Présidentielle 2018 : L’URD alerte sur un « risque de fraude massive »

Alors que le candidat de l’URD est sur le terrain  dans la région de Ségou dans le cadre de  la campagne pour la présidentielle du  29 juillet, son directeur de campagne a tenu une conférence de presse pour présenter les conclusions « des experts qui ont étudié le fichier électoral publié le 04 juillet par la Délégation générale aux élections ».

Tiébilé Dramé, directeur de l’équipe de campagne du candidat Soumaïla Cissé, entouré de plusieurs de ses collaborateurs, a énoncé point par point, les conclusions du travail d’analyse effectué par des experts sur le fichier électoral. La première constatation, selon M. Dramé est la « différence de chiffres entre le fichier dont le rapport d’audit a été remis au Premier ministre en avril dernier et celui publié par la Délégation générale aux élections (DGE).

488 813. C’est le nombre d’électeurs supplémentaires constaté sur le fichier publié le 04 juillet par la DGE. A cela s’ajoute « des milliers de doublons, alors qu’il avait été annoncé après l’audit que le fichier avait été épuré de tout doublons. Tiébilé Dramé ajoute qu’il y a des situations comme à « Ansongo où le fichier électoral publié compte 1803 électeurs,  et où le fichier audité annonce 1499 électeurs, soit une différence de plus de 300 votants. […]On note également des cas de centaines de bureaux de vote additionnel ». Une telle situation n’est pas de celle qui instaure la confiance entre les acteurs d’un  processus. Le directoire de campagne de Soumaïla Cissé qui a rencontré le chef du gouvernement quelques heures avant la conférence de presse attend « que chacun prenne ses responsabilités et il est clair que la responsabilité du gouvernement est entièrement et gravement engagée ».

Corrections sans délai

C’est ce que demande le directoire de campagne du principal candidat de l’opposition. Lors de la rencontre avec le gouvernement, il a été demandé que des mesures soient prises pour lever toute équivoque sur « la gestion de cette affaire ». « Nous attendons non  seulement des mesures correctives pour que les anomalies constatées soient corrigées mais également des mesures politiques et administratives pour restaurer la confiance en  ce processus ». Avec un  « potentiel de fraude que l’on peut estimer à 1.241 574 voix,  sans compter les Maliens de l’étranger », comme le précise le texte publié dans la foulée de la conférence de presse, le camp Soumaïla Cissé appelle la communauté internationale à « plus de vigilance » et se dit à la disposition du gouvernement pour corriger « les manquements et autre bizarreries » constatés dans le fichier incriminé.

Réaction du gouvernement

Cette dernière ne s’est guère fait attendre. La Primature a publié un communiqué en fin  d’après-midi annonçant la rencontre entre le Premier ministre et la délégation du directoire du candidat Cissé. Le texte signale que le Premier ministre a instruit que soit transmis à tous les candidats les « documents relatifs à la remise du fichier audité à l’imprimerie nationale de France, au bon de commande et à la livraison des cartes d’électeurs biométriques », mais également la création d’un « cadre de concertation autour de l’AGETIC et la DGE avec les experts nationaux ayant participé l’audit ».

 

 

Mobilisation massive pour le NON au projet de révision constitutionnelle

Vêtus en rouge et noir, accompagné des casquettes rouges, des milliers de personnes, voir un million selon les organisateurs, ont pris part à cette deuxième marche pacifique de protestation organisée par la Plateforme « An tè, A bana : Touche pas à ma constitution ! ». Parmi les marcheurs, on notait la présence de plusieurs leaders de la classe politique et de la société civile.

Après une grande marche pacifique de protestation effectuée le 17 juin dernier, un grand meeting tenu le 1er juillet dernier, la Plateforme « An tè, A bana : Touche pas à ma constitution ! » qui regroupe plus de 100 associations de la société civile, des organisations syndicales et une quarantaine de partis politiques sont descendus dans la rue, samedi 15 juillet 2017 à Bamako, pour inviter le président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à retirer la loi portant révision de la constitution du 25 février 1992. Cette marche a débuté aux environs de 10 heures à la place de la liberté, en passant par la place de l’indépendance pour prendre fin aux environs de 12 heures à la bourse du travail. Selon les organisateurs, ladite marche était synchronisée avec celle de certaines localités de l’intérieur et de l’extérieur du pays comme Kayes, Mopti, Ségou, Koutiala, Dakar (Sénégal), les Etats Unis d’Amériques. Par trois fois, les organisateurs ont réussi le pari de la mobilisation qui, selon eux, est un « signal fort, un carton rouge au président de la République, au gouvernement et au Ministre de la Réforme de l’État qui sont allés chercher à l’étranger une constitution qu’ils voudraient substituer à celle adoptée par le peuple souverain du Mali ».

le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé président de l’Union pour la République et la démocratie (Urd), le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé, les anciens Premiers ministres du Mali (Soumana Sako, Modibo Sidibé), Nouhoum Togo du Pdes, Daba Diawara du PIDS, Modibo Sangaré de l’UNPR, Mamadou Oumar Sidibé de PRVM Fasoko, Djibril Tangara du FCD, Pr Salikou Sanogo, Me Demba Traoré, Dr Madou Diallo, honorable Mody N’Diaye de l’URD, Souleymane Koné des Fare An Ka wuli, Me Amidou Diabaté et Djiguiba Keïta alias PPR du Parena, les honorables députés Amadou Thiam et Amadou Araba Doumbia du groupe parlementaire Adp-Maliba/ Sadi, le secrétaire général de la CSTM, Hammadou Amion Guindo, les leaders du Mouvement « Trop c’est Trop » comme Amara Sidibé , Amadou Beidi Daou et bien d’autres y étaient présent.

Les manifestants soulignent que leur attachement à la loi fondamentale de 1992 tient au fait qu’elle est l’émanation d’une lutte qui a été gagnée par le sang des martyrs.

En plus des griefs contre certaines dispositions du projet de Constitution, les opposants soutiennent que le contexte n’est pas propice à l’organisation d’un référendum au Mali.

Ils estiment que l’insécurité est plutôt grandissante dans le pays et rappellent l’absence de l’administration et de l’Armée dans certaines localités du nord et du centre du pays.

Rappelons que la Plateforme «AN Tè ABANA» est un regroupement d’associations et de partis politiques qui s’opposent au projet de révision de la Constitution. Elle est entrée en action après l’adoption du projet de loi constitutionnelle par l’Assemblée nationale le 2 juin dernier. Elle a déjà à son actif plusieurs manifestations demandant le retrait du projet.

 

Conférence d’entente nationale : Interview de Tièbilé Dramé, président du PARENA

La Conférence d’entente nationale a débuté le lundi 27 mars. La CMA a rejoint les travaux le deuxième jour, alors que l’opposition campe toujours sur sa position de ne pas y participer. Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, le mardi 28 mars, Tiébilé Dramé, président du PARENA, ne passe pas par quatre chemins pour livrer ce qu’il pense de cet évènement.

Tiébilé Dramé : « Les portes du train ont toujours été fermées à l’opposition »

La Conférence d’entente nationale a débuté le lundi 27 mars. La CMA a rejoint les travaux le deuxième jour, alors que l’opposition campe toujours sur sa position de ne pas y participer. Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, le mardi 28 mars, Tiébilé Dramé, président du PARENA, ne passe pas par quatre chemins pour livrer ce qu’il pense de cet évènement.

La Conférence d’entente nationale continue sans l’opposition. Pourquoi boycottez-vous un événement aussi vital pour la nation ?

Je veux être franc, nous souhaitions participer aux travaux de la Conférence d’entente nationale. Dans cet esprit, nous avons adressé au comité préparatoire de la conférence des propositions d’amélioration des termes de référence. Nous pensions que des acteurs aussi importants que les dissidents des groupes armés qui étaient à Alger devraient être dans la conférence, tel que le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), le Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA), le CMPFPR2, etc. Nous pensions qu’il était important que tous les détenteurs d’enjeux puissent être associés à cette conférence comme également le mouvement de résistance civile de Gao. Le nord n’est pas la seule partie du pays qui était en crise, le Centre est également en crise. Nous pensions que les associations d’éleveurs, les organisations de chasseurs et d’autres parties prenantes devaient aussi y prendre part. Nous avons fait des propositions très constructives adressées au comité préparatoire, tel que la question du centre qui devrait être au menu de la conférence. Nous pensions également que les travaux préparatoires sur la constitution devraient être versés à l’ordre du jour pour que les forces vives du pays puisse apporter leurs contributions. À coté d’une charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale, il nous paraissait important qu’il y ait une charte pour la bonne gouvernance contre la corruption. Nous avons fait donc une série de propositions relatives à la conférence d’entente nationale à fin qu’elle soit une une véritable conférence d’entente nationale. Mais malheureusement nous n’avons même pas reçu d’accusé de réception. Les organisateurs de cette conférence ont ignoré superbement les propositions de l’opposition. Nous n’avons pas reçu les termes de références définitifs, nous n’avons pas reçu de cartons d’invitions, nous n’avons pas reçu le programme de la réunion. Dans ces conditions nous avons estimé que nous n’y avons pas notre place. Quand vous voulez qu’une entité comme l’opposition participe à ces travaux on prend les dispositions qu’il faut. Je crois qu’en réalité la participation de l’opposition n’était pas souhaitée. Donc nous en avons tiré les conséquences.

La CMA a répondu à l’appel du Président de la République. Peut-on s’attendre à ce que l’opposition fasse de même ?

Oui le président a parlé de gare et de train. En vérité, les portes du train ont toujours été fermées à l’opposition. Vous avez une opposition qui est responsable, constructive, animée d’esprit républicain et démocratique, qui depuis trois ans et demi fait des propositions précises pour apporter sa contribution à la sortie de crise. Jusqu’ici, toutes nos propositions, toutes nos contributions ont été ignorées. Nous sommes une opposition responsable, quand ont dit opposition responsable c’est des propositions. Je crois que le pouvoir public doit prêter un minimum d’attention à ce que nous disons, à ce que nous proposons mais ce n’est pas le cas et cette conférence d’entente nationale n’est en fait que la dernière illustration de cette pratique que nous connaissons, nous opposants malien depuis trois ans et demi. Vous savez, les pouvoirs publics discutent avec les groupes armés, ils tiennent compte des demandes des groupes armés jusqu’à la transformation du schéma de la conférence. Comme vous le savez, la charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale ne sera pas adoptée le 02 avril, à la fin de la rencontre, conformément aux souhaits exprimés par les groupes armés. Nous avons des pouvoirs publics en bien de discuter avec les groupes armés mais qui ne prêtent aucune oreille attentive aux contributions positives de l’opposition politique, de l’opposition démocratique et républicaine. Il y a là des questions qu’il faut se poser sur la gouvernance du pays

Vous venez de parlez de la charte de la paix, et à l’issu des travaux, il y aura des recommandations auxquelles vous n’aurez pas participé pour la charte de cette paix ; cela ne serait t-il pas une plaie pour la charte qui sera en tout cas à l’issu de cette rencontre ?

Vous devriez poser cette question aux organisateurs de la conférence d’entente nationale et aux pouvoirs publics qui n’ont absolument rien fait pour que l’opposition participe.

C’est donc un non définitif?

Ecoutez, quand votre journal va paraître, on ne sera pas très loin de la clôture de la conférence. Je pense que les pouvoirs publics, le comité préparatoire n’ont pas créé les conditions pour que l’opposition apporte sa contribution aux débats sur l’état du pays. C’est la réalité. Le président de la République nous a adressé des piques, nous n’allons pas répondre. Nous avons compris qu’il n’était pas content de l’absence d’un certain nombre d’acteurs. Nous prenons acte. Nous avons compris dans son message qu’il souhaite désormais que le train tienne compte de tous les fils du pays. Pour ce faire il faut qu’il veille à ce que les portes des trains soient ouvertes. Il faut qu’il veille à ce qu’il y ait un dialogue républicain indispensable entre le gouvernement et la classe politique, entre la majorité et l’opposition. Cela relève de la responsabilité du président de la République.

 

Prochain gouvernement : le PARENA va-t-il embarquer ?

Qu’un nouveau gouvernement advienne dans les prochains jours est désormais admis. La grande question reste sa composition. Les challengers pour sa direction sont connus et les supputations vont bon train pour les postes majeurs. Un nom revient de plus en plus, celui de Tiébilé Dramé…

La rumeur persistante de la démission du Premier ministre Modibo Keïta qui s’est emparée de la ville de Bamako en fin de semaine dernière, s’est dégonflée. Mais la question de l’entrée du Parti pour la renaissance africaine (PARENA), dont les têtes d’affiche sont quasiment en rupture avec le pouvoir, demeure posée. Que penser de l’éventualité que ceux-ci entrent dans le gouvernement ? D’aucuns estiment que ce ne serait ni conséquent, ni politiquement envisageable. Cela signifierait en effet pour le PARENA, l’abandon total de sa stature d’opposant et les leaders pourraient avoir beaucoup de mal à faire admettre ce revirement aux militants. Et pourtant, après trois années de rupture, le Rassemblement pour le Mali (RPM) et le PARENA semblent inscrire leurs relations dans une dynamique de normalisation. Pour preuve, la rencontre de haut niveau entre les deux formations le mardi 31 janvier dernier, au siège du PARENA. Dans un communiqué conjoint signé par les présidents respectifs, les deux partis se sont engagés à mener des réflexions sur des sujets d’intérêt national.

Si le secrétaire général du PARENA, Djiguiba Keïta dit PPR, admet ce rapprochement, il exclut en revanche toute possibilité pour son parti d’entrer dans le prochain gouvernement. « Les concertations nationales d’abord, après nous allons voir le reste. Nous avons simplement eu une rencontre avec le RPM. Nous ne pouvons pas être appelés dans le gouvernement de cette manière. Cette éventualité n’est même pas à l’ordre du jour au sein du parti », assure-t-il. Pourtant, la question ne semble pas tranchée, et certains analystes politiques estiment qu’il ne faut jurer de rien, le microcosme politique malien étant le lieu de bien des revirements.

Chasse gardée La majorité va-t-elle accepter de partager ? Voilà une autre question que pose la large victoire de la Coalition de la majorité présidentielle (CMP), et particulièrement le RPM, lors des dernières élections locales en novembre 2016. « Par le résultat sans appel de la CMP aux communales, le chef de l’État peut donc confier l’exécution de son programme à la future équipe gouvernementale sans se soucier de nouer des alliances éphémères avec d’autres formations politiques », analyse le Dr Harouna Diallo de l’Université de sciences politiques et juridiques de Bamako (USJPB).

 

 

 

PARENA-SADI : Même plumage, même ramage ?

Le parti SADI vient de franchir allègrement un pas pour son retour dans l’opposition. Sa rencontre avec le PARENA de Tiébilé Dramé, le 31 août dernier, et le communiqué conjoint des deux formations qui en a découlé, en disent long sur son nouveau positionnement sur l’échiquier politique malien.

Pourtant soutien du chef de l’État depuis son élection en 2013, la direction de la formation que dirige Oumar Mariko, semble en train de changer son fusil d’épaule. La situation sécuritaire du pays qui ne cesse de s’aggraver et le projet de loi électorale en gestation qu’il décrie, mais aussi la perspective de l’élection présidentielle de 2018 donnent l’occasion au parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) de changer de cap et de scruter d’autres horizons, qui l’ont mené à rencontrer le Parti pour la renaissance nationale (PARENA), formation dirigée par l’opposant Tiébilé Dramé, le mercredi 31 août. « L’objectif était de voir comment nous pouvons cheminer ensemble pour servir le Mali. Des réunions sont en cours au sein du parti pour définir notre positionnement, et cela dans un bref délai », explique l’honorable Amadou Araba Doumbia, secrétaire à la communication de SADI. « À l’issue de plusieurs heures d’échanges, les leaders des deux partis sont parvenus à une convergence de vue sur la dégradation continue de la situation du pays, de l’impasse du processus de paix, de la détérioration de la situation sécuritaire et la nécessité de mobiliser les forces vives du Mali afin d’éviter que le pays ne s’effondre à nouveau », précise le communiqué conjoint publié le même jour.

Repli stratégique Quoi de plus normal entre deux partis politiques dont les dirigeants se sont illustrés pour l’avènement de la démocratie au Mali ? Ce rapprochement soudain soulève cependant bien des interrogations. Si l’on peut considérer qu’il sont issus du même arbre, l’histoire politique récente montre que tout opposait jusqu’alors Mariko et Dramé. Quand le premier a soutenu dès ses premières heures le coup d’État de 2012, le second s’y est vigoureusement opposé avec d’autres formations qui ont lutté pour la restauration de l’ordre constitutionnel. Cette surprenante alliance politique entre les deux formations semble pourtant entériner le retour du SADI dans l’opposition. « Chasser le naturel, il revient au galop. Mariko est un éternel opposant et il restera comme tel. Ce rapprochement est tout sauf un idéal politique, ils sont tous les deux pareils », fulmine un cadre de la majorité. Pour d’autres, Mariko veut tout simplement se positionner pour l’élection présidentielle pour laquelle il s’est déclaré candidat. Dans la mouvance présidentielle, sa marge serait limitée pour battre campagne contre un homme qu’il a soutenu pendant trois ans. L’opposition laisse également plus de marge de manœuvre à Oumar Mariko pour nouer des alliances dans le cadre des élections communales et régionales prévues 20 novembre.

Au PARENA, parti du bélier blanc, l’on se garde de tout commentaire : « on communique beaucoup au PARENA, mais pour l’instant, on préfère s’en tenir au communiqué final qui a sanctionné la rencontre », conclut Djiguiba Keïta dit PPR, secrétaire politique.

Tiébilé Dramé « Il ne faut pas que le peuple se fâche »

Réélu président du Parti pour la renaissance nationale (Parena) lors du congrès du 28 mai, Tiébilé Dramé, l’une des figures de l’opposition, a accordé une interview à Journal du Mali

Journal du Mali:Vous étiez au premier rang de la marche du 21 mai. Quel message vouliez-vous faire passer ?
Tiébilé Dramé: Tous les dirigeants de l’opposition étaient au premier rang. À l’occasion de cette marche le peuple malien a exprimé son mécontentement. Le peuple est mécontent de la mauvaise gestion du pays, de la mauvaise gouvernance, de la question du nord. Le peuple est mécontent des surfacturations à la pelle auxquelles se livrent les dirigeants actuels du pays. Le droit de manifestation pacifique est un droit constitutionnel, c’est un droit démocratique. Le peuple s’est servi de ce droit pour passer son message à ceux qui nous dirigent : écoutez le peuple malien.

Quelle est la suite à donner à cette marche ?
Il n’y a pas au monde, un homme d’État qui peut rester indifférent ou sourd devant une telle démonstration de force du peuple. Alors je crois que nos dirigeants entendront le message adressé par les dizaines de milliers qui sont sortis en masse. Je crois que ça changera. On ne peut pas rester comme ça.

Vous êtes l’une des figures majeures de l’opposition malienne. On vous entend beaucoup, au point que certains vous reprochent de faire ombrage au chef de file Soumaïla Cissé…
Vous nous faites une mauvaise querelle au chef de file, à moi et aux autres dirigeants de l’opposition. Vous nous avez vu pendant la marche, nous étions ensemble main dans la main. Je crois que c’est une question secondaire, le chef de file joue pleinement et totalement son rôle. Nous nous arrêterons à cela.

Êtes-vous pour une opposition constructive, c’est-à-dire qui travaille avec le pouvoir, en faisant référence à ce qu’a dit Sadou Diallo ?
C’est votre définition de l’opposition constructive. Ce n’est pas celle de Sadou Diallo. Nous critiquons, ce qui est notre rôle d’opposition, mais nous ne nous contentons pas de critiquer, nous faisons chaque fois des propositions. Il n’est pas de question sur laquelle il n’y a pas eu des propositions de solution de l’opposition. Vous savez, quand nous critiquons la surfacturation, quand nous saisissons le Vérificateur général pour qu’il fasse la lumière sur les conditions douteuses dans lesquelles certains marchés d’État se passent, quand nous critiquons le gouvernement sur la gestion du nord, vous pensez que ce n’est pas une proposition ? Quand nous appelons le gouvernement à la tenue des assisses nationales parce que le pays est bloqué et le processus de paix est dans l’impasse. Par définition, notre opposition est démocratique et républicaine, donc constructive. Il n’y a pas divergence entre ce que nous faisons et ce que nous disons.

Quelles solutions préconisez-vous pour rétablir la souveraineté nationale ?
Il faut un gouvernement qui a clairement conscience de la gravité de la situation du pays, un gouvernement capable d’entrainer le pays. Est-ce que vous voyez cela en place ? Le processus est en panne. C’est l’immobilisme total. Nous disons au Président de la République que la situation est grave, réunissez les forces vives du pays pour une appropriation nationale de l’accord de paix. Nous sommes en retard dans sa mise en œuvre. Le gouvernement ne sait pas ce qu’il faut faire en matière de gestion générale. Le gouvernement traine le pays. Ce n’est pas seulement l’opposition qui le dit, les groupes armés le disent, la communauté internationale est insatisfaite. Nous devenons une menace pour les voisins. Il y a une inquiétude à l’échelle de la sous région. Il est urgent de se ressaisir.

Tout ceci n’est-il pas plutôt des conséquences de la crise de 2012 ? Est-ce qu’il faut tout mettre sur les épaules de l’actuel pouvoir ?
Vous êtes libre de chercher des circonstances atténuantes. Moi je vous dis ce que nous opposants aurions fait. Si le président acceptait de nous écouter… Deux semaines après son élection, le président a été adoubé par la communauté internationale. Où est passé cet immense capital de sympathie internationale ? La crédibilité internationale du Mali a disparu. Cela devrait vous amener à vous interroger. J’ai l’impression que la communauté internationale est déçue.

Le Comité Directeur du PARENA vient, une nouvelle fois, de lever le voile sur plusieurs « affaires » de mauvaise gouvernance présumée. Comment procédez-vous pour « dénicher » ces informations ?
Le plus important est que ce que le PARENA révèle est toujours exact. Ce sont des recherches fouillées. Nous démontrons ce que nous disons. Depuis le 17 mai, avez-vous attendu un seul démenti ? Nous attendons les démentis du gouvernement pour sortir le reste. Nous avons sorti seulement 10 % du dossier.

Quelle est la stratégie du PARENA derrière cette action ?
Nous souhaiterions que le Mali soit gouverné de façon correcte. Le peuple du Mali souffre trop. Notre pays a payé un lourd tribut à la crise ainsi que la communauté internationale. Les peuples des autres pays ont accouru au chevet du Mali. Que fait le gouvernement du Mali pour faire face à cela ? Par respect pour le sacrifice des jeunes des autres pays, nous aurions dû mieux gérer notre pays.

Ces révélations ont-elles des impacts sur le gouvernement ?
Non. Ils n’en ont pas en tenu compte. Le gouvernement est atteint d’autisme. Quand vous êtes atteint de l’autisme vous ne tenez pas compte ce qui disent les autres. C’est pour cela que le peuple est sorti pour se faire entendre. Aujourd’hui le peuple est mécontent. Si on n’en tient pas compte, le peuple se fâche. Il ne faut que le peuple se fâche.

Mali : l’opposition a battu le pavé contre la gouvernance actuelle

Des milliers de manifestants ont envahi la rue de Bamako pour dire non aux dérives du gouvernement et à la mauvaise gouvernance.

Annoncée en grande pompe, la marche de l’opposition a mobilisé des milliers de manifestants de la Place de la Liberté au Boulevard de l’indépendance, samedi 21 mai 2016. Ils étaient 50 000 Maliens à battre le pavé selon les organisateurs et seulement un millier selon les sources gouvernementale. La manifestation a démarré vers 09 heures sous la direction des chefs de file de l’opposition : l’honorable Soumaila Cissé, de l’URD, Tiebilé Dramé du PARENA, Sadou Diallo du PDES, Daba Diawara du PIDS et Djibril Tangara du FCD.

Cette marche était renforcée par la participation de centaines d’associations comme ‘’Ras-le-bol’’, ‘’An Ta Yafa’’, ‘’An Toro la’’, pas moins de 300 associations avaient répondu à l’appel. Les marcheurs ont quitté la Place de la liberté, en passant par la place de l’OHVN pour rallier le Boulevard de l’indépendance. Tout au long de leur itinéraire, ils ont dénoncé les maux qui minent le quotidien des Maliens, comme « la vie chère », « la corruption généralisée », « la mauvaise gouvernance», « la pénurie d’eau et les coupures d’électricité », « les surfacturations », « l’insécurité », etc. Sur les banderoles, on pouvait aussi lire « Halte à la dilapidation des ressources publiques, non aux autorités intérimaires ».

Au cours de la marche, nombre de manifestants exprimaient leur désaveu de la gouvernance actuelle, « le Mali est devenu la boîte privée du Président IBK et de sa famille avec la bénédiction de certains partis dits de la majorité ». « Ça suffit. Nous marchons pour dénoncer ces malversations financières », ont martelé certains opposants marcheurs.

Un jeune du mouvement « Ras-le-bol », enchaînait : « On en a marre d’un régime qui a montré ses limites dans la gestion du pouvoir ». Au bout d’une vingtaine de minutes de marche, Tiebilé Dramé, Président du PARENA a pris la parole pour dénoncer les dérives du pouvoir : « Cette marche n’est pas une marche de l’opposition, mais une marche du Mali. C’est une marche pour le retour du Président Amadou Toumani Touré. Les 33 mois de pouvoir d’IBK sont émaillés de scandales. C’est cet immobilisme qui a conduit l’opposition à la marche ».

Sur le haut de la tribune du Boulevard de l’indépendance, en face des milliers de marcheurs, le chef de file de l’opposition a pris à témoin les Maliens. « Nous sommes là parce que ça ne va pas ! Et pourtant nous avons alerté ! Sans cesse alerté ! Oui nous avons toujours dénoncé toutes les dérives qui caractérisent la gouvernance de notre pays ! Et pour toute réponse nous avons eu le mépris des autorités et la diffamation publique. Nous avons été traités d’apatrides, de « hassidi » ! Or, notre peuple n’aspire qu’à la paix, à la quiétude dans la solidarité et le partage », a tancé Soumaila Cissé.

Poursuivant son intervention, le chef de l’URD a déclaré que cette marche était la réaction du peuple malien face aux souffrances et au désespoir : « Le cri du peuple est notre cri à tous et c’est ensemble que nous devons désormais nous engager au chevet de notre pays pour le bien-être des populations, au-delà de tous les clivages politiques. Le temps est venu de sortir de l’immobilisme actuel et redonner espoir à nos populations. Les Maliens attendent un État fort, un État solide, stable et juste, un État stratège, capable de donner une direction au pays…»

Et l’honorable Soumaila Cissé d’inviter le public à « Dire non à la mauvaise gestion de la question du Nord, à la mauvaise gouvernance, à la corruption généralisée, à la dilapidation de nos maigres ressources, à l’arrogance et au mépris, à l’absence de dialogue social…».

Cette démonstration de force de l’opposition, visant le régime actuel, à assis, par cette mobilisation populaire, la légitimité réelle des opposants à la gouvernance actuelle, et permettra d’en apprécier l’ampleur et l’éfficacité lors des prochaines échéances électorales.