Sommet africain sur le climat : la déclaration de Nairobi adoptée

Ouvert le lundi, le premier sommet africain sur le climat a pris fin hier mercredi. Il s’est achevé par l’adoption de la déclaration de Nairobi qui est destinée à concrétiser le potentiel du continent dans une croissance verte.         

Ce premier sommet africain sur le climat visait à mettre en valeur les ressources inexploitées pour les énergies renouvelables, afin de permettre aux pays africains de se développer économiquement tout en participant à la lutte contre le réchauffement climatique, dont ils sont une des principales victimes. Les dirigeants africains ont appelé hier mercredi la communauté internationale à les aider à faire fructifier le potentiel du continent dans la lutte contre le réchauffement climatique, via des investissements et une réforme du système financier international, en clôture d’un sommet historique

« L’Afrique possède à la fois le potentiel et l’ambition d’être un élément essentiel de la solution mondiale au changement climatique », affirment les participants dans leur déclaration finale commune, baptisée « Déclaration de Nairobi ». Ils ont ajouté qu’il faudra une nette augmentation des financements pour libérer son potentiel à une échelle susceptible de contribuer de manière significative à la décarbonations de l’économie mondiale. Lesdits participants demandent notamment pour cela une nouvelle architecture de financement adaptée aux besoins de l’Afrique y compris la restructuration et l’allégement de la dette, dont le fardeau pèse lourdement sur leurs économies.

Un total de 23 milliards de dollars d’investissements internationaux ont également été promis durant les trois jours de sommet, a déclaré le président du Kenya, William Ruto, dont 4,5 milliards de dollars (4,1 milliards d’euros) venant des Emirats arabes unis pour les énergies propres en Afrique.

Selon le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat, cette déclaration de Nairobi, adoptée à l’unanimité, servira de base à la position commune de l’Afrique dans le processus mondial sur le changement climatique jusqu’à la COP28 et au-delà.

 

Niger : l’Union africaine suspend le pays et prend note du possible recours à la force de la CEDEAO

L’Union africaine (UA) a annoncé mardi 22 août 2023 suspendre le Niger de ses institutions après le coup d’État dans ce pays et affiché une position réservée sur une éventuelle intervention militaire ouest-africaine, selon un communiqué de son Conseil de Paix et de sécurité (CPS).

Le CPS «prend note de la décision de la CEDEAO», l’organisation régionale ouest-africaine, «de déployer une force» au Niger et demande à la Commission de l’UA d’«entreprendre une évaluation des implications économiques, sociales et sécuritaires» d’un tel déploiement, explique le CPS, sur fond de fortes divergences au sein de l’UA à ce sujet. L’Union africaine dans son communiqué réaffirme « sa pleine solidarité avec la CEDEAO en faveur du rétablissement de l’ordre constitutionnel par des moyens diplomatiques ». L’UA va nommer un haut représentant pour encourager les efforts de médiation de la CEDEAO. La Commission de l’UA et la CEDEAO, ont été invités à soumettre d’urgence une liste de membres de la junte militaire et de leurs partisans militaires et civils, y compris ceux impliqués dans la violation des droits de l’homme de M. Bazoum et d’autres détenus, en vue de sanctions ciblées, précise le communiqué.

Union africaine : 60 ans après, quel bilan ?

La date est symbolique. Ce 25 mai 2023, le continent célèbre les 60 ans de la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), devenue l’Union africaine (UA) en 2002. Avec quelques avancées, même si elle peine encore dans la mise en œuvre de ses priorités stratégiques, dont le cap est fixé à l’horizon 2063, l’Union africaine doit aujourd’hui également faire face à d’autres défis.

« Notre Afrique, notre futur ». Ce slogan, consacré pour la célébration de la Journée de l’Afrique cette année, où le continent fête les six décennies de la création de l’Organisation de l’unité africaine, montre à quel point l’espoir d’un avenir meilleur pour l’Afrique reste encore une priorité, même s’il l’était déjà lorsque les Pères des indépendances africaines portaient l’Organisation sur les fonts baptismaux le 25 mai 1963.

Des avancées

Certains analystes soulignent des avancées dans la marche du continent vers le progrès et l’unité depuis 1963. Pour Seidik Abba, journaliste et écrivain, elles sont beaucoup plus visibles sur les plans de l’intégration des communautés économiques régionales et de la volonté politique des États-membres.

À l’en croire, les choses sont lentes, mais elles avancent. « Il y a beaucoup de résultats qui ont été obtenus depuis que l’Union africaine a remplacé l’Organisation de l’unité africaine en 2002 », soutenait-il en juillet dernier sur un média étranger lors des 20 ans de l’UA.

Dr. Abdoul Sogodogo, spécialiste des relations inter-États, est du même avis. « On constate un changement de paradigme. Si l’OUA avait mis la focale sur l’indépendance du continent, l’UA a travaillé à la mise en place d’un système de sécurité collective sur le continent africain et initié un Nouveau partenariat pour le développement (Nepad). Le Nepad et les mécanismes de sécurité collective (Aspa) marquent la volonté du continent de prendre en main son destin ».

Dans son rapport de mandat 2017 – 2021, la Commission de l’Union africaine faisait ressortir en matière d’intégration régionale, son attachement à stimuler le commerce intra-africain, à faciliter la libre circulation des personnes et à renforcer les mécanismes de responsabilisation dans le domaine de l’agriculture.

Comme étapes importantes vers cette intégration, le rapport mettait en exergue l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine ( Zlecaf), le lancement du Marché unique du transport aérien africain (Saatm), la création du Mécanisme africain de coopération policière (Afripol), dont le siège est en Algérie, l’adoption du Protocole sur la libre circulation et du passeport africain et la mise en place du Mécanisme d’examen biennal pour l’Agriculture.

Encore du chemin

Si l’OUA avait montré ses limites dans l’atteinte de ses objectifs et donné naissance à l’UA, qui a depuis pris le relais, cette dernière a été vite confrontée aussi à un handicap majeur, celui de la multiplication des conflits sécuritaires sur le continent. Au début des années 2000, il n’y avait pas de crise aussi grave que celle que connaît le Sahel aujourd’hui. Cette situation a, selon certains observateurs, ralenti les efforts de l’Union dans d’autres domaines vers l’atteinte de ses objectifs, puisque désormais la résolution des crises sécuritaires sur le continent s’est imposée en priorité au fil des années.

Par ailleurs, selon Dr. Abdoul Sogodogo, l’unité du continent, l’un des objectifs majeurs de l’Union africaine, n’a pas encore été atteinte et l’organisation reste dépendante d’autres puissances mondiales. « L’Afrique est encore un objet du jeu international. D’autres acteurs, plus influents sur la scène internationale, sont encore déterminants dans les choix politiques et économiques de l’UA. En fait, l’UA reste dépendante du financement des puissances occidentales (UE, OCDE, USA, etc.) et même asiatiques (Sommet Chine – Afrique) », regrette le Vice-Doyen de la Faculté des Sciences administratives et politiques de Bamako (FSAP).

Pour autant, cet enseignant-chercheur n’est pas pour une réforme de l’Union africaine. « Je ne pense pas que des réformes soient nécessaires. Il faut juste plus de courage politique aux dirigeants africains, surtout aux chefs d’États », préconise-t-il

Affaire des 49 militaires ivoiriens : dans l’attente du dénouement

Arrêtés le 10 juillet dernier à leur arrivée à l’aéroport de Bamako, 49 militaires ivoiriens ont été inculpés et placés sous mandat de dépôt les 10, 11 et 12 août 2022. Une nouvelle tournure qui semble prolonger le délai de dénouement de cette affaire, qui tend les relations entre les États de Côte d’ivoire et du Mali depuis plusieurs semaines.

Cela semble être une suite logique à l’enquête judiciaire ouverte le 18 juillet 2022 par le Procureur général près la Cour d’appel de Bamako pour « faire toute la lumière sur cette affaire ».

Mais le placement sous mandat de dépôt des 49 militaires ivoiriens, pour des « faits de crimes d’association de malfaiteurs, d’attentat et complot contre le gouvernement, d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État, de détention, port et transport d’armes de guerre et de complicité de ces crimes », alors que les négociations entre États malien et ivoirien sont toujours en cours, n’était pas, pour le moins, attendu par la partie ivoirienne.

Pour certains observateurs, ce retour au dossier judiciaire serait une conséquence de l’absence de progrès à l’issue des premières discussions entre les deux parties, sous la supervision du médiateur togolais, le Président Faure Gnassingbé, à Lomé le 28 juillet dernier.

« Dans les négociations, chaque pays joue en fonction de ses intérêts stratégiques. Il est clair aujourd’hui que le Président Ouattara est l’aile dure de la Cedeao et que les autorités de la transition malienne veulent exercer une certaine pression sur lui pour l’amener à reconsidérer ses positions vis-à-vis de la transition malienne et à accepter et accéder à leur demande d’échange de prisonniers », analyse le politologue Bréhima Mamadou Koné.

Selon des sources diplomatiques relayées par plusieurs média internationaux, Bamako aurait demandé, avant la libération des soldats ivoiriens, qu’Abidjan présente officiellement des regrets pour les avoir déployé sur le territoire malien sans cadre légal et que certains ressortissants maliens en Côte d’Ivoire, recherchés par la justice malienne, lui soit livrés. Deux demandes que, selon les mêmes sources, Abidjan n’a pas acceptées. En attendant, des deux côtés, les réseaux sociaux s’enflamment, avec des appels à la haine à certains endroits. La Coalition nationale pour le sursaut (CONASU), un collectif qui regroupe plusieurs associations de Côte d’Ivoire, a réussi à faire annuler les concerts des artistes maliens Toumani Diabaté, Mariam Bah et Prince, qui était prévu à Abidjan le week-end dernier. La CONASU avait dans une déclaration annoncé une série d’activités jusqu’à la libération des militaires détenus, notamment une rencontre avec l’ambassadeur du Mali en Côte d’Ivoire ou encore avec la diaspora malienne, selon certaines sources. Par mesure de réciprocité, le Collectif pour la défense des militaires (CDM), proche des autorités de la transition, a annoncé faire de même et appelé les autres « soutiens de la transition » à se joindre à lui.

Issue diplomatique compromise ?

Pour l’analyste en diplomatie et stratégie internationale Birahim Soumaré, si les 49 militaires ivoiriens ont été placés sous mandat de dépôt, c’est parce que « les autorités maliennes ont évoqué plusieurs infractions qui selon elles tranchent avec le droit. Entrer dans un territoire sans y être invité, armé, sans identification très claire et avoir un contrat présumé avec la Minusma, ce que cette dernière a contredit ».

Pour autant, affirme-t-il, le processus diplomatique doit continuer « pour déboucher sur un terrain d’entente, avec la possibilité d’une grâce ou d’une amnistie présidentielle de la part du Colonel Assimi Goïta à l’endroit de ces soldats, même si, vu la séparation des pouvoirs, ce dernier ne va certainement pas intervenir dans la procédure judiciaire ».

Le Président sénégalais Macky Sall, Président en exercice de l’Union Africaine, en visite de quelques heures le 15 août à Bamako, s’est également entretenu de la question avec le Président de la transition.

« Je lui ai demandé de faciliter le règlement de ce contentieux avec les militaires ivoiriens, dans le cadre d’une solidarité africaine, de trouver des solutions africaines », a indiqué Macky Sall à l’issue de sa visite, notant toute la disponibilité du Colonel Assimi Goïta à dialoguer.

« Le Mali reste disponible, donc nous allons poursuivre avec la Côte d’Ivoire également. Je pense, et je ne désespère pas, qu’on y arrivera », a ajouté le Chef de l’État sénégalais, épaulant ainsi la médiation togolaise pour une issue rapide et heureuse de cette situation.

Selon une source proche du dossier, un second round de négociations à Lomé entre les délégations malienne et ivoirienne n’est pas exclu. « Le Togo garde toujours la main dans la médiation, mais le Sénégal vient en appui pour « africaniser » le dossier », nous confie-t-elle. D’après ces informations, le président togolais devrait très bientôt se rendre à Bamako.

La Commission de l’Union africaine dément la délocalisation de son siège en Ethiopie

L’Ethiopie est en proie à un conflit armé avec à la progression des combattants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) vers la capitale, Addis-Abeba. La Commission de l’Union africaine (CUA) a rejeté les informations selon lesquelles son président, Moussa Faki Mahamat, a appelé à une délocalisation temporaire de ses bureaux et de son personnel hors de l’Ethiopie. Dans un communiqué, le porte-parole du président de la CUA, Ebba Kalondo, a affirmé que ces informations faisant état de la délocalisation du siège de l’Union africaine sont fausses.

« La Commission de l’Union africaine a appris la publication sur les réseaux sociaux d’un mémo interne officiel attribué au président de la Commission, qui aurait appelé à une délocalisation temporaire de la Commission et de son personnel hors d’Éthiopie. C’est une fausse information qui n’a aucun fondement ni dans les faits ni dans la forme », a-t-il déclaré.

La semaine dernière, M. Mahamat a déclaré que son bureau suit avec une profonde inquiétude l’escalade de la confrontation militaire en Éthiopie, où les forces fédérales sont engagées dans une guerre brutale avec les rebelles des régions de Tigré et d’Amhara.

Il a exhorté toutes les parties au conflit à sauvegarder l’intégrité territoriale, l’unité et la souveraineté nationale du deuxième pays le plus peuplé d’Afrique. Moussa Faki Mahamat a en outre exhorté les belligérants à engager le dialogue pour trouver une solution pacifique à la crise.

Le président de la CUA a appelé à la cessation immédiate des hostilités, au respect total de la vie et des biens des civils, ainsi que des infrastructures publiques.

Situation au Mali : l’Union Africaine se réunit ce jeudi

Selon Amani Africa, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union Africaine tiendra ce jeudi 17 septembre 2020 une réunion par visioconférence sur le Mali. Selon les termes du communiqué de la 941ème session du CPS, il devrait recevoir une mise à jour du Président de la Commission de l’UA sur l’évaluation de la situation. Elle sera présentée par le Commissaire à la paix et à la sécurité, Smail Chergui, et le Haut Représentant de l’UA pour le Mali et le Sahel, Pierre Buyoya. Le CPS exprimera sa préoccupation concernant le manque de progrès vers la mise en place d’une transition civile et les effets néfastes de ce retard sur le processus de paix et l’effort de stabilisation du pays. Il pourrait réitérer son rejet catégorique de l’interférence des militaires dans les affaires politiques. Le Conseil  approuvera également  la  décision de la CEDEAO du 15 septembre à Accra sur la nécessité de transférer le pouvoir à un civil, pour ouvrir la voie à la restauration de l’ordre constitutionnel

Suspension de l’adhésion du Soudan du Sud à l’Union Africaine

La Commission de l’Union africaine (UA) a suspendu l’adhésion du Soudan du Sud en raison du non-paiement par Juba de ses contributions financières pendant trois années consécutives.

Dans un câble diplomatique du 17 juin, vu par Sudan Tribune, la mission du Soudan du Sud en Éthiopie a informé son ministère des Affaires étrangères que le pays avait été sanctionné pour non-paiement de sa contribution aux budgets de l’Union africaine.

L’ambassade a déclaré au siège de Juba que les arriérés du Soudan du Sud envers le bloc africain s’élevaient à 9 191 234,04 $, avant de souligner que la suspension était effective depuis le 16 juin.

« On nous a interdit de participer à la réunion de l’UA d’hier, 16 juin 2020 », lit-on dans le télégramme.

« La scène a été si dramatique et embarrassante lorsque le président de la réunion a arrêté les procédures pour informer les diplomates sud-soudanais que leur participation était illégale, car la République du Soudan du Sud a été sanctionnée après trois (3) années consécutives de non-paiement ».

À Juba, le porte-parole adjoint des Affaires étrangères, Hakim Edward, a confirmé la sanction pour non-paiement et a souligné que des efforts étaient en cours pour régulariser la situation.

« Le ministère des Affaires étrangères souhaite assurer au public qu’il se coordonne avec le ministère des Finances pour résoudre le problème non seulement avec l’UA mais avec d’autres organismes régionaux », a-t-il ajouté.

La sanction ne prive pas le pays d’Afrique de l’Est de son adhésion mais suspend seulement sa participation aux réunions de l’Union africaine.

Un régime de sanctions pour non-paiement des contributions financières, adopté en novembre 2018, impose des mesures à court et à long terme aux États membres qui ne respectent pas partiellement ou totalement leurs obligations financières dans un délai de six mois à deux ans.

La réforme autorise des sanctions contre un État membre qui ne paie pas 50% de ses contributions dans un délai de six mois. L’Etat membre sera privé de son droit de prendre la parole ou d’apporter toute contribution aux réunions de l’Union africaine.

Source: sudantribune

Zone de libre-échange africaine : Une initiative utopique ?

Quarante-quatre pays africains ont récemment signé à Kigali un accord pour la mise en place d’une zone de libre-échange continentale (ZLEC) en Afrique d’ici janvier 2019. Ce projet-phare de l’agenda 2063 de l’Union Africaine, dont les textes étaient en discussion depuis 2012, est l’aboutissement de deux ans de  consultations, depuis janvier 2016. L’accord devra être ratifié par un minimum de 22 pays avant d’entrer en vigueur, mais, d’ores et déjà, il suscite de nombreuses interrogations. Une zone de libre-échange en Afrique : simple utopie ou véritable avancée économique ?

Il faut le souligner d’entrée de jeu, la zone de libre-échange continentale, telle que conçue par les textes, présente beaucoup d’avantages pour l’économie africaine. Elle permettra, entre autres, plus d’activités commerciales à l’intérieur de l’Afrique, favorisant ainsi plus de croissance et aboutissant au final à l’émergence économique accrue des pays africains. « Chacun aura accès à un marché unique plus important qui lui permettra de développer ses avantages concurrentiels, avec une barrière autour du continent pour se protéger de l’extérieur », explique Amadou Sangaré, économiste, Directeur de Sangaré Partners.

Au-delà du côté flamboyant du projet, certains paramètres moins reluisants poussent beaucoup d’Africains au doute vis-à-vis du succès éventuel d’une telle initiative. « Aujourd’hui, l’Afrique n’est pas prête pour cette zone de libre-échange », tranche d’emblée Amadou Sangaré. « Seuls certains pays, économiquement plus matures, vont en profiter. Quand on sera dans ce marché commun, cela freinera le développement  de certaines activités dans les pays qui n’ont pas de gros avantages concurrentiels, parce qu’ils seront en compétition avec des entreprises d’autres pays plus fortes à l’interne. En outre se posera un problème de ressources humaines dans certains États, car ils ne sont pas égaux en la matière. Aujourd’hui, certains pays ont les ressources humaines pour atteindre l’émergence, mais d’autres n’ont pas encore atteint ce niveau », ajoute-t-il.

En dépit des obstacles majeurs auxquels devra faire face la zone de libre-échange continentale (ZLEC), des mesures d’accompagnement, bien établies et bien mises en œuvre, peuvent fortement contribuer à la réussite de ce projet panafricain. « Des compensations financières entre les différents États pourront atténuer les difficultés. Un pays relativement fort dans un domaine peut  envisager des aides financières aux entreprises d’un autre pays, moins fort, afin que celles-ci puissent décoller. On pourrait aussi obliger les entreprises à travailler ensemble, comme ce fut le cas en Chine », suggère Amadou Sangaré.

Alpha Blondy : « Seule une armée de l’Union africaine peut régler le problème du Mali »

De passage à Bamako dans le cadre de la Rentrée Littéraire, l’artiste de renommée mondiale, Alpha Blondy a accordé une interview exclusive au Journal du Mali. Toujours très engagé, portant un discours panafricaniste, le reggae man ivoirien reste fidèle à lui-même et s’exprime sans détour.

Vous reprochez très souvent à nos chefs d’État d’adopter une posture attentiste, que recommandez-vous pour que cela ne soit plus le cas ?

Comment voulez-vous vous faire respecter lorsque vous avez toujours la posture du mendiant ? Surtout que si nous étions de vrais pauvres, j’aurai compris, mais c’est nous qui rendons les autres riches, alors pourquoi en plus devons-nous avoir une attitude de mendiant. Cette posture de mendiant étatique doit s’arrêter. Il faut que nos dirigeants aient de l’épaisseur. Au-delà de cela nous avons un syndrome de Stockholm en Afrique qui fait que les Africains sont les premiers à s’attaquer à toute œuvre africaine. Parce que l’Africain a été déconstruit. Ils ont par exemple mis dans la tête de nos femmes qu’elles seraient belles avec des perruques, des poils de cadavres, ceci fait partie d’une stratégie de déconstruction de l’homme africain. Maintenant il existe un temps pour tout, et ce temps est révolu. Nos frères africains doivent savoir qu’ils sont beaux et intelligents et non bêtes. Dieu a fait de l’Afrique une terre riche, il faut donc à un moment donné que nos chefs aient de l’épaisseur pour les exploiter. Ils ne sont pas parfaits certes, mais aucun président ne l’est. Tous les pays du monde connaissent des problèmes.

Cela devrait être compliqué, vous-même estimez que 90% de nos présidents sont des marionnettes

Mais oui. La main qui donne est toujours au-dessus de la main qui reçoit. Nos présidents que nous élisons, ce n’est pas à l’Occident de les dicter ce qu’ils doivent faire. C’est à nous qu’ils doivent être redevables et non à eux.

Il faudrait une certaine indépendance pour cela?

Ça viendra. J’aime bien cette nouvelle Afrique. Elle est consciente. Quand tu as écouté les présidents Alpha Condé, Alpha Oumar Konare, Nana Akufo-Addo ou encore Paul Kagamé, tu sens que les choses sont en train de changer. Ils se sont réveillés, et c’est ce que nous voulons, pas des béni oui-oui. Si l’Union africaine n’a pas réagi suite à l’assassinat de l’un de ses membres (Kadhafi), ils peuvent venir assassiner un autre président en toute impunité. L’Union africaine doit se faire respecter.

Le président ghanéen pourrait être un exemple à suivre ?

Je suis en admiration totale devant le président ghanéen. Ce qu’il dit est vrai. Avez-vous déjà vu une télévision africaine aller interviewer un président français. Jamais. Mais la réciprocité n’est pas respectée. Tous les jours pratiquement, ce sont les médias occidentaux qui viennent s’entretenir avec nos présidents, très souvent en les posant des questions très embarrassantes. Tout cela doit s’arrêter. Lorsque des journalistes des médias africains feront des interviews avec les présidents occidentaux, là, le respect va s’installer.

Vous plaidez également pour une force africaine pour régler les conflits du continent

Comment un contient aussi grand est incapable d’avoir une coalition militaire ? La souveraineté se protège et de nos jours, elle se fait militairement. Si tu prends des éléments de l’armée malienne, nigériane, marocaine, ainsi de suite, et que des abeilles attaquent le Nord du Mali,  leur riposte fera que ceux qui vont un jour vouloir attaquer le pays à nouveau réfléchirons par deux fois avant de le faire. Il faut que l’Afrique montre ses muscles. La souveraineté se mérite, elle se protège.

Jugez-vous l’intervention française au Mali salutaire ?

Elle ne l’est pas. Cela ne fait qu’augmenter la redevabilité. Tu me dois, c’est grâce à moi que ton pays existe aujourd’hui. C’est grâce à moi que tu es au pouvoir. Cela ne peut et ne doit plus continuer

Vous êtes sensible à la question des immigrés africains, quel message aimeriez-vous lancer à cette jeunesse malienne ou africaine, à ces candidats au départ ?

On m’a souvent demandé de dire aux jeunes d’arrêter de partir. Tous les jours depuis que nous sommes petits, on nous rabâche que la France est belle. Il a étudié en France, donc il est bien. On préfère Canal à nos chaines africaines. On nous a fait croire depuis tout jeune, que, tout ce qui vient de là-bas est bon. C’est donc tout à fait normal que les jeunes veuillent y aller. Pour nos jeunes, le lavage de cerveaux commence par le cinéma. En Occident, le cinéma africain est appelé cinéma calebasse. De fait, les jeunes préfèrent les films américains ou encore français.

Même l’information, pour en attester sa véracité en Afrique, il faut dire que cela vient de RFI. Et donc si c’est RFI qui le dit, c’est que c’est vrai. C’est la mentalité actuelle. Donc si quelque part les jeunes veulent partir, voyez-vous-même. Et ils ne pourront pas arrêter le flot, 1000 pourraient mourir, que 2000 entrerons. L’Afrique c’est l’enfer et l’Occident c’est le paradis, c’est toujours le discours que l’on nous sert. Dans ce cas, ils peuvent tout essayer, mais ils ne pourront pas les arrêter. C’est le retour de boomerang. Ils ne montrent aucune bonne image de l’Afrique. Si des médias occidentaux viennent à Bamako pour faire un reportage, ce n’est pas les hôtels qu’ils vont montrer, ce n’est pas la beauté du pays, ce qui peut rendre le Malien fier, vous ne verrez rien de tout cela. Ils iront dans un quartier précaire, prendre une personne très frustrée, or des pauvres il y en a dans tous les pays du monde, et c’est à cette personne qu’ils donneront la parole. Pourquoi toujours véhiculer cette image rétrograde de l’Afrique. Pour des reportages en Amérique, ce ne sont pas les tueurs que vous verrez, mais les gratte-ciels, Miami, pourquoi ce n’est pas le cas chez nous?

Il faut un repositionnement de l’Afrique, une reconstruction de l’homme africain afin qu’il commence à s’aimer et non à se renier, lui et sa culture. Donc ni Alpha Blondy, ni Ibrahim Boubacar Keita, ni Alassane Ouattara, ni même Emmanuel Macron ne pourront arrêter cette immigration.

L’Afrique a pourtant beaucoup de potentiels ?

En Occident tout est fait. Ici tout reste à faire. Nous avons besoin de nos cerveaux. Ils disent tous que l’avenir c’est l’Afrique. Vous trouvez normal que nous ayons des Cheick Modibo Diarra, des grands techniciens qui travaillent dans les  structures à l’étranger, et que 60 ans après l’indépendance, nous soyons incapables de fabriquer un vélo. Les plus intelligents sont revenus au pays. Ils se sont rendu compte qu’ils étaient esclaves là-bas, mais un esclave qui est instruit, conscient de son niveau, retourne là où il est utile.

Vous avez été ambassadeur de l’ONU pour la paix en Côte d’Ivoire, qu’est-ce qui selon vous permettrait au Mali d’aller vers une paix véritable ?

Tous les feux ne s’éteignent pas avec de l’eau. Souvent des pare-feu sont nécessaires. Allumer des feux pour bloquer le grand feu. Il faut que l’Union africaine ait sa force, nous n’aurons plus besoin que la France vienne garantir la souveraineté de nos États. Seule une armée de l’UA peut régler le problème du Mali une fois pour toute.  L’État malien seul ne pourra pas, car des mains invisibles s’amuseront à avancer des pions.  L’UA doit absolument, impérativement créer une force d’intervention. Ce n’est pas envoyé 500 soldats qui fera évoluer la situation, mais plutôt 200.000 soldats, et là vous pourrez discuter d’homme à homme. C’est ça la solution.

 

Libye : indignation et mobilisation sur le sort des migrants réduits en esclavage

C’est au cours d’un reportage diffusé cette semaine  sur la chaîne américaine CNN que le monde s’est vraiment rendu compte de l’existence d’un trafic d’êtres humains en Libye. Les migrants y sont vendus comme esclaves alors que ces derniers ont fui des conditions de vie difficiles. Ces images ont suscité de vives réactions qui ont entraîné une vague de mobilisations.

Une vérité éclate au grand jour ! Depuis le début de la semaine, c’est le monde entier qui est stupéfait de la situation des migrants en Libye. Le pays est l’une des étapes incontournables pour atteindre l’Europe via l’Italie. Autrement dit « l’eldorado » tant fantasmé. Pourtant, leur sort est connu depuis assez longtemps, mais le voir et l’entendre a provoqué un électrochoc. Cela a pu se produire à la suite d’un reportage réalisé par deux confrères de la chaîne américaine CNN. Ce qu’on y voit ? Des migrants d’Afrique sub-saharienne réduits en esclavage et vendus aux plus offrants. Les sommes allant de 500 à 700 dinars libyens (soit environs 285 000 francs CFA)

« Qui a besoin d’un mineur ? C’est un mineur, un grand homme fort, il va creuser », assure un passeur. Voilà ce que l’on peut entendre dans les images diffusées par CNN.

 

Les instances internationales

L’Union africaine, par la voix du Président en exercice, Alpha Condé, s’est indigné de la situation. « J’invite instamment les autorités libyennes à ouvrir une enquête, situer les responsabilités et traduire devant la justice les personnes incriminées et à revoir les conditions de détention des migrants », exhorte le Président guinéen. « Ces pratiques modernes d’esclavage doivent cesser et l’Union africaine usera de tous les moyens à sa disposition pour que plus jamais pareille ignominie ne se répète », prévient M. Condé.

Zeid Ra’ad Al-Hussein, le Haut Commissaire des Nations unies (ONU) aux droits humains n’a pas hésité à qualifier d’« inhumaine » la coopération de l’Union européenne avec ce pays. Cet « esclavage des temps modernes » est un « outrage à la conscience de l’humanité », a-t-il poursuivi.

Manifestations devant les ambassades libyennes

Du côté de la société civile, on assiste à des élans de mobilisations aussi bien sur le continent qu’en Europe. « Non à la discrimination et au marchandage des migrants sub-sahariens en Libye », est l’intitulé de la conférence de presse qui s’est tenu, ce samedi 18 novembre, au sein des locaux de la Radio Libre de l’artiste engagée Tiken Jah Fakoly. Pour les circonstances, il était accompagné d’Ousmane Diarra, Président de l’Association Malienne des Expatriés (AME) et de Malick Konaté, porte-parole du mouvement Trop c’est trop.

Chez nos voisins guinéens, en plus du chef de l’État qui s’est exprimé, certains de ses concitoyens se sont levés pour se rassembler devant l’ambassade de la Libye à Conakry.

En France, également, des personnalités appellent à la mobilisation pour dénoncer ce fléau. À l’instar des chanteurs Mokobé et Cheick Tidiane Seck et de l’acteur Omar Sy.

La Libye est le piège qui se referme sur ces migrants en quête d’un « eldorado » qui s’apparente à un enfer, au vu de ce qu’ils subissent. Ces conditions déplorables, vécues par les migrants sub-sahariens, ne datent pas d’aujourd’hui. Des politiques avaient été mises en place pour sensibiliser les potentiels candidats à la traversée sur les risques encourus. Au Mali, la chanteuse Rokia Traoré n’a pas hésité à user de sa notoriété afin de prêter mains fortes à l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM) ainsi qu’aux autorités italiennes lors de la campagne Aware Migrants. Son message, elle le diffuse à travers un clip vidéo tourné entre Bamako et Bruxelles. Nous sommes en 2016.

Des témoignages d’hommes et de femmes viennent renforcer le message de l’artiste. Ces derniers déplorent, entre autres, ce qui se passe dans un pays « frère ».

https://www.youtube.com/watch?v=2uV5VCsFggs

Cette nouvelle forme d’esclavage est possible, car les bateaux qui réussissent à franchir la Méditerranée sont de moins en moins nombreux. Ce qui fait que les passeurs se retrouvent avec des personnes « sous le bras ». Que faire alors ? Les vendre pour soutirer encore plus d’argent sur le dos de la misère humaine.

Chute de Mugabe : recueil de certaines réactions

Actuellement en résidence surveillée depuis ce mercredi 15 novembre 2017, la situation reste toujours confuse au Zimbabwe. L’armée est toujours aux commandes du pays et cette dernière refuse de parler de coup d’État. Du côté de la communauté internationale, les propos sont mesurés.

Un coup d’État qui ne dit pas son nom ? Dans les réactions de la communauté internationale, le terme semble banni du vocabulaire. Le Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale, s’est exprimé par la voix de la Première ministre, Theresa May. « Nous observons les développements en cours très attentivement. La situation est encore très mouvante », dit-elle. Le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, a pu échanger au téléphone avec le vice-président sud-africain Ramaphosa. Il en est ressorti que « les Zimbabwéens doivent être en mesure de décider de leur propre avenir dans des élections libres et équitables, conformément à la Constitution. L’autoritarisme ne devrait pas avoir de place en Afrique », a-t-il déclaré sur Twitter.

 

L’Union européenne préconise le « dialogue » dans le but de conclure à une « résolution pacifique », par la voix d’une porte-parole des services extérieurs de l’UE. « Nous appelons toutes les parties concernées à passer de la confrontation au dialogue avec pour objectif une résolution pacifique« , affirme Catherine Ray, la porte-parole de l’instance européenne.

Les quelques réactions africaines

Force est de constater que le terme « coup d’État » a du mal à sortir, mais le président de l’Union africaine et de la Guinée-Conakry, Alpha Condé, n’a pas hésité à dire le mot « tabou » pour parler de la situation du pays de l’un de ces prédécesseurs à la tête de l’organisation continentale. Le contexte « apparaît comme un coup d’État » et il exhorte les militaires à « se soumettre à la légalité constitutionnelle ». De plus, « l’Union africaine exprime sa grande préoccupation face à la situation qui se déroule au Zimbabwe, où manifestement des soldats tentent de prendre le pouvoir par la force », atteste Alpha Condé dans un communiqué de la présidence guinéenne.

Quant au président de l’Afrique du Sud, Jacob Zuma, ce dernier se pose en médiateur de la situation zimbabwéenne. C’est auprès de ce dernier que le président déchu a déclaré à son homologue sud-africain, par téléphone, être détenu par l’armée. Dans un souci de clarté, le dirigeant a déployé une logistique sur le terrain. « J’ai pris la décision d’envoyer des émissaires sur place pour entrer en contact avec les chefs des forces armées qui ont mené ces opérations, mais aussi pour rencontrer le président Mugabe pour que nous ayons une vision plus claire de la situation au Zimbabwe », déclare-t-il lors d’un discours retransmis à la télévision.

 

 

 

 

Bilan mitigé pour LE 29e sommet l’Union africaine

Tenu du 03 au 04 juillet dernier à Addis ABEBA, le sommet des chefs d’Etat de l’Union Africaine s’est achevé sans véritables acquis. Sur la question du financement qui doit assurer la souveraineté de l’organisation, des réticences demeurent pour faire appliquer la décision de taxer les produits non africains.

Le 29ème sommet de l’Union Africaine a pris fin ce 4 juillet à Addis Abeba. Après deux jours de débats, la volonté de l’Union d’assurer son propre financement a été réaffirmée. Un financement qui reste assuré en grande partie par l’extérieur notamment l’Union Européenne jusqu’à hauteur de 70%. Le prélèvement de taxe sur les produits importés en Afrique reste pour le moment une des pistes pour atteindre cette indépendance financière. Or, cette volonté semble aller à l’encontre des intérêts de certains pays dont La Tunisie, le Nigéria, l’Afrique du Sud et l’Egypte principaux partenaires commerciaux de l’Europe.

Le président Guinéen Alpha KONDE, président en exercice de l’Union Africaine reste en tout cas déterminé à faire l’unanimité autour de la nécessité de cette taxe.

Réformer l’union mais comment ?

Sur le chantier des réformes, le sommet veut également avancer avec la proposition du comité des réformes présidé par le président Rwandais Paul KAGAME. Un sommet une fois par an au lieu d’un tous les six mois. Un souhait exprimé par le président en exercice de l’Union le président Alpha KONDE et auquel adhère déjà le président Ivoirien Alassane OUATTARA.

Des grands maux pas encore de grands remèdes

La jeunesse qui était au cœur des préoccupations de ce forum reste cependant confrontée aux énormes défis liées notamment à l’emploi et aux migrations. Le président du Tchad Idriss Deby ITNO, qui président le comité chargé de ce thème a annoncé les différentes initiatives entreprises pour la jeunesse dont « l’avenir » ne se trouve pas au fond de la méditerranée, a-t-il déclaré.

Sur le plan sécuritaire, le président de la commission de l’Union Africaine Moussa Faki MAHAMAT, a affirmé que l’Afrique fera de son mieux pour faire taire les armes d’ici à 2020 et de parler d’une même voix sur les grands problèmes de paix et de sécurité à travers des positions communes convenues. Tout en indiquant la nécessité pour le continent de mettre l’accent sur la prévention des conflits, le président de la commission de l’Union invite les organismes régionaux à coordonner les actions avec l’union africaine.

Parmi les résolutions prises au cours de ce sommet, celle condamnant les « sanctions unilatérales » allusion aux sanctions individuelles des Etats-Unis et de l’Union Européenne contre certaines personnalités de la République Démocratique du Congo, a été saluée par la délégation de ce pays. Autre délégation à se réjouir, celle du Maroc, concernant la résolution adoptant un amendement à une résolution du conseil des ministres qui parlait du Sahara occidental comme d’ « un territoire occupé ».

Pour certains observateurs ce sommet n’enregistre pas de véritables avancées, se contentant de réaffirmer des volontés déjà exprimées. Notamment sur l’auto financement mais qui reste à concrétiser.

La présidente du Libéria Ellen Johnson SIRLEAF a fait ses adieux au sommet. Elle participait à son dernier sommet en tant que chef d’Etat car elle arrive à la fin de son mandat à la tête du Libéria avec un bilan jugé positif alors que ce pays sortait de plusieurs années de guerre civile.

Le roi du Maroc veut « une vision africaine commune » sur la migration

Le roi du Maroc veut une « vision africaine commune » sur la migration et fera des propositions en ce sens aux pays africains, a-t-on appris lundi de source officielle.

« Des milliers de jeunes Africains tentent clandestinement de gagner la rive nord de la Méditerranée, à la recherche d’une vie meilleure, avec tous les risques que l’on connaît », a déclaré Mohammed VI, dans un discours relayé par les médias publics marocains.

« Le destin de nos jeunes est-il au fond des eaux de la Méditerranée ?Leur mobilité doit-elle devenir une hémorragie ?Il nous appartient au contraire de la gérer pour en faire un atout », a plaidé le souverain, dans ce discours lu par son frère Moulay Rachid et représentant au sommet de l’Union africaine (UA) qui s’est ouvert lundi à Addis Abeba.

« J’ai l’intention de soumettre (à l’UA) une contribution axée sur la nécessité de développer une vision africaine commune sur la migration, ses enjeux et ses défis », a annoncé Mohammed VI, appelant les pays du continent à « travailler conjointement à l’élaboration d’un agenda africain sur cette thématique ».

Le Maroc, qui a réintégré début 2017 l’UA, se pose en exemple dans la gestion des migrants, depuis qu’il a adopté en 2013 une nouvelle politique migratoire et mené deux campagnes de régularisation de clandestins, pour la plupart subsahariens.

Dans son discours, le roi, qui n’a pas fait le déplacement au sommet d’Addis Abeba, a également réclamé une « politique volontariste » en faveur de la jeunesse africaine, « avenir » du continent.

Il a par ailleurs appelé à une « nouvelle Afrique » qui « s’appuie sur une vision concrète et pragmatique ».

« Il est nécessaire que l’UA entame sa mue », a-t-il plaidé, saluant au passage le « leadership » du président rwandais Paul Kagamé, en charge de la réforme des institutions de l’UA, de même que le président guinéen Alpha Condé, actuel président en exercice de l’organisation panafricaine et qui lui « donne une grande visibilité ».

Amine Idriss Adoum/ UA : « Sans l’UA, l’Afrique serait moins stable qu’elle ne l’est aujourd’hui »

A Addis-Abeba, la transition s’effectue au pas de charge. L’équipe Zuma a jusqu’au 14 mars pour céder ses bureaux à l’équipe Faki Mahamat, président élu de la Commission de l’UA qui prendra fonction le 15 mars. En attendant cette échéance, nous nous sommes intéressés au fonctionnement de cette grande maison qu’est le siège de l’UA. Interview de Amine Idriss Adoum, Directeur de l’administration et de la Gestion des Ressources humaines.

Votre département est la cheville ouvrière de l’instance continentale. Comment fonctionne-t-il ?

La direction de l’administration a cinq sous-directions qui sont les ressources humaines, les marchés publiques, les systèmes d’information et l’informatique, la sécurité de l’Union et l’administration générale elle-même. Nous sommes au centre du fonctionnement : nous recrutons, nous payons, nous achetons et contractons les services, nous mettons en œuvre les opérations dont les décisions sont prises au niveau des politiques. Nous sommes au début et à la fin de toutes les transactions administratives.

Quel est son effectif ?

Cela dépend des sous-directions: les ressources humaines, ils sont une trentaine, les  systèmes d’information une vingtaine, l’administration centrale elle-même une vingtaine de personnes, les achats et marchés publics également. A la sécurité, il y a une centaine de personnes. Maintenant il y a une centaine de personnel (chauffeurs, etc.) qui nous fait arriver à environ 300 et 400 fonctionnaires cadres mais aussi et surtout fonctionnaires de base. Nous avons un ratio de contrats locaux d’environ 30% de contrats locaux ici en Ethiopie.

On critique beaucoup l’UA, certains l qualifie de gros machin qui n’apporte pas grand-chose dans la vie des citoyens. Vu de l’intérieur, le point de vue est certainement différent ?

L’Union africaine fait beaucoup de chose pour le continent. Je vais prendre l’exemple de la lutte contre la maladie à virus Ebola. Nous avons réagi avec un tout petit peu de retard et avons été extrêmement critiqué pour cela. Il se trouve que dès que nous avons commencé à déployer nos opérations, nous étions la seule organisation à déployer plus de 1000 membres du personnel médical : médecins, infirmiers, personnel de support au Libéria, en Sierra Leone et en Guinée Conakry. Nous avons mobilisé des ressources financières pour ces opérations. Aucune des personnes que nous avons déployées n’a été contaminée sur place, parce qu’avant de recruter ces volontaires, il y a une procédure rigoureuse de sélection et de formation avant d’aller sur le terrain. Notre gros problème est en fait un problème de communication.

Si vous regardez au niveau des grands programmes et projets de développement au niveau continental, la plupart des projets d’infrastructures sont faits sur la base d’un plan directeur qui a été défini par la commission de l’Union africaine et adopté par les chefs d’Etat. C’est la même chose en termes de développement agricole, des sciences et techniques. Nous sommes une institution politique, nôtre rôle est de définir des plans et les faire adopter. Notre rôle n’est pas de faire des actions sur le terrain comme une ONG, nous ne sommes pas qualifiés pour cela, nous n’en avons pas les compétences techniques. En revanche, nous sommes très bien outillés pour créer des plans au niveau continental et surtout pousser les Etats à les mettre en œuvre. Là où nous sommes aussi très efficaces, mais ce n’est pas très connu, c’est sur les opérations de « paix et sécurité ». La Somalie est plus ou moins stabilisée aujourd’hui grâce à l’Union africaine, nous y avons 22000 soldats sur place. Nous avons également aidé les Etats membres à lancer les opérations contre Boko Haram. La première opération contre le terrorisme au Mali a été lancée par l’UA, c’est la MISAHEL, avant l’arrivée de la MINUSMA. Nous avons fait la même chose en Centrafrique, en Ouganda où nous avons réussi à réduire de façon visible l’impact négatif de l’Armée de Libération de Seigneur (LRA). Nous faisons énormément dans ce domaine et je peux vous assurer que n’eut été la présence de l’UA, l’Afrique serait moins stable qu’elle ne l’est aujourd‘hui.

Ce département est pourtant critiqué pour la lenteur du processus de mise en œuvre de la Force africaine ?

La Force africaine en attente existe bel et bien. Il y a une base logistique qui est en train d’être mise sur pied à Douala au Cameroun. Il ne s’agit évidemment pas d’avoir des soldats qui s’assoient et qui attendent ! C’est en fait un mécanisme de mobilisation qui doit être enclenché quand il y a un problème. Les entrainements sont faits, vous avez dû entendre parler d’Amani 1 et 2, ce sont des manœuvres militaires conjointes qui sont faites dans le cadre de la mise ne œuvre de cette force.

L’actualité de l’UA, c’est la réforme de cette institution. Le président Kagamé a présenté un rapport qui a été adopté par les chefs d’Etat lors du dernier sommet. Est-ce que vous voyez une mise en œuvre rapide des ses recommandations ? Qu’est ce que cela va changer pour le département que vous dirigez ?

Le rapport Kagamé demande aux Etats membres de l’UA de réorienter le mandat de l’institution qui est assez large et très divers. Il demande très clairement de se focaliser sur les questions de paix et sécurité et sur les questions de représentation du continent au niveau mondial. Il demande aussi de réorienter le mandat du NEPAD pour en faire une agence de développement, de mise en œuvre des décisions des chefs d’Etat sur les questions des infrastructures, du développement agricole, d’industrialisation. Cette décision sera mise en œuvre très bientôt. Cela va évidemment avoir un impact sur la manière dont nous travaillons. Ça apporte de la clarté et de la souplesse dans notre travail, parce que quand il s’agit de mettre en œuvre des actions de développement, il n’y a pas besoin de toutes les négociations que nous devons faire quand il s’agit de mettre en œuvre une action politique ou diplomatique. Ceci permettra aussi d’attirer de meilleurs talents au sein de l’UA. Aujourd’hui nous ne sommes pas très attractifs, spécialement pour les meilleurs qui préfèrent le privé, quand bien même nos rémunérations pourraient être plus intéressantes. Le fait de reconcentrer la Commission et d’apporter de la clarté fera la différence et nous rendra plus « sexy ».

Il y a des efforts qui ont été faits sous le mandat Zuma. Ils seront donc poursuivis ?

Nous avons commencé la réforme il y a en fait bien longtemps et ces deux dernières années, nous l’avons accélérée. A l’interne, en modernisant notre façon de travailler, nos outils, nos mécanismes de planification. Vis-à-vis de l’extérieur, en essayant d’aller vers le numérique, en nous installant durablement sur les réseaux sociaux, en parlant et en écoutant davantage les gens.

Que retiendrez-vous du passage de Mme Zuma à la tête de la Commission ?

Trois choses. La première, c’est l’Agenda 2063. C’est la première fois que l’Afrique réfléchit et se projette sur 50 ans. C’est extrêmement important. La deuxième c’est son engagement extraordinaire sur les questions de genre. Avec elle, nous sommes à un moment arrivés à une égalité parfaite sur les postes de direction  entre les hommes et les femmes. Certaines collègues ont démissionné, ce qui a faussé un peu les chiffres, mais on devrait pouvoir équilibrer à nouveau d’ici l’année prochaine. Mme Zuma a réussi à convaincre le leadership de cette organisation que les femmes ont tout autant le droit que les hommes d’y occuper des postes de responsabilité. La troisième chose est plus personnelle. Mme Zuma est une personne avec un très fort caractère et qui écoute, avec des standards éthiques incroyablement élevés. C’est incroyable ce que cette femme a fait. Elle n’accepte aucune compromission et cela m’a marqué.

Qu’attendez-vous de son successeur ?

Nous attendons qu’il ait un leadership tout aussi fort, sinon plus, pour pouvoir porter la voix du continent. Qu’il soit irréprochable sur le plan éthique et je pense que le ministre Moussa Faki est connu pour cela. Nous attendons aussi qu’il soit un homme d’action qui soit pro-actif et qu’il continue la promotion des femmes et des jeunes au sen de cette organisation.

L’UA soutien Béchir et fait front à la CPI

« Le Rwanda n’a pas ratifié le statut de Rome, traité fondateur de la CPI, et n’a donc aucune obligation, ni aucun droit d’arrêter Béchir », indiquait Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères. Cette sortie de la diplomate est la réponse du Rwanda à la demande de la Cour Pénale Internationale (CPI) qui avait sollicité le 13 juin dernier du gouvernement rwandais d’arrêter Omar El Béchir. Entre 2009 et 2010, deux mandats d’arrêts ont été lancés contre Béchir par la CPI, pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocides. Six ans plus tard, l’Union Africaine dirigée par le tchadien Idriss Deby Itno, président en exercice semble ne pas changer d’avis à propos de la CPI. Mieux l’institution souhaite que ses membres s’en retirent tout simplement.

L’UA semble donc être décidé sur la question. Depuis l’émission du mandat d’arrêt contre Béchir par la CPI, le président soudanais à qui on reproche la mort de 30 000 personnes depuis le début des violences survenues au Darfour, continue de voyager dans de nombreux pays sans être inquiété, y compris dans les pays signataires du traité de Rome. On se rappelle en juin 2015  le gouvernement sud-africain n’avait pas arrêté M. Béchir alors qu’il participait dans ce pays à un sommet de l’UA. Ce refus des autorités sud-africaines avait provoqué une vive polémique. Ce n’est certes pas le cas pour le Rwanda qui considère la demande d’extraction de Béchir comme une « distraction».

Retrait des pays membres. Ce n’est plus un secret pour personne que l’UA par la voix de son président souhaite le retrait prochain des pays membres de la CPI. Selon Louise Mushikiwabo, le sujet a été ce lundi 18 juillet, dernier jour du sommet. Après l’Ouganda, Djibouti et l’Afrique du Sud, le Rwanda de Paul Kagamé affiche son désaccord quant à cette cour considérée par beaucoup comme une institution impartiale. Reste à savoir ce que décideront les chefs d’Etats présents au 27ème sommet de l’UA.

Union africaine : élection reportée !

C’est ce qui se murmurait dans les couloirs de l’institution panafricaine : les chefs d’État, guère convaincus par les candidatures déposées pour le poste de président(e) de l’Union africaine, souhaiteraient que l’on rouvre la liste. Une première qui illustre la crise de leadership sur le continent.

La 27ème session du sommet des chefs d’État de l’Union africaine qui se tient depuis dimanche à Kigali au Rwanda doit normalement permettre de désigner un nouveau chef à la tête de la Commission de l’UA. La Sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, élue en 2012, quitte l’institution avec un bilan plus que mitigé, pour se présenter à la prochaine présidentielle dans son pays.

Seconds couteaux Sur la liste des candidatures pour lui succéder, close depuis mars dernier, trois personnalités quasi inconnues sur le continent. La shortlist dévoilée en mai dernier est composée de la ministre des Affaires étrangères du Botswana, Pelonomi Venson-Moitoi, de l’ancienne vice-présidente ougandaise, Speciosa Wandira Kazibwe, et du ministre des Affaires étrangères de la Guinée équatoriale, Agapito Mba Mokuy. Tous les trois ont occupé des positions de responsabilité importantes dans leur pays ou à l’international, mais suscitent peu d’enthousiasme autour de leurs candidatures. Et selon les observateurs, aucun n’est susceptible de recueillir les deux tiers des votes des états membres, nécessaires pour être élu.

Prolongations C’est donc un report de quelques mois, jusqu’à janvier prochain, qui a été annoncé ce 18 juillet histoire de peaufiner le casting, es chefs d’Etat n’arrivant pas à se mettre d’accord sur le nom du successeur de Nkosazana Dlamini-Zuma . Dans les couloirs de l’UA, on parle d’une transition de six mois assurée par la sortante, Mme Zuma ou son vice-président le Kenyan Erastus Mwencha. Des noms circulent déjà pour la nouvelle liste, dont l’ex-président tanzanien Jakaya Kikwete, le SénégalaisAbdoulaye Bathily et l’actuel ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra. Mais après avoir été occupé par l’Afrique centrale et australe, le fauteuil devrait revenir à l’Afrique de l’Ouest pour la prochaine mandature. Et c’est le Sénégalais Abdoulaye Bathily, actuel représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique centrale et chef du bureau régional des Nations unies pour cette région, qui aurait les préférences des chefs d’État ouest-africains. Les machines diplomatiques sont en branle et la réponse tombera au mois de janvier 2017.