« Bamako horizon 2030 » : Une vision à concrétiser

Selon les prévisions, la ville de Bamako comptera 6 millions d’habitants et la population urbaine du Mali sera d’environ 13 millions d’habitants en 2030. Une  urbanisation rapide qui présente d’importants besoins en infrastructures et équipements pour offrir un cadre de vie adéquat à toute cette population. Pour anticiper, la mairie de Bamako a élaboré une initiative intitulée « Bamako horizon 2030 ». Un ambitieux projet, dont la mise en œuvre nécessitera d’importants moyens mais surtout un schéma d’urbanisation dont la capitale malienne ne dispose pas pour le moment.

Actuellement, environ 70% de la population malienne vit entre Bamako, Sikasso et Ségou, avec une concentration des infrastructures sociales de base dans « ce triangle », selon les spécialistes. Une réalité qui traduit le déséquilibre profond qui caractérise le développement des villes du Mali. Au centre de cette croissance urbaine « mal contrôlée », la ville de Bamako, la capitale, est la référence.

Si « le destin du Mali est intimement lié à celui de sa capitale, Bamako (…), les dysfonctionnements importants de la ville, qui ont été générés pour la plupart par la forte croissance de la population au cours des vingt dernières années, rendent obligatoires des décisions d’aménagement qui prennent acte de la taille de la ville et de son fonctionnement en agglomération », explique Monsieur Mahamoudou Wadidié, Directeur de l’Agence de Développement Régional (ADR) de Bamako. Un constat qui nécessite le rééquilibrage de la ville sur ses deux rives et a conduit à mener une réflexion à long terme sur l’avenir de la ville, d’où « Bamako Horizon 2030 ».

Un programme ambitieux

Née à l’issue du premier Forum du développement urbain de Bamako, en 2010, l’initiative a abouti à la « formalisation d’une stratégie d’organisation de l’agglomération du Grand Bamako ». Avec pour but d’en faire une cité moderne, répondant aux besoins actuels et futurs, la vision s’est développée autour de grands axes pour faire de la capitale une « ville aménagée et fonctionnelle », capable d’assurer les services et équipements nécessaires à la vie en ville en termes de mobilité, d’énergie, d’habitat…

La capitale doit aussi être « une ville économiquement performante », chargée non seulement de générer des ressources pour le pays mais aussi de garantir à ses habitants des emplois. Le troisième défi que se fixe la vision « Bamako horizon 2030 » est d’avoir pour la capitale « une identité collective renforcée ». Une appropriation de la ville qui permettra aux habitants de la Cité des trois caïmans de se reconnaître et de se retrouver autour des préoccupations de leur ville.

Pour mettre en œuvre ce « Bamako rêvé », les autorités du District ont élaboré un catalogue des activités programmées ainsi que leurs objectifs, comprenant une vingtaine de réalisations, qui vont des études aux actions de communication, en passant par des propositions concrètes, comme « le Boulevard du piéton », l’aménagement de 4 gares routières pour les gros porteurs ou encore la construction de 5 parkings à étages au centre historique de la ville de Bamako.

La  planification, un préalable

Mais, pour mettre en œuvre sa vision, « Bamako Horizon 2030 » doit s’imposer aux acteurs. Or « ce document n’entre ni dans les outils de planification urbaine ni dans les plans d’aménagement du territoire », constate  Monsieur Ibrahim Abderhamane Kounta, Secrétaire général et Vice-président par intérim de l’Ordre des Urbanistes du Mali (OUM). Avec une croissance importante de sa population, la capitale malienne « manque de tout », estime-t-il. Et pour répondre à ces besoins d’infrastructures, il est indispensable d’avoir une vision à court, moyen et long termes. En plus des problèmes de mobilité et d’assainissement, la capitale malienne doit faire face à l’inégale répartition des activités sur son territoire. Cette réalité se traduit par la concentration des activités administratives et commerciales sur la rive gauche, faisant de la rive droite une zone « dortoir ». Une situation accentuée par la création d’autres zones dortoirs à la périphérie, avec les  différents programmes de logements sociaux en cours.

A défaut d’une vision à long terme chargée de déterminer ces besoins, la capitale se contente de certaines actions ponctuelles, dont l’insuffisance tient surtout à l’absence de préalables nécessaires au changement souhaité. Il s’agit en l’occurrence de l’opération de libération des voies publiques entreprise en 2016. Si elle a été saluée par de nombreux acteurs, elle a pêché par l’absence des mesures nécessaires à son efficacité. En effet,  les espaces utilisés par les « commerçants  déguerpis » étaient saturés depuis plusieurs années et il fallait aussitôt après le déguerpissement créer de nouvelles zones artisanales et commerciales, note un spécialiste.

L’état des lieux du Schéma Directeur d’Urbanisme (SDU) figure dans les actions de la vision Bamako 2030, mais ce premier outil de planification urbaine fait actuellement défaut à la capitale, administrativement délimitée par les 6 communes du District. Mais les communes périphériques de Bamako disposent de leurs propres SDU, à quelques exceptions près.

La vision « Bamako horizon 2030 » peut donner les grandes orientations de la ville en matière de politique d’aménagement qui pourront entrer dans le Schéma Directeur d’Urbanisme, indispensable, et à partir duquel se prendront les dispositions concrètes pour les 20 prochaines années, précisent les spécialistes.

Synergie d’action

Conscient des enjeux liés à l’inexistence de ces documents de planification, l’État a entrepris l’élaboration du Schéma d’aménagement national. « Un document de référence », dont le Mali disposera pour la première fois, se réjouit le Secrétaire général de l’OUM.

Destiné à définir les potentialités et le type de développement souhaité des différentes zones du pays, ce schéma permettra une répartition équilibrée des populations et des infrastructures sur le territoire national. C’est à partir de lui que seront établis les schémas régionaux, locaux et communaux.

Adoptée en 2014, la Politique nationale de la ville constitue une étape dans l’élaboration de ce schéma d’aménagement du territoire. Elle fixe les orientations concernant le développement dans environ 200 villes du Mali. Actuellement, seule une centaine de ces villes, qui comptent au moins 5 000 habitants, dispose de Schémas Directeurs d’Urbanisme initiés par les collectivités, faute de moyens selon les autorités. Mais, plus que des moyens, il faut surtout une réelle volonté et des stratégies efficaces pour mettre en œuvre ces schémas. En effet, si la première tentative d’élaboration du SDU de la capitale a échoué, c’est « parce que les consultants nationaux ont été écartés du processus », regrette le Secrétaire général de l’Ordre des Urbanistes. Une chose que ni ces professionnels, ni le ministère de l’Urbaniste n’ont acceptée. Un nouveau processus est donc nécessaire pour donner à la ville de Bamako les moyens de penser son développement en harmonie avec l’ensemble du territoire, car «  Bamako ne peut être géré de façon isolée », assurent les acteurs.

Mais disposer d’un outil de planification n’est pas la finalité, « il faut aussi l’appliquer », insiste Monsieur Kounta de l’OUM. « Et il faut pour ce faire avoir une stratégie et envisager la révision du document si nécessaire, tout en gardant les grandes orientations », précise t-il.

Même pour une ville comme Bamako, où coexistent « des anciens quartiers » et des nouveaux, rien ne s’oppose à une urbanisation harmonieuse. « Il y a une mutation urbaine, mais il y a lieu de revoir la réglementation. Il faut des plans d’urbanisme pour définir les schémas sectoriels. Il faut des règlements d’urbanisme qui définissent par exemple la taille ou même la couleur des bâtiments. Que les quartiers soient anciens ou nouveaux, on peut fort bienles viabiliser », ajoute l’urbaniste.

Rapport Banque mondiale : Bamako face aux défis de l’urbanisation

La Banque Mondiale a présenté aux journalistes la cinquième édition de son rapport « Bilan économique AFCW3 (Afrique Occidentale et Centrale) ». Le rapport expose les défis de l’urbanisation en Afrique.

Intitulé « Les défis de l’urbanisation en Afrique », le rapport se penche particulièrement sur  trois capitales en Afrique de l’ouest à savoir Bamako, Conakry et Niamey en réfléchissant sur la manière dont ces villes pourraient exploiter et développer leur potentiel en matière de productivité et de croissance. Malgré leur contribution significative à l’économie nationale, à hauteur respectivement de 34% du PIB du Mali et à environ 27% de celui de la Guinée et du Niger, ces trois villes ne sont pas de véritables moteurs de croissance. « Dans les trois villes, la productivité du travail, calculée en tant que valeur ajoutée brute par habitant, est faible et n’a pas évolué au cours des quinze dernières années, contrairement à la moyenne de 15 autres villes d’Afrique Subsaharienne », a souligné Meskerem Brhane, co-auteur du rapport et responsable des programmes d’urbanisation de la Banque Mondiale dans ces pays.

Le rapport relève que la croissance de la population urbaine dans ces trois capitales ne s’est pas accompagnée d’un accroissement proportionnel du PIB, comparée à d’autres pays en développement. C’est pourquoi l’étude vise d’abord à comprendre pourquoi la croissance urbaine en Afrique de l’ouest n’a pas été associée au développement urbain et ensuite comment les villes de Bamako, Conakry et Niamey peuvent devenir plus productives et habitables dans le futur. Selon  Soukeyna Kane, Directrice des opérations de la Banque Mondiale pour le Mali, le Niger, le Tchad et la Guinée, « Pour devenir des vecteurs de croissance et fournir des services publics adaptés, Bamako, Conakry et Niamey doivent se concentrer sur leur urbanisme et leur organisation spatiale car les trois capitales ne disposent pas actuellement de marchés fonciers suffisamment efficaces, ce qui entraine des investissements dans des bâtiments et infrastructures éloignés des centres-villes ».

Pour faire face aux grands défis d’urbanisation, des recommandations spécifiques à l’endroit des trois villes sont faites à l’issue de cette étude menée par la Banque Mondiale.  «  Bamako doit se concentrer sur la modernisation des structures existantes et la coordination du  réaménagement du territoire en même temps que sur des investissements en infrastructure. Conakry doit donner la priorité à une meilleure connectivité entre le centre-ville et sa périphérie tandis que Niamey doit jeter les bases d’un développement urbain futur », peut on lire dans le rapport.

La série de rapports « Bilan économique AFCW3 » traite de questions de développement essentielles au Tchad, en Guinée, au Mali et au Niger. Elle vise à susciter un débat public sur des évolutions macroéconomiques et structurelles importantes pour soutenir la réduction de la pauvreté. Cette nouvelle publication contient un dossier spécial sur la Guinée.

Diarah Cissoko : « Montrer que les villes peuvent être faites autrement »

A l’occasion de la journée mondiale de l’Habitat célébrée le 08 novembre de chaque année, le président de l’Ordre des urbanistes du Mali revient sur le sens de la célébration. Il explique également l’importance de repenser les villes d’aujourd’hui.

Quelle importance revêt cette journée mondiale ?

Notre journée, c’est pour sensibiliser les personnes sur les questions urbaines, d’environnements. Elle permet de se retrouver avec les décideurs, avec les citoyens, avec les collectivités, pour partager la vision des uns et des autres par rapport aux problèmes qui sont posés, c’est l’importance pour nous de cette journée. Beaucoup de personnes ne savent pas ce que c’est que l’urbanisme, par définition l’urbanisme est multidisciplinaire et chacun peut dire, je suis urbaniste parce que j’ai fait un caniveau ou j’ai fait une  école. Mais ce n’est pas ça l’urbanisme, c’est surtout de la cohérence, avoir une vision globale de la ville, qui lui permettrait de fonctionner de façon harmonieuse, malheureusement nous n’arrivons pas à faire passer cette idée. Notre objectif c’est de montrer aux personnes que  les villes peuvent être faites autrement.

Les réserves foncières prévues pour 20 ans sont consommées en 5 ans, l’urgence ne serait-il pas de changer cette tendance?

Oui je pense que l’urgence est de changer cette tendance, dans la mesure où cela engendre de nombreuses conséquences. A partir du moment ou en cinq ans vous consommez les réserves de 20 années, vous êtes obligés d’en programmer encore et sur des espaces qui n’étaient pas prévues pour cela, des espaces agricoles par exemple. Après vous êtes obligés, si vous installez des personnes dans ces parties-là , de leur ramener l’eau, l’électricité, la route, de leur construire l’école, des centres de santé.

Le Mali est l’un des pays les moins urbanisés de l’Afrique de l’Ouest.  Comment l’explique-t-on ?

Il y a le pourcentage de la population urbaine par rapport à  la population totale, mais il y a aussi les problèmes causés par les villes. Même si vous n’êtes pas énormément urbanisé, que les villes posent des problèmes, vous serez au même niveau que les autres. Donc il faut que l’on puisse, en dépit de notre niveau faible, maitriser ce que nous avons, contrôler la croissance des villes. L’objectif des villes c’est de produire de la richesse, mais aussi un environnement, durable sain. Il ne faut pas ‘il  y ait des personnes qui soient laissées à  la marge, dans des quartiers insalubres. La ville doit être ouverte.

Il existe l’hypothèse de faire de Sévaré la capitale. Comment cela pourrait-il se faire et qu’est que cela changerait ?

Il y a des visions par rapport à  Bamako. Les problèmes sont tellement énormes, que pour simplifier, il y en a qui ont dit de laisser Bamako, pour se déplacer vers Sévaré. En ce moment, nous avons le terrain à Sévaré, nous avons moins de problèmes, peut être que nous pourrons mieux contrôler. C’est bien là le problème, mais c’est une idée un peu extrêmiste.

Le ministre Bathily (Urbanisation, habitat, affaires foncières) a déclaré que l’urbanisation, c’est l’anarchie. Partagez-vous son avis ?

Ce n’est pas totalement de l’anarchie. Il y a tout ce qui a été mis en place, comme politique, comme outils de planification urbaine, mais si on les mets en place, et qu’on ne les contrôle pas, l’anarchie dont il parle peut être une gare routière envahie par les logements. Si vous avez des personnes qui ont besoin de se loger, il faut bien qu’il y ait une parcelle. L’absence de cela peut créer de l’anarchie.

Urbanisation de Mopti : Les ordures comme remblais

Fondée au 12ème siècle par Kifou Naciré, pêcheur originaire de Sina, Mopti est consacrée commune en 1955. Depuis, la ville, dont l’arrondissement central se trouve sur une presqu’île, n’a cessé de s’agrandir. A quel prix ?

Mopti, capitale de la 5ème région  administrative du Mali, est un port fluvial de grande importance. Pour l’économie du Mali, mais aussi de la sous-région, vers laquelle sont exportés poissons et produits agricoles, dont le riz, produit à grande échelle dans les périmètres irrigués. Le dynamisme se voit également dans son urbanisation, ultra-rapide. Ainsi, partout où cela est possible, on voit depuis quelques années des tas d’ordures descendre dans l’eau et des bâtiments s’y dresser au bout de quelques mois. « Vous voyez, la ville se construit sur les remblais. Mais tous ces bâtiments reposent sur des déchets. Or ceux-ci sont biodégradables. Ça prendra des années, des décennies, mais ça va finir par s’affaisser », s’inquiète Antoine Mansa Traoré, Directeur régional de l’assainissement.

« Mopti s’est construite sur les remblais », se défend un élu local. « Depuis le temps colonial, on a gagné de l’espace pour agrandir la ville. Il faut cependant dire que c’était fait avec la technicité et le sérieux requis, à l’époque ». Pour lui, difficile de faire autrement, avec une population qui a triplé en 50 ans. Selon les données de l’Institut national des statistiques, cité par le site Populationdata.com, la commune urbaine de Mopti, soit les villes de Mopti et Sévaré, compte aujourd’hui environ 206 000 âmes, contre 100 000 il y a moins d’une décennie. Il faut donc trouver où se loger.

« Ici, avant, c’était l’eau.  Maintenant, c’est notre terrain. On a remblayé avec des ordures, de la terre et du gravier. Nous mettons les matériaux, nous mettons le feu pour les compacter et on en rajoute. Au bout de cinq ans nous avions la superficie suffisante pour construire », témoigne Fatoumata Sangho, habitante d’une maison sur la digue. « La ville doit gagner de l’espace, on ne peut pas faire autrement », assure M. Dicko, habitant de Gangal, un des vieux quartiers. Point de vue partagé par les acteurs locaux, qui ne peuvent cependant pas donner l’assurance d’un contrôle des risques. En cas de crue du fleuve, de pluies diluviennes, comment vont réagir les digues? « C’est entre les mains de Dieu », répond Fatoumata Sangho depuis son fauteuil, l’œil sur ses vaches, qui broutent tranquillement les ordures fraîchement déversées pour gagner encore un peu de place ….

Changements Climatiques : Quels risques pour le Mali ?

Sierra Leone, Niger, Guinée, États Unis, France. Les catastrophes naturelles s’enchaînent et touchent indifféremment les pays, grands comme petits pollueurs. Les changements climatiques se manifestent violemment et font des milliers de victimes. Qu’il s’agisse de pluies diluviennes, de vents violents ou de fortes chaleurs, le Mali n’est pas à l’abri.

Pluies diluviennes entraînant un glissement de terrain suivi de coulées de boue meurtrières à Freetown. La capitale sierra léonaise vit depuis le 14 août 2017 l’une des pires catastrophes naturelles de ces dernières années. Le bilan est d’environ 500 morts, plus de 800 disparus, des dizaines de sans-abris et des dégâts matériels importants. Quelques semaines après, des pluies torrentielles feront une dizaine de morts au Niger. Auparavant, en Guinée, l’effondrement de tonnes d’ordures avait détruit tout un quartier et fait de nombreuses victimes.

Ces phénomènes, qui semblent imprévisibles, sont pourtant, selon les spécialistes, des conséquences des changements climatiques. Changements dont l’activité humaine est responsable. La sonnette d’alarme est tirée.

Pour Dr Modibo Sacko, Point Focal National chargé de la mise en œuvre des questions climatiques au Mali, il n’y a plus d’illusions à se faire. « Nous sommes en plein dans les changements climatiques. C’est pourquoi il était impératif de trouver un accord lors de la COP 21 de 2015 à Paris, pour maintenir le réchauffement climatique dans une fourchette de 2 degrés à l’horizon 2100 ».

Bien que nous n’ayons pas atteint la barre d’un degré, les effets sont déjà effrayants. « De la montée des océans, suite à la fonte des glaces, avec des inondations dans les pays insulaires, à l’érosion des sols observée dans des pays côtiers proches du Mali comme la Côte d’Ivoire, en nous subissons les conséquences ».

Des vents violents et des pluies torrentielles entraînent un « lessivage du sol dont l’une des conséquences est l’effondrement des maisons et des coulées de boue, qui vont détruire les récoltes ou encombrer les cours d’eau. Ceux-ci vont déborder et provoquer des inondations ». Autant de dégâts qui n’épargneront aucun pays, ajoute le Dr Sacko.

Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, « il n’est pas du tout exclu que le Mali subisse des pluies diluviennes », selon le Dr Sacko, « entraînant des éboulements et l’effondrement des maisons situées à flanc de colline, comme c’est le cas dans certains quartiers de Bamako ».

Autre phénomène inquiétant : le drainage des ordures entassées anarchiquement vers les cours d’eau, qui seront pollués, et l’obstruction des collecteurs, provoquant des inondations. Des vents violents, pouvant provoquer la destruction des forêts et le déplacement de tonnes de sable du désert, ne sont également pas à exclure.

Les fortes chaleurs, outre leurs effets directs sur la santé, pourront aussi causer des dégâts collatéraux, comme des feux de brousse ou la combustion des décharges anarchiques par la libération dans l’air des tonnes de méthane qu’elles contiennent.

 

Habitat: Maisons en sursis

Il y a à peine un mois, dans la nuit du 13 au 14 août 2017, une gigantesque coulée de boue dévale une colline en banlieue de Freetown, capitale de la Sierra Leone. Après des pluies diluviennes, il n’aura fallu que quelques minutes pour qu’un glissement de terrain entraine des centaines d’habitations et déciment des familles entières. Les images de la configuration du quartier mutilé n’ont pas été sans rappeler les réalités d’une autre capitale africaine : Bamako. En l’espace de dix ans, l’habitat humain a colonisé, sans aucun cadre, les collines qui entourent la ville. Au même moment, on exploite à outrance les minerais et en particulier le sable qui les compose. Faisant craindre une catastrophe majeure.

« Personne ne peut dire qu’il ne sait pas que c’est dangereux de vivre ici. Que pouvons-nous faire ? Nous n’avons nulle part où aller ». Cette phrase prononcée d’un ton désabusé par une mère de famille, habitante de la commune 1 du District de Bamako, résume l’opinion des centaines de milliers de personnes qui vivent à flanc ou au pied des collines qui entourent Bamako. La ville est en effet une cuvette entourée de collines, dont les capacités ont largement été dépassées par ses quelques trois millions d’habitants. Ces derniers, toujours en quête de logement, s’éloignent de plus en plus du centre ville saturé et cherchent des solutions de logement en périphérie de plus en plus éloignée ou en hauteur, à flanc de colline. Des quartiers entiers ont ainsi vu le jour, sans aucun encadrement ni autorisation, si l’on en croit les pouvoirs publics. « Ces constructions ne font pas partie du tissu urbain de Bamako » déclare Drissa Coulibaly, directeur national de l’urbanisme et de l’habitat. Le technicien déplore ces installations qu’il qualifie d’anarchiques. Au Mali, la loi est en effet claire. L’article 3 du décret n° 05 113 P-RM du 9 mars 2005 fixant les règles spécifiques applicables aux différentes catégories de servitudes en matière d’urbanisme cite « les zones d’éboulements, d’érosion, d’inondation, et d’autres de catastrophes naturelles » comme servitudes non aedificandi (non constructible). Leur zone de protection varie de 50 à 200 m.

Zangué Coulibaly habite un de ces quartiers, celui de Banconi Razel. Ce nom est composé de celui de la rivière qui traverse la zone et de celui de la société qui, durant des années, a exploité les collines transformées en carrières de minerai. A Banconi Razel, « les gens ne sont pas là à l’insu de la mairie. Ils ont des papiers de la mairie. Donc, les autorités sont au courant de ce qui se passe ici. Les bornages ont bien été faits ? On a donc donné des papiers aux gens ! Comment peuvent-ils dire qu’ils ne sont pas au courant », soutient-il. « On ne peut pas dire que ce soit la mairie qui donne ces parcelles », nuance pour sa part Moussa Goïta, qui habite dans la même zone. « Les endroits que la mairie donne sont plus bas. On a déjà vu des agents de la mairie venir déguerpir les gens mais vous-même vous connaissez ce pays. Les gens vont négocier et ils reviennent s’installer » poursuit-il. A la mairie, on assure effectivement faire ce qu’il faut. « Nous allons régulièrement les voir, surtout en saison des pluies, pour les sensibiliser au danger qu’ils encourent. Il y a des actions qui sont faites pour les faire partir, mais rien n’y fait », confie un conseiller communal.

Un terrain instable « Quand on prend le paysage de Bamako, c’est un paysage fluvial, c’est le fleuve qui a façonné le relief de la ville. A travers le temps, il a fait sa route et a déposé des éléments en fonction des pluies et a laissé beaucoup de dépôts. On peut les voir dans la ville. Quand on prend la colline de Badalabougou, Magnambougou, Kalaban-coro…, toute la ville est bâtie sur ce que le fleuve a laissé sur son passage comme dépôt », explique N’tji dit Jacques Dembélé, maître-assistant à la Faculté d’histoire et géographie de Bamako, spécialiste de géologie du quaternaire et de géomorphologie. Il tient, avec ses collègues chercheurs, le Laboratoire Homme – Peuplement – Environnement qui étudie « comment l’environnement que Bamako occupe a évolué pendant les dernières deux millions d’années, ce qui est un temps long à vue d’homme, mais au vue de l’espace-temps, c’est une fraction de seconde ». « Les sédiments qui constituent les collines qui entourent la ville sont essentiellement des limons, de l’argile et du sable. Ce dernier matériau est très recherché dans une ville en chantier quasi permanent. L’exploitation de ce minerai, de très bonne qualité selon le chercheur, a mobilisé des entreprises formelles et informelles, dont les méthodes d’extraction ont fortement impacté le paysage de la ville. « Aujourd’hui, il y a des profils entiers qui ont disparu. Nous allons sur le terrain chaque année. Et à chaque fois, nous sommes sûrs de ne pas retrouver ce que nous y avions laissé. Les collines disparaissent à grande vitesse ». Quand elles ne sont pas colonisées.

Ces deux usages qui cohabitent augmentent encore plus le risque de catastrophe majeure. « Pendant la saison des pluies 2012, toute une famille avait perdu la vie dans un éboulement survenu  dans le quartier de Sikoro dans la zone appelée Bandiagara Kourani », se souvient cet ingénieur. Moussa Goïta se souvient lui d’un autre évènement. « Il est déjà arrivé que la colline s’effondre. Il y a quelques années, elle est tombée sur une maison. Heureusement pour nous, tout le monde était sorti », souffle-t-il. « On vend les collines comme des lots à usage d’habitation. Le piquet est placé en haut, et on le suit du sommet jusqu’à la base, au fur et à mesure que la colline est cassée, jusqu’au jour où le piquet se retrouve au ras du sol. Dès le lendemain, vous verrez des gens creuser pour monter les fondations de leur bâtiment. Les gens ne se rendent pas compte. Deuxièmement, il y a des gens qui ont déjà construit au sommet, alors que ceux qui sont en bas sont en train d’enlever le sable », témoigne un interlocuteur.

Aux risques d’effondrement des massifs, attaqués avec des explosifs, coupés à la machine ou à la pioche, érodés par les pluies, s’ajoute le danger du « scénario de Freetown ». « Au bord du fleuve comme par exemple à Djaniguila et à Sokorodji, on a des dépôts différents, l’eau attaque les limons et le sable. Quand l’eau contient des sédiments, elle devient beaucoup plus visqueuse et sa force, sa capacité de travail augmente. Elle peut attaquer les roches qu’elle cisaille. C’est ce qui se passe dans cette zone. C’est un danger dont les gens n’ont pas conscience », s’inquiète le géographe. Selon lui, c’est ce scénario qui a amené la catastrophe qui a frappé la capitale de la Sierra Leone en août dernier, faisant près de 1 000 morts.

Action politique requise « Les gens n’ont pas le droit d’être là et ils le savent. Pour sévir, nous avons des brigades au niveau de chaque commune. Après constat, des convocations ont été adressées aux propriétaires, des procès-verbaux de constats ont été établis et adressés aux tribunaux », confirme le directeur de l’Habitat. « Les dispositions sont prises mais en fonction des autorités. Par exemple pendant la transition, après l’éboulement, une commission a été mise en place après cette catastrophe. Après recensement et évaluation des coûts en vue du déguerpissement, la population s’est opposée à l’opération. Le temps de finaliser les négociations, le ministre a changé et on a mis fin à l’opération » se souvient notre ingénieur. Les actions des techniciens restent vaines si elles ne sont pas appuyées par les politiques, déplorent en effet les techniciens. « C’est comme dans la zone aéroportuaire. On a écrit, on a ramassé le matériel de construction, on a tout fait mais les gens continue parce qu’il y a l’impunité. Si on punissait quelques uns, les autres ne monteraient plus, mais rien n’est fait. Les gens jouent la montre, ils font fi du danger en pensant contourner la loi », explique Drissa Coulibaly. L’Observatoire national des villes, créé en mai 2016 et en cours d’opérationnalisation, mettra en synergie les différents ministères en charge de la question transversale de la gestion de la ville. Ses actions devraient permettre de mieux encadrer et suivre l’évolution de la ville, démographique comme géologique.

Urbanisation : des enjeux cruciaux

Bamako, avec plus de deux millions d’habitants, fait partie des grandes villes d’Afrique subsaharienne. Elle fait face, à l’instar des autres mégalopoles du continent, à de nombreux défis qui questionnent sa viabilité et le bien-être socio-économique de ses habitants.

Dar es Salam, la capitale de Tanzanie, accueille du 31 mai au 2 juin une conférence sur la résilience urbaine. La rencontre se tient dans la continuité d’un rapport sur les villes africaines. Si le Mali connait un taux d’urbanisation assez faible, environ 5,1% selon les chiffres de la Banque mondiale, l’explosion démographique dans les agglomérations urbaines est un véritable défi à relever. « En raison de leur essor démographique, les villes africaines sont vouées à jouer un rôle capital dans la croissance de leur pays », souligne un nouveau rapport de la Banque mondiale paru en février dernier, et que les décideurs africains et leurs partenaires s’approprient à travers des rencontres dans les différents pays. Améliorer la vie des citadins et des entreprises en investissant vigoureusement dans les infrastructures et en réformant les marchés fonciers, mais aussi en tenant compte des impératifs de développement durable sont des enjeux communs à toutes les villes du monde.

Bamako compte aujourd’hui plus de 2 millions d’habitants selon les estimations officielles, environ 3 millions d’après les données d’ONG. L’essor démographique de la capitale malienne (environ 50% de croissance tous les dix ans, l’un des plus élevés de la région) ne rime cependant pas, à l’instar de la plupart des villes africaines, avec croissance économique. Pour la Banque mondiale, il urge d’investir autant dans les infrastructures (accès à l’eau et l’énergie, évacuation des eaux usées et des ordures, transport, télécommunications) que dans la construction de villes « ouvertes au monde ». Pour Somik Lall, économiste principal à la Banque mondiale spécialisé dans le développement urbain, « les dirigeants et responsables publics africains doivent s’attacher en priorité à investir tôt et de manière coordonnée dans les infrastructures ». Et cela, afin d’en faire des cités ouvertes aux échanges commerciaux et humains avec les autres villes du pays, de la région et du monde. Pour y parvenir, les responsables municipaux doivent de toute urgence se doter d’une approche nouvelle et solide pour le développement urbain en Afrique. »

Outre la prise en compte de cet aspect économique, il convient d’investir dans la résilience afin d’avoir des « villes durables ». Les trois priorités pour ce faire sont l’identification des risques, la mise en œuvre de stratégies de réduction de ceux-ci et une meilleure préparation à la prise en charge des catastrophes (naturelles ou non) ou d’urgences d’autres types. « L’urbanisation verte », est également un défi pour les villes comme Bamako qui croissent et s’étendent en investissant massivement (public ou privé) dans l’immobilier. « Il faut également repenser le foncier urbain afin que sa valeur soit réévaluée et que les ressources qu’il génère soient utilisées pour le financement du développement », poursuit M. Lall. C’est à ce prix que Bamako pourra relever le défi d’une urbanisation à visage humain tout en étant économiquement viable, de manière durable.

 

Réorganiser l’urbanité de Bamako

Ces ateliers qui viennent après ceux tenus à  Saint Louis (au Sénégal) et Porto Novo (au Bénin) sont organisés à  l’initiative de la Mairie du District de Bamako et accueillent pendant 15 jours (du 9 au 23 juillet 2011) plus de 20 professionnels pluridisciplinaires qui vont produire des propositions opérationnelles sur le sujet de la mobilité et de la centralité. Lesdits ateliers permettront aux experts de poser un regard prospectif sur la ville de Bamako et ses problèmes de développement, et de rivaliser autour des solutions pour un aménagement urbain adéquat. En effet, Bamako ne cesse de croitre le long des axes routiers et dans sa partie sud. Ainsi, de nouveaux quartiers naissent spontanément, assimilables à  des bidonvilles tant à  l’intérieur de l’agglomération qu’à  sa périphérie. « Les réserves foncières, fixées par le Schéma Directeur d’Urbanisme, ont toutes été consommées », a indiqué le Maire du Disctict, Adama Sangaré lors de la cérémonie d’ouverture des ateliers. Cette anarchie urbaine, dit-il, affecte maintenant les communes voisines. « Les services de base balbutient, ne pouvant plus suivre le rythme de développement de la ville. Cette croissance incontrôlée pose la douloureuse question de l’accessibilité aux équipements dont les plus significatifs se concentrent dans le seul centre ville historique ». Le sujet, faut-il l’indiquer, est une préoccupation qui s’inscrit à  l’échelle mondiale pour l’ensemble des responsables territoriaux : celle de la croissance urbanistique des métropoles avec son corollaire, l’étalement physique et géographique. En effet, le phénomène résulte directement de l’explosion démographique sans précédent qui frappe les villes. Et du coup, il engage et impacte la responsabilité ultime de l’Etat et des Collectivités Territoriales pour relever l’un de leurs défis prioritaires envers la population, à  savoir l’accès aux services et aménagements de base. Selon les Nations Unies, moins d’un tiers de la population mondiale vivait en site urbain en 1950. Un demi-siècle plus tard, C’’est la moitié de la population mondiale qui s’y concentre et les projections prospectives prédisent, pour 2030, un taux d’urbanisation dépassant les 60%. Pour la même période, en ce qui concerne la capitale malienne, on est passé de 100 000 habitants à  plus de 2 Millions aujourd’hui pour atteindre potentiellement 5,5 millions d’âmes en 2030. Ce phénomène de boulimie démographique, impossible à  digérer faute de planification originelle, génère un étalement urbain spectaculaire, anarchique voire dramatique. C’’est conscient de la congestion du seul centre historique sur lequel, la résolution du 1er Forum de Bamako demandait une densification, que le Conseil du District a souhaité disposer de perspectives nouvelles pour de nouvelles centralités notamment en rive droite. Selon le maire du District, l’avenir de Bamako se joue aujourd’hui sur la rive droite en pleine extension, accueillant déjà  plus de la moitié de la population du District, et très bien connectée au reste du Territoire National, avec la route de la Côté d’Ivoire, du Burkina, et l’autoroute de Ségou en projet. Pour sa part, le ministre chargé de la Décentralisation, David Sagara, se dit convaincu que le forum permettra aux experts d’être en contact avec les réalités quotidiennes et de faire des propositions concrètes. Car, dit-il, la capitale souffre non seulement d’une expansion géographique qui affecte le tissu urbain et les collectivités environnantes, mais également d’une forte explosion du trafic entrainant une congestion quasi permanente. Rappelons que le gouvernement du Mali a adopté en janvier 2009, un document de Stratégie de Développement des Villes du Mali (SDVM) dont l’objectif est de doter les grandes villes d’infrastructures performantes et de fixer un cadre d’intervention pour les acteurs. Aussi, le quatrième Projet Urbain lancé en 2010, pour la mise en œuvre de cette nouvelle stratégie, a pour ambition de doter les grandes villes du Mali d’infrastructures solides et innovante tout en assurant à  ces agglomérations un accompagnement pour une bonne gouvernance. Composé d’Elus, de Hauts Cadres de l’Administration Africaine et Européenne et souvent issus de notre réseau de plateforme des villes et organismes partenaires ainsi que des membres du réseau des Ateliers, le jury appréciera les meilleures propositions qui seront des documents d’orientations stratégiques exprimant les axes en matière d’environnement, d’infrastructure de transport et autres équipements.

Urbanisme: Ok pour Sanankoroba et Mountougoula

Mamadou Coulibaly, le Secrétaire général du ministère du Logement, des affaires foncières et de l’urbanisme, a procédé à  la remise officielle des schémas directeurs d’urbanisme des communes de Mountougoula et de Sanankoroba, toutes deux situées dans les environs de Bamako. La cérémonie s’est déroulée ce jeudi 21 avril 2011 en présence du conseiller aux affaires économiques et financières du Gouverneur de Koulikoro, Bougouzanga Coulibaly, accompagné des autorités locales. Les communes de Mountougoula, sur la route de Ségou et de Sanankoroba sur celle de Bougouni, font toutes deux partie du cercle de Kati. Mais elles ont toutes deux la particularité d’être proches de Bamako, ce qui fait d’elles des pôles de développement rapide et des zones de spéculation foncière par excellence. C’est pourquoi, les autorités locales de ces deux communes ont sollicité le gouvernement pour avoir un schéma directeur d’urbanisme. Celui-ci est un outil de planification urbaine qui sert de base pour toutes les actions de développement dans le cadre des politiques et stratégies définies par l’Etat. Il trace toutes les contraintes d’aménagement de la commune sur une période de 20 ans. Les schémas en question ont été élaborés de façon participative avec les populations locales. Les documents ont été approuvés par le Conseil des ministres du 29 avril 2010. La commune de Mountougoula a été la première à  recevoir la délégation conduite par Mamadou Coulibaly, accompagné notamment par le Directeur national de l’urbanisme, Abdoulaye Imrane, qui a été promu mercredi dernier Directeur des Domaines et du cadastre. Le maire ainsi que les chefs coutumiers, qui ont réservé un accueil chaleureux à  la délégation, ont félicité le département pour l’aboutissement de ce projet impatiemment attendu par la commune. Cependant, ils ont souligné qu’une étape est franchie, mais que le plus dur reste à  venir avec la mise en œuvre du schéma pour laquelle ils comptent sur l’appui des services techniques de l’Etat. Le schéma de Mountougoula a été élaboré par le Bureau d’études et de conseil Dazan Coulibaly. Ce dernier, qui a exposé le document a souligné que le travail a été effectué sur un périmètre de 495 km2 couvrant les 16 villages de la commune de Mountougoula ainsi que certaines communes avoisinantes comme Dialakorobougou. De même, le schéma de la commune de Sanankoroba, qui a été élaboré par le cabinet d’études Awa Kouyaté, couvre les 26 villages de la circonscription. Dans chacune des communes, le schéma prévoit une stratégie de développement en prévoyant des zones industrielles, des zones d’habitation, des zones de culture, de maraichage, des garages, d’hydrocarbures, des espaces pour les infrastructures de base, des réserves foncières pour les éventuels cas d’urgence. Le schéma, qui sera complété par des plans sectoriels d’urbanisme, prévoit les différentes voies routières, de la viabilisation, d’adductions d’eau, l’électrification… Selon les documents, tous les anciens villages de ces deux communes doivent être réhabilités. En somme, pour le maire de Sanankoroba, Mamadou Zan Traoré, ce schéma est une chance dont sa commune entend profiter pour une gestion transparente du foncier. l’appel du Segal En tout cas, le Secrétaire général du ministère et le Directeur national de l’urbanisme ont insisté sur les avantages de cet outil précieux mais qui ne sera rien si les autorités locales ne s’y conforment pas. C’est pourquoi M. Coulibaly dira que sa mise en efficience dépendra essentiellement des capacités des maires à  gérer judicieusement leur patrimoine foncier, en tenant compte des exigences de développement. Il a rappelé une disposition essentielle de ce document, à  savoir que la vocation des espaces programmés doit être maintenue tant que le schéma directeur est en vigueur et tant que l’espace concerné n’est pas désaffecté par un acte réglementaire ou légal approprié.

Journée Mondiale de l’Habitat : Anticiper l’environnement urbain

Un thème d’actualité l’actualité de ce thème est lié à  la dimension des défis urbains qui interpellent la communauté internationale en ce début de 21è siècle. Comme l’a si bien évoqué le Secrétaire Général des Nations-Unies, je cite :  » ces défis incluent la croissance accélérée de nombreuses villes et le déclin de certaines autres, l’expansion économique informelle et le rôle des villes dans le changement climatique ou l’atténuation de ses effets ». Urbanisation Sauvage Ces défis sont la conséquence d’une urbanisation sauvage résultant généralement d’une mauvaise appropriation des outils de planification urbaine par les collectivités territoriales et autres usagers. Le ministre du logement Mme Salimata Gakou, déclare à  l’occasion de cette journée que ce thème revêt pour le Mali un intérêt particulier. [i  » En effet, le débat sur la problématique de l’efficience des outils de la planification urbaine s’ouvre au moment ou notre gouvernement a engagé des actions courageuses pour trouver une solution durable à  l’expansion urbaine anarchique particulièrement à  Bamako et dans certaines capitales régionales » Des phénomènes préoccupants Par ailleurs, d’autres phénomènes préoccupants attirent l’attention de l’opinion nationale et internationale. Il s’agit entre autres de l’émergence de quartiers anarchiques, la spéculation foncière, l’insuffisance de services urbains de base, la dégradation des tissus anciens dans les centre villes, la taudification de l’habitat dans les anciens quartiers des cantres villes Le rôle de la planification urbaine « Face à  ses inégalités, vecteurs de frustration accumulées et de tensions sociales larvées, le gouvernement du Mali a réagi par une approche de planification urbaine basée sur l’implication et la responsabilisation de tous les acteurs. C’’est dans cette perspective que sont élaborés les schémas directeurs d’urbanisme, les plans d’urbanisme sectoriel et les profils urbains des villes » selon la ministre. « Il est important de signaler, en ce qui concerne le Mali que nous avons signé avec Onu Habitat et l’association des municipalités une convention qui permettrait de concrétiser cette politique qui a concerné 19 communes. l’état avancé des préparatifs du 4ème projet urbain du Mali ainsi celui de la tenue des assises des Etats généraux du foncier s’inscrivent dans cette meme perspective L’accès à  la propriété Ce qui veut dire que tous les citadins démunis doivent avoir un meilleur accès à  la propriété et à  la jouissance foncière, à  l’eau et à  l’électricité. Toutes les villes ont besoin aujourd’hui de transports en communs garantis, d’hôpitaux et de tous les autres services urbains de base. C’’est pourquoi la planification devra continuer à  s’adapter de façon à  pouvoir assumer un rôle efficace et nécessaire pour nos villes et façonner positivement l’avenir urbain au Mali. Enfin, la ministre invite toute les bonnes volontés à  soutenir les efforts du gouvernement dans la mise en oeuvre d’une politique de planification urbaine harmonieuse ou l’épanouissement de chaque citoyen sera garanti.

Le Mali, un pays enclavé à l’urbanisation galopante

Cette révélation a été faite par le Directeur de la Division de la coopération technique et régionale de l’Onu Habitat, lors d’un atelier d’évaluation de la stratégie nationale de logement. Le Mali compte en 2009, 4,3 millions de citadins soit 1/3 de la population totale estimée à  13 millions. Ceci explique qu’environ, 2,9 millions soit les 2/3 de la population urbaine du Mali vivent dans les zones d’habitat précaires. Selon Daniel Biau, Directeur de la division de la coopération technique et régionale de l’Onu Habitat, la croissance urbaine du Mali entre 2005 et 2010 est estimée à  4,83% par an. « Ce taux annuel est parmi les plus faibles de l’Afrique de l’ouest, mais le taux de croissance urbaine du Mali s’élève à  32%, un chiffre supérieur à  celui des autres pays enclavés de la sous région, comme le Burkina (19,5%)et le Niger 16,5% ». Malgré cette croissance de l’urbanisation, les grandes villes du Mali restent confrontées à  certains nombres de problèmes. Le cas de la ville de Bamako La capitale malienne compte 1,7 million d’habitants, et les principales villes du pays sont déjà  confrontées à  d’énormes problèmes qui se traduisent par une insuffisance des infrastructures de base, un taux de chômage élevé surtout parmi les jeunes, un accroissement de la pauvreté urbaine, le développement de l’insécurité en milieu urbain etc… N’oublions pas le taux d’accès à  l’eau potable dans les centres urbains, évalué en 2006 à  34,5 % à  Bamako. Il a été démontré que les consommations spécifiques restent parfois éloignées de l’objectif de 20 litres par jour par personne. Un autre problème à  souligner est le taux d’accès des populations à  un assainissement adéquat : en 2006, ce taux s’élevait à  6% en milieu rural en tenant compte des standards de qualité « améliorée » Ce taux d’accès en milieu urbain est de seulement 16%(18%à  Bamako). Défis à  relever  » Les défis à  relever sont importants et nécessitent d’importants moyens techniques, humains et financiers qui peuvent être mobilisés à  condition d’impliquer tous les partenaires du secteur, y compris les populations elle mêmes », a suggéré Daniel Biau. C’’est pourquoi, il a souhaité que les acteurs intervenant dans ce domaine mènent une réflexion en profondeur, et diagnostiquent sans complaisance les maux qui entravent le développement urbain durable du Mali. Reste aussi à  identifier les potentialités et opportunités, que représente l’urbanisation maà®trisée. A noter que l’expérience d’ONU Habitat à  travers le monde, a montré que le facteur limitant l’amélioration des conditions de vie et d’habitat, est l’absence de volonté politique pour résoudre la question de façon durable et à  grande échelle.