Pisciculture hors sol, le secret du centre Sirebara Diallo

Si la pisciculture se développe largement au Mali, celle que pratique Sirebara Diallo est bien particulière puisqu’elle est hors sol. Une technique très productive qui lui permet de varier ses activités et bien sûr, ses sources de revenus.

Dans la cour de sa villa située à Kalabancoro, au sud du district de Bamako, une forte odeur de poisson accueille le visiteur dès qu’il franchit le portail. C’est ici que Sirebara Diallo s’est fait une renommée dans son métier depuis dix ans. Sa spécialité : la pisciculture hors sol, une technique moderne pratiquée dans des bacs de 3 m sur 1 m de large et 60 cm de profondeur recouverts de bâche. « On ajoute de l’eau et on y met les poissons », explique la responsable des lieux. Disposés côte à côte, les onze bacs installés dans la cour de Mme Diallo contiennent chacun une centaine de silures, la seule espèce de poisson élevée dans cette petite exploitation. « J’ai expérimenté les tilapias et les carpes mais nous avons arrêtés parce que ce n’était pas rentable », estime-t-elle. Ses silures peuvent peser chacun jusqu’à 2 kg. La récolte du poisson se fait deux fois par an soit chaque six mois. Ici les poissons sont nourris avec des aliments importés et des vers blancs. Un choix qui s’explique : « les aliments importés sont flottants contrairement à ceux fabriqués ici qui stagnent sous l’eau. Ce qui entrave le développement des poissons », explique la spécialiste. Les poissons sont récoltés par nombre contrairement à la pisciculture traditionnelle où tous les poissons sont prélevés ensemble. Outre la production, Sirebara transforme également les poissons qu’elle élève. Elle les fait sécher et en fait des bouillons de plus en plus prisés par les femmes. Ses talents et ses activités complémentaires lui sont reconnus au sein de la communauté des pêcheurs dont son époux fait partie. « Je lui dois tout, notamment la technique », s’enthousiasme-t-elle.

Formation Sirebara Diallo aide également les autres à produire du poisson. Son élevage s’est vite transformé en centre de formation où l’on enseigne aux femmes rurales les techniques de la pisciculture. A ce jour, elle a formé une centaine de femmes et installé une cinquantaine de bacs chez des particuliers. Un bac coûte 450 000 francs CFA et peut contenir 250 alevins. Le centre forme également les propriétaires aux techniques d’utilisation durant deux mois. Il leur faut attendre six mois pour pouvoir vendre leurs premiers poissons et il leur est recommandé d’opter pour de petits bacs pour faciliter la commercialisation.

Et comme Sirebara Diallo a plus d’une corde à son arc, sur les eaux de chaque bac flotte un bloc de polystyrène avec plusieurs trous où est enfoui un bout de chiffon. Elle y plante des betteraves, de la salade et différents produits de culture maraichère. Une autre technique hors sol effectuée en même temps que la pisciculture. Le rendement est beaucoup plus satisfaisant et la période de production plus courte. Et la piscicultrice ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.