Songhoy Ganda : « Nous voulons véhiculer nos idées, notre culture et prendre le pouvoir »

Un nouveau mouvement communautariste vient s’ajouter à la pléthore des mouvements qui existent au Mali. Songhoy Ganda, mouvement ouvertement ultranationaliste, entend mettre en avant les Songhaï et leur culture, prendre le pouvoir, étendre l’influence songhoy sur toute l’étendue de l’ancien empire noir et au-delà. Oumar Maïga, secrétaire chargé des relations extérieures du mouvement, a expliquer au Journal du Mali les ambitions de ce nouveau mouvement

Qu’est-ce que Songhoy Ganda ?

Songhoy Ganda, ce sont les régions du Nord, Gao, Kidal, Tombouctou, mais aussi le Nigeria, le Burkina, le Niger, le Bénin. C’est comme ce qu’Hitler considérait en Europe comme « son espace vital », là où se trouvent les Songhays, leur culture. C’est un mouvement international, qui répond à la menace qui pèse sur la dignité même du songhaï. Dans le mot songhoy il y a toutes les communautés, les Arabes, les Songhaï, les Tamasheqs, les Bambaras, les peulhs etc. parce que c’était un empire. Comme les Tamasheqs, dont les blancs apprécient la culture, nous avons une culture à défendre. Une culture extraordinaire qu’il faut asseoir. Notre premier combat est identitaire. C’est une guerre pour faire revivre l’histoire qui a été perdu. En réalité chacun défend sa culture. Nous devons montrer notre existence, car elle est menacée à travers les rebellions actuelles. On a créé le Songhoy Ganda pour revivre et montrer que nous sommes là.

Est-ce que Songhoy Ganda a été créé en réaction à la volonté des groupes rebelles touaregs de faire de l’Azawad une réalité ?

Non. L’Azawad c’est une oasis dans la région de Tombouctou.

L’Azawad tel qu conceptualisé par certains leaders touaregs dépasse très largement le cadre de l’oasis, ça engloberait les 5 régions du nord.

Nous gérons notre survie, on ne la gère pas à notre place. Même s’ils sont nombreux, qu’ils développent leur idée, nous on va développer notre idée, c’est avant tout une affaire de communication.

Est-ce que Songhoy Ganda est un mouvement politico-armé ?

Oui, c’est un mouvement politico-armé. On est dans un monde où les gens sont armés. Nous sommes armés pour toutes les éventualités. Nous sommes dans un monde où les États ne représentent pas grande chose. Ils sont là comme des couvertures, pour leurs politiques entre États. Les populations dont laissées à elles-mêmes. Nous sommes aussi politiques car nous voulons véhiculer nos idées, notre culture et prendre le pouvoir.

Vous souhaitez présenter un candidat aux élections présidentielles ?

Bien sûr, c’est très claire. Sur le terrain politique nous allons présenter notre candidat, parce que nous avons une population, nous existons.

Qui sera ce candidat ?

Il s’appelle Oumar Mahamane, commerçant en même temps professeur, il est à Gao. Nous sommes en train de créer les conditions pour qu’il se déclare prochainement.

Peut-on vous définir comme un mouvement nationaliste, voir ultranationaliste ?

Nous sommes un mouvement ultranationaliste. Le Mal est situé au cœur de l’Afrique occidentale, ce qui est important c’est que les populations qui vivent dans ces pays puissent y vivre tranquillement. Que la France soit là pour notre défense, on s’en fout, ce que la France fait ici là, nous ne sommes pas d’accord.pareil pour les Américains, on s’en fout d’eux. Il est temps que nous prenions notre destin en main. Ce qui est important, c’est que nous, nous devons avoir plus d’estime pour la race noire, plus d’estime pour le pouvoir. Nous ne sommes pas pour être gérer par des imbéciles. Il est temps que nous prenions notre destin en main.

Comment comptez-vous oeuvrer pour le pays ?

Par le développement humain. Il faut opérer une transformation des mentalités. Même s’il y aura la paix, nous on va se révolter encore. Toute révolution engendre un changement. Il faut une révolution. Nous allons créer des révoltes pour imposer notre existence, par la force s’il le faut.

 

Songhaï et peuls enterrent la hache de guerre

À Tassiga, samedi 26 août, s’est achevé une rencontre intercommunautaire rassemblant une centaine de participants de la commune de Bourra pour mettre un terme aux conflits qui opposent la communauté Songhaï à la communauté peule de la commune. À l’issue de cette rencontre, les deux communautés ont décidé de cesser les hostilités et de travailler ensemble pour le retour de la paix.

Le climat de suspicion et de terreur qui régnait dans la commune de Bourra pourrait être en passe de n’être plus qu’un mauvais souvenir. C’est du moins ce que les populations de la commune, habituées aux attaques et braquages espèrent. Alors que s’est achevé, samedi dernier, une rencontre qui a réuni, autour de l’ancien premier ministre Ousmane Issoufi Maiga, natif de Bourra, les leaders des communautés peules et songhaï, les chefs traditionnels, marabouts, chef des mouvements armés, jeunes et femmes de la commune et des alentours.

Durant ce forum, tous ont pris l’engagement d’arrêter les affrontements pour privilégier la paix et s’en remettre aux mécanismes de résolution des conflits en cas de problèmes. « Si par hasard, il y a des dérapages par-ci par-là, ils devront s’adresser immédiatement aux leaders communautaires, aux chefs traditionnels, à la commune, pour toujours essayer de résoudre les problèmes à l’amiable et qu’il n’y ai plus jamais ça », explique Ahmadou Cissé, ancien maire d’Ansongo.

Dans le cercle d’Ansongo, affrontements et violences entre les communautés daousak, peules et songhaï, sont fréquentes. Le GATIA intervient souvent lors des événements comme les foires pour sécuriser et dissuader le banditisme. Beaucoup de jeunes de ces communautés ont rejoint les mouvements armés qui sont aussi en conflit ouvert. La signature récente d’une entente entre Imghad et Daousak semble s’inscrire aussi dans une dynamique de paix dans cette zone qui vit dans une insécurité quotidienne, même si certains préfèrent rester prudents. « Je crois que tout ira bien, mais il y aura quand même des dérapages, parce que le vol de bétails c’est devenue une sorte de coutume par ici. Avant, ça se faisait sans armes mais aujourd’hui avec les armes ça donne une autre dimension. Mais bon, en tous cas, il se sont engagés », lance cet habitant de la commune de Bourra, joint au téléphone, qui attend «quand même de voir ».

Nord du Mali : La symbolique du turban

Dans nos sociétés africaines, les éléments culturels sont d’un ancrage intemporel. La culture et les traditions se transmettent de génération en génération avec des significations et des symboles à l’épreuve du temps. De même que les femmes ont chacune leur manière de se tresser les cheveux et de porter le voile, les hommes se parent en portant le turban.

De même que l’on reconnait un cowboy à son chapeau, on reconnait l’appartenance ethnique d’un homme à son turban. Au nord du Mali, les Touaregs (Kel tamacheq), les Songhays et les Peulhs le portent pour se protéger du soleil, du froid et des tempêtes de sable, très fréquentes dans la zone. Mais pas seulement.

Au-delà de son utilité pratique, le port du turban revêt un caractère symbolique plus ou moins identique chez ces différentes communautés. Chez les Kel tamacheq, il est un élément d’identité commun à toute la communauté. Le porter signifie avoir franchi une étape, indispensable même de nos jours pour acquérir le respect au sein de la société. C’est à l’âge de 18 ans généralement que le jeune Touareg est enturbanné pour la première fois, lors d’une cérémonie rituelle organisée souvent à son insu. Pour mériter sa place dans le cercle des adultes, il lui faudra démontrer ses qualités d’endurance face à la nature, sa dignité d’homme et sa capacité à tenir son rang.

Le chèche de couleur blanche, appelé Ashash, et l’indigo, appelé Alasho, dont les longueurs varient, sont les turbans les plus spéciaux. Le premier est porté en signe de respect et le second lors de l’intronisation d’un chef ou les jours des fête. Pour se marier il faut au préalable avoir été enturbanné.

Traditionnellement, l’homme ne quitte jamais son turban qui « recouvre les oreilles parce que l’homme ne doit pas prêter l’oreille à tout. Il recouvre aussi la bouche, pour que celui qui le porte ne dise pas n’importe quoi » décrypte un fin connaisseur de la culture touarègue. Dans cette société conservatrice, rester tête nue n’est pas digne d’un adulte.

Ces valeurs sont partagées par les Songhays, chez lesquels le turban est un héritage à sauvegarder et à transmettre avec fidélité. Dans les villages, malgré le vent secouant de la modernité, la coutume est conservée. « A Tombouctou, la cérémonie d’enturbanage est souvent associée à celle du mariage, pour des raisons économiques. Le marabout récite quelques versets du Coran sur le turban avant de le mettre sur la tête du jeune homme, qui accède de ce fait au cercle des adultes », raconte Mohamed Touré, une personnalité de Tombouctou elle-même jadis enturbannée de la sorte.

Chez les Peulhs, « un homme sans turban est un homme mal habillé », affirme M. Barry, un doyen de la communauté.  Sans exigence véritable sur l’âge, les jeunes bergers commencent à porter le turban dès 13 ou 14 ans. C’est au cours d’une cérémonie qu’on enturbane le jeune Peulh, qui sera ensuite appelé « Alpha » pour avoir appris le Coran par cœur.

 

Irganda, nouveau mouvement communautaire

Un énième mouvement est né le 21 mai dernier : Irganda, signifie « notre terre » ou « terroir » en songhaï. Il entend représenter les groupes sociaux et les communautés de culture songhoy, sédentaires, majoritaires dans le septentrion malien (environ 80%), contre la domination des mouvements arabo-touaregs, et œuvrer pour le développement du nord du Mali. Si les motivations générales du mouvement fédèrent, certains redoutent que s’y dissimulent des objectifs plus politiques.

Créé à Gao sous l’impulsion de l’ancien Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, Irganda a suscité une forte adhésion des communautés songhoy et a réussi a fédéré, rien que pour la cité des Askia, plus de 7 000 membres. « Le mouvement Irganda est composé par les sédentaires. Nous voulons montrer à l’opinion internationale que nous sommes majoritaires au nord et qu’une minorité tente de devenir majoritaire grâce à sa communication et surtout parce qu’ils ont pris les armes », explique Aboubacrine Abdoulaye Maïga, chargé des relations extérieures du mouvement. Visée, sans la mentionner, la main-mise des mouvements arabo-touaregs comme la CMA, qui cherche toujours, depuis la signature de l’accord de paix, à faire reconnaître l’Azawad comme une entité administrative et politique.

Le mouvement peut compter sur le soutien de la communauté songhoy, influente au sein de l’appareil d’État, de cadres et de chefs d’entreprises. Mais même si pour la plupart, les motivations générales du mouvement séduisent, certains s’interrogent sur la création de ce mouvement aujourd’hui et pas avant la signature de l’accord. « On avait compris que l’accord c’était pour nous tous, mais on a vu que dans son application, ce n’est pas le cas. Une communauté est favorisée par rapport à une autre, alors que nous vivons dans le même terroir », justifie Aboubacrine Maïga, qui souhaite que le mouvement soit pris en compte dans l’accord de paix.

Des motivations politiques ? Néanmoins, certains hésitent encore à intégrer Irganda, « ce mouvement parle aussi du développement et de la sécurité dans le Nord, mais ils n’ont rien fait en 2012-2013 pour les réfugiés, alors qu’ils ont des millions en banque. Ces gens-là se cachaient à l’époque. À quelle fin veulent-ils créer le mouvement Irganda ? s’exclame ce commerçant de Gao. D’autres redoutent une récupération à des fins politiques du mouvement en vue des élections. « On se pose la question, parce qu’Ousmane Issoufi Maïga est en train de faire campagne pour Soumaïla Cissé. Il pourrait profiter de ce nouveau mouvement pour avoir un poids considérable lors des élections de 2018. C’est arrivé dans le passé avec Malick Alhousseini Maïga, qui nous avait rassemblé en 2012 pour créer la Coordination des Ressortissants du Nord (COREN), mais à la fin il cherchait tout simplement un poste politique et quand il l’a obtenu, tout le monde a été écarté. Nous connaissions trop nos politiciens et on se méfie. », objecte Oumar Alassane Touré, du réseau des patriotes du Nord.

Une collusion avec le politique fermement battue en brèche par Aboubacrine Maïga. « Irganda est apolitique. Nous ne sommes pas en train de faire campagne pour Soumaïla Cissé, ni pour IBK. Pour créer Irganda, nous avons mis la main à la poche. On n’a rien demandé au gouvernement, ni à un parti politique. On est toujours resté derrière l’État qui n’a jamais joué son rôle. Nous, nous défendons le territoire d’abord », soutient-il. Une affirmation qui ne manquera pas d’être vérifiée par les sceptiques et les détracteurs de ce nouveau mouvement, dans le futur. « Si le mouvement Irganda, fort de son chef et de ses soutiens, veut faire bouger les choses, ils pourra y parvenir s’il n’a pas d’autre agenda », conclut Oumar Alassane Touré.

 

 

 

Affrontement inter communautaire à Gao: Une conséquence de la lenteur de l’Accord de paix ?

La cité des Askia est en ébullition ces derniers jours. Entre les Songhaï d’une part et les Arabes et Tamasheq de l’autre, ce n’est plus la symbiose de cœur et d’esprit, dans cette cité multi-ethnique.

Tout est parti du vol d’un véhicule du Mécanisme Opérationnel de Coordination (M.O.C), à Gao, dans la nuit du dimanche 02 au lundi 03 avril dernier. Le lundi, deux jeunes, l’un Arabe et l’autre Touareg ont été pris pour cible par une foule essentiellement composée de Songhaï, car soupçonnés d’être derrière cet vol. Ils ont été lynchés par la foule, traînés dans la rue. Ces actes ont été l’élément aggravant d’une situation déjà fragile. La tension est montée chez les membres de ces deux communautés qui cohabitaient des siècles durant. Une cohabitation mise à rude épreuve par la crise de 2012.

Le mercredi 05 avril, une altercation entre un jeune Songhaï, conducteur d’une moto tricycle pour le transport de bagages et un commerçant arabe, de retour d’un voyage en l’Algérie, à dégénéré. Selon un habitant de Gao joint au téléphone, le jeune transporteur une fois arrivé à destination aurait réclamé les frais de transport de bagages. Mais la somme que lui a proposé le commerçant ne lui a pas convenu, il réclamait plus. Une dispute a rapidement éclaté et a fini par dégénéré. Selon la même source le commerçant sidéré par les insultes du jeune homme, qui voulait repartir avec un de ses cartons de couscous, le poignarda deux fois à l’épaule avec un couteau.

Les deux hommes ont été conduits à la gendarmerie de Gao. Entre temps dans la ville, l’information s’est propagé dans tous les recoins de la cité des Askia et au-delà, échauffant les esprits. « On ne veut plus d’Arabes ni de Touaregs dans la ville de Gao » ont commencé a scandé certains constituant petit à petit une foule grossissante. Les forces de l’ordre sont intervenues pour contenir le mouvement de foule, mais des affrontements ont eu lieu entre les membres des deux communautés. Les forces de police, la gendarmerie, les soldats du MOC et les soldats français de l’opération Barkhane étaient tous mobilisés pour calmer la situation et éviter la catastrophe.

Ce conflit à Gao, interpelle. De plus en plus, au Mali, on observe des conflits entre communautés. Le tissu social jadis soudé semble petit à petit s’effriter alors que la paix tarde à faire son retour. L’Accord d’Alger considéré comme la réponse à un grand nombre de maux dans le pays n’a pas eu pour le moment d’effet positif. Pour Oumar Alhassane Touré, Président de la coordination nationale du réseau des jeunes patriotes du Nord pour la paix et le développement, les derniers événements à Gao qui ont opposé les Songhaï aux Arabes et Tamasheqs, sont les causes lointaines d’une frustration des populations Songhaï qui dénoncent leur « exclusion » ravivées par la Conférence d’entente nationale. «  C’est la question de l’Azawad abordée lors de la Conférence nationale qui a divisé les gens sur le terrain. Les gens n’étaient pas d’accord par rapport aux déclarations finales. Les gens pensent aussi que la participation à poser problème, beaucoup de sédentaires qui voulaient venir à la conférence n’ont pas eu d’invitation. Il y a le sentiment que certains étaient favorisés par rapport à d’autres. Tout cela à créer des frustrations. Il faut un comité consultatif qui va mettre les instruments de la mise en œuvre du MOC pour aboutir au processus de désarmement. C’est le point saillant dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. », explique Mr Touré, qui ajoute que « depuis l’installation du MOC, les dissensions se sont accrues, car il y a eu une guerre de positionnement pour le commandement du MOC entre les Tamasheqs, les Songhaïs et les Arabes. Les Songhaïs pensaient qu’ils auraient à gérer le MOC. Tout cela est dû à la gestion du problème des mouvements » conclut Le président de la coordination qui appelle à l’apaisement et à la cohésion sociale.

Songhoy Blues : la « ballade » des rockeurs du désert

Après une tournée autour du monde en 2015, les Songhoy Blues sont de retour et posent leurs valises au pays pour deux mois.

Leur premier album « Music in exile », conçu entre Londres et la capitale malienne en 2015, a propulsé sur la scène mondiale leurs sonorités électro-rock, nourries de musique mandingue et songhaï. « Le public occidental apprécie la musique malienne qui n’est plus à  présenter. Des grandes figures nous ont précédé, comme Ali Farka Touré, Amadou et Mariam, Tinariwen. Nous, on apporte notre touche pour que ça soit compatible avec la nouvelle génération », explique Aliou Touré, le chanteur du groupe. Cette « ballade » de 180 dates à  l’étranger a été pour eux une « exploration de l’univers musical » et leur a permis de « promouvoir la culture malienne ».

Ces garçons du désert, qui ont fui en 2012 le nord du Mali tombé sous la coupe d’islamistes opposés à toute forme d’expression musicale, sont issus de cette génération de musiciens maliens enrichis d’influences internationales. Ces « musiciens en exil » prônent une musique sans frontières : « tu prends la note do au Mali, ça te donnera do aux États-Unis, do en Inde et partout dans le monde. Chaque musique peut nous inspirer ». L’inspiration justement, il en sera question pour 2016, après une série de concerts en Europe en février, ils reviendront au Mali pour concevoir leur deuxième album, mûri sur la route et au gré des rencontres.

En attendant ce nouvel opus et durant ce break de création, des concerts au pays seraient envisageables. « Nous on attend que ça, jouer au Mali devant un grand public. Les portes de l’art sont fermées tant qu’il n’y a pas de stabilité, et si la situation actuelle du Mali le permet, pourquoi pas ! ». Pourtant, d’autres artistes, nationaux et étrangers, se produisent dans le pays, tels Akon, le 16 janvier à  Bamako.

Samba Touré, le blues songhaï nouvelle génération

Samba Touré fait partie de la jeune génération de musiciens qui revendique ses racines tout en faisant une musique aux sonorités modernes. Fidèle accompagnateur du regretté Ali Farka Touré durant de nombreuses années, Samba Touré est né en 1968 dans la région de Tombouctou (Mali), à  15 km de Niafunké. Son père étant décédé quelques jours avant sa naissance, C’’est sa mère qui l’élève seul avec son frère Ibrahima Bouri Séré, dans un environnement familial très marqué par la musique. Sa mère fut en effet l’une des premières femmes à  chanter avec le très jeune Ali Farka Touré, lors du Biennal Festival du Mali. N’ayant pas bénéficié d’une éducation formelle, Samba Touré part dès son adolescence chercher du travail à  Bamako et découvre dans la capitale cette musique issue des danses zaà¯roises interprétée à  la guitare, qui lui donne l’envie de devenir chanteur-guitariste. Il joue ainsi dans le groupe local Farafina Lolo (« Etoile d’Afrique »), groupe multiethnique au répertoire très varié et composé de son frère Bouri à  la batterie et de Baba Simagah à  la basse. A cette époque, Samba Touré tombe amoureux de la musique d’Ali Farka Touré, le John Lee Hooker africain, porte-parole de cette transposition de la musique traditionnelle du Mali vers un blues marqué par des tonalités du Nord de l’Amérique, et qui en fera ce Blues du Désert reconnu internationalement. Bien décidé à  bénéficier de l’enseignement de ce grand guitariste malien, Samba Touré finit par se retrouver aux côtés d’Ali Farka Touré, au contact duquel il apprend la maà®trise de la guitare du Désert Blues, avant d’adapter son jeu des instruments à  cordes traditionnels à  celui de la guitare électrique. Alors que le groupe Farafina Lolo se sépare au milieu des années 90, Samba Touré rejoint quelques temps le groupe Super Lolo (« Super Etoile »), avant de se concentrer sur l’écriture de ses propres compositions, tout en continuant à  affiner son style. Aux cotés de Farka En 1997, Ali Farka Touré offre alors la chance à  Samba Touré de partir en tournée mondiale à  ses côtés, oà¹ à  travers l’Europe et les Etats Unis, Samba Touré s’ouvre aux nombreux styles musicaux qu’il découvre. Cette expérience marquera à  jamais Samba Touré et influencera très profondément son futur répertoire qu’il est alors entrain de peaufiner. De retour au pays, Samba Touré forme le groupe Fondo (« le chemin » en dialecte songhaà¯), avec lequel il enregistre son premier album « Fondo » en 2004 aux studios de Seydoni Mali. Le groupe accompagne la majorité des artistes maliens et membre de l’orchestre d’Oumou Sangaré et de Djénéba Seck. l’album « Fondo » connait un succès retentissant dans tout le Mali, surtout grâce au titre « Anbafo » qui fait danser toutes les générations et ethnies confondues. Un vibrant hommage de Samba Touré à  son maà®tre spirituel, Ali Farka Touré, est également présent sur cet album, avec le titre « Ali Farka ». Samba Touré entreprend alors une tournée dans tout le pays, accompagné de nouveau par Baba Simagah et de son frère Bouri, et rejoint pour l’occasion par Oumar Touré, fidèle accompagnateur percussionniste d’Ali Farka Touré. Sur sa lancée, le groupe sort un deuxième album en 2007, « Aà¯to », toujours produit aux studios Seydoni Mali de Bamako. Ce nouvel opus confirme toutes les qualités artistiques du répertoire de Samba Touré, dont le Blues qualifié de Blues-songhaà¯, s’est encore affiné avec les différentes expériences musicales qu’il a vécues. Sous l’influence incontestable d’Ali Farka Touré, son répertoire a en effet réussi à  unifier harmonieusement le Blues du Niger aux tonalités occidentales des nombreux courants musicaux glanés lors de sa carrière. Aujourd’hui, Samba Touré revient avec un quatrième album, après « Songha௠Blues », sorti en août 2009. « Yeremakoye » fait la preuve de son doigté fidèle à  la tradition de son maà®tre, ce style qui a fait de lui le digne successeur de ce style de blues songhaà¯. Mais loin d’être une imitation, Samba a forgé son propre style, et son nouvel album à  paraà®tre internationalement au printemps 2011 est le témoin de l’évolution de son répertoire. Après le John Lee Hooker africain avec Ali Farka Touré, Samba Touré est en train de devenir avec sa bonhommie et sa bonne humeur constante et contagieuse, le Bo Diddley africain.