Retour rapide à l’ordre constitutionnel ou possibilité d’une transition, le communiqué final du Sommet Extraordinaire de la CEDEAO tenu le 27 Mars à Abidjan a été clair : « Si la junte n’acceptait pas de surseoir au putsch, une intervention militaire pourrait être envisagée: «Â Je crois qu’on se dirige vers un scénario à la nigérienne, avec une assemblée constituante prenant en compte toutes les tendances de la société  », confie un diplomate sur place. Dès 9h, le tarmac de l’aéroport de Bamako Sénou s’est vu envahi de journalistes, de militaires de la junte et de membres du protocole ce 29 Mars pour attendre la mission des 5 chefs d’Etats de la CEDEAO, mission constituée d’Ellen Johnson du Libéria, Yayi Boni du Bénin, Mahamadou Issoufou du Niger, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré, le médiateur de la Cédéao en cours de route. Mais lorsque les journalistes apprennent que la visite est annulée, C’est l’agacement général. A 10h30, le chef de la junte, président du CNRDRE, le capitaine Amadou Haya Sanogo, a fait une entrée spectaculaire un peu à la manière d’un Dadis malien et des manifestants ont forcé les grilles et investi le tarmac. Sur les pancartes, des slogans hostiles : «Â A bas la Cédéao» ! «Non à l’impérialisme ». «Â Vive la junte au pouvoir » Le capitaine Sanogo s’est ensuite offert un bain de foule, avant de disparaà®tre dans le salon d’honneur de l’aéroport. D’après des témoins, il aurait demandé aux manifestants de libérer le tarmac pour laisser atterir les avions. Mais on se demande pourquoi la sécurité a laissé entrer les manifestants dans l’enceinte de l’aéroport réservé aux chefs d’états. Le CNRDRE l’a t-il fait exprès ? Des manifestations, au même moment, agitaient Bamako, entre partisans du CNRDRE et forces anti-junte à la Bourse du Travail. Le dialogue n’est pas rompu Après l’annonce de l’annulation de la mission, des discussions ont eu lieu entre le chef de la junte et certains ministres présents à Bamako. DÂaprès Djibril Bassolé, le ministre des Affaires Etrangères du Burkina Faso, rien n’est perdu: « Les conditions de sécurité n’étaient pas réunies, mais la junte est disposée, nous nous sommes écoutés et nous allons maintenant restituer cet entretien à nos chefs d’états respectifs. Mais soyez sûrs que le dialogue n’est pas rompu ». Tout comme L’honorable Bictogo Adama, Ministre Ivoirien de l’Intégration Africaine, a souligné l’environnement peu propice à la tenue de la rencontre qui a dû être différée. Mais ce qui est plus étonnant de la part de la CEDEAO, c’est de vouloir faire venir en grosse délégation au Mali, six chefs d’états, deux jours après la réunion d’Abijdan vu le contexte agité. Du reste, le capitaine Sanogo n’a fait aucune déclaration à la presse après l’annulation de la mission. Le chef de la junte malienne n’envisage pas de se retirer. Il aurait par ailleurs demandé à la Cédéao de l’aider à réaliser une réforme de l’armée malienne, et expliqué que les conditions ne sont pas réunies pour tenir les élections à la fin avril comme prévu, rapporte RFI. Les Chefs d’états en mission de la CEDEAO ont eux pris le chemin d’Abidjan pour une réunion d’urgence. « Ceci montre bien l’incapacité de la CEDEAO à gérer cette crise, une petite manifestation et ces chefs d’états rebroussent chemin! », commente un photographe déçu. « Il n’y avait pas grand-chose à espérer de cette rencontre, et je ne crois pas que la CEDEAO soit la solution à ce problème », ajoute un diplomate en sourdine. « Le plus curieux, C’est cette décision brusque de venir à Bamako, alors que la situation ne le permettait pas ». A Bamako, la situation reste tendue avec les nombreuses manifestations qui ont émaillé ce jeudi en faveur mais aussi contre la junte au pouvoir. Une autre grande manifestation est prévue ce samedi au stade du 26 Mars de Bamako à l’initiative du Mouvement Patriotique du 22 MarsÂ
Djibril Bassolé : « Le dialogue avec la junte n’est pas rompu »
Publié le 29.03.2012 à 00h00 par Journal du Mali

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