Ras Bath : le chroniqueur porte plainte contre le procureur Idrissa Touré

En détention provisoire à la prison centrale de Bamako, Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath porte plainte auprès du Procureur général près de la Cour d’Appel de Bamako contre le Procureur de la commune IV, Idrissa Hamidou Touré, en protestation de son arrestation.

La plainte de Ras Bath contre, ldrissa Hamidou Touré, Procureur de la République du tribunal de grande instance de la commune IV et toutes autres personnes que l’enquête découvrira date du 29 mai dernier.  Il accuse le Procureur de la commune IV de «forfaiture, de simulation d’infraction, arrestation illégale et séquestration ». Le chroniqueur et ses conseillers protestent contre les chefs d’accusations que le procureur de la commune IV a retenu contre lui.

Le plaignant estime que le procureur s’est servi de sa fonction de procureur pour l’arrêter de façon illégale pour une infraction qu’il n’a jamais commise.  « Ce qui rend mon arrestation illégale et transforme ma détention en séquestration, faits prévus et réprimés par l’article 237 du Code Pénal », souligne Ras Bath.  Tout en protestant contre la « simulation d’infraction » utilisée pour l’arrêter.

Pour, l’Avocat, Me Mahamadou Camara, cette plainte pose un problème de fond. Car ayant un conseil d’avocats pour sa défense, la plainte est signée de lui. Alors que le plaignant est déjà sous le coup d’un mandat de dépôt, avec des faits bien définis. Selon Me Camara, en accusant le Procureur des mêmes faits qui lui sont reprochés, Mohamed Bathily, excelle plus dans la communication, afin d’attirer l’opinion nationale et internationale sur son incarcération.

Me Camara rappele qu’il sera difficile que cette plainte aboutisse, pour la simple raison qu’un procureur dans l’exercice de sa fonction ne peut faire l’objet de poursuite judiciaire.

Pour rappel, le 11 mars dernier,Ras Bath déclarait lors de la troisième conférence nationale du parti ASMA-CFP que l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, a été assassiné. Ces propos lui ont valu d’être interpellé par le procureur de la République de la Commune IV le 13 mars 2023, puis placé sous mandat de dépôt pour « simulation d’infraction ». Après son audition, le mercredi 29 mars dernier, il est également poursuivi pour « association de malfaiteurs, atteinte au crédit de l’Etat pris dans sa gouvernance judiciaire et politique ». Des poursuites passibles d’une peine allant à une dizaine d’années d’emprisonnement ferme.

Ras Bath : l’étau se resserre autour du chroniqueur

Incarcéré le 13 mars 2023 suite à des accusations publiques concernant le décès de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga, Mohamed Youssouf Bathily alias Ras bath n’est visiblement pas au bout de ses démêlées avec la justice. Fin mars, le célèbre chroniqueur a été de nouveau inculpé pour 3 autres chefs d’accusation.

« Association de malfaiteurs contre autrui de 2023 jusqu’à 10 ans en arrière », « offense au chef de l’État de 2023 jusqu’à 10 ans en arrière » et « diffusion de paroles contre les mœurs du pays ». Avant de se présenter le 29 mars 2023 devant le Procureur du tribunal de la Commune IV, Ras Bath ne s’imaginait pas être inculpé pour trois chefs d’accusations plus graves que la « simulation d’infraction » pour laquelle il avait été placé sous mandat de dépôt trois semaines plus tôt. D’autant plus que son Conseil, Me Kassoum Tapo, avait déjà introduit une demande de mise en liberté provisoire en attente du procès, prévu pour le 13 juin prochain.

Du délit au crime

Le Porte-parole du Collectif pour le développement de la République (CDR) qui encourait d’un mois à cinq ans de prison, en risque désormais au minimum 20, selon une source judiciaire. Mais pas que. Ras Bath est également maintenant visé par deux mandats de dépôts différents. Une nette aggravation de sa situation, selon un avocat qui a requis l’anonymat.

« La même personne était déjà placée sous un premier mandat de dépôt. Le Procureur a cru bon de chercher contre lu, d’autres charges. Cette fois ce sont des charges criminelles. Les crimes ne peuvent pas être déférés en citation directe devant le tribunal correctionnel, il faut une instruction préparatoire », confie cette source. Selon elle, le Procureur est tout simplement dans une logique « d’aggraver la situation » du célèbre chroniqueur, en lui reprochant des infractions criminelles et en saisissant le juge d’instruction par rapport  à ces « crimes ».

« La simulation d’infraction est un délit et, dans ce cas, la détention provisoire ne dépasse pas un an, tandis que pour les crimes on peut aller jusqu’à 3 ans », précise l’avocat, craignant que l’animateur de l’émission « Grand Dossiers » ne se trouve à présent dans une situation très complexe.

Musèlement ?

Au CDR, dont Ras Bath porte la voix, les partisans, « très surpris » de la tournure des évènements, pensent que leur « guide » est victime d’un acharnement parce qu’il dérange politiquement. « Nous pensons qu’on veut le réduire au silence et que l’objectif poursuivi est de le maintenir le plus longtemps possible en détention, parce que le juge d’instruction a tout son temps. Ras Bath est un détenu politique, il dérange », accuse Aliou Touré, Secrétaire administratif du Collectif. Il craint que les nouveaux chefs d’accusations qui pèsent sur le chroniqueur ne réduisent à néant l’aboutissement de la demande de mise en liberté provisoire formulée par son avocat.

« Même s’il obtient la liberté provisoire pour le premier mandat de dépôt, par rapport au premier chef d’accusation, nous craignons que cela ne soit pas le cas pour les trois nouveaux chefs d’accusation », avoue-t-il.

Mais le CDR ne compte pas rester sans agir. Il va animer une conférence de presse pour « montrer à l’opinion nationale et internationale notre désaccord », informe le Secrétaire administratif. S’il confirme que d’autres actions vont suivre dans la foulée, Aliou Touré assure que le Collectif ne posera aucun acte qui aille à l’encontre du respect des institutions de la République, « parce que nous avons confiance en notre justice ».

En 2021, après quelques mois de détention, la Cour suprême avait ordonné l’abandon des charges contre le Porte-parole du CDR, ainsi que plusieurs autres personnalités qui étaient poursuivies pour tentative de déstabilisation des institutions. Les affaires diffèrent et leurs issues pourraient également différer.

En attendant la suite que va lui réserver le juge d’instruction et la tenue d’un premier procès, le 13 juin 2023, Ras Bath continue d’être écroué. Le chroniqueur, qui au début  était détenu dans des conditions très peu enviables, a été transféré depuis peu au « 4ème cabinet » de la Maison centrale d’arrêt de Bamako, où il bénéficie de meilleures conditions et est autorisé à recevoir de la visite.

Ras Bath : le chroniqueur placé sous mandat de dépôt

Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath a été placé ce lundi sous mandat de dépôt. Selon son mouvement le CDR, il a été interpellé chez lui ce 13 mars vers 10h par le commissariat du cinquième arrondissement. Après une audition de plus de cinq heures sur ses propos tenus samedi 11 mars lors de la conférence de l’ASMA CFP, il a été placé sous mandat de dépôt par le procureur de la commune IV. Invité à prendre la parole le weekend dernier lors de la troisième conférence nationale du parti de l’ASMA CFP, le chroniqueur a affirmé que Soumeylou Boubeye Maiga, fondateur du parti a été « assassiné « . Il a appuyé assurant que les proches de Soumeylou Boubeye Maiga ont interpellé sur son état de santé en vain. Avant de tacler le CNT, ainsi que différentes formations politiques sur leur silence sur les circonstances de la mort de l’ex Premier ministre. En prison depuis août 2021, accusé entre autres de « faux et usage de faux et d’atteinte au biens publics dans l’affaire de l’acquisition de l’avion présidentiel et des achats d’équipements militaires, l’état de santé de Soumeylou Boubeye Maiga s’était sévèrement dégradé durant sa détention. Il est décédé le 21 mars 2022 à Bamako dans la clinique où il était hospitalisé depuis décembre 2021.

Hamadoun Nialibouly – Moussa Dicko : Portés disparus

La liberté de la presse est une quête permanente, soumise au Mali à de nombreuses menaces. Insécurité, accès difficile à l’information ou encore intimidations, les défis sont nombreux et l’exercice de la profession de plus en plus compliqué. Une liberté de la presse menacée également par les enlèvements et les détentions arbitraires. Nous avons choisi, au travers d’exemples concrets et récents, de mettre en exergue tous les écueils voire dangers auxquels font face les journalistes dans leur mission d’informer. 
Hamadoun Nialibouly et Moussa Dicko ont en commun d’être des journalistes locaux du centre du Mali et d’avoir été tous deux enlevés en 2020 et 2021. Très probablement à cause de l’exercice de leur profession.
 
En septembre 2020, vers Somadougou, dans la région de Mopti, Hamadoun Nialibouly rentre d’une session de formation organisée par l’URTEL et CFI. Du car qui le ramène de Bamako on le fait descendre, sous le prétexte qu’il aurait participé à une attaque récente contre une communauté locale. Un argument totalement fallacieux, explique M. Mamoudou Bocoum, puisque Nialibouly participait à la formation aux dates indiquées comme étant celles de l’attaque, renchérit le Coordinateur local de l’URTEL pour la région de Mopti.
Lorsque l’on se rend compte qu’il n’est pas arrivé à destination, des investigations sont menées et des discussions sont entamées avec « un intermédiaire». Les échanges dureront environ 3 mois. Puis plus rien, avant que d’autres contacts n’aient lieu avec un autre homme qui s’avérera simplement être « un escroc ». Après avoir encaissé la somme de 300 000 francs CFA pour « assurer l’escorte », il ne donnera plus signe de vie. Puis vient une troisième tentative. Mais, alors que les proches lui demandent une preuve de vie, le contact ne répond plus.
Les proches et les collaborateurs du journaliste sont donc sans nouvelles de lui depuis le mois de janvier 2021. Une situation angoissante, où la peur fait place souvent à la résignation.
Moussa Dicko
Communiquer ou pas ? Dans ces situations délicates, c’est souvent à un dilemme auquel doivent faire face les proches et collaborateurs des journalistes. Chaque cas est différent, mais dans les premiers jours, le choix est souvent fait de ne pas communiquer, explique le Président de la Maison de la Presse, M. Bandiougou Danté. Un choix assumé, pour « ne pas heurter certaines sensibilités » et surtout ne pas mettre en danger la vie de ceux qui sont retenus en otages. « Lorsque les gens vivent dans un tel environnement, même ceux qui sont chargés de relayer l’information doivent faire énormément attention, pour ne pas exposer la vie des autres ».  Et quand il s’agit de zones qui échappent à toute autorité étatique, c’est même une question de responsabilité, ce qui exige énormément de prudence, poursuit-il.
C’est donc vers les forces de sécurité et de renseignement internationales et nationales que se tournent les responsables d’associations de défense des journalistes. Comme c’est souvent le cas dans ce genre de situations, elles ont entrepris d’entrer en contact avec des « chefs locaux» et exploré la possibilité de  passer par certains canaux « sociaux » pour obtenir les libérations. Des pistes ont indiqué un moment que le journaliste était « avec »
un groupuscule armé et qu’il ne risquait rien. Mais, ensuite, « on a perdu toute trace». Fallait-il alors encore garder le silence ? Non, assurément. Il fallait donc porter les faits à la connaissance du public et susciter une large mobilisation dans l’objectif d’une issue heureuse.
Le 18 avril 2021, une autre nouvelle vient assombrir un tableau déjà peu reluisant. Moussa Dicko, Directeur des programme de la radio « La voix de Haïré »
a été enlevé chez lui à Douentza. Des informations contradictoires et l’absence de revendication ajoutent aux difficultés dans les cas similaires. Ni sa famille ni ses proches n’ont plus eu de nouvelles de lui depuis. Selon certaines analyses, les journalistes qui effectuent des allers-retours entre Bamako et les zones concernées deviennent des cibles. Les hommes armés qui y sévissent les soupçonnant de les espionner pour le compte de l’armée malienne ou de forces étrangères. Les cas de Nialibouly et de Dicko sont similaires en ce point : tous les deux avaient séjourné à Bamako peu avant leur enlèvement.
Si l’autocensure est souvent privilégiée pour continuer à exercer, les professionnels reconnaissent travailler « sans liberté »,
y compris celle de se déplacer, qui est largement compromise. Dans certaines régions du Mali, où ne se hasardent plus les journalistes de la capitale, la presse locale est le seul recours pour informer les populations. Elle est devenue la cible privilégiée de ceux qui ont décidé de la réduire au silence ou d’en faire une monnaie d’échange. Il ne reste donc plus aux journalistes que de faire de la « résistance » en attendant le bout du tunnel.
Fatoumata Maguiraga 
Cet article a été publié dans Journal du Mali l’Hebdo n°318 du 13 au 19 mai 2021 

Mali-Affaire dite de complot contre l’État : Le parquet s’oppose à la libération des accusés

 

Le procureur général du parquet s’est opposé, mardi 2 mars, à l’annulation de la procédure et la levée du mandat de dépôt prononcée par la Chambre d’accusation de la cour d’appel de Bamako contre l’ex Premier ministre Boubou Cissé, l’activiste Ras Bath et cinq autres personnalités écrouées  pour « complot contre l’Etat ».  Cette décision résulte du droit de pourvoi en cassation du parquet. Le dossier sera transmis au niveau de la chambre criminelle de la cour suprême à qui reviendra le dernier mot.

Avec Studio Tamani

Ras Bath : sa vie derrière les murs

Le  chroniqueur  Mohamed Youssouf  Bathily, alias Ras Bath, est en détention provisoire depuis le 31 décembre 2020, pour des « faits d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État ». À la Maison centrale d’arrêt de Bamako, il est plutôt en forme et garde le contact avec ses soutiens, qui ne ménagent rien pour obtenir sa libération.

Même s’il n’a plus ses dreadlocks, Ras Bath garde sa tête froide. « Il a un moral d’acier », affirme Boubacar Yalcoué, Secrétaire administratif du CDR (Collectif pour la défense de la République). Depuis sa mise en détention provisoire, il a pu lui rendre visite plusieurs fois.

Selon lui, Ras Bath est détenu au « premier cabinet », « le lieu le plus confortable de la Maison centrale d’arrêt ». Il a une journée chargée. Après l’appel quotidien des prisonniers, vers 6 heures du matin, Ras Bath s’acquitte de sa prière. Ensuite, il vient à la rencontre de ceux qui viennent lui rendre visite, de huit heures jusqu’à dans l’après-midi. « Par moments il est même débordé ».

À la Maison centrale d’arrêt, il mange bien, grâce à sa famille et au CDR.  Souffrant de problèmes de genoux, il bénéficie également d’un suivi médical. « J’en ai été témoin quelques fois. Quand on arrive, on le trouve en train de checker son état de santé avec des médecins », témoigne Boubacar Yalcoué.

Ras Bath n’est pas déconnecté de l’actualité. À chaque fois que les membres du CDR lui rendent visite, ils en débattent. « Le guide » profite aussi de ces occasions pour mûrir la stratégie de ses soutiens qui se mobilisent pour sa libération.  « On a de tout temps échangé avec lui », explique Boubacar Yalcoué. « Le seul message qu’il ne cesse de nous répéter, c’est de rester républicains et démocrates, de ne jamais poser des actes qui portent atteinte aux lois maliennes. Nous sommes dans ce canevas. Quand nous souhaitons poser des actions, on échange avec lui sur ce qu’il y a lieu de faire. »

Le CDR prévoyait une marche qui a été interdite à cause de l’état d’urgence et de la pandémie de Covid-19. Ensuite, c’est une demande de sit-in au Camp I de la gendarmerie, à la sécurité d’État et au tribunal de la Commune III qui a été retoquée pour les mêmes raisons. Ce 21 janvier, le CDR prévoit une caravane à travers Bamako. « Nous en avons parlé à Ras Bath et il n’y a vu aucun inconvénient ».

Atteinte à la sûreté de l’Etat : les avocats des accusés s’expliquent

« C’est la première fois de ma carrière que j’ai connaissance d’un tel dossier. C’est scandaleux ! Demain, ce sont les droits des Maliens même qui sont menacés », s’étonne Marcel Ceccaldi, conseil  de Dr. Boubou Cissé, comme pour évoquer la faiblesse des éléments retenus contre son client.  Tous les avocats des autres personnes accusées dans le dossier sont dans cette logique. Ils s’insurgent contre une « enquête initiée par la sécurité d’Etat dont personne n’a vu le contenu », et qui, à leur dire, s’apparente à une tentative d’écartement et d’isolement de toute personne susceptible de peser lors de la présidentielle prochaine. « Le lien entre Sékou Traoré (désormais ex secrétaire général de la présidence)  est sa position pour la présidentielle prochaine. Les deux ont collaboré dans le temps. Et on suppose que Sékou Traoré pourrait pencher la balance en faveur de l’ancien Premier ministre. Donc il faut le faire dégager », soutient Me Abdourahamane Touré, conseil de Sékou Traoré.   « L’auteur principal de ce complot serait le Dr. Boubou Cissé selon le réquisitoire du  procureur, qui nourrit des ambitions présidentielles.  Cela est peut-être un crime, je ne sais pas. Boubou Cissé n’a jamais été convoqué par la justice. Nous avons demandé à la sécurité d’Etat s’ils sont responsables de la décente armée à son domicile. Elle a répondu non. Boubou Cissé est aujourd’hui en sécurité. Il n’a pas fui et ne se trouve dans aucune ambassade. Ce qui se passe aujourd’hui est plutôt un complot contre Boubou Cissé pour l’empêcher d’être candidat à la présidentielle prochaine  », poursuit Me Kassoum Tapo, conseil de Boubou Cissé. Il explique qu’ « aucune des personnes accusées ne se sont rencontrées  dans un passé récent. »

Me Mamadou Traoré, conseil du chroniqueur Ras Bath, a fait état de tortures morales et physiques  qu’aurait subi son client. «  On lui a fait faire des exercices physiques, des pompes au-delà de 300 ».

L’ancien Premier ministre Boubou Cissé, Mamadou koné, trésorier payeur général, Vital Robert Diop, directeur général de la société PMU Mali, Souleymane Kansaye, receveur général du district, Sékou Traoré, Youssouf Mohamed Bathily alias ras Bath et Aguibou Tall, directeur général adjoint de l’Agence de gestion du fonds d’accès universel et frère de l’ancien Premier ministre sont les personnes accusées dans l’affaire.

Leurs avocats ont déclaré avoir introduit une demande de remise en liberté qui a été rejetée.

Mali – Ras Bath : ses soutiens se mobilisent

Les soutiens de Ras Bath marcheront ce vendredi pour réclamer la libération du chroniqueur. Placé sous mandat de dépôt le jeudi 31 décembre 2020 avec d’autres personnalités pour atteinte à la sûreté de l’Etat, Ras Bath est victimes selon ses partisans d’une injustice. Les appels à la mobilisation se multiplient sur les réseaux sociaux sous le slogan  »non à l’injustice, oui à la liberté d’expression ». Plusieurs affiches  »Libérez Ras Bath » sont aussi visibles un peu partout en ville, notamment au niveau du monument de l’Indépendance. La marche est annoncée synchronisée même si sur une page de soutien à Ras Bath, il est indiqué que celle de la France devant l’ambassade du Mali le sera le 9 janvier 2021.

Mali – Atteinte à la sûreté de l’Etat : Ras Bath et ses co-accusés placés sous mandat de dépôt

Arrêtés il y a une semaine plusieurs personnalités, dont le chroniqueur Ras Bath ont été placées sous mandat de dépôt par le juge en charge du dossier. Poursuivies pour atteinte à la sûreté de l’Etat selon un communiqué du procureur de la République Mamadou Kassogue, les mis en cause avaient été interpellés lundi 21 décembre dans des circonstances troubles. Ces « arrestations » avaient suscité les réactions notamment du président de la commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) qui dénonçait  « des arrestations sans base légale ». Ras Bath et ses co-accusés devaient être présentés au juge le 28 décembre, mais un attroupement devant le tribunal de grande instance de la commune III du district de Bamako avait empêché l’audition.

Mali – Ras Bath : devant le juge pour atteinte à la sûreté de l’Etat

Le Tribunal de Grande Instance de la commune III du District de Bamako a été pris d’assaut ce 28 décembre 2020 par des sympathisants du leader du collectif pour la défense de la République(CDR) et chroniqueur radio, Mohamed Youssouf Bathily, Ras Bath arrêté le 21 décembre 2020. Il devait avec 5 autres personnalités être présentés au Juge dans le cadre d’une enquête préliminaire sur « des faits d’atteinte à la sûreté de l’Etat », selon les termes d’un communiqué du Procureur de la République Près ce tribunal.

Mahamadou Koné, Trésorier Payeur Général,Vital Robert Diop, Directeur Général de la société PMU Mali, Souleymane Kansaye, Receveur Général du District, Sékou Traoré, Secrétaire Général de la Présidence de la République, Mohammed Youssouf Bathily alias RasBath, Chroniqueur radio et aguibou Macky Tall, Directeur Général adjoint de l’AGEFAU ont été mises à la disposition du service d’investigation Judiciaire de la Gendarmerie nationale , selon les termes du communiqué du Procureur.

Visiblement l’attroupement provoqué par l’éventualité de leur comparution devant le Tribunal a empêché leur audition.  Mais les enquêtes se poursuivent et l’opinion sera informée de l’évolution, indiquait le communiqué du Procureur, signé ce 27 décembre 2020.

Ces « arrestations » avaient suscité les réactions notamment  du Président de la commission nationale des droits de  l’Homme (CNDH)  qui dénonçait notamment  « des arrestations sans base légale ».

Quand aux organisations faîtières de la presse, elles avaient estimé que leur inquiétude ne se justifait pas seulement par l’arrestation de Ras Bath, mais qu’elles s’inquiétaient pour la démocratie et la liberté. «  C’est une situation inacceptable. Je suis contre la forme. Si une procédure normale avait été engagée contre lui, nous aurions utilisé les voies légales pour suivre ce qui ses passe », avait déclaré M. Bandiougou Danté, président de l’Union des radios et télévisions libres du Mali(URTEL), lors d’un point de presse le 22 décembre 2020.

Pointant du doigt un «  contexte global de menace contre la liberté et de remise en cause de la démocratie », il a fustigé «  une dictature qui ne dit pas son nom ».  Avant d’inviter, tous les représentants des autres faîtières à faire bloc pour défendre  ensemble la liberté et la démocratie et refuser cette « façon de faire ».

Ras Bath rallie le candidat Soumaïla Cissé

C’est lors d’une conférence de presse ce 28 juin au Carrefour des jeunes que l’animateur radio et activiste Mohamed Youssouf Bathily, dit Ras Bath a annoncé le soutien de son mouvement le Collectif pour la Défense de la République au candidat Soumaïla Cissé. Une satisfaction pour ce dernier et une déception pour certains soutiens du leader du CDR.

« Après le choix du candidat Soumaïla Cissé et son parti, la deuxième phase est la plus importante. Le CDR ne veut pas d’un soutien aveugle », s’est notamment exprimé Ras Bath. Le président du CDR a expliqué que de tous les candidats, c’est celui du l’URD qui présentait le plus de points de convergence avec leurs critères. Relatifs notamment à la connaissance de l’Etat à l’intérieur et aussi des relations avec l’extérieur ainsi que de l’expérience de la gestion, c’est donc Soumaïla Cissé et son programme qui ont convaincu les membres du CDR.

Un soutien qui se veut objectif, a cependant tenu à préciser Ras Bath qui affirme, qu’ils tirent les leçons des échecs des autres associations de la société civile qui apportaient leur soutien à un candidat et appelaient juste à voter pour ce dernier. Pour Ras Bath, c’est une responsabilité partagée désormais entre le candidat et son mouvement qui doivent ensemble porter sur le terrain leurs messages.
C’est en tout cas une satisfaction, et même un motif de fierté pour Maître Demba Traoré, directeur adjoint de campagne du candidat Soumaïla Cissé. Ceci démontre selon lui que « ces jeunes ont à cœur le devenir du pays ».

« J’ai écouté avec attention et intérêt. J’ai été impressionné par la qualité du travail et les critères dégagés par ces jeunes pour le choix du candidat qui répond à leurs yeux aux besoins de changement ». Il s’agit là, selon Maître Traoré, d’une leçon que la société civile donne aux hommes politiques. « Une belle leçon de démocratie », qu’elle démontre ainsi à la classe politique et montre qu’elle veillera désormais au fonctionnement de l’Etat.
Convaincus que ce mouvement démontre ainsi qu’il « y a une autre façon de faire la politique », Maître Traoré ajoute que la démocratie qui n’est pas une fin en soi, mais une source d’épanouissement des citoyens. « Le choix libre des citoyens est la voie la mieux appropriée pour le développement », ajoute-t-il. Avant de souligner le besoin de vérité pour faire avancer le Mali.
S’il exprime le souhait de voir des échéances se dérouler en toute transparence et crédibilité, il ajoute qu’il faut rassembler, ce que son parti continuera à faire.
Ce ralliement n’est pas cependant du goût de tout le monde, notamment des soutiens de l’activiste Ras Bath. « Je continue à soutenir le combat de Ras Bath, mais je ne voterai pas pour Soumaïla », déclare Cheick Oumar Tidiane Doucouré sympathisant du mouvement de Ras Bath. Pour lui, ce ralliement n’est pas une surprise. « C’était planifié, parce que Soumaïla a une chance de battre IBK. Le vœu du CDR est qu’IBK ne soit pas réélu. Mais je pense que Soumaïla n’incarne pas le changement », conclut ce militant.

L’opposition marche pour des « élections transparentes »

À l’appel de la coalition pour l’alternance et le changement, des milliers de personne ont marché ce vendredi pour réclamer des « élections libres et transparentes et l’égal accès aux médias d’Etat ». Sur les différentes pancartes brandis par les marcheurs pouvait-on lire « Libérer l’ORTM » ou encore « An tôro la » (on en a assez).


« C’est la volonté des Maliens qui s’expriment là, nous sommes déçus, nous n’attendons que juillet pour le (IBK) faire partir » assure Daouda, commerçant ayant fermé sa boutique pour participer à la marche. L’habituel slogan « Boua ka Bla » avait laissé place à un tout nouveau : « Boua Ka bla, Awn fa ka ta » (Boua laisse le pouvoir, afin que nos pères le prennent), référence directe aux propos tenus par le président de la République à Kangaba.


De la place de Liberté où ils ont pris le départ, les marcheurs se sont par la suite rassemblés devant la bourse du travail, où contre toute attente, les leaders de la Coalition pour l’alternance et le changement n’ont pas fait de déclaration. Soumaila Cissé, Tiébilé Dramé ou encore Amadou Thiam se sont contentés de remercier les manifestants d’avoir « massivement » répondu à leur appel.

Le chroniqueur Ras Bath s’est montré plus prolixe. « Nous vous avions élu pour avoir de l’eau, des emplois, voir la sécurité restaurer, au lieu de cela, nous n’avons eu que de la corruption, du népotisme, de l’incompétence, cela suffit désormais » lance-t-il sous les acclamations de plusieurs de ses partisans. « Ce n’est pas une confrontation physique, nous sommes des Gandhi, des Luther King, des Mandela, c’est une confrontation d’idées, nous demandons à tous ceux qui ont l’âge de voter de le faire afin d’exprimer librement leur opinion » ajoute-t-il. Sur son compte Twitter, le chef de file de l’opposition s’est félicité de la marche. Il a assuré que l’alternance est en marche, affirmant que nul ne pourra faire entrave à la détermination du peuple souverain.

Ras Bath acquitté

Mohamed Youssouf Bathily dénommé Ras Bath, animateur et chroniqueur accusé « d’incitation des troupes à la désobéissance »  a été libéré, le 27 novembre. La porte de la Cour d’Appel de la commune VI de Bamako a été prise d’assaut par une foule dénombrable.

Depuis six heures du matin, les fans de Mohamed Youssouf  Bathily dit « Ras Bath » ont entouré la porte de la Cour d’Appel de Bamako. Vers dix heures du matin, un bain de foule se trouvait devant la Cour d’Appel. Les manifestants ont perturbé la circulation  jusqu’à la fin du procès de Ras Bath. La foule dénombrable répétait à chaque fois « nous sommes mobiliser pour soutenir Ras parce que il dit la vérité, non pas pour l’argent ou autre chose. Ras Bath c’est un homme intellectuel et  un homme de droit il ne parle pas à tue-tête. » Parmi ses nombreux soutiens, Ras Cousa nous explique que « si l’Etat a besoin de quelqu’un, il doit répondre, c’est pourquoi nous sommes là soutenir notre frère ». « Nous ne quitterons pas d’ici jusqu’à ce que Ras Bath soit libérer devant nous », a déclaré Mariam Wallet.

À l’instar de cette foule dénombrable, Koko Dembélé  était aussi au rendez-vous. « Je  suis content, car si tu suis la vérité, tu seras toujours avec Dieu et la vérité appartient à Dieu », a-t-il déclaré. « Il est libre il n y a pas de problème », a-t-il ajouté.

L’affaire est désormais close

Après la fin du procès, Mohamed Youssouf Bathily a été libéré devant ses fans. Une fois à la porte de la Cour d’Appel, la foule déclarait « Ras Bath, vive la victoire ».  En plus la foule scandait « bravo aux juges, bravo à l’esprit patriotique des juges. Nous sommes à la quête de la vérité, du respect et surtout  et de la bonne gouvernance. » Pour conclure, Ras Bath s’est enthousiasmé à dire que « c’est un sentiment de  victoire, de joie, de fraternité. C’est une décision qui m’encourage davantage dans ce que je fais  tous les jours  à savoir de mettre l’Etat à sa place. »

Ras Bath : « Nous sommes le fruit d’une faillite du politique et de la société civile »

Après sa victoire, avec la Plateforme Anté abana, qui leur a permis d’obtenir du président IBK de « surseoir » au référendum sur la révision constitutionnelle, Ras Bath a déjà enfourché son nouveau cheval de bataille, «Alternance 2018 ». Ce projet ambitionne de changer les mentalités des citoyens et d’en faire des acteurs conscients pour les prochaines échéances électorales. L’activiste a accepté d’expliquer au Journal du Mali, les raisons qui ont provoqué son départ de la Plateforme  et ce nouveau combat qui l’animera jusqu’au prochaines présidentielles.

Pourquoi avoir quitté la Plateforme Anté Abana ?

Nous avons décidé de partir car notre projet « Alternance 2018 » qui a été acté par tous dans la déclaration de l’assemblée qui a suivi le report du projet de révision constitutionnelle du président a été rejeté. Pour nous, la cause de l’alternance et la raison substantielle de notre adhésion à la plateforme. Nous n’avions donc plus de raison de rester car c’était notre raison d’être et d’adhérer à ce mouvement.

Vous étiez un des poids lourds de la Plateforme, comment ont-ils pris votre départ ?

Pas très bien, mais nous avons été sollicité par eux ce mardi pour une rencontre, nous devons parler. Ils disent vouloir nous rencontrer pour échanger sur la question de l’alternance. Les responsables de la Plateforme disent qu’ils ne sont pas d’accord avec notre départ.  Ils disent souscrire à notre projet « Alternance 2018 » à présent car ils pensaient en fait que je serai moi-même candidat ou que j’aurai un candidat pour 2018. J’aurai préféré qu’ils viennent me le demander directement. Nous ne fermons pas la porte à l’échange, à la discussion. La question de l’alternance est centrale pour nous. S’ils sont d’accord pour « Alternance 2018 », je reviendrai dans la Plateforme Anté abana. Nous nous réunissons dans la journée et je dois leur donner ma réponse aujourd’hui.

Comment « Alternance 2018 », ce nouveau combat, va-t-il se traduire concrètement sur le terrain ?

Pour nous, après 20 ans de démocratie et principalement après 4 ans de gestion du régime IBK, nous devons tirer les leçons aussi bien à notre niveau par rapport à la chose publique et aussi sur le comportement de ceux en qui nous avons placé notre confiance en 2013. Nous devons grandir, mûrir, en termes de capacité citoyenne. Cela veut dire changer de mentalité, de perception dans notre rapport avec la politique. Donc, « Alternance 2018 », c’est le changement d’un système, d’une mentalité, il faut une autre façon de penser, une autre façon de faire. 2018, c’est l’année des élections : présidentielles, législatives, régionales, municipales. En démocratie le véritable moment où le peuple peut exercer son pouvoir,  c’est lors des élections. Il retrouve alors son pouvoir de sanctionner, de renouveler, de tout changer. Nous devons maintenant évaluer les politiques actuelles, juger si nous sommes satisfaits, si nous ne le sommes pas et provoquer le changement s’il y a lieu. En général, pour le citoyen lambda,  les élections sont une opportunité de se faire de l’argent. Donc l’alternance, c’est d’abord de changer la perception même de ce moment, c’est d’amener le citoyen à ne plus voir les élections comme l’opportunité de se faire des relations, de l’argent, d’obtenir des biens matériels, mais plus de lui faire comprendre qu’il décide de son avenir. C’est un travail préalable qui consiste à parcourir l’intérieur du pays pour expliquer le sens du vote, le sens de l’élection, le sens de s’impliquer dans le choix d’une politique et des hommes qui la porte. Ensuite les sensibiliser sur le fait que la carte Nina va leur permettre de choisir le bon programme, le bon projet de société. Donc nous commencerons, entre le 1er octobre et le 31 décembre, période de mise à jour du fichier électoral, à sensibiliser ceux qui viennent d’atteindre la majorité pour leur dire de s’inscrire et d’aller voter. Nous voulons renforcer la capacité des citoyens à détecter les bons programmes et les bonnes personnes. Avec « Alternance 2018 », il s’agit d’arriver à un nouveau type de Malien qui perçoit les élections autrement, qui agit autrement, en se plaçant dans l’optique de l’avenir de son pays dans lequel s’inscrit son propre avenir. Il faut que les candidats qui veulent être maires, députés, président, sachent désormais que le Mamadou d’hier n’est pas le Mamadou d’aujourd’hui, qu’ils se rendent compte que le Mali d’hier n’est pas le Mali d’aujourd’hui et que les achats de conscience ne font plus les élections, 

Pourquoi ne pas incarner vous-même cette alternance politique en vous présentant aux élections ?

La construction de la nation requiert deux types de citoyen dans la société, le citoyen qui conduit l’action publique et celui qui contrôle la conduite de l’action publique. Le premier est un politicien, mais il faut aussi des citoyens qui sont là pour veiller afin que le navire ne soit pas dérouté par la volonté d’un seul puissant, sans personne pour le rappeler à l’ordre. Se présenter comme candidat n’est pas notre objectif. Nous sommes dans le contrôle citoyen, dans la formation et la construction citoyenne, pour le moment.

Les Maliens ont l’habitude de voter pour des acteurs politiques bien connus, les caciques des parties politiques qui font parti de ce système et qui joueront, à la prochaine échéance présidentielle, leur va-tout. Face à cela, le changement de système que vous appelez de vos vœux, n’est-il pas un coup d’épée dans l’eau ?

Pas du tout. Vous savez, le pire des hommes hier peut-être le meilleur des hommes aujourd’hui et inversement. Comme vous l’avez dit, l’élection de 2018 ne peut pas se faire sans les caciques, les Soumaila Cissé, Modibo Sidibé, les Zoumana Sacko, ils vont avoir bientôt 70 ans, ils sont incontournables. La question n’est pas trop la personne mais plutôt le peuple que ces candidats vont avoir à diriger, qui constitue la force qui va les conditionner, les obliger à faire avancer le pays. C’est le changement des mentalités qui peut faire changer les choses. Pour nous le travail est a exercer sur le peuple d’abord. Plus le peuple se renforce, plus les dirigeants seront regardants, attentifs et prudents par rapport à la conduite des choses publiques.

Nous comptons aussi demander à la classe politique un audit du processus électoral, il doit être transparent et efficace. Il faut évaluer le processus, en amont, les conditions de dépôt de candidatures, l’inscription sur les fichiers, de l’acheminement des résultats jusqu’au dépouillement. Il ne sert à rien d’éveiller les citoyens si les règles du jeu ne sont pas transparentes et que le processus n’est pas connu à l’avance.

Y’a t-il déjà, pour vous, un homme politique qui pourrait incarner ce renouveau, ce changement ?

Je ne me suis pas penché pour le moment sur une personne, mais nous avons un portrait-robot. La grève des médecins qui a duré 38 jours et qui a fait quasiment 1000 morts dont 400 enfants décédés, nous a donné à réfléchir.  À partir de 2018, nous souhaitons un président, qui s’engagera auprès du peuple, s’il est atteint d’une maladie qui peut être traitée au Mali, qui se soignera dans le pays. Cela aura comme effet, pour les citoyens, en voyant leur président se faire soigner dans un hôpital malien, de les rassurer, de les mettre en confiance par rapport à nos services hospitaliers. Nous avons besoin d’un président qui va avoir à coeur de relancer l’économie, d’utiliser les compétences de son pays, ses hôpitaux, son artisanat. Qui aura à coeur de relancer le tourisme intérieur en montrant l’exemple et en séjournant dans le pays au lieu de partir en vacances à l’étranger. Notre profil de candidat, c’est celui qui va avoir un programme, qui aura des éléments de relance de l’économie, de l’éthique et des codes de bonnes conduite. Un candidat qui appliquera un véritable « Mali d’abord ».

Vous êtes une personnalité influente au Mali, très écoutée et très courtisée aussi par les politiques, comment faites-vous pour rester indépendant ?

Notre indépendance est d’abord idéologique. Nous avons une vision de l’État, une vision de la gestion de la chose publique et des arguments pour défendre cette vision. Nous sommes aussi indépendants financièrement, nous ne sollicitons l’aide de personne, on fonctionne avec les moyens du bord, nous autofinançons toutes nos actions. Pour les meetings à Bamako, jamais je ne sors un franc de ma poche, ceux qui nous invite s’occupe de toute la logistique. Mes déplacements en Europe sont financés par les militants. C’est un investissement dans l’avenir, dans l’idéal et non dans une personne. Ce sont des bases solides qui nous permettent de ne pas céder aux offres des hommes politiques qui essaient de nous amadouer avec des perspectives de projets, des financements, dans le but qu’on vote pour eux.

Vous considérez-vous comme un guide de la jeunesse malienne, comme on peut l’entendre ici ou là ?

Je ne suis pas fan du terme « guide » qui renvoie à une personne dont la parole est sacrée, qu’on ne remet pas en cause, un homme infaillible. Partout où je vais, je me présente comme un porte-parole, je porte une parole qui est décidé ailleurs, avec d’autres. Ce terme est parti de je ne sais où et je me suis retrouvé comme le guide de la révolution, c’est un titre que je ne reconnais pas.

Vous comblez quand même un vide, la jeunesse n’a pas de leader charismatique qui lui montre le chemin, le terme de guide est naturel, dans ce sens.

Nous ne sommes pas les premiers à tenir les discours que nous tenons, mais beaucoup qui ont tenu ces discours et ont mené ces combats ont abandonné au milieu du chemin à la première offre, aux premiers financements. La plupart des leaders sont devenus conseillers dans tel ministère, dans tel ONG ou ont bénéficié d’une bourse pour s’installer à leur propre compte. Celui qui arrive à tenir son discours et à poursuivre les combats, sans prendre de l’argent comme tout le monde s’y attend, les gens vont se dire qu’ils peuvent le suivre, car il est différent des autres,  dans sa constance, son honnêteté, son discours. Le politique et la société civile ont déçu le peuple et perdu leur place dans l’opinion. Il y a plus de 2000 associations au Mali, toutes ces organisations qui ont des budgets colossaux, des moyens juridiques, des moyens relationnels, ils ont fini par établir une sorte d’entente implicite de collaboration avec le politique, une sorte de vase communiquant, qui mène au détournement d’argent destiné à des projets par exemple. Ce qui fait que nous, on arrive sur un terrain vierge où la demande est forte. La population se sent abandonnée, elle n’est pas protégée par l’État. Nous sommes en fait le fruit d’une faillite du politique et de la société civile.

 

Ras Bath, une modeste analyse

Qui au Mali ne connaît pas Ras Bath ? Mohamed Youssouf Bathily, dit Ras Bath ou encore Rasta, est un journaliste, activiste et consultant en droit devenu populaire à travers ses émissions à la radio. Ses propos, souvent farouche, ont conduit à son arrestation le 16 août 2016. Un grand mouvement de jeunes s’est alors mobilisé pour le soutenir, conduisant à sa libération le 18 août 2016. Depuis, sa popularité ne cesse de croître. Accueilli ce jeudi 03 août 2017 à l’aéroport tel un président, il est aujourd’hui l’icône d’une génération de jeunes qui s’expriment et influencent à travers les réseaux sociaux.

Choquer pour éduquer Que fait Ras Bath ? Il fait de l’éveil de conscience. Il informe. Il dénonce les irrégularités, preuves à l’appui. Il analyse l’actualité et livre son opinion. Son discours s’adresse avant tout aux jeunes et à toutes ces populations qui sont souvent victimes des discours politiques. Voyons comment fonctionne son approche.

Ras Bath fait appel aux émotions de ses auditeurs. Sa méthode consiste à provoquer un « choc » émotionnel chez ses derniers. Plus qu’un journaliste, en écoutant Ras Bath, vous n’êtes pas simplement informé. Vous êtes également émus, impliqués et concernés.

L’information et la sensibilisation à travers l’usage des émotions sont au cœur de la démarche du Rasta. C’est pourquoi il a adopté le slogan : « choquer pour éduquer ». L’objectif n’est pas simplement de provoquer un choc. Il s’agit surtout d’impulser une action, un changement.

De nombreuses études ont montré le pouvoir qu’ont les émotions sur les décisions et les actions quotidiennes. Dans un ouvrage de référence en particulier, une étude montre comment les émotions poussent les gens à s’impliquer d’avantage dans leur travail. On y lit que le sentiment de culpabilité pousse les employés à travailler et à faire preuve de responsabilité.

C’est justement ce sentiment de culpabilité que recherche Ras Bath. A travers sa critique, il crée chez les jeunes cette perception; celle de ne pas suffisamment s’impliquer dans les affaires de la cité et de rester passif face aux maux du pays. De même, il tente de provoquer chez les dirigeants le même ressenti; en décriant leur mauvaise gestion et leur indifférence face aux souffrances du peuple. Grâce à cette méthode, le Rasta fait bouger les lignes tant chez les jeunes qu’au sein de la classe politique.

Les résultats sont perceptibles. Les jeunes ne sont pas restés en marge du processus de révision constitutionnel. Des mouvements comme la plateforme « An tè A Bana ! » ont émergé et perturbé la tenue du référendum. Ici également, les vidéos de Ras Bath n’ont pas manqué à l’appel.

Ces exemples sont encourageants. Pourtant, l’univers « choquer pour éduquer » n’est pas tout blanc. On y trouve aussi des tâches noires. Dans les prochaines lignes, nous vous introduisons l’autre facette de l’approche du Rasta.

De la critique à l’outrance Revenons quelques instants sur l’arrestation de Ras Bath. Ce qu’on lui reprochait n’était pas tant sa critique, mais sa façon de critiquer. Pour reprendre les mots de Mamadou Lamine Coulibaly, le procureur de la cour d’appel de Bamako, il était poursuivi pour ses « déclarations qui offensent la pudeur ».

Jugez cet exemple. Pour avoir refusé un de ses meeting, pour des motifs certes peu convaincants, Ras Bath estimait que la maire de la commune 3, Madame Djiré Mariam Diallo est « une femme qui est indigne d’être une mère de famille » et qu’en conséquence, il « allait l’éduquer ».

De tels propos ne sont pas rares dans le milieu de la presse. Le chroniqueur Madou Kanté, récemment agressé, en est un autre exemple. Comme le Rasta, il anime sur le site web Youtube une émission en Bambara intitulé « Madou ka journal ». Dans une de ses vidéos, il répond sous un ton coléreux à des remarques qui lui étaient adressées. Certains termes qu’il y emploie sont amères: «  Tu n’es pas éduqué. Va demander à tes parents de t’éduquer à nouveau. ». Ces exemples nous poussent à reconsidérer la culture du « choquer pour éduquer ». Le choc présenté plus haut n’éduque pas. Il offense. Mettons en évidence les inconvénients de cette approche.

Un premier danger apparent est l’excès de confiance. On en voit des traces dans la majorité des publications de Ras Bath. Toutefois, une de ses récentes vidéos donne une meilleure indication de son zèle. Dans cette vidéo, il considère que « la parole de Rasta est la parole de Dieu. ». Ceci nous semble excessif. L’information n’est pas parfaite. Elle est rarement complète. Garder une place à l’erreur permet de se mettre à l’abri des jugements prématurés.

Il y a également le risque de généralisation abusive. Ce sophisme consiste à réduire une personne à ses mauvais actes. Un bon exemple serait l’argument de Ras Bath selon lequel « une personne qui commet un acte de vol n’est autre qu’un voleur ». Ceci est vrai (en partie). Toutefois, le philosophe Alfred Korzybski (1879 – 1950) nous fait remarquer que « la carte n’est pas le territoire. » Nous sommes, pour la plus part, un peu comme Wangrin, le personnage central du livre d’Hampâté Bah ; louable d’un côté et machiavélique de l’autre. Il est normal que les fautes soient dénoncées et sanctionnées. Il nous semble en revanche injuste de résumer une personne à ses traits négatifs.

Un dernier inconvénient du « choc » de Ras Bath serait son côté contreproductif. Il est très difficile de changer une personne en attaquant sa fierté et sa dignité. Ceci crée au contraire une résistance voire une persistance. Les propos « choquants » envers les dirigeants sont très souvent sans conséquence. Il est vrai, comme nous l’avions déjà souligné, que le sentiment de culpabilité puisse produire des effets positifs. En revanche, une attaque frontale entraîne une réaction de défense qui bloque le changement.

Ces éléments nous amènent à repenser notre façon de critiquer. Ci-dessous, se trouvent quelques pistes de réflexion en ce sens.

Repenser la critique au Mali Une critique ne consiste pas uniquement à toucher du doigt les insuffisances d’une idée, d’un projet, d’une décision ou d’une action. Sa vertu réside aussi en sa capacité à améliorer le système auquel elle s’adresse. Le cas échéant, elle est vue comme une dénonciation stérile, un discours improductif, un bruit dérangeant et souvent, des propos outrageants.

L’idée est d’identifier l’imperfection, de la corriger ou de la remplacer. Ainsi, lorsqu’on critique, notre intention est d’apporter une amélioration. Si la personne se sent blesser dans sa fierté, elle résiste. Nous perdons le changement que nous convoitons. Il faut donc « choquer » les consciences et non les personnes.

A terme, il s’agit de respecter les consignes de Mahatma Gandhi (1869 – 1948) : « lorsque nous critiquons, il faut le faire avec une humilité et une courtoisie qui ne laisse subsister aucune amertume. » Les mercuriales de Ras Bath manquent par temps d’humilité et de courtoisie.

Soyons clair ! Il ne s’agit aucunement de stopper la critique, ni de la rendre « gentil ». La critique doit continuer. Elle doit rester ferme voire sévère sans être discourtoise. Elle doit surtout conserver son essence : contribuer à une amélioration.

Concluons cette analyse en formulant des suggestions générales pour accroître le climat démocratique du Mali.

Critiquer pour avancer Nous vivons une période de l’histoire de notre pays où le climat social est tendu. Les défis sont nombreux et complexes. Les attentes, en particulier celles des jeunes, envers le gouvernement et la classe politique, sont fortes. Les acteurs sont multiples et leurs intérêts sont souvent divergents. Espérer que les dirigeants résolvent seuls ces problèmes est illusoire. Autant nous sommes en droit d’attendre de nos gouvernants des résultats satisfaisants, autant nous avons le devoir de leur apporter notre support par la critique et les actions.

A l’instar de Ras Bath, nous espérons que cet article sera une contribution utile à la construction démocratique. Notre ambition est de répondre à l’appel du président de la république Ibrahim Boubacar Keïta, à l’occasion de la Conférence d’Entente Nationale (CEN) : « La démocratie n’approchera la perfection que lorsque chacun comprendra qu’il lui appartient d’apporter constamment ses idées et son talent à l’œuvre patriotique. C’est l’addition de nos talents qui nous permettra d’enrichir la construction de la démocratie dans cette terre sacrée du Mali. »

L’analyse présentée dans cet article est centrée sur Ras Bath. Elle vise plus généralement tous les leaders d’opinions, inclus les journalistes. S’adressant à Mohamed Youssouf Bathily, Madou et tous les leaders engagés pour la cause de la jeunesse, nous louons et soutenons leur effort de conscientisation, d’éducation, et d’information. Nous les encourageons à mettre leur talent de communication et de raisonnement au service d’une critique constructive. A ce titre, nous suggérons notamment de remplacer la culture du « choquer pour éduquer », au regard des lacunes de celle-ci, par celle du « critiquer pour avancer. »

Conscient qu’un « choc » soit souvent nécessaire pour faire bouger les lignes, je soutiens que nous pouvons changer les mauvaises pratiques de nos élites en alliant la force à l’humilité. Il ne s’agit pas d’abandonner le combat,  comme le craignait Bob Marley dans sa réplique « Don’t give up the fight ». La quête pour la liberté, la justice et l’accès aux ressources universelles (l’eau, l’éducation, la santé, un emploi décent, etc.) continuera. Cette lutte devrait toutefois s’alimenter de la vertu de l’humilité. Comme le soutenait Ghandi: « Lorsque la retenue et la courtoisie s’ajoutent à la force, celle-ci devient irrésistible.».

Enfin, nous invitons les journalistes à plus de vigilance dans leur tâche honorable. L’information est sensible. Elle ne doit ni être masquée, ni être dites de façon complaisante. Elle doit en revanche rester aussi impartiale et désintéressée que possible. Il est question de présenter l’info sous sa forme la plus distillée ; après y avoir enlevé les jugements, les biais, les incertitudes, les présomptions et les soupçons.

Comme le souligne la récente étude de la fondation Free Press Unlimited, les maliens attendent des médias qu’ils:

  1. intensifient leur effort d’explication et de décryptage,
  2. fournissent des informations plus factuelles en menant un rude travail d’investigation,
  3. fassent preuve d’impartialité pour être crédible.

Pour terminer, nous aimérions résumer le message de cet article par les sages mots du médiateur de la république, le 01 avril 2017, au cours de la CEN. Le grand-père Baba Akhib Haïdara a voulu « qu’on se dise la vérité fermement mais poliment. »

Une année de prison ferme pour Ras Bath

Le verdict est donc tombé ce 26 juillet 2017 dans l’affaire opposant le ministère public au chroniqueur malien Mohamed Youssouf Bathily, Ras Bath, et son coaccusé Bandiougou Tounkara, directeur de la radio « Maliba FM ». Ras Bath écope d’une année ferme de prison et 100.000 francs d’amende et Monsieur Tounkara de six mois avec sursis et 50 000 francs d’amende.

« Un verdict insensé », selon Maître Zana Koné, l’un des conseils de Ras Bath, qui dénonce aussi un verdict politique et sans logique. Car, les deux personnes sont poursuivies pour une infraction de presse, et « s’il y a une logique, ils ne peuvent pas avoir des peines différentes ». Même s’il estime qu’il s’agit d’un non évènement, Maître Koné compte bien user des voies de recours « pour que le droit soit dit, car cela n’a pas été le cas lors de la première manche », du reste très mal menée selon l’avocat.

Autre précision, il n’a pas été décerné mandat lors du prononcé du verdict, ce qui suppose que le condamné n’ira pas en prison avant le délai de recours, tient à préciser Maître Koné.

Ce procès qui s’est déroulé ce 25 juillet 2017 en l’absence de Ras Bath avait déjà été dénoncé par Maître Zana Koné qui dit comprendre qu’en droit lorsqu’une personne est citée, elle doit se présenter, mais que dans la pratique, il est aussi admis qu’elle demande un report, car « un procès se tient à deux » et que si l’autre partie demande un report surtout pour la première fois, comme c’est le cas de son client il peut lui être accordé. D’autant plus qu’au cours de cette même audience « il se trouve que plusieurs personnes ont demandé et obtenu des reports », ajoute Maître Zana Koné.

Ras Bath accusé d’« incitation à la désobéissance des troupes »

C’est mardi 25 juillet 2017 que s’ouvre le procès de l’animateur Mohamed Youssouf Bathily plus connu sous le sobriquet de Ras Bath et du directeur de la radio « Maliba FM », Bandiougou Tounkara. Ils sont accusés d’« incitation à la désobéissance des troupes »

« Des faits qui sont tout simplement fantaisistes et visent à faire de la diversion », déclare Maître Zana Koné, l’un des avocats de Ras Bath. Connu pour ses chroniques virulentes, Ras Bath et le directeur de la radio « Maliba FM » accusé de complicité pour n’avoir pas empêché les faits dénoncés. Ils doivent comparaître devant le tribunal de grande instance de la commune IV du district de Bamako.

La 1ère comparution de l’animateur devant le juge en août 2016 avait provoqué de violents heurts entre ses partisans et les forces de l’ordre. Des incidents qui avaient provoqué la mort d’une personne et blessés plusieurs autres. Plusieurs personnes avaient également été arrêtés suite à des dégâts matériels commis dans l’enceinte du tribunal. L’interdiction d’utiliser les ondes de diffusion prononcée contre l’animateur a ensuite été levée.

Pour l’un de ses soutiens, ce procès est un non évènement pour Ras Bath.

Maître Zana Koné se dit en tout cas « très confiant, parce que nous savons que le dossier est vide. » Si c’est le droit qui doit être dit, nous n’avons aucune crainte, ajoute-t-il.

 

Rastafarisme malien : One love, deux mouvements

« One love, one heart, let’s get together and feel allright », chantait avec passion Bob Marley ce 22 avril 1978 au One Love Peace Concert à Kingston, 12 ans jour pour jour après qu’Haile Sellassié 1er, le « Ras Tafari », icône sacrée pour les rastas, foulent le sol de cette île des caraibes pour la première fois. Les paroles du «White boy » de Trenchtown sont devenues une devise spirituelle pour les rastas qui chaque 11 mai célèbrent la disparition de leur quasi-prophète. Mais que reste-t-il aujourd’hui de son message et des valeurs du rastafarisme au-delà de la musique ?

Si le reggae est populaire, le rastafarisme, lui, l’est beaucoup moins, seul certains symboles stigmatisants le représentent aux yeux du monde.  « Aujourd’hui, les rastas sont souvent jugés sur leur apparence, vus comme des gens qui ne travaillent pas, qui fument la ganja. Peu d’entre eux connaissent les valeurs prônées par le rastafarisme. 80 % des personnes ici adorent le reggae mais ne savent rien de ce que Marley disait, de son message », lance Ras Bath, plongé dans la culture rasta depuis l’adolescence.

Unité à construire Deux mouvements au Mali essaient de perpétuer la doctrine spirituelle et politique du rastafarisme. Il s’agit du Mouvement des rastas du Mali (MOURASMA) et de la Communauté des rastas du Mali (CORASMA), qui partagent la même philosophie, mais ont des divergences dans leurs combats respectifs. « Il y a eu une division à un moment entre ceux qui portent des dreadlocks et ceux qui n’en portent pas. J’ai souvent tenté de les rassembler, mais j’ai toujours échoué », explique Sista Mam. « Nous rastas, parlons de « One love », et on n’arrive pas à s’unir », déplore la chanteuse malienne. Pour Charlie Koné, président du MOURASMA, l’existence de deux mouvements n’est pas une bonne chose. « Ras Bath a tout appris du MOURASMA. Je ne remets pas en cause son combat car la dénonciation c’est aussi notre combat. C’est plus la forme qui me déplaît », explique-il. « On a créé la CORASMA parce qu’au MOURASMA, ils ne se battaient que pour la légalisation de la ganja, c’était leur priorité, au détriment des sujets comme le social. La multiplication des mouvements rastas au Mali c’est quelque chose de positif, cela crée une émulation. En Jamaïque, il y a 12 tendances rastas », estime de son côté Ras Bath.

La célébration du 11 mai divise aussi la communauté rasta. La mort n’existant pas dans le jargon rastafari, la plupart des mouvements rastas dans le monde célèbre la date de naissance de Marley, le 6 février. « C’est vrai que le 6 février devrait être fêté plutôt que l’anniversaire de sa mort, mais Bob Marley est plus célébré depuis sa mort que de son vivant. Sa disparition a marqué les gens. C’est pour cela que cette date revêt toute son importance », soutient cependant Charlie. « À part le 11 mai, il n’y a pas d’autres célébrations chez les rastas du Mali, contrairement à ailleurs ! Pour la commémoration, je chanterai pour mon public, mais sinon je préfère me tenir à l’écart de tout ça », déclare Sista Mam, qui sera sur scène, au Carrefour des jeunes, pour faire danser la foule au son du reggae, histoire d’être unis, cette année encore, l’espace d’une nuit.

Meeting avorté : Ras Bath donne son avis sur le saccage du site

Dans une vidéo postée sur sa page officielle, Mohamed Bathily alias Ras Bath donne son avis sur le saccage d’un site à Kalabancoura où il était attendu pour un meeting dimanche dernier.

« Une vingtaine de moto portant chacune deux ou trois personnes ont débarqué sur le site de la rencontre. Une quarantaine de personnes ont saccagé les chaises et les appareils de sonorisation », explique Mohamed Bathily alias Ras Bath dans une vidéo postée sur sa page le lendemain du meeting avorté à Kalaban coura ACI. « Les témoins sur place déclarent avoir reconnu des membres de l’AEEM. Nous avions déjà été prévenus que l’honorable Moussa Timbiné et son camarde d’université, Abdoulaye Maïga, actuellement conseiller au ministère de l’éducation nationale enverraient des jeunes pour boycotter la bonne tenue du meeting », affirme Ras Bath. Et d’ajouter que c’est « une preuve que les fouteurs de trouble, ce ne sont pas nous (Ras Bath et son équipe) mais plutôt eux ».

Suite au contrôle judiciaire qui pèse sur sa personne depuis octobre dernier dans l’affaire l’opposant au gouvernement, Ras Bath est jusqu’à ce jour interdit de communiquer à la presse, d’animer son émission à la radio… En un mot, il est toujours en attente de son jugement qui semble-t-il peine à arriver quatre mois plus tard. Pour combler le vide, il décide de tenir des meetings. Il sillonne ainsi depuis plusieurs mois, les différentes communes de Bamako pour s’adresser à la population. « Ce dimanche, nous allions expliquer la mission réelle des députés, ses devoirs envers sa population. Chose qui n’arrange pas vraiment des députés comme Moussa Timbiné », déclare-t-il. « Le mois dernier, certains jeunes de la commune de Kalabancoro nous ont convié à un meeting sur le grand terrain de football non loin du lycée sacré Cœur et de la villa de Moussa Timbiné. Il est allé dissuader ensuite les parents de ces jeunes de tenir un tel meeting. Je crois qu’il a peur de nous », explique Ras Bath amusé.

Après l’évènement malheureux de ce dimanche, Ras Bath et son équipe ont décidé de porter plainte pour vandalisme. « Nous demandons que justice soit faite et que la loi soit appliquée », affirme-t-il. Entre temps, Moussa Timbiné dément sur sa page Facebook toute responsabilité dans cette affaire. « J’oppose un démenti formel et catégorique à ces allégations mensongères », a-t-il écrit. Mieux, le député affirme se « réserver tout droit de porter plainte contre toute personne qui s’aventure à ternir l’image de l’Assemblée nationale et celle de sa modeste personne ». Et à Ras Bath, de repondre « nous verrons ». Le Procureur de la commune VI a également été saisi.

Une marche pacifique en soutien à Ras Bath

Arrêté le 18 août dernier, et libéré après 72 heures de garde à vue, le chroniqueur Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath n’a toujours pas repris le micro.

C’est dans ce cadre que le collectif pour la Défense de la République (CDR) a initié samedi 8 octobre 2016, une marche pacifique pour le soutenir. Plus de 5000 personnes issues d’associations et des groupements pour la défense des droits de l’homme ont marché de la place de la liberté au monument de l’indépendance avec comme slogan «Libérez ras bath». Tidiane Tangara, l’un des organisateurs,  « Nous demandons humblement à ce que Ras bath soit libre de tous ses mouvements, et qu’on le traite avec le statut de journaliste » déclare celui qui affirme que le ministre de la Justice a voulu sortir l’accusé de ce statut. « Nous sortons aujourd’hui pour dénoncer le comportement du régime vis-à-vis du fait qu’il opprime la liberté d’expression», précise Boubacar Yalcouyé directeur de publication du journal « Le pays »

Selon le président du CDR Amadou Niang, la manifestation qui s’est déroulée dans le calme, consistait à dire non à l’arbitraire et à l’injustice qui a caractérisé et qui a prévalu tout au long de la procédure judiciaire engagée contre leur confrère. « La liberté d’opinion et la liberté d’expression sont poignardée par le ministre de la Justice et des droits de l’homme » reproche, celui qui demande la démission pure et simple du Ministre Konaté.

Le collectif lance un ultimatum

Déterminés à mener le combat jusqu’au bout, les initiateurs demandent la levée immédiate du contrôle judiciaire qui interdit les émissions du chroniqueur de la radio, Maliba FM, qui est d’ailleurs selon eux une preuve d’atteinte aux droits de l’homme. « Nous avons donné une semaine à l’État pour que le contrôle judiciaire soit définitivement levé afin que Ras Bath puisse recommencer ses émissions » prévient un membre du CDR, qui ajoute que « Dans le cas contraire, nous avons d’autres cordes à notre arc et nous allons acheminer par d’autres chemins »

Selon les organisateurs, cette manifestation est une révolution citoyenne qui a pour objectif de respecter les institutions de la république, les agents des corps constitués de l’État, la constitution et la loi du pays. Elle va également interpeller sur la base de la gouvernance, mais aussi emmener les citoyens à s’acquitter de leurs devoirs.

Marche de soutien à Ras Bath : plus de 50 000 personnes attendues ce samedi

Après une conférence de presse houleuse organisée il y a deux semaines pour étaler les « véritables raisons » de l’arrestation de Ras Bath, le Collectif de défense de la République (CDR) prépare une marche de soutien à l’animateur vedette ce samedi. Les organisateurs demandent que les charges qui pèsent sur Ras Bath soient levées.

Le Collectif de défense de la République (CDR) prépare une marche de soutien à Ras Bath ce samedi 8 octobre. Les marcheurs iront de la place de la liberté à la place de l’indépendance. Selon Tidiani Tangara, l’un des organisateurs de la marche, plus de 50 000 personnes sont attendues ce samedi. « D’autres marches seront simultanément organisées en Côte d’Ivoire et en France », témoigne-t-il.

Selon les organisateurs une lettre d’invitation a été adressée à toutes les Ambassades accréditées au Mali, aux organisations de défense des droits de l’homme et à plusieurs personnalités politiques de la place. « Beaucoup ont confirmé leur présence », affirme Tangara.

Le CDR souhaite à travers cette marche que « toutes les charges retenues contre Ras Bath soient purement et simplement levées » a précisé Tidiani. A l’heure actuelle, une autorisation de marche est posée sur la table de la mairie. En cas de refus, les organisateurs envisagent d’organiser un meeting de soutien. Le CDR et les sympathisants de Ras Bath semblent déterminer à soutenir jusqu’au bout, l’animateur vedette.

Tribune : I.B.K  face aux soubresauts sociaux

L’avènement de la démocratie au Mali est le fruit d’un grand sacrifice de la jeunesse et du peuple tout entier. Mais aujourd’hui, nous sommes au regret de constater  que les autorités maliennes sont dans l’impasse quant à la gestion des différentes crises multiformes qui traversent le pays. En effet, le Mali fait face à des crises socioéconomiques, politiques et surtout sécuritaires. Les dirigeants semblent impuissants à proposer des solutions à ces différents problèmes.

Face à ces différentes crises, les citoyens en tant qu’acteurs de la vie de leur société, comme le consacre la Constitution, ont le droit d’être informés et de donner leur point de vue sur toutes les questions qui concernent la vie de la nation. La liberté d’expression, dans une démocratie, est un droit inaliénable. On se demande si, au Mali, certaines personnes n’ont pas tout simplement envie d’empêcher le peuple d’être informé si on voit l’acharnement qui est fait contre les hommes de médias sans lesquels on resterait dans l’obscurité sur tout ce qui se passe.  Dans ce sens, il faut se rappeler la disparition du journaliste Birama TOURE, sur lequel on n’a aucune information. Aujourd’hui c’est le tour de Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath qui est entre les mains de la justice.

L’analyse qui est faite ici ne va pas dans le sens de dire que tout ce que ce dernier fait est bon, mais de comprendre réellement quelle direction prend cette affaire et quelles leçons en tirer. Jusqu’à quelles limites peut-on critiquer les cadres de l’Etat en mission ? Ces missions ne sont-elles pas au bénéfice des populations ? Est-ce que critiquer veut dire forcément être contre les intérêts du pays ?

En parlant du cas Ras Bath, de quoi l’accuse-t-on ? On l’accuse d’ « outrage à l’endroit des cadres de l’Etat ; de heurter la conscience nationale, de démoraliser les troupes, d’atteinte à la morale ». Laissons la justice faire son travail pour le déculpabiliser ou le condamner. Mais nous nous contenterons de réfléchir sur la manière dont les forces de l’ordre gèrent les différentes marches dans ce pays. L’utilisation de la force est disproportionnée face à des civils désarmés. Hier, c’était à Gao où des jeunes sont morts sous les balles de la police. Aujourd’hui, c’est à Bamako qu’elle tire sur des jeunes qui manifestent contre l’arrestation de Ras Bath. Il y a eu un mort et des blessés. Dans un Etat de droit véritable, qu’est-ce qu’on aurait fait ? Il reste à situer la responsabilité de tout un chacun. Qu’est-ce qui s’est réellement passé pendant les manifestations ? Si on cherche à arrêter ceux des manifestants qui sont responsables des troubles, est-ce qu’il n’y a pas en plus à savoir, au sein de la police, qui a tiré sur des jeunes avec des balles réelles. Peut-on accepter, dans un Etat de droit, que des forces de l’ordre décident de l’exécution des Maliens dans une manifestation, qu’elle soit autorisée ou non, car ils savent mieux que quiconque que leurs actes vont entraîner inévitablement des morts.

Ces pratiques montrent à suffisance que nos forces de l’ordre sont en panne de formation professionnelle en technique de maintien de l’ordre et en connaissance des droits fondamentaux des citoyens. Pour cela, il est urgent que l’Etat corrige ce mal avant de connaître encore des situations plus catastrophiques, surtout que nous sommes en crise.

Les comportements des forces de l’ordre et des autorités nous donnent l’impression que nous ne sommes pas dans une société égalitaire. On se souvient, dans ce pays, qu’il y a eu des gens qui se sont mis à insulter les autorités, parfois même des présidents, mais rien ne s’est passé. Certains ont organisé des grandes manifestations en plein état d’urgence. Des ministres ont qualifié certains opposants de fils indignes du pays sur l’O.R.T.M. Rien ne s’est passé. Sont-ils au dessus du commun des mortels ? Ou bien, au Mali, il faut attendre d’être une autorité pour pouvoir s’exprimer sur les questions nationales ? Que fait-on de l’égalité entre les citoyens ?

En réalité, tous ces faits sont la démonstration que la démocratie a reculé au Mali. Mais une chose est sûre, avec la manifestation pour soutenir Ras Bath, nous apprenons que la jeunesse malienne ne dort pas, elle a surtout besoin de leaders  pour se mobiliser à tout moment afin de défendre la justice sociale, la liberté d’expression et l’égalité. Ce qui nous amène à poser des questions sur le sens de l’existence de la société civile au Mali. Elle est totalement absente sur les questions de lutte pour les droits des citoyens. Que font réellement les associations de défense des droits de l’homme quand on voit tout ce qui se passe ? Elles accusent les citoyens d’inertie mais la manifestation de soutien à Ras Bath démontre à suffisance que le peuple ne leur fait pas confiance, sinon, il est prêt à se mobiliser avec des leaders sérieux.

Enfin, on peut dire  que pour que la démocratie survive au Mali et pour que l’égalité entre citoyens soit une réalité, il faut que le peuple reste en veille et soit prêt à défendre sa liberté, sans exclure la désobéissance civile. Car, Rousseau nous apprend que quand on laisse les affaires de la république entre les mains de nos représentants, on se réveillera un jour avec des maîtres et nous en tant qu’esclaves.

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Affaire Ras Bath: deux commissions d’enquêtes pour situer les responsabilités

Une semaine après la libération de Ras Bath, le ministre de la justice et garde des sceaux, Ismaël Konaté affirme qu’il est le principal initiateur de son arrestation. Deux commissions d’enquête seront mises en place pour situer les responsabilités.

« Ni le président de la République, ni les leaders religieux ne sont intervenus dans sa libération. Il a été interpellé suivant mes propres instructions », a déclaré Mamadou Ismaël Konaté, ministre de la justice et gardes des sceaux ce lundi lors d’une conférence de presse au département de la justice dans l’affaire Ras Bath. Une semaine après sa libération, les véritables raisons de l’arrestation de Youssouf Mohamed Bathily alias Ras Bath s’éclaircissent un peu plus chaque jour. Interpellé le 15 août dernier par les gendarmes, le célèbre animateur de l’émission « CARTE sur TABLE » a été arrêté pour  « atteinte aux mœurs et injures publiques à caractère sexuel ». Alors même qu’il devait comparaître deux jours après, c’est à dire le 17 août devant le tribunal de la commune IV, des manifestations de soutien à Ras Bath ont tourné à des scènes de casse. Les manifestants ont mis le feu à plusieurs véhicules. Dans la foulée, plusieurs allégations ont indiqué que certains leaders religieux et le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta auraient intervenu en vue de sa libération, le soir du 19 août et placé sous contrôle judiciaire.

Il a fallu donc attendre, hier dans la salle de conférence du département en charge de la justice pour démentir ces allégations. Pour Mamadou Ismaël Konaté, les propos de Ras Bath commençaient à devenir une menace pour la quiétude sociale, une atteinte à la pudeur et un facteur de démoralisation des troupes engagées sur le front, « alors sur mes instructions, le procureur général a ordonné son arrestation pour qu’il vienne s’expliquer », a-t-il dit. On rappelle que les manifestations ont fait un mort et plusieurs blessés. Par ailleurs, 19 personnes dont un assistant parlementaire ont été arrêtés et déférées lors de la manifestation. Selon le ministre, ces individus seront mis à la disposition de la justice pour répondre de leurs actes. Pour ce faire, deux commissions d’enquête seront mises en place. L’une s’occupera de la sécurité et l’autre des différents appels à mobilisation pour manifester devant le tribunal de la commune IV. Bien que Ras bath soit libre, le collectif d’avocat qui s’est formé pour défendre l’animateur se dit prêt à défendre les 19 autres personnes.

Ras Bath, un autre paradoxe malien

C’est l’évènement qui a failli mettre le pays sens dessus dessous la semaine dernière : l’arrestation du jeune chroniqueur Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath, fils qui plus est du ministre des Domaines et des Affaires foncières, Mohamed Ali Bathily. Sa comparution, prévue le mercredi 17 aout dernier au tribunal de la commune IV, a fait  du quartier d’Hamdallaye le théâtre d’une sorte de guérilla  urbaine, opposant les forces de l’ordre aux manifestants venus exiger sa libération, ce qui a provoqué un morts et des blessés.

Il fut libéré Jeudi, mais reste sous contrôle judiciaire. Tout ça pour ça, serait-on tenté de dire. Il reste que cette affaire nous en dit long sur l’état de déliquescence avancé d’un pays où, cela saute aux yeux, le climat est à la colère et la déception vis-à-vis du pouvoir. Rien ne le prouve mieux que les scènes de violences, qui révèlent par ailleurs le côté obscur d’une société conflictuelle où la violence semble devenir la première voie d’expression pour un peuple qui donne la douloureuse impression d’être encore au stade de l’enfance, donc en difficulté de séparer le bien du mal. Mais, on ne comprendra la réaction des manifestants qui ont mis le feu dans le tribunal, endommagé des voitures, que si l’on tient compte du contexte dans lequel tout cela est intervenu, marqué par le déguerpissement des commerçants. On dira ce qu’on voudra, mais il est impossible de ne pas dire que ces opérations de déguerpissements menées par le nouveau gouverneur de Bamako ont eu une popularité limitée. Et du coup, elles viennent rajouter une louche à l’océan de colère qui gronde contre le pouvoir pour diverses raisons : promesse non tenue de création de 200 000 emplois, situation sécuritaire préoccupante  aussi bien au nord qu’au sud du pays, corruption rampante, assise clanique du pouvoir… Or, pour qui connait et suit Ras Bath, ce sont sur ces questions qu’il s’en prend à ceux qui détiennent les leviers du pouvoir, ce qui explique pourquoi son arrestation est assimilable à une tentative de musèlement pour son auditoire auprès duquel il jouit d’un crédit grandissant et qui, semble-t-il, en manque de repère politique et religieux,  voit en lui une sorte de dieu.

A propos de la manifestation, on pourrait arguer que, pour reprendre l’ami écrivain et éditeur Ismaïla Samba Traoré dans « Retours au Mali », « la foule n’est pas l’organisation. Elle est sourde, aveugle et instinctive. »

Il n’empêche, que ce qui doit être dit, c’est que les manifestants de mercredi dernier se trompaient de combat. Oui, Ras Bath, dans « Cartes sur table », dénonce, et cela est une bonne chose, car il tire de leur quiétude nos « bébés politiciens » qui ont tendance à se donner bonne conscience. Oui, on peut ne pas être (ou on ne doit pas être) d’accord avec lui, ne pas prendre tout ce qu’il dit pour argent comptant ou paroles d’évangiles. Oui, contrairement à une idée reçue, dans ce pays tout ne marche pas comme sur des roulettes, loin s’en faut. Mais, dans l’affaire, il n’était question que de comparution et non de guillotine ou de crucifiement pour Ras Bath. Pour faire court, nous sommes encore une fois en face d’un paradoxe, en ce sens que le vrai combat pour ces manifestants et ce peuple est ailleurs. Pourquoi ne pas manifester avec la même dose de hargne pour Ras Bath pour exiger qu’il y ait un audit concernant nos communes sont à la traîne en matière de développement ? Pour savoir pourquoi rien ne s’y passe ? Il est vraiment paradoxal que nous demeurions un peuple qui ne sache pas ce qu’il veut. Qui, lors des élections, vote pour le visage, l’argent, le diplôme, la voiture, l’ethnie et non la valeur intrinsèque. Paradoxe !

 

Ras Bath libre : Tout ça pour ça…

Ras Bath est libre mais reste sous contrôle judiciaire. C’est l’un de ses avocats que nous avons joint, Me Siriki Zana Koné, qui l’a fait savoir dans la nuit du jeudi 18 août.

Le jeudi 18 août, vers 23 heures, Mohamed Youssouf Bathily alias Rasbath a été libéré après avoir passé 48 heures en garde à vue. Selon l’un de ses avocats que nous avons joint, Me Siriki Zana Koné, comme tout prévenu, son client devait être soit envoyé en prison pour être detenu en attendant son jugement, soit libéré tout en restant sous contrôle judiciaire après qu’il eut été présumé non coupable pour les griefs du Procureur général à son encontre. En attendant, selon Me Zana Koné, les enquêtes sont entre les mains d’un juge d’instruction. Concernant les affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants, l’avocat a fait savoir que son client ne « s’est jamais inscrit » et qu’il s’agit de « débordements » qui peuvent malheureusement arrivés dans toute manifestation.

Certaines informations révèlent, cependant, qu’il a été libéré sur instruction du Président Ibrahim Boubacar Keïta, qui a auparavant reçu en audience le Président du Haut conseil islamique (HCI), Mahmoud Dicko accompagné d’une forte délégation de leaders religieux. Il aurait été libéré pour, dit-on, « apaiser la situation ».

Cette libération va-t-elle changer quelque chose ? Ce qui est sûr, c’est que le mal est déjà fait : il y a eu des morts, Ras Bath s’est découvert un héros pour un peuple qui voit en lui le « seul diseur de vérité » dans un pays où ceux qui ont les leviers du pouvoir ont pris le pli de parler le langage du mensonge. Les manifestants ont certes exigé la libération du chroniqueur, mais ont aussi tenu à exprimer leur exaspération vis-à-vis d’un pouvoir qui, à leurs yeux, gèrent mal le pays. Rien ne le montre assez que les cris de « IBK, fali « l’âne » et les appels à démission du Président qui fusaient de partout. D’autant que tout cela intervient dans un contexte marqué par l’affaire des déguerpissements qui a provoqué colère et déception dans les rangs des commerçants concernés. Il y a aussi le nord du pays, écumé par les terroristes, les militaires maliens continuent de tomber comme des mouches sur le front de la guerre que le Mali mène contre les terroristes et les bandits. Toutes choses qui cristallisent les mécontentements. Ce qui amène nombre d’observateurs à dire que Ras Bath n’est rien de moins que l’arbre qui cache la forêt…

 

Ras BATH est sous contrôle judiciaire

Les avocats de Ras BATH ont confirmé la libération de leur client vendredi soir lors d’une conférence de presse. Selon eux, Ras Bath est sous contrôle judiciaire depuis hier soir. L’animateur est soumis a des restrictions jusqu’à sa comparution prochaine devant le juge.

Libéré depuis hier soir, Ras BATH a comparu en secret dans la soirée du jeudi 18 août devant le Juge d’instruction du deuxième cabinet du tribunal de la comme IV. Après l’avoir entendu, le magistrat a décidé de le libérer. C’est dire que Ras Bath n’est pas sous mandat de dépôt, il est donc libre de ses mouvements. Mais l’animateur vedette est depuis hier sous contrôle judiciaire, selon ses avocats. Juridiquement, cela signifie que Ras BATH devra se soumettre à une ou plusieurs obligations décidées par le juge jusqu’à sa comparution devant le tribunal. En d’autres  termes, le tribunal a ouvert une information (enquête) à son endroit. La préoccupation actuelle est de savoir: quelles sont les grands axes de cette mesure judiciaire qui pèse sur Ras BATH. Ses avocats affirment qu’ils sont pour l’instant soumis au secret judiciaire.

Tout porte à croire que cette mesure de restriction interdit à Ras Bath d’animer son émission, de tenir des propos visant à alimenter des débats ou faire des mécontents. Contacté par le Journal du Mali, sur instructions de ses avocats, Ras Bath refuse pour le moment, de s’exprimer dans les médias sur son arrestation.

Ras Bath doit comparaître ce soir devant le juge

Le délai de garde à vue de Ras Bath prorogé de 24h prendra fin ce soir à 20 heures. L’animateur vedette devrait donc comparaître dans la soirée devant un juge.

Cela fait trois jours que Ras Bath est placé en garde à vue. Interpellé le lundi 15 août dernier, Ras Bath a été arrêté pour « atteinte aux mœurs et injures publiques à caractère sexuel ». Alors même qu’il était censé comparaître, mercredi 17 août, devant le procureur du tribunal de la Commune V du district de Bamako, des manifestants venus réclamer sa libération immédiate ont mis le feu à plusieurs pick up au sein du tribunal. Le bilan de cette protestation aurait fait 1 mort et plusieurs blessés selon un dernier bilan. Toujours selon les manifestants, les agents de sécurité auraient ouvert le feu à balles réelles sur les victimes. Dans la foulée, les réseaux sociaux (Facebook, Twitter) ont été interdits d’accès aux environs de 17h, partout sur le territoire national. Pour rappel, durant la manifestation du 17 août, les internautes relayaient en temps réel les événements sur la toile. Ce qui pourrait aussi expliquer la décision de couper l’accès aux réseaux sociaux. Pourtant, l’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications et des Postes (AMRTP) et le ministère en charge de l’information et des nouvelles technologies, interrogé à ce sujet, expliquent ne pas connaitre les raisons de cette coupure.

Selon nos sources , Ras Bath comparaîtra ce soir devant un juge. Placé en garde à vue pour 48 heures, délai prévu par la loi, et après la prorogation de sa grade à vue de 24 h, hier, cette dernière devrait prendre fin ce soir à 20 heures. L’animateur vedette comparaîtra  donc devant un juge. « Ras Bath va bien, il se trouve dans un lieu tenu secret pour des raisons de sécurité », explique cette source proche du dossier. Selon Mohamed Maouloud Najim, avocat général près la cour d’appel de Bamako, Ras Bath est actuellement aux mains des gendarmes, « il est difficile de dire où exactement », ajoute Najim. Une chose est certaine, Ras Bath sera éclairé sur son sort dès ce soir. Le procureur pourrait le citer à comparaître ou classer purement et simplement l’affaire.

Malgré les centaines de supporteurs venus le soutenir hier devant le tribunal de la commune V, dans la rue, les avis sur cette affaire sont assez tranchés : « Je crois que ce gars confond journalisme et animation. Moi j’étais écœurée de voir les jeunes mettre le feu à des biens publics juste pour Ras Bath. Au Mali, actuellement, on a d’autres préoccupations plus urgentes, à mon avis. C’est triste de le dire, mais le Mali est dans le trou. Personnellement, j’ai même envie de changer de nationalité tellement Malien « be moguo fagua ni doussou kassi yé », explique Binta Ongoiba. Awa MAIGA, pense que « Ras Bath doit répondre de ses actes. S’il est capable d’avancer des  allégations, alors il doit être en mesure d’en apporter les preuves. C’est pourquoi, je dis qu’il n’a pas besoin de manifestant pour le sortir dans le trou qu’il a creusé lui même. Ras Bath s’attaque à tout le monde sans le moindre respect. Ce qu’il fait  n’est pas de la liberté d’expression c’est plutôt de l’agression », et d’ajouter, « Pour moi, Ras Bath peut être assimilé à un terroriste car un terroriste n’est pas seulement celui qui se fait exploser mais toute personne qui à travers sa parole ou ses actes peut influencer d’autres personnes à faire du mal ». Pour Malick Konaté, journaliste, Ras Bath a été  arrêté de façon illégale. Je ne suis pas d’accord avec les autorités judiciaires qui ont été irresponsables dans cette  affaire. Il y aurait pu avoir une alternative plus simple à cette situation, comme le convoquer pour échanger avec lui par exemple ».

Quoiqu’il en soit, la balle est maintenant dans le camp de la justice qui aura la lourde tâche d’éclairer les zones d’ombre de cette affaire aux relents de manipulation politique. Bandiougou Doumbia, un prêcheur de radio adepte des attaques verbales, adversaire médiatique de Ras Bath, devrait d’ailleurs être interpeller prochainement dans le cadre de cette affaire, qui si elle ne concerne pour le moment qu’un animateur de radio populaire, cristallise aussi les rancunes et les rancoeurs d’une partie de la population contre la mal-gouvernance ou le gouvernement, et qui voyait en Ras Bath une sorte de porte-drapeau.