Quel regard portez-vous sur le secteur sanitaire au Mali ?
Il y a eu des avancées notables, beaucoup de médecins ont été formés, le personnel soignant aussi. Mais il y a trop de lacunes, un sous-équipement qui perdure et nous ne savons pas quand cela sera résolu. La matière grise est là, ce sont les équipements qui posent problème car ils ne bénéficient pas de maintenance et au bout d’un an c’est fini. La radiothérapie de l’Hôpital du Mali qui sert à traiter les malades du cancer est en panne depuis deux mois. Les pièces coûtent chères, ce qui fait que tout s’arrête. L’équipement et la maintenance vont de paire.
Est-ce suffisant pour une grève ?
La grève c’est un droit. C’est indépendant de notre volonté d’abandonner nos patients, de faire un service minimum. Il faut qu’on nous traite bien pour qu’on puisse s’occuper des autres. Ce que l’on nous donne passe dans le carburant et au bout d’une semaine, le salaire est fini. On ne peut pas continuer à vivre de la sorte. Le système de la débrouille ne peut pas marcher dans la santé.
Vous êtes spécialiste des cancers de l’enfant. Comment se passe leur prise en charge aujourd’hui ?
Avant 2004, la cancérologie pédiatrique n’était pas développée. Presque tous les enfants mourraient. À partir de 2005, nous avons organisé tout ça. Nous avons une moyenne annuelle de 150 à 200 nouveaux patients atteints de différents cancers traités au Mali, avec des taux de rémission satisfaisants.