Paix et cohésion sociale : des partis politiques lancent un appel

26 partis politiques ont lancé un appel pour la paix et la stabilité au Mali. À l’initiative de l’URD, ces formations politiques se sont réunies les 13 et 15 septembre au Palais de la Culture pour formaliser le contenu de ce document. Dans le texte, signé le 18 septembre, les partis condamnent de la manière la plus ferme les meurtres et autres actes criminels commis à l’encontre des populations civiles innocentes et de leurs biens. Ils encouragent le gouvernement à prendre toutes ses responsabilités avec fermeté pour défendre l’unité, l’intégrité territoriale, la paix et la stabilité dans le pays, dénoncent le mutisme persistant et incompréhensible des défenseurs des droits de l’Homme, des États démocratiques, des organisations sous-régionales et régionales et rappellent que l’intégrité territoriale et la souveraineté du Mali sur l’ensemble de son territoire ne sont pas négociables. Les partis signataires sont entre autres l’URD, l’ADP-Maliba, l’ADEMA-PASJ et des partis mineurs. De nombreux partis d’envergure n’ont pas signé, notamment SADI, la CODEM ou encore le PARENA, dont les responsables assurent que la déclaration leur est parvenue en retard et qu’ils prendront le temps de l’étudier avant d’apposer une éventuelle signature. Le parti Yelema s’est refusé à tout commentaire. Le MPR, parti du Premier ministre Choguel Kokalla Maiga, a fait savoir qu’il n’avait pas besoin de signer un document pour montrer son soutien à la Transition.

Référendum : entre le « Oui » et le « Non », les jeux sont ouverts

Débutée le 2 juin dernier, la campagne en vue du référendum constitutionnel du 18 juin prochain bat son plein. Venant des partisans du « Oui » ou du « Non », les arguments en faveur ou contre l’adoption du projet de Constitution sur lequel le peuple malien est amené à se prononcer abondent.

Aussitôt ouverte, aussitôt révélatrice du rapport des forces en présence avant la tenue de ce scrutin référendaire, à bien des égards essentiel pour le respect du chronogramme de la Transition.

Ce rapport, qui semble en faveur des partisans du « Oui », n’est pas définitif, selon certains analystes, même si son évolution jusqu’à la fin de la campagne ne saurait être a priori renversante en faveur du « Non ».

Vague blanche

La majorité de la classe politique se positionne pour un « vote massif pour le Oui ». Les appels en ce sens se suivent et se ressemblent. « L’Adema a décidé de mobiliser ses militants et l’ensemble du peuple souverain du Mali pour un vote massif pour le Oui en faveur de la nouvelle Constitution », a déclaré sans ambages son Président, Marimantia Diarra, le 3 juin.

Un choix « démocratique, partagé, réfléchi et assumé », qui résulte d’une « longue consultation populaire des militants à la base et d’une analyse approfondie du contenu  du projet », soutient le numéro un de la Ruche, par ailleurs membre du CNT.

Tout comme l’Adema, l’URD, qui a d’ailleurs toujours affiché son approbation du projet de Constitution, mais aussi le nouveau parti issu de sa branche dissidente, l’EDR, appellent tous deux les Maliens à donner leur quitus au nouveau texte constitutionnel. « J’appelle l’ensemble du peuple malien à faire du 18 juin, jour du vote de la nouvelle Constitution, une grande fête nationale, républicaine et démocratique, en votant massivement Oui pour son adoption », a indiqué le Pr. Salikou Sanogo, lors d’un point de presse tenu le 3 juin.

De son côté, le CNID – Faso Yiriwaton va plus loin. Son Président, Me Moutanga Tall, s’est prêté à un exercice de décorticage du texte du projet de Constitution qui sera soumis au vote. Pour lui, le résultat sera sans appel. Au moins 10 raisons majeures motivent l’option du « Oui » de son parti. À en croire cette figure du mouvement démocratique, la nouvelle Constitution a certes des imperfections, comme toutes les Constitutions du monde, mais elle comporte plusieurs avancées. Le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga n’a d’ailleurs pas manqué lui aussi de « booster » la campagne pour le « Oui » lors de célébration du 3ème anniversaire du M5-RFP, le 5 juin dernier.

Résistance rouge

Même si la voie semble dégagée pour les partisans du « Oui » et que ceux du « Non » ne sont pas aussi  visibles qu’eux, les partis et / ou personnalités politiques, ainsi que les organisations de la société civile qui se dressent contre l’adoption de la nouvelle Constitution, n’en défendent pas moins leur choix.

À la télévision nationale le jour de l’ouverture de la campagne, Mohamed Kimbiri, mandataire national du « Non », a avancé quelques raisons. « Non à la laïcité, non à la référence aux valeurs  occidentales et à la notion des droits de l’Homme comme sources référentielles de notre législation », a-t-il déclaré.

« À mon humble avis, la nouvelle Constitution ne répond pas à l’idéal républicain que nous avons défendu lors de notre lutte contre le projet de Constitution du régime précédent », argue de son côté, de façon personnelle  Hamidou Doumbia, Secrétaire politique du parti Yelema.

Ce fervent partisan du « Non », même si son parti ne semble donner aucune consigne, pointe du doigt le fait que le gouvernement ne soit plus responsable que devant le Président et non plus devant le Parlement. « Ce point dénote de la volonté des constituants de créer un monarque républicain à la tête de l’État et non de faire prévaloir un équilibre sain des pouvoirs », fustige-t-il.

Le M5-RFP Mali Kura s’est également vite positionné dans le camp du Non. L’ancien Premier ministre Modibo Sidibé est sans équivoque : « le Comité stratégique du M5-RFP Mali Kura ne soutient pas ce processus et dit Non au projet de nouvelle Constitution ».

URD – EDR : forces et faiblesses

L’un veut maintenir l’Union, l’autre, insuffler un nouvel Espoir avec la création d’un nouveau parti politique. Le divorce étant désormais acté entre les partisans de Gouagnon Coulibaly et ceux de Salikou Sanogo, que peuvent représenter les deux tendances ? Focus sur leurs atouts et handicaps.

Ce que l’on annonçait comme « inévitable » s’est produit : l’URD se scinde en deux. Le 20 mai dernier, Salikou Sanogo et ses partisans ont annoncé la création d’un nouvel appareil politique, Espoir pour la Démocratie et la République (EDR). En attendant son lancement officiel, les statuts et le règlement intérieur du parti ont déjà été adoptés. Les logo et nom également. Irréconciliables, les deux tendances doivent désormais faire cavalier seul sur l’échiquier politique. Quels sont les forces et faiblesses de chacune ?

Prenons Gouagnon Coulibaly en premier. L’ancien député de Kati conserve l’URD, vieux parti de 20 ans dont le nom est très connu sur l’ensemble du territoire malien. Une des raisons pour laquelle plusieurs cadres du parti susceptibles d’être candidats aux élections à venir jouent encore la carte de la prudence.

« Tout ceux qui espèrent un poste électif vont vouloir consulter leurs sections avant de faire un choix. En plus, plusieurs d’entre eux ne se sentent pas prêts à quitter le parti après tant d’efforts fournis pour son implantation », explique un membre du Bureau national. Pour l’heure, seuls Sidy Angoiba de la section URD de Douentza et Issa Sissoko de celle de la Commune IV ont officiellement quitté le parti de la Poignée de mains.

Financièrement aussi, le camp Gouagnon pourrait s’en sortir. Plusieurs grands bailleurs de fonds lui sont restés fidèles, notamment Sékou Abdoul Kadri Cissé, oncle maternel de l’ancien Premier ministre Boubou Cissé. Ancien député de Djenné et voix influente à l’URD, selon une source interne, il était du temps de Soumaïla Cissé l’un des principaux bailleurs de la formation politique. Boubou Cissé lui-même, ainsi que l’ancien ministre de l’Économie Mamadou Igor Diarra, sont du côté de Gouagnon Coulibaly et représentent des bailleurs potentiels pour son camp.

Capacités

Autre atout pour la tendance Gouagnon, elle est soutenue par de nombreux cadres du parti qui ont une forte capacité de mobilisation. Au nombre desquels le 5ème Vice-président, Amadou Cissé dit Djadjiri, qui jouit d’une grande popularité, principalement dans la zone de Ténenkou, ou encore Abdrahamane Diarra. Longtemps Président de la Jeunesse de l’URD, ce dernier est en mesure de mobiliser les jeunes militants. Tout comme l’expert en communication Racine Thiam, qui s’est également engagé auprès de l’actuel Président de l’URD.

Le camp Gouagnon a toutefois des faiblesses, dont certaines pourraient sérieusement l’impacter. Il ne semble pas bénéficier du soutien de la famille de l’ancien Chef de file l’Opposition du Mali, bien que ses militants se réclament « héritiers de feu Soumaïla Cissé » animés d’une volonté de « perpétuer ses idéaux ». Sans se prononcer publiquement, sa veuve, Mme Cissé Astan Traoré, s’est plusieurs fois affichée aux côtés du camp Salikou Sanogo, notamment le 20 mai, lors de l’annonce de la création de l’EDR. Des nostalgiques de Soumaïla Cissé s’indignent contre le camp Gouagnon Coulibaly, qu’ils accusent « de vendre l’URD au plus offrant ». Certains d’entre eux ne digèrent toujours pas l’adhésion à l’URD de Boubou Cissé, qui a été partisan du pouvoir d’IBK qu’ils ont combattus.

Ténors

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit-on. De son côté, la grande force du camp Salikou Sanogo est bien évidement la famille de Soumaïla Cissé. « Sa femme est présidente d’honneur du nouveau parti EDR et l’un de ses enfants est Secrétaire national chargé des Maliens de l’Extérieur dans le Directoire provisoire. Aujourd’hui, personne ne peut revendiquer le nom de Soumaïla Cissé plus que sa femme et ses enfants », estimait dans Journal du Mali (N°424) Nouhoum Togo, un ancien très proche du défunt politicien. La tendance Salikou Sanogo peut se targuer en plus de bénéficier de l’accompagnement de plusieurs ténors de longue date de l’URD, dont Daouda Touré, membre fondateur et Secrétaire général du parti, ou encore de l’éloquent avocat Me Demba Traoré, à l’URD depuis 2007. Mais la faiblesse du camp Salikou Sanogo réside aussi dans sa force. « La plupart de ces anciens ténors sont des vieux du parti qui ne pèsent plus lourd au niveau de leur base et ne possèdent pas de fonds conséquents pour financer une campagne électorale », signale un membre du BN. Incapables de rester ensemble, les deux camps doivent à présent batailler dur l’un sans l’autre, avec leurs forces et faiblesses respectives, pour peser sur la scène politique malienne.

Référendum : comment les partis politiques se préparent ?

Le référendum constitutionnel, prévu pour le 18 juin prochain, approche à grands pas. À deux semaines de l’ouverture de la campagne référendaire, la classe politique continue d’être divisée sur la légalité de ce scrutin, mais aussi sur la consigne de vote à donner. Malgré les divisions apparentes, les partis politiques ne comptent pas le boycotter. Si certains affichent déjà leur option pour le « Oui », d’autres, opposés au projet pour la plupart, jouent la carte de la prudence.

Le compte à rebours est bien lancé dans les partis politiques depuis l’annonce de la convocation du collège électoral le 5 mai dernier. Répondant à l’appel du Président de la Transition pour contribuer à la vulgarisation du texte du projet de nouvelle Constitution, certains s’investissent auprès de leurs bases pour une meilleure imprégnation de leurs militants. C’est le cas de l’URD, dont le « Oui » au référendum était un secret de polichinelle, ou encore de l’ADP-Maliba de l’ancien candidat à la présidentielle Aliou Boubacar Diallo.

Le parti de la Poignée de mains est d’ailleurs déjà dans l’arène, avec la Forsat Civile, pour la campagne de vulgarisation et surtout pour une victoire du « Oui » le 18 juin. Le 13 mai 2023, le Forum des forces du changement  (FFC), dont le Président de l’URD Gouagnon Coulibaly avait annoncé la gestation en début d’année, lors de la présentation de ses vœux à la presse, a été officiellement lancé. Outre ces deux fers de lance, il regroupe près d’une vingtaine d’organisations de la société civile, dont, entre autres, Yerewolo Debout sur les remparts et le Mouvement Mali Espoir (MME). Selon les responsables du FFC, une stratégie efficace de campagne sera définie dans les prochains jours pour atteindre une « victoire écrasante du Oui » à l’issue du référendum.

Même combat, approche différente. À l’ADP-Maliba, on mise beaucoup plus sur l’appropriation du document du projet de nouvelle Constitution au niveau des bases du parti. « Notre travail de vulgarisation se  matérialise au niveau de nos rentrées politiques à Nioro du Sahel, à Yanfolila et à Dioïla. Nous avons saisi l’occasion de ces différentes rencontres pour remettre symboliquement des copies du projet de Constitution à nos représentants qui viennent de ces sous-sections pour qu’ils le vulgarisent auprès de nos militants à la base », confie Me Abdoulaye Sidibé, Secrétaire général du parti.

« Prudence »

Au Rpdm comme chez les Fare An ka wuli, le ton est tout autre. Le parti de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, qui a déjà appelé les autorités de la Transition à abandonner le projet d’adoption d’une nouvelle Constitution, estime qu’il n’est pas encore question d’appeler au Oui ou au Non tant « que nous ne serons pas sûrs que la version finale du document est effectivement celle dont nous disposons ». À  en croire une source au sein du parti, plusieurs versions du projet de Constitution circulent et le risque que les partis politiques se prononcent sur la base d’un document non officiel est réel.

Le Rpdm de Cheick Modibo Diarra, malgré ses réserves sur le changement de Constitution, compte bien lui se plier à la volonté de la majorité des Maliens, mais continue toujours de plancher en interne sur la conduite à tenir face à ce « cas spécial, que le parti doit aborder avec sagesse », selon son Vice-président Yagaré Baba Diakité.

Reconquérir l’opinion

Selon Dr. Amidou Tidjani, enseignant-chercheur à l’Université Paris 13 (Sorbonne – Paris Nord), les partis politiques ne pourront pas se préparer en seulement un mois pour aller à ce référendum dans les conditions maximales. Mais, au-delà du timing, ils doivent faire également face à un défi de taille, celui de la reconquête de l’opinion populaire parce que, avance-t-il, « aujourd’hui ces partis politiques sont discrédités et c’est aussi en partie l’échec de cette classe politique qui justifie l’important soutien des populations au gouvernement de transition ».

À l’en croire, par ailleurs, rares sont les partis politiques qui oseront faire campagne pour le « Non » au risque d’être confrontés à un rejet de la population. « À mon sens », conclut-il, « ceux qui sont opposés au projet opteront pour l’option du silence plutôt que pour une véritable campagne ».

URD : l’union ne tient plus qu’à un fil

En conflit depuis plus d’un an, les camps Salikou Sanogo et Gouagnon Coulibaly de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) sont au bord de la rupture totale. Après la confirmation du premier comme Président du parti par la Cour suprême le 12 avril dernier, les militants du second se mobilisent pour la création d’un nouvel appareil politique.

Des discours séparatistes. De la tension en interne entre partisans des deux camps. Depuis le décès de Soumaïla Cissé, la vie au sein de son parti n’a rien d’un long fleuve tranquille. Ce qui avait débuté par une lutte de pouvoir entre des cadres du Bureau National vire peu à peu à l’effritement du regroupement politique. Pour cause, la confirmation au poste de Président de l’URD de Gouagnon Coulibaly passe mal auprès des partisans du Professeur Salikou Sanogo. « Des juges ont décidé d’enlever la fragrance de Soumaïla Cissé à l’URD. Aucune décision ne peut me parquer en dehors de mes valeurs. Adieu, cher parti », a réagi à la suite de la décision judiciaire Moussa Sey Diallo, Secrétaire adjoint à la Communication du parti, proche du camp Salikou Sanogo. Laissant supposer son retrait de l’URD, même si, officiellement, il ne l’a pas encore fait. Pour l’heure, seuls Sidy Angoiba de la section URD de Douentza et Issa Sissoko de celle de la Commune IV ont franchi le pas. Le Pr Sanogo, principal opposant à la présidence de Gouagnon coulibaly, ne s’est non plus pas résigné au verdict de la Cour suprême.

Autant de graines de discorde qui ne réduisent plus les dissensions actuelles à une simple difficulté de gestion d’une crise interne. Le point de non retour semble acté et la division du parti, de l’avis de plusieurs analystes, est désormais inévitable.

D’ailleurs, pour le camp Sanogo, l’heure est « à tourner la page » et à « avancer ». Quitte à créer un nouveau parti ? « Tous les responsables, militants, sympathisants de l’URD […] respectueux de nos valeurs sont résolument engagés à perpétuer le combat de nos défunts Présidents sous une forme plus saine et plus conviviale. C’est dans cette perspective qu’il nous faudra rester sur la scène politique et disposer d’un nouvel appareil », a indiqué le 16 avril dernier, lors d’une rencontre avec des militants acquis à sa cause, l’homme politique, qui est longtemps demeuré le second de Soumaïla Cissé.

Cette volonté est aussi partagée par Daouda Touré, le Secrétaire général du parti de la Poignée de main. « Nous nous sommes battus. Mais avec le verdict de la Cour suprême la procédure judicaire est arrivée à son terme. Nos partisans nous ont donc demandé de laisser l’URD et de créer un autre parti. Nous nous attelons à cela », a-t-il fait savoir lors d’une vidéo de présentation de vœux à l’occasion de la récente fête du Ramadan.

À cet effet, selon une source bien introduite, une réunion de travail d’une Commission chargée de la rédaction des textes du nouveau parti a eu lieu dans le local qui servait de bureau du Cabinet du chef de file de l’Opposition à Badalabougou le week-end du 5 au 6 mai 2023, sous la présidence de Salikou Sanogo. Les statuts et règlement, la charte, le nom et le logo auraient déjà été établis.

Dans son ambition de scission, le camp Sanogo risque cependant de se confronter à des difficultés. Plusieurs cadres du parti susceptibles d’être candidats à une élection jouent encore la carte de la prudence. « Beaucoup sont en train de voir de quel côté va pencher leur section d’abord. C’est ce qui va beaucoup jouer sur cette histoire, car, pour eux, il ne s’agit pas de suivre la volonté d’un homme, mais plutôt celle de leur base. Tous ceux qui aspirent à un poste électif vont vouloir consulter les directives de leurs sections. En outre, plusieurs d’entre eux ne se sentent pas prêts à quitter le parti après tant d’efforts fournis pour son implantation », explique un membre du Bureau National. Pour convaincre les sections, au niveau des deux camps l’ambition demeure la même : « préserver les idéaux de feu Soumaïla Cissé ». C’est tout le paradoxe de ce combat entre deux protagonistes qui se réclament d’un même idéal mais que tout semble séparer pourtant.

Gouagnon Coulibaly : « l’URD n’est ni à moi ni au groupe qui m’a soutenu »

Confirmé Président de l’URD par la Cour Suprême le 12 avril dernier, Gouagnon Coulibaly a reçu le 2 mai 2023 au siège du parti une attestation de reconnaissance et une médaille de la part de l’Association des jeunes engagés pour la cause du Mali (AJECM). À l’issue de la cérémonie, le nouvel homme fort du parti de la Poignée de mains a répondu à nos questions.

Vous avez été confirmé il y a 3 semaines Président de l’URD suite à la longue bataille judiciaire qui vous opposait au Pr. Salikou Sanogo. Quels actes allez-vous poser ?

Nous ne sommes pas braqués contre qui que ce soit, ni triomphalistes. Nous n’avions pas souhaité aller en justice mais les évènements nous y ont contraints. Dieu faisant bien les choses, aujourd’hui nous avons tourné cette page. Alors mettons-nous ensemble parce que le Mali est plus important que tout. Il faut s’unir pour le sauver.

Selon certaines informations, ceux qui étaient opposés à votre présidence vont créer une autre formation politique. Avez-vous des craintes pour l’avenir de l’URD ?

En réalité, parmi ces camarades, il y en a qui ont déclaré qu’ils allaient quitter l’URD pour créer un autre parti et d’autres un mouvement. Mais beaucoup également disent ne pas vouloir quitter l’URD. Pour le moment, au Bureau national, nous n’avons reçu que deux démissions. Avec deux démissions, on ne peut pas parler d’une véritable division. Parmi nos camarades en désaccord avec nous, beaucoup affirment être membres de l’URD et être prêts à continuer le travail entamé avec feu Soumaïla Cissé. Nous les encourageons. L’URD n’est ni à moi ni au groupe qui m’a soutenu, mais à nous tous. Ce qui nous divise est très peu par rapport à ce qui nous réunit.

Quelle est votre position à l’égard de la Transition ?

Nous nous sommes inscrits dans la ligne des autorités de la Transition pour les aider à réussir, à ce que les réformes se passent bien, à commencer par le projet de Constitution, que les gens votent massivement pour le oui et que les autres réformes et les élections se passent dans de bonnes conditions. Nous ne ménagerons aucun effort et nous allons rester disponibles pour les autorités toutes les populations du Mali pour apporter notre pierre à l’édifice Mali, notre bien commun. Dans les jours et les mois à venir, nous allons tout faire pour montrer aux Maliens que l’URD est un parti qui aime le Mali et qui va tout faire pour que le pays se redresse.

URD : Gouagnon Coulibaly confirmé président

La Cour Suprême du Mali a confirmé ce mercredi 12 avril Gouagnon Coulibaly à la tête de l’URD. Fin d’un feuilleton judiciaire qui aura duré plus d’une année entre les héritiers de feu Soumaila Cissé, l’ex-chef de file de l’opposition disparu le 25 décembre 2020. 

C’était attendu depuis plusieurs mois. Le verdict final dans le litige opposant M. Gouagnon Coulibaly au Pr. Salikou Sanogo pour la prise en main de l’Union pour la République et la démocratie (URD)  est tombé hier mercredi.

La Cour Suprême, délibérant publiquement et contradictoirement en son audience de ce 12 avril 2023, a rejeté le pourvoi en cassation introduit par le Professeur Salikou Sanogo  contre l’arrêt du 07 septembre 2022 de la cour d’appel de Bamako.

Pour rappel, cet arrêt confirmait le jugement N°130 du 4 avril 2022 du Tribunal de Grande instance de la Commune V du District de Bamako, validant le Congrès extraordinaire du 16 janvier 2022 qui avait porté Gouagnon Coulibaly à la tête de l’URD.

En conséquence, ce rejet de la Cour suprême valide toutes les dispositions de l’arrêt  du 7 septembre 2022 qui avait confirmé la légalité et la légitimité de l’élection de M. Gouagnon Coulibaly en qualité de Président de l’URD.

Mais cette confirmation de l’ancien Directeur de campagne de Soumaila Cissé à la tête de l’URD continue de diviser le parti de la poignée de mains. «  Des juges ont décidé d’enlever la fragrance de Soumaila Cissé à l’URD. Aucune décision ne peut me parquer en dehors de mes valeurs. Adieu cher parti. Dieu, que je t’ai bien aimé », a indiqué Moussa Seye Diallo, Secrétaire-adjoint à la communication du parti, proche du Professeur Salikou Sanogo.

Selon une source au sein de ce camp, une réunion devrait se tenir en fin de semaine suivie d’une Conférence de presse dans la foulée pour expliquer leur position par rapport au dernier développement du différend qui secoue le parti depuis le décès de Soumaila Cissé.

De son côté, Abdrahamane Diarra, Président de la Jeunesse du parti, proche de Gouagnon Coulibaly  a réagi en rappelant le caractère démocratique de l’URD. « Un parti politique est et demeure l’association d’hommes et de femmes ayant une convergence de vue. Sa conduite obéit à la volonté de la majorité de ses membres. L’Union pour la République et la Démocratie (URD), notre parti est démocratique. Sous le leadership de son président Gouagnon Coulibaly nous ne comptons pas déroger à cette règle fondamentale », a-t-il répliqué.

 

 

 

 

URD : Jusqu’où ira la discorde ?

Alors que le tribunal de la Commune V donné les pleins pouvoirs à Gouagnon Coulibaly le 1er novembre et que ce dernier a été installé ce lundi au siège comme nouveau président du parti Union pour la République et la démocratie (URD), les partisans du professeur Salikou Sanago continuent toujours à ne pas reconnaître sa présidence et entendent saisir la cour suprême. Jusqu’où ira le désaccord ?

Entre Gouagnon Coulibaly et Salikou Sanago, la fracture est très ouverte. Après la confirmation par la Cour d’appel, le 7 septembre dernier, du jugement N°130 du 4 avril 2022 du Tribunal de Grande instance de la Commune V du District de Bamako, validant le Congrès extraordinaire du 16 janvier 2022 qui avait porté Gouagnon Coulibaly à la tête de l’URD, ce dernier a reçu les pleins pouvoirs de la justice pour l’administration du parti le 1er novembre 2022, via une ordonnance du juge des référés du Tribunal de 1ère instance de la Commune V. Il dispose ainsi d’une autorisation qui lui donne l’accès au siège du parti et fait de lui le « seul habilité à poser tous actes de gestion et d’administration ».

« En conséquence, M. Coulibaly doit sans aucune entrave reprendre la haute et totale direction du parti et continuer de le gérer et de l’administrer conformément aux textes », précise Mamadou Dicko, membre de l’URD.

C’est dans ce contexte qu’il a été installé ce lundi dans ses fonctions de Président au siège du parti. « Ceux qui ne sont pas d’accord, malgré leur minorité en ont le droit, mais franchement et très honnêtement le Président Gouagnon Coulibaly est légitime à l’URD. Avec lui, nous demeurons engagés à redonner à l’URD son éclat et à nous rassembler avec tous ceux qui le souhaitent », affirme le Président de la jeunesse de l’URD Abdrahamane Diarra.

Cependant, malgré la prise de pouvoir de Gouagnon Coulibaly, c’est loin d’être la fin de l’épilogue judiciaire, car les soutiens du 1er Vice-président, le Pr Salikou Sanogo, ont  annoncé un pourvoi en cassation devant la Cour suprême.

Dans un communiqué, le 2 novembre le Secrétaire général du parti, Daouda Touré, réputé proche du Pr Sanago, assure « qu’appel a été interjeté contre l’ordonnance du tribunal de la Commune V », et rappelle que « le pouvoir en cassation exercé contre l’arrêt de la Cour d’appel le 7 septembre suit son cour à la Cour suprême ». En outre, une enquête judiciaire est ouverte contre Gouagnon Coulibaly et autres « pour faux et usage de faux » devant le juge d’instruction du 9ème cabinet du tribunal de la Commune III après une plainte des partisans du Pr Salikou Sanogo. « À ce niveau, avec les affaires superposées, je ne pense pas que le dialogue puisse permettre aujourd’hui de réconcilier les cadres de l’URD. Ils sont déjà passés de tribunal en tribunal », explique le politologue Bréhima Mamadou Koné, qui craint un scenario à l’ADEMA des années 2000 – 2002. Confronté à des luttes d’ego, le parti au pouvoir de l’époque avait  vu plusieurs de ses cadres démissionner du parti et créer le leur. Notamment son ancien Président, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), qui avait quitté ce parti en 2000 et fondé en 2001 le Rassemblement pour le Mali (RPM). L’ex candidat du Parti de l’abeille aux élections présidentielles de 2002, Soumaïla Cissé, avait lui aussi créé l’URD en 2003, considérant avoir été lâché par une partie de l’ADEMA-PASJ lors de l’échéance électorale.

« C’est le même jeu qui est en train de se jouer aujourd’hui au sein de l’URD, où les soutiens du Pr Salikou Sanogo risque de quitter l’URD pour aller créer un autre parti, parce qu’il est difficile aujourd’hui d’avoir un consensus. Ce sont des querelles d’intérêts qui opposent les deux parties », indique M. Koné. Selon lui, c’est une question de légitimité qui se pose. « Et quand des questions de légitimité se posent au sein d’un parti politique, il est difficile d’avoir l’union sacrée autour des idéaux du parti », trouve-t-il.

Union à l’URD : la difficile mission de Gouagnon Coulibaly

La Cour d’appel de Bamako a confirmé le 7 septembre 2022 le jugement N°130 du 4 avril 2022 du Tribunal de Grande instance de la Commune V du District de Bamako validant le Congrès extraordinaire du 16 janvier 2022, qui avait porté M. Gouagnon Coulibaly à la tête de l’Union pour la République et la Démocratie (URD). Confirmé Président du parti de la Poignée de mains en attendant une nouvelle action en justice du camp Salikou Sanogo, l’ancien député de Kati doit s’atteler à la réunification de l’URD, secouée par de divisions internes depuis la disparition de Soumaila Cissé.

En rendant son arrêt le 7 septembre 2022, la Cour d’appel de Bamako a mis fin à 5 mois d’attente des deux camps protagonistes de la crise au sein de l’URD. Mais le feuilleton judiciaire ne semble toujours pas avoir connu son épilogue. Dans un communiqué, le même jour, signé du Secrétaire général Daouda Touré, proche du 1er Vice-président Salikou Sanogo, « l’URD assure qu’un pourvoi en cassation sera exercé contre ledit arrêt de la Cour d’appel dès sa notification ».

Mais, pour les soutiens de Gouagnon Coulibaly, ce pourvoi en cassation sera « sans effets sur l’application rigoureuse et intégrale de l’exécution de l’arrêt de la Cour d’appel ». Ces derniers sont déjà d’ailleurs tournés vers l’investiture du nouveau Président du parti, « dans les prochains jours ». Mais Gouagnon Coulibaly et ses proches veulent tendre la main aux « camarades » qui s’opposent à eux.

Main tendue

Loin d’un triomphalisme affiché, Gouagnon Coulibaly, après cette confirmation comme successeur de feu Soumaila Cissé à la tête de l’URD, se positionne en rassembleur. S’il évite lui-même de se prononcer avant toute passation officielle de pouvoir au sommet du parti, ses proches, quant à eux, communiquent.

Le Secrétaire politique du Bureau exécutif national de l’URD, Bakary Fomba, affirme que M. Gouagnon Coulibaly, qui est « résolument déterminé à rassembler tous les courants du parti, entreprendra très prochainement, dans un esprit d’ouverture et de mains tendue, les actions idoines, permettant de préserver en toutes circonstances l’unité du parti, si chère aux militants ».

« Je pense que la décision de la Cour d’appel n’est pas la victoire d’un camp sur l’autre, mais plutôt une opportunité pour nous tous de nous retrouver pour faire de l’URD un parti encore plus grand », confie également Abdrahamane Diarra, Président de la Jeunesse URD, proche du camp Gouagnon Coulibaly.

Pour parvenir à ces « retrouvailles » après de longs mois de mésententes, Gouagnon Coulibaly et ses proches comptent sur le dialogue. « Nous allons approcher nos camarades qui ne partagent pas nos avis, leur expliquer le bien-fondé de notre démarche. Nous allons aussi accepter des concessions et des compromis », assure Mamadou Dicko, 2ème Secrétaire politique de l’URD.

« Je suis convaincu que tous les courants peuvent se retrouver, pas forcément être d’accords sur tout mais sur le minimum, pour qu’ensemble nous puissions continuer notre combat pour le Mali », poursuit celui qui rappelle que le Congrès qui a élu Gouagnon Coulibaly, n’a « changé personne » et que le Pr. Salikou Sanogo reste le 1er Vice-président du parti. « L’objectif n’a jamais été d’enlever ou d’exclure quelqu’un. Nous continuons à nous battre pour que l’unité du parti soit préservée ».

Nouvelle cohésion ?

Si le nouveau Président de l’URD veut s’employer à réunifier le parti et à tendre la main à ceux qui s’opposent à lui, ces derniers, même s’ils n’excluent pas de refaire route ensemble, semblent résolus à aller au bout de la bataille judiciaire ouverte, en atteste le pourvoi en cassation annoncé.

« Accepter ou pas la main tendue, cela ne se décide pas au niveau d’une seule personne. Nous allons aviser. De toute façon, personne n’a intérêt à ce qu’on mette ce parti à l’eau. Nous avons intérêt à nous unir », glisse Daouda Koné, 7ème Vice-président, proche de Salikou Sanogo.

Élu à la tête de l’URD lors du Congrès extraordinaire du 16 janvier 2022, avec la participation de plus de 1100 délégués, Gouagnon Coulibaly, 60 ans, ancien député et Président de la Commission des Travaux publics, de l’habitat et des transports de l’Assemblé Nationale de 2007 à 2013, a depuis demandé à la Commission nationale de conciliation et d’arbitrage du parti de « redoubler d’efforts » dans la recherche de « solutions idoines de conciliation qui soient en adéquation avec les textes et pratiques convenus du parti ».

Ses proches l’affirment, l’ancien Directeur de campagne de feu Soumaila Cissé est « ouvert d’esprit » et « totalement disponible » pour rassembler tous les bords.

Présidence de l’URD : la cour d’appel de Bamako confirme la victoire de Gouagnon Coulibaly

Depuis janvier 2022, le parti de l’ancien chef de file de l’opposition, feu Soumaila Cissé est secoué par une crise. A l’issu d’un congrès extraordinaire organisé le 16 janvier 2022, Gouagnon Coulibaly a été élu, nouveau président de l’URD. Une élection rapidement contestée par le président par intérim, Pr. Salikou Sanogo. Une bataille judiciaire s’est par la suite enclenchée, la Cour d’appel de Bamako vient de statuer en faveur de Gouagnon Coulibaly.

Le tribunal de grande instance de la commune V de Bamako avait dans son délibéré du 4 avril 2022, confirmé l’élection de Gouagnon Coulibaly en qualité de Président du parti URD, à l’issue du congrès extraordinaire du 16 janvier 2022. Le Président par intérim Salikou Sanogo avait contesté l’élection de Gouagnon Coulibaly. Conséquence : l’instauration un bicéphalisme s’est installé à la tête du parti. La cour d’appel de Bamako, en vidant son délibéré ce mercredi 7 septembre 2022, dans l’affaire qui oppose Salikou Sanogo et Gouagnon Coulibaly, à, dans un arrêt confirmé l’ensemble des dispositions du jugement du tribunal de la commune 5 du district de Bamako du 4 Avril 2022. Elle valide le congrès extraordinaire du 16 janvier 2022, confirme la légalité et la légitimité de l’élection de Gouagnon Coulibaly. Contacté, les proches de Salikou Sanogo n’ont pas souhaité répondre à nos questions, toutefois ils ont assuré que des recours appropriés seront exercés contre ladite décision. De son côté, Gouagnon Coulibaly, explique qu’avec cette décision de justice et avec la grosse de justice en main, il va s’atteler à redynamiser le parti très bientôt par des activités sur le terrain. Pour rappel, c’est face au refus du 1er vice-président Salikou Sanogo de convoquer un congrès extraordinaire du parti pour élire un nouveau président du parti après le décès de Soumaila Cissé qu’un Collectif pour la sauvegarde de l’URD a été créé en 2021, présidé par Coulibaly Kadiatou Samaké, 3ième vice-présidente du parti.

 

Politique : les exilés de la transition

La Cour suprême du Mali a lancé le 25 juillet 2022 un mandat d’arrêt international, rendu public le 28 juillet, à l’encontre des anciens ministres Boubou Cissé, Tiéman Hubert Coulibaly et Mamadou Igor Diarra et de l’ancien PDG de la BMS, Babaly Bah. Un nouvel épisode qui s’inscrit dans la démarche de la lutte contre la corruption des autorités de la transition, semble cibler d’anciens responsables du régime déchu d’Ibrahim Boubacar Keïta. Comme d’autres avant elles, ces personnalités se retrouvent à l’extérieur du pays, doutant de l’impartialité de la justice malienne.

Le bruit courait depuis des jours. Il a fini par se confirmer en fin de semaine dernière. Boubou Cissé et Mamadou Igor Diarra, tous deux ex-ministre de l’Économie et des finances, Tiéman Hubert Coulibaly, ex-ministre de la Défense nationale, et Babaly Bah, ancien Président directeur général de la BMS-SA, font l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé à leur encontre pour « crimes de faux et d’usage de faux, d’atteinte aux biens publics et de complicité de ces infractions », a informé le 28 juillet dans un communiqué Mamadou Timbo, Procureur général de la Cour suprême. Ce mandat d’arrêt, a-t-il précisé, fait suite à l’ouverture par la Chambre d’instruction de la Cour suprême d’une information judiciaire sur des faits « liés à l’affaire du marché public dit Paramount, lequel marché public s’inscrit dans la mise en œuvre de la Loi d’orientation et de programmation militaire, ainsi que la Loi de programmation pour la sécurité intérieure ».

Des « Marauders » manquants

 L’affaire remonte à octobre 2015. Tiéman Hubert Coulibaly et Mamadou Igor Diarra, respectivement ministres de la Défense et de l’Économie, signent au nom du gouvernement avec le groupe sud-africain Paramount, spécialisé dans l’industrie de véhicules blindés et aéronefs, un accord d’un montant de plus de 59 millions de dollars portant sur l’acquisition de 36 véhicules blindés type « Marauders », la mise en état de deux petits avions de l’armée de l’air, la fourniture de matériels de rechange et la formation des pilotes et des chauffeurs des blindés.

Les modalités de paiement du contrat étaient, selon une source proche du dossier, une avance de 20% à la signature du contrat, puis les 80% restants payables sur les 3 années suivantes (2016, 2017 et 2018). Sauf que, malgré le paiement du premier acompte via un compte dédié à la BMS en décembre 2015 (11,8 millions USD), aucun véhicule n’a été livré comme prévu.

Cela a poussé Boubou Cissé, successeur de Mamadou Igor Diarra à la tête du département des Finances en janvier 2016, à refuser de s’acquitter de la 1ère des trois autres échéances prévues au contrat. Selon un cadre du département, « le contrat comportait plusieurs irrégularités, à commencer par le fait qu’il était libellé en dollars américains au lieu de francs CFA », ce qu’exige le code des marchés publics pour éviter les pertes de change, et que « les paiements étaient échelonnés sur 3 ans à travers l’émission de trois billets à ordre », un instrument financier non reconnu par la comptabilité publique malienne.

En octobre 2016, Boubou Cissé et Abdoulaye Idrissa Maïga, nouveau ministre de la Défense, décident d’envoyer une mission d’inspection en Afrique du Sud, à l’issue de laquelle le contrat qui lie l’État malien et Paramount a été modifié, avec un libellé en francs CFA (35,5 milliards) et la méthode de paiement modifiée. Mais ce n’est qu’en 2019, après plusieurs sommations, que le gouvernement malien, alors dirigé par Boubou Cissé, obtient finalement la livraison de 8 véhicules blindés « Marauder », grâce à l’entremise des Émirats arabes unis. Quant aux volets formation, fourniture de pièces de rechange et remise en état des deux avions, ils auraient été correctement exécutés.

Réactions en chaîne

 Quelques jours après l’officialisation du mandat d’arrêt international à leur encontre, parmi les personnalités visées, les 3 anciens ministres ont réagi. D’abord l’ancien Premier ministre, suivi de ses deux anciens collègues. « … Contrairement à ce que veulent faire croire les personnes qui ont été chargées d’instruire ce dossier, en aucun cas je n’ai posé un acte illégal dans l’exercice de mes fonctions et d’ailleurs, au moment de la conclusion de ce marché, en octobre 2015, j’étais en charge du ministère des Mines, donc étranger à la conclusion de ce marché », a-t-il déclaré, dans un communiqué publié le 1er août. « En tout état de cause, lorsque j’ai eu le privilège et l’honneur d’être ministre, puis Premier ministre de notre pays, j’ai agi au service de l’État, dans le souci de l’intérêt général, du respect des contrats signés avec nos fournisseurs, de la préservation du bien public et de notre Nation », a ajouté l’ancien Chef de gouvernement.

Son prédécesseur au ministère de l’Économie et des Finances, Mamadou Igor Diarra, confirme avoir été le signataire du contrat, précisant dans son communiqué « qu’une fois que ce marché avec Paramount Ltd a été soumis par le ministère de la Défense et des Anciens combattants, il a fait l’objet de plusieurs vérifications préalables par les services techniques dédiés et j’en ai personnellement demandé la modification sur trois points techniques afin de mieux préserver le intérêts de l’État du Mali. Ainsi, mon rôle purement administratif et prescrit par les textes en vigueur au Mali s’est arrêté là, fin décembre 2015 ».

L’ex-candidat à la présidentielle de 2018, passé de directeur général de la Bank Of Africa Sénégal au poste de directeur régional UEMOA puis Afrique centrale en avril dernier, réside depuis au Congo Brazzaville, mais semble vouloir collaborer avec la justice malienne, à en croire son communiqué : « Lors de mon dernier séjour au Mali, venu enterrer ma défunte mère en mars 2022, je me suis spontanément rendu auprès  de certaines autorités, afin de leur notifier ma disponibilité pour des éclaircissements sur tout dossier sur lequel je disposais d’informations et/ou qui ont pu relever de mes attributions de l’époque ».

Même son de cloche chez l’ancien ministre de la Défense nationale, Tiéman Hubert Coulibaly, qui affirme dans un communiqué non daté, n’avoir agi « que dans le cadre de prérogatives claires » définies pour la mission qui lui était confiée et « pour assurer la meilleure préparation opérationnelle de nos forces face au défi sécuritaire ». Il ajoute que « si la justice malienne devait rechercher à situer ma responsabilité dans le cadre d’une quelconque information judiciaire, elle a la latitude de procéder au moyen d’une commission rogatoire à laquelle je m’engage à répondre prestement ».

Mandats « politiques » ?

Si la poursuite en soi de ces dignitaires du régime déchu suscite déjà certaines interrogations dans l’opinion publique, les motivations réelles et le moment choisi, à l’entame de la dernière phase de la transition, se prêtent encore plus aux interprétations diverses.

« Ces mandats s’inscrivent dans une logique de concrétisation des recommandations des ANR. On sait qu’elles ont fortement recommandé la lutte contre l’impunité, la corruption, les malversations financières. Je me dis que les autorités de la Transition, qui sont actuellement engagées dans une bataille de refondation, sont en train d’aller dans ce sens », soutient l’analyste politique Ballan Diakité. « Toutefois, il y a quand même lieu de craindre que ces mandats ne soient la manifestation d’une volonté politique contre les anciens dignitaires du régime d’IBK. La justice doit faire son travail dans la neutralité, l’indépendance et dans la transparence à tous les niveaux pour que la vérité judiciaire triomphe », poursuit-il.

L’ancien Premier ministre Boubou Cissé a d’ailleurs alerté en ce sens, craignant une instrumentalisation de la justice pour  « détourner l’opinion publique nationale des vrais enjeux du moment en matière sécuritaire, sociale et économique ».

L’avocat Cheick Oumar Konaré membre de la commission de rédaction de la nouvelle Constitution, pour sa part, même s’il soutient que la justice est libre de lancer un mandat d’arrêt contre qui elle veut, avance que celui-ci aura des difficultés à être exécuté. « Nous sommes sous un régime militaire et, par définition, les autres pays ne nous considèrent pas comme une démocratie. Par conséquent, il est difficile d’exécuter ces mandats d’arrêts, d’autant plus que ceux qui sont visés sont pour la plupart des hommes politiques. On va considérer à l’étranger que ces mandats sont des mandats politiques », pense l’avocat.

 L’URD impactée

Mamadou Igor Diarra, 27ème Vice-président, et Boubou Cissé, Secrétaire aux affaires économiques de la section de Djenné, ont adhéré au parti à la poignée de mains, l’URD, respectivement en mars et juin 2021, avec des ambitions de candidature pour le compte du parti à la prochaine élection présidentielle devant conclure la transition.

Mais avec les poursuites judiciaires les impliquant, leur avenir politique au sein du parti de feu Soumaila Cissé, pourraient être compromises, même si jusqu’à preuve du contraire, ces deux personnalités ainsi que toutes les autres visées bénéficient de la présomption d’innocence.

Au sein du parti, déjà en proie à une bataille judiciaire pour son contrôle, le clan opposé à la candidature de l’un ou l’autre de ces anciens ministres et nouveaux adhérents, se réjouit, selon une source interne, de la tournure des évènements à l’encontre de leurs « adversaires ». Au même moment, les soutiens de Boubou Cissé et de Mamadou Igor Diarra, convaincus du « dessein politique » derrière les poursuites judiciaires de leurs leaders, se disent « très consternés », comme l’atteste la réaction de la section de Djenné, qui soutient Boubou Cissé, ou encore du Collectif des associations et groupements de la région de Mopti, qui avait œuvré à faire de ce dernier un citoyen d’honneur de la ville de Mopti en 2021. Dans un communiqué publié le 2 aout, il « invite les autorités de la transition à la retenue et au discernement à l’endroit de tous les dignes fils de ce pays qui se sont battus avec amour et dévotion afin de le faire avancer ».

« Nous sommes obligés de chercher d’autres candidats pour remplacer ces personnalités sous mandat d’arrêt, qui sont pour l’instant exclues de la course à la candidature du parti », reconnait, contrarié par cette nouvelle donne, un responsable communal de l’URD, proche du camp du nouveau président du parti, le contesté Gouagnon Coulibaly. « Le parti doit quand même pouvoir trouver à l’interne d’autres candidats, si à l’approche des échéances électorales les personnalités visées ne sont toujours pas rentrées. Je pense qu’à ce niveau il n’y a pas de grands risques », relève aussi pour sa part Ballan Diakité. Pour l’analyste, les conséquences pour l’URD pourraient plutôt se situer au niveau du financement, Boubou Cissé et Mamadou Igor Diarra étant « potentiellement des bailleurs de fonds pour le parti » dans l’optique des futures échéances électorales.

D’autres politiques « introuvables »

Les affaires divergent, mais ont toutes un point commun : les personnes présumées impliquées ont trouvé refuge hors du pays ou y vivent cachées. Début avril, Oumar Mariko, président de SADI, a été convoqué à la gendarmerie après que, selon son parti, son domicile ait été encerclé deux jours plus tôt par des hommes armés suite à des propos sur l’armée jugés critiques.

Depuis, Dr. Mariko est introuvable. Alors qu’on le croyait en « fuite » hors du Mali, l’ancien député avait fait une sortie médiatique quelques jours plus tard depuis le lieu où il s’était réfugié, affirmant qu’il était toujours sur le territoire malien.

Quant au fils de l’ancien Président feu IBK, Karim Keïta, en exil depuis la chute de son père en août 2020, il est visé par un mandat d’arrêt international depuis juillet 2021, dans l’affaire de la disparition du journaliste du « Sphinx », Birama Touré. Un mandat lancé à son encontre par le juge d’instruction du Tribunal de grande instance de la Commune IV du District de Bamako, mais qui, selon des proches du dossier, ne semble pas avoir encore fait l’objet d’une notice rouge d’Interpole. L’ancien Président de la Commission défense de l’Assemblée nationale se trouve en Côte d’Ivoire, ainsi que quelques-unes des autres personnalités visées par la justice sous la transition. Ce qui n’écarterait pas, selon certaines rumeurs, l’hypothèse d’une demande d’« échange » avec Bamako, en contrepartie de la libération des 49 militaires ivoiriens arrêtés le 10 juillet à l’aéroport Président Modibo Keïta.

 

Abdrahamane Diarra : « le seul habilité à convoquer une réunion du BEN est Gouagon Coulibaly »

Dans une décision du 5 février dernier, le 1er Vice-président de l’URD, Salikou Sanogo, a exclu et suspendu plusieurs membres du parti pour « travail fractionnel » et organisation d’un Congrès extraordinaire « illégal ». Abdrahamane Diarra, Président de la jeunesse URD, suspendu pour son rôle présumé dans l’organisation du congrès, juge la décision « nulle ».

Quelle est votre réaction suite à votre suspension ?

Je juge cette suspension nulle et de nul effet. D’abord, retenez que le peuple URD dans son écrasante majorité a en toute légalité organisé son premier Congrès extraordinaire, qui a élu M. Gouagnon Coulibaly Président de l’URD. Donc, à partir du 16 janvier 2022, le seul habilité à convoquer une réunion du BEN est ce Président. Salikou Sanogo est le 1er Vice-président, donc non habilité à convoquer la réunion, ce qui rend illégales les décisions spectaculaires de sanctions illégitimes.

Ne fallait-il pas laisser le soin au Président intérimaire d’organiser le Congrès pour l’élection d’un nouveau Président ?

À la suite du décès de feu Soumaïla Cissé, nous avons observé une période de deuil. Ce n’est que le 10 février 2021 que nous avons tenu la toute première réunion, sous la présidence du 1er Vice-président. Elle a pris la décision de mettre en place des commissions de réflexion. Salikou Sanogo a classé leurs rapports sans suite. Nous l’avons plusieurs fois interpellé pour la tenue régulière des réunions statutaires pour permettre au parti de fonctionner, sans succès. C’est suite à ces constats et aux nombreuses démarches entreprises pour juguler cette crise que nous avons demandé la tenue d’une assise statutaire extraordinaire pour pourvoir au poste de Président, vacant depuis plus d’un an. Face à son refus et sa mauvaise foi, nous avons décidé de mettre en application l’article 58 du règlement intérieur de l’URD, qui nous a permis de mener les actions requises pour la tenue du congrès extraordinaire.

Que répondez-vous à ceux qui accusent le camp Gouagnon Coulibaly, que vous soutenez, d’être à la solde de l’ancien Premier ministre Boubou Cissé ?  

L’URD a accueilli Boubou Cissé comme elle a toujours accueilli de nombreux cadres et militants, et ce depuis 2003. Nous sommes des cadres patriotes et engagés, à la solde de personne. Sur les 10 prétendants à la candidature de notre parti, 9 et leurs partisans font partie des organisateurs du congrès. Ce n’est pas une démarche pour les candidatures, mais pour le rayonnement de l’URD. Je comprends que ceux qui sont dans l’illégalité, sans arguments présentables, fassent de la désinformation. La question de la candidature n’est pas à l’ordre du jour pour le moment. 

URD : la crise s’aggrave

La crise que traverse l’Union pour la République et la démocratie (URD) depuis le décès de son fondateur, feu Soumaila Cissé, fin 2020, n’en finit pas. Elle a pris un nouveau tournant le 16 janvier dernier, suite au Congrès extraordinaire tenu pour élire un nouveau Président. Ce dernier n’est pas reconnu par une partie de la direction nationale du parti, pour laquelle le 1er Vice-président reste le Président par intérim.

Après la tenue du Congrès extraordinaire qui a conduit M. Gouagnon Coulibaly, 60 ans, ancien Directeur de campagne de Soumaila Cissé, à la présidence du parti de la poignée de main, le Pr. Salikou Sanogo, 78 ans, affirme toujours continuer à assurer l’intérim à la tête de la formation politique.

C’est lui qui a présidé, le samedi 23 janvier 2022, la traditionnelle cérémonie de présentation des vœux de l’URD à la presse. Une cérémonie qui a enregistré la présence de plusieurs cadres du parti et à laquelle a assisté la veuve de feu Soumaila Cissé, Mme Cissé Assitan Traoré.

Congrès contesté

« Le Congrès extraordinaire du 16 janvier 2022 est nul et de nul effet », clame le 2ème Vice-président, le Pr. Iba N’diaye. Le 1er Vice-président, soutenu par une partie de la direction nationale, continue d’assumer les fonctions du président du parti. Pour ses partisans, le Congrès extraordinaire du 16 janvier a été entaché d’irrégularités.

« Le soi-disant congrès n’a pas été convoqué par le Président par intérim, le Pr. Salikou Sanogo. Quelque chose qui n’émane pas de la direction du parti ne peut être considérée comme un acte posé par le parti. Le Bureau national ne reconnait pas ce congrès », balaie Moussa Seye Diallo, Secrétaire adjoint à la Communication de l’URD.

« Ils ont remplacé le Président Soumaila Cissé par le 14ème Vice-président. De quel droit ? Les autres Vice-présidents ne sont pas d’accord avec cela », poursuit-il, avant de préciser qu’à l’URD, quel que soit le type du congrès, il est toujours convoqué par le Président du parti. Et ce dernier ne peut refuser un congrès dûment demandé.

Mais Abdrahamane Diarra, le Président du Mouvement national des jeunes de l’URD, n’est pas du même avis. « Nous avons largement dépassé le quorum. Parmi les personnalités présentes, il y avait, à part moi, la Présidente des femmes, la majorité des Vice-présidents, l’ensemble des Présidents de fédérations. Le congrès s’est tenu dans le strict respect des textes de l’URD », avance-t-il.

« Salikou Sanogo ne peut pas continuer d’assurer l’intérim pendant que le peuple URD s’est retrouvé en congrès. C’est lui qui est sur du faux. Ils sont dans des interprétations des textes et nous nous sommes dans l’application intégrale et stricte de ces textes », clame-t-il.

À en croire Daouda Koné, 7ème Vice-président et proche de Salikou Sanogo, après vérification il s’avère que la liste ne contient les 2/3 réels des membres requis pour convoquer régulièrement un congrès. Faux, rétorque le Président du Mouvement national des jeunes, qui assure que cela a été constaté par voie d’huissier.

Quelle suite ?

Le Congrès extraordinaire du 16 janvier 2022 a enregistré la participation de 1 204 délégués sur 1 421 qui ont élu à l’unanimité, M. Gouagnon Coulibaly à la tête du parti. Ce dernier a appelé la Commission nationale de conciliation et d’arbitrage de l’URD à « redoubler d’efforts pour la recherche de solutions idoines de conciliation qui soient en adéquation avec les textes et pratiques convenus du parti ».

C’est à cette Commission que s’en remet également M. Daouda Koné, qui estime que son rôle sera déterminant. « La direction du parti va indiquer la conduite à tenir pour la suite. Ce qui est important, c’est d’éviter de casser ce parti. Pour cela, il faut que les responsables se parlent », admet le 7ème Vice-président.

Si M. Diarra souhaite également la conciliation entre les deux camps, il s’élève en revanche contre une « réconciliation forcée au détriment des textes du parti », ce qui reviendrait, selon lui, à créer une jurisprudence.

URD : des membres du bureau exécutif exigent la tenue d’un congrès extraordinaire en janvier 2022

La pétition était déjà en cours depuis des semaines. Elle a fini par réunir les signatures nécessaires pour l’organisation d’un congrès extraordinaire à l’URD pour l’élection d’un nouveau président. Les 2/3 du Bureau exécutif réunis mercredi 29 décembre 2021 au palais de la culture de Bamako l’ont acté et exigent sa tenue le 16 janvier 2022.

La réunion extraordinaire avait pour but  de constater l’effectivité de la signature par les 2/3 des membres du Bureau exécutif national pour l’organisation du congrès extraordinaire, comme le stipule les textes du parti.

Arithmétiquement, la majorité simple de 134 membres du bureau a été largement dépassée, à en croire les pétitionnaires, par ailleurs regroupés dans un Collectif pour la sauvegarde de l’URD (CPS-URD).

« Nous avions constaté depuis un certain moment, depuis la disparition de feu Soumaila Cissé que la direction actuelle du parti dirigée par le Professeur Salikou Sanogo est en train de conduire le parti dans une situation d’abime et de péril », justifie Bakary Fomba, Secrétaire politique du Bureau exécutif  national de l’URD.

« Nous sommes restés dans un certain immobilisme. L’URD est resté un parti inaudible, invisible pendant une période cruciale de l’histoire de notre pays », ajoute-t-il, regrettant  que malgré beaucoup de tentatives de « venir au secours de ce premier vice-président qui aurait pu être à la hauteur des taches », les efforts entrepris par les uns et les autres soient  « malheureusement restés vains ».

L’organisation de ce congrès extraordinaire, en plus du choix du futur porte-étendard de l’URD à la prochaine présidentielle divise au sein du parti de la poignée de mains depuis la disparition de son leader Soumaila Cissé il y a un an.

Le Premier Vice-président, Pr. Salikou Sanogo, qui assure l’intérim, soutenu par certains membres dont le Secrétaire à la communication du parti, par ailleurs candidat à la candidature de l’URD, s’oppose à l’organisation du  congrès.

Il a d’ailleurs déclaré « non conforme aux textes du parti », la réunion des pétitionnaires l’invitant à convoquer le congrès.

«Nous avons 27 Vice-présidents pour cette transition, pas besoin d’élire quelqu’un. La priorité, c’est le choix du candidat de l’URD pour la présidentielle à venir. Y ajouter un problème de succession à la tête du parti participe vraiment de l’aggravation de la situation », nous confiait récemment  Daouda Touré, secrétaire général du parti.

URD : un an après la disparition de Soumaïla Cissé, l’unité fragilisée

Le 25 décembre 2020, l’URD perdait son Président, Soumaïla Cissé. Un an après, le parti, déchiré par des guerres de positionnement, peine toujours à lui trouver un successeur. Et l’unité et la cohésion au sein de la formation politique de l’ancien Chef de file de l’opposition en souffrent.

Le 18 décembre dernier, la famille de Soumaïla Cissé lançait une fondation à son nom. La structure caritative, qui va soutenir l’accès à l’eau et l’excellence, a été créée pour entretenir la mémoire de l’homme politique. Cependant, elle ne suffira pas à rappeler des valeurs importantes pour Soumaïla Cissé, l’unité et la cohésion qu’il incarnait au sein de l’URD, envolées après son décès.

Aujourd’hui, le parti bouillonne sur deux choix, celui du candidat à la présidentielle et celui du successeur du défunt président.

Pour la présidentielle, une dizaine de candidatures, toutes portées par leurs « clans », ont été enregistrées par le Secrétariat général de la formation politique. « Un candidat s’est retiré de la course pour préserver l’esprit de cohésion », nous a dit une source.

En outre, une grande majorité des cadres de l’URD demande la tenue d’un Congrès extraordinaire afin d’élire un nouveau président. Certains membres, proches de l’ex-Premier ministre Boubou Cissé, se sont même regroupés en « Collectif pour la sauvegarde de l’URD (CPS-URD) » qui exige, à travers une pétition, la tenue d’un congrès extraordinaire avant toute désignation du futur porte-étendard du parti à la prochaine présidentielle. L’ex-Premier ministre d’IBK a officiellement rejoint le parti en juin 2021 en tant que secrétaire aux questions économiques de la section URD de Djenné. 

Selon une source, seul Me Demba Traoré, également en lice pour être candidat à la présidentielle, serait du côté du Pr. Salikou Sanogo, le 1er Vice-président, qui assure l’intérim. Selon certaines sources, la famille de Soumaila Cissé, qui se tenait à l’écart au début, est en train de se manifester. Sa veuve soutiendrait Me Demba Traoré, qui a rejoint l’URD en 2007 après avoir quitté le CNID dont il fut député et verrait en lui le successeur de son défunt époux, ce qui n’est pas du goût de beaucoup. Selon eux, choisir l’avocat serait synonyme de défaite future.

Contrôle du parti

Pour le Secrétaire général de l’URD, ces bisbilles sont normales au regard du vide laissé par le décès du Président. « Après le départ d’un homme comme Soumaila, il est tout à fait normal qu’il y ait de tels soubresauts, que nous sommes justement en train de gérer au mieux pour préserver le parti », explique Daouda Touré. « Tout le monde s’attendait à ce que ce soit difficile. Chacun pense que c’est son tour, les ambitions émergent», renchérit Houssey N’douré, un proche de la famille de Soumaïla Cissé.

Cependant, le Secrétaire général n’écarte pas « des velléités de contrôle du parti » de la part de certains membres et exclut toute idée de Congrès extraordinaire. « Il y a des camarades qui veulent ce Congrès extraordinaire pour élire quelqu’un à la tête du parti. Nous avons 27 Vice-présidents pour cette transition, pas besoin d’élire quelqu’un. La priorité, c’est le choix du candidat de l’URD pour la présidentielle à venir. Y ajouter un problème de succession à la tête du parti participe vraiment de l’aggravation de la situation ».

Le 1er Vice-président, Salikou Sanogo, appelle à l’unité et se veut confiant quant à l’issue de la situation. « Si nous perdons l’unité, nous perdrons tout. Aujourd’hui, l’esprit d’unité avance. Continuons à le cultiver. Nous sommes tous des héritiers de Soumaïla Cissé et, si Dieu le veut, le parti va avancer ».

Mopti : L’URD prône l’union lors de sa conférence régionale

L’Union pour la République et la démocratie (URD) a tenu, samedi 7 août, sa conférence régionale de Mopti. Les militants ont rendu hommage à Soumaïla Cissé et appelé à plus d’union face à la polémique qui sévit dans le parti quant au nom du futur candidat à l’élection présidentielle.

Après la brutale disparition de Soumaïla Cissé, qui sera le futur porte-étendard de l’URD à la présidentielle de 2022 ? C’est la question qui taraude tous les esprits et qui a fait installer un semblant climat de discorde et de polémique à l’URD. Les récentes adhésions au parti de Boubou Cissé ainsi que de Mamadou Igor Diarra font planer la suspicion d’une probable candidature de l’un des deux à la présidentielle prochaine, mal perçue par certains qui voudrait voir un  militant de la première heure porter les couleurs du parti. Et c’est face à cette polémique que les cadres du parti ont tous appelé à l’union à Mopti lors de la conférence régionale afin de resserrer les rangs pour les élections générales à venir. « Je me dois de vous dire qu’un débat anachronique s’est installé autour du candidat prochain du parti à la présidentielle. Nous regrettons les propos désobligeants dont ont été victimes certains sur de simples insinuations et de procès d’intention. Des propos condamnables. C’est l’occasion de vous informer qu’au sein de l’URD, les textes du parti encadrent parfaitement la procédure de désignation de candidature à la présidentielle et qu’à cet instant précis, le processus n’a pas encore été enclenché. Arrêtons les  polémiques vaines. L’intérêt de chaque militant dépend de l’unité du parti », a conseillé le Pr.Salikou Sanogo.

Le vice-président du parti a également rendu hommage à Soumaïla Cissé et rappelé une de ces citations invitant à la cohésion au sein du parti. « De beaux jours sont devant nous à condition que nous sachions préserver les acquis. Permettez-moi de vous rappeler ce propos de Soumaïla Cissé qui semble s’adresser à nous aujourd’hui. « N’ayons aucun doute sur le fait que l’attraction actuelle pour notre parti vient de l’image d’union avec laquelle il rayonne aux yeux des populations. Si nous perdons cet appel, nous perdrons et nous ferons perdre les Maliens. S’il vous plaît, arrêtons les polémiques vaines. Faisons en sorte que chaque militante et chaque militant sache que son propre avenir dépend de l’unité du parti. Combattons la discorde comme un mal commun, qui  viendrait décimer la maison commune », a-t-il poursuivi.

Boubou Cissé acclamé

La salle de spectacle Sory Bamba a acclamé Boubou Cissé présent à la conférence régionale. L’ancien Premier ministre, qui a adhéré au parti à la section de Djenné, a été distingué citoyen d’honneur de la commune urbaine de Mopti. « Merci Boubou Cissé d’avoir choisi le parti de ta famille, l’URD. Bienvenue chez toi camarade secrétaire chargé des questions économiques de Djenné », a félicité Amadou Cissé, président de la fédération régionale URD de Mopti.

Boubou Cissé qui a rendu hommage à Soumaïla Cissé a également appelé à l’union et à la cohésion. « En ce jour important de notre fédération et de notre parti, je veux penser à nos défunts. J’ai une pensée toute particulière pour Soumaïla Cissé. Je rends hommage à l’illustre disparu, à l’âme qu’il a donnée au parti et au leadership qu’il a incarné au sein de l’URD. Durant des années, Soumaïla a travaillé à vivifier cette union, il l’a dynamisée et a veillé à ce que chaque militant incarne l’union pour la République et la démocratie », a t-il rappelé.

L’ancien cadre de la Banque mondiale a aussi expliqué aux militants la cause de son adhésion à l’URD. « L’URD est un parti politique où on peut discuter. En outre, sa philosophie et ses directives politiques s’accordent avec mes convictions. C’est aussi un parti politique où militent des hommes et des femmes dont je suis proche, à commencer par son fondateur Soumaïla Cissé, il m’a conseillé et même parfois grondé, mais toujours avec bienveillance. Il y a aussi des membres de ma famille qui sont des militants de premières heures. L’URD est enfin un parti d’ouverture et d’engagement. Voilà quelques raisons qui m’ont poussé à adhérer à l’URD, ma famille politique, ma famille tout court. L’URD est une chance pour le Mali », a-t-il expliqué.

Selon nos informations, un travail de de conciliation est en cours afin de mettre les militants d’accord sur le nom du futur candidat de l’URD à la présidentielle.

Pr. Salikou Sanogo : « Nous avons l’obligation d’honorer la mémoire de Soumaïla Cissé »

Le 1er Vice-président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), le Pr. Salikou Sanogo, livre sa pensée sur l’actualité politique et la vie de son parti, trois mois après la disparition de son fondateur, Soumaïla Cissé.

Trois mois après la disparition de Soumaïla Cissé, comment va l’URD ?

La disparition subite de notre Président, Soumaïla Cissé, a constitué un choc terrible pour l’URD. Quand vous avez un dirigeant de cette envergure, qui a bâti pendant des années la maison URD, et que cette personne disparaît, cela est source de désarroi pour les militants. Beaucoup sont désorientés et se posent des questions quant à l’avenir du parti. Saura-t-il résister à la disparition de son leader ? Après le deuil, nous avons demandé aux militants de reprendre les activités avec courage. Nous avons l’obligation morale et politique d’honorer la mémoire de Soumaïla Cissé. Ce n’est pas pour rien que nous avons comme slogan « La force montante ».

En 2018 vous avez été deuxième de l’élection présidentielle. Avec la disparition de Soumaïla Cissé, pensez-vous pouvoir conserver ce rang ou faire mieux  lors de la présidentielle 2022?

En 2018, nous avons été officiellement deuxièmes, mais nous pensons que nous étions les premiers et nous l’avons démontré. Notre ambition est naturellement de faire mieux, de relever les défis et de faire honneur à la mémoire de Soumaïla Cissé.  Nous allons participer à toutes les élections. Et j’ai dit l’autre jour à nos militants à Ségou que toutes les élections sont à gagner.

Qui sera le candidat de l’URD à la présidentielle prochaine ?

Nous avons des procédures. Pour le moment, on ne peut pas préjuger de celui qui sera le candidat du parti.

Des informations selon lesquelles l’ancien Premier ministre Boubou Cissé serait le candidat de l’URD à la présidentielle de 2022 font de plus en plus la Une de certains médias. Cela est-il est possible ?

Pour le moment, nous n’avons pas choisi de candidat. Nous en aurons quand même un. Nous avons des procédures et, d’après nos textes, ce candidat doit être un militant de l’URD. Nous allons respecter nos procédures.

Mamadou Igor Diarra a-t-il adhéré à l’URD sous conditions ?

Il n’y a pas eu de conditions préalables. Nous avons rencontré le parti de Mamadou Igor Diarra, qui en est le Président d’honneur. Nous avons enregistré la volonté de son parti de se joindre à l’URD et nous avons accepté, compte tenu de notre philosophie de rassemblement.

Mali – Boubou Cissé : libre de sauter dans l’arène politique

Soupçonné de « nourrir des ambitions présidentielles » et d’être le cerveau d’un présumé coup d’État, l’ancien Premier ministre Boubou Cissé était poursuivi, aux côtés d’autres personnalités, depuis décembre 2020 pour « atteinte à la sureté de l’État ». La Cour suprême a rejeté, le lundi 19 avril, le pourvoi en cassation du Procureur général pour le maintien des charges et confirmé l’abandon des poursuites. Cette séquence refermée, les rumeurs sur une possible candidature de l’intéressé à la prochaine présidentielle vont de plus belle. L’ancien Premier ministre n’a pour l’heure rien laissé filtré de ses intentions, va-t-il maintenant se dévoiler, étant désormais libre de le faire ? 

 « Il semblerait que je sois devenu malgré moi une menace politique », déclarait Boubou Cissé à un média français début janvier. L’ancien Premier ministre voyait en l’affaire « d’atteinte à la sûreté de l’État » le visant « une cabale contre sa personne ». Son avocat, Me Kassoum Tapo, est allé plus loin le 8 janvier dernier, lors d’une conférence de presse, en disant « ce qui se passe est un complot contre Boubou Cissé, pour l’empêcher d’être candidat à la présidentielle prochaine ». Depuis, l’espace médiatique malien ne cesse de se demander ce qu’il en sera. « Un homme politique reste un homme politique. Il a occupé l’un des postes les plus élevés au Mali, celui de Premier ministre, avec le portefeuille de l’Économie et des Finances. Cela lui a permis d’engranger une grande expérience en termes de connaissance de l’administration publique et de la gestion du gouvernement. À ce niveau, il ne serait pas étonnant qu’un tel homme puisse prétendre à la présidence. Donc, en regardant son parcours, on peut évidemment soupçonner des intentions politiques », explique Ballan Diakité, politologue.

 Soutien de l’URD ? L’avocat de Boubou Cissé, Me Kassoum Tapo, a lancé le 4 avril le « Mouvement pour la Refondation du Mali » (MOREMA), composé de partis politiques et d’associations. Plusieurs soupçonnent derrière ce regroupement l’ombre de l’ancien Premier ministre. En outre, une éventuelle candidature soutenue par l’Union pour la République et la Démocratie (URD), où Boubou Cissé possède des soutiens, est souvent évoquée. Vraiment imaginable ? « En politique, tout est imaginable. C’est ce qui fait en même temps sa beauté et son caractère froid. On ne peut prendre cette information que d’une seule main pour le moment. Quoi qu’il en soit, l’URD reste un grand parti. Et aujourd’hui on sait que le décès de Soumaïla Cissé laisse ce parti un peu orphelin. Donc, aujourd’hui, ils sont à la recherche d’une personnalité charismatique. Et je pense que Boubou Cissé peut effectivement répondre à ce critère-là au niveau de l’URD », ajoute Ballan Diakité. Selon d’autres observateurs du landerneau politique malien, certains cadres de l’ADEMA et du RPM pourraient rejoindre une grande plateforme de soutien à l’ancien Premier ministre, qui serait déjà en gestation.

 Des atouts Boubou Cissé est un économiste formé en France, ancien de la Banque mondiale où il a officié au Nigeria et au Niger. Son parcours dans les hautes sphères de l’État malien entre 2013 et 2020 lui a notamment permis de développer un réseau de relations au sein de la communauté des bailleurs de fonds, qui « apprécie sa rigueur », selon un ambassadeur de la place, mais aussi de cultiver des amitiés haut placées dans plusieurs pays de la sous région. Un atout non négligeable pour qui veut financer une campagne électorale. S’il est vrai que le dernier chef du gouvernement d’IBK nourrit une ambition présidentielle, l’épisode de la « déstabilisation des institutions » peut le servir, « le faisant apparaitre auprès des Maliens comme une victime des militaires au pouvoir ».

 Toujours est-il que si Boubou Cissé se déclare, il devra affronter, outre d’autres anciens Premiers ministres, les accusations de ses adversaires sur son rôle présumé lors de la répression des 10 et 11 juillet 2020,

Abdrahamane Diarra : « Les portes de l’URD restent grandes ouvertes »

L’Union pour la République et la Démocratie (URD) s’est remis dans le sens de la marche après la disparition, il y a près de 3 mois de son leader Soumaïla Cissé. En quête de son prochain porte-étendard, le parti de la poignée de mains cristallise les attentions. Dans cet entretien, Abdrahamane Diarra, Président de son mouvement national des jeunes se prononce sur l’avenir de la formation politique.

Comment se porte le parti URD aujourd’hui ?

Le parti se relève du choc du départ brutal de son Président feu Soumaïla CISSÉ. Les responsables et les militants ont pris l’engagement d’honorer la mémoire de feu Soumaila Cissé par des victoires éclatantes aux élections prochaines. Donc je vous informe que le parti se porte très bien.

Qu´en est-il des activités du parti depuis la tenue de la première réunion post-Soumaïla  le 9 février 2021?

Le parti a repris normalement ses activités politiques comme instruit par son 1er vice-président le Pr Salikou Sanogo lors de la réunion du 09 février 2021. Comme vous avez dû le constater vous-même, depuis quelques semaines les rencontres populaires du parti se multiplient à l’intérieur du pays et dans le district de Bamako. Des rencontres qui ont également servi de cadre pour enregistrer de nombreuses adhésions de qualités. D’ailleurs je profite de cette occasion pour vous informer que mon bureau, celui du Mouvement National des Jeunes de l’URD se rendra dans les régions les jours à venir pour aller à la rencontre des militants. Donc nous menons toutes ces activités pour mieux préparer les victoires futures du parti.

Le Pr. Salikou Sanogo avait annoncé lors de cette réunion  la mise en place d´une commission auprès du Secrétariat Général du parti pour se pencher sur les enjeux et questions concernant la vie du parti. Où en est cette commission ?

C’est plutôt quatre (04) commissions. Elles ont été mises en place et elles travaillent, elles déposeront leurs rapports sur la table de la direction du parti dans les jours à venir.

Le prochain congrès ordinaire du parti doit se tenir en 2024. Mais avec le contexte actuel, est-ce qu’un congrès extraordinaire pour une réorganisation est envisagé?

Vous savez à l’URD la démocratie est une réalité, il appartiendra au parti de faire un tel choix, et auquel cas ce ne serait pas un secret et l’opinion sera informée. Entre deux congrès le parti organise une conférence nationale chaque année qui statue sur les urgences.

Le parti a enregistré l´adhésion de Mamadou Igor Diarra et de son mouvement, « Mali En Action ». Cette adhésion présage t-elle d´une candidature de ce dernier pour porter l´étendard de l´URD?

Je salue l’initiative de Mamadou Igor Diarra et de son mouvement politique d’adhérer au parti, ainsi que les nombreuses autres adhésions et je leur souhaite la bienvenue à l’URD. En ajoutant qu’à l’URD il n’y a pas d’anciens et de nouveaux militants, il y a tout simplement militants URD. Les portes restent grande ouvertes pour accueillir toutes les énergies positives qui souhaitent intégrer la famille. Mamadou Igor Diarra et le MEA  ont précisé qu’ils adhéraient sans conditions, pour le reste je vous invite à la patience, seul Dieu sait l’avenir.

Concernant justement le candidat du parti à la prochaine présidentielle, des noms circulent. Par quel mécanisme, l´URD désignera-t-il ce candidat ?

Le choix des candidats aux élections, qu’elles soient présidentielles, législatives et autres respectent un processus qui est prévu et encadré par les textes du parti. Au moment opportun l’opinion sera suffisamment édifiée.

De nouvelles alliances en vue?                                                                       

Pourquoi pas ? Notre parti a toujours privilégié le dialogue, et il est en de bons termes avec l’ensemble de la  classe politique.

 

Mali – URD : La perpétuelle quête de la première place

Crée en juin 2003 par des militants dissidents de l’Adema, à la suite des élections de 2002, l’Union pour la République et la Démocratie (URD) anime aux premiers rangs la vie politique malienne depuis près de deux décennies. Retour sur quelques temps forts qui ont jalonné la vie du parti, de sa création au décès de Soumaïla Cissé.

« Le parti (Adema, ndlr) avait choisi Soumaïla Cissé comme candidat. Cela avait été fait dans les règles de l’art. Mais, au moment d’aller aux élections, nous avons vu qu’il y avait des camarades de l’Adema qui ont préféré aller soutenir un autre candidat, majoritairement d’ailleurs au niveau du Bureau exécutif national. Nous avons alors décidé de quitter l’alliance et de créer notre propre parti », explique Mme Coulibaly Kadiatou Samaké, ancienne 4ème Vice-présidente de l’URD.

Le nouveau parti se fixait comme objectif l’émergence d’une société de paix, de liberté, d’égalité, de justice, de travail et de solidarité. Plusieurs autres partis politiques ayant les mêmes objectifs et mus par la même philosophie politique le rejoignent.

Lors des toutes premières  élections auxquelles il participe neuf mois après sa création l’URD arrive en deuxième position lors des communales de 2004, avec 1 636 conseillers communaux élus. Le parti confirme son statut aux élections législatives 3 ans plus tard en 2007 avec 34 députés élus à l’Assemblée nationale.

Deux plus tard, aux élections municipales de 2009, l’URD grimpe à 2 173 conseillers municipaux, mais en 2013, lors des législatives, seuls 17 députés sont élus pour le parti de la Poignée de mains, qui conserve toutefois sa place de 2ème force politique du pays derrière le RPM.

Soumaila Cissé est investi candidat de l’URD en juin 2013 pour la présidentielle, après l’avoir été dans un premier temps pour celle avortée de 2012, suite au coup d’État du 22 mars. Il se hisse au second tour mais est battu par Ibrahim Boubacar Keita, dont il reconnaitra la victoire le 12 août 2013, avant même la proclamation officielle des résultats.

En 2014, au troisième congrès ordinaire du parti, Soumaïla Cissé est élu Président et succède à  Younoussi Touré, qui dirigeait l’URD depuis sa création, en 2003. En 2018, il participe de nouveau à l’élection présidentielle et arrive encore en 2ème position.

L’URD traversera des moments difficiles en 2020, suite à l’enlèvement de son président, retenu en otage pendant plus de six mois par des djihadistes. Libéré le 8 octobre, il décèdera moins de 3 mois après, le 25 décembre 2020.

La période de deuil observée, le parti a repris ses activités politiques en février 2021 pour parachever le combat de son regretté leader.

Mali – URD : Quel porte-étendard après Soumaïla Cissé ?

Près de 3 mois après le décès de son leader, Soumaïla Cissé, l’Union pour la République et la Démocratie (URD) se remet en marche pour « perpétuer son combat » et honorer sa mémoire. Après la période de deuil, le parti a relancé ses activités politiques avec une première réunion du Bureau exécutif national, début février. Même si la procédure de sélection d’un candidat à la prochaine présidentielle n’est pas encore enclenchée, toutes les attentions se cristallisent sur ce parti, 3ème  force politique du pays en mal  de leader incontesté. Entre les compagnons de longue date de Soumaïla Cissé à l’URD et certaines personnalités politiques en quête de soutien dans la course à Koulouba, la « bataille » de la succession de l’ex-chef de file de l’opposition s’annonce âpre.

 À 12 mois de l’élection présidentielle qui devrait mettre fin à la transition, l’URD est toujours sous le choc de la disparition de Soumaïla Cissé. Mais ce choc « propulse » le parti, qui est en phase de « reprise en main » pour aller vers l’avant. Une marche en avant dont le 1er Vice-président, Salikou Sanogo, qui assure l’intérim à la tête du parti, a rappelé aux militants la nécessité, lors de la réunion du Bureau exécutif national du 9 février 2021. « N’oublions jamais que c’est ensemble, en acceptant d’autres, que nous pouvons perpétuer le combat de notre défunt président afin d’honorer sa mémoire », avait-il affirmé, appelant à « aller à la rencontre de plus de Maliens encore, plus de groupements de Maliens ». Si le parti peut en effet se réjouir d’avoir suscité ces dernières semaines de nombreuses adhésions, dont la plus notable est celle de l’ancien ministre de l’Économie et candidat à la présidentielle de 2018, Mamadou Igor Diarra, le 6 février dernier, il reste tout aussi confronté à la gestion de l’après-Soumaïla.

 Reprendre le flambeau

Au sein de l’URD, malgré des craintes, on affirme que la succession de l’ancien président de l’UEMOA ne posera pas de problèmes puisque les textes règlent la question et que, conformément à ces textes, le porte-étendard sera désigné au moment opportun. « Les gens doivent savoir que l’une des forces de l’URD est son collectif. Nous travaillons tous ensemble, nous formons une équipe et nous voulons gagner ensemble. C’est ce crédo qui anime tous les responsables et militants de l’URD et qui fait en réalité notre force », affirme Demba Traoré, Secrétaire à la communication du parti. « Soumaïla était le candidat naturel. Mais il a toujours été désigné suivant une procédure. Ce sont les sections qui désignent leur candidat et leur choix se portait sur lui. Cela a toujours été respecté. Soumaïla n’étant plus, la procédure est là et elle sera suivie. Les candidats vont se présenter dans les sections et un collège désignera, en fonction du choix des sections, celui qui sera le candidat de l’URD », renchérit Moussa Seye Diallo, son adjoint.

Parmi les noms évoqués en interne, ceux de l’actuel Président par intérim, le Professeur Salikou Sanogo, 77 ans, d’Ibrahim N’diaye, 72 ans et 2ème Vice-Président, tous deux anciens ministres, mais dont l’âge est un handicap dans une élection ouverte où la nouvelle génération compte bien s’imposer. De là à imaginer Bocar Cissé, fils aîné de feu Soumaïla, porter les couleurs du parti ? Ce dernier, quadragénaire et cadre de banque, a démenti l’information selon notre confrère Jeune Afrique. Quant à l’avocat Demba Traoré, qui fut ministre pendant la transition de 2012 et député, il indique avoir toujours joué collectif. « J’ai occupé de hautes fonctions dans ce pays. A chacune de ces occasions j’ai été proposé par mes camarades politiques. Pour moi c’est cela le plus important. Je ne me suis jamais porté candidat à quoi que ce soit, alors que j’en ai le droit. Aujourd’hui je peux vous affirmer que je n’ai dit quoi que ce ne soit à personne par rapport à une éventuelle candidature pour présider le parti ou quelque chose d’autre », déclare sans ambages celui qui ne souhaite pas que le débat soit focalisé sur les personnes. « C’est ensemble que nous pouvons aller à Koulouba. Je veux m’appesantir sur l’existant. Et en termes de candidature, la procédure que le parti prévoit n’est pas encore enclenchée », ajoute t-il.

À ces potentiels prétendants internes est venu s’ajouter Mamadou Igor Diarra, suite à son adhésion à l’URD et la fusion avec le mouvement politique qui avait porté sa candidature en 2018, Mali En Action. Une adhésion « sans conditions » et « entamée bien avant le décès de Soumaïla Cissé », mais qui suscite toutefois beaucoup d’interrogations, même si pour les responsables actuels de l’URD elle ne fait pas de facto de l’ancien ministre de l’Économie, 54 ans et dirigeant du Groupe BOA Bank, le futur porte-étendard du parti. « Maintenant qu’il est membre de l’URD, s’il veut être candidat du parti, il va devoir suivre la procédure. Chez nous, il n’y a pas de nouveaux ni d’anciens adhérents »,  confie Moussa Seye Diallo.

« L’adhésion de Mamadou Igor Diarra n’indique quand même pas qu’il prendra la tête de l’URD. À l’interne, beaucoup de personnes estiment qu’àprès Soumaïla cela devrait être leur tour. Il va donc être très difficile qu’Igor vienne et d’un coup de baguette magique, prenne les rênes. Mais je sais qu’en adhérant à l’URD il n’est pas seulement dans une optique de renforcement du parti. Il a aussi des ambitions personnelles à faire prévaloir », souligne pour sa part l’analyste politique Salia Samaké.

 Le salut par l’extérieur ?

D’autres personnalités externes à l’URD, qui ne possèdent pas d’appareil politique  capable de les mener vers Koulouba en 2022, tenteraient de s’appuyer sur le parti de l’ex-chef de file de l’opposition, implanté à travers tout le territoire et disposant d’un important stock d’élus et de relais locaux. .

Le PDG de Cira Holding SAS, Seydou Mamadou Coulibaly, 56 ans, récemment porté à la tête d’un mouvement aux fins de conquête du pouvoir, Benkan – le pacte citoyen, est en quête d’une base politique solide. Même s’il est aussi annoncé du côté de l’Adema, il serait en discussion avec certains cadres de l’URD et se serait rendu au domicile de Madame Cissé Astan Traoré, veuve de Soumaïla Cissé.

L’ancien Premier ministre Boubou Cissé, 47 ans, à qui certains prêtent une ambition présidentielle, pourrait obtenir le soutien d’une frange du parti, dont sont issus plusieurs membres de sa famille, notamment son oncle Sékou Cissé, influent député élu à Djenné pendant plusieurs législatures. « Bien qu’ancien PM d’IBK, il a toujours respecté l’opposition et Soumaïla Cissé, dont il s’est battu pour obtenir la libération », affirme un cadre de la Primature.

Ces potentiels futurs candidats auraient d’ailleurs plus de chances de porter les couleurs du parti à la prochaine présidentielle, selon les confidences sous anonymat d’une source interne. « Aucun membre du bureau actuel ne pourra être candidat et supporter les frais qui vont avec. C’est pourquoi les personnalités avec de gros moyens financiers ont le plus de chances de porter son étendard ». Selon Salia Samaké, «parmi les têtes présentes actuellement à l’URD, il sera très difficile d’avoir un représentant qui puisse porter l’étendard et obtenir l’adhésion populaire comme Soumaïla. Mais, avec une analyse poussée, on se rend compte que l’opportunité de personnalités externes peut aider le parti à trouver le cheval sur lequel miser », pense également Salia Samaké. Toutefois, l’analyste politique estime que ce sont ces personnalités qui ont besoin de l’URD pour atteindre leur objectif, et non le contraire.

« Ils se disent qu’en termes de poids politique l’URD est un parti assez représentatif. Il est plus facile pour quelqu’un qui a les moyens, en adhérant aujourd’hui à l’URD, de tirer la machine et d’aller de l’avant plutôt que de commencer par un parti qui n’est pas bien implanté. Toutes les personnes à l’affut savent que les difficultés de succession de Soumaïla leur offrent une opportunité pour essayer de gagner de la place. La porte est ouverte à ce niveau », soutient-il.

Soumaila Cissé : le Mali lui a fait ses adieux

Soumaïla Cissé repose désormais au cimetière de Sogoniko, à Bamako. Décédé le 25 décembre dernier à Paris, l’ancien député et chef de fil de l’opposition a été inhumé ce 1er janvier 2021, après une cérémonie funéraire tenue au palais de la culture Hamadou Hampaté Ba.

Plusieurs personnalités politiques dont le Premier ministre Moctar Ouane et des anciens Premiers ministres du Mali, des chefs de partis politiques, des membres du corps diplomatique, des autorités religieuses, des délégations venues de l’étranger entre autres ont assisté à ces funérailles, aux côtés de la famille et de nombreux militants et sympathisants de l’URD.

Au pupitre se sont succédés divers témoignages et hommages sur la vie de l’illustre disparu, celui-là même qui, deux mois et treize  jours plutôt était libéré des mains des djihadistes qui le tenait en captivité depuis six mois.

« Tu as survécu à cet enlèvement si long et si pénible. Nous nous sommes battus becs et ongles pour ta libération. Tu nous es revenu six mois et treize jours après. Comment pouvions-nous imaginer que tu allais nous quitter juste quelques temps après ? Comme si u étais revenu juste pour faire tes adieux », s’attriste Bocar Cissé, son fils ainé.

« Papa a aimé le Mali, il a aimé les Maliens et les Maliens l’ont aimé en retour », soupire celui pour lequel  le meilleur hommage est de « continuer la réalisation de ton idéal avec le même état d’esprit, dans l’unité et la cohésion ».

Pour le président de la jeunesse de l’URD, Abdrahamane Diarra, « Soumaila Cissé était un travailleur acharné, distinct, méthodique, intelligent et très humble, qui croyait en l’union et aux vertus de la démocratie ».

C’est pourquoi il a exprimé l’engament  « sincère » de la jeunesse URD « d’honorer et de perpétuer la mémoire et l’œuvre de celui qu’il décrit comme « l’absent le plus présent ».

« Pour nous, ta disparition sera une formidable leçon de vie. En tout et pour tout, nous ferons tout pour te ressembler », promet-il.

Né le 20 décembre 1949 à Tombouctou, Soumaïla Cissé aura marqué pendant une trentaine d’année la vie politique malienne. Trois fois finalistes malheureux des élections Présidentielles, en 2002, 2013 et 2018, il était considéré par plusieurs analystes politiques comme le favori des prochaines échéances électorales à la fin de la transition en 2022.

Mais, comme le regrette Bocary Tréta, président du RPM, il s’en est allé  au moment où le Mali pouvait compter sur sa capacité de proposition.

Mali – Soumaila Cissé : la dépouille attendue à Bamako ce jeudi, les obsèques se tiendront le 1er janvier 2021

La dépouille de Soumaila Cissé, décédé le 25 décembre dernier à Paris de la Covid-19 est attendue à Bamako ce jeudi 31 décembre. Les obsèques de l’homme politique auront lieu le vendredi 1er janvier 2021 au palais de la Culture Amadou Hampaté Bah.  Quelques heures après le décès, les autorités de la transition avaient annoncé prendre en charge les opérations de rapatriement de la dépouille mortelle, une offre acceptée selon le gouvernement par la famille du défunt.

Né à Tombouctou, ingénieur-informaticien de formation, Soumaïla Cissé avait étudié au Sénégal et en France puis travaillé dans de grands groupes tels qu’IBM, Péchiney ou Thomson, avant de rentrer au Mali. Figure de la vie politique dans son pays depuis le début des années 1990, président de l’Union pour la République et la démocratie, Soumaïla Cissé avait été enlevé par des jihadistes le 25 mars 2020 dans la circonscription électorale de Niafunké (région de Tombouctou) alors qu’il était en campagne pour les législatives.

Après plus de six mois en captivité, il avait été libéré en octobre, notamment avec l’otage française Sophie Pétronin.

Depuis 2002, Soumaïla Cissé avait à plusieurs reprise tenté d’accéder à la présidence malienne, arrivant deuxième de l’élection à trois reprises. Aux scrutins de 2013 et 2018, il s’était incliné face à Ibrahim Boubacar Keïta, renversé le 18 août par des militaires.

Abdrahamane Diarra : « obliger les partis politiques à se regrouper en fonction de leurs idéologies »

Le Président de la jeunesse URD nous fait part de sa vision politique pour le Mali nouveau.

Le Mali, au moment des indépendances, avait bien amorcé sa vie politique. Les tendances politiques obéissaient à des obédiences idéologiques et le militantisme se caractérisait par l’engagement patriotique.

De 1968 à 1991, le libre choix en matière de militantisme n’existait pas. À partir de 1991, l’engouement généralisé pour la démocratie multipartite n’a laissé guère le choix au respect des questions d’obédience idéologique. C’est pourquoi nous comptons aujourd’hui une floraison de partis politiques (plus de 250 pour environ 20 millions d’habitants). Le nombre de ceux représentés au Parlement n’ayant jamais pu excéder la vingtaine, la plupart n’arrivent même pas à faire élire des élus locaux. Une autre difficulté est le nomadisme politique injustifié.

Fort de ces constats, les réformes à opérer dans le Mali nouveau doivent concerner la vie et la pratique politique. L’octroi du récépissé pour la création d’un parti doit connaître un processus plus rigoureux. On peut donner une autorisation provisoire et conditionner l’obtention du récépissé à la tenue d’assises regroupant des représentants de toutes les localités du pays ainsi que de la diaspora, à la disponibilité d’un projet de société déclinant de façon précise l’idéologie et à un registre de signatures de 20 000 personnes au moins, avec adresses et autres contacts vérifiables. Et il faudra que la nouvelle formation s’attende à un retrait de son récépissé lorsqu’elle ne parvient pas à obtenir 10% des suffrages.

Ces réformes obligeront certainement les partis à se regrouper pour faire de réelles offres politiques aux populations et leur donner l’opportunité de meilleurs choix, basés sur des critères objectifs. Le nomadisme sera sanctionné par la perte du mandat.

Il urge aussi de mettre en place un organe unique, permanent et indépendant, dont les missions seront celles de l’ensemble des structures chargées des élections. Cela aura l’avantage de développer de réelles expertises dans le domaine électoral, de permettre la tenue d’élections libres, crédibles et transparentes et de donner leur légitimité aux dirigeants.

Opposition parlementaire : Avec quels moyens ?

L’Assemblée nationale a procédé le 26 mai à la mise en place des groupes parlementaires. C’est la majorité présidentielle qui remporte le gros lot, avec 125 députés, répartis en 5 groupes parlementaires sur les 6 que compte l’Assemblée Nationale. Seul le groupe parlementaire Vigilance Républicaine et Démocratie (VRD), porté par l’URD, a décidé d’être dans l’opposition. Esseulé, de quelles armes dispose-t-il ?

19 députés, un parti, une mission : contrôler l’action gouvernementale. Voilà en gros le portrait de la nouvelle opposition parlementaire sous la 6ème législature. Depuis 2013, c’est la même chose. Rempiler cette année est, selon Me Demba Traoré, lié à la mauvaise gestion du pays par le Président Ibrahim Boubacar Kéïta. « Nous avons souverainement décidé  de rester dans l’opposition, pour être des sentinelles, suivre l’action gouvernementale, la dénoncer à chaque fois qu’il le faut et contribuer au renforcement de notre démocratie».

19 députés contre 125. L’écart est énorme, mais n’impressionne pas du côté de l’URD. « En 2013, l’URD avait moins de 19 députés. Peu importe le nombre, ce sont les actions qui comptent. Nos députés ont les mêmes droits d’interpeller, de poser des questions orales ou écrites, de déposer des motions de censure, de dénoncer et de proposer des solutions », assure Me Demba Traoré.

Deux oppositions ?

Le parti Yelema, 3 députés, s’est rangé du côté des non-inscrits. Il estime être de l’opposition mais pas celle de l’URD, décriée dernièrement par une frange de  l’opinion publique. La cause : ses alliances électorales avec le parti au pouvoir et son vote en faveur du candidat de celui-ci lors de la course au Perchoir. « Nous pouvons être considérés comme une opposition autre que celle de l’URD. Une opposition qui suit toujours les décisions de la majorité n’est pas une opposition », déclarait Moussa Mara à nos confrères du Jalon le 21 mai dernier.

À l’URD, on accuse l’ancien Premier ministre d’avoir un bilan en commun avec le régime d’IBK. « Si nous voulions être invités au partage du gâteau, notre président connait le chemin de Sébénikoro. Le statut de l’opposition et les textes fondateurs de notre parti n’interdisent pas une alliance avec un parti de la majorité, à l’exception de la présidentielle. Moussa Mara a contribué à bâtir le système actuel, auquel nous nous opposons. Il compte venir s’opposer au résultat de son travail ? C’est une bonne chose. Il va nous renforcer dans notre combat. Il est le bienvenu », ironise Me Demba Traoré.

Le bureau exécutif du parti va bientôt désigner le nom du chef de file de l’opposition. « À part celui de Soumaïla Cissé, aucun nom ne circule pour l’heure ».

Boubacar Diallo

URD : Possibles fissures ?

Alors que son leader Soumaila Cissé est toujours aux mains de ses ravisseurs depuis près de deux mois, l’Union pour la république et la démocratie (URD) traverse une période de flottement intense. Dans un contexte où les décisions du directoire du parti semblent ne pas faire l’unanimité, certains membres pourraient-ils prêter le flanc et intégrer le prochain gouvernement, dont les tractations pour la formation sont en cours ?

Plusieurs militants et sympathisants du parti de la poignée de mains se sont étonnés que les députés élus sous la bannière de l’URD aient voté pour l’Honorable Moussa Timbiné, candidat de la majorité, lors de l’élection du Président de l’Assemblée nationale, le 11 mai dernier.

Face à la grogne silencieuse qui montait dans les rangs, le directoire du parti a dû s’expliquer, à travers une note interne qui a été largement partagée sur les réseaux sociaux.

« La Direction du parti doit humblement accepter les critiques de ses militants, sympathisants et aussi de ses alliés, dès lors que celles-ci servent à améliorer le travail combien difficile à l’endroit des populations », indiquait la note en date du 15 mai, signée du 1er Vice-président, le Pr. Salikou Sanogo.

Flottement sans envergure ?

Pour Moussa Seye Diallo, Secrétaire adjoint à la communication du parti, cet incident à l’interne est désormais géré et tout le monde est passé à autre chose. Même s’il reconnait que le parti traverse une période de flottement, il écarte toute probabilité de fissures au sein de l’URD.

« Il peut y avoir des moments d’incompréhension, surtout quand un leader qui gérait bien son parti s’absente sans crier gare, sans donner de consignes. Mais, aujourd’hui, il n’y a pas de fissures au sein de l’URD. Les députés ont compris le message de la direction après leur vote à l’Assemblée », soutient-il.

Cette position est également appuyée par l’analyste politique Salia Samaké, qui trouve d’ailleurs que la position actuelle de l’URD se trouve encore plus confortée et qu’elle garde encore sa position de premier parti de l’opposition.

Entrée au gouvernement ?

Certains paramètres semblent aujourd’hui se conjuguer pour un réel rapprochement politique entre l’URD et le RPM, notamment les alliances électorales qui ont prévalu pour les législatives et plus récemment donc le vote des députés URD en faveur du candidat de la majorité, en dépit de la candidature de l’Honorable Moussa Mara.

Mais le cap ne sera pas franchi. L’URD ne participera pas au prochain gouvernement. « L’URD n’a pas été concertée et le parti n’a pas l’intention d’entrer au gouvernement. Il n’y a pas eu de discussions concernant un ou des représentants de l’URD dans la prochaine équipe gouvernementale », clarifie Moussa Seye Diallo.

Concernant l’éventualité de la participation de certains membres du parti au gouvernement en dépit de la directive officielle, le secrétaire adjoint à la communication reste ferme.

« Si quelqu’un de l’URD a été consulté  ailleurs et fait son entrée au gouvernement, cela ne nous concernera pas. Le mandaté qui aura consulté cette personne sera la seule personne à répondre de cela », affirme-t-il.

Mais, du point de vue du politologue Boubacar Bocoum, le directoire de l’URD devrait revisiter sa position par rapport à une éventuelle entrée du parti au prochain gouvernement.

« Ils sont déjà au service du peuple à l’Hémicycle. Le gouvernement également est un exercice en rapport avec le service public », pointe-t-il,  avant de préciser qu’il ne devrait  normalement pas y avoir de raisons objectives qui empêcheraient actuellement le directoire de l’URD d’accepter que ses membres prennent part à ce service public.

Un point de vue que ne partage pas Salia Samaké, pour lequel l’URD n’aurait aucun intérêt à participer au gouvernement. Selon lui, la lecture même de la situation politique actuelle n’incite pas à aller dans ce sens. « Il ne faudra pas y aller, quel que soit ce qui peut leur être proposé », martèle-t-il.

Germain Kenouvi

Assemblée nationale : Jeux et enjeux de la 6ème législature

Alea jacta est. Le renouvellement tant attendu de l’Assemblée nationale est désormais acté. La nouvelle législature devrait très bientôt remplacer la 5ème, six ans après. La nouvelle composition de l’Hémicycle, selon les résultats provisoires du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, ne présente pas de changements majeurs pour les forces politiques en présence. Mais d’autres aspects, liés, entre autres, à la cohabitation, au fonctionnement même de l’Assemblée nationale et à l’orientation des débats sur les réformes en attente au cours de cette 6ème législature suscitent des interrogations.

43 députés pour le RPM, 23 pour l’Adema, 19 pour l’URD, et 11 pour le MPM. Tel se présente le nouveau quatuor de tête à l’Hémicycle. Ensuite suivent l’Asma-CFP et l’ADP-Maliba, avec 8 députés chacun, la Codem avec 6 élus, et l’UDD, Yelema ainsi que le PRVM Fasoko, qui auront chacun 4 représentants dans la nouvelle Assemblée nationale. D’autres partis comme le Parena, Sadi, le PDES ou encore l’UM-RDA complètent le tableau.

Des résultats qui n’augurent pas de réels changements au sein du Parlement, selon plusieurs analystes politiques. « Le premier constat est que la majorité se maintient. On aurait pu croire que l’opposition, après tant de bruits et de gesticulations, allait tirer beaucoup plus d’avantages de ces législatives, mais elle n’a pas percé. L’URD a tenté de résister, mais il y a d’autres partis qui ont complètement disparu. Ce qui me fait penser que, jusqu’à preuve du contraire, l’Adema originelle tient toujours la dragée haute au plan politique national », relève Salia Samaké, analyste politique.

Pour le politologue Boubacar Bocoum, il aurait été souhaitable qu’il y ait une force qui s’oppose au régime et donne une certaine impulsion pour que les choses aillent dans un autre sens. « Malheureusement, dès lors que le RPM est finissant, les partis qui s’inscrivent dans la logique de l’accompagner sont également vers la sortie. Ils n’ont donc pas d’autres choix que d’accompagner le régime pour que le Président IBK finisse tranquillement son mandat. Dans la configuration globale de l’Assemblée, il n’y aura pas de changement majeur, parce qu’il n’y aura pas de force réelle qui puisse s’opposer à la majorité », déplore-t-il.

Le RPM recule

Le parti présidentiel caracole toujours en tête en termes de nombre de députés élus à l’Assemblée nationale. Mais, comparativement à 2013 où il avait été largement plébiscité dans les différentes circonscriptions et avait obtenu 66 sièges, le RPM est cette fois en net recul, surtout à Bamako. 1 seul siège arraché sur les 14 à pourvoir dans la capitale, contre 9 il y a un peu plus de 6 ans.

Une régression que l’analyste politique et chercheur au CRAPES Ballan Diakité met sur le compte de l’insatisfaction de la majorité du peuple malien vis-à-vis de la gouvernance actuelle, les élections législatives n’étant pas séparées de la gestion politique générale du pays. « Le recul du RPM durant ces législatives peut d’abord s’expliquer par la non satisfaction des citoyens de la gouvernance d’IBK. Dans un deuxième temps, cet échec relatif est aussi dû à l’incapacité du parti à remobiliser ces électeurs. Quand les électeurs ne sont pas mobilisés, il est difficile d’asseoir une victoire écrasante, même si on est le parti au pouvoir », analyse-t-il.

Selon lui, il faut aussi pointer le relâchement du Président de la République lui-même vis-à-vis de sa propre formation politique, dû notamment au fait que son pouvoir tend vers la sortie et  qu’il ne peut constitutionnellement pas briguer de 3ème mandat.

Nouveau rapport de forces?

Pour la formation de la nouvelle majorité à l’Hémicycle, le RPM pourra compter sur certains de ses alliés politiques, au premier rang desquels l’Adema et le MPM. Mais pour les autres partis actuellement membres de la convention de la majorité et signataires de l’Accord politique de gouvernance du 2 mai 2019, rien n’indique qu’ils vont continuer dans cette direction.

Pour les analystes, tout dépendra des capacités des partis ayant des représentants à l’Assemblée nationale à former des groupes parlementaires, mais surtout de leurs stratégies d’alliances ou de coalitions, en fonction d’intérêts politiques pour l’heure non encore définis.

« Pour le moment, tout cela n’est pas encore dévoilé. Mais on sait que dans notre système politique l’Exécutif a toujours une certaine mainmise sur l’Assemblée nationale. Je pense donc que le rapport de forces, s’il doit y en avoir, ne sera pas en défaveur du régime en place », indique Ballan Diakité.

Toutefois, à en croire l’analyste politique Salia Samaké, dans le contexte malien, après les législatives il y a des appétits qui s’aiguisent. Si certains partis politiques aujourd’hui membres de la convention majoritaire qui ont eu un nombre important de députés ne sont pas associés à la gouvernance, il n’est pas exclu qu’ils se démarquent.

« Si cela se passe ainsi, la majorité risque d’être fragilisée. Le RPM va devoir jouer très fin, sur le fil, pour ne pas provoquer cette fragilisation. Il n’a plus la capacité d’en imposer aux autres », pense M. Samaké

« En la matière, le combat risque d’être serré et il va falloir que le parti présidentiel bataille dur pour conserver cette majorité afin de pouvoir travailler. Ce qui, aujourd’hui n’est pas très évident, parce que les uns et les autres, après avoir engagé autant de moyens dans les élections, s’attendent à des retours », ajoute-t-il.

Un point de vue que ne partage pas Boubacar Bocoum, pour lequel, aujourd’hui, tous les partis politiques tournent autour du RPM. Il n’y aura donc pas de réelle démarcation vis-à-vis de ce parti à l’Assemblée nationale.

« Ces partis ont eu peur de s’opposer à l’organisation des élections dans le contexte que nous connaissons, juste pour ne pas que la machine les lâche. Cela veut dire qu’ils vont forcément chercher des équilibres à l’Assemblée. Il n’y a pas d’opposition fondamentale politiquement viable pour le Mali aujourd’hui », avance le politologue.

Réformes enfin effectives ?

Cette 6ème législature est fortement attendue pour l’adoption de différentes réformes institutionnelles et administratives, notamment la révision de la Constitution de 1992 et la relecture de certains paragraphes de l’Accord pour la paix dont l’application est bloquée en partie par la non effectivité des réformes.

Le 1er avril 2019, un comité d’experts chargé de la révision constitutionnelle avait  remis au Président de la République un nouveau projet comportant certaines propositions comme, entre autres, la création d’un Sénat, la redéfinition des rôles du Président de la République et du Premier ministre au sein de l’Exécutif , la mise en place d’une Cour des comptes, conformément au traité de l’UEMOA, ainsi que le réaménagement des attributions, des règles d’organisation et de fonctionnement de la Cour suprême, de la Cour constitutionnelle et de la Haute cour de justice.

Le document prenait également en compte des propositions des précédentes tentatives de révision constitutionnelle, des clauses de l’Accord pour la paix et la réconciliation qui relèvent de la matière constitutionnelle et d’autres aménagements devant être apportés à la Constitution vu l’évolution du contexte institutionnel et juridique du pays.

Ce projet de loi, qui attendait d’être soumis à une Assemblée nationale légitime, le sera donc très certainement dans les prochains mois. Et si son adoption passe à l’Hémicycle, ce qui d’ailleurs ne devrait pas souffrir de contestations majeures, vue sa nouvelle configuration, toujours favorable à la majorité présidentielle, selon les analystes, il reviendra au peuple malien de trancher lors du référendum qui s’ensuivra.

« Même les grandes figures de l’opposition sont d’accord sur le principe des réformes, mais il y a débat sur des questions d’ordres temporel et structurel. C’est donc surtout la position des citoyens qui va être déterminante, pas celle des partis politiques. Tout va dépendre des positions des uns et des autres mais aussi de la dynamique qui sera enclenchée par la société civile », tempère Ballan Diakité.

Mali : Le FSD dresse un tableau sombre du pays

Le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) a tenu ce jeudi à la maison de la presse une conférence de presse sur l’Accord politique de gouvernance, la prorogation du mandat des députés, la révision de la constitution du 25 février 1992 et le dialogue national inclusif. Devant les médias, l’honorable Soumaila Cissé et ses camarades ont fait le tour des sujets brûlants du moment. Le début d’un retour à la charge.

« L’heure est grave !», interpelle dès le début de son discours le président du FSD et chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaila Cissé. Dans une salle pleine de militants et journalistes, l’élu de Niafunké peint un sombre tableau de la situation sécuritaire du pays. Selon lui, « l’actualité s’est accélérée  avec les recompositions politiques qui ont abouti à la formation du gouvernement actuel et surtout, avec une accélération incroyable, des actes des violences qui endeuillent les populations semant le désespoir », dresse-t-il. Le principal conférencier a aussi évoqué le nombre de tués depuis le premier trimestre 2019 établi par le rapport de la MINUSMA.  « Aujourd’hui, l’insécurité a atteint un seuil intolérable  qui menace la survie voire l’existence même de notre pays », s’inquiète le président de l’URD.

Désaccords avec le gouvernement                              

Lors de cette rencontre avec la presse, Soumaila Cissé a tenu à clarifier la position de son regroupement politique sur l’Accord politique de gouvernance signée le 2 mai par certains partis de l’opposition, la Plateforme Ensemble pour le Mali et le gouvernement.  Même s’ils ont participé à son élaboration le document final ne prenait pas en compte les préalables soulignés par le FSD. « Le document a été remplacé par un texte où était purement et simplement  biffé toute la partie relative au « partage de responsabilité », révèle le principal challenger du président IBK en 2013 et 2018. Et de lever toute confusion : « le FSD n’est pas signataire de l’Accord politique de gouvernance ! ».  Il souligne toutefois « que c’est à la  suite du constat de graves périls planant sur la Nation et la nécessité subséquente d’une union sacrée autour du Mali que le FSD a demandé avec insistance, l’instauration d’un « dialogue national inclusif avec toutes les forces politiques et sociales  significatives du Mali … »

Le deuxième sujet qui mobilise les membres du FSD est la prorogation du mandat des députés qu’ils  perçoivent comme « une violation flagrante de la constitution ».  Le conseil des ministres extraordinaire du vendredi 7 juin 2019 a prorogé d’un an le mandat des députés qui prend fin le 30 juin. Pour le FSD, il s’agit là « d’une violation grave de l’Accord politique de gouvernance mais aussi et  surtout  une négation des prérogatives du dialogue politique inclusif », car le dit Accord indiquait que le programme d’action du gouvernement devait être axé autour de « l’organisation de consultations référendaires, des élections législatives, locales et régionales dans les délais convenus lors du dialogue politique inclusif ».  Aussi, pour l’honorable Soumaila Cissé, le constat d’absence de l’avis de la Cour Constitutionnelle est cette fois ci « symptomatique ».

Sur l’autre sujet sensible qu’est la révision de la Constitution, les membres du FSD parlent de la même voix et se réfère à l’article 118 alinéa 3 de la Constitution en vigueur stipulant que « aucune procédure de la révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire. »  Leur demande est formelle. « Il faut d’abord assurer l’intégrité du territoire en libérant Kidal et en le faisant revenir  dans le giron national. »

Mais la discorde entre le pouvoir en place et ces partis et associations de l’opposition tient sur le dialogue national inclusif. La désignation  « unilatérale » par le président de la République des personnalités chargées de conduire le processus du dialogue inclusif ne trouve pas non plus l’adhésion du FSD qui estime que cette décision est contraire à « toutes les mesures d’inclusivité, et de l’esprit des discussions avec le Chef de file de l’opposition politique ».

Pour le président du Mouvement patriotique pour le Renouveau MPR, Choguel Kokala Maiga,  « c’est au vu des graves périls qui pèsent sur notre pays, autrement dit si cette spirale continuait après ce qui s’est passé dans le courant du mois de janvier, février, mars, nous allons nous retrouver avec un Etat totalement effondré et on ne parlera plus ni de l’opposition ni de la majorité. C’est à cause de tout cela que nous avons décidé de laisser tomber tous les éléments de contestation précédente pour nous donner la main avec le chef de l’Etat et faire l’union sacrée des Maliens pour sauver le Mali », explique-t-il.

Enfin, le FSD assure que « la plus urgente mesure de sortie de crise était la tenue indispensable d’un dialogue politique national inclusif, pour permettre à tous les Maliens de se parler afin de sauvegarder l’essentiel, aujourd’hui, dangereusement menacé par une crise multidimensionnelle sans précèdent ».

Motion de censure : Quelles conséquences pour la majorité ?

Des groupes parlementaires membres de la majorité et de l’opposition ont déposé mercredi à l’Assemblée nationale une motion de censure commune  contre le gouvernement de Soumeylou Boubeye Maiga. Le vote devait intervenir après la réaction du gouvernement, dans les  48 heures qui suivaient. Quelles répercussions aura une telle action sur la majorité présidentielle ? 

Les yeux sont désormais rivés vers l’Hémicycle, jusqu’à la fin de la semaine. La motion de censure contre le gouvernement, portée désormais par le Rassemblement pour le Mali (RPM) a été déposée mercredi. Ce veto concocté par ce noyau dur de la majorité présidentielle suscite un grand remue-ménage au sein de l’alliance. Pour acculer le Président, qui refuse de faire partir son Premier ministre, le parti présidentiel comptait bien faire front commun avec le groupe Vigilance républicaine démocratique (VRD), piloté par l’Union pour la République et la Démocratie (URD).  « Je crois qu’il y aura une mise en commun pour faire une interpellation commune.  Ça sera un exercice inédit ici à l’Assemblée, parce que généralement c’est l’opposition seulement qui déposait des motions contre le gouvernement », se réjouissait l’Honorable Bakary Woyo Doumbia, membre de l’URD. Un acte qui semble pourtant surprenant. « On peut comprendre que l’opposition dépose une motion de censure, mais que la majorité le fasse est inédit », estime l’analyste politique Salia Samaké. « Le Premier ministre a été choisi au sein de la majorité. Le Président de la République est le père fondateur du parti qui est majoritaire dans la majorité. Soit le Président a laissé faire cette motion, soit c’est une fronde contre lui », explique l’analyste.

Cette motion intervient dans un contexte où le chef du gouvernement est rejeté par une frange importante de la population, dont beaucoup d’adhérents à certains groupes religieux. Tous mettent en cause sa façon de gouverner. « Une motion intervient lorsque l’on constate l’incapacité du gouvernement à faire fonctionner les institutions, à servir la population. C’est à ce moment qu’il faut donc, sans complaisance, déposer une motion de censure. Et le gouvernement est  remplacé par un autre, plus compétent », se justifie le député de l’URD Bakary Woyo Doumbia.

Dans la recherche d’une ultime solution à cette situation, une délégation du RPM, conduite par le Vice-président de l’Assemblée, l’Honorable Moussa Timbiné, avait rencontré  le mardi 16 avril le président de la République. Il s’agissait de lui « notifier que ce gouvernement avait atteint ses limites ». « Si le Président leur a dit quelque chose qui tient, ils vont revoir leur copie, mais s’il est resté dans la logique de maintenir le Premier ministre, ils  assumeront leurs responsabilités », dit Demba Coulibaly, Vice-président de la jeunesse RPM. « C’est la marche organisée par les religieux le 5 avril qui a le plus compliqué la donne. Il faut aujourd’hui aller avec le peuple », explique-t-il.

Quelles incidences ? 

Pourtant, contre vents et marées, le Président IBK s’accroche encore à son Premier ministre. Et que cette motion soit adoptée ou non, la majorité présidentielle en sortira très affectée. « Il y a des pro et des anti motion de censure au sein  même de la majorité, ce qui crée la division. Mais je pense que les gens seront assez démocrates, car après le vote c’est la majorité qui l’emportera », observe l’honorable Bakary Woyo Doumbia. Certains spéculent même sur une dissolution de l’Assemblée nationale si les députés forcent la main au Président de la République. « On ne peut pas encore prédire les conséquences. Certains disent que le Président pourrait dissoudre l’Assemblée, mais nous ne pensons pas qu’il ira jusqu’à là. Parce que s’il dissout l’Assemblée, avons-nous les moyens financiers d’organiser des élections législatives dans les 40 jours, de Kayes à Taoudeni, dans cette situation d’insécurité ? », s’interroge le Vice-président de la jeunesse du parti présidentiel.

Quoi qu’il en soit, le fossé est déjà creusé entre l’ASMA-CFP, le parti du Premier ministre, et le RPM. « Il y a une probabilité que la majorité souffre de cette situation, car le parti du Premier ministre est important dans l’alliance autour du Président. S’ils vont jusqu’au vote, qu’ils gagnent ou pas, cela leur  donnera à réfléchir », prédit Salia Samaké.

Cadre national de concertation : Toujours viable?

Dans le but de traiter les questions liées aux réformes à venir et pour organiser les élections, le Premier ministre a signé un décret, le 17 janvier, portant création du Cadre national de concertation. Cependant, certains partis politiques, comme l’URD et la CODEM, se sont retirés de l’initiative en attendant la prise en compte de leurs observations. Le cadre sera-t-il vide de sens ?

« Ce cadre de concertation a été initié pour concilier la nécessité de dégager un consensus autour des grandes questions qui concernent la Nation et le temps limité que nous avons devant nous. Normalement, tous les citoyens, à tous les niveaux, doivent être associés pour aboutir aux concertations nationales, mais nous devons aller aux élections législatives au plus tard le 30 juin », justifie au préalable Brahima Coulibaly, conseiller technique au ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation. La première réunion depuis la mise en place de cette nouvelle formule du cadre national de concertation date du 31 janvier. Depuis, plusieurs rencontres se sont tenues pour aborder les questions à l’ordre du jour. Mais, dans une correspondance en date du 1er février, l’URD a adressé ses observations et recommandations sur le cadre national de concertation. Le parti du chef de file de l’opposition réclame un dialogue qui « doit aboutir à un accord permettant le consensus nécessaire sur les réformes institutionnelles et politiques pour une sortie de crise réussie », indique la lettre. « Cet accord politique déterminera les mécanismes de l’organisation d’un large débat national, sincère, global, inclusif, interactif, dynamique et transparent, avec l’ensemble des forces vives de la Nation », poursuit le document. Mais, quelques jours après, la CODEM, parti de l’ancien ministre des Sports, suspend aussi sa participation à ce cadre. Pour le parti de la quenouille, le cadre, « tel que proposé suivant l’arrêté du 17 janvier, dans sa composition, ses missions et son fonctionnement, ne correspond pas aux attentes de notre peuple ». La CODEM estime qu’il « n’obéit pas aux conditions d’inclusivité pour traiter des grandes questions qui assaillent notre Nation », dit le communiqué.

Pour donner suite à certaines de ces observations, le ministère en charge de la question a pris en début de semaine des nouvelles mesures. « Le ministre a pris  une nouvelle décision, dans laquelle le  cadre va être ouvert à tous les partis politiques, sans distinction, à toutes les organisations de la société civile et à tous les mouvements signataires de l’Accord. Tout cela pour qu’on soit d’accord sur ce qu’on va faire sur la Constitution, le découpage territorial, les élections des députés, celles des sénateurs, etc. », informe le conseiller technique du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation.

Un cadre vital

La volonté de réussir les réformes à venir et les enjeux du moment obligent le gouvernement à prôner le consensus. Une convergence de toutes les forces vives est nécessaire pour maintenir l’équilibre national. « Au départ, on avait dit qu’il fallait représenter les partis politiques en fonction de leur poids, mais aujourd’hui, même si vous êtes seul dans votre parti vous pourrez venir. Il y aura deux instances. D’abord une pour les formations politiques, qui regroupe les présidents des partis qui donneront les grandes orientations sur toutes ces questions. Ensuite il y aura la commission technique, composée des experts du ministère de l’Administration territoriale et des départements  ministériels concernés », détaille Brahima Coulibaly.  Selon lui, la tenue des  élections législatives avant fin juin, conformément à la loi électorale, est indispensable. Mais pour l’heure, le chargé de communication de l’URD, Me Demba Traoré, dit s’en tenir à leur lettre d’observations et de recommandations. « S’il y a des actes officiels qui sont pris, on va les analyser, mais pour l’instant c’est le status quo. On s’en tient à tout ce qu’on a développé dans la lettre », fait-il brièvement savoir. « Dans tous les cas, si l’opposition ne vient pas, il y aura un goût d’inachevé, mais la démocratie, c’est la loi de la majorité. Nous nous sommes engagés à mener toutes ces réformes et en même temps il y a la communauté internationale qui nous regarde », explique le conseiller technique.