Décès de Salif Keita : l’indomptable dompté par la mort

« O jovem preto é um technico prodigioso » (En portugais brésilien, « le jeune Noir est un technicien prodigieux »), s’est écrié au sujet de Salif Keita, le Roi des rois du football, Edson Arantes do Nascimento dit Pelé, à l’issue d’un match de gala ayant opposé lSantos Futebol Clube (de l’État de São Paulo) de Pelé à une entente Saint-Étienne – Olympique de Marseille, le 31 mars 1971 au stade Yves-du-Manoir de Colombes (Banlieue de Paris), rencontre organisée au profit de l’Association pour le développement de la recherche sur le cancer. Ce jour-là, les observateurs affirmèrent que le jeune malien de 25 ans a volé la vedette à Pelé en réalisant un match d’anthologie.

Salif était alors au summum de sa carrière de footballeur. Un an auparavant, il venait d’obtenir le 1er Ballon d’or africain, variante du Ballon d’or de l’hebdomadaire français France Football, destiné à consacrer le meilleur joueur en Europe jusqu’en 2007, date à partir de laquelle le Ballon d’or récompensera le meilleur joueur au monde, sans distinction de championnat ni de nationalité. Pour mémoire, George Weah, actuel Président du Liberia, demeure le seul africain à avoir obtenu le Ballon d’or, en 1995. La saison 1970-1971 est considérée comme étant l’âge d’or du jeune prodige malien, avec 42 buts inscrits, derrière Josip Skoblar (Olympique de Marseille OM), footballeur croate et international yougoslave détenteur du record inégalé de buts marqués en une saison en France avec 44 réalisations.

D’autres sommités ont magnifié le talent hors du commun du plus célèbre footballeur du Mali à ce jour. L’un des plus grands connaisseurs, Mawade Wade, « Ma » pour le monde du football sénégalais, entraîneur aux idées d’avant-garde dans les années 1960, partisan d’un jeu offensif et créatif, esprit lucide et courageux, militant panafricain actif, était fasciné par la pureté de la technique de Salif. Il disait qu’il était, avec Pelé, le seul capable d’une double détente en l’air, prouesse qui illustre merveilleusement la souplesse féline du prodige de Wolofobugu. « Si Salif était brésilien, il aurait été l’égal de Pelé » maintenait mordicus son emblématique entraîneur de Saint-Étienne, Albert Batteux !

Allure féline ! Tant et si bien qu’à Saint-Etienne, à cause de sa gestuelle digne des virtuoses de la chorégraphie, sa conduite de la balle, attachée à ses pieds par un fil invisible, ses dribbles, arabesques inimitables tout en chatoiements, sa vitesse fulgurante, sa précision de tireur d’élite, aussi bien dans les passes décisives que pour affoler les meilleurs gardiens de but, on l’appela « La Panthère noire », appellation qui finit par convaincre les dirigeants de l’Association sportive de Saint-Étienne (ASSE) d’en faire l’emblème de leur club.

La classe éclaboussante de Salif faisait l’unanimité. En 1996, il reçoit l’Ordre du Mérite de la FIFA, la plus haute récompense de cette organisation. Il reste à ce jour le seul joueur africain à avoir reçu un tel hommage. En dehors des coupes nationales glanées au Mali et en Europe (France, Espagne, Portugal), Salif n’a pas eu la chance de soulever d’autres trophées de renommée internationale ! Et alors ! Cela ne saurait suffire à oblitérer l’immensité de son génie, qui le place au niveau des plus grandes gloires du football international comme Pelé du Brésil, Johan Cruijff des Pays-Bas, Eusébio da Silva Ferreira, Portugais d’origine mozambicaine, Diego Maradona d’Argentine et bien d’autres.

Avec ses petits yeux enfouis dans leurs orbites et sa silhouette fluette, qui a fini par être trahie par le poids des ans, Salif avait un regard dérobé. D’aucuns seraient tentés de le trouver timide ! Certes ! L’homme n’était pas exubérant. Son instinct de protection donnait l’impression qu’il scrutait sans cesse le sol, évitant ostensiblement les regards. D’une sensibilité à fleur de peau, il fuyait les contacts encombrants et apparaissait comme un écorché vif.

Réservé, toujours sur ses gardes, il semblait en permanence, à tort ou à raison, s’attendre à être agressé. Il avait peur de prendre des coups, qui sont souvent la rançon du succès. Et il en prenait quand même. Mais comment être au sommet et prétendre échapper à l’envie, voire à la jalousie, de quelques malintentionnés d’ici et d’ailleurs ?

Certains n’hésitaient pas à le qualifier imprudemment de sournois. Et pourtant, quelle délicatesse, quelle chaleur humaine quand il acceptait de se laisser apprivoiser ! Un vrai boute-en-train, au sourire soyeux, un sourire qui pouvait se transformer soudain en un éclat de rire puisé du fond de la gorge.

Salif était l’illustration de la nonchalance. Quel tricheur lors des séances d’entraînement ! Les bras ballants, maugréant sans cesse du haut de son 1,76 m, il paraissait s’ennuyer, accablé par les exigences imposées par la préparation physique du sport de haut niveau. « Personnellement », confiait-il volontiers, « je n’ai jamais aimé les entraînements ». Mais une fois sur le terrain, émoustillé, comme s’échappant d’une hibernation cryogénique, il devenait impossible de l’arrêter.

Salif avait pour le Mali un attachement obsessionnel. Son intime, fidèle parmi ses plus fidèles amis, Karim Balo, confesse que lorsque la nouvelle de l’arrivée en janvier 2013 des djihadistes à Konna, dans la région de Mopti, a commencé à se répandre, Salif était soudain si ulcéré qu’il ne pouvait pas retenir ses larmes. Cet amateur de tô et surtout de sauce d’arachide, en bon Malinké, respirait le Mali par ses pores. Toutefois, il n’a jamais cherché à descendre dans l’arène politicienne. « Je suis très politique », disait-il en 2005, « mais je n’en fais pas » (Tiré du quotidien sportif français l’Équipe du 3 mars). Cela ne l’empêchera pas d’être ministre délégué auprès de son ami, Zoumana Sacko, Premier ministre de la Transition version ATT, en 1991. Affable et respectueux des autres, Salif détestait la violence, dans la vie courante et sur le terrain, qu’elle soit exercée sur lui et sur ses partenaires ou sur ses adversaires. De même, l’homme n’affectionnait pas les pratiques occultes. Il lui arrivait d’éviter de serrer les mains par crainte qu’on ne lui jette un mauvais sort.

Que serait Salif sans son génie protecteur Ousmane Traoré, dit « Ousmane-bléni », un magicien dans le maniement du ballon qui l’a toujours couvé sur le terrain en lui servant des passes-caviar décisives ? Salif a étrenné à 16 ans sa toute première sélection en équipe nationale, en novembre 1963 lors des Jeux des nouvelles forces émergentes, ou Games of the New Emerging Forces (GANEFO), une compétition multisports calquée sur le modèle des Jeux Olympiques destinée aux « Nations émergentes » à l’inspiration du Président Soekarno, premier Président de la République d’Indonésie, figure de proue du mouvement des Non-alignés.

Lors de la rencontre avec le pays-hôte au stade de Jakarta, au sortir des vestiaires, devant la clameur de près de 90 000 spectateurs surexcités, on raconte que Salif fit quelques pas en arrière, comme pour s’échapper. Ousmane Traoré (28 ans), d’un geste autoritaire, lui intima l’ordre d’avancer. Les deux avaient des destins liés au Real de Bamako. En plus de Salif, les dirigeants de l’ASSE voulaient également Ousmane Traoré qui, estimant qu’il était « vieux », déclina l’offre.

Salif n’aimait pas perdre. À la finale de la première Coupe des pionniers, son équipe de Wolofobugu fut battue in extremis 1-0 (Un pénalty) par Bagadadji. Il faudra toute l’ingéniosité d’un responsable politique pour que Salif accepte tellement il était effondré. Pour Gaoussou Keita, son frère de deux ans de plus, entre autres traits dominants de Bafoufou, sobriquet pour Basalifou donné par la tante maternelle Founé Traoré, son aversion pour le mensonge, synonyme pour lui de trahison.

Salif a toujours joui d’une grande popularité, non seulement au Mali mais bien au-delà des frontières nationales. Il y a plusieurs années, le Burkina fit frapper un timbre postal à son effigie. À Cergy Pontoise, dans le nord-ouest de la région Île-de-France, et à Saint-Étienne, deux stades lui sont dédié. Il va sans dire que Salif Keita, parti désormais jouer avec les étoiles, sera immortalisé par la Nation reconnaissante. « Fleur-tou » à Wolofobugu, à peine quelques centaines de mètres carrés au milieu d’une trentaine d’arbres, qui berça les premiers pas de ce surdoué, pourrait s’appeler désormais « Place Salif Keita ».

Salif Keita : les obsèques de la légende auront lieu ce mercredi 6 septembre

Le footballeur Salif Keita est décédé samedi 2 septembre à l’âge de 76 ans dans une clinique privée à Bamako des suites de maladie. Le gouvernement de la transition a dans un communiqué rendu hommage à celui qui était affectueusement appelé Domingo. « Par cette disparition, le Mali perd un de ses dignes fils qui a fait rayonner le football malien sur la scène nationale, africaine et internationale » peut-on lire dans le communiqué. Les obsèques de Salif Keita auront lieu ce mercredi 6 septembre. Salif Keita a marqué de son empreinte le football, avec un héritage immense. Il commence sa carrière dans les années 1960 avec les Pionniers de Ouolofobougou avant de s’engager avec l’AS Réal de Bamako. Avec un impact immédiat sur le club, Keita rejoint par la suite le Stade malien de Bamako. Avec les Blancs de Bamako, il dispute et perd la finale de la première édition de la ligue des champions de la CAF. Après ses échecs, très convoité, il s’envole vers la France pour signer avec l’AS Saint-Etienne en 1967 à l’âge de 23 ans. Avec les Verts, il a été champion de France à trois reprises (1968, 1969, 1970) et deux fois vainqueur de la coupe de France (1968, 1970) avant de partir à Marseille en 1972. « La Panthère Noire s’en est allée, emportant avec elle un morceau de notre club », a réagi l’ASSE sur X (anciennement Twitter, ndlr), dont Salif Keita demeure le troisième buteur de son histoire. 142 buts en 186 matchs. En 1970, il est devenu le premier lauréat du Ballon d’or africain. Au Mali, Salif Keita avait été sélectionné 13 fois dans l’équipe nationale et a marqué 11 buts. En 1991 et 1992, il avait été désigné ministre délégué auprès du premier ministre chargé de l’initiative privée dans le gouvernement malien de transition. Salif Keita a également été président de la fédération malienne de football de 2005 à 2009. Salif Keita a pris sa retraite de footballeur en 1980 après avoir joué à Valence, au Sporting Portugal et au New England Tea Men aux Etats-Unis.

Salif vs Seydou : lequel des deux Keïta est le meilleur footballeur malien ?

« Domingo », premier Ballon d’or africain, et « Seydou Blen », meilleur buteur de la sélection nationale, ont marqué à des époques différentes le football malien. Suivant l’analyse des périodes, des compétences et des palmarès, lequel a plus impacté le football au Mali ?

Entre premier ballon d’or africain et le footballeur le plus titré de l’histoire du Mali, entre le triple champion de France et le triple champion d’Espagne, entre le double finaliste des Jeux africains 1965 et de la CAN 1972 et le double vainqueur de la Ligue des champions d’Europe (2009 et 2011), lequel est le meilleur joueur de tous les temps du Mali ? Difficile de faire une comparaison, saugrenue diront certains, car comment mettre face à face dos deux époques différentes, deux postes de jeu distincts et des coéquipiers au talent divers ? Le débat est néanmoins générationnel.

En off, pour les plus anciens observateurs du football malien,  « il n’y a pas de débat. Salif est le meilleur ». A contrario, pour les plus jeunes, « l’élève Seydou Blen a dépassé son maitre Domingo ». « Il est difficile de comparer les deux. Ils étaient tous de grands joueurs », relativise Kidian Diallo. Pour cet ancien capitaine des Aigles du Mali (1967 à 1975), la différence est que « Salif a appris le football sur le tas. Il n’y avait personne pour l’initier au jeu, alors que Seydou est passé par des centres de formation et a joué à une époque où le football était plus collectif. D’où la difficulté à  les comparer », explique M. Diallo, ancien coéquipier de Salif.

Au firmament

Les atouts de l’ancien de Saint-Étienne ? « Son agilité, sa rapidité et sa technique », témoignent ses anciens partenaires. En 1972, l’attaquant a conduit le Mali à sa première finale de CAN. Même si le match s’est soldé par une défaite, aucune génération après lui n’a pu attendre ce niveau dans cette compétition.

Autant d’atouts qui convainquent Moctar Sow, Président de l’Union nationale des anciens footballeurs du Mali (UNAFOM), que « Salif, au-delà du Mali, surtout en Afrique, fait partie des trois meilleurs joueurs de tous les temps ».

Plus fort, le journaliste sportif Alassane Souleymane, ancien candidat à la présidence de la FEMAFOOT, affirme que Salif est ancré « aux premières loges de l’histoire des footballeurs noirs avec Pelé ».

Seydou, recordman des sélections (102) avec les Aigles, a aussi des arguments à faire valoir. Avec la qualité technique de son pied gauche, il a mené le Mali à la troisième place de la Coupe du monde des moins de 20 ans en 1999. Il terminera la compétition meilleur joueur, devant un certain Ronaldinho.

Plus de 10 ans plus tard, en tant que capitaine, il aidera le Mali à obtenir deux médailles de bronze aux CAN 2012 et 2013. Meilleur buteur de l’histoire des Aigles avec 25 réalisations, l’ancien joueur du FC Barcelone est aussi auréolé pour sa capacité a joué défensif et offensif au milieu de terrain. C’est dire la difficulté de mettre l’un des Keïta au firmament du football national.

Pour Alassane Souleymane, l’équation est simple : « pour le palmarès en club, Seydou l’emporte, en sélection, Salif gagne. Seydou a certes remporté l’un des plus prestigieux trophées du monde (la Ligue des champions) mais Salif, quant à lui, a donné à l’équipe nationale du Mali sa plus belle médaille en compétition : celle en argent à Yaoundé en 1972 ».

Salaha Baby : « Je suis prêt à collaborer avec tous ceux qui ont des initiatives porteuses »

Une nouvelle fois candidat à la présidence de la FEMAFOOT (29 août) Salaha Baby, président de la ligue de football de Tombouctou, sa région natale, se confie dans cet entretien sur sa vision du football malien et sa stratégie de sortie de crise.

Vous êtes une nouvelle fois candidat à la présidence de la FEMAFOOT. Qu’est-ce qui a changé depuis deux ans et la dernière élection invalidée ?

Je pense que le principal problème qui avait conduit à l’invalidation de la dernière élection était l’identification des délégués légitimes à l’Assemblée générale. Aujourd’hui, j’estime que le Comité de normalisation (CONOR), en collaboration avec la FIFA (Fédération internationale de football association), est parvenu à résoudre ce problème. Nous venons de sortir de deux assemblées générales et le problème de délégué semble être derrière nous.

Nous avons également le CONOR, qui semble être un arbitre sérieux. La dernière fois, le Comité exécutif était juge et partie. La Commission électorale qu’il avait mise en place était partisane. Voilà des changements notoires qui font que cette élection est très différente de celle qui a été invalidée.

Beaucoup d’espoirs se fondent sur cette élection afin que la crise du football malien vive un terme définitif. Les partagez-vous ?

Sincèrement, je pense la même chose et chacun des candidats doit mettre du sien pour que les espérances de nos compatriotes soient comblées. Si toutes les dispositions statutaires pour l’élection des membres du Comité exécutif sont respectées, je pense qu’une partie de cette crise sera résolue. Il restera aux différents acteurs à consolider tout cela.

L’assemblée générale du 15 juin a mis à nu des dissensions persistantes, en dépit des déclarations de bonne foi. Peuvent-elles resurgir à l’issue de l’élection ?

Il y a des questions de principe sur lesquelles les uns et les autres ne sont pas d’accord, mais ces questions ont été tranchées par les textes. Il n’y a donc pas de soucis à se faire à ce niveau.

Seriez-vous prêt à tendre la main aux autres candidats, si vous êtes élu, afin de cheminer ensemble ?

Je pense que tous les candidats sont des acteurs du football et, pour atteindre les objectifs que je me fixe pour le bonheur du football malien, l’accompagnement de tous ces acteurs est indispensable. Je suis prêt à collaborer avec tous ceux qui ont des initiatives porteuses pour notre football.

Quelles sont les grandes lignes de votre programme pour la présidence de la FEMAFOOT ?

Les grandes lignes de mon programme, que je mettrai en œuvre pour le bonheur de notre football si je suis élu, sont l’harmonisation des textes régissant le football au niveau de tous les membres de la FEMAFOOT; la réorganisation des clubs, associations et centres de formations; la mise en place de la Ligue professionnelle de football; la mise en place d’une véritable Direction technique nationale en charge de la politique de formation; la recherche de financement adéquat pour notre football; le développement des infrastructures; l’optimisation de la gestion des sélections nationales, pour des résultats meilleurs et l’instauration d’un climat convivial et d’une entente vertueuse entre les dirigeants et entre les autres acteurs du football.

Selon vous, à quoi doit ressembler le travail d’un Comité exécutif post CONOR ?

Pour moi, le travail post CONOR doit se focaliser sur l’instauration d’un climat de confiance entre les différents acteurs. Il faudra tirer les leçons de l’expérience du passé et faire du respect des textes une priorité absolue. Et également faire preuve d’une gestion transparente des maigres ressources de notre association.

Musique : Production d’albums en panne

Au Mali, il existe des artistes de renom, comme Salif  Keita ou Oumou Sangaré. Leurs productions sont vendues au-delà du continent. Ces dernières années, face à l’incursion des nouvelles technologies, beaucoup d’artistes se contentent de titres au lieu d’albums. Et, pour survivre, il faut s’adapter.

Dans le milieu artistique, le constat du ralentissement de la production est notoire. Les grandes voix qui jadis émerveillaient par leurs compositions se font de plus en plus discrètes. Seules quelques-unes continuent de tenir leur public en haleine.  Mais les ténors résistent au vent des nouvelles technologies. Avec son ultime album, « Un autre Blanc », paru fin 2018, Salif Keita réaffirmait son omniprésence sur la scène musicale. En 2017, c’est la diva du Wassoulou, Oumou Sangaré, qui sortait un opus intitulé « Mogoya », se maintenant dans la liste des rares artistes maliens à faire encore des albums.

Yeli Fuzo explique les causes de cette pénurie de productions. « Avant, c’étaient les K-7, puis les CD, qui se vendaient et généraient des millions. Aujourd’hui, le concept d’album n’existe plus. Vous sortez un son et immédiatement le public y a accès », observe celui dont le dernier album, « Best of date », est sorti en 2019. Selon lui, les artistes pouvaient avant gagner de l’argent avec leurs CD, « mais aujourd’hui ce n’est plus le cas ». Internet a changé les façons de faire et offre des alternatives incroyables. « Aujourd’hui, quand un artiste sort un titre, il suffit qu’il fasse cent millions de vues pour avoir de l’argent. Plus les gens voient tes productions sur Youtube, plus on te paie », souligne l’ancien animateur de l’émission « Allo Kledu ».

Le marasme actuel s’explique aussi par l’absence de perspectives de retombées pour les artistes. « Pour sortir un album, il faut que le producteur ait une relative certitude qu’il va avoir une vie. Avec la réalité actuelle, cette certitude est de zéro au Mali », explique Alioune Ifra N’Diaye, opérateur culturel et Président de la Fédération des artistes du Mali. Selon lui, « la vie des albums de Salif Keita et Oumou Sangaré a lieu en dehors du Mali ». Le directeur de Blonba estime que les nouveaux outils technologiques sont des opportunités à exploiter. « Il faudra travailler à l’adaptation systémique de l’environnement malien de la culture à cette réalité technologique et économique. Il ne faut se leurrer, le monde est en train de radicalement changer sous nos yeux », alerte-t-il, ajoutant « il faut qu’on arrête de se laisser happer par ses conséquences négatives ».

Festival de Sélingué: Une septième édition inédite

La septième édition du festival international de Sélingué se tiendra du 5 au 7 avril prochain. Trois jours durant, artistes de renoms, créateurs de talents magnifieront de leurs talents cette édition présentée déjà comme « inédite ».

Dans la même lignée que les éditions précédentes, la mode et la musique seront à l’honneur pour cette édition que les organisateurs présentent comme ‘’inédite’’. « Le festival international de Sélingué est à sa septième année, sept ans dans la vie d’un festival ce n’est pas beaucoup, mais cela démontre le sérieux et la régularité de cet évènement », assure Ibrahim Coulibaly administrateur délégué du festival. Six éditions au cours desquelles Sélingué s’est imposé, à l’instar du festival sur le Niger comme l’un des évènements à ne pas rater. Pour satisfaire les milliers de festivaliers attendus, l’organisation n’a pas lésiné sur les moyens. Le monstre sacré de la musique malienne Salif Keita et la diva sénégalaise Viviane Chidid seront les têtes d’affiche de cette septième édition. À leurs côtés, des valeurs sures telles le burkinabé Floby et le Prix RFI découverte 2017 M’Bouillé Koité, enivreront le public.
Des débats autour du thème annuel « arts urbains et le changement socioéconomique » sont également au programme. Au-delà de la musique et de la confrontation des idées, la mode sera à l’honneur. Quatre stylistes dont notamment Raky Thiam, Fousseiny Traoré présenteront leurs collections à travers des défilés organisés pour l’occasion. « Cette septième édition sera une édition de concrétisation et de capitalisation de nos acquis », a-t-il dit, Ibrahim Coulibaly
Innover pour exister
Elle est essentielle. Très critiqué à l’issue des précédentes éditions, pour de nombreux couacs notamment. Après une remise en question, les organisateurs ont décidé de la mue de l’évènement. Le festival ne se fera que sur un seul site cette année. De fait, les adeptes des ‘’after’’ n’auront plus besoin de quitter le site du festival afin d’étirer leur soirée. « En matière événementielle, il ne faut pas innover pour innover, mais il faut faire dans le but d’apporter un plus aux festivaliers » explique Coulibaly.