Nord du Mali : le terroriste Ahmed El Tilemsi éliminé

C’’est une victoire de plus pour la lutte contre le terrorisme. En effet une dizaine de terroristes viennent d’être abattus dans la nuit du 10 au 11 novembre 2014 dans la région de Gao au nord du Mali. Parmi ceux-ci figure un grand nom du terrorisme en la personne Ahmed El Tilemsi, membre fondateur du Mouvement pour l’unité du jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et émir d’Al Mourabitoune au Mali. Il a été abattu avec certains de ses proches combattants. Selon un communiqué du conseiller en communication de l’opération BARKHANE en daté du 11 décembre 2014. «Dans la nuit du 10 au 11 décembre 2014, suite à  un renseignement d’opportunité, les forces françaises ont conduit une opération au nord du Mali, dans la région de Gao, en coordination avec les autorités maliennes. Cette opération a permis de neutraliser une dizaine de membres d’un groupe armé terroriste. Parmi ces personnes figure Ahmed El Tilemsi, membre fondateur du MUJAO et émir d’Al Mourabitoune au Mali, ainsi que des proches combattants de ce chef terroriste », informe le communiqué. La neutralisation de ce groupe armé porte à  une cinquantaine le nombre de terrorisme abattus depuis le 1er août 2014. l’opération a également permis de détruire plusieurs tonnes d’armements. Ce coup dur porté aux forces terroristes intervient au moment o๠depuis plusieurs semaines, les groupes armés terroristes organisent des attaques contre les forces de sécurité de la MINUSMA et la population pour tenter de déstabiliser le nord du Mali. Avec leur nouveau mode opératoire qui consiste à  disséminer des engins explosifs, ces terroristes préparaient, poursuit le communiqué, de nouvelles attaques suicides. Un communiqué du ministère malien de la Défense et des Anciens combattants publié ce même jeudi 11 décembre 2014, a confirmé le succès de l’opération. En plus des morts, souligne-t-il, trois autres terroristes ont été faits prisonniers. Le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Bah N’Daw, se félicite du fait que l’on ne déplore aucune victime ni aucun dégât matériel du côté ami.

Vers une Force d’Intervention Rapide au Mali?

Après un nouvel attentat contre la MINUSMA, ce mardi 07 octobre à  Kidal, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a demandé à  l’ONU d’envisager le déploiement d’une «force d’intervention rapide» dans le nord du Mali. Une réponse urgente au retour des djihadistes Hasard du calendrier, le Conseil de sécurité examinait ce mercredi 08 octobre, au lendemain d’une nouvelle attaque meurtrière, le rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali. Depuis Bamako, Abdoulaye DIOP, le Chef de la diplomatie malienne est intervenu par vidéoconférence pour exhorter l’ONU à  muscler son mandat au Mali et envisager la mise en place d’une Force d’intervention rapide pour lutter plus efficacement contre le terrorisme. La situation sécuritaire sur le terrain s’est en effet considérablement dégradée ces dernières semaines et les attaques contre les casques bleus de l’opération onusienne se sont multipliées. Les djihadistes sont de retour, si l’on en croit la revendication par le MUJAO de l’attentat à  la roquette qui a tué neuf soldats nigériens le vendredi dernier. Le chef de la diplomatie malienne a également demandé au Conseil de sécurité de faire pression sur les groupes armés qui participent aux négociations d’Alger afin de les inciter à  «négocier de bonne foi» un accord et à  se démarquer des groupes terroristes (..) sous peine de sanctions». Le Conseil doit «exiger la pleine coopération des groupes armés du nord du Mali dans la lutte contre le terrorisme», a-t-il ajouté. Les pourparlers inclusifs d’Alger doivent reprendre à  la mi-octobre et doivent aplanir de nombreux points de divergence avant la signature d’un accord de paix définitif entre les autorités maliennes et les groupes armés. «Les mouvements armés doivent faire preuve de réalisme et saisir la main tendue du Gouvernement du Mali qui a fait des offres répondant aux aspirations profondes des populations des régions du nord» affirme M. Diop. «Iyad AG Aghali, qui figure depuis longtemps sur la liste de votre Comité contre le terrorisme, circule librement dans le Nord du Mali. Il vient solennellement de prêter allégeance à  l’organisation de l’état islamique à  travers une fracassante déclaration médiatisée. Mon pays, comme tous les pays du Sahel, court à  nouveau le risque d’être la destination de hordes de terroristes déboutés d’autres régions du monde», a déclaré le ministre Diop qui a réclamé «la révision du mandat de la Minusma et le renforcement de ses capacités». Le dernier rapport des Nations unies soulignait le 22 septembre, que l’insécurité au Mali été «aggravée par l’insuffisance des forces de sécurité présentes sur le terrain».

Terrorisme : EI, la 3è guerre

La décapitation de l’otage français Hervé Gourdel par un groupe proche de l’« Etat Islamique », illustre l’ampleur d’une menace djihadiste qui dépasse les frontières des états. Les cavaliers noirs de cette nouvelle croisade s’appellent Daech, Boko Haram, Shebab, Aqmi, Ansardine ou Jund Al Khilafa, qui a enlevé Hervé Gourdel, le 21 septembre dans les montagnes de Kabylie. Nous sommes bien loin des attentats du 11 septembre 2001, o๠pour la première fois, une organisation terroriste tuait en masse. Au moins 3000 ressortissants américains y laissaient la vie en réponse à  l’interventionnisme américain en Irak et en Afghanistan. Aujourd’hui, Al Qaeda semble passée aux oubliettes, tout comme Oussama Ben Laden, tué lors d’un raid au Pakistan en mai 2011. Partout dans les médias, on ne parle plus que l’Etat Islamique, un groupe qui veut ériger le califat mondial de la terreur en norme absolue. Selon le chercheur Charles Lister, « tous les groupes liés à  Al-Qaà¯da et les mouvements djihadistes indépendants vont devoir décider s’ils soutiennent l’à‰tat islamique ou s’ils s’opposent à  lui ». D’o๠vient l’EI ? Daech, C’’est l’appellation arabe de ce qui fut d’abord l’EIIL, l’Etat islamique en Irak et au Levant et qui compterait plus de 30000 combattants selon les chiffres du Centre national anti-terroriste américain. Parmi eux, la moitié serait des djihadistes étrangers venant de France, de Grande Bretagne, d’Allemagne, mais aussi de Suède ou des Pays-Bas. Des jeunes qui débarquent au Moyen Orient pour épouser l’idéologie barbare de l’EI. Pour preuve, l’homme qui a exécuté le journaliste James Foley en Irak, avait un accent britannique et a été identifié comme un jeune rappeur aux textes plutôt violents et qui publiait, la photo du cadavre d’un homme, sur son compte twitter. Ces djihadistes viendraient également des régions d’Asie-Pacifique, mais le gros des combattants est originaire des pays du golfe, d’Arabie Saoudite ou du Maghreb, ce qui explique la poussée de groupuscules prêtant allégeance à  l’EI en Afrique Sub-saharienne. On compte quelques 3000 Tunisiens et Marocains dans les rangs de l’Etat Islamique au Maghreb. La différence avec Al Qaeda, C’’est le durcissement de la méthode. Ces nouveaux djihadistes de l’Etat islamique, ont décidé de faire régner la peur avec des exécutions sommaires, les invasions de villages, l’extermination religieuse…Différence également, dans la guerre sur le terrain. Les « soldats « de l’EI annexent des territoires en Syrie et en Irak, tel les Nazis avec l’Autriche et la Pologne. Selon de nombreux spécialistes, la montée en puissance de l’Etat Islamique au Moyen Orient pose la question de l’expansion géographique de ce mouvement qui inquiète en Europe comme aux Etats Unis. Pour Shashank Joshi, du Royal United Services Institute de Londres, la proclamation du califat « ne change rien matériellement », mais « ce qui change réellement c’est l’ambition » de l’à‰tat islamique, qui montre sa confiance dans sa force et défie Al-Qaà¯da. Face à  cela, l’administration Obama s’est lancée depuis août, dans une offensive aérienne contre « Daech ». Un combat auquel s’est associée la France, rejointe par l’Angleterre et d’autres puissances. Mais sans interventions au sol, cette guerre des coalisés, laisse le champ libre aux djihadistes pour persécuter et massacrer les populations, dont beaucoup ont fui la Syrie. Plus de 70 000 réfugiés kurdes ont trouvé refuge en Turquie. Otages-martyrs l’une des réponses des djihadistes de l’EI à  la guerre aérienne, est la capture des otages. Ils détiendraient encore une vingtaine d’occidentaux en Irak. Steven Sotloff, James Foley, David Haines, tous ont payé le prix de la cruauté de l’EI qui s’exporte jusqu’en Afrique Subsaharienne. « Le business des otages constituait un moyen pour ces organisations terroristes d’exister financièrement. l’otage est désormais exécuté et sauvagement décapité. Preuves à  l’appui pour marquer les esprits. Si la France a déconseillé à  ses ressortissants les régions du Maghreb et du Moyen Orient, nul ne peut prévoir o๠l’EI va frapper ni capturer de nouveaux otages », prévient cet éditorialiste. Au Nord du Mali, malgré l’intervention française, la menace djihadiste n’a pas totalement disparu ni la violence extrême qui en découle. Deux jours avant l’exécution d’Hervé Gourdel, un touareg était retrouvé mort dans la région de Tombouctou. Décapité lui aussi. Avec les tensions interethniques, de nombreux attentats ciblent régulièrement les casques bleus de l’ONU, avec un bilan de plus de 26 victimes depuis le début de l’année. Dans une région o๠les mines sont disséminées un peu partout, l’insécurité n’y a pas dit son dernier mot. En plus d’être le ventre mou du Sahel, le nord du Mali constitue une région stratégique pour le terrorisme sous régional et une zone de prédilection pour la capture des otages occidentaux. Le français Serge Lazarevic, y a été kidnappé le 24 novembre 2011 et n’a toujours pas été libéré. Non à  l’amalgame En réponse à  la violence de l’EI, des voix s’élèvent partout dans le monde, celles de musulmans pour rejeter tout amalgame avec la religion du prophète Mohamed PSL. Dans une intervention récente, le président malien Ibrahim Boubacar Keita, déplorait un piège sémantique constant dans lequel sont tombés les médias : « Confondre Islam et djihadisme est devenue la norme », une confusion qu’il faut à  tout prix éviter. D’ailleurs, le mouvement #Not in my Name tout juste lancé sur Twitter en est une belle illustration et a déjà  mobilisé plus d’un million de personnes sur le réseau social. Il vise à  dissocier l’islam de paix, du terrorisme radical de l’EI qui prétend agir en son nom.

IBK à propos du djihadisme : « Nous sommes tombés dans un piège sémantique »

La géopolitique mondiale a changé de protagonistes. Il ne s’agit plus d’une guerre froide entre Russes ou Américains, ou entre Chinois et Américains, mais bien de cette troisième guerre mondiale, si l’on peut utiliser l’expression, contre le nouveau mal de ce millénaire. Terrorisme, terreur, violence, exécutions sommaires, décapitations en série, enlèvements de jeunes filles, assassinats atroces, explosions, bombes humaines, kamikazes. Oui la liste est longue des atrocités qui sont commises en ce monde, au nom de l’Islam. De l’Est à  l’ouest, l’avènement du califat mondial de la terreur, fait trembler les puissances occidentales. Si le régime répressif de Bachar El Assad était l’ennemi il y a peu, il faut désormais admettre qu’Américains, Français et Syriens ont désormais un ennemi commun. Le califat de la terreur véhiculé par l’Etat Islamique, Boko Haram, les Shebabs et bien d’autres organisations, qui veulent faire régner la peur… Perceptions de l’ennemi, usage des expressions pour désigner ces adeptes de la terreur, il faut faire preuve de discernement : « J’ai bien peur que nous ne soyons tombés dans un piège sémantique. Djihadisme prête aujourd’hui à  confusion », s’est exclamé le président Ibrahim Boubacar Keita, à  l’ouverture du Forum International des Jeunes, de Bamako, sur la Paix et la Sécurité au Sahel. Allant plus loin, dans ses propos, IBK a regretté cette confusion faà®te au nom de l’Islam. La désignation « Etat Islamique », revient au-delà  de l’appellation de ce groupe, à  créer l’amalgame dans les esprits, comme s’il y avait les « méchants musulmans du Levant contre les bons occidentaux ou chrétiens ». Si le bourreau de James Foley, de Steven Sotloff ou de David Haines, tous exécutés par l’EI, est identifié comme un britannique, C’’est que l’Occident n’est plus le modèle. Le califat s’instaure désormais en alternative pour les refoulés du système, un prétexte pour assouvir sa soif de violence, sinon comment expliquer la froide exécution de ces trois hommes ? Le monde fait face à  une menace de grande ampleur comme l’a souligné le président Keita, parlant de ce califat. « Jeunes d’Afrique et du Monde, vous êtes en danger », a ainsi mis en garde IBK. Le Mali a fait les frais en 2012 de la crise libyenne en devenant un « ventre mou » du Sahel, qui abrite tous les terrorismes. Alors, il va de soi que la question mérite réflexion et justes perceptions de la part de cette jeunesse, réunie à  Bamako pour discuter des défis sécuritaires qui menacent clairement la stabilité de la bande sahélo-saharienne.

Vaincre le terrorisme : Obama encourage les Africains à renforcer leurs capacités militaires

De cette conférence de presse, qui a duré un peu plus d’une heure, au département d’Etat, ce mercredi 6 Août, dernier jours du sommet US-Afrique, il faut retenir la question posée par le journaliste kenyan David Ohito. D’abord sur la liberté d’expression et ensuite sur le terrorisme au Sahel. Là -dessus, Barack Obama est clair : « Les Etats-Unis n’ont pas l’intention de s’ingérer dans les affaires sécuritaires du continent, alors que des partenariats peuvent s’établir et se renforcer entre pays pour lutter contre ce mal. Vous avez pour cela, l’Union Africaine, la CEDEAO etC’… » En résumé, l’Afrique a tout intérêt à  se doter militairement et à  développer son renseignement et sa coordination militaire, tout comme elle doit très vite financer sa capacité de réaction aux conflits. De cela, les américains sont conscients, mais nos états rechignent à  financer la défense, quant l’Amérique consacre une grosse part de son budget à  ce secteur clé : « Lutter contre le terrorisme revient à  avoir des forces de défense qui sont disciplinées, professionnelles et qui sachent répondre rapidement aux menaces, C’’est l’une des leçons que nous avons appris en la matière. ». On ne peut s’empêcher de penser à  l’opération, qui a permis d’éliminer Oussama Ben Laden, après de longs mois de surveillance et de préparation sur la retraite pakistanaise o๠l’ennemi numéro un de l’Amérique s’était enterré. Réponse adéquate D’un autre côté, souligne Barack Obama, face à  la presse internationale, l’un des aspects de la lutte est de répondre aux aspirations des populations en leur donnant tous les espoirs possibles afin qu’ils ne tombent dans la spirale de la violence, ce qui participe d’une forme de bonne gouvernance. Barack Obama encourage ainsi les alternatives liées au développement pour pallier le terrorisme international. s’il n’ignore pas que nos systèmes de renseignements en Afrique sont défaillants, l’Amérique a choisi de laisser agir les français au Sahel, bien plus préoccupée par ce qui se passe en Russie, o๠des sanctions doivent contraindre la Russie de Poutine à  changer de stratégie. Ailleurs, le président Obama concède volontiers à  Israà«l le droit de se défendre contres les roquettes du Hamas, en dépit des dommages collatéraux sur les civils de Gaza. « Le problème d’Israà«l et de la Palestine ne date pas d’hier, et ne saurait être résolu par Obama seul, car ses prédécesseurs n’y ont pas réussi », commente cet observateur. La question reste de savoir s’il y a des formes de terrorismes qui sont plus graves que d’autres ? A entendre Obama, le Hamas doit s’assurer de ne plus agresser Israà«l, afin que l’état hébreu puisse créer les conditions d’une paix durable pour les populations colonisées de Gaza. La paix au moyen Orient peut-elle être acquise lorsque pour un soldat israélien enlevé ou tué, plus de 200 palestiniens sont sacrifiés ? Mais enfin, la leçon à  retenir pour les Africains est que le terrorisme ne peut se vaincre seul. Le bannir est le fruit d’un effort régional, concerté et harmonisé. Comme l’a souvent répété l’ancien président malien, il faut une coopération sous régionale accrue, contre des groupes comme Boko Haram, les Shebabs de Somalies et autres mouvances terroristes qui menacent de Bamako à  Djibouti, la sécurité et la stabilité du continent. l’enlèvement des jeunes filles au Nigeria, a soulevé un tollé, la question a souvent été posée lors du sommet. Pour combien de temps encore ? Aux leaders du continent d’y répondre, sans attendre l’interventionnisme américain, qui a changé de visage depuis les attentats du 11 septembre 2001. Le repli militaire des américains, éprouvés par les guerres irakienne et afghane, est aussi une manière de se protéger de ce fléau.

Les fondateurs du MUJAO recherchés par Washington

Dans le cadre de son programme Récompenses pour la Justice, le département d’Etat américain a décidé d’accentuer sa recherche de quatre « terroristes » sévissant en Afrique de l’Ouest. 18 millions de dollars ont ainsi été débloqués pour financer la récompense offerte pour des renseignements sur les quatre personnes recherchées. Hamad al-Khairi et de Ahmed al-Tilemsi, qui ont fondé le Mujao, groupe jihadiste armé opérant au Mali et au Niger font partis des cibles de Washington. Le Mujao a annoncé en avril la mort de l’otage français Gilberto Rodriguez Leal, qui avait été enlevé en novembre 2012 dans le nord du Mali. Sont également concernés le dirigeant présumé du groupe islamiste armé basé au Nigeria, Ansaru et un quatrième individu lié à  des organisations « terroristes » en Egypte. Cinq millions de dollars sont offerts par Washington pour toute information à  propos de chacun des deux leaders du MUJAO, également sur la liste noire des « terroristes internationaux ». Washington offre jusqu’à  cinq autres millions de dollars pour espérer retrouver Khalid al-Barnawi, chef présumé d’Ansaru – issu de l’organisation nigériane islamiste radicale Boko Haram – et considéré par les Etats-Unis comme étant lié à  Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). M. Barnawi, qui serait âgé d’une trentaine d’années et aurait agi au Nigeria et au Niger, a été désigné en juin 2012 comme « terroriste international » par la diplomatie américaine. Enfin, les Etats-Unis proposent jusqu’à  trois millions de dollars pour retrouver Abou Yousouf al-Muhajir, un expert en explosifs, ancien membre d’un groupe extrémiste égyptien (TWJ-Egypte), actif dans le Sina௠entre 2004 et 2006, selon le département d’Etat. M. Muhajir serait impliqué dans plusieurs projets d’attentats en Egypte, y compris contre des intérêts américains. Les Etats-Unis ont lancé en 1984 ce programme « Rewards for Justice » visant à  récolter dans les points chauds du globe toutes les informations pouvant conduire à  la capture de dizaines d’individus considérés comme des « terroristes » et menaçant l’Amérique. Ce programme, lancé après le choc des attentats anti-américains en 1983 à  Beyrouth et au Koweà¯t, a coûté 125 millions de dollars de récompenses versés à  80 informateurs, lesquels ont permis d’arrêter ou de tuer des dizaines de « terroristes », selon le département d’Etat.

Coopération : Pourquoi le Qatar ?

A la veille du voyage du président au Qatar, le riche émirat gazier suscite l’intérêt de la presse malienne. Mais le Qatar, C’’est aussi un passage obligé pour le nouveau locataire de Koulouba, qui s’y rendra dès la semaine prochaine pour discuter sécurité et lutte anti terrorisme et sans doute, accords de coopération économique, si l’on en croit, la forte délégation qui accompagnera le président malien. Petit état de 2 millions d’habitants, avec Doha pour capitale, cet émirat pétrolier a des vues sur la planète entière. Ayant abrité l’an dernier la conférence des parties (COP 18) sur l’environnement, le Qatar reste l’un des pays les plus pollueurs au monde. Sous la houlette du Cheikh Hamed Ben Khalifa Al-Thani, il cherche à  étendre ses investissements mondiaux. Le Qatar aurait des vues sur l’or noir au Sahel ses réserves propres n’étant pas inépuisables, comme celle des Etats-Unis, première puissance planétaire. Le Qatar investit par ailleurs dans le football, courtise de nombreux joueurs africains, s’implique dans l’environnement, les groupes de luxe, met en avant son hôtellerie, ses palaces somptueux et attire chaque année des centaines d’hommes d’affaires et investisseurs de tout bord. Pour les patrons de la planète et chefs d’Etat comme François Hollande, qui y a effectué une visite récente et signé de nombreux accords, le Qatar est un passage obligé. Au Mali, on se souvient que Dioncounda Traoré, ancien président de transition s’y était rendu, au plus fort de la crise et au moment o๠l’émirat était soupçonné de financer les groupes jihadistes au nord du Mali. Activités internationales ? Selon, les services des renseignements français, l’émirat aurait financé des groupes salafistes au nord du Mali. Mais lors de la visite officielle de l’ancien président de transition, Dioncounda Traoré à  Doha, le 24 octobre 2012, l’émir a tenu à  démentir le soutien de son pays aux rebelles du Nord. Au début du mois d’août 2012, durant l’occupation, le Croissant rouge qatari avait aussi lancé une campagne de dons à  l’adresse des nécessiteux du Nord-Mali et, en vertu d’un accord avec la Croix-rouge malienne, certains humanitaires qataris ont pu se rendre dans des villes comme Gao et Kidal. En plus du Croissant rouge qatari, les structures telles que Qatar Charity ou la Mou’assassat Eid ont fait des pays du Sahel (et donc du Nord-Mali) l’un de leurs terrain d’intervention privilégiés. La chaà®ne de télévision Qatari Al Jazeera a même produit un documentaire, qui montre tout son intérêt pour le Mali Que va aller cherche IBK au Qatar ? Des fonds ou convaincre l’émirat de s’impliquer davantage dans la lutte anti-terroriste ? Il est certain que la démarche ne s’applique pas qu’au Qatar seul mais à  tous ces pays suspectés d’accointance avec les mouvances terroristes du Sahel. Après la Mauritanie, IBK est ce week-end en Algérie avant le lointain voisin qatari.

Lutte antiterroriste au Sahel : Paris nomme un émissaire spécial

DAKAR, 15 nov 2013 (AFP) – Le ministre français de l’Intérieur Manuel Valls a annoncé vendredi à  Dakar la création dans la capitale sénégalaise d’un poste « d’attaché régional français de sécurité intérieure » pour renforcer la lutte anti-terroriste dans les pays du Sahel. « Nous souhaitons inscrire cette lutte contre le terrorisme dans la cohérence d’un plan Sahel qui pourrait être piloté ici à  Dakar », a déclaré M. Valls à  la presse, à  l’issue d’une réunion de travail avec son homologue sénégalais, Abdoulaye Daouda Diallo. « Pour ce qui nous concerne, nous ouvrons (le poste d’un) attaché régional français de sécurité intérieure qui renforcera les équipes qui sont déjà  présentes sur le terrain, ici à  Dakar, pour gagner en efficacité notamment dans le domaine du renseignement », a-t-il ajouté. La situation dans le nord du Mali voisin du Sénégal, o๠des éléments jihadistes restent actifs, est un sujet de préoccupation pour tous les pays d’Afrique de l’Ouest ainsi que du Tchad qui, avec la France, ont envoyé des troupes au Mali dès janvier pour combattre les groupes islamistes armés liés à  Al-Qaà¯da qui venaient d’occuper cette région pendant neuf mois. Ces groupes ont menacé de mener des actions en France et dans les pays africains qui participent à  la force de l’ONU au Mali, la Minusma. Le ministre sénégalais, M. Diallo, a insisté sur la nécessité de renforcer « l’échange d’informations » entre tous les pays de la région et la France pour lutter contre cette menace. Il a rappelé qu’en ce qui concernait le Sénégal, il avait « 800 kilomètres de frontières avec la Mauritanie et le Mali », difficiles à  contrôler entièrement pour empêcher la circulation de jihadistes armés. MM. Valls et Diallo ont signé vendredi un document qui, selon Manuel Valls, « vise à  rendre plus solennel ce que nous faisons déjà  ensemble en vue de développer une coopération de très grande qualité dans tous les domaines qui intéressent les ministères de l’Intérieur ». Outre la lutte anti-terroriste, l’autre sujet essentiel de cette coopération est la lutte contre la drogue. Dans ce domaine, a affirmé le ministre français, « il y a une plateforme, il y a des coopérations, il y a des engagements financiers qui doivent trouver encore davantage de prolongements », car « la drogue détruit nos sociétés, s’attaque aux fondements même de nos démocraties: c’est vrai en Europe, c’est vrai en Afrique ». « La France et le Sénégal souhaitent être ensemble à  la pointe de ce combat contre ce fléau et nous sommes très déterminés à  mettre les moyens techniques humains et financiers pour gagner en efficacité », a-t-il affirmé.

« Al Mourabitoune », du nouveau chez les terroristes

« Signataires par le sang », groupe terroriste de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, katiba rendue tristement célèbre par les attentats du site gazier In Amenas en Algérie. Mujao, né au nord-Mali, auteurs d’exactions pendant les mois d’occupation de trois régions maliennes. Ces deux mouvements terroristes ont annoncé hier 22 août qu’ils fusionnaient. Leur nouvelle organisation se nomme désormais « Al Mourabitoune », les Almoravides en français. « Les Signataires par le sang et le Mujao ont décidé de s’unir au sein d’une même Jamaa, dénommée « Al Mourabitoune », dans la perspective de réaliser l’unité des musulmans du Nil à  l’Atlantique », a indiqué la nouvelle organisation dans un communiqué diffusé par l’agence de presse mauritanienne AP. Le nouveau groupe terroriste appelle toutes les organisations islamiques à  unir leurs efforts « pour contrecarrer les forces laà¯ques qui s’érigent contre tout projet islamique ». La France est particulièrement dans le collimateur du nouveau groupe terroriste qui lui reproche son engagement aux côtés des autorités maliennes. La nouvelle « brigade » semble avoir porté allégeance à  Al Qaida dont elle s’inspire sur le plan idéologique, saluant ses leaders respectifs, Ayman Al Zawahiri et le Mollah Omar. La direction de la nouvelle organisation a été confiée à  un vétéran d’Afghanistan qui a combattu au Nord-Mali. Pour le moment son identité n’est pas encore connue. Une chose est sûre, ce ne sera pas Mokhtar Belmokhtar, terroriste le plus recherché dans le Sahel. « Le borgne » est recherché par toutes les polices du monde depuis que sa tête a été mise à  prix pour 5 millions de dollars par les Etats-Unis. C’est lui qui a créé en 2012, après avoir rompu les liens avec AQMI, les « Signataires par le sang ». Cette dernière est à  l’origine des attentats du site gazier In Amenas, en janvier 2013, dans le sud de l’Algérie, qui ont fait plusieurs dizaines de morts, dont de nombreux Occidentaux. Il est aussi à  l’origine du double attentat, en mai 2013 au Niger, sur un site d’Areva à  Arlit et une caserne militaire à  Agadez, qu’il a mené conjointement avec le Mujao. Ces attaques qui ont fait 20 morts signent le début de la coopération entre les deux groupes. Leur fusion n’est donc pas une surprise quand on sait les liens qu’entretiennent Mokhtar Belmokhtar et le chef du Mujao Oumar Ould Hamada dit « Barbe rousse », depuis 2009. Elle n’augure en tout cas rien de bon pour la zone du Sahel et particulièrement le Mali o๠le « nettoyage » des groupes islamistes n’est pas encore achevé.

L’ONU préconise une « vaste stratégie intégrée pour le Sahel »

Ce document visant une « stratégie intégrée » dans le Sahel a été élaboré par les services de l’envoyé spécial pour le Sahel Romano Prodi et transmis vendredi 14 juin par le secrétaire général Ban Ki-moon aux 15 membres du Conseil de sécurité. « Aide technique » L’ONU, indique le rapport, veut aider les pays du Sahel à  « établir des mécanismes coordonnés pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé afin que police, garde-frontières, armée, douanes (…) travaillent ensemble de manière cohérente et dans le respect des droits de l’homme ». Parmi les nombreuses idées avancées figurent une « réunion régionale des services de renseignement pour échanger des informations sur la menace d’Al-Qaà¯da et de ses affiliés ». L’ONU propose aussi une « aide technique » aux policiers et magistrats des pays concernés et invite ceux-ci à  se concentrer davantage sur le financement des activités illégales. Un des points également évoqués est « l’échange d’informations (..) entre les aéroports en Amérique latine, Afrique de l’ouest, Sahel, Maghreb et Europe pour contrer les trafics à  la source, à  destination et en transit ». « En 2012, dix-huit tonnes de cocaà¯ne d’une valeur marchande de 1,25 milliard de dollars ont transité par l’Afrique de l’ouest et une partie serait passée par le Sahel », souligne le rapport. « Action collective » Cette vaste « stratégie intégrée des Nations unies pour le Sahel » a l’ambition de s’attaquer à  tous les aspects de la crise: amélioration de la gouvernance, lutte contre la criminalité (trafics de drogue, de personnes, d’armes et de cigarettes, blanchiment d’argent) et contre le terrorisme, aide humanitaire à  11,4 millions de personnes menacées par la faim dont 5 millions d’enfants de moins de 5 ans. « Les problèmes au Mali ne doivent pas être envisagés de manière isolée », explique Ban Ki-moon dans ce rapport. « à‰tablir une paix et une sécurité durables nécessite une action collective pour traiter les racines de l’instabilité, qui s’étendent bien au-delà  des frontières du Mali ». Le secrétaire général de l’ONU se déclare « particulièrement inquiet des liens apparents entre des syndicats du crime impliqués dans le trafic de drogue et des groupes armés actifs dans la région ». « Nous devons nous concentrer simultanément sur la sécurité, la diplomatie et le développement (…) y compris les relations avec l’Afrique de l’ouest et le Maghreb », explique-t-il.

Ça Vous Regarde : « Mali : vers la fin du conflit ? »

Le Mali parviendra-t-il à  trouver une stabilité politique et se reconstruire ? La France arrivera-t-elle à  éradiquer définitivement le terrorisme au Sahel ? Faut-il craindre des attentats islamistes sur le sol français ? Invités : – François Loncle, Député de l’Eure – Thierry Oberlé, Grand reporter au Figaro et co-auteur de Notre guerre secrète au Mali – Moussa Ag Assadir, fondateur du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) – Pierre Lellouche, député UMP de Paris

Attentats aux Etats Unis: la France est-elle aussi menacée?

Depuis le début de l’opération Serval au Mali le 11 janvier 2013, des groupes de djihadistes ont proféré à  plusieurs reprises des menaces à  l’encontre de la France, la présentant comme un véritable ennemi. « Cessez vos hostilités envers nous (…) vous êtes en train de creuser les tombes de vos fils avec vos propres mains » a prévenu Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) dans un message vidéo le lendemain de l’intervention française au Mali. Par ailleurs, le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), une branche dissidente d’Aqmi, a lui aussi menacé la France mi-janvier. Interrogé par l’AFP, l’un de ses chefs Abou Dardar, aurait indiqué vouloir frapper « le C’œur de la France » Dès lors, le plan Vigipirate est passé du « rouge » au « rouge renforcé», ce qui signifie que la menace d’attentats sur le territoire français est probable. C’’est ainsi que depuis janvier 2013, la sécurité a été renforcée dans les transports en commun, les bâtiments accueillant du public et au niveau des rassemblements de personnes. Après les explosions meurtrières survenues ce lundi 15 avril à  l’arrivée du marathon de Boston, sur la côte Est des Etats-Unis, la France est sur le qui-vive. Les patrouilles devraient davantage circuler dans les lieux publics, en particulier dans les gares et les aéroports. Le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, a appelé, tous les citoyens français « à  faire preuve de vigilance quant à  la présence de colis suspects ou de bagages abandonnés, sans céder à  l’esprit de panique (…) En cas d’incident ou d’alerte, le ministère a souligné l’importance de respecter strictement les consignes émises par les services de sécurité et de faire preuve de patience et de civisme ». Pour sa part, le président François Hollande a déclaré ce jeudi matin qu' »il y a des menaces qui concernent particulièrement la France, depuis que nous avons pris des dispositions par rapport au Mali, il y en a par rapport à  notre position par rapport à  la Syrie, il y en a par rapport à  la lutte que nous avons engagée contre le terrorisme » (…) c’est parce qu’il y a des menaces qu’il y a des dispositifs. Et en même temps, il ne faut pas grossir la menace. Il s’agit simplement de protéger les Français du mieux possible ».

Nouvelle exploision à Gao ce lundi

Une violente explosion a de nouveau retenti à  l’aube ce lundi dans la ville de Gao. Il était environ 4 heures du matin et selon des soldats maliens, elle semblait venir du nord de la ville, « peut-être du check-point sur la route de Bouren » qui avait été attaqué vendredi matin par un kamikaze islamiste, puis de nouveau samedi soir, également par un kamikaze. L’attaque de ce poste de contrôle survenue samedi soir aurait permis l’infiltration du commando qui a harcelé les troupes maliennes dimanche. Attaque kamikaze et combats armés au centre-ville La sécurité du poste de contrôle avait été fortement renforcée depuis qu’un homme portant un uniforme de le gendarmerie malienne s’était fait exploser vendredi à  proximité, dans le premier attentat-suicide enregistré au Mali et revendiqué par le Mujao. Deux tentatives ont suivi cette première, évitées grâce à  l’interpellation des kamikazes. Par ailleurs en ville, des combats de guérilla urbaine se sont déroulés au centre-ville de Gao pendant l’après midi du dimanche 10 février. Les échanges de tirs entre soldats maliens et islamistes ont éclaté dimanche en début d’après-midi au C’œur même de la ville, près du commissariat central, qui était le siège de la police islamique quand les jihadistes occupaient Gao. Ils n’ont pris fin qu’à  la tombée de la nuit, les forces françaises et maliennes ayant a priori éliminé le groupe islamiste qui les harcelait dans le centre de Gao. Des sources françaises et maliennes ont toutefois confié leur crainte de la poursuite de la présence de francs-tireurs dans la ville. Bombardement de positions islamistes L’armée française a en fait bombardé dans la nuit de dimanche à  lundi le commissariat de la ville de Gao, dans le nord-est du Mali, o๠se trouvaient des islamistes armés qui avaient affronté des soldats de l’armée malienne, ont indiqué des témoins à  l’AFP. Plusieurs témoins ont dit avoir vu « un hélicoptère » de l’armée française bombarder le batiment, totalement détruit, a constaté un journaliste de l’AFP qui a également vu des débris de corps aux alentours. Un témoin a affirmé de son côté qu’un des islamistes qui se trouvait à  l’intérieur du commissariat.

Au Mali, « les terroristes sont toujours là »

Il s’est beaucoup dit que la France intervenait au Mali parce qu’elle n’avait pas envoyé de troupes au sol en Libye, ce qui aurait empêché les groupes terroristes de trouver des armes. Vous étiez à  l’époque de l’intervention au Libye le ministre des Affaires étrangères: avez-vous le même avis? C’’est stupide. Il n’a jamais été question d’envoyer des hommes au sol en Libye, la résolution votée à  l’époque ne le permettait pas, contrairement à  celle adoptée pour le Mali. C’’est une simplification historique un peu superficielle de dire que C’’est la Libye qui a tout provoqué. Cela fait trente ans que les Touaregs se révoltent. Il ya eu des accords de paix à  Alger, et aujourd’hui au nord du Mali il y a à  la fois les salafistes et des djihadistes, mais aussi les Touaregs. C’’est vrai que la Libye n’a pas arrangé les choses, des armes ont reflué vers le Sahel mais ce n’est pas cela qui explique la situation. Pour l’un de mes derniers voyages en tant que ministres des Affaires étrangères, je suis allé à  Bamako rencontrer le président Touré à  l’époque. Je lui avais dit de négocier avec les Touaregs, lui était parti dans l’idée qu’Aqmi allait lui ficher la paix, rester dans le nord et ne pas aller jusqu’à  Bamako: on a vu la suite… J’ai approuvé l’intervention mais rien n’est réglé. Nous n’avons pas détruit les terroristes: ils se sont enfuis. Ils sont toujours là , soit dans les villes, mêlés à  la population, soit dans le nord. Si l’armée française se retire, comme on nous l’annonce, encore que ce soit un petit peu ambigu, la chose est loin d’être réglée. Est-ce une erreur selon vous que l’armée française commence à  quitter dès mars le Mali? Il y a une communication extrêmement maà®trisée sur ce qui se passe, C’’est le moins que l’on puisse dire. On nous dit qu’il y a eu des centaines de morts du côté des terroristes, mais les rares journalistes qui ont pu aller sur le terrain n’en ont pas vu. On nous dit qu’il y a eu des blessés côté français sans nous dire combien. C’’est quand même très curieux. On ne sait pas très bien quel est le rapport de force sur le terrain: début mars C’’est dans quinze jours. Je ne suis pas sûr que les soldats africains soient en mesure de prendre le relais. Et si les mêmes causes produisent les mêmes effets, avec des colonnes terroristes qui foncent vers le sud, on serait dans une sacrée difficulté. Il y a aussi des difficultés à  Bamako, o๠le problème n’est pas réglé. Les militaires qui ont fait le coup d’Etat ne sont pas véritablement rentrés dans leur caserne, l’ordre constitutionnel n’est pas vraiment rétabli. Qui maà®trise l’armée malienne, qui évite les exactions? Comment traite-t-on les Touaregs qui veulent bien se dissocier des terroristes? Il y a toute une série de questions. La France est partie seule au Mali, sans aide financière de l’Europe, et on entend maintenant que C’’est parce que la France paie seule, qu’il y aurait eu un dépassement du budget autorisé de 3%… On a déjà  essayé de faire ce coup-là  il y a quelques années, on avait dit qu’il faudrait mettre le budget de la Défense en dehors des critères maastrichtiens… Je crois que ce n’est pas sérieux. En revanche il n’en reste pas moins que l’Europe a été nulle. Et C’’est profond, car il n’y a pas simplement l’aspect financier, mais aussi l’aspect idéologique: l’idée que l’on puisse parfois utiliser la force pour régler certains conflits, lorsque la négociation ne suffit pas, est étrangère à  un certain nombre de nos partenaires, et y compris à  nos partenaires allemands. Cela pose la question de pouvoir réanimer, un jour, une véritable politique de sécurité de défense commune. J’ai essayé d’y travailler quand J’étais au Quai d’Orsay, J’ai eu beaucoup de mal avec les Britanniques, qui ne veulent pas faire cela avec les Européens, et avec les Allemands qui n’ont pas envie de s’engager. A ce propos, la Suède a expliqué il y a peu que, si elle était attaquée, elle ne pourrait même plus se défendre. Cela vous inquiète? Oui… Parmi les géants européens, Il n’y a plus que deux pays qui ont une véritable capacité militaire à  se défendre, C’’est la France et la Grande-Bretagne. J’espère donc que l’on ne va pas rogner les crédits de la défense française. Ce que l’on a fait au Mali, C’’est la démonstration que toutes les réformes engagées depuis dix ou quinze ans ont conduit à  une armée opérationnelle, capable de projeter 4.000 hommes dans des délais extrêmement brefs. Or, le monde est dangereux, la menace terroriste existe. Propos recueillis par David Blanchard, Elsa Provenzano et Mickaà«l Bosredon

La guerre au Mali : phase 2

A l’occasion de la visite du président français au Mali, trois semaines après le début de l’opération militaire Serval qui a permis de reconquérir avec l’armée malienne les grandes villes occupées, le président François Hollande a déclaré que « le terrorisme a été repoussé, il a été chassé mais il n’a pas encore été vaincu ». Les forces terroristes restantes semblent s’être repliées dans le nord du pays. En effet, à  part quelques ilots de résistance, les forces terroristes restantes se sont repliées dans le nord du pays, dans le massif de l’Adrar des Iforas. Une région saharienne et montagneuse o๠se joue dorénavant, avec l’arrivée des forces françaises sur l’aéroport de Kidal, une nouvelle séquence de cette guerre. Les combattants de l’Adrar des Iforas Juste après le siège de Gao, dans la journée du 26 janvier 2013, entre deux cents et trois cents véhicules des forces rebelles auraient quitté précipitamment la boucle du fleuve pour monter se réfugier dans le nord montagneux et désertique du pays, dans l’Adrar des Iforas. Un massif rocheux creusé de grottes qui sont autant de citadelles et de caches naturelles que connaissent parfaitement les populations touareg de la région. Ces montagnes, o๠se trouveraient probablement les otages, ont abrité de 2010 à  2011 le sanctuaire d’Aqmi,(Al-Qaà¯da au Maghreb islamique) une organisation salafiste extrémiste dirigée par Abdelmalek Droukdel, un ancien du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), une organisation qui avait semé la terreur en Algérie dans les années 90 et qui constitue avec Ansar Dine (les défenseurs de la religion) et le Mujao (le mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’ouest) les forces rebelles de ce conflit. Aujourd’hui l’Adrar est aussi le refuge du très charismatique chef touareg d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghali. Un ancien chef de la rébellion touareg qui a su rassembler autour de lui toutes les forces rebelles pour partir à  la conquête du sud et qui se retrouve maintenant dans une situation quelque peu désespérée, reclus dans les montagnes fortifiées, avec les derniers combattants restants, qui comptent certainement parmi les plus durs et les plus déterminés, et se préparent probablement à  un assaut final. Une autre composante des forces politique touareg qui circulent dans cet espace est le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), une organisation armée qui dit se battre contre les rebelles, et qui aurait annoncé la libération de plusieurs ville de l’Adrar dont la grande ville de Kidal. Elle aurait livré à  la France des chefs rebelles qu’ils auraient fait prisonnier à  la frontière algérienne. Le MNLA joue sa crédibilité sur ces actions contre les rebelles. l’organisation serait coupée de l’autorité de Bamako et s’inquiéterait pour ses populations des risques d’exactions et de dérapages ethniques dont elles pourraient être victimes (un positionnement partagé par le MIA le mouvement islamiste de l’Azawad nouvellement crée). Les opérations françaises dans l’Adrar des Iforas De toute évidence, d’après de nombreux observateurs, avec l’arrivée des forces françaises sur l’aéroport de Kidal, nous sommes passés à  une autre étape de cette guerre. Les objectifs et les intervenants ne paraissent plus être tout à  fait les mêmes. Il ne s’agit plus de reconquête et de normalisation comme avec l’opération «Serval» mais il semblerait que nous soyons en présence de forces spéciales avec des objectifs différents. Une opération plus secrète qui n’est pas sans rappeler l’opération Sabre, qui serait, dit-on, dirigée par le Commandement des opérations spéciales, la Direction des Renseignements Militaires et la Brigade des Forces Spéciales Terre, depuis l’été 2012. Le COS, le Commandement des Opération Spéciale, comme l’explique Jean-Henri Gontard (un consultant qui cherche à  favoriser les contacts entre les rebelles du MNLA et la France), « est basé à  Ouagadougou au Burkina Faso, et travaillerait depuis longtemps sur cette zone. Il dépendrait directement de l’Etat Major des Armées et regrouperait un ensemble de forces spécialisés : 1er Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine (1er RPIMa), les Commandos Marine (Jaubert, Trepel, de Penfentenyo, de Montfort, Hubert) et le GCMC, le Commando Parachutiste de l’Air n°10 (CPA 10), le Détachement ALAT (Aviation Légère de l’Armée de Terre) des Opérations Spéciales (DAOS) une escadrille d’hélicoptères basés à  Pau, ainsi que le Détachement des Opérations Spéciales (DOS) des avions de transport Hercules C130 et C160 dotés d’équipements spécialisés qui ressembleraient beaucoup à  ceux que l’on a vus atterrir à  Kidal. » D’autre part, les troupes spéciales françaises auraient formé et entrainé des GSI (groupes spéciaux d’intervention) en Mauritanie (400 hommes), au Mali (200 hommes) et au Niger (200 hommes). « Les GSI, sont des unités très mobiles, équipées de puissants pick-up Toyota armés de mitrailleuses lourdes. Les soldats ne dépendent d’aucune base, ils vivent en permanence dans le désert en se déplaçant au gré des renseignements glanés par les services de renseignement et de la reconnaissance aérienne. » (France 24). Ces groupes de soldats locaux avaient été formé pour combattre AQMI et organiser des opérations longue distance avec droit de poursuite. Ils sont déjà  intervenus en septembre 2010 depuis la Mauritanie pour détruire une unité AQMI, la Seryat El Voughrane, à  Tombouctou. Les trafics Les combattants rebelles ont besoin d’autre part de rétablir les routes et les réseaux des trafics qu’ils contrôlaient et qui ont certainement joué un rôle très important dans cette guerre. Car de tout temps, il y a toujours eu de nombreux trafics dans cette région. Trafics d’êtres humains, avec principalement le phénomène de migration d’Afrique vers l’Europe et trafics de marchandises de toutes sortes, essence, voitures, ou cigarettes. Mais le plus gros de ce trafic, dont l’activité jouerait un rôle très important est d’une part le trafic d’armes (on estime qu’il y aurait près d’un million de kalachnikovs actuellement dans le nord du Mali), et surtout le trafic de cocaà¯ne pour remonter la drogue des ports d’Afrique de l’ouest vers les rives méditerranéennes. Une activité aujourd’hui très désorganisée à  cause de la guerre, et qui tente de se restructurer pour gérer les importantes quantités en transit dans le nord du pays, estimées actuellement par les experts à  près de 50 tonnes de cocaà¯ne. Les options sur le terrain Face à  cette situation, deux options s’imposent aux observateurs : soit les rebelles déjà  affaiblis restent dans leur montagnes et attendent qu’on les y déloge, soit ils tentent de partir mais leurs options paraissent limitées. Car il semblerait que les différentes routes de sortie soient déjà  fermées ou sérieusement surveillées par tous les pays de la région. En tout état de cause, nous entrons dans une autre séquence de cette guerre qui sera probablement réalisé dans la plus grande discrétion par les services de renseignement et les forces spéciales à  l’abri de tous les regards.

Lutte contre le terrorisme: L’Afrique met sur pied un réseau régional

Les 1er et 2 décembre dernier, un atelier de travail avait été organisé à  Brazzaville par le centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme (CTITF/UNCCT), la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (CTED) et le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (Unoca) avec le concours des à‰tats de la sous-région. Durant cette rencontre à  laquelle les experts chargés des questions de sécurité en Afrique centrale, il a été décidé de la création d’un réseau régional qui coordonnera la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes. Le réseau qui est sous la coordination du Professeur Mvomo Ela Wullson, en service à  la Délégation générale à  la sûreté nationale (DGSN) du Cameroun, devra jouer un rôle important dans le suivi de ce problème dans la sous-région. Au-delà  de la nécessité d’avoir une vision commune face à  ces menaces, notre réseau a pour vocation d’y proposer une réponse intégrée et multisectorielle dans la dynamique définie par l’ONU, souligne-t-il avant d’ajouter Nous nous attèlerons aussi à  mettre en place un mécanisme d’évaluation permanente en relation avec nos partenaires pour mesurer les progrès accomplis et les progrès à  accomplir dans ce domaine, pour une efficacité toujours croissante. Cet atelier avait pour but la réflexion sur les modalités de mis en œuvre de la «Déclaration sur une Feuille de route pour la lutte contre le terrorisme et la non-prolifération des armes en Afrique centrale». Cette déclaration avait été adoptée au cours de la 33e réunion de l’Unsac, qui a eu lieu en décembre 2011 à  Bangui en RCA. Un délai de 28 mois a été arrêté pour l’aboutissement de ce projet. Celui-ci devrait dans le futur être assumé par les ministres des Affaires étrangères des à‰tats membres de l’Unsac. Ceux-ci examineront la démarche en tenant compte des observations faites par les experts au cours de leur 35e réunion qui se tiendra le 06 décembre à  Brazzaville. En effet, le 4 décembre, ces experts avait débattu sur les questions liées au fonctionnement de l’Unsac, à  la coopération avec les organisations sous régionales et régionales ainsi qu’aux activités des institutions ayant le statut d’observateurs au sein du Comité. Les experts ont également suivi avec attention les interventions des représentants de l’Unoca et du Département des Affaires politiques de l’ONU, qui ont donné des informations précieuses par rapport à  leur soutien aux travaux du Comité.

Fabius pointe la «menace narcoterroriste»

Invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, Laurent Fabius n’a pas échappé à  une salve nourrie de question sur les otages du Mali. «Nous agissons mais nous le faisons dans la discrétion», a déclaré le ministre des Affaires étrangères en réfutant les critiques des familles d’otages qui se plaignent de ne pas être tenues au courant par le Quai d’Orsay. Avons-nous des preuves de vie? Savons-nous qui les retient? «Oui», s’est borné à  indiquer le ministre. Celui-ci a surtout mis en exergue le danger d’une «montée du narcoterrorisme». Des mouvements terroristes, forts seulement de «plusieurs centaines de personnes très lourdement armées, sont liés au trafic des otages et de la drogue», a-t-il expliqué. «Si on les laisse faire, c’est l’ensemble de l’Afrique, de l’Ouest comme de l’Est, et l’Europe qui sont menacées», a mis en garde Laurent Fabius. «Si on veut éviter que d’ici quelques mois nos pays soient sous le coup du narcoterrorisme, il faut agir», a répété le chef de la diplomatie en n’écartant pas la menace d’attentats sur le sol européen. Entre l’urgence liée à  ces menaces et le tempo d’une intervention, l’écart semble se creuser. Le ministre n’a pas démenti que le volet militaire de la reconquête du nord du Mali tenu par al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) pourrait ne pas avoir lieu avant septembre 2013, comme l’a concédé l’ONU. En revanche, la reconstruction de l’armée malienne interviendra «d’ici les prochaines semaines», a affirmé le ministre en détaillant les trois types d’action (politique, économique, sécuritaire) qui se préparent au Mali. «C’est aux Africains d’agir, nous serons en soutien», a une nouvelle fois souligné le ministre, comme pour dissiper les multiples hypothèques qui planent sur l’équation malienne. Avec l’Algérie, pays clé avec lequel la France s’apprête à  sceller un «partenariat d’amitié», «nous sommes d’accord pour ne pas admettre tout groupe qui ne souscrirait pas au respect de l’intégrité du Mali et au refus du terrorisme». Sur l’autre crise internationale majeure, la Syrie, Laurent Fabius, s’est dit partagé entre l’«horreur et l’espoir», ce dernier étant motivé par la laborieuse mise sur pied d’une «alternative» politique au pouvoir de Bachar el-Assad. L’horreur a pris la forme, ces derniers jours, des alertes aux armes chimiques. Des informations «pas expressément confirmées mais qui doivent être prises au sérieux», a dit Laurent Fabius. Il a cité l’existence de 31 sites et de «1000 tonnes» de substances létales, tels les gaz sarin ou VX. La question d’une levée de l’embargo sur les armes pour la rébellion «est posée», a indiqué le ministre. à€ qui pourrait-on livrer des armes sans risquer de les voir passer en de mauvaises mains? «C’est parce que nous n’avons pas de réponse à  cette question que nous ne livrons pas d’armes», a répondu Laurent Fabius.

Mourad Medelci : » L’Algérie a toujours affirmé son intention de lutter contre le terrorisme… »

Mourad Medelci a été reçu vendredi 18 octobre, par Tiéman Hubert Coulibaly, son homologue malien à  Koulouba pour évoquer la situation au Mali et dans la sous-région. Cette rencontre s’inscrit dans la suite d’une discussion qui avait commencé entre les deux personnalités tout récemment à  New York aux USA. Discussion qui a été initiée par les plus hautes autorités des deux pays. Monsieur Medelci a exprimé qu’il est confiant pour le développement du dialogue entre maliens et l’existence de moyens plus efficaces pour lutter contre le terrorisme, à  savoir la lutte contre le sous – développement. Il dit croire en l’efficacité de ce combat. Le chef de la diplomatie Algérienne reconnait la nécessité de la conjugaison des efforts des pays limitrophes du Mali pour trouver la meilleure solution. Son pays mise sur la rencontre de Bamako pour apporter sa contribution positive à  trois dimensions. La première porte sur la dimension politique, la seconde sur l’aspect humanitaire et la troisième sur le partage d’informations sur la lutte contre le terrorisme. l’Algérie veut rendre ce troisième point cohérent entre les pays concernés C’’est-à -dire ceux du Champ ( Niger, Mauritanie, Algérie) En l’interrogeant sur la question portant sur la position de l’Algérie par rapport à  une intervention militaire au Nord du Mali, le ministre Algérien des Affaires Etrangère Mourad Medelci a répondu : «Â Si l’intervention au nord du Mali a pour objectif la lutte contre le terrorisme, l’Algérie s’est déjà  exprimé sur ce sujet et elle a déjà  dit, je le confirme son intention de persévérer dans la lutte par tous les moyens contre le terrorisme. Mais nous considérons cela comme un objectif important qui ne doit pas faire oublier que pour bien lutter contre le terrorisme, il faut également refaire l’unité nationale du Mali autour de la fraternité, de la réconciliation et mobiliser l’ensemble des Maliens qui veulent construire le Mali de demain. » l’audience a pris fin par la remise de cadeaux que le ministre des affaires étrangères d’Algérie a offert à  son homologue du Mali, Tieman H Coulibaly. l’emballage masquait des livres sur l’Algérie.

Paris craint une alliance Touareg-Aqmi pour s’emparer du Mali

PARIS (AFP) – (AFP) – La France craint une possible alliance au Sahel entre des Touareg et Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) pour s’emparer du Mali, a déclaré mardi à  l’AFP son chef de la diplomatie, Alain Juppé, appelant à  une mobilisation régionale et de l’ONU contre « le péril islamiste ». « Certains rebelles pourraient se contenter du contrôle sur les territoires du Nord (du Mali). D’autres, avec Aqmi, pourraient envisager de s’emparer de l’ensemble du territoire malien pour en faire une république islamiste », a affirmé le ministre français. Le groupe Ansar Dine, qui contrôle depuis lundi la ville malienne de Tombouctou, « est étroitement lié à  Aqmi », a aussi relevé Alain Juppé. Le chef de ce groupe, « Iyad Ag Ghaly, est très lié à  Aqmi et depuis plusieurs semaines, ce mouvement a pris de plus en plus d’importance », a-t-il noté. « Ses objectifs ne sont pas précisément connus, mais pourraient être l’instauration d’un régime islamiste sur l’ensemble du Mali. Il faut une réponse régionale au péril islamiste, qui va de la Libye jusqu’au Nigeria. Seule une coopération impliquant l’Algérie, la Mauritanie, les pays de la Cédéao (Afrique de l’Ouest) avec le soutien de la France et de l’Union européenne, pourrait permettre de progresser », a-t-il insisté. « Se mobiliser contre le terrorisme » « C’’est dans cet esprit que nous avons souhaité que le Conseil de sécurité s’exprime. Un projet de déclaration présidentielle est en cours d’examen pour condamner une nouvelle fois le coup d’Etat, demander à  la rébellion de s’arrêter, d’arrêter les combats et d’engager un processus de dialogue. La France souhaite attirer l’attention sur le péril islamiste et la nécessité pour la communauté internationale de se mobiliser contre le terrorisme », a fait valoir le ministre. A propos de la mobilisation régionale, Alain Juppé a souligné l’importance de l’Algérie. « Je ne perds jamais une occasion de dire à  nos amis algériens à  quel point il est important qu’ils jouent le rôle le plus actif possible dans la coordination de la réponse régionale à  Aqmi ». « l’objectif d’Aqmi est très clair, C’’est de déstabiliser les régimes en place par le terrorisme, en s’appuyant sur de nombreux trafics, notamment le trafic de drogue. Cette région est devenue une plaque tournante de la drogue », a-t-il déploré. Pour le ministre, la crise au Mali avec la revendication touareg d’une région indépendante dans le nord du pays, l’Azawad, « est ancienne et ne date pas de la crise libyenne ». « Il est exact que la situation en Libye, et la circulation des personnes et des armes, ont ravivé ce conflit et favorisé l’offensive de la rébellion en janvier. Mais elles ne l’expliquent pas », a-t-il souligné. « pas question de troupes françaises au sol » La solution à  la crise malienne ne passe que par un processus régional, a poursuivi Alain Juppé, en excluant à  nouveau que la France, ex-puissance coloniale, envoie des troupes au Mali pour y garantir l’intégrité et la sécurité du pays. « Pour nous, comme pour les Américains, il n’est pas question de déployer des troupes au sol. Nous n’avons rien à  y faire. En revanche, nous sommes prêts à  apporter un soutien logistique à  la Cédéao » (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), indique-t-il. Les chefs d’Etat de la région « ont évoqué la possibilité d’un déploiement d’une force de la Cédéao. Le problème C’’est que cela devrait prendre du temps et le temps est évidemment précieux face à  la percée des Touareg. Aucun des pays ne demande (un déploiement français). Ce qu’ils demandent C’’est un soutien logistique, du transport, mais certainement pas de troupes au sol », a-t-il insisté. La France est opposée à  la revendication indépendantiste du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), a aussi affirmé le ministre. « Ce n’est pas acceptable pour nous qui sommes très attachés à  l’intégrité territoriale du Mali », a-t-il dit. Cependant, « cette revendication pourrait conduire, dans le cadre d’un dialogue national, à  une forme d’autonomie assortie d’une politique ambitieuse de développement. Le Nord n’a pas assez bénéficié pour l’instant d’efforts de développement aussi importants que le Sud du pays », a-t-il relevé. Concernant Bamako, une évacuation des Français (quelque 5.000 au total dont la majorité vivant dans la capitale malienne), « l’évacuation n’est pas à  l’ordre du jour », précise le ministre, en annonçant que le lycée français a été « fermé par anticipation sur les vacances de Pâques qui devaient arriver à  la fin de la semaine prochaine ».

Lutte contre le terrorisme : Nouveau départ pour le CEMOC ?

«Â La situation dans la bande sahélo-saharienne nous préoccupe de plus en plus. C’’était déjà  une région faible avec ses multiples difficultés, mais aujourd’hui, il y a une nouvelle donne. On parle beaucoup plus de la présence de groupes organisés et lourdement armés à  la suite des derniers évènements survenus en Libye. Nous partageons cette vision de la question ». C’’est en ces termes que le président malien, Amadou Toumani Touré, s’exprimait le 29 octobre dernier devant la presse algérienne sur la question du terrorisme dans le sahel. C’’était en marge de sa visite chez son homologue Abdel Aziz Bouteflika. Moins d’un mois moins après cette visite, les choses semblent s’accélérer dans la lutte contre le trafic de drogue, la criminalité et AQMI au Maghreb islamique. Car depuis ce lundi 21 novembre à  l’Ecole de maintien de la paix Alioune Blondène Beye, une rencontre des chefs d’états-majors du CEMOC se tient à  Bamako. Créé en avril 2010, et regroupant la Mauritanie, le Niger, l’Algérie et le Mali, ce Comité d’état-major opérationnel ambitionnait de lutter contre l’insécurité, et particulièrement contre AQMI dans le Sahel. Mais depuis sa création, cette structure, dont le siège est en Algérie, n’est toujours pas opérationnelle sur le terrain, au moment o๠les islamistes s’installent de plus en plus dans cette zone, et menacent la stabilité desdits Etats. Nécessité d’actions conjointes l’enjeu de la rencontre de Bamako présente des enjeux de taille pour les quatre pays dans leur stratégie de lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne, comme l’a expliqué le ministre malien de la défense et des anciens combattants à  la cérémonie d’ouverture des travaux. Al-Qaà¯da au Maghreb islamique, qui a ses racines en Algérie, dispose également de bases au Mali d’o๠elle opère dans plusieurs pays du Sahel (Niger et Mauritanie en particulier). Elle ratisse par des attentats, procède à  des enlèvements (essentiellement d’Occidentaux). Comment mettre en place une stratégie commune, efficace pour contrer la menace ? La rencontre des chefs d’état-majors (qui s’achève ce mardi), a pour but de parvenir à  cette solution, en rendant opérationnel le Comité d’état major opérationnel. Car depuis sa création, cette organisation n’existe que de nom, si l’on sait qu’aucune patrouille commune, ni une opération militaire commune contre Al-Qaà¯da, n’a été organisée. «Â Certes, il y a le quartier général de l’organisation basé dans le sud algérien, mais sans troupes d’opérations. Il y a également un centre de renseignements basé à  Alger, des communiqués, en réalité des catalogues de vœux pieu. Il y a aussi des rencontres, comme celle qui se tient actuellement à  Bamako. Mais toujours pas d’opérations militaires coordonnées des quatre pays sur le terrain », reconnaissent les pays membres. «Â Il y a des obstacles à  lever et les pays ont du mal à  accorder leurs violons », expliquent les spécialistes de la question. Du côté malien, on ne cache pas que pour vaincre Al-Qaà¯da au Maghreb islamique, il faut des opérations communes d’envergure, coordonnées sur la durée, dans tout le Sahel. l’Algérie, pour sa part, rechigne à  sortir ses troupes hors de ses frontières, et veut toujours faire de la lutte contre AQMI l’affaire des seuls pays du Sahel. En attendant, les combattants d’AQMI sont de plus en plus nombreux sur le terrain, notamment depuis l’éclatement de la crise libyenne. De nombreux ex-combattants ont en effet installé leurs quartiers dans le Nord du Mali avec une quantité importante d’armes. Aujourd’hui pour faire face la menace terroriste dans cette zone, les quatre pays ont véritablement du pain sur la planche. Et leur salut passe par une coopération militaire digne du nom.

Alger : Réunion sur le terrorisme sans le Mali

Renforcer les capacités de lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne, notamment à  travers la coopération internationale, tel est l’objectif d’une importante rencontre qui s’est ouverte ce mercredi 16 novembre dans la capitale algérienne. Elle réunit les membres du Groupe de travail sur le sahel du Forum global de lutte contre le terrorisme. Co-présidée par l’Algérie et le Canada, cette réunion devra construire un partenariat, jugé urgent selon les acteurs. «Â Le forum doit être un catalyseur et pas seulement un lieu de débat », a expliqué hier à  l’ouverture des travaux le coordinateur de la lutte antiterroriste au département d’à‰tat américain et coprésident du FGCT. Pour Daniel Benjamin et les participants à  cette rencontre, «Â la nécessité s’impose de passer outre les différends qui peuvent exister entre les pays, comme la stratégie à  l’égard du paiement des rançons ou les actions militaires communes sur le terrain ». «Â Nous devons être conscients que nous ne serons pas toujours d’accord sur chaque question (…) mais que ceux qui sont présents ici conviennent qu’il y a des besoins et défis urgents. (…) Nous savons que ce qui peut être adapté pour un pays peut ne pas l’être pour un autre », a ainsi rappelé Daniel Benjamin, cité par la presse algérienne. Cinq thématiques à  l’ordre du jour Le Groupe de travail se penchera sur cinq thématiques principales : la sécurité frontalière, la coopération des services de police, le financement du terrorisme, le renforcement juridique et judicaire et les engagements communautaires. «Â Nous nous attendons à  ce que ces réunions donnent des résultats concrets », a insisté Sabine Nolke,  directrice générale du bureau principal de programme de sécurité internationale au ministère des Affaires étrangères canadien et coprésidente avec l’Algérie du groupe de travail sur le Sahel. Le chef de cabinet du ministre délégué aux affaires africaines et maghrébines, qui a lu un message d’Abdelkader Messahel, n’en dira pas moins. Selon Abdellaziz Sebaa, «Â il est important de rester à  l’écoute des pays directement concernés par ces menaces ».  Le diplomate algérien a rappelé en effet le partenariat déjà  mis en place par les pays du Sahel (l’Algérie, la Mauritanie, le Mali et le Niger), qui repose sur les principes d’«Â appropriation » de la lutte antiterroriste et d’«Â indivisibilité de la sécurité et du développement ». Curieuse Absence du Mali A toutes les rencontres sous-régionales sur le terrorisme et la criminalité dans la bande sahélo-saharienne, le Mali a pris une part active. Mais celle qui s’est ouverte ce mercredi 16 novembre dans la capitale algérienne n’a pas enregistré la présence de délégation venue de Bamako. Curieux, selon certains observateurs. Qui n’ont pas d’explication à  cette absence remarquée. Au Bureau de presse et de l’information du ministère malien des Affaires étrangères, on dit ne pas être au courant de cette réunion. Et, nous confirme-t-on, le ministre Soumeylou Boubeye Maà¯ga est en ce moment à  Bamako. A la Cellule de communication de la présidence de la République, on ignore toute raison de cette absence malienne. Pourtant le Mali n’est pas un maillon négligeable du dispositif de lutte anti-terroriste. AQM (Al-Qaà¯da au Maghreb islamique) qui a ses racines en Algérie, dispose également de bases au Mali d’o๠elle opère dans plusieurs pays du Sahel (Niger et Mauritanie en particulier). Elle ratisse par des attentats, procède à  des enlèvements (essentiellement d’Occidentaux). D’o๠l’avis des ministres Affaires étrangères des pays de la bande sahélo-saharienne (au cours de leur première rencontre en mai dernier à  Bamako), d’ «Â approfondir les relations et faire de nos pays des axes principaux de la lutte contre l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne ». Cependant, nous précise-t-on au service communication du ministère malien de la défense, si une délégation n’a pas quitté officiellement Bamako pour cette rencontre, il y a fort à  parier que l’Ambassadeur du Mali en Algérie soit présent. Car, nous précise notre source, «Â le Mali reste un élément incontournable de la lutte anti-terroriste, et les relations avec l’Algérie en la matière sont excellentes depuis quelques temps ».

Terrorisme au Sahel : Les effets collatéraux du 11 septembre 2001

We got him ! Déclarit un Barack Obama, visiblement satisfait d’avoir pu sous son mandat mettre la main sur le terroriste n°1 de la planète, Ousama Ben Laden, recherché depuis les attentats du 11 septembre 2001. On se souvient encore de la chute spectaculaire des tours jumelles du World Trade Center à  New York et qui ont fait près de 3000 morts. A l’époque, George Bush dirigeait l’Amérique et lança ce qu’on appela la guerre contre l’Axe du Mali. Désormais enseveli en mer, après l’opération mené au Pakistan, par un commado américain, en 2011, un hommage sera rendu aux milliers de victimes ( 3000) du 11 septembre 2001 vont être, en dépit du fait qu’une information révèle ces jours-ci que Ben Laden se serait plutôt suicidé. l’Afrique, nouvelle cible du terrorisme Au-delà  de sa fin, Ben Laden de son vivant, a érigé le terrorisme en menace suprême, et toute la géopolitique mondiale s’en est trouvé bouleversé. Les attentats du 11 septembre ont eu un impact certain sur l’Afrique et plus particulièrement sur le Nord Mali. l’organisation AQMI, Al Qaeda au Maghreb islamique a implanté ses bases un peu partout, dans le désert du Sahara, entre le Nord du Mali, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger, o๠des enlèvement de touristes sont fréquents. l’exécution de l’otage britannique Edwyn Dyer, a consacré l’ère du terrorisme au Sahel. Les négociations, les raids conjoints des forces françaises o๠les demandes de rançons des islamistes, ne pèsent plus face aux exécutions sommaires. Sans parler des conséquences économiques. Et la baisse du tourisme dans la zone, on parle d’un chiffre de près de 50 milliards de pertes pour le Mali. Il est indéniable que le 11 septembre 2001 a eu des effets collatéraux au Mali. La jeunesse désoeuvrée du Nord, sans perspectives d’avenir à  désormais trouvé dans le terrorisme un terreau personnel. Les islamistes ou les salafistes l’ont compris. « Le 11 septembre, a crée une nébuleuse aussi bien en Occident qu’en Afrique, aujourd’hui, il est difficile de combattre la toile Al Qaeda… » estime un éditorialiste Malien.

Terrorisme : Conclave à Alger, mais sans la Libye…

La conférence sur la sécurité dans la bande sahélo-saharienne a ouvert ses portes ce mercredi 7 septembre à  Alger (dans la capitale algérienne) au Palais des Nations. Elle regroupe les ministres des Affaires étrangères du pays ôte, du Mali, de la Mauritanie et du Niger. Le ministre malien des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Soumeylou Boubèye Maà¯ga, participe à  cette rencontre. En mai dernier, il était le chef de file d’une réunion du genre qui a réuni ses homologues des mêmes pays. L’objectif de cette réunion, qui doit durer deux jours, est d’établir les menaces terroristes qui pèsent actuellement sur les pays du Sahel et de tenter d’organiser une lutte collective. La conférence sans la Libye Le contexte issu de la révolution libyenne sera, sans doute, au centre des discussions à  Alger. Les rencontres entre l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger sont régulières. Mais celle qui réunit à  Alger les chefs de la diplomatie des quatre pays sahéliens s’ouvre dans un contexte très particulier, qui dicte l’ordre du jour : celui de la révolution libyenne. La chute du régime de Mouammar Kadhafi change la donne géopolitique de la région, et crée de nombreuses incertitudes. Pourtant, aussi paradoxal que cela puisse paraitre, la Libye n’a été invitée à  cette réunion. Au cours d’une conférence de presse tenue dimanche, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel a expliqué que «Â les quatre pays du champ concernés directement par la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et le sous-développement au Sahel sont l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie. Il y a d’ailleurs un consensus international sur la définition de ces quatre pays du champ », a-t-il précisé devant la presse. Pourtant, la Libye, avec sa crise interne née de la révolte contre le régime de Kadhafi, sera au C’œur des débats de cette conférence qui réunira, outre les ministres des Affaires étrangères des quatre pays du champ, les délégations internationales de haut niveau des à‰tatsUnis, d’Europe et d’Asie. «Â La situation en Libye peut avoir «Â des répercussions sur la sous-région, notamment à  travers deux phénomènes, à  savoir la circulation des armes et le retour massif de personnes chez elles. Cela devient une source de préoccupation pour ces pays qui n’ont pas les moyens de faire face à  cette situation », a déclaré M. Messahel.  Qui se fend du principe de non-ingérence. Pourtant, s’il est vrai que «Â la sécurité interne de la Libye est l’affaire des autorités de ce pays », la sécurité régionale est l’affaire de tous les pays de la région. Quoi qu’il en soit, Alger, comme les autres pays participants attendent beaucoup de cette conférence sur le terrorisme. Créer une synergie entre les quatre pays Elle permet de mesurer l’impact que peut avoir la révolution libyenne sur le terrorisme dans la région du Sahel. D’abord parce que Mouammar Kadhafi avait largement combattu les islamistes pour la sauvegarde de son propre pouvoir. Les pays sahéliens devront donc s’assurer que les nouvelles autorités libyennes suivront cette ligne alors même que certains éléments de la rébellion, y compris au sein du Conseil national de transition (CNT), sont issus de cette mouvance islamiste. Par ailleurs, beaucoup soupçonnent que des armes utilisées en Libye puissent avoir été, et puissent être encore, récupérées par des combattants d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). Les Nations unies, l’Union européenne et les Etats-Unis ont publiquement exprimé cette crainte. Bref, la conférence d’Alger devra organiser le partenariat à  travers, entre autres, la création de synergie entre les partenaires des pays de la région et d’une plus grande complémentarité entre les différentes stratégies et partenariats en direction du Sahel. Les participants débattront des moyens à  mettre en œuvre pour lutter contre le terrorisme, le crime organisé et l’aide au développement pour le Mali, le Niger et la Mauritanie.

Tourisme : Le Mali a déjà perdu plus de 50 milliards

Depuis deux ans, le Mali est la cible d’une campagne de certains pays occidentaux, notamment la France, qui le présente comme étant une destination à  risque. Comme l’on pouvait s’y attendre, cette campagne n’a pas tardé à  produire ses effets sur l’activité touristique au Mali. Conséquence : l’Etat a enregistré ces deux dernières années plus 50 milliards de francs FCA de pertes et le secteur touristique a connu près de 800 emplois perdus. Les autorités françaises suivies par d’autres pays européens, depuis quelques années, ont divisé le Mali en deux zones « rouge » et « jaune ». Le rouge identifie les trois régions du nord (Gao, Tombouctou, Kidal) et celle de Mopti. Or, ce sont là  quatre régions o๠l’activité touristique était intense avec des milliers de visiteurs chaque année. En effet, des plateaux Dogon (Mopti) à  Tombouctou, le Mali tirait d’importantes recettes de son tourisme. s’y ajoutent d’autres bénéfices connexes au profit des populations qui, en majorité, se livrent au commerce de produits locaux destinés aux touristes. Servies par les prises d’otages d’otages occidentaux par la branche Al-Qaà¯da pour le Maghreb islamique (AQMI), les autorités françaises ont multiplié les appels à  l’adresse de leurs ressortissants pour leur demander d’éviter de se rendre au Mali, en Mauritanie et au Niger. Or, de 2006 à  maintenant, sur 42 otages enlevés au Sahel, un seul (Pierre Camatte) l’a été sur le sol malien. Tous les autres ont été enlevés au Niger, en Mauritanie ou en Algérie. Mais curieusement, la France continue d’asphyxier le tourisme malien avec le maintien ces mesures de restriction contre les régions touristiques du Mali. Les conséquences de ces mesures sont, on le voit aujourd’hui plus que jamais, désastreuses pour le Mali. Lors de sa récente participation à  l’exposition sur le tourisme dans les plateaux Dogon à  Paris, le président de la République, Amadou Toumani Touré, n’a pas raté l’occasion d’évoquer la situation dans laquelle le tourisme au Mali se trouve actuellement. Son appel réussira-t-il à  changer le cours des choses? En attendant, les autorités ont décidé de voler au secours du secteur en offrant des exonérations de taxes et d’impôts à  des opérateurs qui sont dans une situation qui semble empirer chaque jour un peu plus.

Boubèye chez Big Ben

La première étape de cette visite de travail du chef de la diplomatie malienne, sera consacrée à  la Grande Bretagne, puis à  la Belgique. Le ministre Maà¯ga devra être accompagné d’une forte délégation, dont le chef d’Etat Major Général des Armées, le Général Gabriel Pioudiougou. Au cours de son séjour à  Londres, Soumeylou Boubeye Maà®ga aura des entretiens avec son homologue britannique, M. Williams HAGUE sur des questions d’intérêt international, nous précise une source proche de la diplomatie malienne. La question cruciale du terrorisme Tout comme les Etats-Unis ou d’autres pays de l’Europe, la Bretagne a plusieurs fois été touchée par des attentats terroristes. Mais l’une des attaques les plus meurtrières a été l’explosion, en juillet 2005, de quatre bombes presque au même moment dans le métro londonien, ayant causé la mort de 35 personnes, et au moins 700 personnes blessées. Au Mali, on se rappelle de l’exécution, en 31 mai 2009, du touriste Britannique Edwen Dyer. Enlevé en janvier de la même au Nord du Mali par Al Qaeda au Maghreb islamique, il avait été assassiné parce que le gouvernement britanique ne répondait pas aux exgiences des ravisseurs. Un agenda chargé A la mi-journée, du 18 juillet, le programme de visite du ministre malien prévoit un déjeuner avec M. Alister BURT, le ministre britannique chargé des Affaires nord-africaines, du Moyen Orient et de la lutte contre le terrorisme. Le conseiller du Premier ministre David Cameron pour les Affaires de lute contre le Terrorisme, le Général SERBY, ainsi que le Directeur Général du Foreign Affairs pour la Lutte contre le Terrorisme prendront également part à  cette rencontre. Dans l’après midi de la même journée, le patron de la diplomatie malienne rencontrera des experts britanniques de la zone Sahélo-saharienne, à  l’occasion d’une rencontre organisée par la Société Royale pour l’Afrique. Les 19 et 20 juillet 2011, le ministre Soumeylou Boubèye MAIGA, accompagné du Chef d’Etat Major Général des Armées, le Général Gabriel Pioudiougou, ainsi que des Ambassadeurs du Mali en Europe (Paris, Madrid, Rome, Moscou et Bruxelles), effectuera une visite de 48 heures à  Bruxelles. Dans la capitale de l’Europe (o๠se trouve le siège de l’Union européenne), il rencontrera M. Manuel Lopez Blanco, le Directeur du Service Européen d’action Extérieure (SEAE) pour l’Afrique Occidentale et Centrale, et le Coordinateur Haut niveau de la Stratégie Sahel de l’Union Européenne (UE) et plusieurs autres hauts responsables du SEAE. La délégation conduite par M. Soumeylou Boubèye MAIGA aura également des entretiens avec le Comité Politique et de Sécurité de l’UE, le Coordonateur  de la Lutte anti-terroriste de l’Union européenne, M. Gilles de Kerchove, ainsi que le Secrétaire  Exécutif Général du SEAE, M. Pierre Vimont. Une rencontre est également prévue entre le ministre malien des Affaires étrangères et le Comité militaire de l’Union Européenne. Enfin, au plan bilatéral Soumeylou Boubèye MAIGA s’entretiendra avec les responsables de la Direction Générale du développement et de la Coopération (DEVCO) du Royaume de Belgique. Au C’œur de cette rencontre, précise une source du ministère malien, il sera question de passer en revue la coopération bilatérale entre la Belgique et le Mali. Du côté malien, on fonde beaucoup d’espoirs sur cette visite. Car, explique-t-on, elle devra donner un coup de fouet aux relations d’amitié et de coopération entre le Mali et les deux de l’Europe.  

Mali : AQMI, la fin de la politique de l’autruche ?

« Je ne comprends pas, dit un député malien. Le 11 mai dernier, à  Paris, notre nouveau ministre des Affaires étrangères a été longuement auditionné par les députés français sur le terrorisme et le narcotrafic au Sahel. Or il ne l’a pas encore été par nous-mêmes ! » Cette remarque en dit long sur l’omerta qui règne à  Bamako. En novembre 2009, un Boeing bourré de cocaà¯ne s’est posé en plein désert, au nord de Gao. Motus chez les tous les officiels maliens. Sans les fuites dans la presse de Bamako, personne n’en aurait rien su. Le narcotrafic ? Connais pas. Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) ? On en parle le moins possible… Est-ce à  cause des raids à  répétition d’Aqmi (Arlit en septembre, Niamey en janvier, Nouakchott en février) ? Depuis quelques mois, le président Amadou Toumani Touré (ATT) ne fait plus la politique de l’autruche. En décembre, il rappelle à  Bamako le colonel Gamou, un ex-rebelle touareg qui commandait la région militaire du Mali (Gao, Kidal). En avril, il nomme aux Affaires étrangères un homme à  poigne, l’ex-ministre de la Défense Soumeylou Boubèye Maà¯ga. Le 6 juin, un procureur de Bamako annonce à  la télévision que trois suspects – un Espagnol, un Français et un Malien – étaient inculpés et détenus dans l’affaire du « Boeing de la coke ». Un tournant ? En tout cas, C’’est la réponse d’ATT à  une double pression. à€ l’extérieur, les partenaires ne cessent de dénoncer les défaillances de l’à‰tat malien – considéré par beaucoup comme le « maillon faible » de la lutte antiterroriste. à€ l’intérieur, les populations du Nord ne bénéficient plus de la manne étrangère. à€ Gao et à  Tombouctou, toutes les ONG de développement sont parties. à€ Mopti, la fréquentation touristique est tombée de 150 000 visiteurs à  50 000 visiteurs par an. Corruption Pourtant, à  Bamako, beaucoup restent sceptiques. « Voilà  huit ans que les islamistes algériens utilisent notre pays comme sanctuaire, et il n’y a toujours pas de vraies unités antiterroristes ni de coordination police-justice », se lamente un ancien responsable des services maliens. « Pourquoi les colonnes d’Aqmi sont-elles le plus souvent attaquées par les armées de nos voisins, y compris sur notre propre territoire ? » s’étonne Tiébilé Dramé, le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena). Autre inquiétude, la corruption de la classe politique par l’argent du crime. Outre le trafic de cocaà¯ne, les enlèvements d’Occidentaux font la fortune de quelques-uns. « Entre 2003 et 2010, les rapts ont rapporté au total quelque 15 millions d’euros », estime un spécialiste. Aujourd’hui, pour les quatre otages français capturés à  Arlit, les ravisseurs exigent une rançon de… 100 millions d’euros ! Via les intermédiaires, qui prennent de belles commissions, une partie du magot revient à  Bamako. Mountaga Tall, le président du Congrès national d’initiative démocratique (Cnid), lance un pavé dans la mare : « Si le Mali ne met pas fin au système de fraudes et d’achat de voix, nous risquons d’avoir, un jour, un narcotrafiquant à  la tête du pays. »

AQMI au Mali: Il faut maintenant réagir

« Tant que vous n’opérez pas sur notre territoire et que vous restez discret, nous fermons l’œil » Pour moi il est clair qu’ATT a de la bonne volonté, aujourd’hui bien plus qu’hier. Mais trop longtemps, on le sait maintenant, les autorités maliennes ont laissé le champ libre aux terroristes, selon le principe: « Tant que vous n’opérez pas sur notre territoire et que vous restez discret, nous fermons l’œil ». Je comprends tout à  fait le gouvernement malien, qui n’avait jamais auparavant eu affaire aux djihadistes et qui était soucieux de maintenir un fragile équilibre entre souveraineté et quasi autonomie de l’extrême nord du pays. La présence excessive d’une armée malienne, qui est par ailleurs très petite et assez mal équipée, inciterait les Touaregs à  reprendre les armes, pensait-on. Quoi qu’il en soit, les tentatives de dialoguer avec des djihadistes, o๠que ce soit dans le monde, ont, à  part quelques rares redditions de jeunes égarés, complètement échoués. Depuis le début des années 2000, les djihadistes algériens se sont peu à  peu implantés au nord du Mali. Là , ils s’abritaient de l’armée algérienne, étendaient leurs relations et leur emprise sur divers trafics transsahariens; notamment la cigarette, les armes et la cocaà¯ne. D’ailleurs les proportions de ces trafics est telle que, plus en amont, il est impensable qu’il n’y ait pas d’implications de certains dirigeants bamakois. Nombreuses sont les sources qui établissent, plus ou moins directement, du moins quelques « convergences d’intérêts », si non des cohésions entre trafiquants et certains dirigeants. De plus en plus puissants Au fur et à  mesure l’implantation et le pouvoir des djihadistes au Mali-nord sont devenus si forts, qu’ils ne se sentaient plus concernés par l’accord implicite avec les autorités bamakoises. Non seulement leur base est au Mali, mais ils n’hésitent plus d’affronter ouvertement l’état malien. L’attaque contre l’ambassade de France à  Bamako ne sera certainement que le début. J’espère que le gouvernement malien réalise que AQMI n’est ni un groupe mafieux ni un groupe rebelle « classique »; et qu’ils chercheront à  étendre toujours leur emprise sur le territoire. Beaucoup pensent que c’est un problème de la France et « des blancs » seulement. Mais sachez que ce ne sont que des prétextes qui feraient place à  d’autres prétextes si jamais ils parvenaient à  leur objectif annoncé de « libérer le Maghreb islamique des infidèles ». Négocier avec eux est peine perdue! Ils ne connaissent pas la carotte, seulement le bâton. Ce sont des éléments extrêmement dangereux pour l’ensemble de la société malienne et toute la sous-région. Ce qui fait leur dangerosité n’est pas l’armada de pick-up lourdement armés, mais leur idéologie dévastatrice et sanguinaire! Et ils n’y renonceront pas pour de l’argent ou d’autres avantages. Si on leur tend le petit doigt, ils finiront par prendre le bras entier. Seule la répression est envisageable. Le Mali doit faire des efforts Pour différentes raisons, le Mali a été le « maillon faible » dans la lutte contre AQMI, mais il n’est pas dit qu’il doit le rester. Afin d’évoluer, les responsables maliens doivent faire des choix difficiles, mais nécessaires. Tout d’abord il faut saisir la grogne touareg contre AQMI et constituer des groupes d’intervention avec eux. Le principal argument contre « l’armement des Touaregs » est la peur de Bamako de voir les Touaregs faire sécession une fois AQMI éliminé. C’est un risque, mais à  mon avis il n’y a pas de choix. Car au point o๠nous en sommes, le nord est de toute manière hors de contrôle et à  terme le djihadisme menacera l’ensemble du territoire malien. Il est également grand temps que les plus hautes autorités étatiques enquêtent sérieusement sur la collusion de certains de leurs dirigeants avec le narco trafic, et qu’ils n’hésitent plus de l’endiguer massivement. Car les revenus astronomiques du trafic de cocaà¯ne, qui a déjà  d’innombrables effets négatifs sur la société dans son ensemble, permettraient à  AQMI de tenir face à  l’armée malienne! Par ailleurs il faut absolument renforcer la coopération sous régionale et ce de manière inconditionnelle. Il faut désormais agir de manière décidée et concertée afin de ne pas laisser le champ libre aux terroristes qui pourraient transformer la région sahélo-saharienne en un Afghanistan bis.

Otages tués: Où est la vérité?

La version française Vendredi dernier, quatre individus armés pénétraient dans un restaurant de Niamey pour enlever deux jeunes français âgés d’une vingtaine d’années. Ce lieu considéré très sécurisé, est très fréquenté par les ressortissants français du Niger. Tous étaient loin de s’imaginer qu’un tel acte pouvait se produire en pleine capitale. Selon toute vraisemblance, l’opération a été perpétrée par Al Qaeda Au Maghreb Islamique (AQMI), même si celle-ci n’a pas revendiqué le rapt. Ainsi dès que l’alerte a été donnée par les nombreux témoins aux autorités du pays, une course poursuite a commencé. l’armée nigérienne a été soutenue dans cette opération, par des soldats français. En plus de la traque terrestre, un hélicoptère français suivait le véhicule 4×4 dans lequel se trouvaient les ravisseurs et leurs otages. Quelques heures plus tard, un communiqué officiel des autorités françaises annonçant la mort des deux jeunes hommes Vincent Delory et Antoine de Léocour. La France a alors affirmé que les ravisseurs ont tués leurs otages et se sont ensuite enfuis. Tous les ravisseurs seraient morts Un militaire mauritanien sous le signe de l’anonymat, indiquait à  journaldumali que ces affirmations sont fausses et qu’il ne s’agissait ni plus ni moins d’une bavure de l’armée française. Ce denier a affirmé que les otages et leurs ravisseurs ont tous été tués par des tirs des soldats français au cours de l’opération. Il précise que « que des échanges de tirs nourris ont eu lieu des deux côtés sur le territoire nigérien, à  200 km de la frontière avec le Mali. Cela a eu pour conséquence des morts et de nombreux blessés dont des soldats nigériens et français. C’’est de l’hélico français que les tirs provenaient le plus. » Il explique que « contrairement à  ce que la France s’évertue à  dire, les ravisseurs n’ont pas pu s’échapper et sont morts sur le coup. » « Pas de suspects interrogés par les nigériens » Cette version des faits vient d’être renforcée par une déclaration du ministre de l’intérieur et de la défense du Niger. Ousmane Cissé affirmait ce matin sur les ondes de radio France internationale, que le Niger n’a en sa possession, aucun terroriste. Et aussi, « nous avons reçus en tout, 6 corps. Parmi lesquels les deux otages français, deux soldats nigériens et deux des ravisseurs. Nous n’interrogeons personne en ce moment.» La veille, le ministre français de la défense, Alain Juppé affirmait pourtant que Niamey interrogeait deux des ravisseurs et que ceux-ci avaient tués leurs otages avant de tenter de s’échapper. Il est même formel en disant qu’un des jeunes malheureux a reçu une balle dans la tête à  bout portant. Par ailleurs, des médecins nigériens ayant vu les corps, indique de leur côté qu’un des corps des otages portait une tâche noirâtre ne pouvant provenir que d’un tire effectué à  partir d’un hélicoptère. En fin de compte, cette contradiction entre les deux pays crée des doutes sur le véritable déroulement de l’opération. Des corps brûlés Autre information qui vient renforcer le doute dans les esprits. Des témoins dans les services de santé nigériens ayant reçu les corps affirment que les deux jeunes ont été tués dans des conditions particulièrement brutales. Le corps de l’un d’eux est « entièrement calciné », les deux victimes portent sur leurs corps des traces de brûlures. Le second aurait reçu une balle dans la tête, à  partir d’un angle de tir qui remet en question la version des forces spéciales françaises. Alors, on est en droit de se demander pourquoi les ravisseurs qui « ont exécuté les deux jeunes avant de prendre la fuite » ont pu leur infliger ces brulures. N’ont-ils pas plutôt été tués dans le bombardement du véhicule de leurs ravisseurs dans lequel ils auraient dû encore se trouver au moment de l’attaque française ? Saura-t-on un jour ce qui s’est réellement passé ?

Attentat contre l’ambassade de France : la main d’Aqmi?

Le Sahel est devenu une zone dangereuse pour les Français. En août 2009 à  Nouakchott, capitale de la Mauritanie, un jeune homme s’était fait exploser près de l’ambassade de France, blessant légèrement deux gendarmes français et une Mauritanienne. Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) avait revendiqué cet attentat dans lequel le kamikaze mauritanien avait péri. l’incident intervenu mercredi soir à  Bamako semble différent, dans la mesure o๠la bonbonne de gaz n’a pas été actionnée, contrairement aux premières infos diffusées, et le terroriste n’avait visiblement pas l’intention de se suicider. Dans un communiqué officiel de quelques phrases, le ministère malien de la Sécurité a simplement annoncé hier dans la soirée: «Vers 19 heures (GMT) ce mercredi, un individu de nationalité étrangère a fait exploser une bonbonne de gaz devant l’ambassade de France à  Bamako, faisant deux blessés légers parmi les passants». «L’individu également armé d’un pistolet n’a pas pu faire usage de son arme. Maà®trisé par les forces de sécurité, il est actuellement interrogé par la brigade anticriminelle de Bamako», a ajouté le ministère. Cet homme «de nationalité tunisienne», «s’est revendiqué d’Al-Qaà¯da» devant les policiers. Des dispositions sécuritaires ont été prises et par prudence, le Lycée français n’a pas ouvert aujourd’hui. l’information a bien entendu vite fait le tour de la capitale, et tous se posent la même question : comment est-ce possible et de quoi cela augure-t-il ? Acte isolé ou attentat planifié ? En se revendiquant d’AlQaida, l’auteur de cette attaque laisse peu de doutes sur ses intentions. La France avait été maintes fois menacée ces derniers temps par la nébuleuse terroriste, notamment depuis son intervention militaire sur le sol malien en juillet 2010 pour faire libérer Michel Germaneau, otage français détenu par Aqmi. Les appels à  frapper des intérêts français dans le monde s’étaient multipliés, sans que la France n’ait cédé à  aucune des revendications, qui portaient notamment sur l’abrogation de la loi qui interdit la burqa dans les lieux publics. Cela dit, l’attentat d’hier n’a pas encore été revendiqué officiellement par Aqmi. Alors, l’homme qui dit se nommer Sennoun Béchir est-il un éclaireur ? l’homme est-il tout simplement un malade qui a voulu se faire remarquer à  travers un coup d’éclat ? L’ambassade de France était-elle spécifiquement visée ? Ou était ce juste un test pour évaluer le dispositif sécuritaire existant ? Ou encore cette explosion a-t-elle un lien avec l’affaire des otages français retenus dans le nord-est du Mali par Aqmi? Le climat actuel pousse à  prendre en considération toutes ces options. Le Mali, indexé comme le maillon faible dans la lutte contre les réseaux terroristes, vient une nouvelle fois de faire parler de lui. Coà¯ncidence ou pas, le président de la République se rend aujourd’hui au Nord du pays, à  Tombouctou, pour l’ouverture du Festival du désert. Il s’agissait pour Amadou Toumani Touré de montrer que la situation était sous contrôle et que la sécurité était garantie dans cette partie du pays, devenue depuis quelques années, fief des narcotrafiquants et autres islamistes preneurs d’otages. Occasion ratée de rassurer les touristes et autres étrangers qui rechignent désormais à  se rendre au Mali, placé sur liste rouge par certains pays occidentaux. La situation ne risque en tout cas pas de s’améliorer et tout le monde attend la réaction des autorités, qui n’ont pas intérêt à  prendre à  la légère un évènement qui veut en tout cas dire une chose : la menace est dans nos murs, définitivement.

Aqmi, un business à désert ouvert

Les prises d’otages occidentaux menées par ou pour Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) au Sahara, C’’est aussi du business. Un business rentable. Les renseignements maliens estiment à  50 millions d’euros les montants versés dans le Nord-Mali entre 2003 et 2010, au rythme moyen de deux prises d’otages par an – un tempo qui s’accélère depuis deux ans. Selon un responsable de la police malienne, «des voyous sont en train de se spécialiser dans le rapt d’étrangers pour les revendre à  Aqmi». Chaque Européen enlevé par des complices d’Al-Qaeda serait «revendu» aux terroristes pour des tarifs allant de 15 000 à  300 000 euros. Les ressortissants américains et britanniques ne sont pas visés, puisque leurs gouvernements refusent de payer des rançons. Les sommes versées par certains pays européens, en revanche, se comptent en millions d’euros. Elles sont livrées en billets de banque dont l’authenticité est minutieusement vérifiée par Aqmi. Pluie d’argent. Le 23 août, deux otages espagnols ont été libérés en échange d’une forte rançon et de la libération «d’Omar le Sahraoui», un homme d’Aqmi de nationalité malienne, détenu en Mauritanie. Le quotidien espagnol El Mundo, citant un conseiller du gouvernement algérien, a évoqué un montant de 7 millions d’euros. Autrement dit, une pluie d’argent dans le désert et des zones de grande pauvreté o๠seules deux activités légales sont possibles : l’élevage ou le tourisme. Le magot, une fois reçu, serait caché très loin des lieux de libération effective des otages. Il servirait à  enrôler de nouvelles recrues, à  payer les intermédiaires qui négocient la libération des otages, et à  acheter des armes, au Tchad ou auprès de marchands qui font le déplacement jusqu’aux hommes d’Aqmi. A Bamako, l’organisation est soupçonnée d’investir dans le foncier, en achetant terrains et villas. Ses chefs ont d’abord été des bandits. l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, 38 ans, était contrebandier avant de devenir l’émir d’un mouvement terroriste algérien, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Marié à  une femme touarègue, il est connu au Mali sous le nom de «Laouer» («le Borgne») et pour son profil de caà¯d. «Il est d’abord et avant tout intéressé par l’argent, même s’il se radicalise de plus en plus», affirme un diplomate européen. Quant à  Abou Zeid – l’homme qui détient depuis le 16 septembre les sept employés d’Areva et Satom enlevés à  Arlit -, C’’est lui aussi un ex-trafiquant du Sud algérien ayant versé dans le terrorisme. A la tête d’une autre katiba (phalange) d’Aqmi, il affiche une ambition plus clairement politique que celles de Belmokhtar. Deux otages sont morts entre ses mains : le Britannique Edwin Dyer, en juin 2009, et le Français Michel Germaneau, en juillet dernier. Selon un diplomate, les rivalités internes d’Aqmi rendent la gestion des prises d’otages de plus en plus difficile. Les katibas du mouvement, qui se réclame d’Al-Qaeda depuis le 11 septembre 2006 et a revendiqué plusieurs attentats sanglants à  Alger, opèrent sous l’égide plus ou moins lâche d’Abdelmalek Droukdel, 40 ans, chef de l’ancien GSPC. Au départ, ils étaient une centaine de membres, avec un noyau central issu du maquis algérien, dont quelques-uns ont été formés en Afghanistan et beaucoup recrutés en Mauritanie. Désormais, les chefs ne sont plus seulement algériens et le mouvement a pris racine au Mali. Le quatrième émir d’Aqmi, Abdelkrim, est notamment un imam touareg de nationalité malienne. l’organisation, qui compte entre 450 et 500 hommes – au tiers des Mauritaniens -, recrute partout : dans le désert, parmi les migrants africains qui tentent le passage vers l’Europe, mais aussi dans les mosquées de la sous-région, en repérant les fidèles les plus assidus et en leur proposant de l’argent. «On rejoint Aqmi pour trois grandes raisons, note un connaisseur du dossier : par nécessité le plus souvent, par conviction parfois, ou pour jouer les Rambo.» Age moyen de 25 ans. Les combattants, dont l’âge moyen tourne autour de 25 ans, communiquent entre eux en arabe et en anglais. Plusieurs nationalités africaines cohabitent donc au sein d’Aqmi : Algériens, Mauritaniens, mais aussi Marocains, Maliens, Nigérians, Ivoiriens, Burkinabés et Camerounais. «C’’est un Sénégalais formé en Arabie Saoudite qui traduit en arabe les bulletins de Radio France Internationale», affirme Serge Daniel, le correspondant de la radio française et de l’AFP à  Bamako. Selon des sources diplomatiques, Aqmi ne compte aucun élément non africain – ce que conteste un journaliste malien, qui affirme avoir vu dans les environs de Kidal (est du Mali) un Pakistanais et un Indonésien liés à  Aqmi. Dans l’espace propice à  l’illégalité que représente le désert, des formes diverses de criminalité se superposent. Migrants, cigarettes, armes, drogue… Même les denrées alimentaires font l’objet d’une contrebande entre l’Algérie et le Mali. Aqmi ne se mêlerait pas du trafic de cocaà¯ne, mais pourrait prélever un droit de passage. Selon Yvan Guichaoua, chercheur d’Oxford, spécialiste des groupes armés de la région, l’habillage islamiste d’Aqmi cache aussi des trafics lucratifs. «Ces hommes sont perçus à  Tamanrasset comme les plus grands fraudeurs, disposant des meilleurs 4 x 4», explique-t-il. Si toute la communauté touareg du Mali ne peut pas être considérée en bloc comme complice, l’argent des rançons est largement redistribué dans le désert. A Kidal, dernière ville du pays avant la frontière algérienne, réputée être le fief d’Aqmi, des villas aux allures de palace ont été construites ces dernières années, et des 4 x 4 rutilants circulent dans les rues sablonneuses. «Aqmi est en immersion dans la population, explique le patron d’un journal malien. Ces gens sont devenus malgré nous nos parents, et il n’est pas possible de les dénoncer. Si je donne ma fille à  un combattant d’Aqmi qui me met dans un confort relatif, je n’irai pas le livrer à  un Etat qui n’a jamais rien fait pour moi.» l’absence de perspectives pour les jeunes et la faiblesse des programmes de développement jouent en faveur du mouvement. Pas «clean». Les intermédiaires qui servent à  négocier la libération des otages sont officiellement des notables et des élus touaregs, mais ils ne sont pas «clean», selon un haut responsable de la police : «On ne connaà®t pas la nature de leur contact avec Aqmi, ni en amont ni en aval des prises d’otages.» Iyad Ag Ghali, l’intermédiaire actuel entre les autorités maliennes et l’émir Abou Zeid, est un homme qui montre plusieurs visages : chef rebelle dans les années 90, il est toujours donné comme «marchand d’armes» par les renseignements d’un pays voisin du Mali. Il a œuvré à  la libération de plusieurs otages, de 2003 à  2007, avant d’être nommé premier conseiller au consulat du Mali à  Djedda, en Arabie Saoudite, d’o๠il est revenu il y a seulement quelques mois. Iyad Ag Ghali est aussi prêcheur, au sein d’une dawa (mission prosélyte) pakistanaise installée depuis les années 90 au Mali. Rien à  voir avec une quelconque radicalisation de l’islam touareg : «Cette dawa est pacifiste, non politisée, adepte d’un islam introspectif et non jihadiste», explique une spécialiste de l’islam malien. La présence d’Al-Qaeda au Maghreb change surtout la donne en pays touareg sur le plan financier. «Les jeunes ne sont plus seulement les obligés de leur chef militaire touareg de l’ex-rébellion, note un officier de l’armée de l’air malienne. Il y a des opportunités d’affaires, et ça rajoute à  la pagaille. On tombe sur des situations absurdes, comme un simple berger qui possède un téléphone Thuraya.» Cet appareil satellitaire permet de communiquer partout, sans être repéré. Le même berger, quand il voit une colonne de véhicules passer, peut aussi bien prévenir des bandits touaregs que des trafiquants algériens, des membres d’Aqmi, l’armée mauritanienne, les services algériens ou une combinaison fluctuante de ces différents interlocuteursÂ