Drissa Ballo : « L’objectif du projet est de former 1000 jeunes »

Le PROCEJ vient de lancer la troisième édition de la compétition de plan d’affaires et les jeunes porteurs de projets ont jusqu’au 30 avril pour postuler. Le coordinateur Drissa Ballo nous fait le bilan des éditions passées et des innovations pour cette troisième édition.

Qu’est ce que la CPA ?

C’est une compétition de plan d’affaires organisée entre jeunes entrepreneurs porteur d’idée de création d’entreprise ou déjà promoteur d’une entreprise depuis au moins une année. et de sélectionner 500 parmi eux avec des projets et de financer ces projets. Le financement se fait en 2 parties constituées d’une subvention et d’un crédit bancaire.

Parce que nous avons jugé que le tout subvention n’aidait pas l’entrepreneur et ne lui donnait pas les clés pour être entrepreneur. Nous n’avons pas non plus opté pour le tout crédit parce que le temps que le jeune entrepreneur démarre, même si le crédit était  donné avec  des différés, le temps de recevoir et de démarré, le jeune est souvent obligé de commencer à rembourser sans être entré en activité.  La subvention est entre 1 à 5 millions et le crédit de 7 à 10 millions de francs CFA.

Quelles sont les conditions pour le financement ?

Pour la subvention, le jury est mis en place par le patronat. Au sein du jury, nous avons l’Association professionnelle des banques et établissements privés, le centre du secteur privé, le réseau des entreprises de l’Afrique de l’Ouest, celui des femmes entrepreneures. Le jeune a 15 minutes pour convaincre le jury qui va surtout évaluer la capacité entrepreneuriale du jeune et de la pertinence du projet. Et en fonction des notes, 3 types de prix sont attribués de 1, 3 et 5 millions.

Un organe chargé de la décision du crédit est crée auprès de notre partenaire le Fonds auto renouvelable pour l’emploi qui a recruté la BMS comme banque partenaire. Le crédit est octroyé par un comité de crédit où siègent les acteurs comme le patronat, la chambre de commerce et un expert indépendant.

Quels sont les résultats à l’issue des deux premières éditions ?

Pour la première édition, 77 dossiers ont été sélectionnés sur 600. Les 77 ont bénéficié de la subvention et 53 ont eu le financement bancaire.  Les décisions n’étant pas liées, certains qui ont eu la subvention n’ont pas eu le financement bancaire par ce que la banque ne croyait pas en leur projet.  Ce qui constitue l’une des faiblesses que nous avions noté, parce que la subvention était accordée à tout le monde même ceux qui n’avaient pas le financement bancaire. Le financement global pour cette édition a été de 285 millions de francs CFA.

L’une des insuffisances était aussi que nous avions accordé le financement avant le recrutement des cabinets chargés d’accompagner les jeunes. Il y a eu un décalage d’environ cinq mois, cela a joué sur certains.

Pour la deuxième édition, on a  comparé et fait une réunion de validation après la décision du jury pour la subvention et le comité de crédit. Ce qui nous a permis de nous arrêter à 180 sur 240 projets retenus à l’issue des sélections du jury et du comité de crédit. Les autres ont été sur la liste d’attente.

Pour cette troisième édition dont le lancement a eu lieu le 19 mars, quelles sont les innovations ?

Nous avons cette fois fait des indications sur les créneaux. Parce que la majeure partie des projets financés faisaient de la production. Nous les avons guidés pour faire de la valeur ajoutée, notamment la transformation. Le premier créneau concerne l’économie verte, les énergies renouvelables et le traitement des déchets. Le deuxième concerne les BTP, mines et valorisation des matériaux locaux de construction. Le troisième concerne le coton textile. L’accent est mis sur les innovations. Il y a aussi la transformation des produits agricoles et d’élevage.

Jusqu’à présent nous avons financé des jeunes individuellement. Cette fois on encourage les jeunes à se mettre ensemble de 2 jusqu’à 5. L’autre innovation est relative au montant du financement qui passe à 50 millions au maximum, contre 15 auparavant.

Tous les jeunes sélectionnés jusque là ont il obtenu leurs financements ?

Pour la deuxième édition, nous avons mis du temps pour recruter les cabinets d’accompagnement pour éviter les erreurs de la première. En plus on a mis en place la formation en gestion qui a pris fin en février. Le cabinet est en train de travailler avec les jeunes pour redimensionner les projets. Normalement les premiers versements doivent être faits d’ici au 22 mars.

Quelles leçons avez-vous tiré des précédentes éditions ?

Il y a un manque de culture d’entreprenariat. Pour 95%, c’est la première fois qu’ils reçoivent une formation d’entreprenariat, même ceux qui ont fait des études en économie.

Aussi la majeure partie des candidats ne viennent pas par conviction. Souvent ils viennent par ce qu’ils n’ont pas réussi ailleurs. L’autre leçon c’est le manque de civisme. Souvent ils pensent que l’argent appartient à l’Etat et n’ont pas à rembourser. Or, ils doivent comprendre que c’est leur argent, parce que même ceux qui n’ont pas postulé contribuent à rembourser.

Mais tout n’est pas négatif. Des jeunes se battent sans attendre l’aide. Et souvent les meilleures réussites sont ceux qui n’ont pas attendu l’aide de l’Etat.

Business plan, ou comment vendre son idée

Le Projet de développement des compétences et emplois des jeunes (PROCEJ) a lancé la deuxième édition de son concours de plan d’affaires qui prendra fin le 25 juin prochain. Une occasion de se pencher sur cet outil et sur son importance dans la concrétisation d’un projet d’entreprise.

Le business plan est un document de référence qui va permettre à un entrepreneur, à son entourage et à de potentiels investisseurs d’avoir une idée juste du projet de création d’entreprise et de sa viabilité. Le business plan a pour objectif principal de séduire des investisseurs, c’est généralement sur la base de ce document qu’ils décident ou non d’accompagner un projet. Important donc, voire capital pour le start-upper (créateur d’entreprise) d’en présenter un de qualité. « Sans business plan, aucune banque ne se risquerait à financer un projet. Il faut qu’elles aient une idée claire de ce à quoi ils s’engagent », assure Mamadou Goro Sidibé, qui a développé avec succès l’application Lenali, mais qui précise que ce n’est cependant pas un sésame infaillible. Il a dû se résoudre à lancer son projet sur fonds propres, malgré un business plan jugé « satisfaisant ». « J’évolue dans les réseaux sociaux, et il est extrêmement difficile de savoir comment les personnes vont réagir vis-à-vis de votre produit », explique-t-il.

Approfondir l’idée « Cela oblige un porteur de projet à aller fouiller. Au départ, tous pensent avoir la meilleure idée. Mais au final tu constates que 3 000 autres personnes ont eu la même et la développent différemment », explique Sidibé. Faire un business plan peut en outre demander de gros moyens. « Il faut des comptables ou des experts pour les projections financières, engager une centaine de personnes qui vont sillonner les villes pour des études de marché », confirme Bilaly Dicko, consultant en business developpement. Le coût de ces engagements peut s’avérer très élevé : entre 300 000 à 2 millions de francs CFA selon M. Dicko. « Faire un business plan est devenu un business. L’entrepreneur devrait être au centre, parce que c’est son projet, c’est à partir de ses informations que le document doit être monté. Mais ce n’est pas toujours le cas », déplore Adama Kouyaté, PDG de Kema (Kouyaté électronique market).

Self-planning Peut-on faire un bon business plan sans assistance ? La réponse est oui pour Adama Kouyaté. « Tout est dans la connaissance du projet. Ce n’est pas si difficile, mais il ne faut pas tomber dans la facilité de projections démesurées et de retombées irréalistes pour séduire. Il faut pouvoir démontrer sa solvabilité », explique-t-il. Les moins inspirés pourront se tourner vers les incubateurs qui offrent des solutions annexes et une aide précieuse, moyennant un tarif forfaitaire.