« Chez Ben » : Lorsque l’élégance crée de l’emploi

 

« Pour moi, « Chez Ben » est synonyme de beauté et d’élégance. Mes clients sont à l’image de ce que je vends ». Ben Sissoko, installé Place du Souvenir à Bamako, habille les cadres et hommes d’affaires depuis 1985.

Cet entrepreneur, qui a commencé par juste vendre des tissus, s’est très vite orienté vers le prêt-à-porter importé d’Europe. En effet, ce type d’offre n’était pas encore entré dans la culture malienne. Le consommateur préférait le sur-mesure, plus traditionnel, mais, selon Ben, « moins adapté aux évènements d’envergure internationale ». « Le confort et la facilité de mouvement du prêt-à-porter dépassent toute revendication culturelle et sont à l’origine même du choix de mes clients ». Si, au début, la clientèle était surtout composée de responsables, l’arrivée des médias a très vite vulgarisé le port des costumes et blazers par des Maliens soucieux d’élégance.

La demande a-t-elle changé au fil du temps ? Pour Ben, « le costume ne change pas. C’est la mode qui évolue. Les coupes peuvent donc changer ». Les costumes peuvent également servir à envoyer des messages à portée politique. « Les « à bas les costumes » sont une création de Mobutu, qui s’insurgeait contre les cravates portées par les Occidentaux. Aujourd’hui, ce modèle a évolué et comporte, contrairement au modèle initial, des cols », dit-il, désignant fièrement un spécimen, dont les prix ont également grimpé. Pour justifier des tarifs doublés en vingt ans et passés de 60 000 à 120 000 francs CFA, il assure que « l’argent a également évolué avec le temps. Les coûts augmentent parce que les frais d’importation augmentent autant que le coût de la vie ».

Pour cet amoureux de la mode, qui emploie six personnes, dont deux femmes, et est concurrencé par des boutiques voisines, « la différence est dans la qualité et ce que représente « Chez Ben » aujourd’hui. Nous vendons des costumes en laine vierge, agrémentés de matières synthétiques qui ajoutent de la richesse, ce que les autres n’ont pas », dit-il sereinement.