Forum de Bamako : développement local, paix et sécurité au cœur de la 23ème édition

C’est un rendez-vous devenu important au fil des années pour mener des réflexions et proposer des solutions dans plusieurs secteurs d’activités au Mali et en Afrique. La 23ème édition du forum de Bamako s’est ouverte jeudi 18 mai dans la capitale malienne, réunissant  pendant 3 jours, comme chaque année depuis son institution, d’importantes personnalités autour de différents panels.

« Développement local comme facteur de paix et de sécurité ». C’est le thème retenu pour cette 23ème édition du Forum de Bamako, dont l’ouverture des travaux s’est déroulée à l’Hôtel Azalai en présence de nombreuses personnalités.

« Le développement local signifie donner aux citoyens la possibilité de maitriser leur propre développement en apportant des solutions partagées à des problèmes existentiels concrets. Il n’est plus question de dire à nos populations dans nos contrées éloignées : Je vous développe, cela ne vous regarde pas ! », a souligné Abdullah Coulibaly, Président de la Fondation Forum de Bamako dans son allocution d’ouverture.

« Ce développement autocentré s’appuie tout normalement sur un dialogue permanent entre toutes les composantes de nos sociétés. Agriculteurs, pécheurs, éleveurs, jeunes, moins jeunes, femmes, hommes, tous unis, mobilisés dans un même élan, animés par une volonté commune de vivre en commun », a-t-il poursuivi.

Dans sa conférence inaugurale, Pr. Alioune Sall, Directeur exécutif de l’Institut des futurs africains, est longuement revenu sur le concept, expliquant ses contours et en mettant en exergue son importance et sa place primordiale dans une bonne gouvernance des Etats.

Programme diversifié

Au menu des échanges pendant les 72h de durée du forum, différents thèmes en lien avec le développement local, seront abordés à travers 8 panels de haut de niveau.

Deux de ces panels, respectivement sur l’ « Aménagement du territoire, de la gouvernance territoriale et du développement local en Afrique : sens, enjeux et défis » et « Dividende démographique, croissance urbaine et dynamiques socio-spatiales des territoires » se sont tenus le premier jour du forum.

La « Disponibilité des services sociaux de base et du capital humain », les  « Enjeux et défis de l’accès à la santé », l’ « Intégration de la dimension genre dans le processus de développement local » et les  « Projets structurants et innovants et leurs impacts sur le développement régional et local », seront au cœur des échanges le 19 mai.

Deux autres panels prévus le 20 mai, dernier jour du forum, sur  les Approches  « sécuritaire, prévention et de paix et  « gouvernance territoriale et locale » clôtureront les échanges du forum avant leur synthèse suivie d’une  présentation des recommandations et propositions  à l’adresse des autorités de transition.

D’ores et déjà, M. Youba Ba, Ministre de l’élevage, représentant le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga, a assuré  que le gouvernement ne ménagerait aucun effort dans la prise en compte des recommandations qui seront issus des échanges du forum.

Axé sur les enjeux du développement de l’Afrique, le Forum de Bamako est un lieu et un temps d’échange d’idées et de dialogue où se rencontrent depuis 23 ans, chefs d’entreprise, hommes et femmes politiques, décideurs publics, universitaires, experts, représentants de la société civile et des médias, du continent africain et des autres continents. Il a pour ambition de favoriser le métissage de connaissances et le partage des savoirs dans une approche participative.

Accord pour la paix : sur un fil

Confrontée à des difficultés de mise en œuvre depuis sa signature en 2015, l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger n’a jamais autant frôlé la rupture. Alors que le début de la Transition, en août 2020, avait suscité un espoir de relance chez différentes parties signataires, le processus de paix est à nouveau bloqué depuis décembre dernier. La médiation internationale s’active pour le relancer, mais l’avenir de l’Accord semble de plus en plus incertain.

Le désaccord persiste entre le gouvernement de transition et les mouvements armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Alors que ceux-ci (Coordination des mouvements de l’Azawad, Plateforme du 14 juin d’Alger et Mouvements de l’Inclusivité), réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), demandent la tenue d’une réunion en terrain neutre pour discuter de la viabilité de l’Accord, la partie gouvernementale rejette toute rencontre en dehors du Mali.

Les mouvements du CSP-PSD ont d’ailleurs décidé le 21 décembre 2022 de suspendre leur participation aux mécanismes de suivi et de mise en œuvre de l’Accord jusqu’à la tenue de cette réunion avec la médiation internationale. En cause, « l’absence persistante de volonté politique des autorités de transition à appliquer l’Accord pour la Paix et la réconciliation au Mali issu du Processus d’ Alger et l’inertie de celles-ci face aux défis sécuritaires ayant occasionné des centaines de morts et de déplacés dans les régions de Ménaka, Gao et de Tombouctou ».

À Kidal, Bamako indexé

Saisie début décembre pour l’organisation de la réunion en terrain neutre, la médiation internationale, accompagnée d’une délégation d’ambassadeurs d’États membres du Conseil de sécurité de l’ONU et du Comité de suivi de l’Accord pour la paix, s’est rendue le 1er février à Kidal pour échanger avec les groupes armés signataires et mieux cerner leurs attentes.

Lors de cette rencontre, les groupes armés signataires ont réitéré avec insistance la demande de tenue d’une réunion en terrain neutre et appelé la médiation internationale à raffermir sa conduite du processus de paix et à assumer ses responsabilités. Celle-ci en retour a indiqué la tenue prochaine d’une réunion de médiation élargie afin de rapprocher les positions des deux parties. « La CMA a signé l’Accord après des pressions et des garanties de la communauté internationale et elle doit tenir ses promesses. Si la communauté internationale ne peut pas forcer le Mali à mettre en œuvre l’Accord pour la paix de 2015, alors il faut penser à une autre solution et nous ne pouvons pas rester dans cette situation parce qu’elle dure depuis trop longtemps », s’est agacé pour sa part, Bilal Ag Achérif, Chef du MNLA et ancien Président de la CMA. Le Président de la Société civile de la région de Kidal a quant à lui déploré un « recul dans le processus d’application de cet Accord concrètement exprimé par les autorités de la Transition » depuis le coup d’État d’août 2020 contre IBK.

Bras de fer

Pourquoi le Cadre des groupes armés signataires insiste-il autant sur la tenue d’une réunion sur la viabilité de l’Accord en terrain neutre ? Attaye Ag Mohamed, Chef de délégation de la CMA au Comité de suivi de l’Accord (CSA), soutient qu’un terrain neutre permettrait plus de se retrouver dans l’environnement dans lequel l’Accord a été négocié il y a 8 ans à Alger. « Nous l’avons demandé pour que ce climat de discussions directes, en face à face, avec la médiation internationale puisse se créer, pour voir où se situe exactement le problème. Si c’est au niveau du gouvernement ou à notre niveau à nous ou encore si c’est la médiation internationale elle-même qui ne joue pas son rôle », explique-t-il, reconnaissant également une « confiance de moins en moins existante » sur les questions de fond.

Le gouvernement de transition, qui n’adhère à aucune rencontre en dehors des réunions du CSA, encore moins en dehors du Mali, affirme toutefois son engagement à poursuivre sans équivoque la mise en œuvre diligente de l’Accord pour la paix, mais dans les normes. « Nous, nous sommes un État. Les autres sont des mouvements signataires. Le gouvernement a indiqué que lors des réunions du CSA, pour qu’un ministre du gouvernement du Mali y participe, nous souhaitons que les principaux leaders des mouvements soient eux-mêmes présents, parce chaque fois que le gouvernement envoie des ministres, nous avons en face de nous des experts. Il y a un déséquilibre », a clarifié le ministre Abdoulaye Diop devant le Conseil de sécurité de l’ONU le 27 janvier, regrettant la décision de suspension des groupes armés signataires qui va à « contre-sens de l’élan positif qui a été imprimé ces derniers mois » à la mise en œuvre de l’Accord.

Accord en danger ?

En lieu et place de la réunion demandée par le CSP-PSD, le Mali a sollicité l’Algérie, chef de file de la médiation internationale, pour la tenue d’une réunion du CSA à un niveau ministériel dès ce mois de février, pour permettre de reprendre le dialogue avec les parties signataires, a indiqué le ministre Diop. Mais, pour l’heure, le CSP-PSD, qui maintient sa suspension des mécanismes de mise en œuvre de l’Accord, n’entend pas y participer.

Selon Moussa Djombana, analyste politique et sécuritaire, bien que la tenue d’une réunion en terrain neutre puisse aider à relancer les discussions, il est possible de sauver l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali sans sa tenue, qui fait l’objet de mésententes entre le gouvernement et les groupes armés signataires. « Il faut encourager le dialogue direct entre les parties. L’engagement de la communauté internationale doit aussi être franc et sincère, tout en impliquant la société civile malienne, sans laquelle rien n’est possible en termes de décisions fortes engageant l’avenir de la Nation », préconise-t-il.

Pour certains observateurs, le blocage actuel dans le processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger pourrait déboucher sur une rupture si les positions des parties prenantes restent tranchées. « Je ne vois pas dans l’immédiat comment le processus pourra être relancé. C’est assez difficile », confie une source proche de la médiation internationale, qui explique que le point fondamental de blocage est le transfert des grades des ex-combattants des groupes armés dans la chaîne de commandement de la nouvelle armée reconstituée. Une Commission ad hoc a été créée pour plancher sur la question, mais elle n’a guère avancé.

Dans cette atmosphère de dégradation des relations entre Bamako et les groupes armés signataires, la Coordination des mouvements de l’Azawad a annoncé la fusion de ses différents mouvements en un seul, le 8 février 2023. Une semaine plus tôt, son Président en exercice, Alghabass Ag Intalla, a procédé à la nomination d’un nouveau Chef d’État-major, le Colonel Hamad Rhissa Ag Mohamed. La nomination de cet « indépendantiste » peut être perçue selon notre source comme un message de désaccord avec le processus de paix tel qu’il est conduit actuellement par les autorités de transition.

Mais, Oumar Sidibé, Doctorant et Professeur-assistant en Relations internationales à l’Université RUDN de Russie, pense pour sa part que les récents évènements s’inscrivent dans la dynamique des rapports de force. « On peut en effet remarquer un refroidissement des relations entre la CMA et le gouvernement de transition. Mais aucun des deux n’a intérêt à mettre fin à l’Accord et à risquer de nouvelles mésaventures. Les intérêts de tous ces acteurs convergent vers la paix, mais divergent sur la façon de l’établir », analyse t-il.

Pour lui, par ailleurs, le seul acteur qui bloque l’Accord depuis des années est le peuple malien « qu’il faudrait peut-être penser à saisir par consultation ou referendum ». « Il y a une forte pression populaire et de fortes demandes en vue d’une relecture de cet Accord, pour reconsidérer certaines dispositions qui sont perçues comme anticonstitutionnelles ou discriminatoires », rappelle M. Sidibé.

Calmer le jeu

Chérif Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun Haïdara, Président des Mouvements de l’inclusivité, dont certains seraient membres du CSP-PSD, n’est pas sur même longueur d’ondes que les dirigeants des autres mouvements signataires. Dans un communiqué publié dans la foulée de la rencontre de Kidal, il a indiqué que les Mouvements de l’inclusivité soutenaient fermement la décision des autorités de la Transition de réfuter toute rencontre inter Maliens en terre étrangère.

« Tous les mouvements signataires de l’APR ne sont pas inscrits sur les listes du CSP. De même qu’ils ne le sont pas tous sur celles de la CMA, qui tente de dissimuler son infortune sous le couvert du l’hydre toujours en gestation appelée CSP », a fustigé celui qui est également membre du CNT.

Mais, pour calmer le jeu et éviter l’escalade, le Général El Hadj Ag Gamou, chef du GATIA, a lancé dans une vidéo, le 6 février, un message d’apaisement aux différents acteurs du processus de paix, en les invitant à l’union pour venir au secours des populations qui souffrent de l’insécurité grandissante. « L’heure n’est plus au bras de fer entre responsables d’un même pays, mais à la mobilisation générale pour l’intérêt de la population, qui ne réclame que son droit à la sécurité et celle de ses biens », a plaidé le chef militaire, qui appelle à éviter une « guerre entre Maliens qui ne nous grandira pas ».

Arbres à palabres : impliquer les femmes par le dialogue

Donner la parole aux femmes sous l’arbre à palabres, c’est l’objectif du programme « Femmes, Transition et élections au Mali », lancé le 6 décembre 2022, pour encourager une participation accrue des femmes à la gestion de la cité, aux réformes en cours et au processus électoral, en vue d’une stabilité et d’une sortie durable de crise. Parce que souvent, malheureusement, en cas d’instabilité, ce sont les femmes et les enfants qui sont les premières victimes. Une réalité toujours d’actualité, non seulement par rapport à la violence mais aussi à la vulnérabilité, à la pauvreté, au manque d’éducation. C’est pourquoi des solutions sans écouter les femmes seront inefficaces. Initiative mise en œuvre par ACE Conseil (Afrique, Caraïbes, Europe Conseil), en partenariat avec notamment les ministères de l’Administration territoriale et de la Refondation, le projet « Arbres à palabres » veut permettre une meilleure implication des femmes dans les processus de paix et de développement local de leurs communautés. Il comporte trois axes. Le premier vise à appréhender les enjeux de la Transition et de la paix pour le Mali par une meilleure appropriation par les femmes de la Charte, de la Feuille de route de la Transition et des accords. Le deuxième axe entend mobiliser l’intelligence collective et le potentiel des femmes sur l’analyse de la situation sur les plans social, sécuritaire et humanitaire afin de fournir les réponses idoines aux défis. Le troisième axe veut prévenir les risques de crise à travers un système d’alerte précoce fondé sur un réseau de suivi et d’observation composé de 2 000 femmes issues des 703 communes du Mali et du dispositif Arbres à palabres.

« Campagne Benkadi » : les femmes plaident pour leur implication dans le processus de paix

Les femmes bénéficiaires du projet « campagne Benkadi » de l’Association des jeunes pour la citoyenneté active et le développement  (AJCAD Mali) en partenariat avec l’Aide de l’église Norvégienne (AEN), ont organisé jeudi 28 juillet 2022 au siège de l’AJCAD à Bamako et en parallèle à Mopti, un plaidoyer auprès des acteurs confessionnels, leaders religieux et différentes autorités  pour leur implication réelle dans le processus de consolidation de la paix au Mali.

Au total, une cinquantaine de participants, en majorité des femmes bénéficiaires dudit projet ont participé à cette séance de plaidoyer, en présence d’un représentant du ministère de la Jeunesse et des Sports.

Au cours d’un panel tenu pour l’occasion, deux représentantes des femmes bénéficiaires, Bintou Touré et Awa Tounkara, ont, en plus d’avoir lancé des messages  de plaidoyer pour l’implication des femmes et des filles dans le processus de consolidation de la paix, témoigné des apports significatifs dont elles ont eu à bénéficier grâce à leur formation dans le cadre du projet « Campagne Benkadi ».

« Les femmes ont un grand rôle dans la consolidation de la paix au Mali. Quand on parle de famille ou de de pays, on parle directement de femmes. Les oreilles de leurs enfants et de leurs maris leur appartiennent. Elles peuvent contribuer en donnant de bons conseils à leurs maris et une bonne éducation aux enfants », a plaidé Bintou Touré, devenu elle-même an animatrice des causeries avec d’autres femmes  après sa formation.

Le Projet « Campagne Benkadi » qui vise à ce que les femmes soient impliquées dans le processus de consolidation de la paix de Mali, a débuté en 2019. Au total 180 femmes ont été formées depuis cette date sur la consolidation de la  paix et la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité. Elles sont  essentiellement des  femmes de 16 à 35 ans,  leaders dans leurs communautés, mais également des femmes déplacées à cause du conflit au Mali depuis 2012.

« Elles ont maintenant des compétences et peuvent s’impliquer activement dans toutes les activités sur la paix et la cohésion sociale. C’est pour cette raison  qu’elles ont décidé de travailler ensemble, toutes les femmes qui ont suivi la formation de 2019 à nos jours, pour lancer un message de plaidoyer », a expliqué Adizatou Diallo, Responsable Programme Paix et Sécurité de l’AJCAD.

Pour le compte de l’année 2022, la nouvelle vague de formation  a débuté mi-juillet et se poursuivra jusqu’en décembre prochain et prend en compte 60 femmes réparties en 4 centres, dont 3 à Bamako et 1 à Mopti, chaque centre de formation regroupant 15 bénéficiaires.

Mohamed Kenouvi

 

Collectif d’artistes : À l’unisson pour la paix

Unis pour la paix. Le slogan peut paraître galvaudé, mais des artistes se le sont approprié. Un concert gratuit pour le Mali ambitionne d’accueillir 100 artistes qui se relaieront pour un show de longue durée le 22 septembre, date anniversaire du soixantenaire de l’indépendance.

Ils veulent chanter le Mali, sensibiliser pour le retour de la paix et de la concorde, décrocher des sourires pour un peu faire oublier les affres d’une année particulièrement rude. Ils, ce sont les 100 artistes qui se produiront lors d’un événement gratuit programmé pour la fête de l’indépendance. Au commencement était « Un », auquel se sont greffés 22 autres, pour former un collectif dartistes de 23 membres, réunis autour d’un projet commun « Mon Mali ». Ce fut d’abord le projet personnel de Zeus Mobjack, qui voulait faire une chanson sur le pays et ses valeurs. Il en écrit les deux premiers couplets et le refrain. « J’en suis arrivé à la conclusion qu’un seul artiste ne pouvait chanter le Mali », raconte-t-il. Il sollicite donc l’apport d’autres artistes pour chanter le pays dans sa diversité. Des musiciens connus répondent à l’appel : Sidiki Diabaté, Nainy Diabaté, Baba Salah ou encore Mylmo, pour ne citer qu’eux. De cette collaboration nait une chanson, puis l’idée d’un concert, prolongement d’une vision partagée pour un Mali en paix. Les chanteurs Iba One et M’Bouillé Koité, ainsi que l’humoriste Tou Gaté, ont déjà confirmé leur participation, confie le rappeur, et d’autres le « feront dans les jours à venir ».

Briser le silence

Le très atypique Zeus Mobjack souhaite qu’à travers ce concert, les artistes « sortent de leur réserve » et parlent afin que les nombreuses personnes qui les écoutent et les suivent entendent leurs messages. C’est cela l’objectif de cet événement aux allures de plaidoirie : éviter au Mali toute division et éteindre les flammes des crises qui embrasent le pays. « Les artistes doivent comprendre qu’ils sont aussi des Maliens et qu’ils ont un rôle à jouer. Il serait bien qu’ils parlent à la population et poussent leurs compatriotes vers l’apaisement », souhaite-t-il.

Blocages dans l’Accord pour la paix : à qui la faute ?

Prévue pour le 15 juin, la 40ème session du Comité de suivi (CSA) de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali doit faire un nouveau point sur sa mise en œuvre. Censé aboutir à une « paix globale et durable, garantissant une solution définitive à la crise qui affecte le Nord du Mali », l’Accord est encore loin de l’espoir suscité. Cinq ans après, aucun des axes ne connaît une mise en œuvre satisfaisante, selon les acteurs. Réformes institutionnelles et politiques, défense et sécurité, développement et réconciliation nationale, ou encore justice et questions humanitaires, « les problèmes restent entiers ». Si une relecture peut s’avérer nécessaire, l’Accord doit être mieux partagé afin que l’ensemble de la population y prenne une part active, mais aussi que les parties signataires agissent avec plus de bonne foi.

Dans un communiqué rendu public le 28 mai 2020, en prélude à la 40ème session du CSA, la MINUSMA a exhorté « les parties signataires à s’abstenir de tout acte contraire à l’esprit de l’Accord ou susceptible de remettre en cause, non seulement la souveraineté et l’intégrité territoriale du Mali (…) », quelques jours après le refus de la CMA de laisser entrer à Kidal le bataillon de l’armée nationale reconstituée. Un communiqué du gouvernement reprochait au mouvement de s’emparer de fonctions régaliennes de l’État.

Ce « manque de confiance et de bonne foi des parties prenantes, mouvements signataires, Gouvernement et médiation internationale est le premier obstacle à la mise en œuvre de l’Accord », selon un observateur. Ainsi, malgré la signature de l’Accord,  les ex-rebelles restent armés et contrôlent toutes les régions du Nord du pays, ajoute t-il. Mais ce qui a manqué le plus depuis la signature, « c’est un réel portage politique », estime Monsieur Mahamadou Diouara, sociologue. « C’est un document éminemment politique, qui engage la Nation sur un chemin réformateur qui engendre beaucoup de changements et dont la matérialisation implique la participation inclusive de l’ensemble des composantes de la Nation, au niveau national et local ».

Accord non inclusif

Ce projet politique déterminant aurait obtenu les résultats escomptés s’il avait été mieux partagé, estime les observateurs. Tous les acteurs de sa mise en œuvre concrète, notamment les populations, devraient en avoir une conscience claire, afin d’en comprendre les « tenants et les aboutissants », ainsi que leurs rôles dans le processus.

« Malheureusement, depuis sa signature, ni le gouvernement ni les groupes armés signataires ne sont allés vers le peuple » pour expliquer le contenu de ce document signé en son nom, lui faire connaître les dividendes attendus, les rôles et les risques encourus en cas de non application.

L’absence de ce préalable, essentiel à l’appréhension du processus par la majorité des acteurs, a eu pour conséquence de faire de « la mise en œuvre de l’Accord une entreprise isolée entre le Gouvernement, la CMA, la Plateforme », ajoute M. Diouara.  Entre ces acteurs, les groupes non signataires et une partie de la société civile, qui manifestent leurs désaccords pour une disposition non appliquée ou le retard accusé dans l’application d’une autre. Pendant ce temps, la question de la qualité de l’Accord reste en suspens et ne permet pas au citoyen de participer à son application.

Or le projet politique porté par l’Accord est celui de la régionalisation. Une étape dans le processus de décentralisation pour offrir des réponses locales à des questions dont la connaissance et la maîtrise échappent souvent à l’État central. Mais, dans la réalisation de cette ambition, au lieu d’une vision globale capable d’assurer une mobilisation accrue de tous les acteurs, les parties prenantes ont privilégié « des questions subsidiaires, priorités d’intérêt immédiat ».

Intérêts particuliers

Dès lors, cette défense d’intérêts partisans a transformé « en condition imparable une disposition de l’Accord » : les autorités intérimaires, celles qui devaient durant une période transitoire permettre aux parties signataires, grâce à une convention, d’assurer ensemble la sécurisation des zones à conflit avec un Mécanisme opérationnel de coordination (MOC).

Ces forces, composées de combattants de chaque groupe signataire et de militaires, sous le commandement d’un officier supérieur de l’armée, devaient effectuer des patrouilles mixtes afin de permettre aux autorités d’exercer leurs missions.

L’impossibilité d’accomplir « correctement » ces missions a conduit à la mise en place d’autorités exceptionnelles. Ce qui n’a fait que « réveiller les peurs des populations du nord qu’une communauté se voit octroyer les droits et privilèges de disposer de la destinée des collectivités », estime le sociologue Diouara. Des craintes qui se sont  d’ailleurs justifiées, contribuant à démobiliser les acteurs locaux.

L’absence de vision globale dans la mise en œuvre de l’Accord a aussi entraîné la mise en avant d’une autre question comme condition, celle du DDR. Ainsi, au lieu d’une mobilisation des énergies et intelligences de chaque collectivité, c’est la réinsertion qui a été « vendue » aux jeunes, déplore le sociologue. Engendrant une course aux armes afin d’être affilié à un groupe armé et reconnu comme ex-combattant.

Alors qu’il aurait fallu que chaque région puisse s’organiser, créer une fonction publique territoriale et mettre en place une police territoriale, sous l’autorité du chef de l’exécutif local, élu au suffrage universel direct et appuyé à chacune des échelles  par un comité consultatif local de sécurité composé de représentants des jeunes, des femmes, des autorités traditionnelles. Cela aurait permis de mobiliser les jeunes de chaque ethnie pour constituer une force territoriale afin d’assurer cette sécurité et empêché les affrontements entre différentes ethnies à Mopti.

Mais une mauvaise lecture de l’Accord a engendré une mobilisation contre lui, empêchant cette mesure et favorisant les clivages intercommunautaires et l’émergence de singularités et fondamentalismes.

Pourtant, un tel programme pour utiliser les ressources locales allait créer de l’emploi  et de l’espoir, ainsi que de nouvelles aspirations.

Mauvaise foi

Manifestement, les parties prenantes de l’Accord font preuve de mauvaise foi. « Elles font semblant de jouer leurs rôles », mais comme « au chat et à la souris, prenant en otage le peuple et le pays », parce qu’elles « semblent toutes servir des intérêts personnels et/ou communautaires », plutôt que l’intérêt général, souligne un acteur.

Les principes et les engagements sont clairs et hiérarchisés, précise M. Diouara. L’unité, la souveraineté de l’État sur le territoire, la forme républicaine et la laïcité sont des principes acquis et acceptés par toutes les parties.

À partir de là, les gestes de la CMA ne peuvent se justifier que par « l’architecture institutionnelle de la mise en œuvre de l’Accord, la faiblesse de l’État malien et la duperie de la médiation de la communauté internationale », analyse cet observateur.

Rappelant que l’Accord prevoyait que 90 jours après sa signature les groupes armés donneraient la liste de leurs combattants et armes à la Commission technique de sécurité (CTS), pendant que les MOC sécuriseraient les sites de cantonnement, dont la MINUSMA en avait construit huit une année après la signature, le sociologue Diouara déplore « qu’à ce jour, ces forces n’aient pas déposé les armes. Nous sommes comme au jour de la signature ».

S’il n’est pas exclu de relire le texte de l’Accord, parce qu’il a été rédigé dans un contexte qui n’est pas le même actuellement, certaines déclarations ayant été plus « néfastes » qu’utiles, il est indispensable que « les gens en aient une compréhension claire », suggère M. Diouara.

Il faut surtout lui « donner une chance d’obtenir l’adhésion d’une grande partie des Maliens, afin qu’il soit un instrument approprié de paix, de prévention des crises, porteur de développement équilibré des régions du Mali », conclut un acteur.

Fatoumata Maguiraga

Quelques dates…

Infographie: Boubacar Diallo et Marc Dembelé

Amkoullel – Déné Isséberé: Un single pour la paix

Deux voix. Une Peule et l’autre Dogon. C’est le nouveau single de Déné Isséberé et  Amkoullel, Issiaka Bâ de son vrai nom.  Intitulé « Djoli kelen » (Le même sang), le titre est déjà sur les réseaux sociaux. Le clip, lui, sortira cette semaine. Les deux artistes s’insurgent contre l’idée d’un conflit entre leurs deux communautés, qui ont toujours vécu en symbiose des siècles durant, et appellent à l’unité et à la cohésion sociale. En plus des messages, ils comptent vendre ce single pour venir en aide aux déplacés du centre.

Djoli kelen (Le même sang). C’est le titre du nouveau single en duo de Dené Isseberé et Issiaka Bâ, connu sous son nom d’artiste Amkoullel.  Dans cette chanson déjà sur les réseaux et dont le clip sortira cette semaine, les deux artistes joignent leur voix pour dire « il n’y a pas de guerre entre Peuls et Dogons au centre ». Les derniers massacres dans cette partie du pays ont choqué la conscience nationale et interpellé les enfants du terroir. « Le titre rappelle aux Maliens qu’il n’y a pas de guerre entre Peuls et Dogons, parce que cette idée commence à germer dans la tête de certaines personnes. C’est pour rappeler aux Maliens qui pourraient se faire piéger dans cette histoire qui nous sommes. Il peut y avoir de petites disputes, parce que la vache est entrée dans le champ d’un Dogon, mais cela ne génère jamais une guerre entre les deux », défend Amkoullel.

Le Directeur de Djoliba TV croit fermement que « ce ne sont pas des Peuls et des Dogons qui se tuent, mais des assassins qui tuent des Maliens ». À travers ce duo, les deux artistes appellent à revisiter l’histoire commune des deux communautés, faite de cohabitation et de vivre ensemble, pour contrer les versions qui peuvent être un danger et proposer une nouvelle lecture de la problématique. « Si on continue à dire dans les médias qu’il y a une guerre entre Peuls et Dogons, la cohésion sera mise à mal. Il n’y a pas d’intérêt à attiser des haines ethniques », soutient Issiaka Bâ. Il espère que ce single changera les idées, « car les guerres prennent naissance dans l’esprit des hommes et que c’est dans leur esprit qu’il faut élever les défenses de la paix », cite-t-il.

Pour manifester sa solidarité aux déplacés du centre, le duo compte vendre ce single et lever des fonds, en organisant notamment des concerts et des collaborations.  En attendant, ses voix  nous interpellent.

Vianney Bissimwa : « Notre vision globale est celle d’un monde sans violence »

Présente au Mali depuis 2014, Search For Common Ground participe aux efforts de consolidation de la paix et de transformation des conflits dans le pays. Face au climat de tensions de plus en plus palpables entre certaines communautés à travers le Mali, l’organisation s’active plus que jamais pour un apaisement social et durable. Son Directeur pays, Vianney Bissimwa, se confie sur la mission de son organisation.

 

Aujourd’hui, quel regard portez-vous à Search For Common Ground sur les différents conflits au sein des communautés au Mali?

Ces conflits violents sont les résultats d’un ensemble d’éléments. Les conflits violents auxquels font face les communautés actuellement sont causées par divers facteurs internes, extérieurs à ces communautés. Ces facteurs sont aussi locaux, nationaux, régionaux et internationaux. Nous faisons un effort pour regarder ces conflits dans ces différentes perspectives. Nous regardons les acteurs à tous les niveaux comme plus une partie à la solution qu’une partie au problème. Bien qu’affligé par les conséquences et le niveau élevé de ces violences, que nous déplorons , nous gardons espoir dans les capacités des femmes, des jeunes et des hommes à tous les niveaux à bâtir le vivre ensemble et la cohésion sociale. Ce sont les hommes (en générale) qui créent les conflits, et ceux sont eux aussi qui les transforment.

Quelles sont les principales actions que vous menez pour le retour de la paix et de l’entente ?

Notre vision globale est celle d’un Monde sans violence. Pour le Mali, « Une société malienne juste et en sécurité ». Au travers notre mission, nous aidons les hommes, les femmes, les jeunes, les institutions et les communautés en situation de conflit à choisir la collaboration et non la confrontation. Nos outils et nos activités visent à créer et/ou à renforcer la confiance entre acteurs, à créer des cadres de recevabilité et de dialogue entre les populations et les autorités, à assurer le partage et la diffusion des informations fiables et de qualité et à soutenir des initiatives communautaires d’inclusion, de rapprochement, de solidarité, de vivre ensemble et de paix. Nos actions sont diverses selon le contexte et le résultat. Nous organisons des formations expérientielles en transformation des conflits, Sensibilité au conflit et leadership inclusif ; nous facilitons des cadres de dialogue communautaire inclusifs et d’actions ; nous appuyons des initiatives locales de paix menées par les jeunes et les femmes ; nous formons les journalistes en journalisme sensible aux conflits et appuyons techniquement et matériellement des radios communautaires. Nous imaginons des approches nouvelles et innovantes pour la transformation des conflits et la réduction de la violence.

Vous privilégiez le dialogue dans vos approches de gestions de conflits. Quels sont les résultats déjà obtenus au Mali grâce à vos conciliations ?

Nos dialogues se tiennent au niveau des communes et sont inclusifs. Nous nous focalisons plus sur le processus que le contenu. Nos dialogues contribuent à réduire les préjugés entre groupes et les aider à surpasser les stéréotypes. Grâce aux sessions de dialogue, des groupes se reparlent et réapprennent à faire confiance. Le dialogue permet aux différents groupes d’imaginer collectivement les réponses aux problèmes et de préparer des actions conjointes et inclusives.

Spécifiquement pour le conflit entre Peulhs et Dogons, notamment au Centre du Mali, que proposez-vous pour la fin des différends ?

Il est important que ce conflit, qui s’est assis sur le lit communautaire, soit regardé comme un mélange explosif d’amalgames, des préjugés, des stéréotypes, de peur, de recherche d’attention et des conflits du passé non résolus. Dans un contexte d’instabilité et de retour difficile de l’État. Il est urgent de créer des espaces sûrs de gestion de trauma intra-groupes adaptés aux communautés et aux différents groupes d’âges et de sexe. Il est urgent de faire entendre et d’amplifier la voix des leaders inclusifs et acteurs de paix. Il faut combattre la rumeur par la bonne information et en renforçant des médias et une communication sensible au conflit. Il est important de créer des cadres inclusifs et neutres où la parole va se libérer et où les différents groupes (y compris les jeunes et les femmes) vont créer une vision commune de leur avenir et imaginer les voies et moyens pour la réaliser. Il est important de renforcer des mécanismes locaux inclusifs pouvant répondre aux risques élevés des violences. Il faut redonner des outils, des moyens mais surtout de l’espoir aux uns et aux autres afin qu’ils agissent pour leur réussite et réalisation commune.

Le vivre-ensemble des peuples du Mali est-il aujourd’hui menacé ?

Le vivre ensemble des peuples du Mali est menacé de plus en plus par la tendance au repli sur soi, la recherche permanente du bouc émissaire, le développement des approches et actions exclusives et le focus sur ce qui divise.

Comment le sauvegarder ?

Pour sauvegarder le vivre ensemble, il faut le célébrer, le chanter, et le soigner là où il demeure. Il faut puiser dans la richesse du passé pour le réinventer et creuser dans la richesse de l’imaginaire collectif pour le créer dans les plus petites comme dans les grandes choses. Il faut utiliser l’art dans sa diversité ; l’éducation de plus jeunes et la sensibilisation des adultes. Il faut aider les jeunes et les femmes à rêver ensemble et à gagner ensemble. Collectivement, il faut le courage de la remise en question individuelle et l’audace des petites actions qui font la différence.

 

Tombouctou : Le vivre ensemble magnifié

Du 8 au 12 février se tiendra à Tombouctou la troisième édition du festival « Vivre ensemble », qui entend raviver la flamme dans une ville éprouvée par le passé.

Après avoir subi de plein fouet les affres de la crise politico-sécuritaire, la ville de Tombouctou renait. L’indolente et insoumise Cité des 333 saints retrouve peu à peu son lustre. Elle revit en partie grâce au festival « Vivre ensemble ». Véritable ode à la tolérance, au partage et à la célébration de l’autre, l’évènement, qui en sera à sa troisième édition, entend marquer de son empreinte l’agenda culturel du Mali. « Nous avons eu dès le départ l’adhésion totale de l’ensemble des communautés. Nous sommes tous égaux dans la ville, elle appartient à tous », assure Saliha Maiga, promoteur du festival. Mettant en avant le cosmopolitisme de la ville, il assure vouloir montrer que « le vivre ensemble est bien une réalité ». Pour contenter les nombreux festivaliers attendus (45 à 55 000 revendiqués l’année dernière), la programmation du festival est assez éclectique. Songhoy Blues, qui s’est illustré par sa résistance par la musique lors de l’occupation, Kader Tahranine, l’enivrante voix du désert, ou encore le rappeur « conscient » Mylmo, pour ne citer que ceux-là. Un hommage sera également rendu à l’illustre Khaira Arby, disparue l’an dernier. Celle qui a effectué son dernier festival sur cette scène, selon Maiga, sera honorée par sa famille. Des reprises de certaines de ses chansons sont notamment prévues.

Quid de la sécurité ?

Comment garantir la sécurité de tout ce beau monde, la zone n’étant pas la plus sûre du pays? Les organisateurs l’assurent, toutes les dispositions nécessaires ont été prises. Saliha Maiga n’hésite pas à qualifier la sécurité de son festival de meilleure de tous les évènements. À l’en croire, les Famas, la MINUSMA et Barkhane travailleraient de concert afin d’assurer une pleine quiétude aux participants. « Ces forces effectuent le maximum de contrôles sur le lieu et les alentours. Nous voulons montrer que, comme dans le sud, nous pouvons faire de la musique en plein air à Tombouctou, montrer également que la population choisit de vivre et que la ville est encore une destination attrayante » ajoute-t-il.

Humanitaires

Plusieurs actions de bien-être social seront menées en marge du festival. Elles constituent l’innovation de cette année, qui consacre la sortie du tout musical afin de prendre en compte les difficultés des populations. Des vivres seront distribués à 200 ménages et la réinsertion socio-économique de 20 jeunes sera assurée. Pour fédérer le plus de profils différents, des écrivains ont été invités afin de magnifier le vivre ensemble par la plume.

Leila Gobi, la Perle de Ménaka

Les voix de la musique malienne sont diverses et particulières. Parmi elles, celle de Leila Gobi, artiste native de Ménaka qui, après avoir conquis le public local, charme  désormais les  publics au-delà du Mali. Elle rentre d’une tournée internationale et a accepté de parler de son parcours et ses ambitions.

3 albums, chacun d’une dizaine des titres. Des tournées en Afrique, Europe, et  aux États-Unis. Leila Gobi a fait son chemin dans la musique.  Après l’obtention de son Diplôme d’Etude Fondamentale (DEF)  en 2000, elle  rentre à l’Institut Nationale des Arts (INA). Quatre ans après, elle termine ses études en musique.

Flash back. En 1997, elle participe à la semaine scolaire régionale de Gao. Ce fut le déclic.  « Je suis devenue première de la région dans la rubrique soliste. J’ai chanté ‘’Il faut éduquer les enfants’’ », se rappelle encore l’artiste trentenaire. A son retour à Ménaka, elle est repérée par une organisation internationale pour prêter son talent à une campagne de sensibilisation sur la malnutrition. Son destin est alors déjà tracé.

Transmettre des valeurs. C’est en 2010, qu’elle rentre véritablement dans le monde avec son premier album, ‘’ Minika’’, le nom de sa ville. En 12 morceaux, Leila Gobi y  évoquait la cohésion sociale, la noblesse des gens de Ménaka, l’éducation des enfants et prodigue aussi des  conseils  entre autres. Avec ‘’Aiyitma’’ ‘’Mes frères’’, un de ses  morceaux culte, qui appelle à l’entente et l’amour entre tous les  frères,  c’est une  voix berceuse qui a conquis la population de Ménaka. Peu à peu, son écho se propage au-delà. « Nos ancêtres nous ont laissé des valeurs et ce sont ces valeurs que je cite dans ce morceau pour ne pas que les gens les oublient », souligne celle dont le père s’oppose à son métier. En 2012, alors que le pays tombe dans la crise elle sort son deuxième album sur la paix. L’unité et la fraternité étaient mises en avant.  En 2017, un troisième vient marquer sa maturité musicale. Il s’intitule ‘’Adounia’’, ‘’La vie’’, où elle parle d’elle-même  et invite chacun à s’interroger sur soi. 

Avec son groupe ‘’Leila Gobi’’, elle  a entrepris une tournée d’une dizaine de jours en Europe au mois de juin  dernier. « On avait fait deux concerts très importants  dans chacune de ces deux villes (Lyon, France et Genève, Suisse,ndlr). Ils nous avaient bien accueilli et on a passé par beaucoup des villes », dit-elle, satisfaite. Elle vient d’être invitée à Ménaka pour l’inauguration de la maison des jeunes.

Ab imo pectore : La complexité de la foi s’expose

La Galerie Medina, située à Bamako en face de l’ECICA, présente tout au long du moi de mai 2018 l’exposition Ab imo pectore, quinze œuvres de deux artistes, Wahib Chehata, Franco-tunisien, et Abdou Ouologuem, Malien, tous deux peintres, cinéastes et photographes. Ayant des points communs, ils espèrent véhiculer avec l’art, une image positive du Mali à travers le monde.

L’exposition Ab imo pectore est une œuvre duale qui a pour objectif de renouer un dialogue entre les Maliens. Au-delà de ce dialogue, elle se veut un cadre de réunion de l’Afrique, ainsi que du monde entier, autour de l’art, de l’inspiration, de la philosophie, de la politique et de l’esthétique. « Le Mali, c’est ma terre principale de création » dit Wahib Chehata, peintre, cinéaste et photographe. Lui et son collègue Abdou Ouologuem affirment s’inspirer « de tout ce qui est beau ». « Je ne manque pas d’inspiration ici, car je suis dans une mine d’or. Le Mali est une mine d’or en matière d’inspiration », déclare Abdou Ouologuem.

Les deux artistes présentent pour cette exposition 15 œuvres à la Galerie Medina, en face de l’ECICA. Marqués par l’histoire récente du Mali et de l’Afrique, ils veulent véhiculer des messages de sensibilisation, d’union et de paix à travers leur travail. Parmi les œuvres exposées, « L’homme blessé », « La mort bleue », « Ultima necta », ou encore « Croisade ». « La mort bleue est la mort qui ne choque personne. Tous les jours, il y a des immigrés qui meurent, mais nous, les Africains, nous ne sommes plus dérangés par ça, cela fait juste l’actualité », déplore Abdou Ouologuem, qui veut montrer le Mali sous sa forme d’antan, un beau pays, une terre d’accueil, d’amour. « Nous avons voulu questionner l’idée de la foi, sa complexité, source d’inspiration mais parfois source de conflit. Au Mali précisément, c’est quelque chose qui a une forte résonance, donc nous avons voulu l’aborder à travers le prisme du beau, parce qu’avant tout nous nous sommes des artistes. Notre joie, c’est d’exprimer le beau », estime Wahib Chehata.

Avec ces œuvres, les deux artistes espèrent voyager à travers le monde et donner une autre image du Mali et de l’Afrique. Ils participeront à la prochaine Biennale de Dakar, édition 2018, pour inviter à « l’union sacrée », car « l’Afrique n’est pas synonyme de violence et de terrorisme ». « Le jour où nous oublierons que celui-là est Malien, Sénégalais ou Chinois, nous serons heureux. Soyons juste humains ».

Projet de loi sur l’entente nationale : tout pour la paix ?

Dans son adresse à la nation, à l’occasion du nouvel an, le Président Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé un projet de loi sur l’entente nationale. Il s’agira de conforter l’unité nationale, à travers des mesures d’apaisement et de réinsertion. Une énième initiative pour la paix.

Ce dont le Mali a besoin aujourd’hui, c’est bien la réconciliation. Que d’initiatives ont été échafaudées pour y parvenir. De la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation à la conférence d’entente nationale, la charte pour la paix, la biennale artistique et culturelle, le mot ‘’réconciliation’’ revient à chaque fois. Le Président Ibrahim Boubacar Keïta, qui est à quelques mois de la fin de son quinquennat, lutte toujours pour ramener la paix et la cohésion sociale dans le pays. Malgré tout, le tissu reste fragile. Ainsi, lors du traditionnel vœu du nouvel an à la nation, le Président IBK a annoncé qu’il ferait initier « dans les semaines qui viennent un projet de loi sur l’entente nationale.» 

Selon le président IBK, le texte proposera entre autres : l’exonération des poursuites de tous ceux impliqués dans une rébellion armée, mais qui n’ont pas de sang sur les mains, des mesures d’apaisement après l’accélération des procédures en cours et les réparations accordées aux victimes reconnues et un programme de réinsertion pour tous ceux qui déposeront les armes et s’engageront publiquement à renoncer à la violence. Pour Sankaré Idrissa, député du parti ASMA, cette loi vise à conforter la réconciliation sans pour autant oublier les victimes de la crise de 2012. « Il y aura une commission qui sera mis en place pour cela, un processus qui va identifier les personnes, et également la justice pour les victimes », rassure -t-il. « Les coupables doivent présenter des excuses en regrettant les actes qu’ils ont posés », estime Sankaré Idrissa. 

Pour le Président IBK, ce « projet de loi ne constitue ni une prime à l’impunité, ni un aveu de faiblesse », au contraire « il s’appuie sur les vertus de pardon, tel que celui pratiqué dans nos diverses communautés », se convainc-t-il. L’objectif recherché par-delà tout, selon Sankaré Idrissa est la réconciliation, mais impossible sans le pardon. « Il faut que les gens se pardonnent de façon sincère, nous sommes aussi dans un pays à majorité musulmane », justifie-t-il. 
Pour autant, certains observateurs pensent que la justice en ce temps de crise est mise à mal par certaines concessions au nom de la paix et la réconciliation.

Biennale artistique et culturelle 2017 : une édition spéciale de retrouvailles

Les enfants du Mali se retrouvent à Bamako du 24 au 31 décembre, à l’occasion de cette édition spéciale de la biennale artistique et culturelle. Le Président Ibrahim Boubacar Keïta a présidé la cérémonie d’ouverture de cet évènement inclusif au Stade Omnisports Modibo Keïta. Des membres du gouvernement, présidents des institutions, gouverneurs des régions et plusieurs autres personnalités dont le ministre nigérien de la culture étaient présents. Des expressions culturelles et symboliques ont marqué ce lancement.

« De même que la beauté d’un tapis tient à la variété de ses couleurs, la diversité des hommes, des cultures et des civilisations fait la beauté et la richesse du monde », disait Amadou Hampâté  dans sa lettre adressée à la jeunesse en 1985. Cette célèbre citation, va bien à l’esprit de la biennale artistique et culturelle instaurée dès la première République. L’évènement répond au besoin de réunir les enfants du pays de différentes régions, issus de différentes communautés pour se retrouver tous les deux ans autour de l’art et de la culture. Dimanche 24 décembre, le Stade Omnisports Modibo Keita a été le lieu idéal où se sont retrouvés les jeunes de toutes les contrées du pays, de Kayes à Taoudeni, en plus de ceux du district de Bamako. La jeunesse de la diaspora ainsi que l’association des personnes vivant avec un handicap complètent le décor. Près de 800 participants séjourneront, certains pour la première fois à Bamako. Au-delà de la culture, l’occasion est unique, dans un contexte de crise, pour les fils du pays de se découvrir, se connaître et s’aimer davantage. Selon la ministre de la Culture, madame N’Diaye Ramatoulaye Diallo, la biennale artistique et culturelle n’est pas seulement la culture, ni une compétition entre les régions, ni la fête du folklore malien, mais « c’est à la fois tout cela ». Un évènement de « tous les enfants du Mali » où « personne ne peut être laissé sur le bord de la route », souligne la ministre, pour qui, ce rendez-vous est « un effort de rapprochement des peuples dans une dynamique de destruction des barrières entre eux.» 

La paix par le symbole et les exemples

La crise de 2012 a occasionné une blessure encore douloureuse dans l’architecture sociale de notre pays. La dimension de la tragédie et de l’épreuve ont été inégalées dans l’histoire du Mali. Pour madame N’Diaye Ramatoulaye Diallo, le retour de la paix passe par le symbole et les exemples. La tenue de l’évènement s’inscrit dans cette optique, pour renforcer le dialogue interculturel. « Le monde attend de voir le Mali se réconcilier », a-t-elle déclaré lors de la cérémonie d’ouverture. Pour mettre l’accent sur le geste et le symbole, la ministre a invité le stade à se lever pour que chacun salue son voisin direct au nom de la paix, de la cohésion sociale et du vivre ensemble. 
Le défilé des troupes a également été riche en chants, danses et habillements du terroir. Chaque région a montré un avant-gout de son savoir culturel sous les applaudissements d’un public acquis. La prestation de l’humoriste Kanté qui mélange le faire rire et des messages de paix, a agrémenté les instants. Devant l’assistance, des symboles représentatifs de toutes les régions du Mali étaient dressés. « Nous avons voulu mettre en évidence les différentes régions, chacune, par ce qui la caractérise. Les tentes qui caractérisent généralement les régions nord du Mali, les greniers, les maisons d’habitations en toit de paille, les maisons isolées, celles des devins, le style soudano-sahélien, c’est le Mali en entier qui est symbolisé par ces dessins », explique Dr Fodé Moussa Sidibé, tête pensante des œuvres. 

C’est dans cet univers reconstitué qu’est apparu un peuple en paix. Chaque communauté vit en symbiose avec ses voisines. Mais tout d’un coup « ce Mali paisible » tombe dans le malheur. Les femmes, mains sur les têtes se lamentaient, leurs époux par terre, fauchés par la mort. Les activités sont arrêtées. Les enfants qui jouaient autrefois sont désemparés. Le spectacle était vraisemblable. Les voix mélodieuses, mais en ce moment mélancoliques de Djeneba Seck et Haïra Arby ont résonné dans ce Stade sous un silence effroyable. Tout à coup une voix se fit entendre, appelant le Mali et les Maliens à se mettre debout. Le peuple recommence à se lever, puis à se retrouver et à danser tout en chantant. Dr Fodé Moussa Sidibé explique le message véhiculé, « il y avait le Mali paisible qui vient être perturbé, après cela, la paix revient et les gens reprennent leurs occupations. Finalement, il y a eu l’arrivée d’un Mali, représenté par l’hippopotame et la carte d’un Mali un et indivisible, tel est le message fondamental », commente-t-il. Cette activité de fraternité et de brassage, « permettra aux gens de Kidal de passer une bonne semaine avec ceux de Kayes, de Sikasso et tout le pays se retrouve dans l’art, la compétition, et la joie », renchérit Dr Fodé Moussa Sidibé.
C’est en fondant l’espoir sur un nouvel élan autour du pays, que le président IBK a déclaré avec « bonheur » l’ouverture de la biennale artistique et culturelle. La manifestation au regard de l’ambiance d’ouverture promet d’être un merveilleux souvenir pour tous les participants et d’être imprégné à jamais des valeurs culturelles de la nation. 

CMA et Plateforme s’engagent pour la paix

La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme des Mouvements du 14 juin 2014 avaient prolongé de 30 jours à partir du 06 septembre 2017, le précédent accord de trêve de 15 jours. Après 5 jours de négociations sérrées, les différentes parties ont enfin abouti à la signature, mercredi 20 septembre, d’un document intitulé : Engagements, qui marque le fin des hostilités entre les deux mouvements et pose les jalons d’une mise en oeuvre effective de l’Accord.

Les négociations entre la CMA et la Plateforme ont débuté vendredi 15 septembre dernier à l’ex-Cres de Badalabougou. C’était en présence du ministre de la Réconciliation nationale Mohamed Elmoctar, du haut représentant du président de la République Mamadou Diagouraga et du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Mahamat Saleh Annadif. La CMA était représentée par Bilal Ag Achérif et plusieurs personnalités tandis que la délégation de la plateforme était représentée par Me Harouna Touré et plusieurs leaders du mouvement. Durant cinq jours des tractations ont été menées par le ministre de la Réconciliation nationale et la médiation internationale pour concilier les points de vue divergents et aboutir à un document acceptable par tous. Lors de cette première journée, le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies a exprimé son agacement face au double jeu des protagonistes qui, depuis deux ans bloquent la mise en œuvre de l’Accord. «  Nous avions patienté. Nous avions beaucoup attendu » avait lancé le patron de la mission onusienne avant de prévenir : « notre patience a des limites ». Une impatience que le ministre de la réconciliation nationale a aussi exprimé en appelant les concernés à prendre leurs responsabilités.

C’est donc chose faite, désormais, ose-t-on croire. Le dialogue et les concertations semblent avoir fini par avoir raison sur la violence. Mercredi 20 septembre, les deux mouvements ont signé un document dit ‘’Engagements’’ lors d’une cérémonie présidée par le chef de file de la médiation internationale l’ambassadeur algérien Boualem Chebihi. A ses côtés, le ministre de la Défense Tiena Coulibaly, le représentant de la plateforme Fahad Ag Almahmoud, le représentant spécial adjoint de la MINUSMA Koen Davidse et le représentant de la CMA Bilal Ag Achérif.

Le chef de file de la médiation a salué l’exercice qui a permis « aux frères d’échanger », même de façon passionnée, mais avec un ferme engagement pour la paix et la réconciliation. Il a exprimé sa reconnaissance aux participants de ces cinq jours de travaux inlassables. Prenant la parole au nom du gouvernent, le ministre de la Défense et des anciens combattants s’est dit «  heureux » de la tenue de cette cérémonie. Pour le ministre, le gouvernement du Mali est très engagé pour la mise en œuvre de l’Accord car « les populations du Nord du Mali ont attendu très longtemps ». « La plateforme se réclame des populations, la CMA se réclame des populations et le gouvernement se réclame des populations » c’est pour cela que c’est un devoir pour chacun que la situation change a-t-il déclaré. La Minusma à travers son représentant spécial adjoint aux affaires politiques, très impliqué dans la résolution des divergences a félicité les responsables des mouvements, la communauté internationale et le gouvernement, qualifiant de « bonne nouvelle » la signature annoncée. A son tour, le représentant de la plateforme, espère qu’à la sortie de cette signature «  la coexistence pacifique et la fraternité entre des frères partageant le même espace géographique » sera une réalité. Il a assuré que la plateforme respectera tous les engagements qu’elle aura à prendre et espère qu’à l’avenir celle-ci n’aura plus à répondre à la question selon lui « extrêmement gênante », pourquoi ne faites vous pas la paix avec vos frères ?

Une commission de haut niveau verra prochainement le jour pour combler les attentes. Le représentant de la CMA quand a déclaré que cet événement est « le fruit des efforts des parties, de leurs engagements profonds à la recherche d’une stabilisation effective ». Bilal Ag Achérif a invité tous les acteurs engagés dans le processus à joindre leur effort à cet engagement pour l’atteinte des objectifs. Il a en outre appelé à condamner les criminels qu’ils soient de la CMA ou des autres rangs. « A la sortie de cette cérémonie les conditions doivent être réunies pour que les autorités intérimaires soient opérationnelles où qu’elles se trouvent, pour que les populations locales sentent la présence d’une administration qui parle en leur nom » a souhaité le représentant de la CMA.

C’est après toutes ces interventions des acteurs impliqués dans la mise en œuvre de l’Accord de paix que le document dit ‘’Engagement’’ a été signé par les parties. Le document comprend deux titres. Le premier concerne les mesures de confiance qui passent par l’organisation du retour ordonné des éléments de la Plateforme à Takalot dans un délai maximum de deux semaines à compter de la signature du présent engagement, sous l’égide de la CTS avec l’appui de la MINUSMA ; la cessation immédiate, totale et définitive de toute forme d’hostilité ; la libération des détenus ; l’engagement d’œuvrer à la clarification du sort des personnes disparues et à ne protéger aucun auteur de crime ; l’établissement d’une commission de haut niveau pour renforcer la cohésion entre les deux parties, chargée de traiter toutes problématiques qu’elles soient d’ordre politique, institutionnel, humanitaire et sécuritaire. Le second titre du document est relatif à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, il s’agit entre autres : de relancer la finalisation avec le gouvernement d’un chronogramme consensuel pour la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix, d’ici la fin du mois de septembre, avec comme priorités : l’opérationnalisation des MOC de Kidal, de Tombouctou et de Ménaka ; l’installation des combattants des mouvements signataires sur les sites de cantonnement retenus par la CTS et leur prise en charge immédiate par le gouvernement ; l’opérationnalisation immédiate de l’autorité intérimaire de Kidal à travers la passation diligente de services et parachèvement de l’installation de l’administration dans les cinq régions ; de toutes autres priorités dont les trois parties signataires conviennent. Dans le document la CMA et la Plateforme s’engagent à jouer leur partition dans la mise en œuvre diligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation et appellent le Gouvernement à en faire de même. Les deux parties prennent des mesures qu’elles jugent appropriées aux fins de sensibiliser les populations et leurs bases respectives à l’importance du respect des arguments ci-dessus.

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