Littérature : Quels auteurs influencent les jeunes écrivains maliens

À l’occasion de la Rentrée littéraire du Mali, événement culturel majeur pour le monde de la littérature malienne qui se tiendra du 21 au 25 février prochains, Journal du Mali met en exergue les auteurs qui influencent les jeunes écrivains maliens.

Selon Modibo Ibrahima Kanfo, écrivain et Président du mouvement Les Jeunes Esprits de la Littérature Malienne (JELMA), le style des jeunes écrivains maliens est multiforme. Certains d’entre eux imitent les « aînés ». « Moi, je suis à cheval entre tradition et modernité. J’imite les aînés parce que je les aime, mais j’ai aussi réussi à innover. La mort à la manière d’Ousmane Thieny, le patriotisme de Seydou Badian, à l’image de l’hymne national du Mali, des néologismes, des formes de poèmes, du dialogisme disciplinaire, tous sont présents dans mes livres Au-delà de l’apparence et Devoir de changement », admet-il.

Le cadre d’imitation des jeunes écrivains va au-delà du style d’après Modibo Ibrahima Kanfo. Il concerne, selon lui, aussi les thèmes, la structure, la narration, etc. Il prend exemple sur quelques jeunes auteurs. D’abord Moriba Diawara, qui dans son livre Le péché de la chair aborde le thème du mariage forcé et la confrontation entre les visions traditionnelle et moderne. Ce livre rappelle Sous l’orage de Seydou Badian. Ensuite, Sitan Koné et Mamadou Nabombo, qui ont écrit respectivement les recueils de poèmes Laisse-moi te dire… et Une seconde chance. Les contenus de ces recueils très engagés rappellent « ceux qui ont pris la poésie comme arme de combat » comme Fatoumata Keita, Ismaïla Samba Traoré…, « dans le sens de la dénonciation, pour une paix et une union durable ».

Les épines et les roses d’Amidou Yanogué, un recueil hermétique, serait compatible avec la plume de Fily Dabo Sissoko. « Les écrivains qui m’inspirent quand j’écris mes livres sont Jean-Paul Sartre et Albert Camus. Les deux mettent l’être au centre de la création littéraire. De ce fait, l’être est appelé à trouver sa propre voie face aux phénomènes naturels et surnaturels. Ces écrivains ont su saisir les maux de la société et les traduire à travers des personnages atypiques. Je retiens de ces auteurs la modestie dans l’art d’écrire puis le côté humaniste que nous ressentons sous leurs plumes », explique la jeune Sitan Koné. Contrairement à elle, Korotoumou Djilla, auteure du recueil de poèmes Jeune plume aiguisée, est influencée par des auteurs comme Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas, Léopold Sedar Senghor, Seydou Badian, Amadou Kourouma et Alain Mabanckou.

10ème Rentrée Littéraire du Mali : 50 auteurs maliens et étrangers pour célébrer l’anniversaire

La dixième édition de la Rentrée Littéraire est prévue du 17 au 24 février 2018. Elle enregistrera la présence de plus d’une cinquantaine d’auteurs du Mali et de l’étranger et se déroulera à Bamako, Tombouctou et Djenné.

La Rentrée Littéraire du Mali est une manifestation littéraire créée par un groupe d’auteurs en 2008 pour la promotion de la littérature, plus particulièrement celle du Mali. « Le développement passe par la lecture, par l’éducation et qui parle de l’éducation parle de livre ».

Au cours de cette 10ème édition, les œuvres d’écrivains de divers domaines d’activités, professeurs, journalistes, auteurs, seront présentées. « Tous se servent de leurs plumes pour donner le meilleur d’eux-mêmes à l’humanité », dit Sékou Fofana, Coordinateur technique de la rentrée littéraire.

Durant cette édition, les lecteurs maliens auront accès physiquement et grâce au livre à de grands auteurs. Parmi les titres disponibles, « les larmes de la patience » du Camerounais Djali Amal, ou encore, de Oumou Ahmar Traoré, Malienne « Une femme presque parfaite ». Le Tunisien Yamen Manï, lauréat du Prix des cinq continents de l’Organisation Internationale de la Francophonie, sera présente.

« Quand on demande à un auteur ou à un lecteur de choisir entre ses livres, c’est comme si on demandait un parent de choisir parmi ses enfants. Le choix est très difficile », explique Sékou Fofana. Pour faciliter l’accès au public, des ouvrages seront disponibles à la vente à la libraire de la Rentrée littéraire, à la Bibliothèque nationale, au tout long de l’évènement.

Innovation, des expositions photo sont prévues cette année. Celle sur les auteurs nationaux à la Bibliothèque nationale, une autre, sur l’eau, au Palais de la culture, une sur les souvenirs de la Rentrée du 16 février au 4 mars au Musée national. Pour  la première fois également, des évènements sont prévus à Tombouctou et Djenné.

Des hommages seront consacrés à d’illustres écrivains maliens disparus, comme Ibrahima Ly, Albakaye Kounta, Amadou Hampaté Bâ et Yambo Ouologuem. Leurs familles et leurs proches témoigneront de la vie et des œuvres de ces différents auteurs. « Il faut qu’on arrive à inculquer chez les Maliens, la culture du livre, pour que les écrivains se réjouissent de leurs travail », souligne Sékou Fofana. Il l’affirme « Il faut que les gens se disent que le livre est aussi important que le pain. S’il faut nourrir notre corps, ce qui doit être notre credo c’est qu’il faut aussi nourrir notre esprit pour qu’il soit fécond ».

 

Rentrée Littéraire : Dix ans déjà !

 

Pour marquer les dix ans de cet évènement majeur pour la culture et la création au Mali, les organisateurs ont concocté un programme spécial pour célébrer le livre et les créateurs. Des conférences, des ateliers d’écriture, des expositions photos, rythmeront la semaine du 17 au 24 février à Bamako, Djenné et Tombouctou.

De 5 livres produits en 2008, lors de sa première édition, la rentrée littéraire au Mali en a enregistré 36 lors de l’édition de 2017. Un progrès certes, mais bien en deçà des potentialités et surtout au regard de ce que le Mali devrait représenter dans le domaine de l’écriture, avec les villes de Djenné et Tombouctou, berceaux de manuscrits anciens. Une des raisons qui justifient d’ailleurs le choix de ces villes pour abriter avec Bamako les festivités de ces dix ans. Pour « célébrer le lien » et incarner cet espace de débats et de rencontres, la rentrée littéraire se passe cette année sous le thème de « l’humanité est un lien ». Cet espace sera aussi un pont entre le Mali et tous les autres pays qui seront présents à cette dixième édition.

Des rencontres et échanges

2018, étant aussi une année d’élections au Mali, les organisateurs veulent « interpeller » les candidats à l’élection présidentielle sur les problèmes que rencontrent le secteur du livre et leurs solutions. Cette édition spéciale sera aussi l’occasion d’une série d’hommages à ceux qui ont accompagné l’évènement depuis ses débuts. Au total 50 auteurs venus des 5 continents seront présents au rendez-vous. Plusieurs personnalités du monde de la culture seront également présentes et un invité d’honneur, en la personne de l’artiste africain Alpha Blondy, pour sa contribution originale à la promotion du livre. En marge des rencontres, débats, 4 expositions dont une consacrée aux auteurs maliens et une au fleuves du monde, donnera aux visiteurs la possibilité de découvrir 19 fleuves de 25 pays à travers 131 photographies. Les différentes activités dont l’accès est gratuit, se dérouleront dans les six communes du District de Bamako et dans les villes de Djenné et Tombouctou. Les sites sont la Bibliothèque nationale, les lycées (10 pour chacune des rives de Bamako), les grandes écoles, l’Institut Français de Bamako et le centre culturel Blonba.