Transformons le Mali: « L’innovation au cœur de la réussite »

« L’innovation au cœur de la réussite », thème du talk 3 du mouvement Transformons le Mali qui s’est tenu le 13 juillet à Bamako. Mariam Inna Kanouté, directrice du cabinet de coaching potentiel et Seydou Sy, directeur de l’incubateur Jokkolabs Mali ont partagé leurs expériences professionnelles et les difficultés rencontrées dans leur parcours.

Après les civilités d’usage, les échanges ont essentiellement porté sur l’esprit d’entrepreneuriat, notamment comment innover face aux perpétuels changements d’un monde qui avance à la célérité de la lumière. Dans ce talk 3 de Transformons le Mali, la coach Kanouté explique que tout naît du désir profond, de l’envie. Avec une jeunesse ouverte au monde, nous sommes dans ce que le canadien Marshall McLuhan a appelé le village planétaire. Plus rien n’est caché. Sans jamais quitter notre ville ou notre pays nous avons le privilège de faire des rencontres, mais aussi et surtout de voyager à travers le monde avec un simple clic sur nos claviers d’ordinateur, de téléphone ou de tablette. Le monde qui est donc à notre portée peut impacter notre vie, notre quotidien en fonction du regard de curieux que nous lui lançons. D’une interrogation à une autre, une pluie de réponses s’ouvre à nos pieds. Dans un contexte hautement concurrentiel, il nous revient de tirer notre épingle du jeu.

Dans le monde de l’auto-emploi qui est l’entrepreneuriat, nous avons le choix entre tendre vers l’excellence en nous remettant de façon perpétuelle en cause pour nous améliorer, et satisfaire la demande grandissante, ou subir les lois du marché qui ne tardent pas  à s’imposer à nous si nous restons statiques ou tous simplement, si nous nous contentons des acquis. Bouger les lignes pour faire briller l’avenir c’est ce que propose l’initiative Transformons le Mali à travers des échanges et partages d’idées.

Face à une jeunesse motivée, Mariam Inna Kanouté estime qu’il est du « devoir des parents ou des aînés d’encadrer l’envie ou le désir d’entreprendre de cette dernière » dans le domaine de leur choix avant d’ajouter qu’ « innover est devenu une obligation pour l’entrepreneur car les besoins des populations évoluent ». Il est donc vital sinon impératif pour un acteur de rester à l’affût du changement et d’adapter l’offre à la demande. Certains vont même jusqu’à calculer les risques afin d’anticiper sur des projets futuristes et capter davantage leur cible. Entreprendre et rester dans une logique de « résistance au changement de nos jours est un frein à l’adaptation » précise la coach en développement personnel.

L’autre panéliste Seydou Sy qui œuvre au quotidien à la création d’emplois à travers l’incubateur Jokkolabs, au cours des échanges n’a pas manqué de relever que non seulement « innover doit être au cœur de la stratégie de l’entrepreneur », mais les raisons d’innover relèvent de « l’accélération du développement technologique, de l’impact de ces technologies sur le marché notamment sur les consommateurs »  car , les technologies sont aujourd’hui présentent dans tout l’univers du consommateur; et enfin pour innover il faut un besoin. Avant de répondre à une série de questions, le directeur de Jokkolabs a insisté sur le manque de confiance en soi comme l’un des freins de l’innovation dans notre contexte social. Étant dans le domaine de la formation d’une jeunesse déterminée il a aussi fait un plaidoyer sur l’adéquation formation-emploi, une véritable plaie ou un fossé dans le développement de notre pays. Comme solution, il préconise que « les écoles doivent intégrer de nouveaux curricula » pour s’adapter au marché de l’emploi mais aussi et surtout aux besoins du pays en ressources.

A la question comment innover ? Kanouté répond que « la hiérarchie reste un poids à l’épanouissement de l’intellect et au développement entrepreneurial. La participation de l’intelligence collective » dans la vie de l’entreprise est une fenêtre qui s’ouvre sur une nouvelle façon de voir et qui implique tous les secteurs de l’entreprise, par conséquent contribue énormément à ce que l’on appelle communément la culture d’entreprise.

Toujours dans le même ordre d’idées, notre interlocutrice pose un constat: «  l’Etat encourage tout le monde à entreprendre, mais n’encourage pas à consommer ce que nous produisons ». Un fait réel car nous continuons à importer ce que nous produisons, parfois à un prix défiant toute concurrence les produits locaux. Dans son rôle, l’Etat en encourageant le consommer local avec des slogans devrait aussi et d’abord encadrer les producteurs et les pousser à produire de la qualité afin de s’imposer sur le marché local voir international notamment avec la Zone de Libre Échange Continentale qui a pris son départ au Niger en juillet et qui ouvre de nouvelles perspectives économiques aux pays africains.

La troisième session du Talk de Transformons le Mali s’est davantage enrichi avec des questions et des contributions, qui ont permis aux personnes présentes, de penser ensemble le Mali de façon stratégique afin de tous être des acteurs du développement ou de la transformation de notre pays.

Caravane pour le vote : Inciter à une participation citoyenne

Pour contribuer à la participation massive des citoyens au scrutin présidentiel du 29 juillet 2018, le mouvement citoyen « Transformons le Mali » a entrepris une caravane de sensibilisation à Bamako et dans certaines localités du Mali. Une caravane plutôt bien accueillie, selon les organisateurs qui espèrent qu’elle permettra à davantage de citoyens de jouer pleinement leur rôle dans la construction de la cité.

Initiée il y a deux semaines dans le cadre des activités de  Transformons le Mali, la caravane du vote a sillonné la capitale, les localités de Kolokani et de Ségou. A Bamako des endroits stratégiques, comme le grand marché, le marché Dossolo Traoré, la gare routière de Sogoniko pour sensibiliser les citoyens à accomplir leur devoir civique.

Dans les différentes localités visitées, des jeunes du mouvement sont allés à la rencontre des populations souvent sceptiques et en retrait de la chose politique, reconnaît  Madame Dia Sacko , la porte parole de Transformons le Mali. « Ces échanges ont permis d’instaurer un climat de confiance quand au vote, parce que les gens sont en rupture avec la politique », précise t-elle.

Premier devoir citoyen, le vote est aussi le moyen d’exprimer son choix, ont notamment expliqué les caravaniers. « Très bien accueillie par les citoyens », la caravane a aussi servi à éclairer certains citoyens sur « la façon de retirer leurs cartes d’électeurs », précise la porte parole.

En plus de cette caravane et afin de contribuer à la transformation du Mali, le mouvement initie également d’autres actions, comme des débats citoyens pour échanger sur le projet de transformation. L’organisation a aussi soumis  à tous les candidats à la présidentielle, son projet de transformation.

 

Transformons le Mali : le projet enfin dévoilé

Le mouvement Transformons le Mali a présenté le 23 juin au musée national, lors de ses assises, son projet pour la transformation du pays. Fruit d’un travail acharné de six mois, cette initiative unique aboutit à 58 stratégies proposées à l’intention des candidats à la présidentielle. 


« Il y a six mois, nous avons entamé cette belle aventure humaine et civique. Notre aspiration au changement ne suffisait plus et notre impuissance était devenue insupportable. Le confort de l’inaction était devenu dangereux et indécent », se rappelle Mahamadou Camara, coordinateur général du Mouvement. « Nous allons à la rencontre des candidats à l’élection présidentielle et de leur staff pour leur présenter notre projet et leur demander de s’engager », a souligné le coordinateur.


58 stratégies autour de 8 piliers essentiels sont désormais soumises aux candidats à la présidentielle pour enclencher une fois élu la transformation profonde du Mali. Éducation à capital humain, culture-identité et citoyenneté, diaspora, gouvernance et management public, agro-industrie et économie rurale, santé publique, infrastructure et investissement, entrepreneuriat et innovation sont les grands axes de ce bouleversement tant attendu. Une tâche ardue, qui nécessitera de la constance et de l’engagement renouvelé.

Par exemple dans le domaine de l’éducation, le projet de la transformation à soulever les insuffisances du système éducatif malien : « Inégalités persistantes entre filles et garçons, les disparités prononcées dans les zones rurales et au sein des classes sociales les plus démunies, l’inexistence d’un système de formation professionnelle fiable, l’état inquiétant des formations diplomates mais qui ne forment pas » entre autres.
Transformons le Mali propose un certain nombre de stratégies pour pallier à ces maux presque connus de tous : « Instaurer un système de formation et d’évaluation continue des enseignants ; revaloriser à la fois le statut et le métier d’enseignant à l’horizon des dix prochaines années ; lancer un vaste programme d’alphabétisation et d’universalisation de l’accès à une éducation de base qualitative ; remettre le citoyen au cœur de l’enseignement fondamental ; créer un dispositif prioritaire de facilitation du retour de la diaspora malienne exerçant dans le secteur de l’enseignement supérieur ; généraliser le recours aux méthodes pédagogiques actives et mettre l’accent sur l’apprentissage autonome :’’learning by doing’’… Avec ces différentes suggestions concrètes et réalistes, ce mouvement à la fois think tank et incubateur citoyen compte « guider efficacement l’action publique et l’engagement citoyen ».


Pour Adébissi Djogan, secrétaire exécutif et cheville ouvrière de ce mouvement, la naissance des followers forts est un préalable pour réaliser cet ambitieux changement. Il appuie son argumentation sur des exemples de pays qui hier était dans un stade embryonnaire, mais aujourd’hui sont devenus des exemples. « Si nous voulons transformer le Mali, nous devons être une nouvelle génération des followers de point zéro, transformés », indique celui qui rejette ‘’le fatalisme érigé en religion’’.


Aussi, les assises ont permis au mouvement d’exposé au public certains axes du projet pour la transformation du Mali. Des échanges qui ont suivi, animés par des professeurs, des sociologues, des chefs d’entreprise, des hommes de culture ont mis en lumière des préoccupations légitimes des citoyens. « Quoi qu’on dise au Mali, il n’y aura jamais de paix et stabilité tant qu’il n’y a pas de justice », assure le professeur Clément Dembelé, candidat de la Convergence patriotique pour le changement (CPC), un des invités à ces échanges. « La justice malienne est malade, elle doit être reformée », propose-t-il.
Après l’élection le mouvement suivra sous forme de veille démocratique les engagements qui auront été pris par celui qui sera élu. Aux candidats donc de s’approprier ce concentré de propositions pour transformer le Mali.

La transformation du Mali enclenchée

Ce vendredi 9 mars 2018 a eu lieu le lancement officiel du mouvement « Transformons Le Mali » dans la grande salle du mémorial Modibo Keita à Bamako. La cérémonie qui a duré près de deux heures a été meublée entre autres par deux conversations thématiques sur la transformation du Mali ainsi qu’une présentation détaillée du mouvement qui se veut être à la fois un think tank et un incubateur citoyen.

La première conversation de la soirée qui avait pour thème « pourquoi transformer le Mali » a réuni des personnalités, qui les unes après les autres ont donné les raisons pour lesquelles le Mali devrait être transformé. « Il n’est plus question que des personnes décident seuls, mais il faut que tous les Maliens décident pour imposer le programme au sommet. Voilà pourquoi il est indispensable de transformer le Mali en profondeur » a souligné Drissa Kananbaye.
Si tout le monde reste unanime sur la nécessité aujourd’hui de transformer notre pays, il faut alors identifier les clés de cette transformation. C’est autour de cette thématique qu’un second groupe d’intervenants s’est penché au cours de la deuxième conversation. Pour Samuel Sidibé, il faut mettre un accent sur la culture dans cette transformation du Mali. « Aujourd’hui, il faut faire en sorte que notre histoire, notre culture soit enseigné aux plus jeunes pour qu’ils soient imbibés et soient fiers de leur pays » plaide-t-il.
Le mouvement Transformons le Mali est né récemment, à la fin du mois de décembre 2017. « Nous sommes un groupe d’amis, Maliens et non maliens qui se sont retrouvés autour d’un diner et nous nous sommes demandés ce que nous pouvons faire pour surmonter ensemble les problèmes de ce pays que nous aimons tous. C’est de là qu’est né l’idée » explique Mahamadou Camara, Coordinateur général du Mouvement.
Trois objectifs essentiels caractérisent le mouvement « Transformons Le Mali ». D’abord, mobiliser l’intelligence collective malienne en fédérant acteurs partisans et non partisans, experts, chercheurs, étudiants, paysans, entrepreneurs, artisans. Ensuite, influencer l’action publique pour refonder l’avenir du Mali et enfin former et propulser des citoyens-entrepreneurs à travers des sessions de formations, des actions de terrains et des mobilisations locales.
Par ailleurs, le mouvement s’appuiera sur cinq grands leviers d’action pour l’élaboration du projet pour la transformation du Mali. Il s’agit de la plateforme citoyenne transformonslemali.org, des commissions thématiques, de l’incubateur de la transformation, de la caravane de la transformation du Mali et des assises de la transformation.
Apolitique, trans-partisan et pour tous les Maliens, le mouvement « Transformons Le Mali » soumettra prochainement son projet à chacun des candidats à l’élection présidentielle du 29 juillet parce que, comme l’indique le coordinateur général Mahamadou Camara « Nous y croyons et nous sommes convaincus que ce programme sera celui qu’il faut pour transformer le Mali. »