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Dans la région de Bandiagara, la ville de Koro fait face depuis plusieurs semaines à un afflux continu de réfugiés…

Dans la région de Bandiagara, la ville de Koro fait face depuis plusieurs semaines à un afflux continu de réfugiés burkinabè. La proportion des déplacés par rapport à la population locale illustre l’ampleur d’une urgence humanitaire qui dépasse les capacités d’accueil.

Au 30 juin 2025, le HCR estimait à plus de 121 500 le nombre de réfugiés burkinabè et nigériens installés au Mali, dont environ 85 700 Burkinabè encore en attente d’enregistrement officiel. Ces hommes, femmes et enfants fuient l’insécurité provoquée par les attaques répétées de groupes armés et les opérations militaires qui ravagent plusieurs zones frontalières.

La tendance s’est brutalement accélérée en août. Entre le 7 et le 15 du mois, le nombre de personnes enregistrées à Koro est passé de 1 733 à près de 12 000, soit une moyenne de plus de 1 500 arrivées par jour. Le 31 août, 265 ménages supplémentaires, représentant environ 1 509 personnes, sont venus s’ajouter aux flux précédents. À ces nouveaux arrivés s’additionnent plus de 83 000 réfugiés déjà présents dans la localité, soit quasiment l’équivalent de la population résidente, estimée à 100 400 habitants.

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Les réfugiés arrivent souvent sans ressources, contraints d’abandonner leurs biens et leurs champs. Leur survie dépend largement de la solidarité des familles hôtes, elles-mêmes confrontées à une pression inédite sur leurs moyens de subsistance. Les besoins prioritaires sont nombreux : abris, vivres, eau potable, articles d’hygiène, biens ménagers essentiels et accompagnement psychosocial.

Le HCR et ses partenaires tentent d’apporter une réponse, mais les moyens restent très en deçà de la demande. Fin août, des kits comprenant couvertures, lampes solaires, moustiquaires et jerricans ont été distribués à 1 478 ménages sur 1 733 préenregistrés. Toutefois, la crise budgétaire qui touche la plupart des organisations humanitaires limite fortement la continuité des opérations.

Les données recueillies par le HCR soulignent également la fragilité des nouveaux arrivants. Près de 55 % d’entre eux présentent des besoins spécifiques liés à la protection, notamment des femmes exposées aux violences, des enfants non accompagnés, des personnes handicapées et des malades nécessitant une prise en charge régulière. Cette dimension rend l’urgence encore plus pressante et complique la tâche des acteurs humanitaires sur le terrain.

Dans cette ville de la région de Bandiagara, la population locale fait preuve d’une solidarité exemplaire, mais l’équilibre reste précaire. Les autorités multiplient les appels pour éviter une détérioration rapide de la situation. Sans un appui renforcé, des milliers de vies risquent de basculer dans une détresse encore plus profonde, au détriment à la fois des réfugiés et des communautés qui les accueillent.