Médias en période électorale : entre liberté d’expression et régulation

Les prochaines échéances électorales au Mali sont au cœur de l’actualité et des débats et la régulation et le rôle des médias réapparaissent dans le discours institutionnel. Comment et pourquoi réguler ? C’était le thème du séminaire international de renforcement des capacités organisé par la Haute Autorité de la Communication (HAC) à Bamako, du 13 au 15 novembre 2017. 

La Haute Autorité de la Communication du Mali (HAC), l’autorité indépendante chargée de la régulation des différents médias, s’attèle, selon Amidiata Ouattara, Président de sa commission éthique et déontologie, non pas « à condamner les pratiques », mais à privilégier une « approche pédagogique »

Évolution d’une régulation 

« Auparavant, toute la régulation des médias au Mali se concentrait sur les médias publics. Les médias privés étaient exclus de tout contrôle. La création de la HAC permet dorénavant de s’intéresser à cette question. Notre mission n’est pas faire le gendarme, mais plutôt de guider les médias vers un traitement égal et équilibré des informations électorales et le respect de la déontologie », précise Gaoussou Drabo, Président de la commission relations extérieures de la HAC.

Nécessité d’une régulation 

« Liberté d’expression et responsabilité des médias sont intrinsèquement liées. Et la responsabilité des médias doit être appréciée selon la loi par une autorité indépendante », affirme Bertrand Levant, chargé du programme « Liberté d’expression et régulation des médias » de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Il rappelle que les discours de haine et les appels à la violence des journalistes sont des limites, acceptées internationalement, à la liberté d’expression, tout comme, en période électorale, l’accès inégal et inéquitable aux médias des différents candidats. Concernant le traitement de l’information, M. Levant rappelle que le journalisme, par définition, doit s’en tenir aux faits. C’est ce qui justifie qu’un candidat qui appelle au boycott d’une élection puisse se voir refuser l’accès aux antennes, comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire récemment. Mais le devoir de garantir le droit d’informer les citoyens n’empêche pas le journaliste de couvrir un appel au boycott d’un parti, car c’est « une information qui mérite d’être traitée de manière impartiale, rigoureuse ».

Méthode de régulation

Pour la HAC, l’enjeu est de déterminer comment « améliorer avec les journalistes » la couverture médiatique, afin que soit possible l’accès à une information équitable en période électorale. Elle organisera « des sessions de formation, notamment à Bamako, Ségou et prochainement à Kayes et à Mopti sur les différents principes réglementant l’exercice du métier », assure Amidiata Ouattara. « La première attitude consiste à expliquer, ensuite vient la mise en garde et le dernier recours sera la sanction », explique Gaoussou Drabo. Le séminaire international a permis aux différentes autorités de régulation des médias de la sous-région de partager leurs expériences, pour s’inspirer les unes des autres.

M. Levant rappellera la nécessité que les médias eux-mêmes s’auto-régulent en adoptant un Code de déontologie électorale.