Après l’émoi des premiers jours, la nomination des membres du gouvernement et le premier conseil des ministres ce 14 janvier, l’heure est « au combat ». Combat pour un gouvernement déterminé à sortir le Mali de la crise, et à enfin enregistrer une victoire. Celle de la sécurité nationale. Le contexte particulièrement sensible dans lequel est plongé le nord de notre pays, en proie aux attaques, aux milices, aux bandits armés qui y sèment la peur et la terreur met en exergue cette mission première. Parvenir à un accord de paix entre Bamako et les groupes armés du Nord. Pour y arriver, Modibo Keita dispose de plusieurs atouts : Consensus politique Dans un premier temps, le nouveau chef du gouvernement, ne devrait pas être gêné dans son action par des querelles partisanes ou politiciennes. Sans coloration politique marquée, il a le respect des barons du RPM, le parti présidentiel et a plutôt bien été accueilli par l’opposition malienne, qui voit en lui un homme de consensus. Ayant rendu visite à presque tous les grosses formations politiques du Mali, Modibo Keita force le respect, et suscite un espoir immense, même si selon les propos de Soumaila Cissé, chef de file de l’opposition, le doute est permis quant à l’issue du combat dans lequel lui et son équipe sont engagés. Deuxième atout : sa mission en tant que Haut représentant du Président de la République pour les pourparlers inter-maliens de paix, ces six derniers mois, l’a préparé à Alger. En tant que médiateur, Modibo Keita, qu’IBK mettait à l’épreuve, a eu le temps et l’opportunité d’appréhender les partis en présence et d’entrevoir des positions communes pour les protagonistes, sous l’égide de l’Algérie. Selon certains observateurs, il a réussi l’exploit de faire ré-asseoir à la table des négociations, des groupes rebelles comme le MNLA, échaudés par les propositions du Préaccord de Paix qui suscite encore des réserves. Modibo Keita devra convaincre certains sécessionnistes de la nécessité de l’unité nationale, en écartant toute idée de fédéralisme ou d’autonomie des régions du nord. Il en va de l’intérêt suprême, et face à des menaces transnationales. Enfin, son âge et son expérience politique qui lui feront éviter des « erreurs » de jeunesse. En choisissant ce septuagénaire de 3 ans son aà®né, IBK ne veut pas s’encombrer d’ambitions démesurées pour un homme en fin de carrière, mais surtout les erreurs de gouvernance, comme on a pu le constater chez le précédent Premier ministre. Si Tatam Ly était un technocrate, à qui la tâche n’a pas été rendue facile, Moussa Mara dont les qualités sont indéniables, aura montré un manque de recul face à certains évènements. Cependant, certains émettent des réserves. « Ne faut’il pas craindre une gouvernance trop classique de l’Etat avec Modibo Keita, alors que l’administration se modernise chaque jour davantage? ». La question mérite d’être posée. Et à chaque nouveau premier ministre, correspondent des enjeux. Pour Modibo Keita, ce grand commis de l’Etat, combien de temps durera l’Etat de grâce ?
Modibo Keita, les raisons de la confiance
Publié le 14.01.2015 à 00h00 par Journal du Mali

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