La chicha, un plaisir dangereux !

La consommation de la fameuse pipe à eau est devenue un véritable phénomène de mode. En l’espace de quelques mois, elle touche désormais toutes les catégories sociales, particulièrement les jeunes gens et jeunes filles qui pensent ainsi échapper à la cigarette.

Pipe à eau très populaire au Moyen-Orient et en Asie du Sud, la chicha est composée d’environ 25% de tabac, associé à un mélange de mélasse, d’arôme de fruits, le tout brûlé au charbon. Elle est de plus en plus utilisée au Mali, dans des bars, aux coins de rue, chez soi et même dans les bureaux. Pour les jeunes qui en sont les principaux consommateurs, elle permet d’éviter de fumer. Pour Samba Gassama, âgé de 20 ans et étudiant en master de gestions des entreprises, « la chicha nous éloigne de la cigarette et nous égaye. Mes parents savent que ce n’est pas nocif, donc je le consomme naturellement à la maison et quand je sors ». Les consommateurs sont donc nombreux à ignorer les méfaits de la consommation de ce produit. Le Dr Kané, pneumologue, est assez clair. « Une séance de chicha expose généralement les fumeurs à une quantité de fumée plus grande que celle des fumeurs de cigarette, car un fumeur consomme généralement une cigarette en 5 à 7 minutes, inhalant un volume de fumée compris entre 0,5 et 0,6 litre, alors qu’un amateur de narguilé fume pendant 20 à 70 minutes et inhale entre 50 et 200 bouffées de 0,05 à 0,25 litre chacune », explique-t-il. « Une séance de narguilé est presque équivalente à la consommation de 20 à 30 cigarettes », indiquait Édouard Tursan d’Espaignet, un responsable de l’Organisation mondiale de la santé à la tribune de la 16è conférence mondiale sur « la santé ou le tabac  », par rapport à la banalisation de sa consommation.

Autres risques Le Dr Youssou Kouyaté enfonce le clou. Selon lui, la fumée de la chicha contient également du monoxyde de carbone, des métaux et des substances cancérigènes dus à la fumée de la combustion du charbon utilisé. Autre sujet d’inquiétude sanitaire, le passage du tuyau d’aspiration d’un consommateur à l’autre peut également favoriser la transmission de maladies contagieuses, comme l’herpès, la tuberculose ou l’hépatite, qui se transmettent par la salive. Une raison à laquelle s’oppose Aly, jeunelibanais et gérant d’un bar à chicha à Badalabougou, qui avance que les embouts peuvent être personnels et à usage unique, comme il le pratique dans sa structure, même s’il reconnait par ailleurs ses aspects nocifs pour le consommateur.