Sébastien Philippe : un historien du Mali

L’architecte-auteur franco-malien Sébastien Philippe travaille sur des projets de livres sur l’histoire du Mali, qui le passionne tant.

Le 19 juillet 2023, Sébastien Philippe a reçu des mains du Chargé d’affaires permanent de l’ambassade de France au Mali les insignes de Chevalier des Arts et Lettres. Une distinction qui vient s’ajouter à celles de Chevalier de l’Ordre national du Mali et de Chevalier de l’Ordre national du mérite français. Ces distinctions récompensent le travail, notamment dans le domaine de la culture, de ce Franco-malien installé ici depuis plus de deux décennies. Architecte et auteur, Sébastien Philippe est un homme occupé par les nombreux projets qu’il mène de front. Il travaille actuellement à la réédition de son livre « Une histoire de Bamako », en rupture de stock. Sorti en 2009, ce livre de 262 pages retrace l’histoire de la ville au travers de documents d’archives, de traditions orales et d’images inédites. « Des éléments vont changer », confie l’auteur, qui précise qu’il va ajouter un chapitre traitant de la période de 2009 à nos jours. « Ce qui me passionne dans cette histoire est qu’il y a encore beaucoup de choses à chercher et à trouver, des archives inexploitées. L’histoire de Bamako est issue de mes recherches dans les archives pour comprendre comment la ville s’est créée, comment elle a évolué, comment les quartiers se sont formés. Il y a encore des sujet de recherche ».

Un siècle d’architecture

Parallèlement à la réédition de l’histoire de Bamako, Sébastien Philippe écrit un nouveau livre qui alliera son métier et sa passion pour l’écriture. Il portera sur l’architecture malienne issue de la période coloniale dite néo-soudanaise. « Ce sera un livre épais qui va s’intéresser à l’architecture militaire et civile dans toutes les régions du Mali. Un siècle d’architecture, depuis la construction du fort de Médine, en 1855, jusqu’à l’indépendance du pays, en 1960 », dévoile l’auteur. Pour lui, ce sera aussi un devoir de mémoire. « C’est utile d’écrire, puisque cette architecture disparaît. Des bâtiments sont vendus, détruits. Au nord du pays, où l’architecture était de terre, elle a tendance à disparaître avec le temps ». Tirer les « enseignements » de cette période, notamment de la « gestion et du traitement des matériaux utilisés », motivent l’écriture de l’ouvrage. Si les projets ne manquent pas, la diffusion et la démocratisation des livres dans les écoles se posent. Ce qui permettrait aux Maliens, dont trop peu sont imprégnés de l’histoire de leur pays, d’avoir une précieuse documentation à portée de pages.

« Koulouba, le palais du Mali », l’architecture centenaire du pouvoir

L’architecte franco-malien, Sébastien Philippe, passionné par l’histoire du Mali, s’y plonge une nouvelle fois et consacre sa dernière œuvre à l’un de ses emblèmes : le palais présidentiel de Koulouba.

Installé depuis 2001 à Bamako, Sébastien Philippe s’est depuis intéressé aux origines et à la richesse de l’histoire de la capitale malienne. Des années de recherche documentaire et d’enquête ont déjà permis à ce franco-malien de produire quatre ouvrages : « Une histoire de Bamako » (2009), « La symbolique nationale du Mali » (2011), « Ségou, une région d’histoire » (2013), et enfin « Koulouba, le palais du Mali », publié aux Editions Memoria (2017). Véritable encyclopédie sur le palais présidentiel, le dernier livre de l’auteur, dédié à son ami le professeur Bakary Kamian, grand historien malien décédé en décembre dernier, retrace l’histoire de l’édifice, de sa construction à nos jours et recense, en images, les œuvres d’art dont il est l’écrin, les places dédiées aux explorateurs, gouverneurs, cités et villes martyres du Mali, mais aussi les concepteurs et constructeurs de l’édifice qui a fêté son centenaire en 2006.

Un site idéal La construction du palais au sommet de la colline de Koulouba, surnommée depuis Colline du pouvoir, a été initiée par le lieutenant Edgard de Trentinian, gouverneur du Soudan français de 1895 à 1898. Le choix du site était tout sauf fortuit. Du haut de son palais, le gouverneur français avait une vue imprenable sur la ville de Bamako, mais aussi sur la voie qui mène à la ville garnison de Kati. Il était également protégé par la hauteur des moustiques propagateurs de la pire maladie des colonies, le paludisme. Largement endommagé à la suite du coup d’état de 2012 et des incidents du 21 mai 2013, le palais de Koulouba a été rénové et rouvert à l’occasion du sommet Afrique-France que Bamako a accueilli en janvier 2017.

Pour rencontrer Sébastien Philippe et plonger dans ce voyage dans le temps à la découverte d’un joyau architectural et d’un symbole de pouvoir, rendez-vous le 7 avril 2017 (17h) à l’Institut français de Bamako.