Sécurité : une nouvelle attaque terroriste à Sévaré

Au petit matin, vers 5h20, un énorme bruit réveille les habitants de Sévaré encore endormis. Le début d’une nouvelle attaque dans la ville visant les emprises des Forces de Défense et de sécurité. Les assaillants seraient venus de Bandiagara à bord de véhicules bourrés d’explosifs en direction du camp de la garde nationale et l’aéroport de Sévaré. Ils ont été stoppé selon des témoignages au quartier Sarena où les drones de l’Armée malienne sont rentrés en action pour détruire l’arsenal des terroristes. Selon une source sur place, des hélicoptères de l’Armée ont survolé la ville dans la matinée alors qu’un ratissage était en cours. Une grande partie de la ville a été bouclée par les forces de défense et de sécurité. Plusieurs blessés, notamment des déplacés internes dont le camp se situe à proximité de la zone d’impact ont été évacués vers l’hôpital Sominé Dolo. Certaines sources citant des responsables de l’hôpital évoquent aussi plusieurs morts. L’armée a assuré avoir déjoué une attaque complexe aux environs de l’aéroport mais n’a pas encore communiqué de bilan.

Centre du Mali : deux soldats maliens tués dans une embuscade

Deux soldats maliens de la 53ème Compagnie d’Intervention Rapide (CIR), quittant Sévaré pour Konna, ont été tués, mardi 23 février, lors d’une embuscade « tendue par des Groupes Armées Terroristes (GAT) », informe l’armée malienne.

L’attaque a également fait 7 blessés qui ont tous été évacués à l’hôpital régional Somino Dolo de Sévaré.

Mali – Sévaré : Les FAMa interpellent un suspect

Les FAMa ont interpellé le 16 juin 2020 aux environs de 08 heures un suspect au rond-point central de Sévaré dans le centre du pays. L’intéressé filmait un  convoi FAMa. Deux téléphones ont été récupérés sur lui. Le suspect et les téléphones ont été remis aux éléments prévôtés.

Source: FAMa

FCG5Sahel: Nouvelle étape pour la concrétisation

On attendait depuis le sommet de juillet dernier un acte fort marquant la mise en oeuvre de la Force Conjointe du G5 Sahel. Ce dernier est arrivé le samedi dernier à Sévaré avec l’inauguration par le président en exercice du G5 Sahel du Poste de commandement.

La ville de Sévaré, située a quelques kilomètres de Mopti, au centre du Mali, est également stratégique dans le dispositif de défense du territoire du Mali par les forces armées maliennes et leurs alliés. Elle abrite donc depuis le samedi 9 septembre 2017, un autre symbole de la coopération entre les forces, sous-régionales cette fois-ci, pour assurer la sécurité, lutter contre le terrorisme, les trafics et la criminalité transfrontalière. Voulue par les cinq pays de la sous-région : Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad, la Force conjointe devrait être à terme composée de 5 000 hommes et fonctionner avec des ressources issues des pays concernés et leurs partenaires. Pour abriter le commandement de la Force, dirigée par le Malien Didier Dako, des locaux ont été mis à disposition, premier pas vers une opérationnalisation qui avance. Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a montré son optimisme face à cette étape et a assuré l’engagement ferme de ses pairs de rendre actives très rapidement les unités de cette « Force » pour assurer la sécurité et la stabilité de leurs pays.

Le QG du G5 sera en contact permanent avec des armées des cinq pays membres. Mali, Mauritanie, Niger, Burkina Faso et Tchad vont mobiliser ensemble quelque 5 000 militaires au total pour lutter contre les terroristes dans l’espace qu’ils partagent au Sahel. A en croire le Commandant de la Force, le déploiement d’un premier contingent devrait se faire d’ici la fin de l’année et le gros des troupes seront sur zones en 2018.

A noter que, outre Sévaré, la force devrait comprendre trois PC : l’un pour l’ouest de la zone à N’Beiketial, près de Nema, en Mauritanie, le deuxième pour le centre, à Niamey au Niger, et le troisième pour l’est à Wour, dans le Tibesti tchadien.

Amadou Djoum, agent de l’INPS pris en otage : Plus de cent trente jours de silence

Dans le Centre du Mali, un nouvel ordre s’est installé. Pas de loi, ni de foi, juste la terreur. Des hommes affiliés à l’illustre Amadou Kouffa y règnent en maitres incontestables. Intimidations, peur, braquages, prise d’otages, assassinats sont devenus monnaie courante dans ce cercle vicieux. Le 26 avril 2017, Amadou Ndjoum, la trentaine avancée, agent de l’INPS à Sévaré, marié et père de quatre enfants, a été enlevé par un groupe armé à Walado. Plus de quatre mois de détention ont passé dans un silence assourdissant de la part du gouvernement, malgré la mobilisation de sa famille et, depuis trois mois, d’un collectif qui œuvre à sa libération. Retour sur un fait qui dépasse l’entendement.

Cela ressemble à un fait divers, mais ça n’en est pas un. C’est plutôt un drame. Le 26 avril 2017, Amadou Ndjoum, agent de l’Institut National de Prévoyance Sociale de Sévaré, tombe dans les filets d’un groupe armé à Walado, dans la localité de Youwarou. Marié et père de quatre enfants, Amadou Ndjoum, en mission, empruntait un véhicule de transport en commun avec d’autres passagers. Ce jour-là, comme chaque mois depuis cinq ans, il s’était mis en route pour aller verser les pensions des retraités de l’Institut. Conscient de l’insécurité permanente, il avait pris l’habitude de dissimiler l’argent dans un carton, en mettant par dessus des mangues. 10 000 000 de francs CFA étaient contenus ce 26 avril dans ce coffre-fort de circonstance. Tout se passait heureusement en ce début de matinée, mais cela ne dura pas longtemps. Tout à coup, le bus fut immobilisé par des hommes armés de kalachnikovs, au nombre de trois, sur trois motos. L’un d’eux le montra du doigt en disant: « c’est lui Amadou Ndjoum ». Identifié, il fut  aussitôt appréhendé, ligoté, les yeux bandés et mis derrière l’un de ses trois ravisseurs sur une moto. Ils traversèrent avec lui la ville de Dogo en pleine journée. Contre toute attente, aucun bien, ni de Ndjoum, ni des autres passagers, n’a été emporté. Dès lors on pouvait s’interroger sur les motivations profondes de ce rapt si particulier. Pourquoi enlever cet homme au lieu de l’argent ? Quelle valeur avait-il au point d’être le seul extrait parmi tout ce monde ? D’après des informations émanant de la famille de l’infortuné, parmi les ravisseurs se trouvait l’un des fils d’un des retraités auxquels il versait leurs pensions. D’autres témoignages, recueillis auprès du frère de Ndjoum et du collectif, accréditent la thèse selon laquelle les djihadistes souhaitaient échanger l’agent de l’INPS contre l’un des leurs, détenu par les autorités maliennes. Pour l’association Kisal, il s’agirait d’un certain Dicko, qui serait, d’après des rumeurs persistantes, le beau-père d’Amadou Kouffa.

Mobilisation familiale Le jour même de l’enlèvement, vers 16 heures environ, l’un des ravisseurs appela un ami d’Amadou Ndjoum pour l’informer du rapt de ce dernier. D’ailleurs, des images de l’otage lui ont été envoyées par Viber pour prouver qu’il allait bien. Aussitôt, cet ami de Ndjoum en informa l’un de ses neveux, qui répandra instantanément la nouvelle. Aucune demande formelle de rançon n’a été formulée, ni aucune revendication ou explication de l’enlèvement. Dès le lendemain, le neveu de Ndjoum, Hamadoun Bah, s’est rendu à la gendarmerie et chez le Gouverneur pour les informer de sa disparation. Il espérait que ce fils du pays, capturé en mission, ferait l’objet d’attention de la part des autorités. Que nenni.  Plusieurs fois il s’entendra répondre « on est là-dessus ». 10 jours après la capture, le 7 avril, le neveu de Ndjoum reçoit une vidéo réalisée par les geôliers. L’agent payeur y apparait à genoux. Derrière lui se tiennent des hommes armés et enturbannés. Il s’exprime en peul, puis en bambara et en français, se disant bien portant et bien traité. Souriant, il lance un appel pressant pour sa libération. Cette vidéo a permis de savoir qu’il était séquestré par des hommes de la Katiba du Macina, qui a fusionné avec des groupes opérant dans le Sahel pour donner « Jamaat Nosrat Al-Islam Wal-Mouslimin », sous le  commandement d’Iyad Ag Agaly. Dans cette partie du Mali, « après Dieu, c’est Amadou Kouffa », le détenteur d’autorité. Des hommes qui lui sont affiliés enlèvent presque au quotidien de paisibles citoyens. C’est un vase huis clos où les règlements de comptes empoisonnent la stabilité sociale. Le maire de Dogo, sollicité par la famille, avait assuré faire tout son possible. Entre temps, l’une des grandes sœurs de Ndjoum s’est rendue sur les lieux, où elle a rencontré, le jour de la foire de la localité, des éléments de la Katiba. Ceux-ci lui ont assuré que le jeudi d’après ils reviendraient avec son frère et que c’est le maire qui le recevrait.  Une lueur d’espoir naquit, le laps d’une semaine. Tout le monde crut à son imminente libération, quand survint un retournement de situation. Le maire, qui devait recevoir le prisonnier, aurait été inquiété par les allers-retours des FAMAs, qui le soupçonnaient d’être proche des djihadistes. Il quitta Dogo pour Bamako, où, depuis, il est injoignable. Le jeudi du rendez-vous arriva. L’otage était bel et bien là, mais, le maire étant absent, les éléments de la Katiba s’en retournèrent avec lui, après s’être approvisionnés au marché. Depuis lors, aucune nouvelle n’a filtré. Selon sa femme, « des gens sont souvent enlevés, mais deux ou trois jours après ils sont libérés », ce qui renforce l’hypothèse qu’il pourrait être détenu à des fins importantes, comme un échange. Quant au carton, il a été livré au logeur de Ndjoum, qui, quelques jours après, l’ouvrit et y trouva les 10 millions, qu’il remit peu après à l’INPS de Sévaré.

Mobilisation collective Face au constat d’immobilisme de l’Institut et du gouvernement, un collectif pour la libération de Ndjoum et de tous les otages maliens a vu le jour. Un mois après le rapt, un jeune fonctionnaire malien de Bandiagara, du nom d’Oumar Cissé, a sonné l’alarme via Twitter. Cinq personnes actives, toutes maliennes, deux de la diaspora et trois de l’intérieur, formèrent un collectif qui compte aujourd’hui une trentaine de sympathisants à travers le monde. Il mène une campagne quotidienne sur les réseaux sociaux, comme Twitter et Facebook. Des actions ont été entreprises, comme la publication de plusieurs articles qui ont permis de rallier à la cause plusieurs hommes politiques, hommes des médias, activistes et citoyens engagés. Une lettre ouverte a été adressée au Président de la République, appelant à son implication et à celle du gouvernement. Le collectif, dans son plaidoyer, lui disait combien il serait glorieux de s’investir pour qu’un fils du Mali sorte d’un danger de mort. Car, selon ses membres, cela est possible. « Combien de fois les autorités maliennes ont-elles fait libérer des otages étrangers, souvent dans l’ombre ? ». Au centième jour de sa mobilisation, correspondant aux 128 jours de détention de Ndjoum, le collectif a organisé un point de presse au mémorial Modibo Keita. Pour Dia Sacko, membre active, « l’objectif principal est d’appeler à un sursaut national autour des otages maliens. Pour ce qui concerne Amadou Ndjoum, il s’agit d’en appeler à la responsabilité de l’INPS et à l’action du gouvernement malien ». Une plainte a été déposée par son frère le 15 juin 2017 à Sévaré, puis transmise au tribunal de la Commune  VI de Bamako.

Sortir du silence Le silence de l’INPS face à un tel acte, plus d’un ne l’a pas compris. D’ailleurs, d’après Cheick Oumar Ndjoum, la famille n’a reçu la visite des agents de Mopti que 4 jours après l’enlèvement. Aucune démarche n’a été entreprise pour sa libération. Son épouse a été invitée à prendre le salaire de son mari, mais elle a répondu que c’était son mari qu’elle voulait, non cet argent. Du côté du gouvernement, c’est le silence radio. Pas même un communiqué de presse. Le ministre de l’administration territoriale, Tiéman Hubert Coulibaly, a à titre personnel appelé une fois Mme Ndjoum et suit la mobilisation sur Twitter. La plainte reçue par le procureur antiterroriste près le Tribunal de la Commune VI traine toujours. Un silence que certains assimilent à une inaction. « Nous ne pouvons rien vous dire, l’enquête est en cours », confie un agent de la Sécurité d’État. Selon le chargé de communication du ministre de la Justice, « le sujet est très difficile à aborder » et « à ce stade, il ne pourra rien dire ». Quant à celui du ministère de la Solidarité et l’action humanitaire, dont relève l’INPS, il n’a pas voulu s’exprimer. Y a-t-il une implication sérieuse des autorités dans le dossier ou est-ce le statu quo ? Sa famille et le collectif, eux, ne perdent pas espoir. « Chaque jour nous espérons sa libération » répète Dia Sacko, l’une des personnes se battant pour sa cause. Aujourd’hui, pouvons-nous dire avec sincérité : « les champs fleurissent d’espérance » et « les cœurs vibrent de confiance» ? Amadou Ndjoum mérite t-il de croupir en détention en silence ?

 

Amadou Koufa, suspect numéro 1 ou 2

De Koufa, un animateur de radio se souvient des prêches radicaux et fanatiques appelant ses adeptes, des jeunes de la région du Macina, au djihad intégral. La quarantaine, le djihadiste, dont le nom est celui d’un village situé à  quelques kilomètres de Mopti, a fait allégeance au mouvement Ancardine d’Iyad Ag Ghali au moment de l’occupation du nord du Mali en 2012. En janvier 2013, C’’est encore lui qui planifiait l’offensive des djihadistes sur la ville de Konna, avant que l’intervention française ne vienne y mettre un coup d’arrêt. D’après un ressortissant de Mopti, Amadou Koufa aurait prévenu l’imam de la grande mosquée qu’il serait bientôt le futur imam et dirigerait la prière du vendredi 12 janvier 2013. Ses plans ont heureusement été contrecarrés par les missiles de Serval, au grand soulagement des habitants, leur ville étant, avec Sévaré, le dernier verrou avant d’atteindre le sud du Mali. C’’est au début 2015, qu’il créé le « Mouvement de libération du Macina », composé d’anciens éléments du Mujao et d’adeptes peuls. Pour se faire remarquer, Koufa perpètre le 5 janvier une attaque à  Nampala (Ségou), puis le 16 janvier à  Tenenkou (Mopti), la ville d’o๠il est originaire. D’après certains témoins, les quatre djihadistes tués à  Sévaré lors du la prise d’otage du 7 août seraient des membres de son mouvement. C’’est cette piste qui est privilégiée par le gouvernement malien, malgré la revendication d’Al Mourabitoune parvenue à  la télévision Al Jazeera le 10 août. à€ Mopti, le fondamenliste religieux continue d’endoctriner les jeunes peuls, en promettant d’imposer la charia au Mali. « à€ la radio, il indexait souvent les Français et s’en prenait aux autres leaders religieux maliens, les taxant d’hypocrites », témoigne une habitante de Mopti. Non content de fustiger la France, on prête aussi à  Koufa les récentes attaques de juillet, à  Fakola et à  Nara. D’après le sociologue Mahmoud Diallo interrogé par RFI, « Amadou Koufa est un membre influent de la secte Dawa [une secte fondamentaliste d’obédience pakistanaise, ndlr]. Il a fait des voyages à  l’extérieur du pays, notamment au Pakistan et en Mauritanie, o๠il a multiplié les contacts qui lui permettent d’alimenter son réseau aujourd’hui. » La question de l’interdiction de Dawa est donc plus que jamais posée.

Sévaré, une attaque en cours…

Les forces maliennes étaient déployées ce matin à  Sévaré, dans le centre du Mali, pour tenter de mettre fin à  une attaque d’homme armés dans un hôtel de la ville, ont indiqué des sources militaires maliennes, faisant état d’au moins un mort. Selon une source a l’interieur de l’hotel, des tirs ont eclate et ont dure plus d’une trentaine de minutes. Les assaillants ont fait irruption dans cet hôtel situé à  plus de 620 km au nord de Bamako tôt ce matin, «les Fama (Forces armées maliennes) ont bouclé la zone» d’o๠elles tentent de les déloger, a affirmé une source militaire. «L’attaque est toujours en cours», a indiqué une autre source militaire. Un corps sans vie était visible devant l’hôtel, selon les deux sources. Selon une source a l’intérieur de l’hotel BYBLOS, des tirs ont eclate et ont dure plus d’une trentaine de minutes. Tôt ce matin une dizaine de djihadistes ont infiltrés la ville notamment l’hôtel Debo qui est également collé à  la base de l’armée de l’air de Sevaré, les premiers qui étaient aux nombres de 3 sont rentrés à  pieds aux environs de 5h, le second groupe était à  moto et dispersé en petits groupes de deux personnes sur chaque moto pour essayer de tromper l’apparence des militaires et ils étaient aux nombres de 8 personnes. ‘ Témoigne notre source. Quand le second groupe est venu et a voulu rentrer dans l’hôtel aux environs de 6h50 mn, le premier a été stoppe par un garde du camp aussitôt, des tirs très violents se sont engagés entre les éléments de la garde et les terroristes, les populations de secteur se sont terrées dans les maisons. Il y’a une heure les tirs ont cessé face à  la puissance de feu des FAMA et les terroristes ont été contraint de prendre la fuite, la situation reste toujours confuse… Selon nos informations les hommes d’Ahmadou Diallo dit Ahmadou_Kouffah sont derrière cette attaque. Toujours selon nos informations, quelques assaillants se seraient cachés dans l’hôtel et les forces de l’ordre ont tenté de les déloger occasionnant des tirs sporadiques qui continuent toujours. Il y aurait 2 blessés dont un grave parmi les FAMAs soldats et 2 tués parmi les terroristes. Le bilan fait etat de 4 morts et il reste toujours deux pilotes ukrainiens pris en otage dans l’etablissement.

De Mopti à Djenné, IBK renoue avec les Maliens

Tout au long de cette tournée en 5è région, du 17 au 20 mars 2014, le président IBK, conscient des enjeux et défis du Mali qui sort de la crise, a tenté de parler ouvertement aux Maliens, à  son peuple. D’abord au Camp Amadoun Barry de Sévaré o๠il s’est adressé aux soldats impliqués dans la reconquête du pays en 2013. Résilience, courage, revalorisation de leur statut, honneur, dignité sont les mots souvent revenus dans le discours du président, chef suprême des armées.  » Lorsque la débâcle fut survenue, je fus de ceux qui ont refusé de dire que l’armée malienne était vaincue, parce que l’armée malienne est faà®te d’hommes et de femmes courageux « , a déclaré IBK. Mopti, ville des bozos… A Mopti, la délégation présidentielle s’est arrêtée sur les rives du fleuve Niger, à  l’hôtel Kanaga. La ville était à  l’origine une colonie de pêcheurs bozos, fondée par les familles Kanta et Nassiré. Région phare, elle a vu passer de grands règnes comme l’empire théocratique peul du Macina, après l’invasion de l’Islam, par le chef guerrier El Hadj Oumar Tall, disparu non loin des grottes de Bandiagara. Jusqu’en 1919, Mopti était un grand carrefour d’échanges commerciaux. En 1960, elle devient une commune de plein exercice. Région entourée d’eau, Mopti est une presqu’à®le, qui vit aussi d’élevage, en témoigne la fête culturelle de Diafarabé sur les rives du fleuve Niger. D’ailleurs, se souvient, le président, Mopti a aujourd’hui perdu son statut de Venise du Mali, avec le retrait progressif des eaux. Avec un peu plus de 128 000 habitants, la ville se subdivise en 11 quartiers avec le port de pêche autour duquel se concentre une importante activité économique, grâce notamment au centre de conditionnement du poisson. En 2012, la crise a malheureusement fait chuter l’économie en touchant des secteurs clés comme l’Artisanat et le tourisme dans la zone. Oumar Bathily, le maire de Mopti, a déploré le manque à  gagner de ces deux secteurs, en dépit du retour de la paix dans la région. « Prendre le frais sous un arbre que l’on a pas planté» C’’est l’une des phrases fortes du président de la république, prononcée en marge de l’inauguration de l’hôpital Sominé Dolo de Mopti. Face aux mopticiens venus très nombreux, pour voir et écouter, celui qu’ils ont élu il y a à  peine six mois, la déclaration du président a séduit. Mopti étant la région natale de l’ex président ATT, de nombreux chantiers sur la préservation et l’exploitation du fleuve Niger, y avaient été lancés : « Je ne suis pas un homme d’état qui tire à  lui les choses, elles furent avant moi, a déclaré Ibrahim Boubacar Keita, face au public. A chacun son mérite. Ce projet a tenu à  C’œur et avec une réelle conviction au président ATT ; Il est bon que je lui rende hommage au nom de la patrie. Serais-je un homme d’honneur sans cela ? ». Ensuite, le président s’est rendu chez les notabilités et chefs religieux de la ville, d’abord l’Imam de la grande mosquée de Mopti, puis les autorités protestantes et catholiques pour y recevoir et prendre des bénédictions. Ces actes ont aussi montré la volonté du chef de l’état de remercier tous ceux qui l’ont soutenu pendant la campagne électorale. « C’’est politique, parce qu’il faut retourner aux sources, rendre aux électeurs leur soutien », a commenté un membre de la délégation. Bandiagara, l’étape du savoir… Après Mopti, direction Bandiagara, au C’œur du pays dogon. Un trajet d’environ 70km entre falaises et collines, villages ancestraux, maisons en pierre et cavaliers dogons entourés de femmes braves, pour y découvrir le lycée public, dont les salles de classe, ont été entièrement rénovées et remises à  niveau grâce au mécénat de Seydou Nantoume, le PDG de Toguna Agro industries. Enfant de la région, Nantoume faisait naturellement partie de la délégation conduite pour cette étape, par la ministre de l’éducation, Mme Togola Jacqueline Nana. Bandiagara a donc revêtu ses plus beaux habits. Chants, danses, tradition dogon, les échassiers sont sortis, les enfants ornaient les rues propres de la ville… Au palais d’Aguibou Tall, l’un des souverains de l’empire peulh, IBK fera une courte escale pour saluer les notabilités, avant de prendre la direction de Bankass Sortir Koro et Bankass des ténèbres A Bankass, la délégation présidentielle, a inauguré la nouvelle centrale hybride photovoltaique, à  énergie solaire et thermique diesel, des installations censées réduire la dépendance énergétique au carburant en utilisant les atouts de l’énergie solaire pour couvrir une large zone et assurer la sécurité des populations. Mais à  Bankass, d’autres problèmes persistent comme l’accès à  l’eau potable, le drainage des eaux de pluie, le désenclavement de la zone. C’’est pourquoi, un peu plus loin à  Koro, sur la route du poisson, le président IBK donnera le coup d’envoi du bitumage du tronçon Koro-Douentza, dont la fin des travaux est prévue d’ici dix mois, en promettant de revenir pour inaugurer la nouvelle route. Et de conclure par cette phrase : . Djenné, ville sainte… Dernière étape de la visite présidentielle, en 5è région. , la ville sainte, o๠se dresse l’immense mosquée, une étape symbolique, puisqu’une autre infrastructure majeure, destinée à  intensifier le potentiel agricole de la zone est en cours de construction. Le Seuil de Djenné, ce barrage hydro-agricole de 346 mètres construit par les chinois sous la supervision du Programme de Développement de l’irrigation du Bani Sélingué(PDI BS), devra permettre de valoriser près de 60 000 hectares de terres dont 15000 déjà  aménagées à  Djenné. Riz paddy, légumineux, pisciculture au programme. Une productivité accrue pour une plus grande compétitivité des produits de l’agriculture malienne, ce dont se réjouissent des opérateurs économiques comme Bakary Togola et le ministre de l’élevage, Bokary Tereta. Sur un potentiel d’un million d’hectares dans la zone office du Niger, le chemin est encore long pour le reste du Mali, précisera le chef de l’état, mais C’’est possible. Le coup de pioche du périmètre irrigué de Sarantome promet aussi de belles récoltes dans la zone du Seuil de Djenné. A Djenné ville, IBK voulait terminer cette belle journée à  la mosquée historique de Djenné, dont les remparts résistent au temps, après la visite aux notabilités, mais le chavirement d’une pirogue à  Soala, une localité proche, l’obligera à  faire un détour pour présenter ses condoléances aux familles des disparus. En 4 jours, Le président IBK aura fait le tour de la 5è région pour y lancer des projets de développement et revisiter le potentiel de cette partie du Mali o๠beaucoup reste à  faire, mais s’il faut retenir une chose, C’’était la volonté du chef de l’état de s’adresser à  C’œur ouvert à  ses compatriotes. Et dans la langue du peuple !

IBK à Mopti : « Pour une armée nouvelle dans sa dignité »

Emotion, liesse, solemnité. Ces trois mots pouvaient décrire l’atmosphère à  Sévaré ce lundi après midi. Sur le tarmac de l’aéroport, une foule joyeuse, des danses, des officiels pour accueillir l’hôte du jour. IBK, qui était attendu dans cette région, o๠le pire a failli se produire, après la prise de Konna par les djihadistes, a choisi six mois après son investiture, de venir rendre hommage aux braves soldats de Sévaré, la plus grande base militaire du pays. Direction le camp Amadoun Bocary Barry, pour une cérémonie haute en couleurs : « Sévaré symbolise la résilience de notre peuple, Sévaré symbolise le sens retrouvé de l’honneur, du devoir et du sacrifice », a rappelé Soumeylou Boubèye Maiga, le ministre de la défense. La ville o๠s’étaient repliés les soldats maliens, a servi de théâtre pour la reconquête en Janvier 2013, avec la réorganisation des troupes et la force Serval. C’’est aussi à  l’hôpital Sominé Dolo que de nombreux blessés de la bataille de Konna ont été pris en charge au plus fort des combats entre l’armée malienne et les djihadistes. Rénové, l’établissement sera inauguré par le président IBK ce mardi 18 Mars 2014. Moment fort de cette cérémonie, le dépôt de gerbes de fleurs au monument dédié aux soldats tombés sur le champ de l’honneur, par le président IBK, puis le défilé militaire, et la décoration d’une quinzaine de soldats, médailles de reconnaissance de la valeur militaire, médailles des blessés, les hommes en uniforme de Sévaré ont été élevés pour service rendus à  la Nation. Dans son addresse, IBK a reconnu la faiblesse de cette armée, en rappelant les évènements passés, ceux de Kati et de Konna. D’o๠la nécessité de faire appliquer la loi de programmation militaire pour doter l’armée de tous les moyens nécessaires pour faire face aux menaces multiformes. « l’attention portée aux forces armés et de sécurité est d’autant plus urgente car cette armée n’avait pas été mise dans les conditions, alors qu’elle est faite d’hommes et de femmes courageux ». Le président a aussi salué la résilience de Sévaré. D’ailleurs, les primes spéciales d’opérations seront payés, et sans délai, promet IBK. Suivra un dà®ner au Mess des officiers entre le chef suprêmes des armées et ses hommes au garde à  vous! Tout le défi réside en la consolidation des forces de défense et la surveillance du territoire, la gestion des ressources humaines dans l’armée, les conditions de vie des troupes, et les ressources financières pour doter l’armée de manière adéquate et même un programme de consolidation des capacités des femmes des camps. Au plus fort de l’occupation, Sévaré était à  l’avant-garde du combat contre les djihadistes, avec les hommes de la force Serval, déployés. Aujourd’hui, la vie a repris son cours. « Cette visite du président était capitale. s’il pouvait faire une tournée chaque semaine dans toutes les régions, nous serions heureux ! », témoigne ce ressortissant de Sévaré, sur le tarmac de l’aéroport.

Exactions, qu’on arrête d’indexer le Mali !

La propagande médiatique continue. Depuis le déclenchement de l’opération Serval, les médias, lorsqu’il y a des périodes de creux aliment, véhiculent une forme de propagande qui dessert l’armée malienne, déjà  suffisamment éprouvée par une guerre, tombée soudainement et qui aura des conséquences durables sur le spopulations qui la vivent. Exactions, massacres, règlements de comptes sur les populations touarges ou d’origines touaregs du reste, des Maliens. Exactions décrites, soupesées, rapportées par des organismes comme Human Right Watch, alors que tout commence à  peine. l’homme s’appelle Philippe Bolopion, il travaille à  New York pour Human Right Watch et dans ce reportage diffusé par l’émission Envoyé Spécial, il est suivi par les caméras de télévision, à  Sévaré, Konna aux premières heures de l’opération Serval. Nous verrons ensuite l’homme évoluer dans Sévaré, à  la recherche de preuves d’exactions, à  la rencontre de populations Bellas (touaregs noirs), à  visiter des lieux bombardés. A la vue d’un corps calciné, il s’écrira : «Â On voit bien que C’’est un jeune enfant soldat, que lui est arrivé ? Pourquoi les restes de son corps gisent dans ce bâtiment détruit ? Pourquoi n’a-t-il pas droit à  des funérailles dignes ? » Philippe Bolopion a-t-il la preuve concrète que ce corps a été victime d’exactions de la part de l’armée malienne ? s’il a été enfant soldat, alors il aura choisi la guerre. Puis on verra ce fameux puits, d’o๠s’échappera une odeur nauséabonde et des corps flottants ? Comment les identifier ? Qui les a mis la ? Autant de questions qui demandent un examen minutieux, une expertise médico-légale et pas de simples supputations de la part d’un salarié de Human Right Watch ! Et à  la guerre comme à  la guerre, tout est permis. Triste à  dire, mais les exactions font partie de l’horrible réalité de la guerre. Les massacres, les règlements de compte, de part et d’autre, l‘esprit de vengeance de tout individu qui a vu sa famille tuée. Et que dire de cette vidéo o๠l’on voit les jihadistes exhiber les corps massacrés de soldats maliens après l’invasion de Konna en Janvier dernier ? Human Right Watch a-t-il prévu un rapport, une enquête approfondie sur cela ? Philippe Bolopion s’est-il rendu à  Aguelhok ? Non cela fait plus scandaleux d’indexer les militaires maliens, déjà  dépassés par cette guerre, qu’ils n’ont pas choisi. Alors qu’on arrête d’indexer nos soldats. Vous travailleurs des ONG, défenseurs ou enquêteurs des Droits de l’Homme, aidés par les médias occidentaux, laissez cette finir cette guerre et après, on fera les comptes. Si vous n’avez pas de quoi remplir vos rapports quotidiens, alors laissez la page vierge et creusez davantage, pour comprendre la réalité d’une guerre qui ne peut se résumer à  des exactions, mais au vécu de tout un peuple, d’une nation, envahie par des jihadistes, qui ont décidé d’y imposer la charia et son lot d’horreurs. Qu’on arrête d’indexer le Mali !

Adama, 16 ans, islamiste du Mujao ou paumé dans la guerre?

Il s’appelle Adama, et dit avoir 16 ans. Aà®né d’une famille de trois garçons, il n’a passé que deux ans à  l’école et aide son père, burkinabé, dans le champ. La famille est installée dans la région de Niono, assure-t-il, une localité située 60 kilomètres au sud de Diabali, prise le 14 janvier par les islamistes qui l’auraient ensuite abandonnée, selon l’armée malienne, après des bombardements français. Son village, D’Enngoudou, ne compte qu’une seule mosquée, wahabbite. Son père la fréquente peu. En temps normal, Adama est parfois employé par un éleveur, pour tirer ses boeufs; en échange, le patron lui offre du riz. Il nourrit ainsi sa famille. Il y a quelques semaines, comme chaque année, à  la fin de la période agricole, Adama et son ami Mohammed sont partis chercher un job en ville. Leur destination était Sévaré, affirme le jeune homme. Mais ils ont pris, « par erreur », un bus pour Douentza, une ville détenue depuis septembre par les islamistes. Arrivés sur place, des inconnus les ont interpellés: « Venez faire la cuisine pour nous. Vous serez logés et bien payés. » Les adolescents, qui ne parlent que le bambara, ont été bien traités. Et le travail était simple: « Chaque jour, on préparait des spaghettis, avec des tomates et des oignons, explique Adama. On ne comprenait rien. Ils parlaient arabe, ou tamacheck, » la langue des Touaregs. Un seul pouvait communiquer avec eux, toujours aimable. « C’est un Peul noir qui parle bambara, » se souvient le garçon. Son nom? « Abou Zeid ». Voilà  comment, au début du mois de janvier, le jeune Adama et son ami Mohamed ont fait la connaissance l’organisation du Mujao, qui détient au moins un otage français, Gilberto Rodriguez, enlevé en novembre 2012 dans l’ouest du Mali, et qui tente, depuis près d’un an, d’imposer sa vision de la « charia totale ». Il semble tout ignorer de la stratégie des islamistes Assis sur le sol, dans une pièce de la gendarmerie de Sévaré, Adama porte le même pantalon coupé court que ses ex-employeurs islamistes, mais il assure qu’il ignorait tout d’eux. Ils ont quitté la ville, du jour au lendemain, explique-t-il: « Un boutiquier nous a dit qu’ils étaient partis pour la guerre. On a compris qu’on ne serait pas payés à  la fin du mois. Alors, on est partis. » Son histoire est peu plausible. Mais il serait surprenant, a contrario, qu’Adama ait rejoint les rangs du Mujao par affinité idéologique. L’appât du gain, alors? Le sergent Pascal Diawara, qui a interrogé le jeune homme, n’est guère convaincu: « Du travail, on en trouve à  Sévaré ou ailleurs, payé 1000 francs par jour, explique-t-il. Il y a bien plus de travail ici qu’au Nord. Quand on est engagé chez ces gens, on est engagé! Personne ne peut prétendre ignorer o๠il met les pieds quand il va à  Douentza. » Les jeunes suspects interrogés à  la gendarmerie de Sévaré viennent de toutes les régions du Mali, voire de l’étranger. Du Burkina Faso et des pays voisins, mais aussi de bien plus loin… « Votre djihadiste français, Ibrahim Ouattara, a été arrêté ici même », rappelle le sergent. Mais que penser d’Adama? Il semble tout ignorer de la stratégie des islamistes, et même que son pays est en guerre. Sur le chemin du retour, les deux adolescents ont demandé à  boire à  un vieux, qui a refusé de les aider: « Il nous a accusé d’être des islamistes. Puis un motard s’est arrêté, et a menacé de nous tuer. On a pris la fuite, mais j’ai eu peur. Alors, me voici.  » Mohamed a continué sa route, mais Adama s’est livré au motard, qui l’a amené aux autorités. Depuis le 22 janvier, il est en prison. A Sévaré, l’interrogatoire a été suivi d’un entretien avec un représentant du Comité International de la Croix-Rouge, installé sur place depuis mars 2012.

L’armée malienne relève la tête

a nouvelle s’est répandue vendredi dans Sévaré et Mpoti comme une délivrance: l’armée malienne a repris Konna. La ville était tombée, huit jours plus tôt, entre les mains des milices islamistes, laissant craindre une offensive générale sur le Mali et déclenchant l’intervention française. «C’est un soulagement», assure Amoudou, barman qui, il y a peu encore, avait caché ses bouteilles d’alcool, s’attendant au pire. Le colonel Didier Dacko affiche, lui aussi, une mine satisfaite, juste barrée par un pli soucieux. «Nous avons totalement repris Konna. Il reste juste quelques opérations de nettoyage, de ratissage», explique l’officier en charge des opérations sur ce front. Selon lui, l’attaque a été lancée il y a deux jours. Harcelés par les bombardements aériens français, les djihadistes avaient choisi de se réfugier dans la savane. «Nous nous sommes heurtés à  forte partie. Ils s’étaient cachés dans la brousse à  une quinzaine de kilomètres de la cité.» Les tirs, surtout à  l’arme légère, auraient duré plusieurs heures, faisant quatre blessés et un mort dans les rangs de l’armée malienne. En face, les pertes restent inconnues. «Nous avons détruit au moins six pick-up et sans doute tué des hommes.» Jeudi, à  la tombée de la nuit, les soldats maliens ont pu reprendre pied dans Konna, devenue une ville ouverte. «Mais il faut encore faire attention. Il est possible que des islamistes se soient fondus dans la population civile et attendent pour intervenir.» «Sans les Français rien n’était possible» Cette première victoire, après une longue succession de défaites, a tout de même été fêtée. à€ la sortie du camp Ba Lobo Bakary, au centre de Sévaré, des 4 à— 4 Toyota neufs entrent et sortent. Sur l’un, les hommes, bonnet noir sur la tête, serrent le poing d’un air gaillard. Le colonel se garde bien d’afficher un tel enthousiasme. L’homme a trop d’expérience. Lors de la débandade de l’armée malienne, il fut l’un des rares commandants maliens, avec Ould Meidou et El Hadj Ag Gamou, à  tenir ses positions aussi longtemps qu’il fut possible. Alors il préfère aujourd’hui être prudent. «C’est un symbole. Le début de la reconquête du Nord.» Il sait que les islamistes rencontrés n’étaient sans doute pas les plus hargneux. Depuis plusieurs jours, des fuites de miliciens au nord vers Douenza avaient été signalées. «Contrairement à  ce que l’on dit souvent, les islamistes n’ont pas offert une énorme résistance», souligne-t-il. Il sait aussi que l’appui des forces françaises fut nécessaire. «Il a même été substantiel», lance-t-il, sans en dire plus. Selon Bala Coulibaly, le secrétaire de la préfecture de Konna, «ce sont les Français et les Maliens ensemble qui sont entrés en ville». L’homme, recherché, a dû vite quitter sa ville. «Je suis parti le samedi en moto, car c’était trop dangereux pour moi.» Ses administrés le tiennent depuis au courant. «Jeudi soir, ils ont tous vu entrer dans la ville des soldats blancs et des soldats maliens à  pied. Mais, il n’y avait pas de combats. Les islamistes étaient partis. Ils entraient simplement.» Tous ont aussi entendu le survol d’hélicoptères pendant la nuit. «C’est les Français qui nous ont aidés. Sans cela, rien n’était possible.» La nuit précédant sa fuite, il a assisté aux premiers bombardements de l’aviation française sur Konna. «Ils ont touché le rond-point à  l’entrée de la ville et aussi le logement du sous-préfet, o๠s’étaient installés les islamistes», explique-t-il. La scène semble l’avoir un rien traumatisé. «Un enfant qui voulait aller voir ce qui se passait a été tué, explique-t-il. Mais tout ça, maintenant, c’est du passé.» Il attend pour rentrer chez lui. «La route n’est pas encore sûre. Il y a encore des balles et des embuscades.» Par Tanguy Berthemet, envoyé spécial

Le mystère de Konna…

l’armée malienne aurait déclenché ce vendredi matin une offensive contre les islamistes pour reprendre la localité de Konna, dans le centre du Mali, conquise la veille par les jihadistes, a indiqué à  l’AFP un officier de l’armée malienne, selon lequel des appareils militaires de « pays amis » sont utilisés.« Notre offensive a commencé. l’objectif est de reprendre le contrôle total de la ville de Konna et de progresser après » vers les positions des islamistes, a déclaré à  l’AFP cet officier sous couvert d’anonymat. Il a ajouté, sans fournir de détails, que des « appareils militaires de pays amis » sont utilisés contre les jihadistes. l’offensive aurait donc débuté dans la matinée après que la ville ait été déclarée sous contrôle islamiste, jeudi tôt dans l’après midi. Du coup, une panique générale avait gagné les habitants de Sévaré, o๠les forces armées s’étaient repliées. Interrogé sur RFI, un habitant de la ville garnison située à  15km de Mopti, avait réclamé l’aide de la communauté internationale, alors que d’autres ont fui la ville, en descendant plus au Sud. Informations tous azimuts Tard dans la soirée, on apprenait que du renfort avait été envoyé à  Mopti et que deux avions militaires étrangers y auraient atterri. Ce qui est sûr C’’est qu’il y a eu du mouvement dans la nuit, après que des sources moins positives aient annoncé que les soldats avaient laissé dans la petite localité située à  50km de Mopti, une partie de leur arsenal. De quoi créer la psychose sur la suite des opérations. Tout comme cette rumeur de camions entrant à  Sévaré, avec des cadavres de soldats… Ce vendredi, les interrogations continuent. Les informations affluent de toutes parts, mais il ne faut pas céder à  la psychose, ni à  l’intoxication, prévient ce colonel de la DIRPA. Au moment o๠toute la presse malienne internationale est conviée pour une conférence de presse destinée à  livrer quelques informations aux médias. Une volonté sans doute de réa-ngler les choses, dans un contexte, o๠la rumeur a tôt fait d’enfler… Prodi n’a rien dit Du côté des autorités maliennes, le Président malien est lui attendu à  Paris mercredi. Conscient de la gravité de la situation, le président François Hollande, qui a déclaré que la France répondra à  l’appel des autorités maliennes, mais seulement dans le cadre des résolutions des Nations Unies. Il faut tout de mêle signaler que Romano Prodi, l’envoyé spécial de Ban Ki Moon au Sahel, s’est fendu d’une conférence de presse insipide, o๠rien de concret n’a pu être dit aux journalistes, à  part, que les experts militaires des Nations Unies sont mieux informées. Délai ou pas, la guerre elle a commencé, même si Prodi se dit « préoccupé »… A Bamako, comme au front, la tension est perceptible. l’inquiétude demeure surtout quant à  l’avancée possible o๠non des rebelles et djihadistes, qui ont promis d’instaurer la charia à  tout le Mali. En jeu désormais, Sévaré, qui comporte une piste d’aéroport stratégique o๠une aide internationale pourrait être acheminée pour aider le Mali. Pour parer à  cela, les forces armées auraient repris une offensive pour contrôler à  nouveau Konna…

Nouvelles du front, Konan est tombé

Depuis quelques heures les choses se précipitent sur le front militaire. Après l’annonce de la reconquête de Douentza(150 km de Mopti), par des militaires de l’armée malienne, des nouvelles contradictoires sont venues de la région de Mopti, théâtre depuis 72heures de combats entre les troupes républicaines et les islamistes armés d’AQMI, du MUJAO et d’Ansar Dine. A la mi-journée, une autre information sème la panique dans Bamako, la ville de Konna, o๠l’armée avait réussi à  repousser une attaque, est finalement tombée entre leurs mains. Un responsable du groupe jihadiste Ansar Dine a confirmé l’information à  l’AFP, assurant qu’ils allaient continuer leur progression vers le Sud. »Nous sommes actuellement à  Konna pour le jihad. (…) Nous contrôlons la cité presque en totalité. Après, nous allons continuer à  progresser vers le Sud, a dit ce responsable, Abdou Dardar, joint par téléphone depuis Bamako et dont les propos ont été traduits à  l’AFP par un interprète nigérien. Il a affirmé parler au nom de tous les jihadistes. La prise de Konna a été confirmée par le maire de la localité, joint par téléphone par journaldumali.com. En fin d’après -midi, il semble que ce soit la ville de Sévaré qui soit la prochaine étape des islamistes armés. La ville abrite depuis plusieurs mois le gros des troupes de l’armée malienne et est la frontière militaire entre le nord occupé et le sud sous contrôle gouvernemental. Plusieurs personnes vivants à  Mopti ont appelé leurs familles à  Bamako pour partager des informations faisant état de la présence aux abords de la ville d’éléments armés. D’autres évoquent même la prise de la ville ou du moins sa traversée par des éléments des groupes islamistes. Les militaires se seraient repliés pour renforcer la sécurité de la ville qui est le dernier véritable verrou sur la route de Bamako, la capitale. Les islamistes armés qui occupent trois régions nord du Mali depuis mars dernier ont entamé des discussions avec les autorités de Bamako sous l’égide du médiateur burkinabé, Blaise Compaoré. Une rencontre devait se dérouler ce jeudi 10 janvier mais les dernières évolutions sur le terrain militaire ont poussé au report de ce rendez-vous. Cependant, il semble finalement que les groupes islamistes tenaient un double langage puisqu’ils s’étaient réunis en fin de semaine dernière pour sceller une alliance en vue de partir ensemble à  la conquête de Bamako, objectif qu’ils avaient déclaré dans un premier temps ne pas les intéresser. Aucune information n’a été donnée pour l’instant du côté de l’Armée Malienne.

Mali : pas de psychose dans la zone tampon

« Nous ne sommes pas inquiets », affirme un habitant de Sévaré, qui abrite l’aéroport de Mopti, capitale de la 5ème région, situé à  quelques kilomètres plus au nord. Depuis la « prise » de Douentza par le mouvement extrémiste MUJAO, on a quand même entendu les rumeurs les plus folles circuler dans la ville. Certains auraient aperçu des véhicules arborant le drapeau des islamistes, d’autres en auraient vu dans la ville de Mopti en train de tenter des recrutements locaux. « C’’est des histoires », nous rétorque notre interlocuteur, employé de bureau, qui a requis l’anonymat. Il est vrai que la ville de Douentza, située à  une centaine de kilomètres à  peine de Mopti apparaissait déjà  aux mains des islamistes qui y maintenaient une présence discrète. Leur montée en puissance ces derniers jours avec l’annonce du ralliement des milices d’auto-défense locales et l’instauration de la charia, aurait de quoi faire monter la tension. Mais, contrairement à  ce que l’on aurait pu s’attendre, les habitants de Sévaré, véritable ville garnison, et ceux de Mopti continuent à  mener leur quotidien comme si de rien n’était. Ils se sont maintenant habitués à  partager leur quotidien avec les militaires qui seraient plusieurs milliers dans la ville, en plus de ceux qui peuplent d’ordinaire les camps des environs. Même les mouvements de véhicules militaires et les barrages installés depuis quelques jours à  tous les points d’entrée de la ville de Mopti ne semblent pas les perturber. En effet, depuis l’annonce du contrôle de Douentza par les islamistes, les patrouilles se sont renforcées et dès la nuit tombée, il faut montrer patte blanche avant de pouvoir entrer ou sortir de Mopti et Sévaré. Tout le monde est très prudent et il est difficile d’obtenir l’avis des uns et des autres sur ce qui se passe dans Sévaré. Dans les grins, on discute de tout mais surtout pas de la situation sécuritaire de la ville. Quelques jeunes osent cependant avouer qu’ils se demandent bien ce que font les militaires dans leur ville au lieu d’aller combattre jusque quelques dizaines de kilomètres plus au nord, o๠se trouvent les vrais enjeux. Certains habitants et particulièrement les commerçants et autres tenanciers de bars disent prendre les choses du bon côté puisque les affaires continuent de marcher, et plutôt bien… Et prient pour que la situation reste stable. Surtout que de nouvelles rumeurs ont fait le tour de la ville de Sévaré ce jeudi. Il « parait » que les islamistes ont juré de venir faire leur prière du vendredi dans la ville. Si cela s’avérait, comment les populations vont-elles l’interpréter ? Provocation ou tentative de conciliation ?

Sévaré, nouveau temple de la prostitution

A sévaré, une fois la nuit tombée, chacun se cherche un endroit pour destresser et se remettre après une journée de dur labeur. En tout cas, pas question que ça soit le week-end. Et l’on n’a pas besoin d’être maquisard pour connaitre les coins chauds de la ville. C’est une ville o๠l’économie nocturne bouge à  merveille. En plus, les maquis sont sous l’emprise de vagues de jeunes filles (venant du Burkina voisin) qui s’y logent. Ces « filles de joie » accèdent facilement à  cet endroit du Mali car elle empruntent « la route du poisson », c’est à  dire celle qui passe de la frontière Burkinabè à  Koro, Bankass et Badiagara. La ville de Sévaré leur donne ainsi des « opportunités d’affaires » et leur fait gagner de l’argent dans la prostitution. Très loin de leur pays d’origine, elles n’ont aucune honte à  exercer (même à  visage decouvert) ce métier. Elles ont pour clients, des touristes, des hommes d’affaires et même des fonctionnaires en mission dans la zone. Récit d’une ballade dans « Sévaré by night » A 22h je me suis engouffré dans un taxi en compagnie de mon ami Olivier. Ce dernier est médecin et intervient dans la zone au compte de l’organisation « Medecins sans frontières ». 2 km séparent mon hôtel du maquis « Bavaria ». Un autre maquis est contigu à  ce haut lieu de débauche. C’est là  que mon ami et moi campâmes pendant au moins 2 heures d’horloge. Ici l’accueil est chalereux sur fond sur lumière savamment tamissée. Regoupée autour de tablettes disséminées dans une vaste cour, une bonne poignée de clients trinque déjà . La bière et la liqueur coule à  flot, avec à  coté de demoiselles au charme étincelant. Au même moment, du coupé-décalé, tonne dans les oreilles. J’avais de la peine à  entendre les mots prononcés par mon ami Olivier. Subitement ce dernier s’est vu flanqué d’une jeune dame habillée en tenue très sexy avec une poitrine exubérante. Elle nous a invité à  nous asseoir, à  trois, autour d’une tablette. Tout autour de nous, défilaient ses consoeurs (toutes habillées dans le même style), devant une kyrielle de chambre de passe. Toutes attractives, ces jeunes dames, n’hésitaient pas à  se jeter dans la « gueule du loup » pourvu qu’il y ait l’argent. Deux minutes après, une autre, du nom de Nadège, nous a rejoint et s’est particulièrement intéréssé à  moi. Grande de taille et très élégante, elle évacuait la fumée d’une cigarette par ses narines. Sympathique comme d’habitude, je n’ai pas manqué de la harceler de questions. Sans se douter de mon identité, du moins, sans savoir que je faisais mon boulot d’investigateur, elle n’avait le moindre tabou pour me répondre. Comme si l’on se connaissait bien avant. Ma première question adréssée à  Nadège était de savoir comment se passaient les choses ici. Sans detour, elle m’a tout détaillé à  propos de la passe. Elle m’a demandé de lui commander de la bière. La discussion s’est interrompue quand Nadège s’est excusé auprès de moi après avoir aperçu à  l’entrée d’un de ses fidèles clients. J’ai du patienter 20 minutes environ pour qu’elle nous rejoigne à  nouveau à  la table. A son retour, j’ai pas manqué de lui poser la question de savoir pourquoi elle s’était choisi le chemin des maquis. « J’habite ce coin depuis 3 mois. Mon objectif est de me trouver un fond pour faire du commerce à  Ouaga ». Toutefois, ajoute-elle, « je n’ai aucune intention de rester dans les maquis ». Ensuite, j’ai réussi à  arracher quelques mots sur les lèvres de la compagne de Olivier. Cette dernière a affirmé qu’elle n’avait jamais fréquenté de maquis dans son pays, le Burkina. Cependant, dit-elle, « je le fais ici parceque personne ne me connait ». Une violente tempête à  miniuit a interrompu pour de bon la causerie et a anticipé notre départ de ce milieu qui avait tout l’air d’un « monde à  part ».