2ème mandat d’IBK : Les fortes attentes des Maliens

Avec son investiture le mardi 4 septembre 2018, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita a officiellement entamé son deuxième mandat à la tête du Mali. Un quinquennat que le chef de l’État veut consacrer à la jeunesse. Nombreuses sont aussi les attentes d’autres secteurs-clés.

« Nous voulons que les jeunes soient responsabilisés dans les instances de prise de décision. Étant majoritaires, nous souhaiterions que le Président prête une oreille attentive à ses alliés politiques et s’implique au niveau de l’administration pour y parvenir », plaide Souleymane Satigui Sidibé, Président du Conseil national de la jeunesse. Pour lui, les jeunes ne sont pas assez pris en compte dans les organes de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. C’est pourquoi il espère une résolution définitive de cette situation au cours des cinq prochaines années de gouvernance.

Les femmes aussi

Les femmes doivent être au cœur du développement du pays, vu leur rôle essentiel dans le sous-bassement même de notre société. Elles attendent elles aussi de grandes avancées dans leur condition sous l’ère IBK II. « L’autonomisation économique de la femme est un important défi. Étant le pilier de tout, elle doit être soutenue pour se sentir à l’aise et intervenir dans la résolution des problèmes », affirme Oumou Dembélé, Présidente du Cadre de concertation des femmes des partis politiques du Mali. L’égalité du genre, une problématique sensible dans la vie de la Nation et qui tient à cœur au Président Ibrahim Boubacar Kéita, revient avec insistance dans les attentes des femmes maliennes. « Nous demandons au Président d’appliquer la Loi 052 pour la prise en compte du genre et d’y veiller à tous les niveaux », appuie pour sa part Nana Sissako, Présidente du Groupe pivot Droit et citoyenneté de la Femme. « Nous avons beaucoup d’espoirs avec cette loi pour la réduction des inégalités sociales », poursuit-elle.

L’éducation, une priorité

Le secteur de l’éducation en général, très important, n’est pas en reste. Comme le souhaite Hamida Ag Bella, professeur de philosophie à Tombouctou, « il faut une amélioration des conditions du personnel enseignant et de l’organisation même du travail, à travers la mise à disposition des enseignants et des apprenants de supports adéquats, conformes au programme officiel ». Par ailleurs, Konimba Samaké et Ousmane Sankaré, tous deux étudiants en fin de parcours, s’accordent pour appeler le Président IBK à une sécurité accrue en milieu universitaire et à la lutte contre la corruption administrative qui gangrène le secteur.

IBK veut placer la jeunesse au cœur de son second mandat

Réélu à la tête du pays pour un second mandat de cinq ans, IBK entend placer la jeunesse au cœur de son nouveau quinquennat. S’exprimant devant ses soutiens, après confirmation sans surprise de sa victoire par la Cour Constitutionnelle, le président a assuré prendre l’engagement de faire de son prochain mandat celui de la jeunesse. « Je sais ce que je vous dois. Je sais ce que ma génération vous doit. Je sais ce que ce pays vous doit » a-t-il martelé à plusieurs reprises. « Je consacrerai le principal de notre effort à votre épanouissement, en vous dotant des moyens nécessaires à votre formation, à votre émancipation, à votre réussite » ajoute-t-il. Affirmant avoir tiré de nombreux enseignements durant la présidentielle, il a appelé les acteurs politiques et la société civile à mener une réflexion profonde sur l’évolution des institutions pour améliorer le système démocratique. « Cette réflexion devra être conduite de manière large et inclusive, j’en serai le garant ».Dans cette toute première déclaration après sa réélection, le président s’est dit préoccupé par le problème écologique du pays, notamment la préservation du fleuve Niger, ce grand patrimoine en péril.

Main tendue                      

Alternant fermeté et message de paix durant son intervention, IBK s’est posé en rassembleur. Il a tendu la main au chef de file de l’opposition Soumaila Cissé, candidat malheureux à la présidentielle qui rejette les résultats de l’élection dénonçant une fraude. Ses partisans ont manifesté samedi dernier contre la réélection du président Keita. De nouvelles manifestations sont prévues après la fête de Tabaski. « Après la bataille électorale, il y a les retrouvailles » a tempéré IBK. « Pour bâtir un avenir de tous les possibles, le Mali doit pouvoir compter sur toutes ces filles et tous ces fils. Chacun aura sa place » assure-t-il.

 

Présidentielle 2018 : le camp d’IBK fête la victoire

Le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a proclamé ce jeudi matin les résultats provisoires du second tour de l’élection présidentielle. Le président IBK obtient  un score  de 67, 17% contre 32,83 pour son rival Soumaila Cissé. En attendant la validation par la cour Constitutionnelle, au QG de l’Alliance Ensemble pour le Mali, la fête bat son plein.

Après l’annonce des résultats provisoires du second tour de la présidentielle, le camp d’IBK a exulté Comme pressenti, le président IBK est sorti vainqueur de ce énième duel l’opposant au chef de file de l’opposition.

Des cris de joie, des chants, des danses, sous le majestueux immeuble servant de QG de campagne à l’Alliance Ensemble pour le Mali, le moment était festif.

« Aujourd’hui est un jour de joie.  Notre président a eu le deuxième mandat, c’est notre fierté », confie Mohamed Denon, qui participe à la célébration devant le quartier général de campagne. S’il reconnait que les cinq  premières années « n’ont pas été   facile », il croit en une transformation dans plusieurs secteurs  de la vie du pays. « Insh’Allah, il y aura des changements, l’insécurité, le chômage, tout va s’arranger », dit-il, drapeau du Mali en main.

A l’intérieur du QG, cadres et militants savourent la victoire. Des rires, des « félicitations », des accolades chaleureuses, une atmosphère bonne enfant y règne. « Il n’a pas fait tout ce que le peuple attendait de lui mais de grands chantiers ont été menés, il travaille sur la paix, le réarmement de notre armée, l’économie », souligne Alhassane Dembelé, président de l’Alliance des Nationalistes convaincus pour le Développement du Mali (ANCD Mali), un parti membre de l’Alliance Ensemble pour le Mali. Il ajoute : « Quand le président est arrivé en 2013, le pays était dans le chaos, mais aujourd’hui c’est un nouveau départ pour le Mali » dit-il, tout  enthousiaste

Même expression de satisfaction du directeur exécutif de l’Alliance EPM.  « C’est un sentiment de fierté que je ressens, parce qu’après le 1er tour  nous nous sommes mobilisés encore, et c’est  l’ensemble du peuple malien  qui a renouvelé sa confiance de Kayes à Kidal pour réélire le Président IBK », indique Mahamane Baby. Pour lui, les priorités du président sont claires. « Il s’agit de poursuivre la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, renforcer la décentralisation, les infrastructures, réviser  certains textes… », cite-t-il, regrettant une campagne « de vulgarité » menée par les opposants. « Nous nous réjouissons de cette belle image que la démocratie malienne est en train d’envoyer au reste du monde » se félicite Jeamille Bittar, vice-président de l’Alliance EPM. Pour lui, les défis restent les mêmes. « Il faut une réconciliation des cœurs et des esprits, que tous les maliens puissent apporter leur pierre pour la construction nationale », estimant que tout est prioritaire au Mali. « L’heure est au travail bien fait », conclut-il.

«  Quand on veut juger le bilan de quelqu’un il faut regarder d’où on est parti »se défend un membre de la cellule de communication, tout en reconnaissant que tout n’a pas été rose. « L’enjeu maintenant est de consolider les acquis, amplifier les réussites mais aussi corriger les manques », préconise-t-il.

En attendant les résultats de la Cour Constitutionnelle,  l’effervescence continue chez les militants qui ont réussi à travers leur expression citoyenne à maintenir IBK au palais de Koulouba.

Mme Sangaré Aminata Keita : « On ne me pardonne pas d’être une femme »

Réélue le 25 novembre 2017 à la tête de la Fédération d’athlétisme pour un second mandat, Mme Sangaré Aminata Keita, présente un séduisant CV. Après une riche carrière sportive, qui l’a vu être championne sur 100m, 200m et au javelot dans les années 1970 et 1980, Mme Sangaré a réussi une brillante reconversion. Elle a notamment été Directrice du Lycée sportif Ben Oumar Sy, du Centre d’entrainement pour Sportifs d’Élite de Kabala et du Stade Ouezzin Coulibaly. Entretien avec une dame dont les qualités et l’expérience ne sont plus à démontrer.

Vous avez été victime d’un incident le dimanche 4 mars (un camion a ravagé les locaux de la Fédération). Nous vous imaginions plus abattue ?

Les dégâts sont vraiment considérables. Cela a été un choc pour moi, d’autant plus nous venions de rénover le siège. C’est également arrivé à une période intense. Nous sommes en pleine préparation du meeting traditionnel de San et nous devons également organiser une formation à l’attention des journalistes. Cela fait maintenant quelques jours que nous ne pouvons pas travailler.

Vous avez été élue pour un second mandat. Sous quel signe le placez-vous ?

Celui de la continuité et du renouveau. Nous nous donnerons les moyens d’améliorer ce que nous avons fait durant le premier mandat et voir également ce que nous n’avons pu programmer. Nous allons organiser des formations pour les journalistes, les officiels et les athlètes. Nous avions tellement à faire lors du premier mandat que nous n’avons pas pu l’organiser à l’endroit des athlètes. Nous allons donc voir  comment sélectionner les meilleurs dans les petites catégories afin qu’ils fassent des stages ponctuel. Nous pensons également aux équipements, car qui dit grandes performances dit équipements adéquats. Il y a des disciplines que nous n’arrivons pas à faire avancer parce que nous n’avons pas les équipements qu’il faut. Les haies, le matériel de saut, les perches, nous devons en doter la fédération durant ce mandat. Nous allons également miser sur les compétitions, faire renaitre le Meeting de Bamako et pour participer au maximum de compétitions sous-régionales et internationales.

Vous êtes régulièrement prise pour cible par vos adversaires. Que vous reprochent-il réellement ?

Fondamentalement, d’être une femme. Beaucoup n’ont pas compris qu’au 21ème siècle les femmes doivent s’exprimer. Ils pensent que j’ai pris leur place alors que j’estime que j’occupe naturellement la place que je devrais occuper. Je me suis battue pour cela, je me suis fixée des objectifs et je vais travailler dans ce sens. Il y a beaucoup d’attaques, mais je pense que pour bien travailler il faut être imperturbable. Je préfère transcender cette adversité et me donner les moyens d’atteindre mes objectifs. On ne me pardonne pas le fait d’être une femme. C’est vrai qu’il n y a pas beaucoup de femmes dans ce milieu mais il faut bien commencer ! Je n’ai pas le droit d’échouer, pour ne pas décourager celles qui sont devant la porte. Si je me laisse abattre, je fermerai la porte à beaucoup de femmes volontaires.

Vous avez eu certains différends avec le ministère des Sports sous la conduite de Guindo. Le ministre a changé, vos relations ont-elles évolué ?

Il n’y avait pas vraiment de problèmes avec le ministre Amion Guindo. Nous avons eu des incompréhensions sur la gestion des compétitions. Ce n’est pas le ministre, mais les services techniques plutôt. Tout s’est aplani. C’est tout à fait normal, quand vous voulez évoluer, des frictions apparaissent, mais il ne faut pas essayer de transformer cela en conflit de personnes. J’espère que Me Jean-Claude, ancien Président de fédération, saura mieux appréhender les problèmes.

L’IAAF (Association Internationale des Fédérations d’Athlétisme) a adopté un nouveau cahier des charges pour 2018. Les qualifications pour les grandes compétitions ne se feront plus avec des minima, mais par un classement mondial. Pensez-vous nos athlètes capables de s’aligner ?

Nous n’avons pas attendu que l’IAAF procède à ce changement. Dès notre premier mandat, nous nous sommes dits que tant qu’un athlète n’avait pas sa qualification, il ne saurait prétendre au niveau international. Au début, il y a eu beaucoup d’appréhensions. Beaucoup pensaient que nous ne serions pas au niveau. Aux Championnats d’Afrique de Marrakech, nous avions onze athlètes qui avaient leusr minima. Nous allons renforcer cela et, pourquoi pas, chercher des minima au niveau mondial. Nous sommes dans cette dynamique. Pas de minima, pas de médailles. Il faut mériter sa place. Dès la semaine prochaine est prévu un stage pour les entraineurs dans ce sens.

Vous avez un très bon bilan. Comment expliquez-vous cette réussite ?

Par la motivation des athlètes. L’État malien fait aussi beaucoup, par l’octroi de primes. Les indemnités de victoire motivent les athlètes. L’athlétisme, c’est la mère de toutes les disciplines. Lorsque l’athlétisme marche bien, il y a de fortes chances que les autres disciplines aussi. Nous avons le devoir de le développer dans tout le pays.