Relance industrielle : Le Mali sur la bonne voie ?

Tâche essentielle de l’exécutif malien depuis l’adoption d’une politique nationale de développement industriel, la relance du secteur au Mali poursuit son cours. Pour toutes les actions déjà menées et celles à venir, la finalité demeure la même : attirer le maximum d’investissements et aboutir à une plus grande production et une exportation accrue.

  1. C’est le nombre total d’unités industrielles opérationnelles au Mali en 2018, selon les chiffres de la Direction nationale de l’industrie. Même si la progression doit encore s’accentuer, force est de reconnaitre qu’il y a eu des avancées, quand on considère qu’en 2012, on en était à un nombre plus restreint de 525 unités.

Ça se développe À en croire Madame Maïga Mariam Maïga, directrice nationale de l’Industrie, deux plans d’actions ont déjà été établis et évalués dans le suivi de la politique industrielle. « Nous voulons même actualiser cette politique, à la demande des acteurs industriels, pour que nous couvrions d’autres filières comme le coton, l’or ou encore la canne à sucre  qui n’étaient pas pris en compte », explique-t-elle.  D’autres unités industrielles à l’instar de l’usine de thé de Farakoro et le projet sucrier de Markala dont les négociations de partenariat sont en cours, seront aussi de nouveau relancées en termes d’activités productives. « Il y a eu assez d’implantations d’unités industrielles au cours des ces dernières années dans le cadre de la mise en œuvre de la nouvelle politique, pour la relance de l’action industrielle. Concrètement, des actions ont été menées et cela se ressent », renchérit Mahamoudou Alassane Touré, directeur général adjoint à la Direction nationale de l’industrie.

Elément clé, non négligeable dans la relance de l’industrie malienne, la création de zones dédiées favorisant l’implantation des unités industrielles, occupe une place de choix dans le plan d’action. La zone industrielle de Koulikoro, dont les travaux sont à un stade avancé, en est un exemple. « Les travaux de voirie sont totalement effectués, l’installation des poteaux d’éclairage est en cours. On enregistre déjà un très grand nombre de réservations des entreprises », se réjouit Abdoulaye Maïga, directeur général de l’Agence pour l’Aménagement et la gestion des zones industrielles.

Cependant, sur le terrain, certaines difficultés persistent au niveau du développement et de la survie même de quelques unités industrielles dans le pays. Malheureusement, comme le confirme une source interne sous couvert d’anonymat à Embalmali, la société spécialisée dans l’emballage serait en liquidation. En revanche, du coté de Koumalim, les rendements sont encourageants et la seule difficulté selon M. Kouma, directeur général adjoint,  « c’est la concurrence déloyale » contre laquelle il appelle l’Etat à prendre des mesures.

Koulikoro : bientôt au cœur de l’industrialisation

Après Bamako, la région de Koulikoro va abriter la prochaine zone industrielle du Mali. Les travaux d’aménagement du site ont été lancés ce matin 

C’est sur un terrain pour l’heure boueux que le ministre des Mines et du Pétrole, le Pr Tiemoko Sangaré a procédé au lancement des travaux d’aménagement de la zone industrielle de Koulikoro. Les plus de 60 hectares de terrain devraient ressembler dans quinze mois (si délai respecté) à un imposant site accueillant plusieurs unités industrielles. « Nous avons dépassé nos espérances, au départ, c’était 60 hectares, mais avec la forte demande, nous en avons demandé plus pour contenter et nous avons eu une réponse positive », s’enthousiasme Abdoulaye Maiga, directeur de l’agence d’aménagement et de gestion des zones industrielles (AZI). Situé à deux kilomètres de la ville de Koulikoro, le site industriel sera viabilisé par des aménagements portant sur l’électrification et le réseau téléphonique, entre autres. Autant de projets qui profiteront à la population de la deuxième région du Mali. Population qui n’a d’ailleurs pas boudée son plaisir lors de la cérémonie de lancement des travaux. « L’avenir appartient à l’industrie, c’est un vecteur indispensable pour l’émergence d’une zone, cette zone industrielle replacera notre région parmi les plus grandes », s’est réjoui Ely Diarra le maire de la commune urbaine de Koulikoro.

Le désolant spectacle de l’usine de l’huilerie cotonnière du Mali (HUICOMA) autrefois fierté de la région et aujourd’hui à l’abandon ne devrait être qu’un mauvais souvenir pour les habitants de la Cité du Meguetan. 1000 emplois sont déjà assurés d’être créé par l’implantation de la firme pharmaceutique Tobinco. « Le Mali est un pays de possibilité, nous l’avons constaté lors du forum Invest in Mali, c’est ‘’The Place to Be’’et c’est pour cela que nous sommes là », justifie le Ghanéen Samuel Amo Tobbin, PDG de la firme qui va investir plus de 16 milliards de FCFA pour la construction de son usine. Le maire Diarra espère 10.000 à 15.000 emplois directs dès la fin des travaux. De quoi retenir une jeunesse qui déserte la région pour chercher meilleure fortune ailleurs, le plus souvent en Europe, en tentant une périlleuse traversée de la Méditerranée. La région qui dispose d’un important potentiel agricole et minier et d’une proximité avec la capitale, est très peu exploitée selon ministre du Développement Industriel, Mohamed Aly Ag Ibrahim. « Par la mise à disposition de ce site aux normes internationales, Koulikoro va renouer avec sa vocation industrielle », affirme-t-il.