début du boom de l’exploitation aurifère au Mali, la population attend encore bénéficier des retombées. En ce qui concerne le marché de l’emploi, l’état des finances publiques ou le niveau des dépenses sociales, le Mali a offert aux investisseurs internationaux un environnement propice à  leur enrichissement, mais ne garantit ni le respect des droits fondamentaux ni l’amélioration à  long terme des conditions de vie de la population. La dérive des entreprises minières Pourtant, la contribution du secteur minier au développement du Mali est très faible voire négative. Les entreprises minières mettent sur le devant de la scène leurs actions volontaires en faveur des communautés locales, menées au titre de leur “responsabilité sociale et environnementale” (RSE), alors même que ces programmes n’ont que des résultats limités et parfois pervers. Au même moment, elles obtiennent des exemptions fiscales et sociales leur permettant de tirer le meilleur profit de leur activité, et vont parfois jusqu’à  commettre des violations des réglementations lorsque celles-ci leur paraissent contraignantes.Par ailleurs, le fonctionnement même du secteur aurifère malien a peu d’effet d’entraà®nement sur le reste de l’économie. Il est largement coupé des autres secteurs économiques et complètement tournés vers l’exportation. A côté de la monoculture du coton, le Mali a ainsi développé une “monoculture de l’or”, autre ressource primaire destinée à  être transformée et commercialisée à  l’étranger. Ce qui est en cause ici, C’’est le modèle de développement économique mis en ouvre par les gouvernements successifs sous l’influence des institutions financières internationales.Ce rapport part de l’exemple des communautés de Sadiola au sud-ouest du Mali qui dénoncent depuis dix ans la pollution effroyable causée par l’extraction industrielle de l’or par les multinationales. Entre autres déversements des eaux polluées, intoxications au cyanure, normes de sécurité mal appliquées, déplacement massif des populations locales. A qui profite réellement l’or du Mali ? Malgré un coût de production relativement très bas sinon le plus bas de l’Afrique, notre pays ne tire profit de l’exploitation de son sous sol. Il n’est un secret pour personne, l’or du Mali profite aujourd’hui aux multinationales sud-africaines, américaines, canadiennes ou suisses qui décrochent, et en toute discrétion, d’importantes concessions sous prétexte qu’elles sont les seules capables d’installer sur place des infrastructures d’exploitation, permettant une extraction du minerai à  l’échelle industrielle. Elles s’accaparent des surfaces dépassant souvent plus de 40 hectares du sol malien, érigent des forteresses impénétrables, fonctionnent en vase clos et sont dirigées par des cadres anglo-saxons qui imposent leurs conditions de travail à  la main-d’œuvre africaine locale. Certaines d’entre elles ont recours à  des méthodes de surveillance parfois dignes du régime d’apartheid, comme l’a dénoncé avec force la documentariste Camille de Vitry. Dans un film intitulé : ‘’Le prix de l’or » celle-ci évoque le cas du complexe industriel de Sadiola, site d’exploitation proche de la frontière sénégalaise et soumis à  la responsabilité de la multinationale sud-africaine Anglogold. Une situation qui n’a pas l’air d’embarrasser ni l’Etat malien, encore moins les institutions financières internationales partenaires de plusieurs concessions aurifères sous le confortable label de ‘’l’aide au développement ». Les conséquences En sus des ravages de l’environnement, il s’agit de lutter contre les injustices sociales. Le secteur de l’or concerne autant la société civile qui en tout état de cause doit s’insurger contre les conditions inhumaines d’exploitation, comme au Mali. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), le travail des mineurs est l’un des plus dangereux au monde. En plus des salaires dérisoires, les mineurs du Mali subissent les conséquences de l’inhalation quotidienne de poussières et de l’exposition aux émanations toxiques venant des produits de traitement de l’or. Ils sont donc en contact direct avec de graves problèmes respiratoires tels la silicose, la tuberculose, la bronchite et le cancer du poumon, maladies souvent invalidantes et mortelles. Le cyanure largement utilisé pour l’extraction de l’or provoque un arrêt respiratoire mortel, quand on l’ingère à  plus de 0,1 mg par litre d’eau. Il en est de même lorsqu’il est inspiré. Dans la région avoisinant la mine de Sadiola, le décès et l’invalidité de dizaines d’ouvriers de l’exploitation et le travail d’enfants auraient été remarqués. ONG Guamina s’érige en rempart A cause du mirage de fortune facile, de nombreux problèmes liés à  l’exploitation aurifère au niveau industriel se posent aujourd’hui au Mali. D’abord, les risques élevés de pollution. Détérioration du patrimoine national, fragilisation des sols, dispersion de cyanure, de mercure et de produits toxiques nécessaires au lavage de l’or…Les sources d’inquiétude sont multiples, comme le mentionne une récente étude d’impact écologique menée par l’organisation de développement Guamina au Mali. Après inspection du site de Sadiola, cette ONG a pu constater des cas de ‘’contamination de l’eau souterraine par le cyanure suite à  l’infiltration », des déchets liés à  des fuites d’huile et au drainage. En son temps, Souleymane Dembélé coordinateur général de Guamina et responsable du dossier ‘’mines d’or » avait tiré sur la sonnette d’arlame, à  propos d’un autre risque découlant des parts de plus en plus faibles que les multinationales d’exploitation opérant au Mali versent au trésor comme royalties. « Cette situation résulte de la politique d’attraction des investissements étrangers au Mali menée par le gouvernement, depuis le début des années quatre-vingt-dix », explique le coordinateur. Le désastre causé par les sociétés minières au Mali Au nombre des atteintes graves à  l’environnement et du désastre humain, on peut citer déforestation, pollution de l’air, celle de l’eau, nuisance sonore, expropriation de la population qui se retrouvera à  la rue et sans le moindre sou, maladies respiratoires, intoxications et décès, fausses couches, mortalité des troupeaux, recrudescence du VIH/Sida, augmentation de la prostitution et de la consommation de la drogue et d’alcool, mauvaises conditions de travail des mineurs et enfin travail des enfants dans les mines. Pour inverser cette vilaine tendance, il faut que soyons capables de prendre nos responsabilités sans être influencés.

Or noir : A quand l’exploitation intensive au Mali ?

Avant le lancement de la recherche pétrolifère au Mali, des signes promoteurs de l’existence de l’or noir et de gaz dans le sous sol malien sont perceptibles. Selon des données sismiques, il existe 645 millions de barils de pétrole et 9,2 milliards de pieds cube de gaz. L’annonce a été faite par l’Autorité de promotion de la recherche pétrolifère (Aurep) dans le cadre du premier anniversaire de signature des conventions de partage de production entre Mali petroleum-Sa et le gouvernement malien. A quand l’exploration du pétrole Malien Il y a 5 ans, le gouvernement du Mali signait des conventions de partage de production avec Mali petroleum SA portant sur les blocs 8 et 10 de Taoudénit. Ainsi, d’autres compagnies de recherche comme : Baraka et Mali oil ont paraphé leur part de conventions. Au total 11 conventions ont été signées de 2005 à  nos jours, a indiqué le DG de l’Aurep, M. Sympara. Pour Satyavan Raymond, le directeur technique de Baraka Petroleum présent au Mali et en Mauritanie, « les recherches prennent de l’ampleur avec la présence des grandes compagnies auprès des plus petites. Le volume des investissements augmente avec une présence effective sur le bloc de Taoudenit ». Selon Aly Sylla, ingénieur, « les signes promoteurs de ressources prospectives non prouvées sont estimées à  645 millions de barils de pétrole et 9,2 tcf de gaz ». Ces données, ajoute-t-il, ont été établies par un chercheur indépendant londonien. Il a toutefois précisé, que ces chiffres ne sont que de simples estimations qui ne pourront être prouvés sans les travaux de forage d’exploration. La société Baraka petroleum qui a signé sa convention le 28 octobre 2005 projette l’exploitation pétrolière au Mali courant 2011-2014. Les profits du pétrole Aujourd’hui grâce à  certains indices prometteurs, les autorités maliennes espèrent de tirer du pétrole du sous-sol malien. Mais cela demande beaucoup de moyens financiers et matériels. En effet, cinq bassins sédimentaires sont supposés regorger de pétrole. Il s’agit des bassins de «Tamesna», de «Taoudénit», des «iullemeden», du «graben de Gao» et du «fossé de Nara». Mais malgré une intensification en 1985, des appels à  l’endroit des sociétés pétrolières, ce n’est qu’en 1996 qu’une société canadienne, «Sahélienne Oil» a débarqué au Mali pour des travaux de recherche qui se sont révélés infructueux. Conventions d’exploration C’’est jusqu’au dernier trimestre 2004, que la société Baraka a décidé de se lancer dans l’aventure malienne. Ainsi, la société Baraka signa une convention d’exploration avec le gouvernement malien, le 28 octobre 2004. Depuis un certain temps, une polémique est nourrie à  propos de l’attribution d’une licence d’exploration pétrolière à  la société Baraka. Certains y voient la complaisance des autorités, indiquant que la société australienne ne remplit pas toutes les conditions. La Société Baraka avait des atouts, en particulier, elle opérait déjà  en Mauritanie et plus précisément dans la partie qui fait frontière avec le bassin de Taoudénit au Mali. Cette proximité géographique a certainement joué en la faveur de la demande d’autorisation d’explorer qu’elle a adressée au Ministre en charge des mines. Ce dernier lui demandera de proposer un programme. Intervient alors le nouveau code pétrolier adopté par le parlement malien le 02 août 2004 en remplacement de l’ancien. Baraka fut alors informée par le Ministre qu’elle devait introduire une nouvelle demande d’autorisation d’explorer puis un nouveau programme pour être conforme au nouveau code pétrolier qui attribue l’autorisation pour 4 ans, et qui exige également des capacités techniques et financières suffisantes. Baraka introduit donc un nouveau dossier. Et le Ministre, toujours en conformité avec le nouveau code pétrolier, commettra un consultant norvégien pour évaluer les capacités financières de Baraka. Au terme d’une enquête, le consultant confirmera les capacités financières de la société à  mener les recherches qu’elle se proposait d’effectuer. Quant à  ses capacités techniques, la société les avait déjà  démontré en Mauritanie et ailleurs. C’est donc fort de toutes ces informations que le gouvernement a constitué une commission technique chargée d’étudier le projet Baraka. L’attrait des investisseurs Dans le cadre de l’appel d’offre lancé par le gouvernement, certaines sociétés pétrolières estiment avoir été lésées au profit de Baraka, leurs demandes n’ayant pas été prises en compte. Erreur, selon certains responsables du départment de tutelle. En réalité, selon ceux-ci, avant l’examen du projet de convention de Baraka, une autre société avait effectivement déposé une demande d’autorisation de recherche sur les blocs 3 et 9 qui jouxtent le site mauritanien déjà  dévolu à  Baraka, des blocs que cette dernière avait déjà  demandé à  explorer. Il était donc fort logique de privilégier Baraka pour deux raisons : les blocs 3 et 9 sont le prolongement d’un site sur lequel elle était déjà  présente, et elle était la première à  introduire sa demande comme l’attestent les dates sur les différents dossiers. Le choix de la société paraà®t dès lors incontestable. D’autres opérateurs, nationaux cette fois, estiment également avoir été lésés par les autorités. Présence chinoise Une société chinoise, SINOPEC, de passage à  Bamako avait au cours d’un entretien avec le Premier ministre, manifesté de l’intérêt pour la recherche pétrolière au Mali. Mais à  l’époque, la société qui était venue au Mali pour une toute autre raison, a avoué ne pas être avec des spécialistes de la question, mais a néanmoins souhaité bénéficier d’un protocole d’accord de 3 mois sur tous les bassins à  l’exception du fossé de Nara et des blocs attribués à  Baraka. Le gouvernement, qui depuis longtemps, court après les investisseurs, a accepté. Le protocole d’accord fut signé le 26 octobre 2004 mais depuis, SINOPEC ne s’est plus manifestée. Entre temps, des opérateurs nationaux se sont montrés intéressés par les dits bassins, objets du protocole d’accord. L’Etat ne pouvait leur répondre favorablement qu’à  l’expiration du délai couru dans le protocole d’accord, soit le 24 janvier 2005. Toutefois, il est à  noter que c’est la demande de Baraka qui a été le signal de la ruée vers l’or noir.