Hamadha Gaïcho Mohamed Salaha. Le nom en dit long sur le parcours atypique de celui qui le porte. Ses parents l’appellent affectueusement Hadha. C’est un peintre qui s’est fait tout seul et qui ambitionne d’atteindre les sommets, d’où son nom d’artiste, Hadha International.
Enfant, il avait un penchant pour le dessin. Alors que ses amis aimaient trainer dehors, lui attendait impatiemment que les femmes finissent de balayer la cour de la concession. « C’est comme cela que le sable devenait bien lisse. Je me mettais alors à dessiner avec mon index », se souvient-t-il
Aujourd’hui, Hadha attire les regards lors de rencontres publiques. Dernière en date, le festival Bama’Art. Il était très sollicité pour des portraits instantanés, réalisés en quelques minutes en « live painting ». Car le portrait est son genre préféré. « C’est le master de la peinture et c’est difficile. Les paresseux font de l’abstrait, mélangent des couleurs et s’affairent à trouver des explications », argue-t-il. Son succès s’explique par le regard. « La bouche ment, mais le corps non. Un bon portrait, c’est quand j’arrive à lire le comportement de la personne sur son visage ».
Entouré d’une équipe de huit personnes, le jeune homme de 27 ans dit pouvoir vendre jusqu’à soixante tableaux lors des mois prolifiques. Ses prix varient de 5 000 à 20 000 francs CFA, voire plus, en fonction de la nature de l’œuvre.
Hadha, natif de Bourem, fait également des caricatures, des illustrations, des décorations et des formations, sous forme de prestations de service, depuis le lycée. Il y dispensait des cours d’art en tant que contractuel. Son bac en poche, en 2012, il intègre le Conservatoire multimédias Balla Fasséké Kouyaté de Bamako, mais abandonne deux ans après, pour des « raisons indépendantes de sa volonté ».
Aujourd’hui, la jeune équipe du peintre se débrouille autant qu’elle peut, confrontée régulièrement à des problèmes de moyens de transport, de logistique et de disponibilité d’un fonds de démarrage.
Hadha International a représenté le Mali au casting de « L’Afrique à un incroyable talent » en 2016. Comme futur projet, il compte organiser bientôt un concert de peinture au cours duquel le public découvrira « sa guitare à portraits », un objet qui ressemble à une guitare mais qui lui permet de faire des portraits, le tout accompagné de musique. Avec un tel pari, pas étonnant que son environnement proche trouve qu’il est « bizarre ». « Je comprends de telles remarques. C’est cela ma performance : traduire l’impossible en possible », se défend-t-il.
Boubacar Diallo