Que devient la plateforme An tè a bana ?

Affaiblie par le départ du chroniqueur Ras Bath, juste après « sa victoire » sur le projet de révision constitutionnelle, la plateforme An tè a bana, loin de s’en laisser conter, se fixe désormais de nouveaux objectifs

A l’issue d’une Assemblée générale, le 16 septembre 2017, le directoire de la plateforme An tè a bana a rendu sa démission. « Nous avions un objectif commun. Nous l’avons provisoirement atteint. L’assemblée générale a donc décidé qu’avec les nouvelles orientations, il fallait revoir le directoire » assure l’ex Présidente de la plateforme Mme Sy Kadiatou Sow. Une commission ad hoc a été mise en place pour définir les nouvelles orientations du mouvement, qui devrait désormais s’atteler à la veille citoyenne. « La plateforme va plancher sur de nouvelles questions. Une totale transparence lors des élections, un audit du fichier électoral, la fin de la rétention volontaire des cartes NINA, mais aussi que l’administration territoriale ne soit pas en charge de l’organisation des élections », énumère Souleymane Koné, membre de la commission ad hoc. Une réorganisation et une redéfinition des objectifs qui devraient favoriser l’adhésion de nouveaux membres. « Ce sont des questions qui intéressent tous les partis politiques, nous devrions donc enregistrer plusieurs adhésions » ajoute-t-il. Un manifeste a également été adopté et désormais chaque membre doit renouveler son engagement par une fiche d’adhésion. « Nous allons définir les clés de répartition entre les partis politiques et les associations de la société civile » précise Koné, cacique des Forces alternatives pour le renouveau (FARE-An ka Wuli). Une nouvelle Assemblée générale se tiendra le 25 septembre pour mettre en place un nouveau directoire pour mener à bien ces nouvelles missions.

Risques d’implosion ?

Des questions demeurent néanmoins. Comment faire cohabiter partis politiques et société civile à quelques mois d’échéances électorales importantes ? « Nous collaborons avec eux, mais nous ne les soutiendrons pas s’ils se portent candidats. Ce qui va sûrement causer des dissensions, car les politiques sont notre source de financement » affirme un membre du mouvement « Trop, c’est trop » qui a requis l’anonymat. « Sans ces sources de financement, la plateforme ne disparaitra certes pas, mais elle sera une coquille vide » ajoute-t-il. Nos efforts pour contacter ses principaux acteurs politiques sont restés sans suite. « Les différents partis politiques doivent faire très attention et comprendre qu’il y a des combats qu’ils ne peuvent gagner seuls. Nous avons besoin de consolider les acquis. Après, les partis seront libres de mener leurs campagnes » préconise Amadou Thiam, Président de l’ADP-Maliba.

Les leçons de l’échec de la révision constitutionnelle au Mali

Sans soutien populaire, la mise en œuvre de l’accord pour la paix ainsi que les réformes au Mali n’auront pas d’effets stabilisateurs.

Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, a finalement décidé, le 18 août dernier, de surseoir à l’organisation d’un référendum sur la révision de la Constitution. Cette décision a été prise sous la pression d’une partie de la classe politique et de la société civile, réunies au sein de la Plateforme « Antè Abanna », qui signifie « On ne veut pas, c’est tout » en langue nationale Bambara.

Elle est intervenue dans une atmosphère tendue après des semaines de violence verbale entre partisans et opposants au projet, alors que la réconciliation et l’unité nationales demeurent fragiles dans ce pays  qui traverse une crise sécuritaire depuis 2012.

« Les chefs traditionnels et religieux ont joué un véritable rôle d’amortisseurs sociaux »

Pour le gouvernement, la réforme constitutionnelle répond à trois exigences principales : tirer les leçons de la crise sécuritaire qui a débuté en 2012 ; corriger les lacunes et les insuffisances révélées par l’application de la Constitution ; et mettre en œuvre les réformes prévues dans l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, signé en 2015.

La plateforme « Antè Abanna », quant à elle, estime que la révision envisagée non seulement augmente considérablement les pouvoirs du président de la République, mais viole également l’article 118 de la Constitution de 1992 qui interdit notamment toute révision en cas d’atteinte à l’intégrité territoriale. Or, pour la plateforme, l’absence de l’État dans la région de Kidal et certaines localités du Centre constitue une atteinte à l’intégrité territoriale du pays.

La décision du président, à court terme, a contribué à apaiser le climat social. Cependant, le débat autour de la révision constitutionnelle a révélé de profondes dynamiques sociales auxquelles les autorités maliennes et leurs partenaires devraient être attentifs. Trois aspects en particulier méritent leur intérêt.

« Les arguments en faveur de la mise en œuvre de l’accord laissent encore certains Maliens dubitatifs »

Premièrement, cet échec illustre le fossé existant entre les attentes des Maliens et l’action publique. Pour rappel, l’installation du Parlement malien, à la suite de l’élection législative de décembre 2013, avait marquée une étape cruciale dans le processus de sortie de crise du pays. L’une des principales préoccupations des populations étaient de voir cette institution, longtemps perçue comme une « caisse de résonance » du gouvernement, jouer un rôle plus déterminant dans le processus législatif. L’action du Parlement était donc très attendue dans la mise en œuvre des réformes envisagées.

Or, le 3 juin 2017, avant la décision du président, le Parlement avait adopté le projet de révision de la Constitution avec 111 voix pour et 35 contre. L’Assemblée nationale, alors même qu’elle disait avoir mené des consultations, n’avait pas su prendre la mesure des réticences et des réserves face à cette révision constitutionnelle mettant ainsi en perspective sa déconnexion des attentes de nombreux Maliens.

Deuxièmement, la polarisation de l’opinion publique nationale entre le « oui » et le « non » à cette réforme avait fini par créer une tension palpable dans la population. Pour apaiser le climat, les chefs traditionnels et religieux ont joué un véritable rôle d’amortisseurs sociaux en entamant une médiation qui a abouti au sursis du projet de révision.

« La réconciliation et l’unité nationales demeurent des défis majeurs dans ce pays en proie à une crise sécuritaire depuis 2012 »

Le rôle de ces derniers serait passé inaperçu si, au cours du débat sur la révision de la Constitution, leur participation aux instances de gouvernance du pays n’avait pas été mentionné, notamment en ce qui a trait au Sénat dont la création est proposée dans le projet de révision. Il est important, après cet épisode, de s’interroger sur les conséquences de l’institutionnalisation à un niveau politique du rôle de ces autorités traditionnelles.

Troisièmement, la révision constitutionnelle, malgré qu’elle soit présentée par le président de la République et le gouvernement comme une « exigence » de l’Accord pour la paix et la réconciliation, fait l’objet de contestations populaires. Ces manifestations ont rappelé celles, réprimées dans la violence, qui se sont déroulées à Gao, en juillet 2016, lors de la mise en place des autorités intérimaires, également prévue par l’accord.

À la suite de ces événements, le président de la République avait déclaré, en juillet 2016, que « ces incidents regrettables (Gao, NDLR) sont une illustration manifeste d’une méconnaissance des aspects féconds du contenu de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale ». Ce constat témoigne du fait que, même s’il y a eu très peu de contestations ouvertes au moment de sa signature, les arguments en faveur de la mise en œuvre de l’accord  laissent encore certains Maliens dubitatifs. Il rappelle également qu’une phase de pédagogie et d’explication de l’accord demeure indispensable.

Le gouvernement ainsi que les parties prenantes peuvent prendre les dispositions pour l’application des réformes législatives en attendant que les conditions soient réunies pour la révision de la Constitution qui s’impose, au-delà des « exigences » de l’accord pour la paix.

L’annonce du sursis de la révision constitutionnelle, sans qu’une nouvelle date n’ait été fixée, et les clivages majorité / opposition, « oui » / « non » dans le débat autour du projet ont rappelé certaines limites du processus de paix au Mali, notamment l’absence d’appropriation populaire pourtant nécessaire à sa réussite.

La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation ainsi que les réformes qui en découleront sont nécessaires, mais elles ne pourront avoir un effet stabilisateur que si la population y adhère.

Il incombe non seulement aux parties signataires, mais aussi aux autorités maliennes et aux partenaires engagés dans le processus de paix, d’impliquer davantage toutes les sensibilités de la société malienne dans les différentes mesures envisagées et ce, dès leur conception.

Cet article est d’abord paru sur le site de l’Institut d’études de sécurité

 

Ras Bath : « Nous sommes le fruit d’une faillite du politique et de la société civile »

Après sa victoire, avec la Plateforme Anté abana, qui leur a permis d’obtenir du président IBK de « surseoir » au référendum sur la révision constitutionnelle, Ras Bath a déjà enfourché son nouveau cheval de bataille, «Alternance 2018 ». Ce projet ambitionne de changer les mentalités des citoyens et d’en faire des acteurs conscients pour les prochaines échéances électorales. L’activiste a accepté d’expliquer au Journal du Mali, les raisons qui ont provoqué son départ de la Plateforme  et ce nouveau combat qui l’animera jusqu’au prochaines présidentielles.

Pourquoi avoir quitté la Plateforme Anté Abana ?

Nous avons décidé de partir car notre projet « Alternance 2018 » qui a été acté par tous dans la déclaration de l’assemblée qui a suivi le report du projet de révision constitutionnelle du président a été rejeté. Pour nous, la cause de l’alternance et la raison substantielle de notre adhésion à la plateforme. Nous n’avions donc plus de raison de rester car c’était notre raison d’être et d’adhérer à ce mouvement.

Vous étiez un des poids lourds de la Plateforme, comment ont-ils pris votre départ ?

Pas très bien, mais nous avons été sollicité par eux ce mardi pour une rencontre, nous devons parler. Ils disent vouloir nous rencontrer pour échanger sur la question de l’alternance. Les responsables de la Plateforme disent qu’ils ne sont pas d’accord avec notre départ.  Ils disent souscrire à notre projet « Alternance 2018 » à présent car ils pensaient en fait que je serai moi-même candidat ou que j’aurai un candidat pour 2018. J’aurai préféré qu’ils viennent me le demander directement. Nous ne fermons pas la porte à l’échange, à la discussion. La question de l’alternance est centrale pour nous. S’ils sont d’accord pour « Alternance 2018 », je reviendrai dans la Plateforme Anté abana. Nous nous réunissons dans la journée et je dois leur donner ma réponse aujourd’hui.

Comment « Alternance 2018 », ce nouveau combat, va-t-il se traduire concrètement sur le terrain ?

Pour nous, après 20 ans de démocratie et principalement après 4 ans de gestion du régime IBK, nous devons tirer les leçons aussi bien à notre niveau par rapport à la chose publique et aussi sur le comportement de ceux en qui nous avons placé notre confiance en 2013. Nous devons grandir, mûrir, en termes de capacité citoyenne. Cela veut dire changer de mentalité, de perception dans notre rapport avec la politique. Donc, « Alternance 2018 », c’est le changement d’un système, d’une mentalité, il faut une autre façon de penser, une autre façon de faire. 2018, c’est l’année des élections : présidentielles, législatives, régionales, municipales. En démocratie le véritable moment où le peuple peut exercer son pouvoir,  c’est lors des élections. Il retrouve alors son pouvoir de sanctionner, de renouveler, de tout changer. Nous devons maintenant évaluer les politiques actuelles, juger si nous sommes satisfaits, si nous ne le sommes pas et provoquer le changement s’il y a lieu. En général, pour le citoyen lambda,  les élections sont une opportunité de se faire de l’argent. Donc l’alternance, c’est d’abord de changer la perception même de ce moment, c’est d’amener le citoyen à ne plus voir les élections comme l’opportunité de se faire des relations, de l’argent, d’obtenir des biens matériels, mais plus de lui faire comprendre qu’il décide de son avenir. C’est un travail préalable qui consiste à parcourir l’intérieur du pays pour expliquer le sens du vote, le sens de l’élection, le sens de s’impliquer dans le choix d’une politique et des hommes qui la porte. Ensuite les sensibiliser sur le fait que la carte Nina va leur permettre de choisir le bon programme, le bon projet de société. Donc nous commencerons, entre le 1er octobre et le 31 décembre, période de mise à jour du fichier électoral, à sensibiliser ceux qui viennent d’atteindre la majorité pour leur dire de s’inscrire et d’aller voter. Nous voulons renforcer la capacité des citoyens à détecter les bons programmes et les bonnes personnes. Avec « Alternance 2018 », il s’agit d’arriver à un nouveau type de Malien qui perçoit les élections autrement, qui agit autrement, en se plaçant dans l’optique de l’avenir de son pays dans lequel s’inscrit son propre avenir. Il faut que les candidats qui veulent être maires, députés, président, sachent désormais que le Mamadou d’hier n’est pas le Mamadou d’aujourd’hui, qu’ils se rendent compte que le Mali d’hier n’est pas le Mali d’aujourd’hui et que les achats de conscience ne font plus les élections, 

Pourquoi ne pas incarner vous-même cette alternance politique en vous présentant aux élections ?

La construction de la nation requiert deux types de citoyen dans la société, le citoyen qui conduit l’action publique et celui qui contrôle la conduite de l’action publique. Le premier est un politicien, mais il faut aussi des citoyens qui sont là pour veiller afin que le navire ne soit pas dérouté par la volonté d’un seul puissant, sans personne pour le rappeler à l’ordre. Se présenter comme candidat n’est pas notre objectif. Nous sommes dans le contrôle citoyen, dans la formation et la construction citoyenne, pour le moment.

Les Maliens ont l’habitude de voter pour des acteurs politiques bien connus, les caciques des parties politiques qui font parti de ce système et qui joueront, à la prochaine échéance présidentielle, leur va-tout. Face à cela, le changement de système que vous appelez de vos vœux, n’est-il pas un coup d’épée dans l’eau ?

Pas du tout. Vous savez, le pire des hommes hier peut-être le meilleur des hommes aujourd’hui et inversement. Comme vous l’avez dit, l’élection de 2018 ne peut pas se faire sans les caciques, les Soumaila Cissé, Modibo Sidibé, les Zoumana Sacko, ils vont avoir bientôt 70 ans, ils sont incontournables. La question n’est pas trop la personne mais plutôt le peuple que ces candidats vont avoir à diriger, qui constitue la force qui va les conditionner, les obliger à faire avancer le pays. C’est le changement des mentalités qui peut faire changer les choses. Pour nous le travail est a exercer sur le peuple d’abord. Plus le peuple se renforce, plus les dirigeants seront regardants, attentifs et prudents par rapport à la conduite des choses publiques.

Nous comptons aussi demander à la classe politique un audit du processus électoral, il doit être transparent et efficace. Il faut évaluer le processus, en amont, les conditions de dépôt de candidatures, l’inscription sur les fichiers, de l’acheminement des résultats jusqu’au dépouillement. Il ne sert à rien d’éveiller les citoyens si les règles du jeu ne sont pas transparentes et que le processus n’est pas connu à l’avance.

Y’a t-il déjà, pour vous, un homme politique qui pourrait incarner ce renouveau, ce changement ?

Je ne me suis pas penché pour le moment sur une personne, mais nous avons un portrait-robot. La grève des médecins qui a duré 38 jours et qui a fait quasiment 1000 morts dont 400 enfants décédés, nous a donné à réfléchir.  À partir de 2018, nous souhaitons un président, qui s’engagera auprès du peuple, s’il est atteint d’une maladie qui peut être traitée au Mali, qui se soignera dans le pays. Cela aura comme effet, pour les citoyens, en voyant leur président se faire soigner dans un hôpital malien, de les rassurer, de les mettre en confiance par rapport à nos services hospitaliers. Nous avons besoin d’un président qui va avoir à coeur de relancer l’économie, d’utiliser les compétences de son pays, ses hôpitaux, son artisanat. Qui aura à coeur de relancer le tourisme intérieur en montrant l’exemple et en séjournant dans le pays au lieu de partir en vacances à l’étranger. Notre profil de candidat, c’est celui qui va avoir un programme, qui aura des éléments de relance de l’économie, de l’éthique et des codes de bonnes conduite. Un candidat qui appliquera un véritable « Mali d’abord ».

Vous êtes une personnalité influente au Mali, très écoutée et très courtisée aussi par les politiques, comment faites-vous pour rester indépendant ?

Notre indépendance est d’abord idéologique. Nous avons une vision de l’État, une vision de la gestion de la chose publique et des arguments pour défendre cette vision. Nous sommes aussi indépendants financièrement, nous ne sollicitons l’aide de personne, on fonctionne avec les moyens du bord, nous autofinançons toutes nos actions. Pour les meetings à Bamako, jamais je ne sors un franc de ma poche, ceux qui nous invite s’occupe de toute la logistique. Mes déplacements en Europe sont financés par les militants. C’est un investissement dans l’avenir, dans l’idéal et non dans une personne. Ce sont des bases solides qui nous permettent de ne pas céder aux offres des hommes politiques qui essaient de nous amadouer avec des perspectives de projets, des financements, dans le but qu’on vote pour eux.

Vous considérez-vous comme un guide de la jeunesse malienne, comme on peut l’entendre ici ou là ?

Je ne suis pas fan du terme « guide » qui renvoie à une personne dont la parole est sacrée, qu’on ne remet pas en cause, un homme infaillible. Partout où je vais, je me présente comme un porte-parole, je porte une parole qui est décidé ailleurs, avec d’autres. Ce terme est parti de je ne sais où et je me suis retrouvé comme le guide de la révolution, c’est un titre que je ne reconnais pas.

Vous comblez quand même un vide, la jeunesse n’a pas de leader charismatique qui lui montre le chemin, le terme de guide est naturel, dans ce sens.

Nous ne sommes pas les premiers à tenir les discours que nous tenons, mais beaucoup qui ont tenu ces discours et ont mené ces combats ont abandonné au milieu du chemin à la première offre, aux premiers financements. La plupart des leaders sont devenus conseillers dans tel ministère, dans tel ONG ou ont bénéficié d’une bourse pour s’installer à leur propre compte. Celui qui arrive à tenir son discours et à poursuivre les combats, sans prendre de l’argent comme tout le monde s’y attend, les gens vont se dire qu’ils peuvent le suivre, car il est différent des autres,  dans sa constance, son honnêteté, son discours. Le politique et la société civile ont déçu le peuple et perdu leur place dans l’opinion. Il y a plus de 2000 associations au Mali, toutes ces organisations qui ont des budgets colossaux, des moyens juridiques, des moyens relationnels, ils ont fini par établir une sorte d’entente implicite de collaboration avec le politique, une sorte de vase communiquant, qui mène au détournement d’argent destiné à des projets par exemple. Ce qui fait que nous, on arrive sur un terrain vierge où la demande est forte. La population se sent abandonnée, elle n’est pas protégée par l’État. Nous sommes en fait le fruit d’une faillite du politique et de la société civile.

 

La plateforme Anté abana reste mobilisée

C’est à travers un meeting que la Plateforme Antè Abana, opposé au projet de réforme constitutionnelle, a réagi à l’annonce faite la veille par le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta. Dans une allocution à la nation ce 18 août 2017, le président de la République a annoncé qu’il décide de surseoir « à l’organisation d’un référendum sur la révision constitutionnelle », « (…) en considération de l’apaisement du climat social ».

« Une décision politique courageuse qui a soulagé tout le monde », note Mr Soumana Kalapo, 4ème vice-président de la plateforme Antè A bana. La marche initialement prévue par son mouvement ce 19 août 2017 a donc été transformée en un meeting. « Un meeting pour féliciter le président de la République et tous les militants qui ont participé à la mobilisation », ajoute Mr Kalapo.

Une décision « accueillie favorablement » par la majorité présidentielle, qui considère qu’elle contribue aussi « à l’apaisement du climat social », selon le ministre Me Baber Gano, membre de cette majorité.

S’il s’agit « d’une victoire du peuple », selon les partisans du non, le camp du oui y voit la « fin d’une incompréhension ». L’objectif est donc de donner une nouvelle chance à ce projet de révision dont le but est de « corriger les insuffisances de la constitution de 1992 », tout en permettant au Mali de « tenir ses engagements », à travers des concertations qui permettront aux Maliens de se retrouver. selon Me Gano.

S’ils évoquent tous une victoire, pour plusieurs acteurs de la plateforme Antè Abana, il ne s’agit que d’une étape. Car beaucoup espèrent que ce mouvement né « de façon spontanée », soit désormais un organe de veille citoyenne.

Pour les défenseurs du oui, « l’intérêt du sursis au référendum c’est d’ouvrir un cadre de concertation large afin de s’entendre sur l’essentiel », selon Me Gano.

Si elle ne revendique pas l’homogénéité d’autres organisations plus structurées, la plateforme An tè Abana souhaite tout de même maintenir, la dynamique née avec ce mouvement. Pour que quelque soit « le pouvoir en place, le mouvement de veille puisse se lever et dire non lorsqu’il y a danger pour la patrie », poursuit Mr Kalapo.

Pour les futures décisions à prendre, la plateforme Antè Abana entend se prononcer lors de la prochaine assemblée générale de la structure ce 21 août 2017.

Révision constitutionnelle : IBK en ressort-il grandi ?

Face au refus d’une grande frange de la population d’adhérer au très décrié projet de révision constitutionnelle, le président de la République à décider d’y surseoir. Cette décision unanimement saluée qui devrait apaiser le climat social, permettra-t-elle à IBK d’engranger auprès des Maliens une côte d’amour fortement entamée qui l’avait mené à la présidence en 2013 ?

Dans une intervention télévisée, vendredi 18 août, le président a annoncé la suspension du projet de révision constitutionnelle : « dans l’intérêt supérieur de la nation et de la préservation d’un climat social apaisé, j’ai décidé, en toute responsabilité, de surseoir à l’organisation d’un référendum sur la révision constitutionnelle. Pour le Mali aucun sacrifice n’est de trop» a-t-il soutenu. Les avis négatifs des religieux et des chefs traditionnels sur ce projet et la menace d’une désobéissance civile brandit par la plateforme ‘’An tè a bana’’ semblent donc avoir eu raison de la détermination du président. « Ce n’était pas une décision unilatérale, le président à décidé d’écouter les chefs et les religieux, ce qui démontre toutefois l’importance de la création d’un sénat où ces personnes seraient représentées, maintenant deux choix se présentent au chef de l’État, ou il abandonne définitivement ou il continue, mais c’est à lui de décider » assure Badra Ali Sidibé, membre du RPM et un des proches du premier vice-président du RPM, Moussa Timbiné. Pour beaucoup de membres pro-régimes, cette décision honore le président, qui démontre par la même sa capacité d’écoute. « C’est un acte de grandeur, malgré sa position, il a fait preuve d’humilité, il ne voulait pas que le pays s’enlise dans ce clivage du Oui ou du Non, dont les seuls bénéficiaires étaient des hommes politiques qui ne voulaient pas que le président retire le projet » ajoute Sidibé. Il faut dire, que cette décision du président n’était pas vraiment attendue. Il y a deux semaines, dans un autre entretien télévisé, le chef de l’État réitérait une nouvelle fois sa volonté de mener à bien la réforme constitutionnelle en tenant notamment des mots forts, à savoir qu’une non tenue du « référendum est anti républicain et anti-national ».

La plateforme qui avait prévu une nouvelle marche le 19 août, l’a finalement décliné en meeting devant la bourse du travail. Devant près d’un millier de personnes massées devant la bourse du travail, le vice-président de la plateforme ‘’An tè a bana’’, Amadou Thiam a salué le revirement du président. « Nous lui avons demandé pardon pour les offenses qui lui ont été faites, et il a fait de même » déclarait-il. Des paroles qui n’ont pas véritablement plu aux manifestants dont certains réclamaient la démission du président.

« Ce n’est pas de gaieté de cœur, qu’il a renoncé, il était obligé, et il veut redorer son image. Dans quelques mois, ils vont entamer les grandes manœuvres en vue de la présidentielle, en disant aux Maliens, que le président est un homme de dialogue, et qu’il se soucie d’eux, mais il n’est plus possible de tromper les maliens » analyse le chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé. Il se plaît également à rappeler, une déclaration d’IBK lors du sommet du G5 Sahel, où le président affirmait qu’abandonner le projet de réforme constitutionnelle serait trahir le pays. « Il reconnaît lui-même avoir trahi le pays, il devrait donc démissionner, nous avons besoin d’une nouvelle alternance, c’est une grande frange de la jeunesse qui a été à l’avant-garde lors de cette lutte, nombreuses ont été les promesses faites, aucune n’a été tenue, au contraire la situation s’est détériorée depuis son arrivée » ajoute-t-il. Pour conclure, Cissé estime que « ce retrait n’est que l’ultime manifestation de l’incapacité du président à mener à son terme ses projets, qui tombent les uns après les autres dans les méandres de l’échec »

 

Soumana Kalapo : « Si nous n’avons pas gain de cause, nous irons à la désobéissance civile »

La plateforme ANTE Abana à reporté sa marche prévue mercredi 16 août à la demande des autorités religieuses et coutumières. Cependant elle battra le pavé, ce samedi 19 août, à moins d’un geste fort du président IBK pour retirer le projet de révision constitutionnelle. Soumana Kalapo, 4ème vice président de la Plateforme « ANTE A BANA » a expliqué au Journal du Mali la détermination de son mouvement à obtenir le retrait du projet de révision constitutionnelle par tous les moyens légaux.

Votre mouvement a été reçu par les leaders religieux et les familles fondatrices de Bamako, de quoi a-t-il été question ?

Ils nous ont demandé de surseoir à notre marche du 16 août 2017. Ils nous ont dit qu’ils ont rencontré le président de la République, à qui ils ont demandé de surseoir au projet de révision constitutionnelle et lui ont demandé de rencontrer tous les Maliens en attendant de prendre une décision définitive sur la constitution, ce qu’il a accepté. Ils nous ont dit craindre, en tant qu’habitants de Bamako, (fondateurs et leaders religieux – ndlr) les troubles qui pourraient découler de cette marche.

Vous n’avez pas renoncé à la marche, vous l’avez reportée ?

Ils nous avaient demandé une réponse séance tenante. Mais nous leur avons dit que nous ne pouvons pas prendre cette décision. Nous devions consulter l’Assemblée Générale qui décide. Ce qui a été fait ce 15 août. Les débats ont été houleux, mais la majorité a finalement décidé d’accéder à cette demande des autorités morales de notre pays auxquelles on doit respect. Nous avons reporté au samedi, en attendant de voir ce qu’ils peuvent entreprendre avec le président pour qu’il s’adresse solennellement à la nation afin de dire qu’il retire ce projet.

Quel est l’objectif de cette marche ?

C’est continuer à demander au président de retirer ce projet et d’attendre que l’État ait sa souveraineté sur l’ensemble du territoire. Et qu’il y ait un consensus politique autour du projet. Si on tient un référendum dans ces conditions, c’est comme si on acceptait d’exclure certains Maliens.

Et si le projet n’est pas retiré ?

L’objet de la marche c’est d’amener le président à retirer le texte. A défaut, nous allons déposer à l’Assemblée Nationale une demande de mise en accusation du président pour haute trahison. Nous retiendrons qu’il viole l’article 118 de la constitution.

Le président de la République, à l’issue de sa rencontre avec les leaders religieux et coutumiers, a accepté de surseoir au projet de révision ? Que pensez-vous de cette déclaration ?

Nous pensons que c’est un pas positif. Nous l’exhortons à continuer dans ce sens. Il s’agit quand même d’une institution. Nous estimons que pour une décision importante de ce genre, il est souhaitable qu’il fasse une adresse solennelle. Comme ses prédécesseurs l’ont fait. Alpha pour le projet de réforme et ATT pour le code de la famille. Ils ont fait une allocution solennelle à la nation. Nous attendons cela de lui. Cela permettra de lever toute équivoque.

L’éventualité d’un appel à la désobéissance civile a aussi été évoquée dans certaines de vos réunions, qu’en est-il vraiment ?

Nous allons par étape. Nous faisons cette marche, si elle aboutit tant mieux, si nous n’avons pas gain de cause, nous irons à la désobéissance civile. Mais nous n’allons pas directement à ça.

Qu’entendez-vous concrètement par désobéissance civile ?

Comme nous l’avons dit, nous n’irons pas à cette étape directement. Et puis toutes nos actions sont décidées en assemblée générale. Donc c’est elle qui va décider ce qui sera la prochaine étape. Mais la désobéissance civile, de façon générale, ça veut dire qu’on ne se soumet plus à l’autorité en place parce qu’on estime qu’elle n’est plus légitime.

Est-ce que vous ne craignez pas que ce durcissement desserve votre mouvement en ce sens que certains estiment que ça peut déstabiliser le pays ?

Il y a longtemps que certains nous prêtent cette intention. Le pouvoir nous assimile à l’opposition. Moi, je ne suis pas de l’opposition, je ne mène pas un combat pour avoir le pouvoir. Notre intention ce n’est pas de déstabiliser. Dans nos manifestations, il n’y a aucune violence. Nous ne sommes pas des violents. Nous ne pensons pas que même si nous entrons en désobéissance civile, que cela va créer la violence, sauf si elle vient d’ailleurs. Ce n’est qu’un moyen constitutionnel de revendiquer.

Le mouvement « Trop c’est trop » a rendu publique un communiqué dans lequel, il déclare se désolidariser de toute action de toute action pouvant conduire à déstabiliser les institutions. Qu’en pensez-vous ?

D’abord, le premier responsable du mouvement « Trop c’est trop », était avec nous (lors de la conférence de presse du 16 août2017 – ndlr). Nous considérons que le mouvement « trop c’est trop » fait bien partie de la plateforme et adhère à ses positions. Nous pensons que cette lettre est une manœuvre pour nous diviser. C’est l’opinion d’un groupe peut-être mais pas du mouvement « trop c’est trop ». C’est l’opinion d’un groupe qui a un autre agenda. Et cette décision de lancer un ultimatum a été prise en assemblée générale et ils étaient là-bas, mais personne ne s’est exprimé contre. Notre position est claire, dans nos correspondances nous n’avons jamais demandé qu’IBK parte. Nous avons demandé un retrait du projet compte tenu de la situation sécuritaire.

Ras Bath, une modeste analyse

Qui au Mali ne connaît pas Ras Bath ? Mohamed Youssouf Bathily, dit Ras Bath ou encore Rasta, est un journaliste, activiste et consultant en droit devenu populaire à travers ses émissions à la radio. Ses propos, souvent farouche, ont conduit à son arrestation le 16 août 2016. Un grand mouvement de jeunes s’est alors mobilisé pour le soutenir, conduisant à sa libération le 18 août 2016. Depuis, sa popularité ne cesse de croître. Accueilli ce jeudi 03 août 2017 à l’aéroport tel un président, il est aujourd’hui l’icône d’une génération de jeunes qui s’expriment et influencent à travers les réseaux sociaux.

Choquer pour éduquer Que fait Ras Bath ? Il fait de l’éveil de conscience. Il informe. Il dénonce les irrégularités, preuves à l’appui. Il analyse l’actualité et livre son opinion. Son discours s’adresse avant tout aux jeunes et à toutes ces populations qui sont souvent victimes des discours politiques. Voyons comment fonctionne son approche.

Ras Bath fait appel aux émotions de ses auditeurs. Sa méthode consiste à provoquer un « choc » émotionnel chez ses derniers. Plus qu’un journaliste, en écoutant Ras Bath, vous n’êtes pas simplement informé. Vous êtes également émus, impliqués et concernés.

L’information et la sensibilisation à travers l’usage des émotions sont au cœur de la démarche du Rasta. C’est pourquoi il a adopté le slogan : « choquer pour éduquer ». L’objectif n’est pas simplement de provoquer un choc. Il s’agit surtout d’impulser une action, un changement.

De nombreuses études ont montré le pouvoir qu’ont les émotions sur les décisions et les actions quotidiennes. Dans un ouvrage de référence en particulier, une étude montre comment les émotions poussent les gens à s’impliquer d’avantage dans leur travail. On y lit que le sentiment de culpabilité pousse les employés à travailler et à faire preuve de responsabilité.

C’est justement ce sentiment de culpabilité que recherche Ras Bath. A travers sa critique, il crée chez les jeunes cette perception; celle de ne pas suffisamment s’impliquer dans les affaires de la cité et de rester passif face aux maux du pays. De même, il tente de provoquer chez les dirigeants le même ressenti; en décriant leur mauvaise gestion et leur indifférence face aux souffrances du peuple. Grâce à cette méthode, le Rasta fait bouger les lignes tant chez les jeunes qu’au sein de la classe politique.

Les résultats sont perceptibles. Les jeunes ne sont pas restés en marge du processus de révision constitutionnel. Des mouvements comme la plateforme « An tè A Bana ! » ont émergé et perturbé la tenue du référendum. Ici également, les vidéos de Ras Bath n’ont pas manqué à l’appel.

Ces exemples sont encourageants. Pourtant, l’univers « choquer pour éduquer » n’est pas tout blanc. On y trouve aussi des tâches noires. Dans les prochaines lignes, nous vous introduisons l’autre facette de l’approche du Rasta.

De la critique à l’outrance Revenons quelques instants sur l’arrestation de Ras Bath. Ce qu’on lui reprochait n’était pas tant sa critique, mais sa façon de critiquer. Pour reprendre les mots de Mamadou Lamine Coulibaly, le procureur de la cour d’appel de Bamako, il était poursuivi pour ses « déclarations qui offensent la pudeur ».

Jugez cet exemple. Pour avoir refusé un de ses meeting, pour des motifs certes peu convaincants, Ras Bath estimait que la maire de la commune 3, Madame Djiré Mariam Diallo est « une femme qui est indigne d’être une mère de famille » et qu’en conséquence, il « allait l’éduquer ».

De tels propos ne sont pas rares dans le milieu de la presse. Le chroniqueur Madou Kanté, récemment agressé, en est un autre exemple. Comme le Rasta, il anime sur le site web Youtube une émission en Bambara intitulé « Madou ka journal ». Dans une de ses vidéos, il répond sous un ton coléreux à des remarques qui lui étaient adressées. Certains termes qu’il y emploie sont amères: «  Tu n’es pas éduqué. Va demander à tes parents de t’éduquer à nouveau. ». Ces exemples nous poussent à reconsidérer la culture du « choquer pour éduquer ». Le choc présenté plus haut n’éduque pas. Il offense. Mettons en évidence les inconvénients de cette approche.

Un premier danger apparent est l’excès de confiance. On en voit des traces dans la majorité des publications de Ras Bath. Toutefois, une de ses récentes vidéos donne une meilleure indication de son zèle. Dans cette vidéo, il considère que « la parole de Rasta est la parole de Dieu. ». Ceci nous semble excessif. L’information n’est pas parfaite. Elle est rarement complète. Garder une place à l’erreur permet de se mettre à l’abri des jugements prématurés.

Il y a également le risque de généralisation abusive. Ce sophisme consiste à réduire une personne à ses mauvais actes. Un bon exemple serait l’argument de Ras Bath selon lequel « une personne qui commet un acte de vol n’est autre qu’un voleur ». Ceci est vrai (en partie). Toutefois, le philosophe Alfred Korzybski (1879 – 1950) nous fait remarquer que « la carte n’est pas le territoire. » Nous sommes, pour la plus part, un peu comme Wangrin, le personnage central du livre d’Hampâté Bah ; louable d’un côté et machiavélique de l’autre. Il est normal que les fautes soient dénoncées et sanctionnées. Il nous semble en revanche injuste de résumer une personne à ses traits négatifs.

Un dernier inconvénient du « choc » de Ras Bath serait son côté contreproductif. Il est très difficile de changer une personne en attaquant sa fierté et sa dignité. Ceci crée au contraire une résistance voire une persistance. Les propos « choquants » envers les dirigeants sont très souvent sans conséquence. Il est vrai, comme nous l’avions déjà souligné, que le sentiment de culpabilité puisse produire des effets positifs. En revanche, une attaque frontale entraîne une réaction de défense qui bloque le changement.

Ces éléments nous amènent à repenser notre façon de critiquer. Ci-dessous, se trouvent quelques pistes de réflexion en ce sens.

Repenser la critique au Mali Une critique ne consiste pas uniquement à toucher du doigt les insuffisances d’une idée, d’un projet, d’une décision ou d’une action. Sa vertu réside aussi en sa capacité à améliorer le système auquel elle s’adresse. Le cas échéant, elle est vue comme une dénonciation stérile, un discours improductif, un bruit dérangeant et souvent, des propos outrageants.

L’idée est d’identifier l’imperfection, de la corriger ou de la remplacer. Ainsi, lorsqu’on critique, notre intention est d’apporter une amélioration. Si la personne se sent blesser dans sa fierté, elle résiste. Nous perdons le changement que nous convoitons. Il faut donc « choquer » les consciences et non les personnes.

A terme, il s’agit de respecter les consignes de Mahatma Gandhi (1869 – 1948) : « lorsque nous critiquons, il faut le faire avec une humilité et une courtoisie qui ne laisse subsister aucune amertume. » Les mercuriales de Ras Bath manquent par temps d’humilité et de courtoisie.

Soyons clair ! Il ne s’agit aucunement de stopper la critique, ni de la rendre « gentil ». La critique doit continuer. Elle doit rester ferme voire sévère sans être discourtoise. Elle doit surtout conserver son essence : contribuer à une amélioration.

Concluons cette analyse en formulant des suggestions générales pour accroître le climat démocratique du Mali.

Critiquer pour avancer Nous vivons une période de l’histoire de notre pays où le climat social est tendu. Les défis sont nombreux et complexes. Les attentes, en particulier celles des jeunes, envers le gouvernement et la classe politique, sont fortes. Les acteurs sont multiples et leurs intérêts sont souvent divergents. Espérer que les dirigeants résolvent seuls ces problèmes est illusoire. Autant nous sommes en droit d’attendre de nos gouvernants des résultats satisfaisants, autant nous avons le devoir de leur apporter notre support par la critique et les actions.

A l’instar de Ras Bath, nous espérons que cet article sera une contribution utile à la construction démocratique. Notre ambition est de répondre à l’appel du président de la république Ibrahim Boubacar Keïta, à l’occasion de la Conférence d’Entente Nationale (CEN) : « La démocratie n’approchera la perfection que lorsque chacun comprendra qu’il lui appartient d’apporter constamment ses idées et son talent à l’œuvre patriotique. C’est l’addition de nos talents qui nous permettra d’enrichir la construction de la démocratie dans cette terre sacrée du Mali. »

L’analyse présentée dans cet article est centrée sur Ras Bath. Elle vise plus généralement tous les leaders d’opinions, inclus les journalistes. S’adressant à Mohamed Youssouf Bathily, Madou et tous les leaders engagés pour la cause de la jeunesse, nous louons et soutenons leur effort de conscientisation, d’éducation, et d’information. Nous les encourageons à mettre leur talent de communication et de raisonnement au service d’une critique constructive. A ce titre, nous suggérons notamment de remplacer la culture du « choquer pour éduquer », au regard des lacunes de celle-ci, par celle du « critiquer pour avancer. »

Conscient qu’un « choc » soit souvent nécessaire pour faire bouger les lignes, je soutiens que nous pouvons changer les mauvaises pratiques de nos élites en alliant la force à l’humilité. Il ne s’agit pas d’abandonner le combat,  comme le craignait Bob Marley dans sa réplique « Don’t give up the fight ». La quête pour la liberté, la justice et l’accès aux ressources universelles (l’eau, l’éducation, la santé, un emploi décent, etc.) continuera. Cette lutte devrait toutefois s’alimenter de la vertu de l’humilité. Comme le soutenait Ghandi: « Lorsque la retenue et la courtoisie s’ajoutent à la force, celle-ci devient irrésistible.».

Enfin, nous invitons les journalistes à plus de vigilance dans leur tâche honorable. L’information est sensible. Elle ne doit ni être masquée, ni être dites de façon complaisante. Elle doit en revanche rester aussi impartiale et désintéressée que possible. Il est question de présenter l’info sous sa forme la plus distillée ; après y avoir enlevé les jugements, les biais, les incertitudes, les présomptions et les soupçons.

Comme le souligne la récente étude de la fondation Free Press Unlimited, les maliens attendent des médias qu’ils:

  1. intensifient leur effort d’explication et de décryptage,
  2. fournissent des informations plus factuelles en menant un rude travail d’investigation,
  3. fassent preuve d’impartialité pour être crédible.

Pour terminer, nous aimérions résumer le message de cet article par les sages mots du médiateur de la république, le 01 avril 2017, au cours de la CEN. Le grand-père Baba Akhib Haïdara a voulu « qu’on se dise la vérité fermement mais poliment. »

Web activisme au Mali : Entre contestation sociale et menaces sur la toile

Elle a été le point de départ du printemps arabe de 2011, a permis de mettre en lumière les agissements peu reluisants des agences de renseignement dans le monde (Wikileaks) et donné naissance au mouvement « Y en a marre » au Sénégal. De par le monde, la contestation sur le Net a fait ses preuves. Au Mali, elle commence à prendre de l’ampleur et celle-ci inquiète au plus haut point, de sorte qu’on tente de lui imposer une muselière. Censure de Facebook, tentative d’assassinat d’un web activiste et menaces en tous genres, c’est aujourd’hui ce à quoi sont confrontés ces activistes derrière leurs écrans, eux qui dénoncent la situation dans l’espoir de la faire changer.

Dans la nuit du lundi 24 au mardi 25 juillet, Madou Kanté, plus connu sous l’appellation de « Maréchal Madou » est victime d’une tentative d’assassinat. Une ou des personnes non encore identifiées ont tiré sur le web activiste depuis une voiture, avant de prendre la fuite. Blessé à la poitrine, il est admis à l’hôpital. Après une intervention chirurgicale réussie, ses jours ne sont plus en danger. A l’annonce de l’attaque, des centaines de manifestants se sont rassemblés dans la rue dans la journée, pour dénoncer cet acte que certains d’entre eux imputent au laxisme du gouvernement. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont posté des vidéos avec le message « Je suis Madou », slogan rendu célèbre après l’attentat de Charlie Hebdo en 2015. Depuis son lit d’hôpital, Madou a lancé un appel au calme, assurant n’en vouloir à personne. Une sortie que ses milliers de partisans n’ont que très peu goûtée, certains pensant qu’il était désormais à la solde du pouvoir.

Accusation que Sam Samabaly, l’un des intimes de Kanté, balaie d’un revers de la main. « Il était en état de choc, on lui a demandé de faire une déclaration pour que la situation ne s’envenime pas, mais il reste et restera toujours le Maréchal, celui qui dénonce et qui se bat pour le peuple. Dès qu’il sera rétabli, il reprendra là où il s’est arrêté » clame-t-il.

Changer la donne C’est ce qu’essaient de faire Madou et tous les autres web activistes maliens. Grâce à sa web chronique « Madou ka Journal », il n’hésite pas prendre à partie des hommes politiques ou des leaders religieux, dans un style à la Ras Bath, tout aussi virulent, le charisme en moins. « La plupart des Maliens, de l’intérieur comme de l’extérieur, passent plus de temps sur les réseaux sociaux que sur n’importe quelle autre support de diffusion. Qui plus est, la jeunesse dormante du Mali se retrouve sur Facebook. Nous voulons qu’elle prenne conscience de la situation alarmante du pays et qu’elle participe au changement » prône Samabaly. Sa chronique, il la débute en 2014, mais ce n’est qu’à la fin de l’année dernière, lors des opérations de déguerpissement, qu’elle prend la dimension qu’on lui connait maintenant. Depuis, ses vidéos totalisent en moyenne 70 000 vues, selon Samabaly, et une centaine de groupes Viber et Whatsapp en son nom ont vu le jour.

«Il faut que le web activisme soit lié à des actions qui sont issues d’une profonde réflexion et dont on a mesuré les conséquences. Il faut dissocier l’idée de la personne. Il ne suffit pas de crier dans le vide, il faut proposer des solutions concrètes » explique Dou Niangadou, très fréquent sur Twitter et qui tient également un blog sur lequel il se fait appeler « le polémiste ».

Front commun Evoluant pour la plupart en solo, les web activistes ont présenté un front uni contre la réforme constitutionnelle. Et le résultat a été probant. A leurs appels et à celui de certaines formations politiques, des milliers de manifestants ont pris d’assaut la rue pour protester contre la révision constitutionnelle. Certains faisaient mention de la présence de près de 100 000 personnes, du jamais vu depuis plusieurs années au Mali.

« La moitié des personnes qui sont venues étaient là pour Ras Bath et Madou principalement » affirme Samabaly, mais, « à eux deux seuls, ils n’auraient pas pu mobiliser autant de monde » nuance-t-il. Après cette démonstration de force, le projet a été reporté à une date inconnue, officiellement à cause d’un recours déposé par l’opposition auprès de la Cour constitutionnelle.

Pour les activistes, qui se sont regroupés sous la bannière de la plateforme « An tè a bana », c’est une bataille de gagnée, mais le combat continue toujours. « Nous pouvons faire de grandes choses, une fois unis. Ce n’est pas simple de se rassembler. Nous l’avons fait sur la réforme de la Constitution, car c’est un sujet capital, et, étant des patriotes, nous sommes concernés » explique Kibili Demba Dembélé, administrateur de plusieurs pages contestataires sur Facebook, et très fréquent sur le, très connu, groupe Ali24. « Que nous soyons politiciens ou de la société civile, nous avons constaté que nous avions un dénominateur commun : la révision constitutionnelle. Même si chacun de nous a sa manière de faire. Moi, je suis personnellement allergique aux insultes. Je pose mes actes selon mes convictions profondes » assure Djimé Kanté, web activiste connu pour être celui qui démontait les arguments du gouvernement sur les comptes sociaux lors de la sinistre grève des médecins de mars 2017.

Du bruit dans le vide Mais même si de plus en plus de personnes s’intéressent à la contestation sur le Net, les actions qui y sont menées aboutissent rarement à du concret. « A un moment donné, les conditions d’accueil et de soins étaient de telle nature que l’hôpital Gabriel Touré n’était pas conseillé pour des malades. C’était sale. Il fallait filmer et montrer ces réalités au monde. Nous avons eu des millions de réactions et le gouvernement du Mali a été interpellé, non seulement par les citoyens, mais aussi par la communauté internationale » explique Kanté, qui travaille à l’hôpital Gabriel Touré. Cela a eu pour effet, selon lui, de voir les autorités prendre des dispositions pour essayer d’améliorer la situation, même s’il regrette que les conditions d’hygiène soient toujours alarmantes. « Le jour où Internet sera plus accessible aux citoyens maliens, nous n’aurons plus besoin d’opposition. La démocratie se redressera automatiquement et chacun fera en sorte que les choses changent à son niveau » ajoute-t-il.

Un combat pour une meilleure connexion à moindre coût que mène Fatouma Harber, bloggeuse et web activiste. Depuis Tombouctou, elle ne cesse de dénoncer les agissements du principal fournisseur, Orange Mali, qui ne fait selon elle que du profit sur le dos des Maliens. Depuis 2013, elle a mis en place une association, « #mali100méga », qui tente de faire fléchir la multinationale française, sans succès. Un mur contre lequel Kibili Demba Dembélé, s’est déjà cassé les dents. L’année dernière, il était l’un des instigateurs du boycott d’Orange Mali. A coups de centaines de messages postés sur les réseaux sociaux, partagés et repartagés, il aspirait à ce que son action devienne virale. Raté.

« Ça n’a pas duré. Nous sommes des jeunes, nous avons besoin de financements. Nous n’en avions pas pour tenir tête à Orange. Nous avons donc commencé à nous décourager les uns après les autres, mais j’ai bon espoir que nous pourrons un jour relancer la lutte » concède-t-il.

« Le web activisme est un moyen et non une fin. Il ne suffit pas de dénoncer sur les réseaux sociaux, car ça n’a d’impact que sur des personnes qui se soucient de leur image et de leur réputation. Nous constatons aujourd’hui qu’il y a des personnes qui sont citées dans des scandales mais qu’on n’en tire pas les conséquences. Aucune sanction administrative. Il faut aller au-delà des dénonciations et se servir des réseaux sociaux pour mobiliser, afin d’arriver aux moyens d’expression traditionnels, tels que les manifestations » analyse Tapa Konté, du collectif Mains propres, qui avait occupé les locaux du consulat du Mali en France et obtenu le départ du consul. Une convention avait ensuite été signée avec le gouvernement, mais, des mois plus tard, elle ne serait toujours pas respectée.

Menaces et intimidations Les nombreuses chroniques et messages de ces web activistes commencent à déranger. L’agression de Madou Kanté ne fait que confirmer cet état de fait. Beaucoup d’autres affirment avoir reçu de nombreuses menaces. « Une de nos consœurs a reçu un message d’une personne qui ne maitrisait pas bien le français, pour lui dire d’arrêter son combat, que sa vie en dépendait. Deux jours plus tard, trois hommes en costume se sont présentés à son domicile, mais, heureusement, elle était absente » raconte Kibili Dembélé. « Ces menaces nous encouragent. Cela veut dire que nous tenons le bon bout » assure Kanté. « Des personnes nous appellent, donnent notre positionnement exact et la manière dont nous sommes habillés. Elles nous somment de nous méfier si nous voulons rentrer chez nous entiers » renchérit notre interlocuteur.

 

La plateforme « Antè Abana » en sit-in devant l’ORTM

Trois mouvements ( Trop c’est trop, Ali 24, ça suffit) de la plateforme « Antè Abana » qui dit non au projet de réforme constitutionnelle, ont décidé de tenir un sit-in devant l’ORTM ce 19 juillet 2017, pour protester contre le « traitement inégal » selon eux que l’ORTM fait dans la couverture des activés autour du projet de réforme. Un sit-in qui n’a pu avoir lieu face à la détermination du « collectif des jeunes de la commune II », qui dit « craindre des débordements » dont eux les habitants peuvent être les victimes.

L’affrontement a été évité de justesse ce matin devant l’Ortm (Office de radiodiffusion et télévision du Mali) entre les organisateurs du sit-in et le collectif des jeunes de la commune II.

« Nous sommes arrivés ce matin devant l’ORTM et nous avons été surpris de trouver sur place « des gros » bras qui ont agressé certains de nos militants », s’indigne Yéri Bocoum président du mouvement « ça suffit » opposé au projet de réforme constitutionnelle et organisateur du sit-in. Un mouvement organisé pour dit-il protester contre la « partialité » de l’ORTM dans la couverture des activités autour du projet de réforme. Il en veut pour preuve les différentes manifestations pour dire non au projet de réforme organisées dans les régions et dont l’ORTM n’a pas parlé.

Même reproche de la part de Malick Konaté, président du mouvement « Trop c’est trop », participant à ce sit-in devant l’ORTM, appartenant à la plateforme « An tè  Abana » qui dit non au projet de réforme. « Chaque fois que nous menons des activités, surtout le samedi dernier à Bamako et à l’intérieur du pays, ils ne font pas cas de cela. Alors que dans le même temps, ils font 3 à 4 éléments sur les manifestations du camp du oui. Nous demandons donc à l’ORTM d’être juste, car nous sommes tous des Maliens et l’ORTM est un média public ».

Souvent victimes collatérales des incidents malheureux à l’ORTM, les travailleurs étaient sur leur garde ce mercredi matin. Heureusement plus de peur que de mal, se réjouit le secrétaire général du syndicat de l’ORTM Abdrahamane Hinfa Touré. « L’ORTM dans sa mission de service public a cherché les images de cette manifestation de samedi et les a diffusés avec un commentaire. » « Nous sommes un syndicat et notre mission c’est la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs, les affaires administratives nous ne gérons pas. Les Maliens ont les mêmes droits et devoirs envers l’ORTM,c’est le média d’Etat. Mais nous constatons que chaque pouvoir essaie de maîtriser l’ORTM ». Et cela ne nous parait pas juste, ajoute Mr Touré. Parce que si le traitement n’est pas équitable, cela tombe sur nous se lamente Mr Touré.

« La leçon à tirer, c’est que cet événement serve d’avertissement. Que les gens sachent que l’ORTM ne peut appartenir qu’à eux », ajoute Mr Touré qui invite les Maliens à aider les agents de l’ORTM à préserver cet outil. Tout en remerciant les autorités pour le concours apporté pour leur sécurité, le secrétaire général du syndicat invite les autorités à mesurer la pression qui est la leur, car ils ne sont pas à l’abris d’autres incidents.

Sur les raisons qui les ont motivés à empêcher ce sit-in, le collectif des jeunes de la commune II, dit avoir agi pour sauver leur quartier. Car selon, Mr Daman Diawara membre de ce collectif, lorqu’il arrive quelque chose à l’ORTM, eux ils sont les premières victimes en ce sens qu’ils habitent ce quartier. Ils s’inquiètent aussi de la proximité avec le marché, les stations de transports et tout le risque que cela représente lorsqu’il y a des incidents. Appelant au calme, Mr Diawara indique qu’ils ont tout simplement invité les manifestants à tenir leur activité ailleurs.

De leur côté les organisateurs qui disent avoir évité les affrontements « parce que ce n’est pas leur but », promettent de réunir pour mieux s’organiser et décider de la suite.

Mobilisation massive pour le NON au projet de révision constitutionnelle

Vêtus en rouge et noir, accompagné des casquettes rouges, des milliers de personnes, voir un million selon les organisateurs, ont pris part à cette deuxième marche pacifique de protestation organisée par la Plateforme « An tè, A bana : Touche pas à ma constitution ! ». Parmi les marcheurs, on notait la présence de plusieurs leaders de la classe politique et de la société civile.

Après une grande marche pacifique de protestation effectuée le 17 juin dernier, un grand meeting tenu le 1er juillet dernier, la Plateforme « An tè, A bana : Touche pas à ma constitution ! » qui regroupe plus de 100 associations de la société civile, des organisations syndicales et une quarantaine de partis politiques sont descendus dans la rue, samedi 15 juillet 2017 à Bamako, pour inviter le président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à retirer la loi portant révision de la constitution du 25 février 1992. Cette marche a débuté aux environs de 10 heures à la place de la liberté, en passant par la place de l’indépendance pour prendre fin aux environs de 12 heures à la bourse du travail. Selon les organisateurs, ladite marche était synchronisée avec celle de certaines localités de l’intérieur et de l’extérieur du pays comme Kayes, Mopti, Ségou, Koutiala, Dakar (Sénégal), les Etats Unis d’Amériques. Par trois fois, les organisateurs ont réussi le pari de la mobilisation qui, selon eux, est un « signal fort, un carton rouge au président de la République, au gouvernement et au Ministre de la Réforme de l’État qui sont allés chercher à l’étranger une constitution qu’ils voudraient substituer à celle adoptée par le peuple souverain du Mali ».

le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé président de l’Union pour la République et la démocratie (Urd), le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé, les anciens Premiers ministres du Mali (Soumana Sako, Modibo Sidibé), Nouhoum Togo du Pdes, Daba Diawara du PIDS, Modibo Sangaré de l’UNPR, Mamadou Oumar Sidibé de PRVM Fasoko, Djibril Tangara du FCD, Pr Salikou Sanogo, Me Demba Traoré, Dr Madou Diallo, honorable Mody N’Diaye de l’URD, Souleymane Koné des Fare An Ka wuli, Me Amidou Diabaté et Djiguiba Keïta alias PPR du Parena, les honorables députés Amadou Thiam et Amadou Araba Doumbia du groupe parlementaire Adp-Maliba/ Sadi, le secrétaire général de la CSTM, Hammadou Amion Guindo, les leaders du Mouvement « Trop c’est Trop » comme Amara Sidibé , Amadou Beidi Daou et bien d’autres y étaient présent.

Les manifestants soulignent que leur attachement à la loi fondamentale de 1992 tient au fait qu’elle est l’émanation d’une lutte qui a été gagnée par le sang des martyrs.

En plus des griefs contre certaines dispositions du projet de Constitution, les opposants soutiennent que le contexte n’est pas propice à l’organisation d’un référendum au Mali.

Ils estiment que l’insécurité est plutôt grandissante dans le pays et rappellent l’absence de l’administration et de l’Armée dans certaines localités du nord et du centre du pays.

Rappelons que la Plateforme «AN Tè ABANA» est un regroupement d’associations et de partis politiques qui s’opposent au projet de révision de la Constitution. Elle est entrée en action après l’adoption du projet de loi constitutionnelle par l’Assemblée nationale le 2 juin dernier. Elle a déjà à son actif plusieurs manifestations demandant le retrait du projet.

 

Abdrahamane Diarra : « Les marches sont toujours maintenues pour le retrait de ce projet de réforme constitutionnel »

Après la démonstration de force de samedi, le président de la jeunesse URD Abdrahamane Diarra nous a accordé une interview dans laquelle il s’exprime sur les suites à donner au mouvement de contestation contre la révision.

Après la grande marche de samedi, observez-vous un changement auprès du gouvernement ?
Oui bien-sûr, après la marche historique du samedi 17 juin, le changement est évident du côté du pouvoir déjà avec la sortie du Président qui annonce le report du référendum qui ne se tiendra plus le 09 juillet, et ensuite la violence verbale  des représentants du pouvoir caractérisant l’insuffisance d’arguments de leur part (cas de Moussa Timbiné).

D’autres mouvements contre le referendum sont-ils à prévoir ?
Oui, ce mercredi 21 juin la plateforme  » ANTÈ ABANA NE TOUCHE PAS À MA CONSTITUTION » organise une conférence de presse pour s’exprimer sur la situation.
Aussi les marches prévues pour le 1er juillet qui se tiendront à Bamako, dans les capitales régionales et partout dans le monde où des relais de la plateforme ont vu le jour, sont toujours maintenues pour demander le retrait pur et simple de ce projet.

Avez-vous été contacté par le gouvernement pour trouver une solution à la problématique de la révision constitutionnelle ?

A ce jour le gouvernement n’a pas contacté la plateforme dans ce sens.

Il se murmure que le président du parti URD (Soumaila Cissé) aurait été interdit de parole samedi à la marche, que répondez-vous à cela ?

Non absolument pas, vous savez lors de telles manifestations, les participants sont les militants des partis et associations qui organisent l’événement, et ceux-ci viennent pour entendre les mots d’ordre venant de leurs leaders, donc au contraire sa prise de parole était attendue, d’ailleurs vous avez vu les interviews que le Chef de file a accordé aux différents Media qui ont donné une certaine envergure aux messages de la marche. L’objectif de cette marche vise à sauver le Mali donc il va au-delà des petites propagandes scandées par des individus hostiles aux intérêts du peuple.