Soumeylou Boubeye Maïga : où en est sa demande d’évacuation ?

Après son placement sous mandat de dépôt, le 26 août 2021, la santé de Soumeylou Boubeye Maiga s’est détériorée au fil des mois, selon ses proches. Suite à plusieurs demandes de sa famille et de ses avocats, l’ancien Premier ministre a été transporté d’urgence le 15 décembre 2021 dans une clinique privée de Bamako. Par la suite, la demande d’évacuation vers l’étranger demandée par son équipe médicale est restée jusque-là sans réponse favorable.

Dans un communiqué, le 23 décembre 2021, la famille de Soumeylou Boubeye Maïga alertait sur la grave détérioration de son état de santé et interpellait les autorités à différents niveaux pour qu’elles répondent à l’urgence de donner leur accord et d’éviter à tous une « situation irréparable ».

Elle faisait savoir par la même occasion que le rapport établi par l’équipe médicale, dont les autorités étaient saisies, soulignait que son pronostic vital était engagé à court terme. « L’équipe médicale pluridisciplinaire qui l’a pris en charge, à la suite de différents examens, a fait le constat de la gravité de son état et conclu à l’impérieuse nécessité de son évacuation à l’étranger afin de pouvoir procéder aux examens complémentaires indispensables à son traitement et nécessitant un plateau technique adapté, inexistant au Mali ».

Statu quo

Suite à cette demande d’évacuation, la justice a demandé une contre-expertise concernant le rapport établi par l’équipe médicale de Soumeylou Boubeye Maïga et un Conseil de santé relevant du gouvernement a été mis en place. Il s’est réuni le 15 janvier 2022 et a rendu ses conclusions, lesquelles, à en croire Issa Diarra, le Secrétaire général de l’ASMA-CFP, formation politique que préside Soumeylou Boubeye Maïga, confirment celles du premier rapport établi par l’équipe médicale.

« Même si ce rapport n’est pas officiel, l’information a été donnée aux plus hautes autorités pour les dispositions à prendre. Cela fait quelques jours, mais il n’y a pas encore eu de réponse. La demande d’évacuation reste stationnaire », confie M. Diarra.

« Ampliation du rapport a été faite au Premier ministre et au Président de la transition mais il n’y a pas eu de suite. C’est vrai qu’il y a des aspects politiques dans cette affaire et je pense que ce n’est pas seulement l’administration sanitaire qui va avoir le dernier mot. À mon avis, c’est à ce niveau qu’il y a un blocage », poursuit celui qui plaide pour que la situation de l’ancien Premier ministre soit vue sous un aspect humanitaire et sanitaire. Les autorités de la transition se refusent à tout commentaire sur le sujet.

« À notre avis, si on lui reproche des choses économiques, tout le monde aura intérêt à ce qu’il soit en bonne santé pour en répondre devant la justice. Mais aujourd’hui nous nous demandons qui a intérêt à ce qu’il ne se rétablisse pas pour que la vérité ne jaillisse pas », soupire le Secrétaire général.

À l’en croire, l’état de santé du Président de l’ASMA-CFP est toujours préoccupant un mois et demi après son admission en clinique, même s’il reconnaît que cette hospitalisation permet de stabiliser un peu son état.

Appel aux autorités

Depuis le début, de l’incarcération de Soumeylou Boubeye Maïga jusqu’à la détérioration de son état de santé, son parti a multiplié les manifestations de soutien à son égard et alerté maintes fois sur l’urgence de son évacuation sanitaire vers l’étranger.

Outre le Président de la transition et le Premier ministre, les responsables du parti ont interpellé les Présidents des différentes institutions du Mali, les leaders politiques et religieux, les familles fondatrices de Bamako et toutes les autorités morales pour s’impliquer activement afin que la demande d’évacuation sanitaire aboutisse.

« Tant qu’il est malade, nous n’allons pas l’oublier. Nous demanderons toujours ce qu’il y a lieu de faire. Nous exploiterons toutes les voies et moyens possibles pour qu’on puisse le soigner », affirme Issa Diarra

Pour rappel, Soumeylou Boubeye Maïga, incarcéré dans l’affaire dite de détournement des équipements militaires et l’achat de l’avion présidentiel, attend toujours son procès.

L’énigmatique Soumeylou Boubeye Maïga

Depuis sa nomination à la tête du gouvernement fin décembre 2017, et sa reconduction après la réélection du président Ibrahim Boubacar Keïta, en août 2018, le président du parti ASMA-CFP, Soumeylou Boubeye Maïga, est sous le feu des projecteurs. Acteur du mouvement démocratique, « SBM » jouit d’un certain respect et ses interventions font écho. Diplomate et affable, ses détracteurs lui reprochent pourtant son « autoritarisme », alors que son parti entame une ascension fulgurante.

« Tigre, stratège, manipulateur, patriote, habile, figure politique », les qualificatifs ne manquent pas pour désigner l’actuel Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga (SBM), âgé de 63 ans. Son maintien par le Président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) après l’organisation d’une élection longtemps donnée comme incertaine n’a pas étonné. Depuis, le chef du gouvernement, revigoré par cette marque estime, est sur tous les fronts, dont celui de la sécurité et de la réaffirmation de l’autorité de l’État. Mais le décompte des victimes des tueries au centre et au nord du pays, ainsi que les attaques contre les forces armées maliennes noircissent ce tableau. Si le pays s’extirpe tant bien que mal de l’abîme, les assurances d’une résolution prochaine de la crise sécuritaire sont timidement accueillies. Pourtant, le « joker » d’IBK est à l’œuvre, multipliant les déplacements dans les régions du nord du Mali, Mopti, Kidal, Gao ou encore Tombouctou, plus récemment, montrant ainsi la volonté du Premier ministre d’occuper le terrain en collant aux préoccupations des populations. Sur d’autres sujets, comme le projet de loi d’entente nationale, le découpage administratif ou l’interdiction de manifester, « le Tigre », comme on le surnomme depuis les années 1990, montre toujours la même détermination.

Considéré comme l’un des principaux artisans de la réélection d’IBK, ce journaliste de formation est un homme à la fois séduisant et craint. Pendant près de trente ans, cet ancien syndicaliste a accumulé une grande expérience politique. Acteur du mouvement démocratique, d’apparence mesuré, il a eu à démontrer son audace à de nombreuses reprises, comme ce jour de 1986, cinq ans avant la chute du Président Moussa Traoré, où le jeune Soumeylou, tout fraichement diplômé du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de Dakar, affichait sa révolte contre le système de l’époque. Lors de la conférence sociale restée dans les annales, SBM dénonce publiquement et sans ménagement la gestion catastrophique du pays, et ce sous le regard médusé de Moussa Traoré.

Chef de cabinet du Président Alpha Oumar Konaré en 1992, puis successivement directeur général de la sécurité d’État et ministre de la Défense, SBM a été candidat malheureux lors des primaires de l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA) en 2002, avant de connaître une première traversée du désert sous ATT, qu’il avait pourtant appuyé au détriment de Soumaïla Cissé, le candidat de son propre parti. Son retour en grâce intervient en 2005, lors de sa nomination comme Président du conseil d’administration de l’Agence pour l’emploi des jeunes (APEJ) en 2005, avant d’occuper le poste de ministre des Affaires étrangères en 2011 jusqu’au coup d’État de mars 2012, qui le verra détenu plusieurs jours par la junte militaire. Après l’élection d’IBK en 2013, qu’il a soutenu dès le premier tour, « Boubeye », comme on l’appelle le plus souvent, est de nouveau nommé à la Défense, jusqu’en mai 2014, suite à la débâcle de l’armée à Kidal. Cette seconde traversée du désert sera plus courte, puisque le président de l’Alliance pour la solidarité au Mali (ASMA – CFP), parti créé en 2007 après sa dissidence de l’ADEMA, sera nommé Secrétaire général de la Présidence en août 2016 avant de devenir Premier ministre fin 2017, en remplacement de son « frère ennemi » Abdoulaye Idrissa Maïga, et au grand dam de Bokary Treta, président du Rassemblement pour le Mali (RPM), à qui le poste semblait promis. « Il connait bien le nord du pays et de tous les Premiers ministres d’IBK, il est le plus politique. Il a une vision nationale de la situation, ce qui lui permet de faire des avancées dans la résolution de la crise du nord », estime Perignama Sylla, secrétaire général du parti Bara.

 

« Le Tigre » sur le front

Le 14 décembre, Soumeylou Boubeye Maïga, en compagnie de certains ministres, se rend dans la Cité de 333 Saints. Une ville martyre, qui vit au rythme de l’insécurité récurrente. Pour rassurer les populations, déboussolées par des assassinats et autres vols de véhicules, le chef du gouvernement annonce le déploiement prochain de 350 éléments, répartis entre la police, la gendarmerie, la garde nationale et la protection civile. « Afin de ramener la paix et la sécurité, un corps de gardes-frontières sera créé et les moyens logistiques renforcés », affirmait celui dont l’expertise dans le domaine de la sécurité est reconnue. Et d’ajouter : « lorsque nous sommes loin, il y a beaucoup d’approches qui ne correspondent pas à la réalité du terrain, ni aux attentes des populations. Chaque fois que nous nous déplaçons avec des membres du gouvernement, nous avons une perception beaucoup plus réaliste des priorités ». « Grâce à lui, certaines mesures sécuritaires ont été prises, car il connait bien l’outil pour avoir été ministre de la Défense et chef d’un service de renseignements », témoigne Abdoulaye Tamboura, docteur en géopolitique. « Il a les capacités pour comprendre ce pays », ajoute-t-il. Homme de réseaux, Boubeye peut en effet compter sur l’appui de nombreux partenaires du Mali, notamment la France et l’Algérie, pays où il a effectué sa première visite en tant que Premier ministre.

Deux semaines plus tôt, SBM s’était rendu à Gao, dans le nord du pays, pour sonder la situation des populations. Malgré la militarisation de la ville, les attentats, assassinats et braquages se multiplient. Sur place, ce natif de la région annonce, entre autres, le redéploiement de 300 agents de sécurité et la dotation d’un nouveau commissariat. Sans détours, Soumeylou Boubeye Maïga interpelle la population sur sa responsabilité, indispensable pour contribuer à sa propre sécurité. Profitant de cette occasion, ce vétéran de la politique malienne a exprimé son incompréhension face à l’empêchement, dans la ville, de la tenue des concertations sur le découpage administratif.

Bien avant la Cité des Askia, c’est la région de Mopti, épicentre des violences armées, qui a nécessité certaines mesures gouvernementales. Entre conflits communautaires, multiplications des milices et activisme des djihadistes, la région est au bord de l’embrasement. L’ancien ministre de la Défense (2000-2002 et 2013-2014) y avait promis, le 11 février dernier, un renforcement des effectifs militaires. Face à la gravité de la situation, il avait même menacé les semeurs de troubles, tout en leur laissant le choix de la paix. « C’est le moment de choisir son camp. A tous ceux qui ont des informations sur les terroristes, c’est le moment de les donner. Nous ferons tout pour récupérer tous ceux qui sont récupérables, et nous combattrons ceux qui devront être combattus », a t-il martelé. « Il tient le langage de la vérité. Nous l’avons suivi depuis l’ADEMA parce que c’est un homme capable et qui a des idées », se souvient Cheick Diallo, secrétaire administratif chargé des structures de l’ASMA et compagnon de route. Le 13 octobre, il était à Tenenkou et à Togoré-Coumbé. Une manière d’affirmer l’autorité de l’État dans cette localité sous embargo des djihadistes depuis des mois. Mais ces annonces n’ont permis de limiter ni les actes d’hostilité envers l’État, ni les tueries. « Il montre qu’il a une certaine maitrise du terrain, ce qui est probablement rassurant pour les forces de défense et de sécurité, mais aussi pour les populations, qui voient en lui un responsable soucieux du terrain », avance Docteur Fodié Tandjigora, sociologue et enseignant chercheur à l’Université des lettres et des sciences humaines de Bamako. Ce dernier s’interroge pourtant sur l’impact de ces mesures. « Est-ce que tout cela a des répercussions réelles et matérielles sur le terrain? C’est de cela que les populations ont besoin dans ces localités d’insécurité », estime-t-il.

 

Un personnage « de l’ombre » 

Après la débâcle des forces armées à Kidal en 2014, suite à la visite controversée du Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, Soumeylou Boubeye Maïga démissionne. Il fait les frais d’une mission à l’issue dramatique. Il fera ensuite profil bas, cultivera ses réseaux au Mali comme à l’étranger, tout en maintenant son soutien à IBK, convaincu qu’il reviendrait. De secrétaire général de la présidence, il grimpe les échelons jusqu’à devenir chef du gouvernement. « Il s’est imposé par la force des choses et est devenu au fil du temps un acteur incontournable », juge Abdoulaye Tamboura. « SBM peut avoir des défauts, on peut l’aimer ou pas, mais c’est un grand patriote, capable d’opérer de grandes réformes au Mali », affirme Cheick Diallo. Lors d’une conférence de l’opposition, le 3 juin 2018, l’ancien ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Mohamed Ali Bathily, désormais opposant, le qualifie « d’homme de l’ombre, toujours dans des affaires sombres, qu’il s’agisse de l’État ou des finances ». Quoi qu’il en soit, cet ancien élève du lycée de Badalabougou est une énigme difficile à cerner. « C’est un personnage mitigé. D’aucuns disent que c’est l’homme de l’Algérie, (…) c’est un homme de coups tordus, mais compétent », reconnait Abdoulaye Tamboura. Son professeur au CESTI de Dakar, Diomansi Bomboté, ancien conseiller à la Primature, aujourd’hui enseignant à l’école de journalisme de Bamako, garde de lui le « souvenir d’un élève brillant, doté d’une grande maturité politique. Son parcours est riche, c’est un grand volontariste. Il sait ce qu’il veut et se donne toujours les moyens pour l’obtenir », témoigne-t-il. Déjà, « il attirait l’attention par la maturité de sa réflexion et de son analyse », se rappelle Bomboté. Hier comme aujourd’hui, certains le soupçonnent des manœuvres les plus viles. « Son nom a récemment été cité dans l’affaire des deux journalistes français assassinés à Kidal. Que ce soit lui ou le président de la République, ils ont fréquenté à un moment donné de leur vie des personnalités troubles »rapporte Dr Abdoulaye Tamboura. Dans le bourbier du centre, « on l’accuse d’instrumentaliser les milices » ajoute t-il. Une thèse qui ne tient pas, pour Dr Fodié Tandjigora. « Certains pensent qu’il y a des forces spéciales infiltrées dans les milices, mais je ne pense pas que l’État puisse s’adonner à cela ou qu’il accepte d’armer certaines milices contre d’autres. L’État n’a pas intérêt à nourrir des milices qui pourraient se retourner contre lui un jour », argumente-t-il.

 

Indispensable ?

« Il n’y a pas d’homme indispensable. IBK a beaucoup de raisons de lui faire confiance, mais il n’est pas indispensable », reprend Dr Abdoulaye Tamboura. Un point de vue repris par de nombreux acteurs politiques, notamment de la majorité, qui ont fait de lui sa bête noire. « Est indispensable qui représente une force non négligeable. Ce n’est pas le cas du parti de Boubeye », assène un cadre du RPM. En attendant, le PM occupe le terrain, fort de la confiance du « chef », avec lequel « il entretient une relation, non pas d’amitié, mais de respect et d’estime mutuels », selon un proche d’IBK. « Le président n’est pas rancunier et ils ont besoin l’un de l’autre. C’est ce qui fait durer ce couple », ajoute t-il. Fort de cet avantage, et à la tête d’un gouvernement où aucune personnalité n’émerge vraiment, Boubeye n’est pas seulement actif dans le domaine sécuritaire. Lors de la journée consacrée à l’interpellation démocratique, le 10 décembre, il tacle les organisations de défense des droits de l’Homme, opposées au projet de loi d’entente nationale. Au même moment, il défend la pertinence de l’arrêté interdisant les marches et attroupements au niveau des grands axes de la capitale. Intransigeant, il parvient à calmer les ardeurs de l’opposition. Tout en se disant ouvert au dialogue. « Depuis qu’il est là, rien ne bouge en réalité, mais les autres politiques sont obligés de se taire, par ce qu’il en sait trop sur eux », pense savoir le politologue Boubacar Bocoum. Certains des acteurs de mars 91, comme Oumar Mariko du parti SADI, « se demandent aujourd’hui s’il s’agit du même homme que celui avec lequel ils ont défié la dictature de l’époque »…

La question de l’après IBK

Le parti du Premier ministre, l’ASMA-CFP, enregistre des adhésions massives depuis sa reconduction. De 4 députés en août, il en revendique désormais 21 et plus de 300 conseillers communaux, essentiellement au détriment du RPM, dont plusieurs élus ont quitté le parti car l’investiture pour les législatives leur avait été refusée. « C’est quand même extraordinaire que le parti du président perde des députés au profit de celui de son Premier ministre. Ce sont des calculs pour l’après IBK », souligne Perignama Sylla du Bara. Boubeye se garde bien d’en parler et élude systématiquement toute question portant sur 2023. Mais avec « un leader de l’opposition, Soumaïla Cissé, affaibli par sa 3ème défaite à l’élection présidentielle, et une majorité où personne n’émerge vraiment, il apparaitrait comme un candidat sérieux », prévient un diplomate en poste à Bamako. En 2007, SBM avait obtenu un très faible score lors du scrutin présidentiel. La progression de l’ASMA sur l’échiquier politique provoque la colère au sein du parti présidentiel, où beaucoup ne digèrent pas le silence d’IBK. De là à y voir un soutien déguisé pour 2023 ? « Nous n’y croyons pas, car Boubeye quittera la Primature bien avant la fin du mandat, et son parti connaîtra un reflux, tout comme le nombre de ses laudateurs », affirme un cadre RPM. Le contexte actuel donne pourtant le champ libre au locataire de la Primature. « IBK est vieillissant et sortant. Le RPM n’a pas été capable de travailler pour lui et SBM s’est mis à sa disposition, avec ses hommes et tout ce qu’il faut. Qui aujourd’hui peut lui faire de l’ombre ? », s’interroge Boubacar Bocoum.

Pour tenter de succéder au président, le Tigre doit résoudre une équation à deux inconnues : se maintenir le plus longtemps possible à son poste pour affirmer sa stature d’homme d’État, et créer un lien populaire avec les Maliens, qui le craignent plus qu’ils ne l’aiment.

 

SBM en Algérie : Nouveau souffle pour la coopération

Pour sa première visite à  l’extérieur du Mali, le premier Soumeylou Boubèye Maïga s’est rendu en Algérie les 13 et 14 janvier 2018. Chef de file de la médiation internationale dans les négociations de l’Accord de paix, l’Algérie reste un acteur majeur dans la mise en oeuvre de cet accord.

« Sur le plan bilatéral, nous avons reçu la confirmation de la volonté constante de l’Algérie de nous accompagner dans la mise en œuvre de l’Accord», s’est réjoui le premier ministre malien à l’issue de sa rencontre avec le président algérien Abdel Aziz Bouteflika. Pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord, qui semble marquer le pas, deux ans après sa signature, Soumeylou Boubèye Maïga, souhaite un accompagnement en particulier dans le processus des DDR (Démobilisation, Désarmement et Réinsertion), ainsi que la sécurisation de l’ensemble du territoire malien. Cette visite de deux jours était aussi l’occasion pour les deux pays de renforcer leur coopération, notamment sur le plan économique et aussi à  travers la façon de « trouver les formes d’une présence » de l’Algérie dans le cadre de la sécurité régionale. Une coopération économique qui est déjà  en marche, selon les autorités à  travers la présence de l’Algérie à la douzième édition de la FEBAK à  Bamako, comme invité d’honneur. Le premier ministre malien qui a annoncé la tenue d’un cadre d’échanges entre les opérateurs des deux pays d’ici la fin du trimestre, espère que les relations économiques, seront bientôt à« hauteur des relations institutionnelles».

Donner un nouvel élan

Une convergence de vue, c’est sans doute ce qui pourrait qualifier cette visite du premier ministre malien, qui a aussi rencontré son homologue algérien. Des échanges dont l’objet était de « procéder à  une évaluation de nos relations, de la situation et comment donner un nouvel élan à  nos relations afin de pouvoir avancer sur les enjeux sécuritaires qui nous concernent et sont fondamentaux pour nos deux pays », selon le premier ministre Maïga et afin que des « progrès significatifs » puissent être enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord et la sécurisation du Mali. Des souhaits partagés par le premier algérien Ahmed Ouyahia qui a réaffirmé« la solidarité entière envers le Mali et notre attachement irréversible à  la préservation de l’indépendance, de l’intégrité et l’unité du Mali».

SBM relâché après sa garde à vue parisienne

l’ancien ministre malien de la Défense Soumeylou Boubèye Maà¯ga, qui avait été placé en garde à  vue en France dans l’enquête pour corruption visant l’homme d’affaires Michel Tomi, a été remis en liberté, a indiqué samedi à  l’AFP une source judiciaire. Figure de la vie politique malienne, M. Boubèye Maà¯ga avait été interpellé jeudi et conduit dans les locaux de la Direction centrale de la police judiciaire à  Nanterre en banlieue parisienne. Comme l’a révélé l’hebdomadaire Jeune Afrique, l’ancien ministre était entendu dans le cadre de l’achat de l’avion présidentiel malien, selon une source proche du dossier. Selon Jeune Afrique, Michel Tomi serait intervenu dans cette transaction de 20 milliards de francs CFA (environ 30,5 millions d’euros). Figure du jeu en Afrique o๠il dispose de solides relais, M. Tomi a été mis en examen en juin, notamment pour corruption d’agent public étranger, faux et usage de faux, abus de confiance, recel d’abus de bien social, complicité d’obtention indue d’un document administratif et travail dissimulé. Dans cette enquête, qui avait débuté après un signalement de Trafic en 2012, les magistrats du pôle financier de Paris s’intéressent notamment aux liens entre Michel Tomi et le président malien, Ibrahim Boubacar Keà¯ta, dit IBK. Soumeylou Boubèye Maà¯ga est considéré comme un proche du président malien qui l’avait nommé ministre de la Défense en septembre 2013. Il a démissionné en mai, après une lourde défaite de l’armée face à  la rébellion touareg. Soumeylou Boubèye Maà¯ga est une figure de la vie politique du Mali o๠il a notamment servi comme chef des services de renseignements et ministre des Affaires étrangères. l’ancien ministre malien de la Défense Soumeylou Boubèye Maà¯ga, qui avait été placé en garde à  vue en France dans l’enquête pour corruption visant l’homme d’affaires Michel Tomi, a été remis en liberté, a indiqué samedi à  l’AFP une source judiciaire.

SBM : de la grande muette à la RCA

S’il y a bien deux choses qui lient le Mali et la Centrafrique, ce sont les rebelles et maintenant Soumeylou Boubèye Maiga. L’ancien ministre de la défense malien, limogé à  la suite du fiasco de Kidal le 21 Mai dernier, vient d’être nommé vice médiateur dans la crise centrafricaine par l’Union Africaine. A défaut donc de servir le Mali et l’aider à  sortir de la crise en poursuivant la réforme des forces armées, Soumeylou Boubèye Maiga va tenter d’offrir ses bons offices à  ce pays frère qu’est la Centrafrique et o๠vivait une forte communauté malienne avant l’escalade de violence perpétrée par les rebelles de la Séléka : ‘C’est à  la fois un honneur et un immense défi à  relever pour aider ce pays frère dans la phase actuelle de son processus politique et de réconciliation nationale », a déclaré l’intéressé. Politique affûté, ancien chef des renseignements, l’homme, après l’échec de l’armée malienne à  Kidal et pour lequel il a perdu son poste de ministre, devra désormais exercer ses talents sur un front tout aussi sensible que le Nord du Mali. Mais pour certains observateurs de la scène politique, cette nomination impromptue est un moyen d’éloigner Soumeylou Boubèye Maiga du landernau politique malien. En effet, suite à  sa démission, SBM avait laissé entendre que chacun devait prendre ses responsabilités, faisant sans doute allusion aux déclarations du Premier Ministre Mara lors de sa visite à  Kidal le 17 Mai 2014 et durant laquelle, 8 fonctionnaires maliens avaient été assassinés. Cette nomination est-elle un soulagement pour SBM qui s’éloignera un temps du Mali ? N’empêche, SBM reste un fin connaisseur du champ diplomatique algérien. Son expérience aurait-elle été utile dans les pourparlers inclusifs qui s’ouvrent mardi à  Alger entre le Mali et les groupes armés du Nord ? Une expérience qui aurait pu aider les parties à  la négociation ? Trop tard désormais. Le vieux renard de la politique va prendre le chemin de la Centrafrique.

L’ASMA de SBM soutient IBK

La salle de spectacles du Palais de la Culture a refusé du monde hier dimanche 21 juillet. l’Alliance pour la Solidarité au Mali-Convergence des Forces Patriotiques (ASMA-CFP) y a réuni ses militants pour annoncer son ralliement aux côtés du candidat à  la présidentielle Ibrahim Boubacar Kéita. « Nous sommes réunis pour dire à  tous les Maliens que nous sommes avec IBK, que nous sommes avec lui, car convaincus qu’il est le meilleur choix pour le Mali de nos rêves » a déclaré le président de l’ASMA, Soumeylou Boubeye Maà¯ga, dans son adresse aux militants. Autorité de l’à‰tat et reconstruction du tissu social A ses côtés, un autre chef de parti, Tiéman Hubert Coulibaly de l’Union pour la Démocratie et le Développement (UDD), également soutien d’IBK pour la présidentielle, par ailleurs, ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale. Ce dernier, dans son adresse, a rappelé qu’IBK a été depuis 2006, l’un des premiers a tiré la sonnette d’alarme quant à  la dégradation de la situation dans le nord du Mali. Il a appelé les militants de son parti à  rejoindre ceux du RPM, de l’ASMA et de la trentaine d’autres partis politiques qui ont décidé d’apporter leur force électorale au candidat IBK, qui est celui qui peut, selon lui, réunifier les Maliens. « Plus personne ne manquera de respect au Mali », a déclaré ce dernier. Ibrahim Boubacar Kéita a remercié ses sympathisants qui se sont déplacés nombreux et les a appeler à  exercer leur devoir citoyen en votant massivement le dimanche 28 juillet. « Ce qui s’est passé ne se passera plus jamais », a-t-il martelé, en ajoutant que son « principal défi sera de restaurer l’honneur du Mali ». Le meeting était animé par les artistes Fantani Touré, le groupe touareg Chet Aguena , Kamaldine de la Guinée et Baco Dagnon.