(Défis de 2019 – 1/7) Sécurité : Briser la spirale des violences

Six ans après le début de la crise au Mali, la situation sécuritaire reste préoccupante. L’insécurité au centre s’est embrasée depuis quelques années, au point de faire de l’ombre au nord, qui a pourtant été sous le joug djihadiste. Outre le terrorisme, les conflits communautaires et le banditisme ont détérioré la situation jusque dans des zones encore épargnées. Les autorités sont à la manœuvre pour résoudre les problèmes.   

37 morts. Des blessés et des habitations incendiées à Koulogon, cercle de Bankass, dans la région de Mopti. Le massacre a été perpétré le 1er janvier 2019, jour de l’An, sur des civils peuls, par « des hommes armés habillés en tenue de chasseurs traditionnels dozo », selon le gouvernement. Épicentre de la violence depuis 2015, la région de Mopti est devenue le point névralgique de toutes les tensions communautaires. Selon les Nations Unies, en 2018 elles ont coûté la vie à plus de  500 civils. Plus tôt en décembre, 49 civils de la communauté Daoussahak avaient été assassinés à l’est de Ménaka. Les victimes s’accumulent et il est difficile d’avoir une compilation précise. Contredisant les ONG et l’ONU, le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maiga, assure que le gouvernement n’a enregistré que 203 victimes de violences.

Les persécutions continues des groupes terroristes se transposent désormais au sud-est du pays, dans la région de Koulikoro. Une vingtaines d’écoles ont été fermées en novembre sous la menace djihadiste. Le chef du gouvernement multiplie les tournées, aussi bien au nord qu’au centre, pour stabiliser la situation. Mais sa volonté est mise à l’épreuve par les violences, tantôt de groupes terroristes, tantôt de milices locales. « Lorsqu’on regarde la cartographie sécuritaire dans le contexte malien, on s’aperçoit que les raisons profondes de l’insécurité ne sont pas suffisamment questionnées à certains égards. Qu’on soit à Tombouctou, à Ménaka ou à Mopti, il est important de se questionner sur la manière dont l’État central arrive à trancher les crises entre les populations », affirme Aly Tounkara, sociologue et enseignant – chercheur à l’université des Lettres et des sciences humaines de Bamako.  « Quand une partie de la population a le sentiment qu’elle est lésée dans ses droits fondamentaux, que la justice n’est pas rendue de façon équitable, elle finisse par légitimiter le recours à la violence », poursuit-il.

La tuerie de trop ?

« Koulongo est une tragédie. Je pense que cela doit cesser. Et, étant à Koulongo,  j’ai une pensée très profonde également pour nos parents de Ménaka. Ils ont souffert et ont été violentés (…). Le cycle infernal doit s’arrêter et il faut que le Mali se dédie de nouveau à sa seule mission de paix et de développement… », a témoigné dès son retour de Bankass le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita. Car la tuerie de Koulongo a mis en émoi tout le pays. Le déplacement du Président sur les lieux du désastre a été salué aussi bien par les rescapés que par les responsables de diverses associations. « Nous avons pris acte de cette visite. C’est déjà un pas, mais nous restons dubitatifs sur le contenu, car nous pensions qu’il allait agir plus fort parce qu’il a vu ce qui s’est passé et que cela n’a rien avoir avec la lutte contre  le terrorisme », déplore Abderrahmane Diallo, secrétaire administratif de l’association Tabital Pullaku. Selon lui, il y a des amalgames qui pèsent depuis longtemps sur la communauté peule qu’il urge de lever. « Nous avons toujours demandé que le Président parle sur cette question du centre. Qu’il dise ouvertement, comme il l’a fait avec nos parents touareg, que tout Peul n’est pas djihadiste et que tout djihadiste n’est pas Peul, qu’on ne s’en prenne pas aux civils, mais il ne l’a jamais fait », regrette-t-il, inquiet.

Depuis le début de la crise, en 2012, jamais la situation socio-sécuritaire n’a été aussi préoccupante. Les différentes dénonciations de responsables de la communauté peule alertent sur l’urgence d’une solution adéquate. Ils  n’hésitent plus à dénoncer la complicité de l’État dans ce qu’ils qualifient « d’épuration ethnique ». Pour Abderrahmane Diallo, l’attaque de Koulogon constitue un évènement   « malheureux » de plus. « La milice Dana Ambassagou est connue du gouvernement et ils travaillent de concert. Elle a un récépissé délivré par le préfet de Bandiagara. C’est un permis de tuer », se plaint-il. Le gouvernement, de son côté, a toujours rejeté toute connivence avec ce groupe d’autodéfense dit de « dozos ».  Des arguments qui ne le convainquent point, face à la persistance des accusations et à la force de frappe « des chasseurs ». « Ils ne se sont jamais attaqués à des terroristes, toujours à des civils. Ils veulent chasser les Peuls de tout le Seno, c’est-à-dire des cercles de Douentza, Bankass, Koro et Bandiagara », soutient le secrétaire administratif de Tabital Pulaku.

Dans un communiqué, le groupe d’autodéfense s’est défendu d’avoir commis ces crimes horribles et dit n’être « impliqué ni de loin ni de près dans cette action visant à déstabiliser le pays ». Le retour à la normale semble dépendre d’une prise de mesures nouvelles et du rétablissement de l’État auprès des citoyens. En attendant,  c’est « la raison du plus fort qui est la meilleure » dans toutes ces zones, livrées à elles-mêmes. « La sécurité des populations  incombe à l’État et c’est à lui de prendre ses responsabilités. Aujourd’hui, le problème d’insécurité ne concerne pas seulement  le pays dogon. Même à Youwarou, Tenenkou, Djenné et jusqu’au Burkina Faso, c’est la même chose. C’est le gouvernement qui doit prendre les mesures qui s’imposent », dit Mamadou Goudienkilé, président de la coordination nationale de Dana Ambassagou.

Changer de regard ?

Aussi bien au nord qu’au centre, les révoltes trouvent leurs germes dans l’abandon prolongé de l’État et l’absence de justice. Face aux vides, les communautés se replient sur elles-mêmes pour assurer leur sécurité, une mission dévolue uniquement à l’État mais qu’il peine à assurer.

« Au-delà du règne de l’injustice, par exemple à Gao, à Tombouctou ou à Ménaka, il y a dans le centre du Mali des clichés qui traversent les  communautés. Quand on demande aux Dogons ce qu’ils pensent des Peuls, et vice-versa, vous verrez que pour les Dogons les Peuls les sous-estiment et que les Peuls pensent que les Dogons veulent les exterminer parce qu’ils sont des étrangers », diagnostique le sociologue Aly Tounkara. Des dimensions sociologiques qui entrent en jeu dans les antagonismes actuels. « Les réponses exclusivement militaires ont des limites évidentes. En aucun cas elles ne peuvent aider les populations à retrouver une paix durable, car elles ne s’intéressent pas du tout à ces dimensions sociologiques », argumente-t-il.

Quelles mesures ?

La sécurité et le retour de la paix demeurent des priorités du gouvernement, malgré la dégradation de la situation sur le terrain. Pour l’année 2019, les autorités prévoient des mesures sécuritaires supplémentaires partout sur le territoire. Après l’annonce  par le Premier ministre, mi-décembre, du déploiement à Tombouctou de 350 éléments des forces de sécurité et de 300 autres à Gao, le chef du gouvernement, interpellé par les députés sur la situation au centre, s’est voulu rassurant. « Nous allons accroitre les moyens mis à la disposition de nos forces, y compris sur le fleuve, pour assurer la sécurité des populations en ayant plus de mobilité et d’efficacité (…). Nous allons renforcer la présence administrative de l’État, l’administration de la justice et continuer l’opération du désarmement jusqu’à la fin du mois de janvier », a répondu Soumeylou Boubeye Maiga. 600 éléments des forces de sécurité seront recrutés à Mopti, de même qu’à Ségou, et un quota sera accordé aux régions de Sikasso, Kayes, Koulikoro et au District de Bamako. Les ripostes militaires sont pour le gouvernement indispensables, car appelant les acteurs impliqués dans les violences à faire le choix de la paix ou celui d’être combattu. Un choix apparemment simple, mais qui soulève des réticences. « Les gens continuent de se cramponner au référent communautaire ou géographique parce qu’ils n’ont pas trouvé d’acteur qui puisse les protéger. Les fonctions régaliennes que l’État est censé remplir sont assurées par les communautés elles-mêmes, d’où l’idée d’indépendance ou de rejet de l’État », explique le sociologue Aly Tounkara.

 

 

Cet article à été publié dans le journal du Mali l’Hebdo (N°196) du 10 janvier 2019

Faculté de droit privé: Affrontement sanglant entre étudiants

C’est en pleine évaluation que les étudiants et le personnel de la FDPRI ont été surpris par des coups de feu ce 16 octobre 2018 dans l’enceinte de la dite faculté. 9 blessés dont 8 étudiants et un vendeur de livre, c’est le bilan de ces affrontements qui ont visiblement opposé deux camps rivaux du bureau de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM) de cette faculté.

Alertés par les coups de feu depuis leurs bureaux, les membres de l’administration scolaire ont appelé la police et tenté de rassurer les étudiants. Il s’agit selon le Docteur Issiaka Coulibaly, secrétaire principal de la FDPRI d’un « duel entre le secrétaire général de l’AEEM et son adjoint ». Une querelle de leadership qui n’en est malheureusement pas à sa première manifestation. Les 9 personnes blessées l’ont été par balles et par machettes.

Ce 17 octobre le calme est revenu à la faculté et les évaluations ont repris, selon le docteur Coulibaly. Le secrétaire principal de la FDPRI qui déplore ces violences, indique que l’administration de sa faculté a « fait un rapport adressé au rectorat et discuté avec les membres de l’AEEM ». Ce qui a permis une reprise des examens qui continueront jusqu’au vendredi pour compenser la première journée qui a été perturbée par ces violences. Le responsable espère qu’ils « seront sécurisés, parce qu’après les coups de feu plusieurs personnes étaient dans la psychose ».

Parmi les blessés, 2 étaient dans un état sérieux et les autres avaient reçu les premiers soins, selon le secrétaire principal de la FDPRI. Ces scènes de violences traumatisantes pour les étudiants et le personnel, sont malheureusement récurrentes et appellent à des mesures efficaces.  Après l’intervention de la police et quelques arrestations, des enquêtes sont actuellement en cours pour situer les responsabilités.

Aides ménagères: Les indispensables

Elles viennent souvent de l’intérieur du Mali, pour certaines de manière saisonnière et pour les autres pour de nombreuses années. En majeure partie elles sont originaires des régions du Centres du pays, Ségou et Mopti. Leur principale motivation pour quitter leurs villages et leurs familles et se rendre à la capitale ? Constituer par leur travail leur futur trousseau de mariage.

Elles s’appellent Fatoumata, Ramata, Mariam, Kadidia, Minata, Nani. Elles sont les aides ménagères de ces dames des villes, qui en sont fort dépendantes, occupées toute la journée par leurs activités professionnelles. Le rêve urbain de ces jeunes (souvent très ou trop jeunes d’ailleurs) filles : récolter le montant nécessaire à l’acquisition de leur trousseau de mariage à la sueur de son front. Une ambition qui vide les campagnes maliennes de leurs bras pour remplir les villes de ces « invisibles », oh combien indispensables. Car ces Nyeleni des temps modernes sauvent bien de foyers !

Il n’est que de se rappeler la célèbre pièce Bougouniéré, qui retrace la trajectoire des aides ménagères, les « 52 », en insistant sur le caractère ambivalent du rapport interpersonnel entre la « Patronne » et sa « Bonne ». Elle est un miroir incisif des  conditions de vie de ces filles de la campagne dans l’espace urbain.

Femmes d’intérieur victimes d’abus Ce sont en effet les aides ménagères qui organisent la vie quotidienne dans nombre de foyers. Premières à se lever et dernières à se coucher, elles sont « la colonie de fourmis » qui fait tenir la famille quand les activités professionnelles des deux parents les amène à être hors de leur domicile la plupart du temps. Car la femme active délègue l’entretien de sa maisonnée à son « assistante casseroles », qui, en parfaite multitâches, s’emploie à s’occuper des enfants, de la cuisine, de la lessive et du ménage, sans oublier « les petites courses » de la maison. Dans  certaines familles aisées, elles se retrouvent à deux ou trois, chacune avec un rôle bien imparti de lavandière, de nounou ou de cuisinière. Les contrats entre les parties s’instaurent en toute illégalité, car ils sont tacites et verbaux dans 90% des cas. Le Code du travail, stipule que chaque employé devrait percevoir au minimum le SMIC, qui, majoré récemment, s’élève à 40 000 francs CFA mensuels, est superbement ignoré.

Ainsi, sans aucune sécurité, les aides ménagères, qui pour beaucoup n’ont qu’entre 11 et 16 ans, se découvrent dans une ville machine, qui les broie. Vu la fragilité de leur statut, les abus sur elles, nombreux, ont souvent des conséquences terribles sur leur vie future. Si la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour ces « Fatou », depuis 2011, pour les aider, s’est créée l’ADDAD, l’Association des défenses des aides ménagères et domestiques. Elle œuvre dans la protection de ces aventurières en exode rural et est représentée dans toutes les communes de Bamako. L’ADDAD les aide notamment dans leurs démarches administratives au commissariat et au tribunal contre les patrons et patronnes inhumains, mauvais payeurs ou pas payeurs du tout et abuseurs dans certains cas.

Alors qu’en Occident les robots (lave-linge, lave-vaisselle, aspirateur) ont soulagé l’humain et que son organisation familiale ne tourne plus autour de l’indispensable présence d’une ou deux personnes, la famille urbaine malienne est hyper dépendante des aides ménagères, qui sont ses pieds et ses mains. Ce sont pourtant de véritables amazones quand on retient de leur parcours la volonté de ne « pas se faire raconter la vie en ville » et surtout de prouver fièrement à leurs familles et futures belles-familles qu’elles sont entreprenantes et autonomes.

 

Djingarey Maïga : « Une loi sur les violences doit couvrir les femmes, les hommes et les enfants »

Les 20 et 21 décembre, se tenaient un atelier d’information sur l’avant-projet de loi sur les violences basées sur le genre, au Centre National d’Information et de Documentation sur la Femme et l’Enfant (CNDIFE). Djingarey Maïga, coordinatrice de l’association Femmes et Droits Humains nous donne plus d’informations sur ce problème de société.

Journal du Mali : Dans quelles circonstances cet avant-projet de loi arrive ?

Djingarey Maïga : C‘est un processus qui a duré, au moins, deux ans. L’avant-projet de loi a été élaboré par la participation des organisations des femmes, des Droits de l’Homme et l’appui technique des ministères de la Justice, de la Sécurité, de la Promotion de la femme, le programme national des luttes contre l’excision et la MINUSMA et ONU Femmes qui avait accordé un financement à l’ONG « Accord International ». L’avant-projet de loi a été déposé au niveau du ministère de la Promotion de la Femme qui est porteur de cette loi. C’est ce même ministère qui doit amener cet avant-projet de loi à l’Assemblée nationale.

Est-ce qu’il y a des dispositifs qui protègent les victimes des violences basées sur le genre ?

Au Mali, nous n’avons pas encore de loi sur les violences basées sur le genre et sur les violences faites aux femmes. Nous avons constaté qu’avoir une loi sur les violences basées sur le genre doit couvrir les femmes, les hommes et les enfants. Il y a aussi des hommes et des enfants qui font face à des types de violences. Dans l’avant-projet de loi, il y a des violences qui sont prises en compte par le Code pénal, mais avec les occupations dans le nord du pays, nous avons remarqué qu’il y a des violences que le Code pénal n’avait pas prévu. Dans la vie de tous les jours, nous avons, également, vu que les victimes font face à des violences de plus en plus violentes que l’on n’avait pas connues au Mali, avant 2012, et qui sont vécues par de nombreuses personnes. Nous nous sommes attachés à prendre en compte des instruments juridiques au niveau national, par exemple la Constitution, mais aussi les lois et les politiques nationales telles que la loi sur la santé de la reproduction, sur le VIH/Sida, la politique nationale genre en plus des instruments juridiques.

On pense souvent aux femmes lorsqu’il s’agit de violence, mais on pense très peu aux hommes. Quelles sont les violences auxquelles ils sont confrontés ?

Ce que l’on appelle les violences domestiques, il y a des hommes qui en subissent. Certains subissent d’autres sévices tels que les viols. Nous avons constaté qu’il y a de plus en plus d’hommes et de jeunes garçons qui sont violés, par des hommes en général. Même si les gens ne sont pas dans les assistances juridiques au niveau des tribunaux, nous savons cela. 

Êtes-vous en mesure de nous communiquer des chiffres ? 

Nous, en tant qu’organisation des femmes en tant qu’organisation des droits de l’Homme, chacun travaille de son côté et chacun dispose de ses chiffres. Au niveau de notre organisation, nous avons mené une réflexion et nous nous demandons si l’on ne doit pas prendre une organisation et en faire la base pour que nous puissions nous mettre ensemble afin de nous compléter pour avoir des chiffres propres au cas du Mali. Au niveau de la société civile, si l’on pouvait prendre une organisation qui enregistre tous les cas chaque année ou chaque trimestre pour que nous puissions arriver à une statistique qui répondrait vraiment aux cas que nous recevons au niveau de nos organisations respectives.

Existe-t-il des structures qui viennent en aide aux victimes maliennes ?

Oui, il y en a tellement. Mais, avec les événements de 2012, il y a un groupe d’organisations qui s’est mis en place pour la défense des victimes, donc, il y a la clinique juridique Deme-So,le WILDAF lAPDF, l’AMDH et d’autres organisations des droits de l’Homme du Mali. Ces structures travaillent pour faire en sorte que les victimes puissent jouir de leurs droits et lutter contre l’impunité de ces cas.

Les victimes qui portent plainte parviennent-elles à avoir gain de cause ? 

Ce n’est pas tout le temps le cas, car la plupart des nouveaux types de violences ne sont pas pris en compte dans le Code pénal et parfois, il est même difficile pour la juridiction de bien stationner ou sanctionner comme le juge le voudrait bien. Cela s’explique par le fait que ces violences d’un nouveau genre ne sont pas répertoriées par nos lois. Il faut reconnaître que parfois la justice elle-même fait face à des contraintes. Par exemple, quand un cas de violence domestique est présenté à la justice, en général, quand le cas est en train d’aboutir, c’est en ce moment que le chef religieux, le chef de famille ou le chef de quartier va intervenir. C’est dans nos mœurs de demander l’abandon de poursuite surtout quand un représentant vient en tant que médiateur. Parfois, il est difficile pour le juge de pointer les cas comme il le voudrait.

Le JUPREC : activiste pour la cause des femmes

Entre le 25 novembre et le 10 décembre 2017, le projet JUPREC (Justice, Prévention, Réconciliation) issu du consortium constitué par « Avocats sans Frontières », l’École nationale d’administration publique du Canada et le CECI a mené 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre. Des rencontres d’échange, des débats pour sensibiliser les communautés sur le danger que représentent ces violences.

Ces deux dates symboliques marquent pour la première, la journée de lutte contre les violences basées sur le genre et la seconde la déclaration universelle des droits de l’Homme. Des dates choisies par les responsables du projet JUPREC pour mettre l’accent sur le lien entre ces violences et les droits de l’Homme. Car, « ces violences constituent effectivement des violations de droit de l’Homme », selon Madame  Maïmouna Dioncounda Dembélé, responsable Violence basée sur le genre du projet JUPREC.

L’objectif de ces 16 jours d’activisme est de permettre une large sensibilisation du public et surtout au projet de « redoubler d’effort dans nos actions de mobilisation pour justement faire le maximum de bruit sur les questions de violence basées sur le genre. Pour que cela ne soit plus tabou. Il faut pouvoir en parler sur la place publique afin que les communautés reconnaissent que ces actes de violences existent et qu’elles ont des conséquences sur les foyers. » Une prise de conscience qui aura pour effet de faire partager la conviction que « les hommes et les femmes sont différents, mais égaux », note Madame Dembélé.

Impliquer les communautés

Parmi les stratégies qu’il utilise pour atteindre le maximum de personnes, le JUPREC organise des discussions éducatives dans les communautés afin de prévenir les violences basées sur le genre.  Elles sont complétées par des séances de renforcement des capacités des acteurs de la justice.

L’assistance juridique et judiciaire est, aussi, octroyée pour lutter contre l’impunité qui constitue, selon les responsables du projet, l’une des causes de la perpétuation de ces violences. Pour atteindre ses résultats, le projet procède également au partage de bonnes pratiques à l’issue des causeries. Mis en œuvre depuis 2014, le projet JUPREC a sensibilisé les communautés et les leaders religieux sur les enjeux et les conséquences des violences basées sur le genre et sur « le besoin d’un rapport égalitaire entre homme et femme comme des sujets de droits à respecter. » Au total dans six régions du Mali (Bamako, Sikasso, Ségou, Tombouctou, Gao et Kidal), 40 jeunes des organisations de la société civile ont été formés, 36 débats éducatives, quatre conférences publiques, une soirée culturelle et trois compétitions de football ont eu lieu.

MPV-Mali, le bouclier des journalistes

Le métier de journaliste comprend des risques et les disparitions de professionnels du secteur, à travers le monde, font la Une de l’actualité. Après le décès des deux journalistes Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le journaliste malien Birama Touré est porté disparu depuis janvier 2016 en faisant son métier. Le Mouvement de Protection de la Presse contre les Violences (MPV-Mali) tend à instaurer un cadre de sécurité aux journalistes et estime que la liberté d’expression est en danger. Boubacar Yalkoué, directeur de publication du journal Le Pays, en est le président. Il nous parle des défis qui attendent son mouvement.

Journal du Mali : Quels sont les constats des risques liés au métier ?

Boubacar Yalkoué : Les constats que nous avons faits, c’est que nous voyons que sur le terrain, au quotidien, les journalistes se plaignent de comportements venant de l’extérieur. Nous avons, aussi, remarquer qu’en cas de problème il n’y a pas de solidarité entre les journalistes. Depuis de nombreuses années, nous avons des confrères qui subissent certaines intimidations, agressions et même des menaces de mort. Après de nombreuses discussions avec d’autres confrères, nous avons décidé de mettre en place ce mouvement et de voir comment nous pouvons faire pour faire face à ces menaces qui deviennent, aujourd’hui, de plus en plus courantes.

Comment expliquez-vous ce manque de solidarité de la part des personnes du métier ?

Ce manque d’entraide est dû à des questions d’intérêts personnels. Même quand vous voyez au niveau des associations, il y a ce même genre de problème. Ce manque de solidarité ne donne pas une bonne vision de la presse. On peut ne pas être d’accord avec un journaliste, mais cela ne doit, en aucun, cas permettre d’abattre ton confrère au profit d’une autre personne. C’est pourquoi nous avons parlé de mouvement. Ce n’est pas une question association ou d’organe, mais d’individus, car l’adhésion est individuelle. Nous avons des journalistes de presse écrite, de radio et de télévision et même des membres issus des médias publics. D’ailleurs, certains confrères de l’ORTM se sont joints spontanément à nous lors du lancement. 

Quels sont les combats que vous allez mener à travers ce mouvement ?

Nous n’avons aucunes nouvelles de notre confrère Birama Touré, enlevé depuis un an. Une enquête a été ouverte, mais jusqu’à présent, nous n’avons aucunes nouvelles de lui. Nous jugeons cela inadmissible. Au niveau de presse, il y a eu des actions dispersées. Nous devons faire en sorte que la corporation puisse travailler main dans la main dans ce genre de cas. Nous avons approché la famille de notre confrère disparu M. Touré afin de conjuguer nos efforts pour le retrouver. Aujourd’hui, le cas Touré, est notre première mission. Nous sommes en discussion avec des organisations des droits de l’Homme et des organisation pour la protection des journalistes. 

Prévoyez-vous d’autres missions, par exemple, expliquer aux Maliens ce qu’est le métier de journaliste, redorer le blason de la profession qui est mise à mal dans le pays ?

Oui, bien sûr, cela fait aussi partie de nos objectifs. Nous sommes confrontés à beaucoup de difficultés dont nous-mêmes journalistes sommes responsables. Nous travaillons afin que nous puissions vivre de notre métier, que le journaliste respecte l’éthique et la déontologie dans le traitement de l’information. Notre première mission est de nous protéger, tant que cela ne sera pas fait, nous ne serons pas stables et en mesure de poursuivre les travaux que nous souhaitons réaliser. Nous allons initier des formations et d’autres programmes pour permettre aux journalistes maliens d’avoir des lignes directives pour aborder d’autres combats. Nous ferons en sorte de redorer l’image de la profession au Mali, il ne faudrait pas que l’on se voile la face, il y a beaucoup de choses inadmissibles qui se produisent. Nous devons avoir des antennes au niveau des régions pour nous puissions connaître les difficultés rencontrées par tous les journalistes du pays. 

 

 

Mali: la violence faite aux femmes coûte 6.2 mrds $ par an

Une lourde facture qui provient en majeure partie de violences cachées, et non des violences visibles qui occupent le devant de la scène médiatique. Les conflits armés sévissent depuis trop longtemps dans beaucoup trop de régions, comme la Syrie ou le Soudan, et sont dévastateurs pour les populations concernées. Des économistes ont analysé les coûts des conflits armés, incluant le taux de décès dus aux guerres civiles, aux guerres régulières et au terrorisme, mais aussi le coût des réfugiés et l’impact négatif des conflits sur le long terme sur la croissance économique des pays concernés. Bien que ces coûts soient élevés dans les régions particulièrement sensibles, leur impact économique global est relativement faible – avec un coût total de 0.2% du PIB mondial. Par contre, d’autres formes de violence engendrent des impacts plus conséquents et méritent à  juste titre que la communauté internationale leur accorde plus d’attention. Tels sont les arguments avancés par James Fearon et Anke Hoeffler dans leur rapport sur les recherches qu’ils ont effectuées pour le Copenhagen Consensus. Prenons en exemple la triste réalité de la criminalité : le taux de décès par homicide volontaire est 9 fois supérieur à  celui d’un champ de bataille d’une guerre civile. Le coût total de la criminalité, incluant les homicides mais aussi les agressions et le sentiment d’insécurité qui en découle, s’élève à  plus de 1.4% du PIB mondial. En Afrique subsaharienne o๠le taux de criminalité est plus élevé, ce coût atteint presque 4% du PIB régional – soit environ 86 milliards de dollars. On notera que ce taux n’exprime pas une perte directe, il se réfère aux avantages économiques dont bénéficierait la région si ces actes criminelles pouvaient être éviter – avantages qui équivalent à  une amélioration de 4% du niveau de vie des citoyens. Cela étant, même la criminalité ne représente qu’une petite partie de la violence dans le monde. Les impacts les plus dévastateurs de la violence sont issus de deux problèmes souvent ignorés, auxquels nous devons consacrer plus d’attention comme le démontre cette analyse économique. 125 millions d’enfants en Afrique subsaharienne maltraités Le premier est la violence infligée aux enfants : un grand nombre d’enfants subissent des méthodes éducatives très violentes à  travers le monde. Si plupart des parents appliquent des approches non-violentes comme l’explication des conséquences d’un mauvais comportement et la perte de privilèges, la prévalence des maltraitances qualifiées par l’ONU de châtiments corporels grave reste élevée – touchant chaque mois 15% des enfants dans le monde. Ces maltraitances consistent à  frapper l’enfant sur le visage, les oreilles ou la tête, voire à  le battre avec force avec un outil et à  plusieurs reprises pour 4% d’entre eux. 290 millions d’enfants, dont 125 millions en Afrique subsaharienne, subissent chaque mois ce type de maltraitance. Cette analyse économique a montré que le coût global de ce type de maltraitance s’élève 3.5 billions de dollars par an – dont 4 milliards de dollars pour le Mali. Ces chiffres regroupent le coût des interventions des services de protection de l’enfance et la perte de gains professionnels futurs chez les enfants maltraités. Pour autant, les coûts les plus importants en matière de violence proviennent des violences perpétrées sur les femmes – qui se manifestent sous plusieurs formes, y compris l’infanticide féminin, la mutilation génitale féminine (l’excision) et l’incitation des veuves au suicide. Toutefois, le coût le plus important est dû à  la violence conjugale qui se traduit par des gifles, des coups, des strangulations, des brutalités, des brûlures intentionnelles et des abus sexuels. Cette forme de violence a affectée l’an dernier plus de 28% des femmes subsahariennes. 6.2 milliards de dollars, coût social des violences domestiques au Mali Le coût global des violences faites aux femmes s’élève à  4.4 billions de dollars par an – dont 2.2 milliards rien que pour le Mali. Additionné au coût de la violence contre les enfants, cela porte le coût social des violences domestiques au Mali à  6.2 milliards de dollars par an. Dans le but de déterminer les meilleures cibles sur lesquelles le monde doit concentrer ses efforts, l’ONU et la communauté internationale essaient de répondre à  la question : Quel genre de monde souhaitez-vous pour 2030? C’’est pourquoi nous avions initié au sein de notre cellule de réflexion, le Copenhagen Consensus, avec le concours de nombreux économistes éminents, un étude sur les coûts et les bénéfices économiques, sociaux, et environnementaux des diverses cibles proposées, allant de la santé, l’alimentation et l’éducation à  la question épineuse de la violence. Ces études ont montré que nous pouvons réduire la prévalence des guerres civiles avec un déploiement plus effectif des forces de maintien de la paix. Malgré un coût relativement élevé, cela pourrait aider à  la prévention de futures guerres civiles – et produire 2 à  7 dollars de bénéfices pour chaque dollar dépensé. Toujours selon ces analyses, un changement des lois sur l’alcool pourrait réduire partiellement la prévalence des agressions : pour exemple, l’application en Grande Bretagne de tels changements a réduit le taux d’agressions à  tel point que les bénéfices ont dépassé les coûts à  raison de 17 dollars pour un dollar dépensé. Renforcer les services sociaux Dans le but de réduire la violence contre les femmes et les filles, un programme appelé “SASA !” (“Maintenant !” en kiswahili) a été lancé en Ouganda pour sensibiliser la population sur le caractère inadmissible de la violence conjugale – ce qui a permis de réduire de moitié ce phénomène dans le pays. Bien que ce programme semble être une excellente idée, nous ne disposons pas pour l’instant de l’analyse permettant d’établir les bénéfices d’une telle initiative pour un dollar dépensé. Autrement, le renforcement des services sociaux pourrait aider à  la réduction de la violence contre les enfants. Des études menées dans l’état de Washington ont montré que les programmes de visites à  domicile peuvent réduire le taux de maltraitance des enfants et par conséquent, réduire les dépenses liées aux services de protection de l’enfance et aux éventuels procès, mais aussi les coûts liés aux impacts de telles actes sur la santé physique et psychique des enfants, et leur qualité de vie. Ce genre d’initiative pourrait produire un bénéfice de 13 à  14 dollars pour chaque dollar dépensé. Nous devons actuellement entamer des discussions sur les cibles que nous devons fixer pour la communauté mondiale. Connaà®tre les coûts et les bénéfices de la lutte contre la violence constitue une pièce importante du puzzle.

Edito : Fin du cessez-le-feu

Bamba, une localité du cercle de Bourem, o๠des éléments armés ont perturbé la quiétude des populations par des actes de banditisme, il y une dizaine de jours. L’axe Ansongo-Ménaka, o๠un engin explosif a explosé lors du passage d’un véhicule transportant des troupes du contingent du Niger de la Minusma dans la région de Gao le dimanche 4 janvier 2015. Cette dernière attaque a fait six blessés, dont trois avec des blessures graves. Il faut aussi mentionner les cibles vivantes que représentent désormais les autorités locales, comme si la mort de l’Aménokal de Kidal en fin d’année dernière avait fait sauter tous les verrous d’apaisement. Ainsi a t’on appris la mort du maire d’Amderaboukane Ayroudeni Ag Hamatou tombé dans un piège. Un acte qu’a vivement condamné le gouvernement du Mali. Alors qu’il s’acheminait de Ménaka vers sa commune, le véhicule du maire est tombé jeudi 1er janvier dans une embuscade d’hommes armés supposés être du Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’ouest (MUJAO, le groupe islamiste qui a occupé Gao en 2012). Elle lui coûtera la vie ainsi qu’à  l’un de ses neveux. Face à  tout cela, la Mission de l’ONU au Mali (MINUSMA) a dénoncé une recrudescence de violences dans les régions de Gao et Tombouctou et exprimé son inquiétude face à  cette évolution dans le nord du Mali. Du reste, il n’y a toujours pas de date précise quant à  la reprise des négociations inter-maliennes de paix. Qui semblent-ils risquent de ne reprendre qu’à  la fin Janvier. D’ici là , ne faut-il pas craindre une multiplication des attaques qui ont déjà  mis à  mal le fragile cessez-le-feu ?

Oumou Sall Seck : « Kidal, le chemin sera long et semé d’embûches »

Aujourd’hui, je vous livre ma modeste opinion, suite aux événements dramatiques et sanglants qui se sont déroulés le 17 mai 2014, dans le cadre de la venue à  Kidal du Premier Ministre, Moussa Mara. Tout d’abord, je salue l’engagement et la détermination du Chef de Gouvernement, qui, courageusement, n’a pas hésité à  faire atterrir son avion sur la piste de Kidal, dans les pires conditions de sécurité et d’incertitude. Je le félicite pour cette audace qui lui a permis de constater ce qui se passe exactement à  Kidal, d’aller à  la rencontre des partenaires militaires, d’analyser la situation, de tirer la leçon de ce qui s’impose face à  la réalité de Kidal. Ce contact direct avec le terrain, aussi violent soit-il, lui permettra de prendre des décisions qui contribueront à  apaiser le climat belliqueux qui règne dans la ville. Sa venue lui a aussi permis de découvrir, et avec lui les Maliens et le monde entier, que tous ceux qui se disaient représentants de la population et décideurs ne le sont pas. Il est temps que le Premier Ministre tienne compte des réalités qui convergent vers des pistes conduisant, rapidement, efficacement et en toute transparence, vers un début de négociations pour retrouver la paix et la souveraineté de l’à‰tat sur l’ensemble du territoire. Les Forces armées maliennes doivent être repositionnées sur Kidal et disposer d’installation et d’équipements dignes de ce nom. Son encadrement doit être confié à  des officiers de terrain, au comportement irréprochable, tel que Keba Sangaré. Quant au Général Gamou, aussi compétent et respectable soit-il, je suis convaincue que tant qu’il sera présent à  Gao ou à  Kidal, il n’y aura pas de paix possible et qu’il devrait être plutôt muté sur Tombouctou. Il parait indispensable de mettre en place, pour la région de Kidal un conseil de la paix composé de personnes ressources incontournables pour leur connaissance des spécificités et de l’Histoire du Cercle de Kidal, afin de contribuer à  la stabilité et à  la « réintégration » totale de cette 8e région. Le problème ne se réglera ni dans la violence, ni dans la répression, mais dans la concertation et la réflexion avec patience et sérénité. Le chemin sera long et semé d’embûches. Le retour de la stabilité de notre Mali, du développement pour l’ensemble de nos régions et d’une vie meilleure pour nos populations, au travers de la réconciliation nationale, est un enjeu qui vaut quelques concessions de part et d’autre. (Oumou Sall Seck)

Centrafrique: l’exode des musulmans continue

C’’est un convoi de dix-huit semi-remorques qui a quitté Bangui, la capitale centrafricaine, ce dimanche en milieu de journée. Escorté par des éléments de la MISCA,la force africaine déployée dans le pays depuis quelques mois. Partir pour survivre Les camions étaient chargés de meubles, bétails et autres biens, en plus de leurs propriétaires. Au total 1300 musulmans ont quitté la capitale, avec pour destination le nord de la Centrafrique. Ils avaient été contraints de rester tout le temps chez eux après s’être retrouvés piégés il y a cinq mois dans le Point kilométrique 12 (PK-12), cet étroit couloir sur la route menant vers le nord du pays, régulièrement victimes d’attaques d’anti-balaka. Ils vivront désormais à  proximité de la frontière de la Centrafrique avec le Tchad. Juste après leur départ, des centaines de jeunes, qui guettaient à  quelques dizaines de mètres des camions bondés, ont afflué sur le PK-12, o๠vivaient les musulmans, pour une scène de pillage sans précédent. Ils ne vont rien laisser, à  part les murs, car même les portes des maisons vont être démontées avant la tombée de la nuit. Pour le moment, ils sont quelques milliers de musulmans a tenter de survivre encore à  Bangui. Ils sont dans le quartier PK-5 o๠ils ne doivent leur salut qu’aux soldats burundais de la force africaine MISCA.

Violence en milieu scolaire: vigilance et action s’imposent

Les faits se sont déroulés ce jeudi 6 mars au groupe scolaire Ismaà¯la Diawara. Alors que les élèves se préparaient pour la montée des couleurs, un grand bruit provient du bâtiment de la Direction de l’école. Panique généralisée dans la cour, tandis que le Directeur se précipite vers le lieu d’origine de la détonation, car s’en est bien une. Il croise en chemin un élève, qu’il essaie en vain d’intercepter, ce dernier s’enfuyant à  toute vitesse. C’’est abasourdi que Modibo Traoré, Directeur de l’école B, découvre dans une salle de classe deux pistolets de fabrication artisanale et une douille de cartouche. Au mur, des impacts de balle. Rapidement, l’information est donnée au directeur coordinateur du groupe scolaire, Monsieur Yacouba OUATTARA, qui saisit les autorités compétentes. Trois armes et des dizaines de cartouches Pendant ce temps, l’élève, un dénommé Madani DOUMBIA est activement recherché. En classe de 7ème année A2 de l’école Place de la République second cycle, il suit ses cours délocalisés au sein du groupe scolaire de Quinzambougou. Il a été ramené au sein de l’établissement par un enseignant et remis à  la police. Un autre de ses camarades à  qui il avait remis une troisième arme a également été emmené par les policiers. Les armes et les cartouches saisies ont aussi été remises à  la police qui a ouvert une enquête après que le Procureur de la République en Commune II ait saisi le commissariat du 3ème Arrondissement. Mais une grosse interrogation demeure : o๠a-t-il trouvé cet arsenal et comment a-t-il pu arriver jusque dans l’enceinte de son école avec autant d’armes et de munitions ? Les proches de l’élève auront des réponses à  donner aux enquêteurs. Les enseignants de leur côté se disent plus que jamais inquiets de l’insécurité grandissante dans l’espace scolaire. Il y a quelques semaines à  peine, des participants à  une rencontre au CRES de Badalabougou avaient vécu la peur de leur vie. Des étudiants armés jusqu’aux dents avaient littéralement pris d’assaut la salle o๠se déroulait leur réunion. Ils étaient, semble-t-il, à  la recherche d’autres étudiants avec lesquels ils avaient eu maille à  partir un peu plus tôt, en marge de l’élection du bureau AEEM de leur faculté. Le cas de Madani Doumbia est donc un exemple parmi la longue liste d’incidents survenus dans nos écoles et universités o๠les apprenants arrivent désormais armés comme des combattants.

« De l’ombre à la lumière »: l’expo photo sur les VBG

Le thème de cette campagne est: «De la paix chez soi à  la paix dans le monde : mobilisons-nous contre les violences basées sur le genre ». Ceci est d’une grande actualité au Mali. En effet, la crise qui a débuté en janvier 2012 a entrainé des formes de violences basées sur le genre liées au conflit armé. En particulier les femmes ont été victimes directes de ces violences, telles que les viols et mariages forcés perpétrés par les groupes armés, les violences physiques et sexuelles subies lors du déplacement des populations, les châtiments physiques dérivant de l’imposition d’une interprétation stricte de la loi islamique. Aujourd’hui l’augmentation de la prostitution et du risque d’exploitation sexuelle suite au déploiement massif des forces militaires dans les trois régions du nord est une préoccupation majeure. Aà¯cha Maà¯ga est ressortissante de Goundam, elle est victime de mauvais traitement de la part de son mari « il a épousé une deuxième femme beaucoup plus jeune et m’a délaissée » témoigné-t-elle. Elle est venue assister au vernissage de l’exposition au centre culturel « La Médina ». Pour elle, ces violences sont quotidiennes et cachées « au début je n’avais pas le courage mais après je suis partie exposer mon problème auprès de Wildaf ». « De l’ombre à  la lumière » parce que « ces violences sont perpétrées dans l’ombre et sont souvent cachées. Mais aujourd’hui, grâce à  l’aide d’organisations, les femmes commencent à  en parler et des combats sont menés pour reconnaitre les droits des femmes » explique Vincent Trémeau, chargé de communication à  Oxfam et chargé de cette exposition, il est aussi artiste photographe. Les photographies seront tout au long des 16 jours reproduites et exposées en grand format dans différents lieux publics de Bamako. l’exposition se tiendra également à  Gao et Tombouctou au cours des deux prochaines semaines pour prendre fin le 10 décembre, date de commémoration de la journée internationale des droits de l’homme. « Cette exposition est une occasion non négligeable pour nous car elle permettra de mettre au grand jour les difficultés vécues dans l’ombre et nous aidons à  mettre en évidence pour que chacun puisse y voir une réalité à  prendre en compte dans les combats de tous les jours » éclaire Bintou Founé Samaké, directrice de Wildaf, un réseau panafricain qui œuvre dans les droits des femmes. L’exposition photo se termine sur des portraits et femmes et d’hommes actifs dans la lutte contre la violence basée sur le genre. C’est le cas de Bintou Founé Samaké, directrice de Wildaf. Cette exposition photographique veut donc donner une image et une voix aux victimes de violences basées sur le genre mais aussi aux leaders qui s’engagent pour que cessent ces injustices et que toutes les composantes de la société soient également impliquées dans la reconstruction du Mali. Avec la volonté d’aller à  la rencontre du public en s’exposant dans les rues de Bamako, cet évènement est également un clin d’œil à  la Biennale africaine de la photographie qui aurait dû se tenir dans la capitale malienne en ce moment même. La campagne de sensibilisation met en évidence pendant 16 jours les liens entre la violence contre les femmes, les droits de la personne et la promotion de la paix. Elle a débuté le lundi 25 Novembre, journée internationale pour l’élimination de la violence à  l’égard des femmes pour se terminer le 10 décembre, journée des droits de l’Homme. Depuis 1991, plus de 5 167 organisations dans 187 pays y ont participé.

Violence au Nord : le Mali doit s’imposer

A peine investi et alors qu’un pré-dialogue s’était engagé à  Bamako, il y a quelques jours entre le président IBK et les groupes armés du nord, la violence surgit de nouveau à  Tombouctou et Kidal, comme un message des rebelles, ils portent bien leurs noms, aux autorités maliennes. « Dialoguer oui, mais sous quelles conditions ? « On vous laisse croire qu’on veut dialoguer mais on contrôle la situation sur le terrain… » c’est un peu la stratégie à  répétition du MNLA, principal cheval de Troie de la rébellion au Nord. S’y ajoute les djihadistes de tous bords et l’infernal AQMI qui a revendiqué l’attentat de Tombouctou, samedi dernier. La question reste complexe. Le terrain demeure violent et inquiétant pour les populations de Gao, Kidal, Tombouctou et Tessalit… Alors qu’un bataillon de l’armée malienne monte au Nord pour prêter main forte, on est en droit de se demander si le dialogue va réellement aboutir ? Faut-il une solution forte ? Frapper un grand coup pour montrer à  ces assaillants ce qu’est l’Autorité de l’Etat, slogan de campagne du Président IBK. Prendre des initiatives à  l’instar des partenaires comme la France, pour montrer qui commande. Mener l’offensive. Avec ou sans Serval et en dépit de la Minusma… Des premières rébellions de 1963 à  nos jours, le dialogue, la négociation, les accords ont prévalu, mais à  chaque fois, les rebelles ont violé la trêve. Ce qui nous amène à  nous poser de nouvelles questions. Pour de nouvelles solutions. N’eut été l’état de déliquescence de notre armée, la riposte eût été forte, comme le chante un hymne en boucle sur les antennes de la télévision nationale… On voudrait y croire, en finir une bonne fois pour toutes avec ces sécessionnistes de toujours. Que veulent les groupes armés, que veut le MNLA, dont l’un des chefs Ibrahim Ag Assaleh, ne semble pas clair dans sa démarche. Avis aux autorités maliennes qui doivent opter pour la prudence, voire la méfiance même face aux groupes armés rebelles du nord, dont les vrais chefs de file, se cachent sous de bonnes intentions. L’enfer, c’est les autres…

Un mort dans des violences à Kidal

Tout serait partie d' »une rumeur selon laquelle des renforts de l’armée malienne étaient arrivés à  Kidal. On a alors entendu des civils scander « Vive l’armée, Vive le Mali », d’autres répliquant « Vive l’Azawad » « Il y a eu des coups de feu entre un groupe de Touareg accusés d’être du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, rébellion) ou proches du MNLA, et des populations noires », selon une source militaire africaine, qui confirme qu' »il y a eu au moins un mort ». Interrogé par l’AFP à  Bamako, le Colonel Diaran Koné, du ministère malien de la Défense, a parlé « de quatre morts, et de beaucoup de blessés », chiffres qui n’ont pas été confirmés par d’autres sources. « J’ai vu le corps ensanglanté d’un jeune homme, de moins de 30 ans. Il a été atteint à  l’abdomen, sur le flanc gauche. Il y avait beaucoup de blessés. Des véhicules et des biens des personnes se réclamant du Mali ont été détruits », a indiqué un agent de la santé sous couvert de l’anonymat. Un témoin, cité par l’AMAP, assure que la victime « a été abattue à  bout portant » par un autre jeune homme pro-MNLA. Les violences auraient commencé vers 21 heures et des coups de feu ont été entendus à  trois reprises. Les forces onusiennes et françaises ont mis du temps avant de venir disperser les protagonistes en procédant à  des tirs en l’air et des arrestations. Vive tension ce vendredi Au cours de ces affrontements, il y a également eu des saccages, particulièrement de boutiques appartenant à  des personnes originaires de Gao. « Actuellement, un calme précaire règne ici, toutes les boutiques des commerçants sont fermées », a déclaré ce matin un proche du gouverneur de la région. Le Colonel Diaran Koné a appelé « la communauté internationale » a reconnaà®tre « la violation » par le MNLA de l’accord de paix entre la rébellion touareg et le gouvernement malien de transition, signé le 18 juin à  Ouagadougou. La population, quant à  elle est à  présent dans la crainte d’autres violences. Des dizaines de civils auraient trouvé refuge depuis hier nuit au camp militaire de la ville. « Nous craignons ce genre de tension entre les différentes ethnies qui ont vécu ensemble pendant des années dans la même ville. à‡a risque de dégénérer. La sécurité ne se partage pas entre deux armées rivales dans une même ville », indique un élu de la région. Les parents du jeune homme tué n’entendent pas laisser le crime impuni. Aux dernières nouvelles, la situation est très tendue à  Kidal ce vendredi. Kidal était occupée depuis février par les rebelles touareg du MNLA, jusqu’à  leur cantonnement qui s’est fait en parallèle à  l’arrivée le 5 juillet de quelque 150 soldats maliens, conformément à  l’accord de Ouagadougou. L’arrivée des soldats maliens dans la ville, o๠le gouverneur se trouve depuis lundi pour préparer la présidentielle, avait déjà  provoqué des tensions entre partisans et opposants à  la présence de l’armée.

Zeynab Souleymane : « Contre la violence, la parole est une arme »

Dans ses yeux, des larmes perlent. A Bamako o๠elle est déplacée depuis 6 mois, maintenant, Zeynab Souleymane réapprend à  vivre sans ses repères habituels depuis qu’elle a quitté Gao début avril. «Â Ma sœur m’avait envoyé acheter du savon pour qu’on aille laver le linge sale au fleuve. Quand je suis revenue à  la maison, j‘ai entendu leur voix. Je me suis approchée d’une fenêtre et je les ai vu la brutaliser. Ils étaient plusieurs. Ils avaient des armes. Ensuite, l‘un d‘eux m’a surpris et a attrapé…». Zeynab s’arrête. A bientôt quinze ans, sa vie a basculé en quelques heures. Viols sur mineures Les jours qui ont suivi son agression, Zeynab s’est réfugiée chez une amie au quartier Goulboudien. « La famille de Mintou voulait aller à  Bamako. Ils disaient que ces hommes n’allaient pas tarder et s’en prendraient à  n’importe quelle jeune fille. Il fallait donc partir ou rester enfermée dans les maisons » Zeynab n’est jamais retournée chez elle. Depuis la prise de la ville de Gao début avril, les habitants vivent dans la peur et les atteintes aux droits humains se sont multipliées dans le Nord du Mali depuis le coup d‘état du 22 Mars. Selon le premier rapport d’Amnesty sur les conséquences de la crise, de nombreuses jeunes filles mineures à  Gao ont été enlevées et emmenées de force dans les camps pour subir des viols collectifs. l’une d’elles, âgée de 16 ans, témoigne : « Cinq rebelles sont venus me chercher de force, ils parlaient tamasheq [langue parlée par les Touaregs] et certains songhay. Ils m’ont emmenée en brousse et m’ont violée. Je suis restée là -bas deux jours. Durant cette période, J’ai été violée plusieurs fois. » A son arrivée à  Bamako, Zeynab a plusieurs tenté de joindre ses proches sans succès : « Ici à  Bamako, c’est la Croix rouge qui m‘a informé sur les personnes déplacées mais je n’ai trouvé le nom d’aucun membre de ma famille sur leurs listes ». En Mai, on recensait près de 130 000 personnes déplacées à  l’intérieur du Mali et plus de 200 000 dans les camps de réfugiés voisins. Des chiffres qui ont évolué depuis. « Comment notre pays a t-il pu en arriver là  ? », s’insurge Zeynab. La jeune fille avoue se sentir perdue dans cette grande ville qu’est Bamako. Surtout en cette période de rentrée scolaire, elle a perdu tout envie pour les études. Zeynab a ensuite appris par une correspondance, que ses parents étaient réfugiés dans un camp au Niger. Sa sœur aà®née reste introuvable. Mourir ou parler Entre partir rejoindre les siens au Niger ou rester à  Bamako, Zeynab n’a pas trop le choix. Si elle trouve que la libération du nord reste un problème national qui prend beaucoup trop de temps, elle n‘envisage aucun déplacement pour le moment et n‘en a pas les moyens. A l’inverse de nombreuses jeunes filles déplacées à  Bamako et qui gardent le silence sur ce qu’elles ont subi, Zeynab estime que témoigner permet d’alléger un peu les souffrances. Pour elle, la journée mondiale consacrée aux petites filles est surtout l’occasion de sensibiliser sur les violences faà®tes au sexe faible au nord du Mali. Désormais, la télévision et la lecture sont devenus les seuls loisirs de Zeynab, qui épluche constamment les journaux à  la recherche d’informations sur sa ville. Car malgré l’insistance de sa tante à  reprendre les cours, Zeynab Souleymane ne veut qu’une chose. Revoir les siens !

Amnesty dénonce 5 mois de terreur au Mali

Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées par les affrontements au nord du Mali et des dizaines ont été victimes de détentions arbitraires, d’exécutions extrajudiciaires et de violences sexuelles, y compris de viols, a dit Amnesty International aujourd’hui. Dans un rapport intitulé Mali : retour sur cinq mois de crise. Rébellion armée et putsch militaire, Amnesty International documente une série de violations des droits humains perpétrées dans un contexte de pénurie alimentaire qui affecte 15 millions de personnes dans la région du Sahel. « Après deux décennies de stabilité et de paix relatives, le Mali est confronté à  la plus grave crise depuis son indépendance en 1960 » a dit Gaà«tan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à  Amnesty International, qui vient de rentrer d’une mission de recherche de trois semaines dans le pays. « La totalité du nord du pays est aux mains de groupes armés qui sèment la terreur. Des dizaines de milliers de personnes ont fui la région, créant une crise humanitaire au Mali et dans les pays voisins. » Au cours de la mission de recherche, les délégués d’Amnesty International se sont rendus dans la capitale malienne, Bamako, ainsi que dans quatre camps de réfugiés au Niger, à  200 kilomètres environ au nord de Niamey, la capitale. Selon les témoignages recueillis par Amnesty International, des femmes et des jeunes filles ont été violées, parfois collectivement, par des hommes armés dont des membres du groupe armé touareg, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), notamment à  Ménaka et Gao. Une étudiante de 19 ans qui s’est réfugiée à  Bamako a raconté à  Amnesty International : « J’étais partie chez un ami vers 20h avec une de mes camarades. Sur le chemin, une moto qui transportait deux Tamasheqs [Touaregs], et une voiture remplie d’hommes armés et de femmes qu’ils avaient capturées s’est arrêtée à  notre niveau. l’un des deux Tamasheqs sur la moto avait une tenue militaire. Ils ont commencé à  nous dire que nous devions aller avec eux au camp parce qu’ils avaient besoin de femmes. Nous avons refusé. Mon amie a menti et a dit qu’elle était enceinte. l’un des Tamasheqs m’a alors fait rentrer dans une maison qui était vide. Je lui ai dit que J’étais indisposée. Il m’a ordonné de lui montrer. Je lui ai montré le sang. Il m’a dit : « C’’est quoi ça » et il m’a violée. » Toutes les parties au conflit ont commis et continuent de commettre des violations et des atteintes à  l’encontre des droits humains. Des soldats maliens ont frappé et exécuté de manière extrajudiciaire trois hommes non armés accusés d’espionnage pour le compte du MNLA à  Sévaré (630 kilomètres au nord de Bamako) le 18 avril 2012. D’autres suspects sont détenus dans des endroits qui ne sont pas recensés comme lieux de détention, tels que la Direction générale de la sécurité d’à‰tat (DGSE). De même, des soldats maliens faits prisonniers par des groupes armés ont été exécutés sommairement et certains ont subi des mauvais traitements. Deux soldats maliens, qui ont été fait prisonniers en janvier 2012 avant d’être libérés lors d’un échange, ont décrit les tortures et autres mauvais traitements subis par certains militaires. Certains ont été égorgés. Les délégués ont également recueilli des informations attestant de la présence d’enfants soldats dans les rangs des groupes armés touaregs et islamistes qui ont pris le contrôle du nord du pays. Amnesty International a collecté plusieurs témoignages faisant état de la pression exercée par des membres d’Ansar Eddin sur la population afin qu’elle change de comportements, conformément à  son interprétation fondamentaliste de l’Islam. Des témoins ont déclaré que l’imposition de ces nouveaux comportements s’est accompagnée d’intimidations et de violences physiques, y compris d’exécutions arbitraires et délibérés. Une habitante de Gao a dit : « Cinq jours après la prise de contrôle de la ville par les rebelles, un car a été arrêté à  la sortie de la ville par des hommes en armes. Un des occupants du car a alors composé le numéro communiqué par Ansar Eddin. Ils sont arrivés immédiatement sur les lieux, ils ont tiré sur les braqueurs, un a été blessé, un a pris la fuite, un troisième a été arrêté et égorgé. » « Sans une action coordonnée pour protéger les droits humains, faire respecter le droit international humanitaire et venir en aide aux déplacés et aux réfugiés, C’’est la totalité de la sous-région qui risque d’être déstabilisée par les effets de l’instabilité politique, du conflit armé dans le nord et de la crise alimentaire qui affecte tout le Sahel » a dit Gaà«tan Mootoo. Amnesty International appelle toutes les parties au conflit à  respecter le droit international humanitaire et à  prendre les mesures nécessaires à  la protection des civils et des combattants capturés durant le conflit. l’organisation demande à  ce que les autorités maliennes cessent de harceler ceux qui militent pacifiquement pour le retour de l’à‰tat de droit. Amnesty International appelle également les groupes armés qui ont pris le contrôle du nord du pays à  mettre un terme immédiat aux violences sexuelles à  l’égard des femmes et des jeunes filles et au recrutement et à  l’utilisation d’enfants soldats. l’organisation exhorte aussi les autorités maliennes et les groupes armés à  permettre aux Nations unies et aux autres agences humanitaires un accès sans restriction aux personnes déplacées et aux réfugiés, notamment dans le nord du pays.

Pourquoi la situation en Egypte ne pouvait qu’exploser?

A l’instar de plusieurs régimes sclérosés dans cette région, l’Egypte est, depuis des décennies, caractérisée par un environnement géopolitique explosif, une crise politique larvée, un retour de la violence islamiste et l’émergence de nombreux soulèvements et poches de résistance. Depuis l’assassinat de Sadate, l’état d’urgence n’a jamais été levé dans le pays. La « continuité dans la stabilité » politique est garantie en maintenant l’Etat d’exception et ce depuis 1981, ainsi qu’une vision monarchique de l’exercice et de la transmission du pouvoir par un président issu de la très redoutée junte militaire et disposant du soutien sans faille des barons et des apparatchiks de l’hégémonique Parti National. Comment en est-t-on arrivé là  ? Le verrouillage et la quadrillage de la société égyptienne et leur perpétuation sont permis d’une part grâce à  l’héritage de la période nassérienne et l’alliance avec U.R.S.S, marquée par le choix d’un développement autocentré dans le cadre d’une stratégie de substitution des importations produisant des entreprises mégalomaniaques déficitaires et une bureaucratie administrative pléthorique. D’autre part, les quatre rentes dont dispose le régime sont aussi facteur expliquant l’émergence et le renforcement d’un tel système : 1- Le tourisme : il garantit des rentrées de devises constituant la première rente de l’Egypte. Les 5 millions de touristes et visiteurs étrangers ont rapporté 5 milliards de dollars en 2005 et créant plus de 2,6 millions d’emplois. 2- Le Canal de Suez : ce dernier constitue le passage entre la mer Rouge et la mer Méditerranée. Passage maritime artificiel entre Europe et Asie, le Canal est d’une importance majeure car il évite le contournement du continent africain par les navires. La traversée du canal de près de 40 navires quotidiennement assure un revenu d’environ 3,3 milliards de dollars par an. 3- La position stratégique : l’Egypte a pour voisin la Libye, le Soudan, Israà«l, la Jordanie, et l’Arabie Saoudite (séparés par le désert du Sina௠et la Mer Rouge). Il est de ce fait un pays central avec une position géographique pivot. Avec une parfaite ignorance de l’opposition de la rue égyptienne (et de la rue arabe en général) le gouvernement égyptien a été le premier gouvernement arabe à  signer un traité de paix avec Israà«l (les accords de Camp David de 1979). En contrepartie, tous les ans depuis 1980, les Etats-Unis versent au gouvernement égyptien plus 2.1 milliards de dollars dont 1,3 en aide militaire. En défendant et en s’alignant sur les positions de ce qui est communément et quasi unanimement appelé dans cette région le « Grand Satan » et Israà«l, les dirigeants égyptiens s’engagent dans un grand écart de plus en plus difficile à  gérer sur le plan interne car le divorce s’accentue chaque jour un peu plus entre la population et ses dirigeants. Ces dirigeants sont perçus comme apostats et collaborateurs trahissant les idéaux de l’arabisme Nassérien et abandonnant la cause du « frère » palestinien. 4- Les revenus des transferts et du pétrole : Les transferts en devises des travailleurs émigrés en Europe, aux Etats-Unis et dans les pays du golfe sont estimés à  environ 4,3 milliards de dollars par an. Le pétrole quant à  lui assure des rentrées de devises estimées à  1,2 milliards de dollars par an. Ces rentes de situation captées par la coalition au pouvoir, fédérée par Jamal Moubarak (le fils du président) permettent de financer le système d’allégeance et de contrôler la société égyptienne. En s’appropriant à  des fins personnelles les instruments de l’Etat (les medias, l’appareil de l’omniprésent parti (PND)), les syndicats, les services secrets et la police politique), en jouissant du silence complice et/ou du soutien des grandes puissances, le pouvoir égyptien a su construire de solides alliances, contrôler les systèmes d’allégeances et de ce fait s’assurer d’une position dominante. l’abus de position dominante du pouvoir égyptien a complètement vidé le jeu « démocratique » de son sens en avortant de facto toute possibilité de transition pacifique du pouvoir. Les dernières élections « pluralistes » de septembre 2005 et celle d’octobre 2010 en sont la parfaite illustration et ont été porteuses d’une nouvelle déception et de changements qu’à  la marge. En attribuant de larges pouvoirs au nouveau gouvernement trié sur le volet et dirigé de facto par le dauphin longtemps présumé, en maintenant les postes décisifs entre les mains des fidèles dont le ministre de la Défense et de l’intérieur. De telles conditions politiques doublées d’une économie largement centralisée axée principalement sur la rente ont plongé la société Egyptienne dans une situation prérévolutionnaire et de précarité permanente et généralisée. Le taux de chômage réel s’élèverait à  30%, 600 000 jeunes arrivent sur le marché du travail chaque année et 26 millions d’égyptiens ont moins de 15 ans, 44% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. l’à‰gypte occupe la 101ème place au classement du P.N.U.D avec un I.D.H de 0.62. Le pays des pharaons est devenu une société duale avec des inégalités insupportables suite (entre autres) à  une privatisation mal engagée dans un contexte de corruption endémique (avec un indice de 3,1 de perception de corruption) et un climat des affaires malsain souvent dénoncé par les multiples rapports de Doing Business. Avec une dette publique totale du gouvernement central et local dépassant la barre du 100% du PIB, les finances publiques, déjà  dégradées, ont plongé, et l’à‰tat égyptien a connu des problèmes de trésorerie qui se sont traduits par des retards de salaires dans la fonction publique. Le mécontentement et l’insatisfaction couvaient et gagnaient de plus en plus de terrain. Les opposants irréductibles, les désespérés et les laissés-pour-compte finissent le plus souvent par grossir les rangs des mouvements les plus radicaux. Les Salafistes, les Wahhabistes et les branches les plus radicales des Frères Musulmans en sont (à  défaut d’un pluralisme et d’une offre politique crédible) les principaux bénéficiaires ; la multiplication des attentats et le récent soulèvement en sont la principale (rationnelle) conséquence. Ce soulèvement de la rue égyptienne constitue une étape décisive afin de briser l’immobilisme égyptien qui n’en finit pas depuis plusieurs décennies et qui plonge l’Egypte dans une crise de plus en plus multiforme… Personne ne peut prévoir avec précision quel tournant prendra cette crise et quel sera le prochain domino qui chutera dans une région assise sur un baril de poudre.

« Les gens en Côte d’Ivoire en ont assez de la violence »

Nouvelobs.com : Dans quelles conditions évolue le gouvernement actuellement ? – L’exercice du pouvoir se passe bien. Sur les aspects diplomatiques, nous avons des relations normales avec tous les pays : la France, les Etats-Unis, les pays de la sous-région… Alassane Ouattara a été accusé par Laurent Gbagbo d’être le candidat de l’étranger. Le soutien de la communauté internationale n’est-il pas contre-productif ? – La campagne est terminée. Laurent Gbagbo a agi ainsi pour s’attirer des voix. Mais nous n’avons pas à  faire une deuxième élection. Alassane Ouattara a été élu président par les Ivoiriens. Est-ce que l’Onuci ou la Licorne vous protège ? – Oui, ainsi que les Forces nouvelles. A quoi servent les pressions de la communauté internationale ? – Elles dissuadent certains acteurs de soutenir l’ancien président. Entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, qui détient la réalité du pouvoir ? – A votre avis ? La réalité du pouvoir, c’est d’abord la reconnaissance du peuple ivoirien. Ensuite, il y a celle de la communauté internationale. Et puis il y a la réalité financière. Quid des droits uniques de douanes ? – Ces taxes sont collectées par l’Etat et la trésorerie est gérée par la banque centrale sous le contrôle de la Cedeao*. Les chefs d’Etat de la Cedeao ont reconnu l’élection d’Alassane Ouattara. Selon nos informations, certaines entreprises auraient décidé de ne plus verser ces droits de sortie. Confirmez-vous cette information ? – Nous avons une réunion avec le patronat mercredi, nous devons en discuter. Une partie de l’armée soutien Laurent Gbagbo. Ou en êtes-vous du contrôle de l’armée ? – Dans le rapport de force, nous n’avons pas une attitude agressive. Nous avons appelé à  une marche pacifique qui doit avoir lieu jeudi, vers le siège de la radio-télévision publique RTI qui est entouré par les hommes de Laurent Gbagbo. Nous verrons jeudi si l’armée nous soutient. Des mercenaires ont été repérés dans les rues de Yamoussoukro. A quelle réaction vous attendez-vous de la part des Jeunes patriotes ? – Je ne sais pas. Les Jeunes patriotes ne sont pas conviés. Il y a des mercenaires à  Abidjan aussi. S’ils viennent, j’espère qu’ils laisseront cette marche se dérouler normalement. On ne peut pas empêcher une marche pacifique. Comment faites-vous pour éviter l’agacement des Forces nouvelles ? – S’ils avaient nourri un agacement, ils l’auraient déjà  manifesté. Il ne faut pas oublier que les Forces nouvelles ont une structure militaire. Ils sont disciplinés. Selon les rumeurs, des armes auraient été vendues par l’Angola à  Laurent Gbagbo ? – Nous avons été informés de la tentative de Laurent Gbagbo d’acheter des armes aux Etats-Unis et à  l’Angola. Mais je ne suis pas au courant d’une vente. Croyez-vous à  une issue du conflit pacifique ? – Oui, tout à  fait. Après 10 ans de crise, les gens en Côte d’Ivoire en ont assez de la violence

Violence en milieu scolaire : la peur, un obstacle à l’apprentissage de l’enfant

Quelque soit sa forme, la violence en milieu scolaire influe négativement sur le développement des jeunes, leur réussite scolaire et sur la qualité de vie à  l’école. Différentes formes de violence La violence en milieu scolaire se manifeste sous différenteS formes : violence physique, verbale et sexuelle, entre autres. Elle peut causer du tort chez ses victimes comme chez ses auteurs et aussi avoir de graves conséquences sur les enfants en termes de propagation d’infections sexuellement transmissibles, de troubles mentaux, de déperdition scolaire et même de mort. Malheureusement, malgré les efforts des autorités et leurs partenaires pour lutter contre le phénomène, il persiste et continue à  faire des victimes. Siaka Coulibaly, Directeur du groupe scolaire Mamadou konaté 4, se qualifie lui-même d’agressif et de nerveux. « Je n’hésite pas à  frapper un élève s’il le faut » lance t-il. Il trouve qu’on ne peut pas agir autrement avec Des élèves qui ne connaissent que le langage de la force. Selon lui l’attitude violente des enseignants envers les élèves est due dans la plupart de cas au comportement de ces derniers. Il a poursuivi en disant que certains élèves vont jusqu’à  s’immiscer dans la vie privée des maà®tres. Mr Coulibaly dans son intervention a relevé qu’au cours de sa carrière d’enseignant, il a a rencontré beaucoup de cas de violence dont le plus expressif a été le cas d’un élève qui poursuivait une fille de sa classe. Toujours dans le même établissement un garçon de 14 ans avait pour habitude d’agresser ses camarades filles. Ibrahim Kontao, représentant du comité de gestion du groupe scolaire Mamadou Konaté explique que le fait de frapper un enfant à  l’école est purement traditionnel. Mais depuis un certain temps, les fouets sont gardés par les enseignants justes pour dissuader les récalcitrants. Ainsi les fouets sont très peu utilisés par les enseignants. Violence sexuelle « Cette violence prend de l’ampleur surtout pendant les périodes des évaluations, les filles harcèlent leurs enseignants pour avoir des notes » a-t-il lancé. Avant d’ajouter que la majorité de ces filles sont encouragées par leur maman dans ce manège. Il affirme avoir surpris un jour une maman qui conseillait sa fille d’aller séduire son maà®tre pour réussir son examen. Mr Kontao déclare que la violence à  l’école est le résultat de l’irresponsabilité des parents d’élèves qui ont démissionné de leur rôle de premiers éducateurs. Il affirme que le châtiment corporel, est un moyen efficace pour une bonne éducation des enfants. Selon Mamadou Kontao, la violence dans le milieu scolaire découle de la perte de nos valeurs culturelles sociales au profit d’une occidentalisation mal assimilée. Maridié Niaré, conseiller pédagogique, chargé de la communauté d’apprentissage au centre d’animation pédagogique de Bamako-Coura quant à  lui souligne que nous nous trouvons dans un cercle vicieux. Il associe cet état de fait à  l’éducation familiale. Mr Niaré a relevé une pratique de notre société qui éduque l’enfant en lui assignant souvent quelques fessées. Qu’en pensent les enfants ? Il est 13 heures : nous sommes devant l’école coranique EL hilal El islamia situé au quartier Hippodrome de Bamako. Notre équipe de reportage assiste à  des échanges de coup entre deux garçons d’environ 13 ans. Cette scène de violence a décrédibilisé les dires des responsables de cet établissement qui avaient soutenu que l’école ElHilal El islamia appliquait le règlement intérieur qui interdit tout acte de violence au sein de leur école. Dans cette école, il n’y a aucun doute sur la présence de la violence. Pour preuve, tous les élèves interrogés dans cette école ont affirmé être battus par leur maà®tre à  l’image de Mamadou Traoré un garçon de 6 ans, se disant terrifié : « Souvent il m’arrive d’avoir peur de venir en classe tant J’ai peur qu’on me frappe », dit-il. Par ailleurs deux autres garçons entre 7 à  8 ans évoquent un autre cas de violence : « Nous sommes battus quotidiennement par ceux qui sont censés nous protéger. Je peux vous assurer que souvent à  cause de tous ces facteurs je refuse catégoriquement de venir à  l’école », explique l’un des garçons. Cependant tous les parents d’élèves interrogés soutiennent que le châtiment corporel est indispensable pour la qualité de l’éducation. « Qui d’entre nous avant d’être parent, a échappé à  ce châtiment » s’interroge Hamady un père de famille. Ils sont combien les parents d’élèves à  penser de la sorte ? Difficile de répondre, ce qui est sûr, c’est que la violence persiste et continue à  faire des victimes quotidiennement, elle est dans nos maisons, nos écoles et dans les rues. La violence meuble notre quotidien sans pour autant être une fatalité car elle peut être prévenue voir bannie. Dans ce dessein, il nous faudra accentuer la sensibilisation, les formations ainsi que les plaidoyers au niveau des familles, des écoles et des décideurs… La violence faite aux enfants en milieu scolaire peut être prévenue car rien ne justifie cette terreur.

Terreur dans une chambre de passe à Bamako

Ces conflits ouverts s’opèrent très souvent en groupes de jeunes voulant se venger d’autres pour démontrer leurs suprématies ou pour des histoires de filles. Le cas suivant auquel J’ai assisté en direct, s’est déroulé mardi soir à  l’extérieur d’une boite de nuit chinoise située au quartier Hippodrome. Vers minuit, un trio de loubards est arrivé devant le club à  bord d’une moto Jakarta. Ils avaient été conviés par une prostituée en conflit avec sa collègue. Agressif, le trio a d’abord voulu s’attaquer aux gens devant la boite. Il a fallu l’intervention de la prostituée qui les a alors dirigé vers l’endroit o๠se trouvait sa collègue. Objectif : Accomplir une sale besogne. La pauvre jeune femme a donc été tabassée plusieurs fois et pulvérisée de gaz lacrymogène dans les yeux. Le gérant du parking qui est aussi le responsable de la sécurité des lieux était entrain de discuter avec ses clients à  quelques mètres de l’entrée au moment des faits. Son collaborateur au courant du grabuge l’a alors informé de la situation pour arrêter le massacre. Mais les loubards avaient déjà  agi. Invectivés, ces derniers sous l’effet de l’alcool, ont violement réagi en proférant des injures et des menaces au gérant deu parking. A noter que les malfrats possédaient des armes et du gaz lacrymogène. Pour se défendre, le gérant a du ramasser la chaise en fer la plus proche pour disperser les voyous. Mais pendant que les trois hommes l’encerclaient, l’un d’eux a sommé son camarade de tirer sur lui. Voyant la situation s’aggraver, la prostituée complice des trois hommes, s’est mise à  faire du bruit et ses commandos se sont éclipsés pour revenir cinq minutes plus tard, avec plus d’agressivité. J’ai donc été obligé de quitter les lieux pour ne pas prendre un malheureux coup. Dieu merci, aucun coup de feu n’a été tiré jusqu’à  mon départ des lieux. A la police du 3e arrondissement, o๠je me suis rendu le lendemain, J’ai appris qu’une plainte avait été déposée par les victimes, à  savoir le gérant blessé et la jeune prostituée agressée. Une enquête sera ouverte pour arrêter les malfrats. l’affaire se trouve maintenant au niveau de la Brigade de Recherche du 3è dirigée par l’inspecteur Luc Koné.

Après la mort par balles du « chauffeur » de Kita, on s’interroge sur les causes de cet acte ultime…

La mort d’un automobiliste aurait-elle pu être évitée, ainsi que l’escalade de violences qui a suivi, à  Kita, ce 15 juillet ? Les faits Situé à  165 km de la capitale, la ville de Kita, vit sous haute tension, après qu’un automobiliste, interpellé par un homme en uniforme pour un contrôle, ait été tué par balles. On se demande bien ce qui a pu motiver le militaire à  tirer. Dans quelle zone et quels étaient les enjeux géostratégiques de cet endroit, pour que le pire ait eu lieu. Selon un communiqué du ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, c’est au niveau du village de Kobri, dans le cercle de Kita, qu’une mission du service des impôts en contrôle des vignettes a interpellé le véhicule de transport public dont le conducteur a refusé de se soumettre à  l’injonction. Certains parlent de réglements de comptes et d’autres évoquent une bévue militaire. Toujours est-il qu’après l’incident, des manifestants en colère se sont mis à  saccager des maisons et des bâtiments appartenant aux services de sécurité, de même qu’un centre d’impôts. Pour l’heure, les sources convergent, vers la même version, celle d’une mort rapide et incomprise. Réactions ! L’indignation mêlé à  la stupeur… Pour beaucoup, il est aberrant qu’on ait tiré sur ce pauvre homme ! Khadija Fofana, journaliste TV, est indignée :  » Si le chauffeur, a qui on a demandé de s’arrêter, a refusé d’obéir, il n’était pas nécessaire de le tuer, mais simplement de chercher à  le dissuader ! Il y a quand même des étapes ! Est-ce que le militaire qui a tiré, respecte t-il son uniforme ? Pour d’ autres comme Youssouf T, commerçant, l’uniforme exige le respect. « Si un homme à  qui on a donné un ordre, refuse d’obtempérer, alors, le militaire est en droit de tirer ! Ce sont les codes de l’armée, ajoute Boubacar, enseignant ! C’est sans doute difficile à  comprendre pour le simple citoyen, qui voit là  un acte gratuit, mais on ne badine pas avec les militaires ! » En temps normal, une sentinelle, chargée de la sécurité d’une aire particulière, a l’ordre de tirer sur tout ce qui bouge. », rapporte Youssouf T. Pour autant, la mort de ce chauffeur a installé un climat de terreur à  Kita, une ville de l’ouest du Mali, réputée pour être calme ? Région agricole, Kita n’avait pas connu d’incidents majeurs depuis lors.  » Cet évènement est révélateur d’un malaise dans notre pays, tente d’expliquer, Sékou, commercial ! Celui du non respect des autorités. On vit dans un pays, o๠l’on a plus aucune considération pour l’uniforme ! Il est déplorable que cet homme ait été tué, mais quelque part, il a cherché cette mort, en n’obéissant pas aux ordres ». Depuis quelque temps, le Mali affronte la mort et la terreur au Nord avec les Salafistes du groupe AQMI( Al Qaeda au Maghreb Islamique) et les prises d’otage régulières. Il n’y a pas si longtemmps, un lieutenant colonel était assassiné à  son domicile. Et ce nouvel incident de Kita, si tant est qu’il n’ait aucun lien avec le terrorisme, plonge les maliens dans l’incrédulité et occasionne, un regain de violences inattendues de la part des citoyens. La mort de ce chauffeur étant alors un prétexte, pour réveiller les frustrations et déclencher cette agitation contre les symboles de l’autorité militaire ?